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Etude de la réception de deux coproductions théâtrales européennes, à travers des articles de la presse écrite d'Europe

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par Laetitia van de Walle
Université Libre de Bruxelles - Master européen en Art du spectacle vivant 2007
  

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Deuxième partie : Europe - Théâtre - Médias

L'Europe et le théâtre. Ces deux termes ont en commun de ne pas avoir « de statut assuré par définition et ne tiennent pas leur statut d'un rapport à une consistance du réel. »30 Nous n'avons aucunement l'intention, utopique, de rédiger ici, une définition définitive de ces termes polysémiques. Nous voudrions procurer au lecteur quelques informations en rapport avec le schéma de Willmar Sauter.

Pour reprendre et expliciter des termes de notre étude, pour justifier l'intérêt du choix de deux pièces européennes, nous esquisserons les contours de l'Europe et ensuite quelques points que nous avons jugés intéressants sur le théâtre. Afin d'apporter des éléments de réponse aux questions de savoir s'il est possible, souhaitable, pour les Européens de concevoir des jeux de théâtre au niveau de l'Europe, nous essaierons de montrer le socle commun européen du contexte culturel, de la culture du jeu, de la théâtralité en contexte, points abordés en nous référant au schéma de réception de W. Sauter puisque nous le revendiquons dans l'analyse de nos pièces. Nous chercherons également à savoir à quoi sert un théâtre en Europe et s'il existe un théâtre européen.

Pour terminer, nous exposerons les moyens dont disposent aujourd'hui les praticiens du monde théâtral afin d'ouvrir leur art à l'Europe.

2.1. L'Europe : points de vue géographique, historique, politique, économique et culturel

Nous avons communément tendance à confondre le continent européen et l'Union européenne. Concernant le continent, au flou qui entoure l'origine du terme, s'ajoute l'imprécision des limites géographiques. L'Europe est constituée actuellement de quarante- neuf pays31, Etats-Nations qu'elle a vus naître, à partir du XIXème siècle, autour d'une langue et d'une culture nationales. Chaque nation tient beaucoup à garder sa spécificité. Cependant, ces Etats ont eu des points communs au niveau de leur histoire politicoreligieuse et intellectuelle.

30MONDAZAIN, Marie-José : « L'hospitalité » dans Compte rendu intégral des débats : Rencontres européennes sur le thème « A quoi sert un théâtre en Europe ? du 25 au 26 novembre 2006, au théâtre Dijon Bourgogne, CANTARELLA, Robert, dir. Document non édité, disponible sur simple demande. Vol 1, p 6.

31 Ibid.

Contrairement à ce que nous pourrions croire, le sens politique du terme est très ancien. Selon Anne-Marie Autissier, la première trace que l'on ait retrouvée remonte à la bataille de Charles Martel contre les Maures à Poitiers en 732 et la victoire des « europenses »32. Cette vision de l'Europe est basée sur l'unité chrétienne33, et Charlemagne, dont l'unité politique coïncide avec l'unité religieuse, devient le « Pater Europae »34.

A partir du XVème siècle, cette volonté d'unité chrétienne s'éclipse avec l'avènement des premiers Etats modernes. Alors les tentatives d'unité prennent d'autres orientations. Selon Alfred Gosser, il est possible de distinguer trois formes principales : (1) « Europe de l'équilibre ou du « concert », admettant l'indépendance des États (surtout des grands), garantie par l'observation du droit des gens et de règles traditionnelles (balance of powers) ; (2) Europe unifiée par la conquête : telles que l'ont été les deux entreprises, différentes, de Napoléon et de Hitler ; (3) Europe volontairement unifiée, mais celle-ci n'a pas dépassé le stade des projets et des rêves »35 du moins avant la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.

Geneviève Fraisse36 rappelait, lors des rencontres « Scénoscope # 1 », que la fabrique du Marché commun était vouée à la paix et que sa réalisation avait été possible grâce à la politique et à la culture. Pourtant, bien que « fortement ancrée dans l'inconscient du geste fondateur, (le Traité de Rome), la culture est demeurée absente du premier accord européen. »37

En fait, les Etats ont commencé à se rassembler, petit à petit, à partir d'un plan proposé par Schuman, pour que plus jamais l'Europe n'ait à subir l'horreur de guerre. La dernière forme de l'Union européenne38 est instituée en 1993 par le traité de Maastricht. Petit à petit, le nombre d'adhérents se multiplie, tout comme les politiques communes et en

32AUTISSIER, Anne- Marie : L'Europe de la culture : histoire(s) et enjeux, Editions Babel Maison des cultures du monde collection « internationale de l'imaginaire », nouvelle série, numéro 19, Paris, 2000, p 31.

33 Cette unité chrétienne se marque face aux dangers que représentent l'Islam et la puissance de Constantinople. Dans ibid.

34 Ibid.

35 GROSSER, Alfred : Europe - Histoire de l'idée européenne dans Encyclopédie Universalis : www.universalis.fr

36 FRAISSE, Geneviève, participant à la troisième table ronde : « L'Europe culturelle : une insémination artificielle ? » Rencontres Scénoscope #1 : Arts Vivants : Désirs d'Europe ? Lundi 4 juin 2007, ÉQUIP'ART & LE THEATRE NATIONAL DE LA COLLINE : Pas de publication, notes personnelles.

37PIRE, Jean- Miguel : Pour une politique culturelle européenne, Editions de la Fondation Robert Schuman, l'Europe en action, collection Notes de la Fondation Robert Schuman, Paris. www.robertschuman.org/notes/notes1.pdf , p 7

38 Dès 1951, six états signent un accord instituant une coopération approfondie dans le secteur des industries lourdes du charbon et de l'acier (CECA). En 1957, forts de la réussite de la CECA, les Six décident d'élargir leurs compétences communes et signent le Traité de Rome qui crée la Communauté économique européenne (CEE), ou « Marché commun » dont l'objectif est la libre circulation des personnes, des marchandises et des services entre les États membres.

2002, l'union économique est véritablement concrétisée par la création de la monnaie unique européenne : l'euro. Pourtant l'élan européen est stoppé en 2005 à la suite des refus français et hollandais d'une Constitution européenne.

On voit qu'un substrat au contexte culturel européen (économique, politique et public) s'est formé depuis bien longtemps et préexistait aux premiers accords économiques européens de 1951, à propos desquels Dario Fo déclarait : « Avant même que l'Europe ne soit unie au plan économique ou conçue au niveau des intérêts économiques et des échanges, c'est la culture qui unissait tous les pays d'Europe. Les arts plastiques, la littérature, la musique sont le ciment de l'Europe. 39 »

Comme nous venons de l'évoquer, les Européens partagent un héritage historicoreligieux. Les peuples européens comme tous les peuples depuis la nuit des temps ont certainement une culture du jeu. Ils sont aussi unis dans leurs pratiques de jeux puisque leur vie quotidienne est mâtinée d'habitudes cérémoniales, de coutumes alimentaires, de modes vestimentaires, de programmes de télévision communs ou proches...

De même, leur patrimoine théâtral fondé sur la culture du jeu à cause de la mimésis, présente aussi des intersections de formes théâtrales. Qui en Europe n'a jamais étudié Shakespeare, Garcia Lorca, Molière ou Goethe? Nous préciserons ce que recouvre cette facette de la culture européenne dans la section « Théâtre », « Théâtres d'Europe » et « Théâtre européen ». Nous constaterons qu'un champ théâtral, appelé théâtralité en contexte par W. Sauter existe effectivement en Europe.

Le sujet de notre étude ne nous permet pas d'approfondir la question de la constitution du patrimoine culturel commun.

Cependant, les Européens n'ont pas vraiment conscience de cette communauté culturelle. Si la question de culture « européenne » leur est posée, ils revendiquent d'abord les différences et les singularités nationales ou régionales, pour conclure à une spécificité européenne face aux autres cultures (américaine, asiatique...). Enfin, certains groupes

39 Citation issue de la Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions. Communication relative à un agenda européen de la culture à l'ère de la mondialisation. COM (2007) 242 Final, Bruxelles, le 10 mai 2007, p 3.

sociaux, « évoquent plus volontiers des éléments communs aux Européens ou encore une diversité culturelle (valorisée) autour d'un socle commun. »40

Le socle commun unifiant les Européens existe bel et bien. Il puise ses caractéristiques aux sources de la civilisation gréco-romaine et se nourrit des voyages, des échanges, des confrontations et des influences qui se sont toujours manifestés de façons multiples en Europe : les artistes ont traversé aisément les frontières politiques et linguistiques.

Néanmoins, il faut nuancer cet héritage commun et constater qu'il existe « plusieurs Europe de la culture »41 en fonction des aires géographiques européennes (Europe du Nord, du Sud, de l'Est, de l'Ouest, centrale, des Balkans...) renforcées par celles d'appartenance linguistique et religieuse, et d'autres coutumes ou valeurs qui composent l'identité d'un groupe, d'une communauté.

Nous n'entrerons pas dans les détails, dans le cadre de cette étude, sur les multiples étapes42 qui ont précédé l'instauration, la reconnaissance de la diversité culturelle et enfin, la signature de la convention de l'UNESCO sur la diversité culturelle.

Ainsi, les Européens tiennent à leur spécificité culturelle qu'il faudrait en réalité mettre au service de leur unité par des actions ponctuelles, des programmes d'échanges en laissant à chaque Etat le soin d'organiser sa politique culturelle.

Ce n'est qu'avec la signature du Traité de Maastricht et l'article 128, futur article 151, (cf. en annexe) que la culture devient une compétence reconnue de l'action européenne43.

Déjà en1998, dans la communication de la Commission au Parlement, au Conseil et au Comité des Régions relative à la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil établissant un instrument unique de financement et de programmation pour la coopération culturelle, on pouvait lire : « La culture n'est plus considérée comme une

40 OPTEM : Les Européens, la culture et les valeurs culturelles, Etude qualitative dans vingt-sept pays européens. Rapport de synthèse, Commission Européenne, Direction générale Education et Culture, Juin 2006, p 37.

41 AUTISSIER, Anne-Marie : Op. Cit. p 49. Cette affirmation fait suite à une enquête menée auprès d'artistes européens par Jean-Paul Fargier.

42 Jean-Michel Baer explique que cette discussion sur la diversité culturelle commence dès 1985 par rapport au domaine de l'audio visuel...Le premier enjeu à l'ère de la mondialisation est de « reconnaître à la culture le statut d'un bien qui n'est pas marchand ». Dans L'exception culturelle. Une règle en quête de contenu, http://www.lexception.org/article116.html

4 3 Jean-Miguel Pire et Anne-Marie Autissier s'accordent pour expliquer l'inscription tardive de la culture dans les accords européens. Il semble que les Etats aient été longtemps réticents, voire opposés, à la création d'un ministère de la culture sur leur sol, forts des exemples désastreux fournis par l'histoire (Gobbels pour ne citer que lui). Il a fallu attendre que tous les pays européens soient dotés d'un ministère ad hoc pour que l'idée d'une action communautaire puisse faire son chemin, butant encore sur la crainte d'une tutelle unificatrice sur les cultures nationales et régionales.

activité subsidiaire, mais comme une force motrice pour la société, facteur de créativité, de dialogue et de cohésion. »44 Comme l'explique Jean-Miguel Pire45, la Commission considère que la culture est « étroitement liée aux réponses qu'il convient d'apporter aux grands défis contemporains » parmi lesquels : l'accélération de la construction européenne46, la mondialisation47, la société de l'information48 ainsi que l'emploi et la cohésion sociale49.

D'ailleurs, cette année (2007), l'Europe fête son cinquantième anniversaire, et pour la première fois, la Commission des Communautés européennes a publié, le 10 mai 2007, une Communication relative à un agenda européen de la culture à l'ère de la mondialisation50 qui pourrait prendre les allures d'une véritable politique culturelle européenne.

L'Union européenne postule qu'il existe une culture spécifiquement européenne et définit ses principaux angles d'approche : (1) mettre en évidence l'héritage culturel commun, (2) respecter et promouvoir la diversité culturelle nationale et régionale, et (3) encourager la coopération.

La partie suivante, intitulée « Programmes culturels de l'Union européenne », s'inscrit dans le schéma de Sauter au niveau du contexte culturel et des jeux de théâtre dont on veut mettre en évidence la communauté. C'est aussi grâce à ces programmes que la politique culturelle européenne se développe et met en place ces échanges culturels qui ont

44 Communication de la Commission au Parlement, au Conseil et au Comité des régions relative à la Proposition de décision du Parlement européen et du Conseil établissant un instrument unique de financement et de programmation pour la coopération culturelle (Programme Culture 2000), 28 mai 1998, p 8. www.senat.fr/ue/pac/E1106.html

45 PIRE, Jean -Miguel : Op. Cit. pp 36- 38.

46 En contribuant à « l'expression d'une citoyenneté européenne fondée sur la connaissance, la compréhension mutuelle des cultures d'Europe et la conscience de leurs caractéristiques communes » PIRE, J-M, Op. Cit. p 36

4 7 Afin que ce phénomène soit source « d'enrichissement mutuel » plutôt que d' « homogénéisation et de banalisation », afin qu'il oeuvre à l' « élargissement des possibilités d'expression culturelle », il importe que l'Union assume une responsabilité dans la diversité culturelle. Comme stipulé dans le programme « Culture 2000 », loin de vouloir réduire les différences, la politique culturelle européenne se propose ainsi d'être un moyen d'assurer leur préservation. PIRE, J-M, Op. Cit. p 37.

48 Il s'agit de veiller à ce que les progrès des nouvelles techniques de l'information et de la communication ne se transforment pas en sources d'uniformisation, d'aliénation culturelle ou en moyens d'exploitation professionnelle mais au contraire que ces progrès oeuvrent à la promotion de la diversité culturelle et linguistique, par la dissémination de la culture. Ibid. p 37

49 Les activités culturelles représentent un gisement d'emplois important qu'il convient de valoriser. A côté de sa dimension éducative ou politique, c'est le rôle proprement économique qui est affirmé. Dans nombre de situations, les activités culturelles jouent un rôle d'intégration et permettent aux personnes exclues de retrouver des repères et une sociabilité. Ibid. p38.

50 Voir document en annexe.

certes toujours existé. Ils sont véritablement le ciment de l'Europe et le gage de sa pérennité dans le monde face aux géants continentaux américains, indien et chinois.

Le quatrième pôle envisagé dans le schéma de Sauter concerne les jeux de théâtre, l'événement théâtral en soi, il en sera question à travers la section « le théâtre ».

2.1.1 Les programmes culturels de l'Union européenne.

L'inscription de la culture à l'ordre des actions de l'Union européenne (Article 151) a donné naissance, entre 1996 et 1999, à trois programmes culturels : Kaléidoscope (interdisciplinaire), Ariane (livres et lecture) et Raphaël (patrimoine) qui nécessitent la coopération de plusieurs Etats membres.

La Commission européenne a lancé une vaste campagne de consultations tant avec les professionnels qu'au sein des institutions afin d'établir un nouveau programme en faveur des arts et de la culture. Les principaux griefs figurant dans les résultats de l'enquête sont une trop faible médiation, le manque de financement et le suivi insuffisant des projets.

Après de longs mois de discussions et de débats, le programme Culture 2000 est finalement approuvé. Il regroupe tous les secteurs artistiques, excepté le cinéma et l'audiovisuel. Institué au départ pour quatre ans, il est finalement prolongé jusqu'en 2006 et est doté de 236, 50 millions d'euros51. Les projets financés sont répartis en trois orientations : les actions annuelles spécifiques, les actions pluriannuelles et les événements culturels spéciaux.

Il semble que ce programme ait le mérite d'encourager les projets communs, les relations entre partenaires européens, la diffusion et l'information culturelle. Les points négatifs sont pourtant inquiétants : le critère de qualité porterait plus sur le mode de gestion que sur la valeur artistique au coeur des projets.

Le nouveau programme Culture 2007, institué, suite aux mêmes démarches que le précédent, se verra doté de 408 millions d'euros, soit presque le double de Culture 2000, ce qui constitue une amélioration remarquable. Le décloisonnement des disciplines artistiques est toujours de mise mais les catégories de projets ont changé : actions culturelles, soutien à des organismes culturels européens, à des activités d'analyse et de valorisation.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo