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Du système d'organisation d'un centre social associatif à la citoyenneté de proximité en tant qu'enjeu démocratique

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par Yves Konaté
Université Jean Moulin - Lyon 3 - IAE - Maîtrise AES -Gestion des entreprises -Pratiques managériales 2000
  

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UNIVERSITÉ JEAN MOULIN - LYON 3
Institut d'Administration des Entreprises

 

DU SYSTÈME D'ORGANISATION

D'UN CENTRE SOCIAL ASSOCIATIF

À LA CITOYENNETÉ DE PROXIMITÉ,

EN TANT QU'ENJEU DÉMOCRATIQUE.

L'ASSOCIATION DE GESTION

DES CENTRES SOCIAUX DOLTO ET MONTA BERLET

À DÉCINES.

- 1998.2000 -

 

Mémoire présenté pour l'obtention de

la Maîtrise d'Administration Économique et Sociale : . Mention Administration et Gestion des Entreprises,

. Option Pratiques Managériales.

Tuteur : DOC. 3 Présenté par

PIVOT Catherine 2000 KONATÉ Yves

SOMMAIRE

INTRODUCTION :

L'ACTE D'ASSOCIATION AU CENTRE DU SOCIAL. P. 7

PARTIE I : LA CONTRIBUTION D'UN CENTRE SOCIAL

A LA CITOYENNETE DE PROXIMITE,

DES POINTS DE VUE QUI SE COMPLETENT. P. 14

Une reconnaissance de proximité. P. 14

Chapitre 1 - Le centre social, entre partenaires et opérateurs de

politiques publiques. P. 15
Chapitre 2 - Le centre social, un enjeu de légitimité des poltiques

d'action sociale locales. P. 21
Chapitre 3 - Les centres sociaux en équilibre entre la demande

sociale et la commande publique. P.28

Une proximité de reconnaissance. P. 36

PARTIE II : UNE ADMINISTRATION DE PROJETS QUI SOUS-TEND UNE RECONNAISSANCE DE

LEGITIMITE RECIPROQUE ENTRE L'ASSOCIATION DE GESTION DES

CENTRES SOCIAUX ET LA COMMUNE. P.37

Une vision du champ de l'action sociale déterminée par

la position des acteurs. P.37

Chapitre 1 - Une conjecture : des acteurs dont la position

s'inscrit dans une démarche institutionnelle. P.38

Chapitre 2 - Une méthode : une analyse induite par des

entretiens. P. 50

Chapitre 3 - Un résultat : une légitimité réciproquement

reconnue et controversée. P. 56

Une valeur commune énoncée, déterminée par la traduction

pratique à la partager. P.63

PARTIE III : LA CONTRIBUTION DE L'ASSOCIATION DE GESTION DES CENTRES SOCIAUX DOLTO ET MONTABERLET A LA PRODUCTION DE LA DEMOCRATIE LOCALE, UNE ORGANISATION QUI S'AJUSTE AU PROJET D'INTERMEDIATION. P. 64

L'incertitude de l`entre-deux : la source du pouvoir associatif. P. 64

Chapitre 1 - Ni privé, ni public, l'entre-deux socio-économique associatif. P. 66
Chapitre 2 - Ni indépendant, ni assujetti, l'entre-deux de

l'acteur associatif. P. 79

Chapitre 3 - Ni amateur, ni spécialiste, l'entre-deux des

compétences des ressources humaines associatives. P. 84

La ressource de l'entre-deux : l'espace d'intermédiation. P. 91

CONCLUSION :

VIVRE ENSEMBLE AU CENTRE DU SOCIAL. P. 94

BIBLIOGRAPHIE P. 96

SIGLES P.105

DOCUMENTS P. 107

TABLE DES MATIERES P. 109

ANNEXES P.112

- INTRODUCTION -
L'ACTE D'ASSOCIATION AU CENTRE DU SOCIAL.

L'association de gestion du centre social de Décines a été créée en 1978 pour gérer le centre social Dolto, le plus important équipement social de la ville de Décines, " point de transition entre la déclinaison de la croissance et l'enracinement de ce qui n'est perçu , par le commun de la population, que comme un déséquilibre économique1. "

En effet, la transmutation de ce bourg en banlieue rurbaine ouvrière cosmopolite, ponctuée par les aléas de l'histoire, a trouvé son seuil d'équilibre à l'aube de cette courbe de croissance dite des « 30 glorieuses ».

Ainsi, « l'Association du centre social de Décines », constituée, à l'origine, à l'initiative de la municipalité, sera destinée à la population composée de nouvelles couches moyennes qui sont amenées à investir massivement les nouveaux équipementrs collectifs2.

De fait, ce centre social, élaboré comme espace structurant la ville, est alors dépositaire d'une triple mission : " être un lieu de socialisation collectif, contribuer à l'émergence d'un centre-ville, être un « outil » au service de l'action sociale municipale3. "

L'identité de ces équipements s'est structurée et construite à travers l'histoire, d'abord en Angleterre et aux Etats-Unis, où les « Maisons de voisinage » accueillaient dans les banlieues des grandes villes des populations venues d'ailleurs.

En France, des « Maisons sociales » s'établissent à la fin du siècle dernier pour devenir des

« Centres sociaux » à partir des années 1910. De nombreuses structures se créent au lendemain de la Grande Guerre, pour impulser la renaissance de la vie sociale dans les regions dévastées. En 1922, une vingtaine d'établissements se regroupent pour créer la Fédaration des centres sociaux et socio-culturels de France (FNCS).

Dans un rapport présenté en 1952 au Conseil économique et social des Nations Unies, le Gouvernement français définissait la conception française du centre social, de la façon suivante : « On entend par centre social, une organisation qui, avec la collaboration des usagers, s'efforce de résoudre les problèmes propres à la population d'un quartier ou d'un secteur géographique, en mettant à sa libre disposition, dans un local approprié, un ensemble de services et de réalisations collectives de caractère éducatif, social ou sanitaire, animé par une assistante sociale responsable de la marche générale du Centre, qui doit y assurer des permanences régulières et si possible y résider. »

JALON 1 : Bref historique des centres sociaux.

1 KONATE Yves, 19991 - Décines, banlieue rurbaine. Les centres sociaux Dolto et Montaberlet : une association d'intérêt public. un espace social, traducteur de logiques d'actions - Université Jean Moulin, Lyon 3, Institut d'Administration des Entreprises, p. 27.

Cette monographie met en perspective la transformation, en un siècle, d'une bourgade d'un millier de villageois en une cité urbaine de 25000 habitants, produit des flux migratoires et de l'industrialisation naissante. Cet ancien village de l'Isère, rattaché à l'agglomération lyonnaise en 1967, tend en cette fin des années soixante-dix à structurer sa vie sociale à travers une osssature associative fédérative. Ibid., tableau 3 - Période de création des

principales associations, des principaux équipements et dispositifs sociaux, éducatifs et culturels à Décines - p 23.

2 COLOMBANI Henri, in DURAND Robert, 1996 - Histoire des centres sociaux : du voisinage à la citoyenneté - Paris, Syros, pp. 239-241.

3 Yves KONATE, 19991, doc. cit., p . 25.

La définition, qui en était donnée alors, contient les notions présentes encore aujourd'hui, de voisinage, de collaboration des usagers, de regroupement d'un certain nombre de services et de réalisations (sociales, éducatives et médico-sociales), d'animation par un personnel qualifié.

Le développement des centres sociaux accompagne alors le bouleversement des modes de vie, l'urbanisation, les mutations du monde rural, puis, dans les années soixante, la multiplication des grands ensemble. Marquée par une forte dominante socio-culturelle, l'activité des centres sociaux s'est, depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, orientée davantage vers les domaines du développement social.

DURAND Robert, 1996

- Histoire des Centres sociaux : du voisinage à la citoyenneté - Paris, Syros, 264 p.

Vingt ans plus tard, la crise est à son apogée, le chômage et son cortège de misère n'ont cessé de croître, les familles se sont décomposées, les flux d'immigration qui ont formé la ville se sont déplacés de l'Est au Sud, Sud-est, la banlieue se dénomme « quartiers sensibles ». L'association qui, à travers des activités de « droit commun » (activités de loisirs, permanences, services de garde d'enfant, ...) rayonne sur la ville, développe sur des quartiers ciblés des actions de socialisation (cours de Français, animations de rue, ...).

C'est ainsi que , en octobre 1998, s'ouvre le centre social Montaberlet, fruit d'un travail de plusieurs années de professionnels de diverses institutions et de demandes des habitants. L'intitulé associatif s'actualise en « Association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet1», l'un de ville et l'autre de quartier.

SCHEMA 1 : L'association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet.

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Voir, en complément de ce schéma, l'annexe 16 - L'organigramme institutionnel, hiérarchique et pédagogique -

1 Annexe 1 - La structuration institutionnelle, hiérarchique et pédagogique de l'association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet -

JALON 2 : Les missions principales du directeur de l'association de gestion.

Directeura de cette association depuis 1993, nous déployons notre mission en trois axes principauxb :

- Tout d'abord, nous assurons la direction de l'association, en tant que responsable de la conformité du projet « Centre social » dans ses applications les plus concrètes, à partir de la mise en oeuvre des orientations décidées par les instances associatives. A l'instar, nous prenons soin de créer des conditions de consolidation du bénévolat, essence-même de l'association.

- En second lieu, en tant que chef d'entreprise associative, par délégation, nous en assurons la gestion et l'organisationC.

- Enfin, et ce n'est pas la moindre de nos tâches, nous veillons à la cohérence du projet, en tant que coordonateur pédagogique. Chargé principalement des relations publiques internes et externes, nous traitons et retraitons l'information à travers un dispositif de communication, afin de rendre cohérente et lisible l'action des deux centres sociaux.

a L'employeur du directeur est la fédération Leo Lagrange, qui est financée par la municipalité de Décines pour le mettre à disposition de l'association.

b Yves KONATE, 19991, doc. cit., ppÀ4-70.

c En 1999, 99 salariés (38 équivalents temps plein), un budget de 9 millions de francs, plus de 2200m2 de bâtiments, répartis sur deux sites. Voir partie III-1.

Né d'une volonté originelle municipale, à travers le renouvellement de son bénévolat1 et de ses administrateurs, cette association a su s'éveiller à un mode d'autonomie laissant place, dans le cadre de ses missions, à une coopération contractualisée avec ses financeurs.

C'est ainsi qu'elle a répondu à des attentes diversifiées et a été en mesure d'adapter sa réponse à la spécificité institutionnelle de ses partenaires financiers déterminants2 que sont l'Etat, la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF), sa caisse locale (la CAF de Lyon) et la commune de Décines.

- Elle a donc intégré les thèmes majeurs de l'Etat3 :

. l'intervention sur des territoires prioritaires,

. la mise en oeuvre d'un projet pédagogique partenarial,

. la mise en oeuvre de projets éducatifs partenariaux,

. l'implication et la participation des habitants.

- Elle a sounmis, à la demande de la CNAF4, un projet pédagogique à la discussion et à l'assentiment de ses partenaires publics, en particulier la commune.

- Elle a reconnu la commune5 comme représentant légitime de l'action sociale et éducative locale.

1 Tableau 9 - La répartition des contributions bénévoles au sein del'association de gestion - 1998.

2 Tableau 1 - L'origine et la répartition des ressources financières de l'association de gestion - 1998.

3 Courrier adressé au maire de Décines en novembre 1998, par le sous-préfet du département du Rhône, chargé de mission pour la politique de la ville.

4 Annexe 2 - Circulaire CNAF n°56 du 31 octobre 1995 - Les relations entre les caisses d'allocations familiales, les centres sociaux et leurs partenaires. Approfondiir la concertation partenariale et la contractualisation sur des objectifs de qualité.

Lettre-circulaire CNAF n°268 du 31 octobre 1995 - Les relations entre les caisses d'allocations familiales, les centres sociaux et leurs partenaires. Outils d'analyses et d'aides à la décision, 16 pages.

5 Les maires veulent renouer le lien social et s'investissent de plus en plus dans l'action sociale selon l'observatoire national de l'action sociale décentralisée - 1998, Actualités Sociales Hebdomadaires, novembre, n°2094, pp. 7-8.

Ces prescriptions, sans être contradictoires, se révèlent néanmoins inscrites dans des logiques politiques et administratives propres à chaque collectivité et seraient susceptibles de conduire l'association à avoir une gestion pédagogique écartelée. D'autant que la démultiplication des contraintes rationnelles produites par ces mécanismes (instruction des dossiers, montage des projets, présentation financière, sensibilité aux réalités de terrain, ...) risqueraient de déstabiliser l'organisation associative.

Sans compter que les bénévoles d'aujourd'hui ne sont pas issus des courants des années soixante-dix1 et, de fait, ne sont pas rompus aux arcanes des jeux politico-administratifs ; que les salariés, sous pression sociale et statutaire, sont plus en recherche de positionnement professionnel qu'attentifs aux enjeux du devenir de l'action associative2 ; que le directeur, au coeur de ces logiques, est lui-même dépendant de ses propres contraintes statutaires3.

Non seulement, nous constatons que cette organisation associative n'implose pas mais, au contraire, paraît générer une forme de cohésion sociale4 par la cohabitation de milieux, de cultures et de générations diverses, assortie à des demandes sociales et éducatives variées ( activités de loisirs, animations sociales, services collectifs et individuels, ...).

Etayée par son ancrage fédératif, celle-ci est conduite à developper une philosophie de l'action qui promeut une démarche de participation des habitants à la finalité citoyenne5, basée sur la primauté de la démarche associative. En corrélation, le débat politique tourne, aujourd'hui,,autour de l'élaboration de la décision au plus près des préoccupations des citoyens et se traduit par la déclinaison de projets municipaux de démocratie locale se concrétisant par des dispositifs suscitant la participation des habitants6.

C'est pourquoi s'impose à nous cette question initiale :

Quels sont les critères du système d'organisation d'un centre social associatif qui peuvent contribuer à la citoyenneté de proximité, en tant qu'enjeu démocratique local ?

En effet, le monde du social ayant une dimension intangible, il nous apparaît opportun de délimiter des critères7, en tant que normes de référence, permettant ainsi de mesurer la pertinence du système d'organisation associatif centre social.

1 HALBA Bénédicte et LENET Michel, 1997 - Bénévolat et volontariat dans la vie économique, sociale et politique - Paris, Editions La documentation française, p. 34.

FOUREST Alain, juin 1998 - L'avenir des centres sociaux - Caisse des dépôts et consignations, pp. 13-14.

2 PAILLET Paule, 1996 - Le travail social dans la tourmente - Actualités Sociales Hebdomadaires, janvier, n°1956, pp. 17-18.

MIGNON Jean-Marie, 1999 - Ne pas brader la fonction d'animateur - Action Jeunes, novembre, n°197, pp. 1-3.

HIVERT Agostina, 1998 - La grande nébuleuse du travail social - Le progrès de Lyon.

VACHON Jérôme, 1993 - Jusqu'où réformer la formation ? - Actualités Sociales Hebdomadaires, janvier, n°2100, pp. 25-26.

3 Le type de mise à disposition du poste de directeur par la ville de Décines, par l'intermédiaire de la fédération Leo Lagrange, révèle une dépendance du directeur. Par exemple, les augmentations non statutaires sont accordées par l'employeur à condition que la commune accepte de les financer.

4 Près de 10% des habitants de la commune sont des usagers réguliers d'activités. En outre, on peut estimer qu'un habitant sur deux est utilisateur ponctuel. Voir partie III-1 .1.

5 Annexe 3 - Projet de charte fédérale, assemblée générale de la Fédération des centres sociaux et sociosocio-culturels de France- juin 2000.

6 KONATE Yves, 19992 - La place du cabinet du maire dans l'organisation municipale de la ville de Villeurbanne - Université Jean Moulin, Lyon 3, I.A.E, p. 19.

7 GRAWITZ Madeleine, 1991, article « Critère »- Lexique des sciences sociales - Paris, Editions Dalloz, Dalloz, p. 96.

De la sorte, dans cette première définition, nous caractériserons le système d'organisation1 comme une idée directrice permettant de formaliser un ensemble d'éléments interdépendants en tant que réseaux complexes de sous-systèmes entretenant entre eux des liaisons. Cette composition corrélative ne peut maintenir ses objectifs qu'en se donnant les moyens d'une adaptation à des conditions externes et internes changeantes.

En l'occurrence, ce qui nous intéresse ici, c'est la capacité de ce système à discriminer des critères qui vont contribuer à la citoyenneté de proximité en tant qu'enjeu démocratique local. Nous affirmons également, qu'en préalable à notre propos, notre réflexion s'inscrit dans le cadre d'une Constitution démocratique, en tant qu'organisation politique dans laquelle la souveraineté appartient à l'ensemble des citoyens. Celle-ci reposant sur la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire2, nous considèrerons qu'un citoyen3 est un membre de la communauté politique (Etat, cité), ce qui lui donne le droit de participer à la « gouvernance4 ». Nous soulignerons, avec Jean-Pierre WORMS5, que la citoyenneté n'est plus un attribut descendant de la bienveillance des autorités publiques mais le produit d'un investissement personnel qui nécessite un apprentissage, qui passe par l'expérience dans la participation aux affaires locales6 et qui renvoie à des relations de type contractuel où la réciprocité des droits a pour corrolaire des devoirs7.

Par conséquent, l'affirmation de la proximité a, ici, non seulement le sens donné à la politique de décentralisation dans le fait de rapprocher le pouvoir du citoyen8 mais, en outre, manifeste une volonté active de rendre tangible cette participation.

De la sorte, la démocratie, telle que nous l'avons définie plus haut, met l'accent sur une tradition qui se traduit par une affirmation individualiste et une méfiance à l'égard des gouvernants9.

A l'instar, la FNCS. l'exprime à sa manière, en reconnaissant que la commande publique institutionnelle, fondée en droit public, relève de la mission confiée dans l'ordre de la démocratie élective. Celle-ci constitue ainsi la réponse légitime à la demande sociale, sans épuiser pour autant les réponses émanant de l'initiative de la société civile, dans l'ordre de la démocratie participative de proximité et du quotidien., " celle au nom de laquelle interviennent les habitants s'organisant pour prendre en charge un travail sur leurs conditions de vie et, plus particulièrement, dans le cadre des équipements collectifs10. "

A partir de là, nous formulerons notre problématique11 et nous la déploierons au long de notre exposé en la resituant dans le système d'organisation particulier instauré entre la commune de Décines et l'association des deux centres sociaux Dolto et Montaberlet.

1 BOUDON Raymond et BOURRICAUD François, 1999, article « Système » - Dictionnaire critique de la sociologie - Paris, Editions Presses universitaires de France, pp. 602-609.

2 Article «Démocratie », Le Petit robert, 1972, pp. 431-433.

Article « Montesquieu », Larousse sélection, 1962, p. 1411.

3 M . GRAWITZ, 1991, article «Citoyen », op. cit ., p. 59.

4 La gouvernance est la capacité des sociétés humaines à se doter de systèmes de représentations, d'institutions, de processus, de corps sociaux, pour se gérer elles-mêmes dans un mouvement volontaire.

Pierre CALAME et André TALMANT in Les cahiers du millémaire, 1998 - La gouvernance - Mission prospective et stratégie d'agglomération - Grand Lyon, n°9, juin, p. 4.

5 WORMS Jean-Pierre, 1998 - Se former pour une démocratie participative et une citoyenneté active - Paris, Ouvertures, revue éditée par la Fédération des centres sociaux et socio-culturels de France, n°4, septembre, p. 6.

6 BARBER Benjamin, 2000 - La démocratie à l'heure de la mondialisation - Sciences Humaines, n°102, n°102, février, p. 40.

7 VIDAL-NAQUET Pierre, 1993 - Une grille de lecture des missions et des légitimités des centres sociaux - Paris, Ouvertures, n°10, octobre, p. 6.

8 ION Jacques, 2000 - Le travail social à l'épreuve du territoire - Paris, Editions Dunod, p. 136.

9 R. BOUDON et F. BOURRICAUD, 1994, article « Démocratie », op. cit., pp. 155-160.

10 COLOMBANI Henry, 1995 - Le local contre l'exclusion - Ouvertures, n°95-4, septembre, p. 2. 11Nous nous inspirons des travaux de QUIVY Raymond et VAN CAMPENHOUDT Luc, 1995 - Manuel de recherche en sciences sociales - Paris, Editions Dunod.

C'est ainsi que l'approche théorique que nous choisirons pour traiter cette question s'articule à deux perspectives : la sociologie de l'organisation et la sociologie de l'association.

Pour la sociologie des organisations, nous nous inspirerons de plusieurs courants.

Tout d'abord, celui qui est relatif à la structure d'une organisation et, particulièrement, la conception qu'en propose Henri MINTZBERG1, qui la définit comme « la somme totale de moyens utilisés pour diviser le travail entre tâches distinctes et pour assurer la coordination nécessaire entre ces tâches. » En effet, il nous importe de pouvoir caractériser les modèles d'organisation auxquelles nous avons à faire, de manière à en comprendre les caractéristiques intrinsèques.

Le deuxième courant, sur lequel nous appuierons notre processus réflexif, analyse l'organisation " comme un lieu où se prennent des décisions, où s'exercent des contrôles, où existent des rapports d'autorité2 ". Ce sont les travaux de Michel CROZIER et Erhard FRIEBERG qui, en développant l'analyse stratégique3, rendent compte de l'organisation comme d'un système politique résultant du jeu des acteurs. Le pouvoir, à l'intérieur de l'organisation, est lié à la répartition de celui-ci et dépend de son mode de discrimination à l'extérieur4. De la sorte, nous examinerons précisément les liens d'influence de l'association de gestion dans ses rapports avec la municipalité et ce, aussi bien dans la dimension collective des acteurs que dans celle individuelle.

Cette vision de l'organisation aboutit à mettre en évidence la marge de liberté dont disposent les individus et les groupes humains qui la composent. " Il y a un « jeu » possible ; il y a des zones d'incertitude autour desquelles f...] les acteurs (individus et groupes) vont adopter des comportements allant dans le sens de la préservation de leurs intérêts (économiques, sociaux, symboliques, culturels, ...).5"

La sagacité de cette théorie nous permettra de saisir l'interaction permanente entre « l'acteur et le système », facilitant ainsi la compréhension du fonctionnement réel du système d'organisation du centre social associatif6.

Enfin, les deux derniers courants, en tant que nouvelles approches de la sociologie de l'organisation, viendront enrichir nos possibilités d'agir, par leur qualité d'explication productrice de changement.

Le premier est le modèle de Laurent THEVENOT et Luc BOLTANSKI : « Les économies de la grandeur ». Celui-ci décrit l'organsation comme un lieu composé de plusieurs mondes qui vont devoir, s'il y a controverse, se distinguer les uns des autres, « s'arranger », en se mettant d'accord par une transaction, afin d'aboutir à un « compromis », comme forme d'accord durable qui vise à un « bien commun »7.

Le second modèle, de Michel CALLON et Bernard LATOUR, « la sociologie de la traduction », renvoie à une opération qui consiste à transformer un message, un fait, une information intelligible en un autre message, un autre fait, une autre information intelligible qui rend possible la compréhension d'un tiers.

L'opération de traduction nécessite, selon ces auteurs, une méthodologie précise constituée de
plusieurs étapes. L'idée essentielle est que le système d'organisation, dans tous ses aspects et

Pour ces auteurs, la problématique est l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Elle est une manière d'interroger les phénomènes étudiés, p102.

1 MINTZBERG Henri, 1990 - Le management : voyage au centre des organisations - Paris, Editions d'organisation, 516 pages.

2 LIVIAN Yves-Frédéric, 1998 - Organisation, théories et pratiques - Paris, Editions Dunod, p. 39.

3 CROZIER Michel et FRIEDBERG Erhard, 1977 - L'acteur et le système - Paris, Editions du Seuil, 568 pages.

4 Y.F. LIVIAN, 1998, op. cit., p. 39.

5 Ibid. , p. 39.

6 Ibid., p. 40.

7 AMBLARD Henri, BERNOUX Philippe, HERREROS Gilles, LIVIAN Yves-Frédéric, 1996 - Les nouvelles approches sociologiques des organisations - Paris, Editions du Seuil, pp.73-128.

détails, constitue un réseau qui est le produit d'une négociation permanente entre contenu et contexte et suppose, par conséquent, qu'elle soit conduite par des porteurs de projet1.

La seconde perspective théorique que nous avons retenue est la socologie de l'association et, plus précisément, son entrée socio-économique2. Cette approche fonde le cheminement de notre pensée, en partant de la thèse que l'association est, et doit être au coeur du rapport social, qu'en cela " elle n'est rien d'autre que la démocratie en acte. Et réciproquement.3 " Sans idéaliser ce mode de coopération citoyen , il convient de faire émerger son impact sur le plan, " à la fois économique, éthique et politique4 ", en somme son influence sur la société et, précisément, sur le lien social.

Ainsi, cette architecture théorique nous conduit à élaborer l'hypothèse suivante :
Le système d'organisation d'un centre social associatif peut
contribuer à la citoyenneté de proximité, en tant qu'enjeu
démocratique local, si l'ensemble des acteurs internes et externes

à ce système se reconnaissent mutuellement dans leurs dimensions collectives et individuelles, à partir de leur mission, de leur fonction, de leur statut, comme étant partie prenante du projet pédagogique de l'association.

Avant de conclure sur la méthode de présentation, nous rappellerons au lecteur que ce document est un complément théorique et un approfondissement pratique aux premiers travaux abordant ce sujet5et qu'ainsi, moult informations, exposées alors, ont été ici traitées implicitement, que cela soit sur la transformation historique et sociologique de la ville de Décines, ou bien sur la description détaillée de l'organisation centre social dans ses aspects internes et externes, ou encore sur le management de l'association dans tous ses compartiments. Ce faisant, dans le document présent, nous avons organisé notre réflexion à partir d'un plan en trois parties.

Dans la première partie, nous brosserons l'environnement institutionnel dans lequel s'inscrit l'association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet, de manière à faire apparaître les enjeux dans lesquels les acteurs déterminent leur logique de positionnement et d'action.

La deuxième partie nous amènera à identifier plus particulièrement le système d'organisation dans lequel sont enchâssées l'association de gestion et la commune de Décines. Ceci nous conduira, à travers des points de vue recueillis et à partir d'une méthodologie explicitée, à les mettre en perspective les uns par rapport aux autres et, ce, à partir des entretiens retraités.

La dernière partie aboutit, à partir du déploiement de notre problématique, à éclairer significativement la contribution associative centre social à la citoyenneté de proximité et, par là, à la démocratie locale, tout en produisant des orientations pour l'action, accordant ainsi, pensons-nous , quelques justifications à notre hypothèse de départ.

1 Ibid. , pp. 129-186.

2 La revue du MAUSS, 1998 - Une seule solution, l'association ? Socio-économie du fait associatif - 1er semestre, n°11, Paris, La découverte, 368 pages.

LAVILLE Jean-Louis et SAINSAULIEU Renaud (dir), 1997 - Sociologie de l'Association : des organisations à l'épreuve du changement social - Paris, Editions Desclée et Brouwer, 416 pages.

3 La revue du MAUSS, 1998, op.cit., Alain CAILLE et Jean-Louis LAVILLE, p.5.

4 Ibid.

5 Yves KONATE, 19991, op. cit.

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