WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La dépression saisonnière: mécanismes et approches thérapeutiques

( Télécharger le fichier original )
par Nawel Chaftar
Institut supérieur de biotechnologie de Monastir - Mastère biologie et santé 2008
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Ministère de l'enseignement supérieur
Université de monastir

Institut Supérieur de Biotechnologie de Monastir

Mémoire bibliographique

Mastère Biologie et Santé

La Dépression Saisonnière:

Mécanisme et

Approches thérapeutiques

Présenté par:

Nawel CHAFTAR

Sujet proposé par: Pr. Naceur BOUGHATTAS
Laboratoire de pharmacologie

Faculté de Médecine de Monastir

Année universitaire : 200 7-2008

Sommaire

Introduction

I. Définition et caractéristiques de la SAD

II. Mécanismes de changements saisonniers en SAD

1. Contribution possible de mélatonine en SAD

2. L'hypothèse de changements de phases

3. L'hypothèse de sérotonine

4. Rôle des catécholamines

5. Approche génétique

III. Approches thérapeutiques

1. Photothérapie

1.1. Simulation artificielle de l'aube 1.2. Lumière infrarouge

2. Chimiothérapie

2.1. Tryptophane

2.2. Antidépresseurs

3. Hormonothérapie: mélatonine

4. Phytothérapie : Hypericum perforatum

Conclusion

Références bibliographiques

Liste des Abréviations

AA-NAT : Aryl-Acrylamine N- acétyl transférase

AMPT : á-méthyl-para-tyrosine BFR: Blind Free-Runners

DA : Dopamine

GABA : Acide gamma-aminobutyrique HIOMT : Hydroxyindole-O-méthyltransférase

5-HT : 5-Hydroxytryptamine ou sérotonine

5-HIAA : Acide 5-hydroxy-indolylacétique

HVA : Homovanillic acid

IR: Infra-rouge

ISRS : Inhibiteur sélectif de la recapture de sérotonine

LCR: Liquide céphalo rachidien

MHPG: 3 -Méthoxy-4-hydroxy-phényl éthylèneglycol

NE : Norépinephrine

NSC : Noyaux suprachiasmatiques PSH : Phase-Shift Hypothesis SAD: Seasonal affective disorder

SIGH-SAD: Structured Interview Guide for the Hamilton Depression Rating-Seasonal Affective Disorder

TAS : Trouble affectif saisonnier Trp: Tryptophane

TSH: Thyroïd stimulating hormon

INTRODUCTION

La dépression saisonnière ou «trouble affectif saisonnier: TAS» ou «Seasonal Affective Disorder: SAD» ou encore «bleus de l'hiver» est caractérisée par des épisodes récurrentes d'un trouble affectif.

Le début et la rémission de ces épisodes coïncident avec une période particulière de l'année. Les épisodes dépressifs de SAD surviennent souvent durant l'hiver. Ils ont des symptômes caractéristiques : fatigue, hypersomnie, augmentation de la consommation des glucides...

Les patients sont généralement en bon état pendant l'Eté, mais on peut noter des symptômes de manie chez quelques uns.

De point de vue étiologie, le raccourcissement de la photopériode pourrait être la cause de l'apparition des symptômes au cours de l'Automne (Partonen et al., 1997).

On se propose dans ce travail de recherche bibliographique d'étudier dans une première partie les mécanismes de changements saisonniers dans la dépression saisonnière, et de déterminer dans la seconde partie les approches thérapeutiques de cette pathologie.

I. Définition et caractéristiques de la SAD

La dépression saisonnière est le trouble le plus courant qui apparaît lors d'un échec d'adaptation aux variations de l'environnement. Elle est caractérisée par des symptômes dépressifs qui ont lieu durant la même période de chaque année: en Automne et en Hiver (Septembre et Octobre).

Ces symptômes font généralement leur disparition au Printemps (en Avril ou Mai). Les symptômes fréquemment présents sont l'humeur dépressive, l'anxiété, le manque d'énergie, la tendance à l'hypersomnie, une augmentation de l'appétit (avec un goût marqué pour les hydrates de carbone: pain, pâte, pâtisserie), un gain de poids, une difficulté de concentration, une diminution de la libido et l'irritabilité.

Pour porter le diagnostic, les symptômes doivent être présentes au moins pendant deux Hivers consécutifs avec rémission (guérison) complète à l'Eté.

Il a été suggéré que la mélatonine, hormone circadienne, est impliquée dans le développement de la SAD (McClung, 2007).

Les études épidémiologiques des individus déprimés montrent que l'incidence de la SAD est de 4 à 10 % dans la population générale. Les femmes sont plus susceptibles d'être atteintes de la dépression saisonnière que les hommes (Miller, 2005).

II. Mécanismes de changements saisonniers en SAD

Les modifications saisonnières de la lumière de jour semblent influencer les changements de comportements dans la dépression saisonnière. Plusieurs mécanismes sont mis en jeu dans le changement saisonnier de SAD dont l'hypothèse de changement de phase, l'implication de certaines hormones (la mélatonine, la sérotonine et les catécholamines) et l'intervention possible d'un facteur génétique.

Mais le mécanisme exact par lequel les symptômes de SAD apparaissent n'est pas encore bien connu (Miller, 2005).

1. Contribution possible de mélatonine en SAD

D'après la littérature, les individus atteints de SAD ont une période plus longue de synthèse de mélatonine durant la nuit en Hiver. En plus, le taux de mélatonine pendant le jour chez les individus souffrant de SAD est élevé par rapport aux individus sains.

La synthèse de mélatonine peut aussi être supprimé par l'application de la photothérapie pendant la journée. Ceci peut soulager les symptômes de SAD (figure 1).

Cette information a poussé les chercheurs à penser que la synthèse anormale de mélatonine pourrait être une des causes de SAD (Miller, 2005).

Figure 1 : Les voies nerveuses de la régulation de synthèse de mélatonine (Miller, 2005).

La mélatonine est synthétisée dans l'épiphyse (ou glande pinéale) par acétylation puis méthylation de la sérotonine (figure2). Elle est secrétée essentiellement en période nocturne.

Figure 2 : Biosynthèse de la mélatonine (Thèse : Tritschler L, 2006).

La présence de la lumière est captée par la rétine qui transmet l'information par les voies rétino-hypothalamiques aux noyaux suprachiasmatiques (NSC) de l'hypothalamus, structure considérée comme l'horloge interne ou «pacemaker» générant la rythmicité des fonctions biologiques notamment les rythmes circadiens. Des voies noradrénergiques projettent ensuite via le ganglion cervical supérieur vers l'épiphyse. La mélatonine est secrétée selon un rythme circadien. Son taux plasmatique commence à s'élever en fin de journée, atteint son pic en milieu de nuit, puis diminue et reste très faible dans la journée. On lui attribue un rôle dans la synchronisation des rythmes circadiens (Even, 2001 ; Pandi-Perumal et al., 2007).

Chez les patients atteints de SAD, on note un retard dans la sécrétion de mélatonine pendant la nuit. Wehr et al. ont trouvé que la période nocturne de sécrétion de mélatonine chez les femmes déprimées est augmentée pendant l'Hiver par rapport à celle de l'Eté. Par contre les femmes normales (sans SAD) n'ont pas cette variation saisonnière de la synthèse de mélatonine.

Le mécanisme par lequel ce changement circadien provoque les symptômes de SAD n'est pas encore bien connu (Miller, 2005).

2. L'hypothèse de changement de phase (PSH)

Les NSC de l'hypothalamus contrôlent les rythmes circadiens de l'organisme. On a montré que le début de sécrétion de mélatonine peut être retardé chez les patients déprimés par rapport aux contrôles. Il se peut que les patients atteints de SAD ont une autre réponse hormonale ou une réaction négative inconnues vis à vis ce changement normal de phases.

Lewy et Sack sont les premiers à émettre l'hypothèse de changement de phase dans la dépression saisonnière.

Avery et al. ont étudié le rythme circadien de température, de cortisol et de TSH (thyroïd stimulating hormon) chez 6 patients atteints de SAD et 6 contrôles avant et après traitement par photothérapie le matin. Le minimum de la température du corps durant la nuit était retardé chez le groupe atteints de SAD par rapport aux contrôles (5 :42 am au lieu de 3 :16 am), mais il a été corrigé après le traitement par la photothérapie.

De même le creux de cortisol durant la nuit était en retard de phase; le traitement par la photothérapie le corrige aussi. Par contre le taux de TSH ne présente pas de différence significative avant et après la photothérapie.

En plus de la mélatonine, il apparaît donc que la température nocturne de l'organisme et d'autres hormones (cortisol) sont aussi en retard de phase dans la dépression saisonnière (Miller, 2005).

3. L'hypothèse de sérotonine

Outre l'approche de la mélatonine et de PSH, des recherches ont été réalisées dans un but de déterminer la variation des taux de sérotonine (5-HT) chez les sujets déprimés et les sujets normaux.

Comme la sérotonine est un précurseur de la mélatonine et est en plus impliquée dans le fonctionnement cérébral, il est donc plausible qu'un taux faible de sérotonine dans le cerveau participe à l'apparition des symptômes de la SAD. De plus, les patients atteints de SAD ont tendance à exprimer une hyperphagie avec un besoin pathologique de consommation des carbohydrates. Ce sont des symptômes typiques engendrés par une insuffisance de sérotonine dans le cerveau.

