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La mission du représentant Albitte dans l'Ain

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par Jérôme Croyet
Université Lumière Lyon II - Maîtrise d'histoire 1996
  

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C : Albitte et les démolitions

les arrêtés des 7 et 8 pluviôse an II

"Je m'occuperai des bois de marine, des salpêtres,. . ., des moyens d'anéantir la mendicité"744(*) écrit Albitte le 11 pluviôse an II (30 janvier), à ces collègues de Commune-Affranchie. En effet, la guerre est à la frontière du département, et les armés ont un besoin crucial d'équipement.

Le 23 juillet 1793, sous la présidence de Jean Bon-St-André, la Convention prend un décrêt qui n'autorise désormais qu'une seule cloche dans chaque paroisse. "toutes les autres (cloches) seront mises à la disposition du conseil exécutif, qui sera tenu de les faire parvenir aux fonderies les plus voisines dans le délai d'un mois, pour y être fondues en canons."745(*)

Le 6 août 1793, la Convention décrète que toutes les forteresses de l'intérieur doivent être détruites. Le 6 frimaire an II, de Mâcon, Javogues donne au décret de la Convention une première extension. Son arrêté ordonne la démolition des châteaux et maisons de luxe, avec distribution des matériaux aux municipalités pour aider les pauvres à se construire une maison. L'arrêté de Javogues a un caractère social que reprend en partie celui qu'Albitte le 7 pluviôse an II (26 janvier).

Ces deux décrets de la Convention sont mal exécutés dans de département de l'Ain. La crise fédéraliste de juillet 1793 et les préparatifs militaires du siège de Lyon en août, font trainer la mise en oeuvre de ces arrêtés. Il faut en effet attendre le mois de nivôse an II, pour que Baron-Chalier, agent-national du district de Belley, écrive au Comité de Salut Public afin d'annoncer la suspension momentanée des démolitions des quelques châteaux forts en raison du salpêtre qui s'y trouve. A la lecture de son rapport, on peut croire que les forteresses de l'intérieur sont démolies et les cloches envoyées à Pont-de-Vaux.

De fait, les démolitions des châteaux et l'enlèvement des cloches n'ont été que peu ou pas fait jusqu'au 6 frimaire an II (26 novembre), date à laquelle nous l'avons vu, Javogues donne une extension au décret du 6 août 1793. Mais l'arrivée de Gouly suspend l'exécution de cet arrêté. Gouly, lui même à néanmoins encouragé les populations à démolir les châteaux : le 6 nivôse an II (26 décembre) il demande à Rollet-Marat de se rendre à Bohas pour voir si le château est détruit. Albitte n'est donc en aucun cas un précurseur.

Il faut donc voir dans les arrêtés d'Albitte des 7 et 8 pluviôse an II (26-27 janvier), des rappels des décrets de la Convention, doublé de mesures personnelles qui rendent ces décret plus sévères.

Les deux arrêtés répondent à la priorité du moment qui est de conduire la guerre et par la guerre conduire la République à la victoire.

L'arrêté du 7 pluviôse s'attaque aux clochers et aux biens matériels de l'Eglise. L'idée de se servir de cloches est lancée dès le 13 décembre 1790 par Hébert dans le "père Duchèsne", qui veut "vendre au plus tôt ces instruments inutiles (pour) faire de la monnaie et des canons"746(*). Comme nous l'avons vu, Albitte à la Législative obtient que les statues de le place Vendôme et de la place des Victoires soient fondues pour faire des pièces et de l'artillerie. Faut-il aussi peut-être voir dans cet arrêté un moyen de punir la population tentée par le fédéralisme en lui enlevant un bien précieux.

Cet arrêté, comme les précédents, est aussi sans doute pris sur le conseil des commissaires civils. Dorfeuille dans une conversation avec le citoyen Philippe Claude Pochon, maire de Tossiat, lui dit "que c'était lui qui avait engagé Albitte à ordonner l'enlèvement des cloches afin que les communes ne puissent pas s'avertir en cas d'alarme"747(*) Une mesure similaire avait été prise à Lyon.

Le 7 pluviôse an II (26 janvier), c'est dans l'idée de se servir de biens qui sont désormais inutiles aux cultes, mais utiles à la Nation, qu'Albitte décrète :

"Considérant que le peuple français ne reconnait aucun culte privilégié et dominant ; que tous les bâtiments, terrains, matériaux, métaux et ustensiles, ci-devant abandonnés aux usages des différents cultes, appartiennent à la République et sont des propriétés nationales;

Considérant qu'aucun représentant de peuple ne peut, sans crime, cesser de veiller et de travailler au recouvrement, au maintien et à l'accroissement de toutes les parties de la fortune publique, et qu'il est de la plus haute importance de faire rentrer la République dans la jouissance de tous ses biens trop longtemps usurpés et envahis;

Considérant enfin que tout ce qui existe sur le terrirtoire français doit être dévoué et consacré à l'utilité, à la défense et au bonheur de la patrie;

Arrête ce qui suit :

Article 1er : Tous les bâtiments, terrains, matériaux, métaux et ustensiles ayant servi jusqu'à ce jour, soit aux usages, soit à la démonstration publique de quelque culte que ce soit, dans les départements de l'Ain et du Mont Blanc, rentrent dès ce moment sous la main de la Nation, et ne pourront servir qu'à des usages civiques et d'utitlité générale.

Article 2 : Toutes les enseignes et machines religieuses qui peuvent encore se trouver soit dans l'intérieur, soit à l'éxtérieur des dits bâtiments, soit sur les routes et places et dans tous autres lieux publics, seront sans délai enlevées ou anéanties.

