WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Culture et traumatismes psychiques; comprehension et prise en charge psychologique du PTSD

( Télécharger le fichier original )
par Simon NSABIYEZE
Universite Nationale du Rwanda - Licence en Psychologie Clinique 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

99
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

Au terme de cette étude intitulée « culture et traumatismes psychiques; compréhension et prise en charge psychologique du PTSD au Rwanda », il y a lieu de conclure et de faire un certain nombre de recommandations aux différents intervenants, personnes et institutions concernés par la problématique du PTSD au Rwanda.

En effet, le génocide, la guerre, les massacres et les exils qu'a connus le Rwanda ont laissé des conséquences alarmantes en terme de souffrances psychiques. La culture et le tissu social sont profondément touchés et cela pose un défi de taille à la société dans la prise en charge des conséquences de l'histoire récente du Rwanda. L'événement traumatique a bouleversé tout ce qui donnait sens à l'existence des Rwandais, la problématique du deuil se fait grandement sentir, le nombre de personnes souffrant de troubles post traumatiques et d'autres pathologies mentales et psychosomatiques s'alourdit face à l'insuffisance de dispositifs thérapeutiques adaptés. Le peu de soignants dont le pays dispose paraissent désarmés et se retrouvent des fois dans l'impasse. Face à cette situation, l'idée nous est venue d'interroger la culture Rwandaise, elle qui donnait sens et garantissait les repères et avait en son sein un système thérapeutique adapté.

La question majeure que l'étude se pose est de s'interroger sur des rapports qu'il y a entre la culture et les maladies mentales afin de les exploiter dans la compréhension et la prise en charge du PTSD au Rwanda.

Pour mener à bonne fin notre étude, il a fallu établir les objectifs et hypothèses de recherche. Ainsi, trois objectifs ont été établis à savoir :

1. Montrer des rapports entre culture et santé mentale au Rwanda;

2. Établir des relations entre les indicateurs du processus de destruction de la culture et du tissu social Rwandais et les manifestations du PTSD au Rwanda;

3. Proposer des principes et orientations de base d'une thérapeutique du PTSD au Rwanda tenant compte du potentiel socioculturel Rwandais.

Nous nous sommes fait l'hypothèse générale que « la santé et la maladie mentales sont

intimement liées au contexte culturel au sein du quel ses phénomènes sont étudiés».

Deux hypothèses opérationnelles ont été faites pour compléter et clarifier la première :

1. «Le processus de destruction de la culture et du tissu social Rwandais se traduit à

travers divers comportements des membres de la société, les manifestations du PTSD

au Rwanda en sont un indicateur éloquent » .

2. « L'efficacité et la pertinence des modèles de traitement du PTSD dépendent de la maîtrise des phénomènes de destruction de la culture et du tissu social ainsi que des stratégies de reconstruction de ces instances au sein de la société Rwandaise ».

Pour atteindre nos objectifs et vérifier nos hypothèses, nous avons procédé comme suit : Tout au début à partir de l'analyse documentaire, nous avons élaboré un cadre théorique sur la culture et les traumatismes psychiques et proposé à la fin une compréhension et les principes de prise en charge du PTSD au Rwanda, relativement à ce cadre de travail. Quant aux instruments, trois guides thématiques d'entretien générés par le cadre théorique ont été élaborés et utilisés durant les entretiens. Trois catégories de populations ont été identifiées .Les soignants, les personnes ressources et les patients souffrant de PTSD avec lesquelles nous avons mené des entretiens de recherche. L'analyse thématique de contenu nous a servis dans le regroupement et l'analyse des résultats pour pouvoir les interpréter.

La confrontation des résultats issus des entretiens et des théories développées nous a permis d'aboutir à des résultats et conclusions suivants :

> La culture est l'institution par excellence qui détermine la vie des peuples.

Elle détermine leur identité à travers les manières de faire, de penser et de vivre, et propose des modèles dans toutes les facettes de leur existence. Elle façonne la personnalité des individus, oriente leur goût en distinguant le bien du mal et détermine la normalité ou l'anormalité, la santé ou la pathologie. La culture va de pair avec le tissu social. Nous avons constaté que la culture Rwandaise est unique et extrêmement riche.

