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L'impérialisme culture occidental et devenir de la culture africaine: Défis et perspectives

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par Bernard ZRA DELI
Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Fin de cycle de Philosophie (Licence) 2008
  

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II- 2.2. L'ethnocentrisme

Sentiment de repli sur soi, sur son ethnie, son groupe social, l'ethnocentrisme est l'une des tendances engendrées par le contact avec l'extérieur. Cette attitude de la prise de son ethnie comme centre du monde et de toute vérité n'épargne personne ; car toute rencontre avec ``l'autre'' nécessite une méfiance. Cette doctrine d'égocentrisme qu'organisent les cultures ou mieux les hommes de culture vis-à-vis d'un autre différent d'eux prend de plus en plus d'ampleur dans les sociétés minoritaires. Elle se justifie par la crainte de perdre les habitudes propres à soi.

L'ethnocentrisme se manifeste par les rivalités ethniques et trouve le tribalisme comme force centrifuge. Cet enfermement dans un ghetto culturel ethnique n'épargne pas le monde culturel africain.

Par crainte d'être absorbés par la culture de l'autre, d'abandonner les anciennes pratiques et traditions, nombreux sont ceux qui se plaisent aujourd'hui dans un ghetto culturel en Afrique. Mais comment l'Afrique peut-elle éviter le phénomène de la mondialisation où le monde est devenu un gros village ? Pour combien de temps vivra-t-on dans cet ethnocentrisme très vieux à notre goût et à notre temps si l'on doit participer à la réalisation de l'humanité ? Le repli sur soi appelle l'aliénation par des habitus considérés comme lois immuables. Là, il y a plus de dangers que d'avantages car la monotonie ne permet pas l'élaboration d'un esprit critique et synthétique. Et comme le remarquent LABURTBE-TOLRA et René BUREAU,

« Le risque de stagnation est accru par l'influence de la mentalité traditionnelle qui évite de remettre en question ce que la société a une fois pour toutes admis : La sanction sociale a l'autorité de la chose jugée. Les réputations usurpées, l'importance accordée aux titres, le « fétichisme » des diplômes, mettent et maintiennent ainsi en place de vastes nullités rayonnantes. »60(*)

Il y a ici risque pour l'Afrique traditionnelle de prendre pour idéal sa sagesse traditionnelle en rejetant les techniques nouvelles et la science pour produits étrangers. Le repli sur soi et le refus de toute ouverture aux nouvelles valeurs sont plus des dangers que des voies du progrès. L'enfermement sur soi n'est-il pas risque de mort ? Le risque est trop grand pour un peuple de s'enfermer sur lui. Et comme l'a remarqué Ebénézer NJOH MOUELLE, il y a risque de prendre sa culture comme parole de vérité et qu'« au fond, il y a de naïveté pour un peuple à penser que parce qu'il a toujours été d'une certaine façon, cette façon est bonne éternellement. C'est une attitude qui tourne le dos à l'idéal de créativité. »61(*) Plongé dans l'éternelle contemplation de son groupe d'appartenance, il est difficile à l'homme de s'élever à l'universel, de porter un regard critique et interrogatif tant sur ses coutumes, ses traditions qui pèsent sur lui que sur son devenir. Or l'épanouissement demande une remise quotidienne en question de la manière d'être et de faire de soi vis-à-vis de celle de l'autre. Or la tradition interdit toute critique à l'endroit des moeurs établis par la société. C'est ce qui est contraire au progrès et à la liberté humaine. Lamine DIAKHATE n'en dira pas moins dans ses propos : « S'il n'y a point d'esprit critique, il n'y a pas de progrès. Et l'on se complait facilement dans le confort paresseux de l'opinion, de l'à-peu près. L'on se complaît dans la stagnation. Or la stagnation est contraire à toute vie. Le lot de la vie humaine est le progrès. Or le progrès est contraire de désintégration. »62(*) Le progrès a toujours été le résultat des crises engendrées par le choc des civilisations. L'ethnocentrisme demeure ainsi un frein, voire un obstacle à l'accomplissement total de l'humain. Car, il ne permet pas à l'homme de sortir de son groupe pour contempler, emprunter et intégrer dans ses manières de faire les bonnes habitudes de l'autre. Immergé dans cette situation d'atrophiement, d'avilissement et de soumission aux tabous, l'homme perd les repères du bon sens et de son existence en se complaisant dans la misère objective dont fait état NJOH MOUELLE. Cette tendance égoïste d'ethnocentrisme émiette et particularise les groupes. Dans ces circonstances, l'homme devient prédateur de son semblable. Au lieu que les diversités culturelles demeurent une source d'enrichissement et de progrès des peuples, l'ethnocentrisme les transforme en une organisation tribale. La culture, loin d'être une force libératrice de l'homme devient par-là même une servitude.

De tels systèmes sont appelés à disparaître. Nous ne sommes pas sans ignorer les valeurs culturelles traditionnelles nécessaires à notre épanouissement, à notre devenir existentiel dans ce monde où tout se déshumanise, mais nous nous attaquons aux pratiques asservissantes de nos cultures. Ainsi, l'ethnocentrisme est un mal social que l'Africain doit combattre à tout prix s'il veut entrer de plein pied dans l'histoire du monde et faire route avec le reste de l'humanité. De cette manière, il doit considérer la culture comme un élément réformateur comme l'a pensée Joseph KI-ZERBO : « La culture n'est pas une compte en banque qui serait immobilisée, mais une sorte de tissu vivant qui comporte des éléments qui sont des fleurs et des fruits. Il nous appartient d'ELAGUER ces éléments sclérosés pour mettre en valeur tous les éléments sains qui peuvent être côtés honorablement dans la bourse internationale des valeurs humaines. »63(*) C'est un appel à tous ceux qui considèrent la culture comme une panacée. L'ouverture et la collaboration interculturelles sont une richesse et un gain bénéfique pour les peuples concernés. On ne perd rien à apprendre des autres ni même à leur offrir ce qui nous a déjà servi. La charité est une vertu tandis que l'égoïsme et l'avarice sont des vices. Aucun peuple ne peut prétendre avoir le monopole de la sagesse. Toute culture qui s'enferme sur elle-même est appelée à mourir. Pour survivre, la culture africaine doit se nourrir uniquement des valeurs positives provenant d'elle-même et des autres cultures qu'elle côtoie et admire.

* 60 LABURTHE-T. P., -BUREAU R., Initiation africaine, Supplément de philosophie et de sociologie à l'usage de l'Afrique noire, Yaoundé, Clé, 1971, p.257.

* 61 MOUELLE N.E., De la médiocrité à l'Excellence. Essai sur la signification humaine de développement, Yaoundé, Clé, 1972, p. 150.

* 62 DIAKHATE L., « Le processus d'acculturation en Afrique Noire », in Présence africaine, 4ème trimestre, 1965, pp. 68-81.

* 63 KI-ZERBO J., cité par LABURTHE-T. P., -BUREAU R., Op. Cit., p. 281.

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