Article 3 : Tous les costumes, ornements, linges, vases, ustensiles, matières et métaux oeuvrés ou monnayés de prix, que ces bâtiments renferment, seront dans un délai de quinze jours, par les soins de chaque municipalité, transportés au dépot qui sera indiqué par l'administration de chaque district, à qui la garde en est attribuée jusqu'à nouvel ordre.

Article 4 : Toutes les cloches encore existantes dans les départements de l'Ain et du Mont Blanc, sauf les timbres des horloges, seront incontinent descendues, brisées et envoyées par chaque municipalité au chef lieu du district, les cordes à leurs usages seront soigneusement recueillies et également portées aux dits chefs lieux, dans les dépots provisoires qui seront indiqués par les dits directoires.

Article 5 : La matière des cloches sera sans délai transportée à la plus prochaine fonderie de canons, et les cordes, à la corderie du Port de la Montagne.

Arcticle 6 : Les clochers seront démolis; les bois, cuivres, fers, plombs et autres matériaux provenant, jugés propres à des usages publics, seront déposés provisoirement dans des lieux sûrs, indiqués par les administrateurs des districts.

Article 7 : Ceux des bois et autres matériaux tirés des démolitions, non propres à des usages nationaux, seront vendus à l'enchère, et le produit tournera, par portion égale, au profit des citoyens les plus indigens de la commune.

Article 8 : Chaque municipalité fera passer, dans le délai de trois jours, à l'administration du district, l'état exact et certifié du nombre, quantité et poids des tableaux, cloches, cordes, costumes, linges, statues et autres enseignes ou machines religieuses contenuent dans les ci-devants églises et chapelles de leur arrondissement; toutes soustractions, divertissements ou recèlement déjà fait, ou qui pourrait de faire, sera regardé comme vol à la Nation, et les coupables punis en conséquence, et les dénonciateurs obtiendront le dixième de la valeur des objets soustraits à la présente réquisition.

Article 9 : Les administrateurs et agents nationaux près des districts, les membres et agents nationaux près les municipalités, sont spécialment chargés dans leur commune et arrondissement respectif, sous leur responsabilité et leur comptabilité de la prompte et exacte éxcecution du présent arrêté dont les agents nationaux près chaque district rendront compte par écrit tout les cinq jours aux représentants du peuple."748(*)

Albitte dans cet arrêté redonne à la Nation en armes ce qui lui appartient dans un moment où tout doit être fait pour "vaincre ou mourir". Le décret de la Convention du 23 frimaire, qui attend que tous les prêtres aient abdiqué leur fonction, (et celui qu'il prend aussi dans ce sens le 8 pluviôse ); rend inutile l'usufruit d'ustensiles, linges et batiments, auquels leur fonction donnait droit, ces derniers n'étant plus prêtres. De plus en supprimant les cloches, Albitte rend impossible le recours au tocsin, donc empêche la communication dans les campagnes en cas de soulèvement ou d'invasion : "le son des cloches étaient le signal des sacrés calotins de la Vendée"749(*). Cette idée n'est pas dénuée de sens si on se rappelle que l'arrivée de Rollet-Marat dans les villages de l'est de Bourg, était prédédée du tocsin (voir page 80).

Ce qui est le plus important à ce moment là, c'est que cet arrêté est le seul moyen de trouver de la matière première gratuite pour fournir les bois de marine, les cordage et le bronze pour la fonderie de canons de Pont-de-Vaux750(*) (ouverte et en état de fonctionner depuis le 4 pluviôse an II). Cette ouverture précipite-t-elle et, ou, est-elle à l'origine de l'arrêté ?

La guerre est une des motivation d'Albitte dans les démolitions. En effet, il ne veut pas que l'on détruise les clochers, mais bien qu'on les démonte pour en récupérer les morceaux et les employer au service de la Nation : "toutes les cloches se fondent à Pont-de-Vaux et à Valence. Les fers, les argenteries, les matériaux, les cordages s'accumulent, et vont alimenter nos coffres et nos manufactres d'armes"751(*)

L'aspect social de la politique d'Albitte est aussi mis évidence par l'article VII. Albitte veut aussi montrer aux citoyens un symbole, que des châteaux de l'aristocratie on "formant des chaumières, asile de la vertu et du patriotisme"752(*). Avec cet arrêté, Albitte applique strictement ses idées du 11 pluviôse an II (30 janvier), à ses collègues de Commune-Affranchie.

L'arrêté est mal perçu par la très grande majorité des habitants. Il casse un rythme de vie qui jusque là était ponctué par la cloche. "l'éxecution de cet arrêté enlève d'abord à l'agriculture une multitude de bras précieux, mais ce qu'il faut surtout remarquer, c'est que les habitants des campagnes n'ont plus dès lors aucun moyen pour venir simulanémant dans le Temple de la Raison célébrer les jours décadaires et qu'il leur devient impossible de se réunir promptement"753(*).

L'arrêté est donc mal obéi. De plus le mauvais fonctionement de la poste et le manque de communication retardent l'arrivée de l'arrêté. L'agent national de Villefranche doit se rendre à Bourg, auprès de Rollet-Marat pour s'informer de l'arrêté. Mais plus que pour tous les autres arrêtés, une réelle résistance se fait jour de plusieurs manières.

Confié aux autorités municipales, l'arrêté se voit retarder dans son éxecution souvent par ceux là même qui doivent l'éxecuter. Le 14 pluviôse an II (2 février), Albitte ordonne aux officiers municipaux de Péronnas de démolir la chapelle de Seillon. L'arrêté n'ayant pas été éxecuté le 21 pluviôse an II (9 février), Rollet-Marat fait arrêter l'agent national de la commune jusqu'à exécution de l'arrêté.

Mais il arrive souvent que les habitants du lieu ne veulent pas que leur clocher soit abattu. Le 5 ventôse an II (23 février), les trois mêmes citoyens (qui empêchaient les commissaires de se renseigner), s'opposent à la démolition du clocher de Chazey.

Plus révélateur peut être la peur de soutenir le regard de ses concitoyens. Le 20 pluviôse an II (8 février), l'agent national de Salavre nomme 18 citoyens pour abattre les croix de la place, de Guiria et du cimetière. Le groupe qui doit se charger de la place refuse de travailler le jour, remettant leur besogne au soir quand la nuit sera tombée. Le soir venu, certains d'entre eux se dispersent pour aller boire, en disant qu'ils ont le temps de faire ce travaille plus tard.

A Bourg même, la municipalité pourtant très patriote, se montre peu obéissante. Le 17 pluviôse an II (5 février), Rollet-Marat écrit aux officiers municipaux "de la dite commune (qui) sont encore invité et au besoin requis de faire abattre les clochers, cloches, tours, châteaux, enfin tout signes de féodalités pouvant encore exister dans son arrondissement"754(*). Ce n'est que le 20 pluviôse (8 février) que la démolition des clochers de Brou et de Notre-Dame commencent. Mais une lenteur à l'execution se fait jour et Rollet-Marat, le 27 ventôse an II (17 mars), menace Alban de dénoncer à Albitte le peu de zèle dont il fait preuve. Ainsi les deux clochers sont abattus le 30 germinal an II (19 avril). Le travaille fait en hâte coute la vie à 4 ouvriers755(*) et revient, pour le seul clocher de Notre-Dame, à 22.700 livres.

A Trévoux le directoire du district écrit aux municipalités pour encourager les travaux. Là aussi des municipalités font bloc.

Cette lenteur a exécuter l'arrêté entraine beaucoup de retard dans le commencement des travaux. Le 28 pluviôse an II (16 février), la municipalité de St Julie fait seulement commencer la démolition de son clocher, et ce n'est que le 5 ventôse que les membres de la municipalité et du comité de surveillance peuvent assister à la destruction dudit clocher. Ornex, au 30 pluviôse an II (18 février), n'a toujours pas fait démolir son clocher et à Treffort, pourtant village patriote, ce n'est que le 15 ventôse an II (5 mars), que l'on s'occupe de détruire la croix du clocher, ce n'est encore que le 20 ventôse (10 mars) que les dernières croix de l'églises sont enlevées.

Malgré ces oppositions, le 14 ventôse an II (4 mars), Gallien suppléant de Rollet-Marat écrit au Comité de Salut Public : "les châteaux s'écroulent, les clochers tombent et bientôt tous signes de servitude disparaitront parmi nous"756(*).

Cette inertie pousse Rollet-Marat à écrire le 29 pluviôse an II (17 février) : "combien j'ai d'embarras pour faire exécuter aussi révolutionnairement que je le désirerais tes arrêtés sur la démolition des clochers, châteaux. . .je suis accablé de réclamation et j'ai pris le parti de n'écouter personne."757(*)

Le 27 ventôse an II (17 mars), Rollet-Marat fait un compte rendu de l'exécution des arrêtés d'Albitte. Si les arrêtés concernant les suspects ont un parfait accomplissement, ceux concernant les arrêtés du 7 et 8 pluviôse, sont en cours de réalisation. Baron-Chalier lui, semble voiler la vérité, quand il écrit le 13 pluviôse an II (1er février), aux Comités de Sureté Générale et de Salut Public, que toutes les cloches, argenteries, fers et cuivres sont au district.

Seul le zèle des agent nationaux des districts, soutenu par la vigilence des comités de surveillance758(*), poussent à l'exécution de l'arrêté.

Le 22 pluviôse an II (10 février), Rollet-Marat doit inviter la municipalité de Cuet à faire abattre son clocher. Le 8 germinal an II (28 mars) (deux mois après la parution de l'arrêté), les officiers municipaux de Confrançon sont requis de se conformer à l'arrêté. Et le 19 pluviôse an II (7 février), c'est le comité de surveillance de St Vulbas qui fait abattre le clocherà la place de la municipalité.

Quand les municipalités sont trop réticentes, les districts doivent envoyer des commissaires pour pousser à l'accomplissement de l'arrêté. Juvanon et Royer sont d'ailleurs nommés commissaires à cet effet le 10 ventôse an II (28 février) par le district de Bourg. A Nantua, c'est le 17 germinal an II (6 avril), que le district nomme des commissaires pour vérifier si les arrêtés du 7 et 8 pluviôse ont leur exécution.

Ces commissaires ont dans beaucoup de cas deux fonctions, comme en l'occurence dans le district de Bourg, où Rollet-Marat nomme le 23 pluviôse an II (11 février), les citoyens Truchard et Ravet pour apposer les scellés sur les papiers du citoyen Piquet et vérifier si les démolitions, désignées par Juvanon, du château de la Rivoire se font. Il en est de même pour les citoyens Coureng et Roland qui doivent aller à St Denis les Bourg le 23 pluviôse an II (11 février), pour vérifier si les arrêtés d'Albitte sont obéis (surtout ceux concernant les démolitions) et pour mettre les scellés sur les papiers de Duhamel.

Les commissaires députés par les districts n'ont souvent pas à parcourir un grand chemin pour vérifier que l'arrêté d'Albitte est exécuté. Juvanon n'a qu'à se rendre à St Etienne-du-Bois pour mettre sa mission à exécution.

Dans les rapports des commissaires759(*)du district de Nantua, on peut constater que 16 communes, au moins, ont conservé leurs cloches. 13 autres communes ont conservé des objets de culte, (allant des statues de saints, aux vitraux, ustensiles et autels). Il est à noter que beaucoup des ces commissaires ont donné une certaine extension à l'arrêté d'Albitte. En effet, le flou des articles 2 et 3, laissent une grande envergure d'action et de pensée quant à ce que les commissaires peuvent considérer comme ustensiles et machines du culte.

Toujours dans le district de Nantua, 16 communes n'ont pas démoli leur clocher, 6 ne ne le sont qu'à moitié et 12 communes ont gardé des cloches pour le timbre de l'horloge. Ainis l'arrêté d'Albitte pousse certaines communes à s'équiper d'une horloge, ou a faire réparer celle déjà éxistante.

Ces démolitions ont mis à mal beaucoup d'églises. En effet, les décombres en tombant perçent les toitures ou endommages les voutes; c'est le cas notament de l'église de Maboz760(*). De même beaucoup des débris de démolitions sont abandonnés là où ils sont tombés et restent longtemps dans les rues, au détriment d'une certaine commodité urbaine. Le 25 ventôse an II (15 mars) le comité de surveillance d'Ambutrix ordonne que les matériaux provenant de l'église et qui obstruent le chemin, soit enlevés; tout comme à Lagnieu, où les décombres obstruent, le 8 floréal an II (27 avril), la rue Lepelletier depuis 2 mois. Souvent les démolitions n'ayant été qu'à moitié faites les matéraiux sont laisser sans surveillance et des vols de matériaux provenant des dites démolitions sont commis par les habitants761(*).

Dès le 13 pluviôse an II (1er février) Rollet-Marat nomme le citoyen Curnillon pour envoyer les cloches du district de Bourg à la fonderie de Pont-de-Vaux762(*). Dans le district de Bourg, les cloches sont brisées avant d'ête expédiées763(*). Durant la seconde décade de ventôse an II, le district de Belley fait conduire à Pont-de-Vaux 64.921 livres de matériaux provenant de la descente des cloches et 19.761 livres provenant des fers. Ces expéditions regroupent tous les envois fait depuis 1 mois. A la seconde décade de germinal an II, le district de Belley a envoyé depuis 1 mois, 7079 livres de cloche et 3089 livres de fer. Pour le district de Nantua ce sont 101 cloches pour un total de 59.874 livres, qui sont éxpédiés de pluviôse an II à floréal an II, à Pont-de-Vaux. Un quintal est alors moyenné à 7 livres. Dans le district de Bourg, les 2 milliers (1000 kilos), provenant de la toiture de l'église de Brou sont à Pont de Vaux le 22 pluviôse an II (10 février). Ces quelques chiffres donnent une idée, (en l'absence de compte plus précis, ou inéxistant pour diverses raisons), de l'exécution de l'arrêté du 8 pluviôse an II. De manière générale, les matiéraux n'étant pas déstinés à la fonderie ou à la marine, sont vendus par les municipalités; le 10 ventôse an II (28 février) les décombres provenant du clocher de Lagnieu sont vendus. Beaucoup de citoyens se sont portés acquéreurs de matériaux provenant des démolitions.

On peut estimer à près de 800, le nombre de clochers démolis suite à l'arrêté d'Albitte et entre 1500 et 1600 le nombre de cloches portées à Pont-de-Vaux. Ce chiffre ne veut pas dire que tous les clochers ont été détruits (4 ont échappé à la démolition) et toutes les cloches fondues. Certaines d'entres-elles sont récupérées par les communes en l'an V.

Comme nous l'avons vu, ces démolitions touchent aussi les châteaux forts, bâtisses fortes, forteresses, tours et murs à crénaux isolés.

Albitte dans l'arrêté du 8 pluviôse, cherche non seulement à détruire ces"vestiges de la féodalité"764(*), mais surtout à démolir tous les lieux susceptibles de devenir des fortifications en cas de révolte ou d'invasion. Fort des enseignements des révoltes fédéralistes de Lyon et Toulon, Albitte et les commissaires civils appliquent par cet arrêté une solution qui pourrait s'avérée payante en cas d'invasion ou de nouvelles révoltes en liaisons avec l'étranger : "Nos braves frères ne veulent-ils pas comprendre que les tours; les forteresses, les châteaux forts, les crénaux, les machicoulis, les pont-levis ne servent qu'à manigancer la guerre civile"765(*) lancent Millet et Bonnerot. Pour le conventionnel, comme pour les commissaires témoins des évenements fédéralistes de l'été 1793, "les châteaux forts. . .créèent les troubles de la Vendée, de la Lozère, (ils) enhardirent les rebelles du midi, et . . . seront partout tant qu'il y en aura, l'ésperance des conspirateurs, des agitateurs et des séditieux, ainsi que celle des fous qui veulent, à quelque prix que ce soit, la geurre civile et la renaissance de la féodalité"766(*). Pour Albitte, l'abattement des forteresses de l'intérieur est une mesure de Salut Public mais aussi entre dans la politique du tout à la guerre : "avec les fers provenus des démolitions on va faire des fusils et des boulets à Chambéry, à Commune-d'Armes et au Creusot"767(*).

Dans cet arrêté, Albitte retrouve ses premières prérogatives de réprésentant à l'Armée des Alpes qui doit "surveiller la frontières des Alpes, les places fortes ou forts du département de l'Ain"768(*).

Contrairement à l'arrêté sur les clochers, l'arrêté sur les châteaux forts est sans doute moins motivé par la présence de la fonderie de Pont-de-Vaux.