De toutes ces considérations nous sommes portés à affirmer notre hypothèse générale comme quoi la santé et la maladie mentales sont intimement liées au contexte culturel au sein du quel ses phénomènes sont étudiés. Par déduction, nous affirmons que la santé et la maladie mentales sont intimement liées au contexte culturel Rwandais.

> La culture et le tissu social ont été mis à l'épreuve au travers de notre histoire Nous avons qualifiée cette évolution de « processus de destruction ». Les personnes interrogées nous ont données certaines de ses causes : La colonisation, l'influence des média, la mondialisation et d'autres courants socioéconomiques, les manipulations politiques, etc. Pour ce qui est des conséquences, elles sont nombreuses. Les personnes interrogées, ont cité entre autres, le génocide, la guerre, les massacres, les différentes crises : Politiques, religieuses, économiques et sociales etc .

L'Etat de Stress Post Traumatique est évoqué par nos interviewés comme conséquence du génocide, guerre et massacres et par là un des indicateurs du processus de destruction de la culture Rwandaise et du tissu social. En renforçant nos analyses documentaires, ces affirmations des interviewées nous permettent d'affirmer notre seconde hypothèse de recherche comme quoi le PTSD est un indicateur éloquent du processus de destruction de la culture Rwandaise et du tissu social.

> La figure clinique du traumatisme déroute un peu les cliniciens et les observateurs car ne répond pas toujours aux critères internationalement reconnus. Elle est considérablement marquée par le contexte culturel Rwandais.

> Les importations thérapeutiques occidentales connaissent des limités dans le contexte Rwandais, nous en avons esquissé certaines raisons.

> La culture Rwandaise contient un potentiel thérapeutique considérable pourtant non exploité. L'étude a clarifié ce potentiel et montré les principes, objectifs et grandes lignes d'une prise en charge contextuelle de l'ESPT au Rwanda.

Nous tenons à signaler que cette étude a connu quelques limites et difficultés à savoir : manque de moyens matériels et financiers, les imprévues dans la recherche : Rendez- vous non honorés par certains interviewés, certains interviewés n'ayant pas accepté l'enregistrement et difficultés de rétention de toutes leurs idées, etc.

Au terme de cette recherche nous constatons que beaucoup de zones d'ombre restent non exploitées sur la problématique de la culture et le PTSD au Rwanda. Ainsi, d'autres recherches devront être menées par exemple sur :

- Les pratiques thérapeutiques traditionnelles (`Kubandwa, Guterekera, Kwambaza
abakurambere,' etc.) dans la prise en charge du traumatisme psychique au Rwanda,

- La part de la religion dans la prise en charge du traumatisme psychique. Etant donné que la majorité des Rwandais sont chrétiens et que la croyance est un élément clé de la culture .

Un certain nombre de recommandations doivent être formulées à différentes personnes et institutions afin d'améliorer la prise en charge du PTSD au Rwanda une fois tenues en considération :

Au soignants et institutions de soins nous recommandons de :

- Savoir que la prise en charge de l'ESPT dépasse de loin le processus de disparition des symptômes. Elle doit viser la restauration de tout ce que l'événement traumatique a détruit ;

- Recourir au potentiel culturel Rwandais dans la prise en charge du traumatisme psychique;

- S'inspirer des recherches contextuelles menées sur PTSD dont la présente.

Aux patients nous recommandons de:

- Contribuer dans leur prise en charge en adoptant par exemple des règles de vie telles que proposées dans la présente recherche et en collaborant aux thérapies leur proposées ;

Aux autorités du MINISANTE et au PNSM nous recommandons ce qui suit :

- La politique Nationale de Santé Mentale devrait inclure des stratégies d'inspiration culturelle dont celles proposées dans la présente étude;

- Augmenter le personnel qualifié et les institutions de prise en charge et disponibiliser les moyens nécessaires ;

- Mettre en place un plan stratégique national de prise en charge du traumatisme

psychique plus particulièrement d'intervention pendant la période de deuil national ; - Valoriser, exploiter et vulgariser des recherches contextuellement menées.

Aux chercheurs nous recommandons d'exploiter toutes les facettes de la problématique de

culture et maladies mentales au Rwanda.

A l'Université Nationale du Rwanda et plus particulièrement au départent de Psychologie Clinique nous recommandons ce qui suit:

- Disponibiliser les moyens matériels et les conditions de travail favorables, nécessaires pour mener des recherches de qualité;

- Exploiter et vulgariser les recherches menées.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera