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Etude de la réception de deux coproductions théâtrales européennes, à travers des articles de la presse écrite d'Europe

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par Laetitia van de Walle
Université Libre de Bruxelles - Master européen en Art du spectacle vivant 2007
  

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2.3.3. Théâtres d'Europe

De l'avis général, le théâtre est une pratique qui, pour exister, doit être profondément ancrée dans le « hic et nunc ». Et pour cause, comme l'explique Anje Dirks, programmatrice à Zurich, l'attente d'une population par rapport à une programmation théâtrale varie considérablement. « Il faut, dit-elle, se demander où on est, qui sont les voisins, ce qui se passe dans la ville quand on ouvre la porte et qu'on sort du théâtre, ce qui agite les gens dans cette ville, quels sujets sont importants selon les endroits »78. De plus, Boris Grésillon ajoute que « si des artistes font la ville, la ville elle-même, avec sa forme, son architecture, son atmosphère et ses habitants divers, fait aussi l'artiste »79.

Nous pouvons donc déclarer, avec Emmanuel Wallon, que l'Europe compte « des centaines d'écoles et d'ateliers, de troupes et de lieux, de salles et de festivals qui constituent un théâtre à mille plateaux. »80 Chacun s'exprimant et réalisant son art selon sa culture et son identité nationale ou régionale.

Il est bien évident que les singularités locales sont nombreuses et qu'il serait utopique de vouloir les citer toutes dans le cadre de cette étude. Nous avons tout de même jugé intéressant de présenter brièvement les principales.

76 SIGURJÓNSSON, Hàvar: « L'art construit des hommes par des édifices » dans Compte rendu intégral des débats : Rencontres européennes sur le thème « A quoi sert un théâtre en Europe ? du 25 au 26 novembre 2006, au théâtre Dijon Bourgogne, CANTARELLA, Robert, dir. Document non édité, disponible sur simple demande, vol 2, p 73.

77 WALLON, Emmanuel: « Plateau continental » dans Études théâtrales : Europe, scènes peu communes, Centre d'études théâtrales, Louvain-la-Neuve, N°37, février 2007, p 10.

78 DIRKS, Anje Loc. Cit. p 44.

79 GRESILLON, Boris : « Le théâtre et la ville, entre fécondation réciproque et rejet mutuel : les yeux de l'amour et du hasard », dans Compte rendu intégral des débats : Rencontres européennes sur le thème « A quoi sert un théâtre en Europe ? du 25 au 26 novembre 2006, au théâtre Dijon Bourgogne, CANTARELLA, Robert, dir. Document non édité, disponible sur simple demande, vol 2, p 30.

80 WALLON, Emmanuel, Loc. Cit. p 44.

Il est clair qu'en tant que porteuse d'une identité représentative d'une collectivité culturelle, l'inspiration dramatique puise sa source dans le patrimoine national. Cependant, la diversité linguistique en Europe engendre la plus évidente différenciation entre les « théâtres européens » portés essentiellement par leur langue.

En effet, J. Lacan affirme que la langue est ce qui structure l'inconscient. A partir de cette déclaration, Georges Banu reprend Karl Kraus pour affirmer que « la langue impose au jeu une organisation et un rythme, se charge d'un passé et renvoie à une condition sociale, culturelle.... Elle rattache l'acteur à une identité inscrite dans son architecture comme dans son vocabulaire. »81 Ce qui n'empêche pas les peuples de vivre des expériences similaires. Les mêmes valeurs peuvent être partagées à travers plusieurs langues de structure différente (groupe de langues romanes et germaniques, par exemple), c'est alors la théâtralité qui fait passer le message, l'émotion, et la langue devient secondaire, ce qui permet aux spectacles théâtraux de circuler en Europe.

Cependant, la langue et l'appartenance à une communauté culturelle influencent, déterminent non seulement une certaine syntaxe, mais aussi une vision particulière du corps, voire du monde, de l'imaginaire...ce qui se répercute inévitablement sur le jeu de l'acteur.

Georges Banu82 considère que se dessinent en Europe autant de jeux différents qu'il y a de langues83 : certains jeux sont plus tournés sur le bas du corps, sur le haut.... Cette diversité est une richesse qui ne mène pas à l'incompréhension. Si Georges Banu affirme que les metteurs en scène préfèrent, sauf exception, travailler avec des acteurs appartenant à leur culture, Gisèle Salin, directrice du théâtre de Giveviez (Fribourg- Suisse) et Mircea Cornisteanu, directeur du théâtre national de Craiova (Roumanie), qui ont tous deux dirigé des acteurs appartenant à d'autres cultures, affirment que c'est une richesse inestimable de confronter sa vision à celle des autres car on apprend beaucoup au contact des autres et que cela permet de remettre en cause certaines manières de faire séculaires, de les améliorer....84

Rappelons ensuite, que l'Europe, comme le théâtre européen, après la Deuxième Guerre mondiale, a été profondément marquée par la construction du mur de Berlin. Cet

81 BANU, Georges: « Vers l'acteur européen », dans Études théâtrales : Europe Scènes peu communes, Centre d'études théâtrales, Louvain-la-Neuve, N°37, février 2007, p 81.

82 BANU, Georges, Ibid. p 79.

83 Même si nous pouvons trouver un dénominateur commun sur lequel nous reviendrons.

84 Entretiens réalisés à Paris, au théâtre du Vieux Colombier, le 23 juin 2007

obstacle concret a engendré une séparation nette et plus ou moins imperméable, entre les pays sous domination communiste et les autres. Cette bipolarité politique engendre deux styles de théâtre distincts, donc les marques sont encore perceptibles aujourd'hui. Comme l'explique Georges Banu, cette fracture « a entraîné des retombées non seulement sur l'écriture et les thèmes imposés, sur les options de mise en scène, mais plus profondément encore, sur le jeu lui-même. »85 Pour synthétiser86, nous dirons qu' à l'Ouest, le théâtre est vu comme un divertissement ludique et léger, alors qu'il est considéré à l'Est, comme un art utile, tant du point de vue politique que social, caractérisé par un engagement total de la part de l'auteur et surtout du comédien. Cet engagement accompagne le jeu de l'acteur de l'Est qui incarne le combat, pour ou contre l'idéologie en place.

Enfin, concernant les institutions théâtrales, il existe en Europe différents systèmes structurels qui ont une incidence certaine sur la circulation des oeuvres. En effet, comme l'explique Emmanuel Wallon87, si sur tout le continent, on recense l'existence d'entreprises privées et de troupes indépendantes, le paysage du théâtre subventionné peut être séparé de façon approximative avec, au nord-est de l'Europe, des théâtres possédant une troupe artistique permanente et au sud-ouest, des théâtres ayant recours à des collaborateurs extérieurs, occasionnels.

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