Si certains matériaux (cuivres, bois, fers) sont réutilisés pour satisfaire aux besoins de la guerre, tous les autres sont vendus aux enchères pour que le profit aille aux indigents ou dans la caisse des payements afin de financer d'autres démolitions. Mais à la différence des clochers, les châteaux sont démolis soit au frais des propriétaires, soit au frais de la caisse des payements.

"Considérant que ces repaires furent de tout temps en France, le principal soutien des guerres civiles qui la désolèrent tant de fois et que, tout récemment encore les châteaux forts ont servis de refuge, de point d'appui et de ralliemment aux fanatiques, aux fédéralistes et aux rebelles;

Considérant que ces nids à tyrans ont entretenu, depuis le commencement de la Révolution, les troubles intérieurs et les guerres intestines qui ont déchiré la République, soit dans la Lozère et les Cévènnes, soit sur les rives du Rhône et de la Saône et dans les départements du midi, soit dans la Vendée et les départements de l'ouest;

Considérant enfin que l'existence trop longtemps soufferte de ces odieux vestiges de la féodalité, déshonorent le pays d'un peuple libre, qu'ils retracent sans cesse l'image exécrable de son ancienne servitude, qu'ils nuisent à sa tranquilité, rappelent des souvenirs coupables et raniment les espérances plus coupables encore des aristocrates et des émigrés;

Arrête ce qui suit;

article 1er : Tous les châteaux forts et forteresses de guerre existants dans les départements de l'Ain et du Mont-Blanc (autres que ceux employés par la République pour la défense de ses frontières et comptés parmi les places de différentes lignes et postes militaires), toutes les tours et tourelles y attenantes ou isolées, les murs à créneaux, à meurtrières et à canardières, les portes défenduent par des tours, machicoulis, les pont-levis et toutes autres fortifications desdits châteaux seront abattues et démolies sans délai et leurs fossés comblés.

Article 2 : Seront également abattues et démolies les tours, portes, pont-levis et autres fortifications des communes non exceptées dans le premier article; les démolitions seront faites avec autant d'ordre, d'activité que de surveillance et de zèle pour les intérêts de la République. Les bras des citoyens indigens et privés d'occupations seront préférés pour exécuter ce travail patriotique.

Article 3 : Les matériaux provenant des démolitions desdits châteaux et fortifications seront vendus à l'enchère, à la diligence des agents nationaux des communes respectives.

Article 4 : Les produits desdites ventes, si les dits châteaux ou fortifications appartenaient à des émigrés, seront employés à subvenir aux frais des démolitions, dont les avances seront faites par le payeur du district, à la réquisition et sur le récépissé des agents nationaux près chacun d'eux, à charge de réintégration des sommes avancées dans les caisses desdits payeurs.

article 5 : Dans le cas conrtaire lesdits châteaux et autres fortifications seront abattues et démolies sans retard, aux dépends des propriétaires, et les matériaux provenant des démolitions venduent au profit des citoyens les plus indigens des commnes qui y auront concouru, le tout à la dilignece des agents nationaux près les communes.

Arteicle 6 : Tous les cuivres, plombs, fers et les bois de charpente propres à la marine, proventant des dites démolitions, seront soigneusment réservés et déposés dans les lieux qui seornt indiqués par les administrateurs des districts respectifs, pour être employés au service de la République.

Article 7 : Dans le cours des démolitions ordonnées par le présent arrêté, il sera pris des mesures les plus actives et les mieux combinées pour l'extraction du salpêtre qui doit se trouver dans les caves, souterrains et aux pieds des murs desdits édifices.

Article 8 : Il sera sans délai à ce sujet envoyé aux autorités constituées les instructions publiées par ordre de la Convention Nationale sur les moyens de récolter le salpêtre.

Article 9 : Les produits des différents lessivages seront envoyés et déposés provisoirement dans les magasins qui seront indiqués à cet effet par les administrateurs des districts.

Article 10 : Les démolitions des tours et pont-levis des communes ci-dessus ordonnées seront faites à leurs frais, et les matériaux qui en proviendront, les métaux utiles à la défense de la République exceptés, seront vendus à leur profit.

Article 11 : Les administrateurs, les agents nationaux près les disitrcts, les municipalités et les agents nationaux près d'elles sont spécialement chargés et responsables de la prompte et entière exécution des dispositions du présent, et comptables des dépenses et produits.

Article 12 : L'agent national près chaque district rendra exactement compte à chaque décade au représentant du peuple, de l'éxecution du présent arrêté, qui sera imprimé, publié et affiché dans l'étendue des départements de l'Ain et du Mont-Blanc."769(*)

L'arrêté sur les chateaux forts est accueilli avec beaucoup de ferveur de la part de la population, qui voit le moyen de mettre à bas un symbole et surtout le moyen d'acheter des pierres de tailles et des matériaux pour garnir et, ou, solidifier leurs maisons.

Mais, comme dans l'arrêté du 7 pluviôse, les gens des campagnes sont à nouveau la majorité de la main d'oeuvre de ces démolitions.

C'est donc sans trop de difficultés, que les municipalités abattent leurs tours, murs et fortifications. Ainsi, Bourg fait abattre le 12 pluviôse an II (31 janvier) la Tour de Bourgneuf, ce qui pemet la perçé d'une rue plus saine que l'impasse qui existait. Châtillon-sur -Chalaronne fait disparaitre la plus grande partie de ses murailles et Pérouges, le 21 germinal an II (10 avril), fait tomber sa tour romaine. Lagnieu démantèle ses murailles et réduit au toîts, les tours du château. Si la grande majorité des municipalités est peu soucieuse de la question du patrimoine historique, celle de Bâgé met quelques oppositions à démolir ses portes et les tours du manoir.

Même si les municipalités se font les exécutants volontaires de l'arrêté d'Albitte, le temps que prend les démolitions est beaucoup plus long que celui des clochers. A Bourg, ces travaux se font sous le nom d'ateliers de charité770(*).

Le grand élan volontaire que connaissent les villes est beaucoup plus nuancé dans les campagnes. Si les citoyens voient d'un bon oeil ces démolitions, les propriétaires eux, sont plutôt réservés quant à l'application de cet arrêté.

Dans certains cas de retard d'exécution, il semble que ce soit les municipalités qui mettent du temps à démolir le clocher, qui ont du mal à faire démolir leurs tours et leurs fortifications. C'est le cas de Varambon, où le 29 pluviôse an II (27 février) les officiers municipaux sont requis de faire abattre leurs clochers et châteaux; et à Tossiat où l'agent national de la commune est arrêté pour sa molesse à faire abattre les remparts et les tours de la ville.

Plus rarement ce sont les habitants qui refusent de faire la démolition. Le 19 pluviôse an II (7 février) Rollet-Marat se rend à Corgenon où devant le refus des habitants de faire démolir le château, il fait venir quarante ouvriers de Bourg pour mettre en oeuvre les travaux de démolition.

Les démolitions commencent dans la seconde décade de pluviôse an II. Le 20 pluviôse an II (8 février), débutent les démolitions des châteaux de Crangeat et de Jalamondes. Le 23 pluviôse an II (11 février), c'est le chantier du château de Saix qui est entrepris.

Mais rapidement des cas particuliers apparaissent. En effet, chaque bâtisse vouée à la démolition amène son lot d'intérrogations. En effet, beaucoup de ces demeures sont habitées et constituent le seul lieu de vilégiature de leur propriétaire. Ainsi, durant la seconde décade de pluviôse an II, des commissaires nommés par les autorités de disctrict, parcourent ces derniers pour évaluer le taux de démolition à faire aux batiments tombant sous le coup de l'arrêté du 8 pluviôse. Puis ces commissaires (Juvanon et Ronger dans le district de Bourg) font un rapport à l'agent national du district qui nomme par la suite des commissaires chargés de faire exécuter l'arrêté. Ces derniers sont souvent des entrepreneurs. Le 20 pluviôse an II (8 février), les habitants d'Attignat font appel aux commissaires du district, Juvanon et Ronger, pour organiser les chantiers de démolition des châteaux de Crangeat et de Jalamondes. Ces derniers, le 14 ventôse an II (4 mars), font un rapport à Rollet-Marat et l'invitent à nommer de nouveaux commissaires pour surveiller la démolition des châteaux et faire respecter leurs choix sur l'étendue des démolitions à faire :

"Vu le rapport fait par les citoyens Juvanon et Ronger, commissaires nommés pour inspecter les démolitions des châteaux duquel il résulte qu'il est nécessiare d'envoyer des commissaires pour surveiller les démolitions des châteaux de Crangeat et Attignat, afin que les ouvriers suivent le devis donné par les dits commissaires.

Ouï l'agent national

article 1er. Arrête que les citoyens Pissera et Pellet entrepreneurs sont nommés commissaires à l'effet de se transporter à Crangeat et Attignat pour y diriger les ouvriers dans la démolition qui se fait des châteaux.

2. Ces commissaires observeront le devis de démolition dressé par les dits Juvanon et Ronger, en conséquence au chateau de Crangeat, ils feront démolir les deux ailes qui se trouvent aux deux coté du batiment, et ne conserveront que la partie du centre entre les deux murs de resent. Au château d'Attignat ils feront également démolir les deux ailes de droite et de gauche dans tout leur cour, et en conserveront que la partie du milieu du bâtiment du matin au soir qui se trouve entre les deux murs de resent et porte, une longueur d'environ cinquante cinq pieds(sic)."771(*)

Il arrive quand même que ces commissaires se rendent compte de l'inadéquation qui existe entre une bâtisse qui tombe sous le coup de l'arrêté et la réalité du bâtiment. Dans ce cas, les "châteaux" sont épargnés. C'est le cas du château de Noblens le 4 ventôse ( 22 février) et celui du Villars sur la commune de Treffort le 26 ventôse (16 mars). Certains autres châteaux sont épargnés ou n'ont que leurs tours démolies, à cause du salpêtre ou d'une activité économique qu'ils peuvent abriter. C'est le cas du château de Meillonas, qui est une manufacture de faïence. Sur les plaintes des habitants de se voir sans travail suite à l'éventuelle démolition du château, Rollet-Marat nomme le 16 pluviôse an II (4 février), les citoyens Pellet et Pizzerra pour savoir si le château doit être détruit comme un château fort ou quelles doivent être les tours à démolir et jusqu'à quel niveau.

Le plus souvent, devant les hésitations des villageois ou des propriétaire à effectuer les démolitions, les autorités des districts à la demande des agents nationaux ou des particuliers, de faire venir les commissaires chargés d'évaluer le taux de travaux à faire pour se conformer à l'arrêté. Ces travaux peuvent aller de l'arasement des tours au niveau du toît jusqu'à l'entière démolition de la bâtisse. Le 23 pluviôse an II (11 février), la veuve Genevier, fermière du château de Saix, demande la venue des commissaires pour savoir ce qu'il faut détruire du château; 6 jours plus tard les commissaires ne décident que de l'arasement des tours au niveau du batiment. Il arrive néanmoins que malgré la visite des commissaires les démolitions se fassent mal, car les ouvriers ne veulent pas travailler772(*). A ce moment ce sont les seconds commissaires (comme Pizzera et Pellet) qui sont aussi chargés de veiller que les ouvriers travaillent suivant le devis. Il arrive aussi qu'au sein d'une commune les différentes autorités aient une opinion divergeantes quant à l'aplication de l'arrêté. Ainsi, le 21 pluviôse an II (9 février) le comité de surveillance de Lagnieu, écrit au citoyen Féréol administrateur, pour lui dire que le château de Lagnieu n'a rien d'une forteresse et donc que l'arrêté d'Albitte ne stipule de détruire que les tours, alors que la société populaire de Lagnieu a pris un arrêté qui ordonne la démolition entière de la bâtisse comme château fort.

La majorité des bâtisses sont abattu dans l'indifférence totale. Souvent, les propriétaires se conforment rapidement à l'arrêté d'Albitte, afin de limiter eux mêmes les dégats (comme c'est le cas des châteaux de Dortan, Chenavel et de Confrançon). Pour le château de Genoud, le propriétaire, le comte de Montmort (alors en prison à Macon) donne son accord écrit pour faire la démolition et partager les décombres parmi les pauvres et Loubas de Bohan abandonne la propriété de la Tour de Buenc, à la Nation, alors inhabité.

Les démolitions prennent souvent du retard car les autorités procèdent à des inventaires des biens alors dans les bâtisses avant leur démentèlement total ou partiel (c'est le cas du château de Pommier et de celui de Lateyssonnière).

Comme nous l'avons vu, les chantiers de démolitions confiés aux municipalités et souvent supervisés par les commissaires nommés par les districts, emploient des citoyens des environs ou devant le refus de ceux-ci, font venir des ouvriers de la ville. Mais il arrive aussi que devant la recrudescence de travail, les autorités fassent appel à des travailleurs exeptionnels. Pour la démoliton des tours, du jeu de paume et du pont-levis du château de la Rivoire Rollet-Marat, non seulement nomme le 23 pluviôse an II (11 février) les citoyens Bouget et Pardel comme commissaires à la démolition, mais il demande aussi le 24 pluviôse an II (12 février), au général Lajolais, 25 déserteurs pour qu'ils travaillent sur le chantier dudit château.

Dresser une liste des démolitions est comme pour les clochers plutôt hasardeux. Néanmoins grâce au manuscrit de La Teyssonnière773(*), on peut dénombrer, pour le district de Bourg, que 14 châteaux ont été démoli entièrement ainsi que 9 tours et 4 remparts. 12 châteaux, 1 tour et 1 rempart ont été en partie démantelés. Certains châteaux, (à cause de leur état pitoyable ou de leur solidité face au bras des démolisseurs ou du jugement des commissaires) n'ont pas été touchés; 4 châteaux et 1 tour sont indemnes. Mais ces chiffres ne sont qu'approximatifs. En effet, si certains commissaires, comme Pellet ou Pizzerra (LaTeyssonnière ne donne que l'initiale P.) "n'éxagéraientt pas ses pouvoirs dans ses rapports"774(*), d'autres comme Juvanon, Baron-Challier ou Rollet-Marat, n'hésitent pas à montrer aucune pitié et à donner à l'arrêté d'Albitte une interprétation personnelle775(*). Ainis à St Etienne-du-Bois, Juvanon fait démolir une volière qui appartient au notaire du lieu, car l'agent national du village a quelque ressentiment à l'égard du précedent. D'autre part plusieurs pigeonniers et volières sont abattus car ils sont considérés comme des signes d'aristocratie776(*) alors qu'ils ne sont pas compris dans l'arrêté d'Albitte.

Le problème des vols est là aussi, comme pour les clochers, un fléau. Non seulemnt des vols ont lieu une fois la démolition effectuée mais aussi pendant les travaux. Le 9 germinal an II (29 mars), l'agent national de la commune de Confrançon demande à Rollet-Marat de nommer un garde pour surveiller et prendre soin des meubles du château de Couraton. Une fois démolie en partie ou entièrement, les matériaux des bâtisses sont un butin précieux et beaucoup de portes, de fenêtres et autres matériaux sont subtilisés, parfois même par les employés qui ont démoli le batiment.

Dans la majorité des cas, les matériaux utiles à la Nation arrivent sans trop de problème à Pont-de-Vaux. Ces démolitions sont une aubaine pour les particuliers qui peuvent acheter, à un prix raisonnable, des décombres dans les ventes aux enchères dont le fruit d'icelles sont, comme à Ramasse, donné aux pauvres. Beaucoup de citoyens (comme Alban777(*)) sont acheteurs de matériaux provenant des démolitions. Les ventes des matériaux provenant des démolitions ont lieu assez tardivement. Celle des matériaux des tours de Tossiat et des châteaux de Corgenon et de Saix ont lieu durant la seconde décade de messidor an II.

Ces démolitions rapportent généralement plus qu'elles ne coûtent. La vente des débris provenant de la démolition du château de Corgenon, le 12 prairial an II (31 mai), coûte 6525 livres et rapporte 10528 livres. Celle du château de Saix coûte 2943 livres et rapporte 3610 livres. Mais il arrive que des démolitions ne coûtent plus qu'elles ne rapportent, c'est le cas à Tossiat où la vente des débris rapporte 323 livres alors que les frais pour les quatre ouvriers employés aux travaux de démolitions s'élèvent à 1490 livres.

En général ces démolitions se font avec lenteur et amènent la Caisse des Payments à faire de fortes avances. Les démolitions du château de Saix durent du 29 pluviôse an II au 9 germinal an II (17 février-29 mars). Celles du château de Genoud durent 94 jours et coutent 2457 livres. Pour le château de Verjon et pour la Verjonnière, il faut compter 100 jours pour que les démolitions désirées par les commissaires soient effectuées.

Le 25 ventôse an II (15 mars), Albitte demande aux agents nationaux de faire le recensement de l'or, de l'argent, des cuivres, des fers blancs, des cordes et étoffes provenant des châteaux, des clochers, des églises et des suspects. Le 7 germinal an II (27 mars), le dépot d'argenterie du district de Bourg contient, depuis le 20 frimaire an II (10 décembre) 318 marcs et 3 onces d'argent. Le total de l'argenterie monnayée est de 7206 livres et 8 sols. Parmi cette argenterie beaucoup provient des églises, des nobles et des émigrés. Le 29 ventôse an II (19 mars), le conseil général de la commune de Bourg, fait parvenir à la Convention 202 marcs d'argenterie, 96 marcs de galons et d'étoffes provenant des églises; à cela se joint le résultat des fouilles faites dans les affaires des détenus dans les prisons de Bourg, c'est à dire 144 marcs d'argenterie et 1 marc 4 onces et 7 gros d'or plus 9010 livres en numéraire, dont 165 louis d'or, un saint esprit, deux paires de boucles d'oreilles en diamants et trois croix de St Louis778(*).

* 744Lettre d'Albitte à ses collègues de Commune-Affranchie. Op.cit.

* 745Décret de la Convention Nationale du 23 juillet 1793, 2 pages in°8, de l'imprimerie J.M.Cuchet à grenoble. Collection de l'auteur.

* 746F.Braesch, Op. cit, page 402.

* 747Secrétariat de la municipalité de Bourg, témoighnage duc tiotyen Pochon, du 3 vendémiaire an III. A.D.A ancien L219.

* 748Arrêté du 7 pluviôse an II. Registre des représentants en mission, Op.cit.

* 749Le cousin du père Duchésne, de Millet et Bonnerot,4 pages in°8 imprimerie P.Bernard aux Halles de la Grennette à Commune-Affranchie an II.

* 750Le 26 Ventôse, Albitte écrit au C.S.P : "toutes les cloches se transforment à présent en canons, soit à Pont-de-Vaux, soit à Valence". A.Aulard receuildes actes du Comité de Salut Public tome 12 , page 11.

* 751Lettre d'Albitte au C.S.P. du 11 Ventôse an II. A.Aulard Ibid, tome 11 page 492.

* 752Lettre d'Albitte, Ibid.

* 753Tableau analithyque. . ., OP.cit, page 21.

* 754Registre de correspondance de l'agent national du district de Bourg. A.D.A 2L26.

* 755"Quatre pères de famille ont été victimes de leurs grand zèle à détruire ces monuments odieux qui insultaient à la Raison". Lettre de Rollet-Marat à Albitte du 15 Germinal an II. Op.cit.

* 756Registre de correspondance du directoire du district de Bourg. OP.cit.

* 757registre de correspondance du directoire du district de Bourg. A.D.A 2L28.

* 758Souvent, des membres des comités de surveillance sont requis d'assister aux démolitions, comme à Salavre.

* 759Cité par E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page 436.

* 760Voir E.Dubois in Histroire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page 434.

* 761Le comité de surveillance de Lagnieu, fait mention de vols de fer provenant du clocher.

* 762Propriété des citoyens Frèrejean, elle est insdtallée à Pont-de-Vaux par arrêté du Comité de Salut Public le 25 frimaire an II. La première fonderie avait été installé à Lyon en 1793, mais les évènements amènent à la faillite de la fonderie. Dans son arrêté du 25 frimaire an II, le Commité de salut Public prévoit une aide à l'installation de la fonderie de 40.000 livres. Proche de la Sâone, la fonderie s'installe dans l'ancine couvent des Ursulines. La fonderie commence à marcher en pluviôse an II, et arrête sa production en l'an V.

* 763Cette mesure, bien que préconisée dans l'arrêté, n'zst pas toutjours suivit. En l'an VI, quand les restant de matières premières qui reste à la fonderie de pont-de-Vaux sont réexpédiés, certaines cloches sont encore entières.

* 764Arrêté du 8 pluviôse an II, registre des représentants en mission. A.D.A L98.

* 765Millet et Bonnerot dans le cousin du père Duchèsne, du 17 ventôse an II.

* 766Lettre d'Albitte au C.S.P. du 26 Ventôse an II. A.Aulard receuildes acts du Comité de Salut Public, tome 12 page 11.

* 767Lettre d'Albitte, Ibid.

* 768Voir page 29.

* 769Arrêté du 8 plkuviose an II, registre des représentant en mission. A.D.A L98.

* 770Notes de La Teyssonnière, citées par Ph. le Duc, Op.cit, tome 5 page 69.

* 771Démolition des chateaux de Crangeat et Attignat. A.D.A L 359.

* 772Le 25 ventôse an II, la société populaire de Treffort se plaint que les tours du chateau de Villars ne sont pas encore détruite, car les officiers minicipaux n'ont pas trouvé d'ouvriers pour le faire.

* 773Cité par Ph.le Duc, OP.cit, tome 5 page 69-78.

* 774Ibid.

* 775Comme pour l'arrêté du 7 pluviôse an II, le flou des termes enpoyé, donne une certane autonomie aus hommes chargé des l'éxécution de l'arrêté.

* 776il est en effet courant à la fin de l'ancien-régime que des bourgeois pour s'agréer à la noblesse, fassent construire des tours, pigeonniers et volières.

* 777Alban est acheteur d'une porte et de la ferraille provenant d'un château, pour la somme de 110 livres; Ce château est sans doute celui de Lateyssonière.

* 778Le conseil général de la commune de Bourg-Régénéré, à la Convention Nationale, 4 page in° 8 sans nom d'imprimeur. Bibliothèque de la société d'émulationde l'Ain. A.D.A.

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