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Communication politique et séduction à  travers la Déclaration de politique générale du Premier ministre Idrissa Seck à  l'Assemblée nationale le 03 février 2003

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par Mamadou THIAM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Dea Science du langage 2005
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

La Déclaration de politique générale est une obligation constitutionnelle. Elle consacre la rencontre entre l'Exécutif et le Législatif à l'issue de laquelle les orientations économiques, sociales et politiques, devant régir la marche de la Nation, sont proposées, discutées et éventuellement confirmées. Sa portée est intimement liée à la notion de démocratie dont elle tire son sens. En effet, elle permet aux députés, représentants du Peuple, d'exercer un contrôle à priori sur la politique du Gouvernement. Ce caractère démocratique justifie d'ailleurs sa nature publique qui fait que tout citoyen peut assister à son déroulement.

Avec le développement des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, le caractère public de cet événement politique devient encore plus accru. Car le citoyen n'a plus besoin de se déplacer jusqu'à l'Assemblée nationale pour pouvoir suivre les débats qui y ont cours. Par la magie de la retransmission en directe effectuée par les médias, chaque sénégalais est en mesure de suivre les acteurs politiques discuter de l'orientation à donner à la vie de la Nation.

Dès lors, la Déclaration de politique générale sort de son cadre initial qui consiste en un échange entre l'Exécutif et le Législatif. Elle devient, par le biais de la médiatisation, le miroir, la scène à partir de laquelle les acteurs politiques se donnent à voir, à apprécier et éventuellement à aimer par le « citoyen-spectateur-électeur ».

Ce faisant, il ne s'agira plus simplement de convaincre - car il est difficile de convaincre un auditoire qui n'est forcément pas celui auquel on fait face ; un auditoire qui nous voit, nous entend et que l'on ne fait que deviner ; un auditoire composite, « stratifié » aux centres d'intérêt variés.

En outre, les nouvelles formes de médiatisation marquées par le primat de l'image et du spectaculaire dans l'espace public, les enjeux de pouvoir inhérents à la sphère politique et la concurrence qui y a cours du fait de la démocratisation, favorisent une logique de singularisation et de distinction du politique. Celui-ci cherchera, de moins en moins, à convaincre mais plutôt à séduire.

Une séduction que nous avons étudiée à travers l'ethos qui est la projection de l`image de soi. La séduction par l'ethos à consisté, entre autres, par l'affichage de la part du locuteur, d'une image de soi idéale, en phase avec les valeurs les meilleures ou reconnues comme telles par l'auditoire. Un auditoire qui se trouvera inscrit au coeur même du discours, car étant, en dernier lieu, le seul garant de la dimension performative du discours qu'il est appelé à confirmer ou à infirmer par l'adhésion à l'image qui lui est proposée ou le rejet de celle-ci.

Ainsi, la Déclaration de politique générale fera l'objet d'une mise en oeuvre stratégique en vue de mieux susciter l'adhésion du public. Car comme l'a si bien souligné Hilaire Bohui « (...) s'il existe un domaine où le souci de la stratégie discursive et la quête de l'efficacité sont la loi du genre, c'est bien celui de la politique » (Bohui 2005 : p. 25).

C'est ainsi que le Premier ministre Idrissa Seck a opté pour une stratégie de séduction par l'ethos. Celle-ci, sans exclure l'improvisation et l'instantané caractéristiques des interactions verbales classiques, n'en aurait pas moins favorisé un certain nombre d'actions, d'attitudes et de propos dont la mise en oeuvre pourrait assurer l`atteinte de l'objectif recherché. De ce fait, l'entreprise de séduction ne s'est pas limitée au simple discours tenu devant autrui. Elle a comporté une phase d'approche et de « préparation » de soi-même, mais aussi de l'autre, afin de créer les conditions favorisant une meilleure disposition de la cible par rapport à l'émetteur.

Le Premier ministre a bâti sa stratégie de séduction sur la présentation d'une image de soi (ethos), valorisante. Il est parti de son ethos préalable, telle qu'elle était perçue de manière générale par l'opinion publique, pour en atténuer les aspects négatifs tout en renforçant ses côtés positifs.

Ainsi, dans la Déclaration de politique générale, par la stratégie de la séduction, nous dépassons la dimension purement expressive de la communication pour nous retrouver en plein dans la communication instrumentale. Car dans le discours politique :

Celui qui parle- le sujet du discours - devient, au moyen de certaines opérations linguistiques, un nouvel objet du monde: il s'attribue - sinon de manière explicite, par connotation - une position et des qualités qui définissent son identité politique. (Maitland et Wilson, 1987, trad. Duchastel et Armony 1993 : 167)

C'est ainsi que l'énonciateur s'est attribué les valeurs réputées consensuelles ou dominantes de sa société : la foi, la justice, l'humilité, la sincérité. Mieux, il cherchera à favoriser l'empathie auprès de ses allocutaires en leur donnant une place prépondérante dans son discours. D'où sa solidarité, sa courtoisie et sa politesse.

C'est d'ailleurs, tout le sens de son « recours à des oeuvres d'art comme paradigme de présentation » (Seck 2003 : 9) de son programme, avec notamment les personnages de bandes dessinées adaptés à la télévision, Goorgoorlu et Ndioublang. En effet, le Premier ministre est conscient de l'importance, pour lui, de donner à son discours un « solide ancrage dans nos traditions et culture » (Seck 2003 : 10). D'où l'instrumentalisation des ces deux personnages pour lesquels les sénégalais « ont une grande sympathie, parce qu'en vérité, ils se reconnaissent en eux » (Seck 2003 : 10).

Confirmant, de la sorte, les propos de Gourévitch qui remarquait fort à propos que « la meilleure manière de faire croire à un peuple qu'on s'adresse à lui, c'est de lui renvoyer sa propre image » (Gourévitch 1998 : 75).

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