On a suggéré que la consommation élevée de carbohydrates chez les patients atteints de SAD peut être un mécanisme pour stimuler la synthèse et la libération de sérotonine (Neumeister, 1998; Miller, 2005).

Il existe une méthode de recherche pour déterminer si la sérotonine est impliquée dans la dépression saisonnière : c'est la déplétion de tryptophane (Miller, 2005). Il s'agit d'un régime très pauvre en tryptophane (trp), il conduit à une diminution marquée de la synthèse de sérotonine centrale et donc de la neurotransmission sérotoninergique (Even, 2001).

Les études réalisées chez l'animal et l'Homme montrent que la diminution de précurseur de la sérotonine, en l'occurrence le trp, entraîne des changements de comportement typiques à celle de diminution de sérotonine (dépression, anxiété, augmentation de besoin de carbohydrates, hypersomnie...)

De ce fait, Neumeister et al. ont conclu que le soulagement des symptômes de SAD par photothérapie et pendant l'Eté doit être le résultat d'une activité du système sérotoninergique.

Un autre cofacteur de la synthèse de sérotonine peut être impliqué dans la dépression saisonnière. Hoekstra et al. ont étudié l'effet de la photothérapie sur le trp, la bioptérine, et la néoptérine chez 19 patients.

La bioptérine est un cofacteur indispensable pour la conversion de trp en sérotonine par la tryptophane hydroxylase. Quant à la néoptérine, c'est un marqueur de cellules immunitaires.

Cette étude a trouvé un taux significativement bas de trp et de bioptérine dans le plasma et un taux élevé de néoptérine chez les déprimés par rapport aux contrôles.

Après traitement par photothérapie, le taux de bioptérine devient normal mais diminue encore pendant l'Eté. Le niveau de néoptérine ne change pas après photothérapie tandis que le taux de trp n'atteint pas son niveau normal.

Les auteurs ont suggéré que le taux bas de bioptérine et le niveau important de néoptérine prédisposent les patients pour une rechute pendant l'Hiver suivant (Miller, 2005).

4. Rôle des catécholamines

Comme pour les autres formes de dépression, il se peut qu'il y ait un dysfonctionnement du système catécholaminergique chez les patients atteints de SAD. L'implication des catécholamines n'est pas encore bien établie comme celle de mélatonine ou de sérotonine. Mais on a trouvé des taux faibles de norépinephrine (NE ou noradrénaline) chez les sujets atteints de SAD. D'après les travaux de Neumeister, l'administration d'un inhibiteur de la tyrosine hydroxylase, qui bloque la synthèse de catécholamines, a entrainé la réapparition de symptômes de la SAD chez les patients déjà traités par photothérapie et guéris (Miller, 2005). La réduction de dysfonctionnement dopaminergique dans le SAD est supportée par la présence de taux anormalement élevés de prolactine dans le sérum pendant l'Hiver et l'Eté, et par la diminution de réponse aux changements de chaleur en Hiver. La diminution de la vitesse de clignement des yeux est aussi un signe de diminution de taux de dopamine (DA). Les patients atteints de SAD présentent un taux faible de NE par rapport aux contrôles; le taux de NE augmente après le traitement par photothérapie (Lam et al.,2001).

Le taux des catécholamines peut être manipulé expérimentalement par l'á-méthyl-paratyrosine (AMPT).

L'AMPT réduit la synthèse de NE et de DA en inhibant de manière réversible l'enzyme limitante, la tyrosine hydroxylase, et bloquant ainsi la conversion de tyrosine en L-dopa. Une dose de 3g/jour d'AMPT peut diminuer le taux de 3-méthoxy-4-hydroxy-phényl éthylèneglycol (MHPG: un métabolite de NE) dans l'urine jusqu'à 70% et le taux de l'acide homovanillique (HVA: métabolite de DA) dans le liquide céphalorachidien (LCR) jusqu'à 60%, mais sans aucun effet sur le taux de l'acide 5-hydroxy-indolylacétique (5-HIAA : un métabolite de 5-HT) dans le LCR.

La réduction des catécholamines est maximale après administration d'AMPT pendant 2 à 3 jours; les concentrations se normalisent au bout de 2 à 3 jours après l'arrêt de l'AMPT (Lam et al., 2001).

La dépletion de trp et des catécholamines permet d'évaluer le rôle des systèmes sérotoninergiques et catécholaminergiques, respectivement, dans la pathogénicité de la depression et dans les mécanismes de traitements par les antidépresseurs.

Les 2 systèmes sérotoninergique et catécholaminergique interfèrent l'un avec l'autre. En effet, il y a une interconnection anatomique et fonctionnelle entre la region sérotoninergique et la region catécholaminergique. Les études physiologiques ont montré que la transmission sérotoninergique est contrôlée partiellement par le système catécholaminergique. On a noté la présence des troubles dans les intéractions des deux systèmes chez les patients atteints de SAD. Il est possible que la photothérapie agit en rétablissant les intéractions entre ces deux systèmes. Ces études montrent qu'il n'est pas exclu la possibilité d'implication d'autres systèmes neurobiologiques ( Neumeister et al., 1998 ; Lam et al.,2001).

5. Approche génétique

La présence des symptômes psychiatriques chez les membres d'une famille fait appel à un questionnaire de diagnostic et de recherche des antécédents familiaux. Ceci permet d'établir des rapports psychiatriques appropriés. 65 % des patients atteints de SAD avaient des membres de la famille avec des désordres psychiatriques et 27 % avaient des parents avec des troubles de l'humeur.

Les limitations de cette étude sont la petite taille du groupe d'étude et le manque d'informations sur les membres de la famille des patients.

La sérotonine est impliquée dans la pathogénicité de la SAD. Donc les récepteurs de la sérotonine sont d'une importance potentielle dans le mécanisme de la SAD. Ozaki (en 1996) a étudié les récepteurs 5-HT dont les gènes ont été clonés. Il s'agit de 5-HT2A, 5-HT1A, 5- HT1B, 5-HT1D, 5-HT1E et 5-HT2C. Il a effectué un dépistage «screening » par l'analyse de polymorphisme des gènes des récepteurs de la sérotonine.

Il n'y avait aucune différence significative dans les fréquences de n'importe quel allèle étudié ou des génotypes entre les patients atteints de SAD et les contrôles (Sher L, 1999).

Plusieurs études génétiques sur l'Homme ont montré l'implication des gènes spécifiques qui régulent l'horloge moléculaire en cas de troubles mentaux. Par exemple la substitution d'un acide aminé sur la protéine Npas2 (471 Leu/Ser) est associée avec le développement de SAD (McClung, 2007).

III. Approches thérapeutiques

1. Photothérapie

La photothérapie a été utilisée depuis plus de 20 ans pour le traitement de SAD, avec une efficacité comparable aux antidépresseurs (McClung, 2007).

La théorie originale sur laquelle était basée cette méthode est que: la photothérapie peut provoquer une normalisation de changements de phases (retard de phase) produits chez les patients déprimés. On a pensé de prolonger la photopériode pendant l'Hiver. La photothérapie a été aussi utilisée afin de supprimer la sécrétion de mélatonine par la glande pinéale.

Quelque soit le mécanisme d'action de la photothérapie, il a été montré qu'il s'agit d'une méthode efficace pour le traitement de la SAD. Cette méthode présente 70% de réponses positives avec des effets secondaires très rares (Miller, 2005).

On pense que la photothérapie agit en modifiant l'expression du gène circadien «CLOCK»; l'application de la photothérapie le matin produira une avance de phase des rythmes, tandis que l'exposition à la lumière le soir engendre un retard de phase.

La puissance de la photothérapie comme étant un traitement efficace pour un large spectre de troubles dépressifs se résume en 4 caractères : il s'agit d'une méthode qui ne présente pas de risques, avec peu d'effets indésirables, relativement facile à utiliser, et non invasive (McClung, 2007; Miller, 2005).

Le traitement par photothérapie standard exige une exposition à une lumière de 10.000 lux le matin après le réveil pendant 30 à 90 min. La réponse au traitement s'observe après 2 à 4 semaines de photothérapie (figure 3).

Figure 3 : Photothérapie (http :// www.solvital.fr/index.asp?ID=440&IDF=8).

Des études indiquent que certaines longueurs d'ondes de la lumière sont plus efficaces que d'autres dans la réponse thérapeutique avec moins d'effets secondaires. Ceci peut être dû aux capacités de certaines longueurs d'ondes de la lumière de contrôler les rythmes circadiens.

Des études récentes montrent que le spectre bleu de lumière (446 - 477nm) a plus d'effets sur la suppression de mélatonine (McClung, 2007).

La photothérapie avec une intensité importante de lumière (Bright light therapy) à 2500 lux pendant 2 heures (de 6 à 8h du matin) règule la température corporelle, le cortisol et l'humeur durant une étude de 4 semaines (Miller, 2005).

Pour de nombreux patients, le fait de s'asseoir devant une lampe de photothérapie pour 30 min à 2h chaque jour est un problème. Des chercheurs à Basel, Switzeland, ont étudié les effets de lumière artificielle (de 2800 lux ×30 min/jour) et celle d'une marche pendant une heure sous la lumière naturelle chaque jour. Le groupe de la lumière naturelle a un résultat meilleur par rapport à celui du groupe de la lumière artificielle selon SIGH-SAD après une semaine. Le groupe de marche reste moins de temps dans la chambre, se réveille plus tôt et diminue les besoins en carbohydrates (Miller, 2005).

Le SIGH-SAD (Structured Interview Guide from Hamilton Depression Rating for Seasonal Affective Disorder) est une version de l'échelle de Hamilton adaptée aux dépressions saisonnières. Il a été développé et est aujourd'hui l'instrument le plus utilisé pour l'évaluation des taux de rémissions. Cet instrument adapté de l'échelle de Hamilton a 21 items auxquels sont associés 8 items évaluant les symptômes atypiques (Even, 2001).

1.1. Simulation artificielle de l'aube

Un autre aspect de la photothérapie, c'est le «down simulation » ou simulation artificielle de l'aube. C'est un autre moyen de remédier, sans médicaments, aux troubles évoqués.

Le simulateur de l'aube recrée les conditions naturelles du réveil, en éclairant de façon graduelle la chambre à coucher, par imitation du lever de soleil. L'horloge biologique entre généralement en régulation avec l'aube. Le simulateur recrée donc artificiellement ce "signal de l'aube" (figure 4).

Figure 4: simulateur de l'aube
(http ://
www.solvital.fr/index.asp?ID=439&F1=Simulateur%20d'aube).

A l'heure H moins 15, 30 ou 45 minutes selon l'option choisie, le simulateur commence à éclairer la chambre d'une très faible lumière orangée, imitant le lever du soleil.

Cette lumière est suffisante pour transmettre au cerveau l'information que le jour est en train de se lever et organiser la transition hors du sommeil. La production de mélatonine décroît dans les minutes qui suivent.

Quand la lumière augmente encore un peu, l'activité spécifique du cerveau qui caractérise le sommeil entame elle aussi sa transition vers le mode du sommeil léger, puis du réveil complet. Le réveil se fait naturellement, et en douceur.

Pour le soir, le simulateur de l'aube produit l'effet inverse. Il simule le crépuscule, la lumière diminuant progressivement, pour atteindre finalement l'obscurité totale. Le simulateur de l'aube assure donc une bonne synchronisation de l'horloge biologique, une transition synchronisée d'un état vers l'autre, entre le sommeil et l'éveil.

Son effet sur la dépression saisonnière a été prouvé. D'anciennes études faisaient état de son efficacité dans le traitement de la dépression saisonnière, l'augmentation de l'énergie, l'amélioration de l'humeur (Miller, 2005).

Lors de l'étude menée par Avery en 2001 aux États-Unis, un total de 95 patients a été réparti en trois groupes. 31 patients se sont réveillés avec un simulateur de l'aube (luminosité croissante jusqu'à 250 lux), 33 patients ont reçu le matin une photothérapie classique d'une durée de 30 minutes (luminosité de 10.000 lux) et 31 patients ont été exposés à un placebo (une faible lumière rouge de 0,5 lux) durant six semaines. Le groupe soumis à la simulation de l'aube a obtenu la plus grande réduction des symptômes de dépression, et les plus forts indices de rémission (Miller, 2005).

Une autre étude montre une amélioration du réveil et réduction de la somnolence le matin avec la simulation artificielle de l'aube chez 55 sujets atteints de SAD (Avery et al., 2002).

1.2. Lumière infrarouge

Le rayonnement infrarouge (IR) est à côté de la lumière visible dans le spectre électromagnétique du soleil. La lumière visible a une longueur d'onde de 0.4 à 0.75 ìm, celle du rayonnement IR est de 0.75 à 1000 ìm. Inoue et kabaya (1989) ont considéré que la lumière IR est biologiquement active si la longueur d'onde est de 4 à 16ìm, car ce

rayonnement peut faciliter la croissance, réguler le sommeil, et assurer la fluidité (exemple: la circulation sanguine) chez le Rat.

De plus, il a été montré que le rayonnement IR facilite la guérison des blessures, supprime la croissance des tumeurs, et peut soulager certains types de douleurs. Etant donné que les douleurs chroniques et psychogéniques étaient en rapport avec les dépressions, il est nécessaire de voir si les rayonnements IR sont efficaces dans le traitement des dépressions.

Dans le test de la natation forcée (forced swim test) développé par Porsolt et al. (1977) et pratiqué chez la Souris, le temps de l'immobilité (the immobility time) de la souris était considéré comme la mesure de la dépression.

L'immobilité indique que l'animal ne fait plus d'effort pour échapper à l'eau et que c'est le signe de «désespoir comportemental » ou «impuissance ».

Le temps de l'immobilité dans ce test était réduit par différents types d'antidépresseurs.

Cet effet spécifique des antidépresseurs montre la validité du model animal dans la dépression; ce test de sélection ou « screening » était largement utilisé pour évaluer l'effet de plusieurs antidépresseurs.

Il a été noté que l'exposition journalière aux rayonnements IR pendant 60 min durant 4 semaines en Hiver réduit le temps d'immobilité dans le test forcé de natation. Ceci suggère que les rayonnements IR ont un effet antidépresseur potentiel.

L'effet antidépresseur de l'IR a été comparable à celui de la photothérapie et des médicaments antidépresseurs.

Ce résultat encourage des études ultérieures pour l'application de l'IR en tant que traitement antidépresseur chez l'Homme (Tsai et al., 2007).

2. Chimiothérapie

2.1. Tryptophane

Dans une étude, l'effet du traitement par trp (2 g X 2/jour, ou 2 g X 3/jour s'il n'y a pas de réponse) a été comparé à celui de la photothérapie (10.000 lux, 30 min/jour, le matin).

Vers la fin de la 7ème semaine, les réponses étaient similaires dans les deux groupes, sans aucune différence significative entre eux. Par contre, quand la photothérapie est interrompue, les patients rechutent rapidement, tandis que ceux traités par trp ont des pourcentages faibles de rechute (Miller, 2005).

2.2. Antidépresseurs

Deux inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), la fluoxétine et la sertraline, ont démontré leur efficacité dans la dépression saisonnière lors d'essais contrôlés, randomisés en double aveugle versus placebo. La fluoxétine s'est montrée aussi efficace que la photothérapie à 5 semaines lors d'une étude comparant directement ces deux traitements. Ces médicaments constituent l'alternative thérapeutique en cas d'échec de la photothérapie dans la dépression saisonnière (Even, 2001).

Le bupropion est un antidépresseur qui agit sur les systèmes dopaminergiques et noradrénergique, il présente quelques bénéfices pour les patients de SAD (Lam et al., 2001).

L'agomélatine est un agoniste puissant de récepteur de mélatonine et un antagoniste de récepteur de sérotonine 5-HT2C. L'agomélatine est efficace dans le modèle animal de dépression, et dans d'autres essais cliniques impliquant des sujets déprimés. L'agomélatine semble avoir le moins d'effets secondaires par rapport aux antidépresseurs. Il permet de soulager les troubles de sommeil associés à la dépression et qui peuvent être aggravés par certains types d'ISRS. Grâce à ses propriétés pharmacologiques, l'agomélatine est capable de resynchroniser les rythmes circadiens de la température centrale, du cortisol, et d'autres hormones chez l'animal et chez l'Homme; ce qui permet de montrer quelques aspects de son effet thérapeutique.

L'agomélatine est plus efficace que la mélatonine dans l'amélioration de l'humeur dépressive chez les animaux; ceci suggère que l'action thérapeutique de l'agomélatine n'est pas due seulement à son action sur les récepteurs de la mélatonine.

L'agomélatine semble ne pas avoir un effet sur la transmission centrale de sérotonine ou sur la densité et le fonctionnement de récepteur 5-HT1A.

Par contre ses effets sur les récepteurs 5-HT2C augmentent la transmission dopaminergique et noradrénergique au niveau mésolimbique, un effet observé également avec les ISRS.

De plus, administré chroniquement, l'agomélatine implique une neurogenèse au niveau de l'hippocampe, comme les autres antidépresseurs.

L'action thérapeutique de l'agomélatine dans le traitement de la dépression reste incertaine et peut impliquer les récepteurs 5-HT2C et les récepteurs de la mélatonine (McClung, 2007; Hamon, 2006).

3. Hormonothérapie: Mélatonine

La dépression saisonnière est un désordre psychiatrique dû à la désynchronisation de la rythmicité circadienne de plusieurs marqueurs physiologiques (tels que le cortisol, la température et la mélatonine); d'où l'apparition de l'hypothèse de changement de phase (PSH).

La mélatonine est idéale dans la resynchronisation de ces marqueurs, car son rythme circadien est maintenu par la photopériode. En effet, plusieurs études ont montré que l'administration de la mélatonine le matin ou le soir chez les patients atteints de SAD ne présente pas d'effets thérapeutiques bénéfiques, mais peut induire un changement de phase.

Pour accomplir ce but, la mélatonine doit être prise à la moitié opposée de la photopériode où la photothérapie est prévue: en conséquence, la plupart des patients atteints de SAD (qui sont en retard de phase) doivent préférentiellement répondre à l'administration de mélatonine l'après-midi ou le soir (qui cause des avances de phase) ( Lewy et al., 2006b).

Les recherches de Lewy et al. ont mis en évidence l'efficacité de la mélatonine dans l'entraînement des rythmes biologiques chez des aveugles en libre cours (BFR: Blind FreeRunners).En effet, des faibles doses de mélatonine (0.3 - 0.5 mg) sont efficaces pour l'entraînement des BFR.

L'efficacité de changement de phase à partir de très faibles doses est augmentée s'il y a une continuité (un chevauchement) entre les niveaux de mélatonine exogènes et endogènes.

Le principe de chevauchement repose sur le fait que le taux de mélatonine exogènes devrait être continu avec le début ou avec la fin du profil de mélatonine endogène, ainsi un signal de mélatonine est fourni chaque jour aux récepteurs de NSC.

Par exemple, l'administration d'une faible dose 8 h après le temps de réveil habituel produit un signal précoce de la production de mélatonine. Cependant, il devrait être suivi par 1 à 3 doses semblables données tous les 2 h pour fournir des niveaux de mélatonine continuellement élevés qui chevauchent avec ceux du début de mélatonine endogène (Lewy et al.,2006a).

Bien que plus d'études soient nécessaires, ces données suggèrent que la plupart des patients atteints de SAD puissent profiter d'une faible dose appropriée de mélatonine prise l'après-midi ( Lewy et al., 2006b).

4. Phytothérapie : Hypericum perforatum

L 'Hypericum perforatum, appelée encore Herbe aux mille trous, ou Herbe percée, ou Barbe de Saint Jean (St.John's Wort: SJW). Connue en France sous le nom de millepertuis, du fait de ses feuilles qui, par transparence apparaissent comme percées de minuscules petits trous. Abandonné au XIX ème siècle, le millepertuis est actuellement réhabilité grâce à la recherche qui a démontré son efficacité dans diverses pathologies (figure 5). Le millepertuis a été utilisé avec succès dans plusieurs études de traitement de la dépression. Dans une étude, un extrait (900 mg/jour) a été combiné avec la photothérapie (soit 300 ou 3000 lux × 2h/j) chez 20 patients. Une réponse antidépresseur significative a été notée chez les deux groupes avec amélioration des symptômes qui accompagnent la maladie tels que : fatigue, dépression, anxiété, léthargie, appétit, libido et troubles de sommeil; ceci témoigne de l'effet antidépresseur efficace de cet extrait végétal chez les sujets atteints de SAD (Miller, 2005).

Figure 5 : Hypericum perforatum
(
http://fr.wikipedia.org/wiki/Millepertuis perfor%C3%A9)

Le millepertuis était utilisé tout seul dans le cadre d'une étude durant 4 semaines en utilisant 900 mg d'un extrait standardisé/jour. Son utilisation était associée avec une amélioration dans le score de Hamilton (Kasper, 1997).

Aucun effet supplémentaire après addition de la photothérapie n'a été observé au cours du traitement.

Quand le millepertuis était comparé à la fluoxetine, les résultats étaient similaires.

Wheatstone a étudié le millepertuis (300 mg d'extrait standardisé × 3 fois/jour) chez 168
patients atteints de SAD; il a comparé les résultats à ceux de l'extrait végétal couplé à la

photothérapie. Il a noté une réduction significative dans le score de Hamilton dans les deux groupes, sans aucune différence entre les deux méthodes. En Allemagne, par exemple, le millepertuis est l'antidépresseur le plus consommé. Son mode d'action dans ce domaine est remarquable ; alors que les antidépresseurs chimiques n'agissent que sur une voie biochimique. Le millepertuis agit non seulement sur la régulation de la sérotonine, comme la plupart des substances chimiques, mais également sur d'autres neurotransmetteurs : la noradrénaline, la dopamine et l'acide gamma-aminobutirique (GABA). L'effet se manifeste assez rapidement, 10 à 15 jours seulement après le début du traitement (Miller, 2005).

Conclusion

Un pourcentage important de la population scandinave et américaine, surtout dans les latitudes nordiques, est affecté négativement par le raccourcissement des jours pendant l'Hiver. Quelques uns sont affectés moyennement, tandis que d'autres sont sérieusement touchés par ces changements saisonniers, qui engendrent la dépression, l'hypersomnie, l'hyperphagie, la prise de poids et la perte de libido.

La SAD est caractérisée par une désynchronisation des rythmes biologiques (retard de phase). Le changement de la photo phase est responsable de l'apparition des symptômes de ce désordre psychologique.

Plusieurs hypothèses existent et concernent le mauvais fonctionnement neuro-endocrinien et biochimique qui apparaît chez les patients atteints de SAD.

Quelques soit les causes biochimiques de SAD, il existe des remèdes naturels et bien développés.

En effet, la dépression saisonnière est l'un des troubles dans lequel le traitement de choix est naturel et non invasif: c'est la photothérapie.

La photothérapie est facilement administrée, efficace, et sans effets secondaires.

Les individus qui ne répondent pas totalement à la photothérapie, ou pour ceux qui trouvent que la photothérapie est lourde ou inefficace, le traitement par le millepertuis a été montré efficace pris tout seul ou associé à la photothérapie.

Il est à noter que le millepertuis peut intéragir avec de nombreux médicaments; c'est pour quoi il faut prendre en considération tout autre traitement médicamenteux.

La sérotonine pourrait aussi soulager les patients atteints de SAD mais cela reste à prouver par la recherche.

Le traitement par la mélatonine n'est pas très développé et doit être utilisé avec prudence.

Références bibliographiques

A

Avery DH, Kouri ME, Monaghan K, Bolte MA, Hellekson C, Eder D. Is dawn simulation effective in ameliorating the difficulty awakening in seasonal affective disorder associated with hypersomnia? J Affect Disord 2002; 69 : 231-236.

E

Even C. Photothérapie.Encycl Med Chir 2001 ;37-480-A-10: 1-6.

H

Hamon M and Millan MJ. Agomelatine, a novel pharmacological approach to treating depression. European Neuropsychopharmacology 2006; 16: Pages S337-S338.

K

Kasper S. Treatment of seasonal affective disorder (SAD) with hypericum extract. Pharmacopsychiatry 1997; 30 Suppl 2 : 89-93.

L

Lam RW, Tam EM, Grewal A, and Yatham LN. Effects of Alpha-Methyl-Para-TyrosineInduced Catecholamine Depletion in Patients with Seasonal Affective Disorder in Summer Remission. Neuropsychopharmacology 2001 ; 25 :S5.

Lewy A, Emens J, Jackman A, and Yuhas K. Circadian uses of melatonin in humans. Chronobiology International 2006a; 23 :403-412.

LewyA, Lefler BJ, Emens JS, and Bauer VK. The circadian basis of winter depression. PNAS 2006b; 103 : 7414-7419.

M

McClung CA. Circadian genes, rythms and the biology of mood disorders. Pharmacology and Therapeutics. 2007; 114 : 222-232.

Miller AL. Epidemiology, Etiology, and Natural Treatment of Seasonal Affective Disorder. Alternative Medicine Review 2005; 10: 5-13.

N

Neumeister A; Turner EH; Matthews JR; Postolache TT; Barnett RL; Rauh M; Vetticad RG; Kasper S; Rosenthal NE. Effects of Tryptophan Depletion vs Catecholamine Depletion in Patients With Seasonal Affective Disorder in Remission With Light Therapy. Arch Gen Psychiatry 1998 ; 55 : 524- 530.

P

Pandi-Perumal R S, Smits M, Spence W, Srinivasan V, Cardinali DP, Lowe AD, Kayumov L. Dim light melatonin onset (DLMO): a tool for the analysis of circadian phase in human sleep and chronobiological disorders. Progress in Neuro-Psychopharmacology & Biological Psychiatry 2007 ; 31: 1-11.

Partonen T, Vakkuri O, and Lö nnqvist J. Suppression of melatonin secretion by bright light in seasonal affective disorder. Boil Psychiatry 1997 ; 42 : 509-513.

S

Sher L, Goldman D, Ozaki N, Rosenthal NE. The role of genetic factors in the etiology of seasonal affective disorder and seasonality. Journal of Affective Disorders 1999 ; 53: 203- 210.

T

Tritschler L. Comprendre le fonctionnement de l'horloge circadienne par l'étude de trois de ses sorties : les rythmes de sécrétion de mélatonine et de corticostérone, et le rythme d'activité locomotrice 2006. Thèse pour l'obtention du titre de Docteur d'université en Neurosciences de l'Université Louis Pasteur de Strasbourg Faculté des Sciences de la Vie.

Tsai JF, Hsiao S, Wang SY. Infrared irradiation has potential antidepressant effect. Progress in NeuroPsychopharmacology and Biological Psychiatry 2007 ; 31:1 379-1400.

Références électroniques

Figure 3 : http://www.solvital.fr/index.asp?ID=440&IDF=8

Figure 4 : http://www.solvital.fr/index.asp?ID=439&F1=Simulateur%20d'aube Figure 5 :http :// fr.wikipedia.org/wiki/Millepertuis perfor%C3%A9






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire