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Biostratigraphie et Paléoenvironnement du Crétacé moyen des Hameimats à partir de l'étude de la faune et de la microfaune - Coupe du Djebel Chemla (Morsott, NE Algérie)

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par Muriel Ruault-Djerrab
Université de Tébessa (Algérie) - Magister, spécialité géologie (paléontologie) 2008
  

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d- Etude des lames minces

Vu la nature essentiellement marneuse des dépôts, seul un petit nombre de lames minces (16 au total) a été réalisé dans les niveaux les plus indurés, surtout dans le Cénomanien terminal ou au tout début du Turonien. Il aurait pu être intéressant d'indurer certains échantillons plus tendres afin d'en étudier le microfaciès, mais cette technique n'a pas pu être exploitée dans le cadre de notre étude.

Dans ce qui suit, une description succincte de chaque lame va être proposée, illustrée de nombreux clichés (planches 9, 10 et 11). Dans cette description, les classifications communes de Folk (1962) et de Dunham (1962) seront couramment employées.

Ces lames, réalisées le plus souvent dans du calcaire marneux, et plus rarement dans du calcaire franc (Cénomanien moyen et Turonien inférieur) montrent des caractéristiques communes : il s'agit toujours de calcaire à texture micritique, de teinte souvent sombre (excepté dans le Turonien inférieur où les teintes sont généralement plus claires). Le contenu en microfossiles et les microfaciès sont cependant fort différents d'une lame à l'autre.

PLANCHE 9 (page suivante) Vraconnien

Lame 1B (2 clichés)

Calcaire micritique sombre, de type packstone à wackestone, à calcisphères nombreuses, foraminifères planctoniques globuleux (Hedbergella, Globigerinelloides) et rares ostracodes. Des cubes de pyrite sont bien visibles en remplissage de certaines formes (photo 1). De rares `lentilles' de matière organique sont présentes.

Certaines parties de la lame montrent une succession caractéristique de microbancs clairs, riches en calcisphères, alternant avec des bancs sombres, contenant moins de calcisphères et proportionnellement plus de foraminifères planctoniques (photo 2).

Cénomanien inférieur Lame 15

Calcaire micritique sombre, de type wackestone, à calcisphères, foraminifères planctoniques globuleux, petits foraminifères benthiques, ostracodes et fragments d'échinodermes. La présence d'oxydes de fer, et surtout de glauconie est remarquable (cette dernière a d'ailleurs été décrite précédemment dans un échantillon contigu (n°16)).

Les foraminifères planctoniques reconnues sont les suivants : Hedbergella simplex, H. delrioensis, Heterohelix sp., Globigerinelloides sp.

Cénomanien moyen Lame 46

Calcaire micritique, de type wackestone, à nombreux débris de bivalves, calcisphères et rares foraminifères, souvent très recristallisés, donc impossibles à identifier.

Lame 62 (2 clichés)

Calcaire micritique, de type wackestone à packstone, à nombreux débris (bivalves, échinodermes), foraminifères benthiques (miliolidés, Lenticulina sp....), calcisphères, ostracodes et rares foraminifères planctoniques (globuleux). Dans certaines parties de la lame, des traces de bioturbation sont visibles (photo 2).

Lame 74 (aucune photo)

Calcaire micritique, de type wackestone, à débris d'organismes (bivalves, gastéropodes, échinodermes), foraminifères benthiques et calcisphères. Cette lame est globalement très proche de la précédente, excepté une richesse fossilifère moindre. Des traces de bioturbation sont également décelables.

 
 

Chap. III : Résultats et interprétations

Lame 1 B (1)

Lame 1 B (2)

 
 

Lame 15

 

Lame 46

Légende : B : foraminifère benthique, 0 : ostracode, GI : glauconie, Hed : Hedbergella sp.

Planche 9 : Lames minces (Vraconnien -- Cénomanien moyen).

PLANCHE 10 (page suivante) Cénomanien supérieur

Lame 95 : photo 1

Calcaire micritique sombre, de type mudstone, à foraminifères planctoniques globuleux (Hedbergella, Whiteinella, Heterohelix). La lame est encombrée de nombreuses lentilles de matière organique sombres.

Lame 99 : photo 2

Calcaire micritique, de type mudstone, d'une couleur beaucoup plus claire que l'échantillon précédent et visuellement très différent (absence totale cette fois-ci de lentilles de MO). Les rares microorganismes présents sont des calcisphères, des foraminifères planctoniques globuleux (Whiteinella, Heterohelix probables) et des benthiques calcaires. La présence d'oxydes de fer est également marquante.

Cénomanien supérieur -- faciès Bahloul4 Lame 103 (2 clichés)

Calcaire micritique sombre, de type wackestone à packstone, très riche en microorganismes, principalement des foraminifères planctoniques globuleux, mais également en petits foraminifères benthiques, ostracodes, débris d'échinodermes et rares filaments (= petits bivalves fins). La présence de glauconie et de lentilles de MO en grande quantité est également remarquable.

Les foraminifères planctoniques, pour la plupart d'une grande taille exceptionnelle, comprennent Heterohelix sp., Hedbergella simplex, H.delrioensis, Globigerinelloides sp.

Lame 104 (2 clichés)

Calcaire micritique sombre, de type wackestone, à foraminifères planctoniques globuleux, également de grande taille : Heterohelix sp., Hedbergella sp., Whiteinella sp., W. paradubia. Des filaments, plutôt rares, sont également présents, ainsi que des lentilles de MO en abondance. En revanche, la glauconie, fréquente dans la lame précédente, est totalement absente, de même que les organismes benthiques.

Lame 95 Lame 99

Lame 103 (1)

Lame 104 (1) Lame 104 (2)

Op* nie.>
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b

500 iam


·
·1111,..

Légende : B : Foraminifère benthique, H : Heterohelix sp., Hed : Hedbergella sp., GI : Glauconie, W : Whiteinella sp.

Planche 10 : Lames minces (Cénomanien sup.).

PLANCHE 11 (page suivante) Lame 105 (2 clichés)

Calcaire micritique sombre, de type wackestone, à foraminifères planctoniques globuleux : Heterohelix sp. (majoritaires), Hedbergella sp., Whiteinella sp.. Les traces de MO sont abondantes (lentilles).

Remarque: cette lame a été réalisée parallèlement à la stratification du fait d'un délitage en fins

feuillets. Les informations déduites en sont donc nécessairement amoindries. Lame 106 (2 clichés)

Calcaire micritique sombre, de type mudstone à wackestone, à foraminifères planctoniques globuleux (Hedbergella sp., Whiteinella sp., rares Heterohelix sp.), calcisphères, rares filaments et lentilles de MO nombreuses. La richesse en microfossiles est nettement moins élevée que dans la lame précédente. Des formes assez mystérieuses sont également observées, peut-être s'agit-il de fragments d'échinodermes (ophiures ??).

Turonien inférieur

Lames 110, 114, 118, 120, 122 (3 clichés)

Nous avons choisi de traiter ces différentes lames ensemble car elles présentent un microfaciès très proche.

Il s'agit de calcaire micritique, clair, de type mudstone, à rares microorganismes, souvent aux contours flous, donc très difficiles à identifier. Sont présents des calcisphères, quelques ostracodes, de très rares foraminifères planctoniques globuleux (dont des Heterohelix) et d'aussi rares foraminifères benthiques.

Les oxydes de fer sont fréquents, en taches ou en remplissage de microfractures (stylolithes). Ce genre de structure est d'ailleurs commun (lame 120).

Des auréoles sombres, finement ciselées, entourent parfois certains microorganismes (oxydes ? lame 118).

Lame 116: photo ci-dessous

Calcaire micritique, de type mudstone, au sein duquel aucun microorganisme n'a pu être observé. Le microfaciès, très différent des lames précédentes, nous a conduit à décrire cette lame séparément. On y observe en effet un litage bien marqué (succession de lits sombres et d'autres lits clairs), et une structure par endroit très perturbée, avec une modification nette de l'orientation du litage (bioturbation ?).

Lame 105 (1) Lame 105 (2)

Légende :

H : Heterohelix sp., Hed : Hedbergella sp., O : ostracode, Oph : ophiure ( ?).

Planche 11 : Lames minces (Cénomanien sup. --
Turonien inf.).

3. Interprétations

Nous aborderons successivement les aspects biostratigraphiques, puis paléoenvironnementaux / paléogéographiques. Suivra ensuite une description de la crise cénomano-turonienne, ainsi que de la transition entre Vraconnien et Cénomanien du début de coupe. La réponse à quelques interrogations servira enfin de conclusion à ce chapitre.

a- Axe Biostratigraphie

Préciser la biostratigraphie est chose difficile quand les déterminations sont incertaines et la documentation disponible trop rare. L'extrême rareté des foraminifères planctoniques carénés (et des ammonites) constitue également un handicap pour une biostratigraphie précise, d'autant plus que les spécimens observés ne sont pas toujours en excellent état de conservation, donc parfois difficiles à déterminer précisément.

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Tura nien inférieur

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-

-

Cénomanien moyen é supérieur

-


·

Cenomanien inférieur

Vraconnien

La figure ci-contre présente la répartition

 

106

des différentes espèces de foraminifères

104

planctoniques utiles pour la

100

biostratigraphie. Seuls certains

95

échantillons sont indiqués, ceux-ci ne

90

représentent qu'une petite partie du total

86

des échantillons (à titre d'exemple, seuls

80

14 échantillons sur 70 étudiés

contiennent des spécimens du genre

 

Rotalipora).

70

De plus, l'échelle verticale n'est pas respectée (en réalité, l'épaisseur du

60

Cénomanien inférieur est largement

accrue).

50

La présence des espèces

appartenant aux genres Hedbergella,
Globigerinelloides
et Heterohelix n'est
pas précisée, ceux-ci étant communs à

40

 

32

presque tous les niveaux.

28

 

24

 

20

 

14

 

11

 

2

Figure 15 : Foraminifères planctoniques -- Répartition
de quelques espèces-clés.

En référence à la biozonation du Crétacé proposée par Robaszynski et Caron (1995) [fig.16], il est donc possible de différencier, tant bien que mal, plusieurs zones dans la coupe.

Périodes

Globotruncanidés

Hétérohélicidés

CONLACIEN

I

DICARINELLA concavata

^

nuttaifi

cane

s

PSEUDOTEXTULARIA

 
 
 

TURONIEN

S

HETEROHELIX

globulosa {=reussi)

 

n

M

MARE schneegansi

HFLV helvetica

'hely

I

WHIT. archaeocretacea

CENOMANIEN

S

ROTAL. cushmani

 

I ar

HE TEROHFLIX moremani

g

M -

ROTAL. reichefi

lcush

I

ROTAL.

globotruncartoides (= brotzeni)

r

ALBIEN

S

ROTAL. appenninica

A

gl.

ROTAL. ticinensis

ap.

--.%

m

ROTAL. subticinensis

-A

tic

TICIAt praeticinensis sb

ROTAL Rotalipora, Ticinelfa, VVHIT. Whiteineila, HELV. Heivetoglobotruncana, MARG. Marginotruncana

Figure 16 : Biozonation du Crétacé moyen à supérieur par les foraminifères planctoniques.
(d'après Robaszynski et Caron, 1995)

Les différentes espèces observées permettent de réaliser un découpage. La limite inférieure du Cénomanien n'a pas pu être définie avec précision, mais, en revanche, trois zones ont été reconnues entre le début du Cénomanien et celui du Turonien :

- Cénomanien inférieur (zone à Rotalipora brotzeni)

Sa limite inférieure (avec le Vraconnien) ne peut être située précisément.

Cette zone comporte, en plus de nombreuses espèces des genres Hedbergella et Globigerinelloides, les espèces Favusella washitensis, Rotalipora appenninica, Heterohelix moremani et plusieurs spécimens qui semblent bien appartenir à l'espèce R. brotzeni.

C'est dans cette zone que la diversité spécifique est la plus grande (fig.12), ce qui semble correspondre aux dires de Hart et Ball (1986) qui parlent 'd'un accroissement rapide de la diversité de la faune aux environs du Cénomanien moyen'.

Cénomanien moyen à supérieur (zone à Rotalipora cushmani)

L'espèce index n'a pas été identifiée avec certitude, mais l'entrée dans cette zone est à supposer du fait de l'absence des espèces précédentes (F.washitensis, R. appenninica et R.brotzeni). Plusieurs spécimens, attribués au genre Rotalipora, n'ont malheureusement pas pu être identifiés avec plus de précisions à cause d'un trop mauvais état de conservation. Les

derniers spécimens du genre Rotalipora sont observés dans l'échantillon n°86, au niveau de la partie finale du Cénomanien supérieur.

Par ailleurs, les espèces appartenant aux genres Hedbergella, Heterohelix (H.moremani essentiellement) et Globigerinelloides restent communes

- Partie finale du Cénomanien -- début du Turonien (zone à Whiteinella archeocretacea)

Marquée par l'absence des spécimens du genre Rotalipora et par l'apparition des Whiteinella (W. baltica, W. paradubia et W. archeocretacea), cette zone est bien caractérisée. Les genres Hedbergella et Heterohelix sont toujours présents, ce dernier étant très abondant à certains niveaux. En plus de l'espèce Heterohelix moremani, bien représentée, s'ajoute l'espèce Heterohelix globulosa.

L'oursin Heterodiadema libycum (observé dans les bancs calcaires du début du Turonien) semble également être caractéristique de cette période.

b- Axe Paléoenvironnement / Paléogéographie
· Etude des microfossiles :

En plus de la présence d'espèces ou d'associations d'espèces particulières, qui peuvent indiquer des conditions environnementales spécifiques, c'est également la variation de la proportion des différents types de micro-organismes (benthiques ou pélagiques, foraminifères ou ostracodes...) qu'il est intéressant d'étudier.

La figure présentée à gauche montre ainsi l'évolution de différents rapports selon le milieu considéré.

A ces rapports pourrait être rajouté le rapport [Globuleux/ Total des planctoniques], qui diminue théoriquement avec l'approfondissement du milieu.

Figure 17 : Variations du contenu micropaléontologique en domaine marin exprimées par différents rapports (d'après Rey, 1983 in Andreu, 1991).

54

Domaine marin

 

margino- littoral

infra- littoral

circa- littoral

bathyal

abyssal/ hadal

 
 

-----7.---F---------

0

Planctonique/benthique

 
 
 

calcaires/agglutinés

 
 

---NN

..,.._______V 0

individus/espèces

 
 
 

0 foranninifèresios

racodes

 
 

®

 
 

_I--.

0 lisses/0 ornés

Les rapports (D, (D et a) concernent les foraminifères

Globalement, les proportions :

> de foraminifères planctoniques

> de foraminifères à test agglutiné

(parmi les foraminifères benthiques)

> de foraminifères à morphologie carénée (parmi les foraminifères planctoniques)

> d'ostracodes à carapace lisse

8.10.

augmentent avec
l'approfondissement du milieu

Tandis que dans le même temps,

> la proportion d'ostracodes
(parmi l'ensemble des microfossiles)

ca11>

diminue avec
l'approfondissement du milieu

Plusieurs auteurs apportent même plus de précisions, il semble ainsi que le régime planctonique domine parmi les microorganismes à partir de la plate-forme distale. La proportion de foraminifères planctoniques croît en effet régulièrement depuis les milieux littoraux (Vivière, 1985 ; Masse, 1988) :

- 30 à 40 % au niveau de la plate-forme externe,

- 40 à 50 % aux environs de la limite circalittoral / bathyal,

- 50 à 70 % sur le talus.

Concernant les différences de morphologie des foraminifères planctoniques (globuleux/caréné), Groshény et Malartre (1997) précisent que les morphotypes globuleux (considérées comme des équivalents anciens des formes épineuses actuelles), qui correspondent à des formes simples, avec cycle de reproduction court, se trouvent au niveau de la plate-forme (ou en bordure) jusqu'à une profondeur de 100 à 200 m. Au contraire, les morphotypes carénés (pour leur part équivalents aux formes non-épineuses actuelles), plus complexes, et donc au cycle de reproduction plus long, ont besoin d'une grande tranche d'eau, au large du talus.

Selon ces mêmes auteurs, l'augmentation de la proportion de formes carénées au détriment des formes globuleuses peut donc être expliquée par la mise en place d'un milieu de plus en plus profond et ouvert. Un tel milieu favoriserait également l'accroissement de la taille des individus et de la diversité spécifique (Murray, 1976).


· Caractéristiques générales et implications paléoenvironnementales :

Connaissant ces généralités, il est possible d'interpréter les variations observées en termes de variation des paléoenvironnements. En ce qui nous concerne, et bien que quelques caractéristiques générales (tab.3) puissent être relevées, il paraît souhaitable de diviser la coupe en plusieurs secteurs aux caractéristiques communes La variabilité semble en effet importante.

Caractéristiques diverses
(pétrographiques, minéralogiques, géochimiques, paléontologiques)

Types de dépôts

Principalement marnes ou calcaires marneux

Couleur

Généralement sombre

Géochimie

COT

0,1 à 2 %

Minéralogie

Glauconie

5,7% des échantillons

Gypse

60 % des échantillons

Nodules ferrugineux / pyrite

45 % des échantillons

Fossiles

Bivalves, gastéropodes, échinodermes, rares ammonites

Valeur des rapports déterminés à l'issu du tri

Rapports

Moyenne

Variation

F/(F+O)

0.87

0.17 à 1

0 lisse / 0

0.95

0.56 à 1

P/(P+B)

0.54

0.02 à 1

PG/(PG+PC)

0.99

0.92 à 1

BA/(BA+BC)

0.65

0 à 1

Tableau 3 : Résumé des caractéristiques générales de la coupe étudiée.

Signification des sigles utilisés :

F : foraminifère, 0 : ostracode, P / PG / PC : foraminifère planctonique, à morphologie globuleuse (G) ou carénée (C), B / BA / BC : Foraminifère benthique, à test agglutiné (A) ou calcaire (C).

Ce tableau nous permet de voir que, en moyenne :

les ostracodes sont peu abondants, et sont le plus souvent à carapace lisse,

les foraminifères planctoniques représentent un peu plus de la moitié du total des foraminifères,

les foraminifères planctoniques à morphologie globuleuse dominent nettement par rapport à ceux à morphologie carénée,

les foraminifères benthiques à test calcaire sont relativement rares par rapport aux agglutinés,

les dépôts sont le plus souvent marneux et contiennent fréquemment gypse, pyrite et/ou nodules ferrugineux,

le taux de COT est relativement faible, excepté dans les niveaux de transition du Cénomanien au Turonien,

les fossiles observés comportent de nombreux bivalves, des gastéropodes, des échinodermes et de rares ammonites.

Par conséquent,

· La granulométrie des dépôts (majoritairement marneux ou calcaro-marneux), l'absence de fossiles caractéristiques de milieux superficiels, la faible proportion d'ostracodes ornés, ainsi que la dominance de foraminifères benthiques à test agglutiné, plaident en faveur d'un milieu de dépôt relativement profond, type plate-forme distale.

· La proportion de foraminifères planctoniques (environ 50%) ainsi que l'extrême rareté des foraminifères planctoniques de type caréné permet d'exclure un milieu plus profond type talus. La proportion généralement élevée de foraminifères benthiques à test agglutiné paraît cependant étonnante, de même que la très grande rareté des foraminifères planctoniques carénés.

· La présence fréquente de nodules ferrugineux et de pyrite indique un milieu à tendance anoxique, et même nettement anoxique à la limite cénomanoturonienne (ce que confirment des valeurs relativement élevés de COT, de l'ordre de 1 à 2 %).

En résumé, il faut envisager un milieu de dépôt de type plate-forme externe (en limite du talus), une profondeur de l'ordre de 200 m et une tendance à l'anoxie fréquente.

· Comment l'hétérogénéité des résultats observée mène à une interprétation d'ordre séquentiel... :

En effet, au vu d'une variabilité parfois grande, la coupe a été subdivisée en plusieurs zones, numérotées de 1 à 7 (fig. 18). Ces différentes zones ont été distinguées surtout vis-à-vis de leurs teneurs relatives en foraminifères planctoniques, ce qui est a priori une bonne indication des variations de profondeur du milieu de dépôt.

On comprend que le Cénomanien, loin d'être une période homogène, (ce qui aurait d'ailleurs été étonnant du fait de sa durée, plus de 4 Ma) semble être caractérisé en réalité par des fluctuations eustatiques bien marquées, que nous allons nous attacher à mettre en évidence.

En plus de paramètres déjà présentés précédemment (fig.12 et 14), la figure 18 donne deux autres indications : y sont indiqués les échantillons contenant de la glauconie et ceux contenant des calcisphères.

A en

Q
O

O

 

1111 1111 1111 1111 1111

1 1111111111111111111111111111 1 1 1 1 11 1 1 1 1 1 11 1 1 1111 11 1 11 1 1 1 1 1 1 1 1 11

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Pr

Figure 18 : Présentation des principaux rapports de tri et des zones définies dans la coupe.

Les différentes zones définies sont donc caractérisées comme suit :

· zones impaires :

proportion de foraminifères planctoniques élevée à très élevée (plus de 80 %), proportion d'ostracodes généralement très faible, excepté dans un échantillon de la zone 7. Les ostracodes rencontrés y sont presque tous de type lisse,

foraminifères benthiques de différents types : domination des agglutinés (zones 1, 3) ou des calcaires (zones 5, 7),

foraminifères planctoniques carénés quasi-absents,

glauconie présente uniquement dans la zone 7,

calcisphères abondantes en zones 1 et 7,

taux de CaCO3 variable, particulièrement faible en zones 3 et 5, plus élevé ailleurs, taux de COT variable : généralement faible (0,1 à 0,4 %), il augmente dans quelques niveaux lors de la transition avec le Turonien. Aucune augmentation des valeurs n'est à noter dans les niveaux de la fin du Vraconnien, malgré une couleur très sombre.

· zones paires :

proportion de foraminifères planctoniques plus faible (35 % en moyenne),

proportion d'ostracodes plus élevée, notamment en fin de zone 4 et dans la zone 6. Cette dernière contient en outre une proportion d'ostracodes ornés nettement plus importante,

variabilité des types de foraminifères benthiques (calcaire/agglutiné), bien que les agglutinés dominent le plus souvent,

foraminifères planctoniques carénés détectables, mais toujours très rares, glauconie présente en zones 2 (bien représentée) et 6 (rare),

calcisphères fréquentes,

taux de CaCO3 également très variable.

Par conséquent :

Les premières zones (impaires) caractérisent un milieu profond, apparemment plus proche du talus que de la plate-forme externe, tandis que les autres (paires) indiquent a priori un milieu nettement moins profond, bien ancré sur la plate-forme externe.

Ces résultats nous permettent de reconnaître la succession de quatre cycles eustatiques, ce qui nous amène à une interprétation d'ordre séquentiel. Les zones définies correspondent en fait à des séquences de dépôt.

Si on se réfère aux travaux de Vail et al. (1977), ces séquences seraient donc des séquences de 3ème ordre (d'une durée de l'ordre du million d'années), auxquelles se surimposerait une tendance transgressive générale (séquences de grande ampleur, de l' et 2"" ordre). La figure 19 (page suivante) permet de détailler la succession observée.

Alt.

(m)

Log

Niveau marin

Prismes Séq.

PHN

 
 

IV

IT

 

PBPF

 

PHN

 

IT

 
 

III

PBN

 

PBPF

 

PHN

 

IT

 
 

Il

 

PBN

 

PBPF

 

PHN

I

haut niveau

3ème ordre

V: Vraconnien, C.I./M./S. : Cénomanien inférieur / moyen / supérieur, : Turonien inférieur.

Figure 19 : Séquences de dépôt et variations eustatiques au cours du Cénomanien.

PHN : Prismes de Haut Niveau, PBPF : Prisme de bordure de plate-forme, IT : Intervalle transgressif, PBN : Prisme de bas niveau.

Ces résultats se rapprochent de ceux obtenus par Herkat (2004) sur des coupes situées dans les Aurès. L'auteur y décrit en effet la succession de plusieurs mégaséquences transgressives-régressives au cours du Crétacé supérieur. La première d'entre elle, qui nous intéresse en premier lieu, s'étend de l'Albien terminal au Cénomanien supérieur et se compose, toujours selon Herkat (2004) de 4 séquences de 3ème ordre, constituées d'alternances de marno-calcaires. Dans la partie centrale du bassin, l'ensemble se termine par une surface durcie (`hard ground'), alors que dans la partie distale les faciès pélagiques sont nettement mieux représentés.

Comme dans ces travaux, notre étude révèle donc la succession de 4 séquences au sein des étages Albien terminal / Cénomanien, les formations observées (essentiellement des marnes) semblant appartenir à la partie distale du bassin (pas de calcaire à stromatolithes, de ride de courant ou de trace de `hard ground'). Ce sont donc essentiellement les variations observées dans les assemblages de microfossiles qui nous ont conduit à proposer ce découpage.

Par ailleurs, Herkat et Kechid-Benkherouf (2006) proposent une reconstitution paléogéographique de la zone est-atlasique au cénomano-turonien (fig. 20). Les auteurs y détaillent la présence d'une paléo-rampe, subdivisée en différents secteurs aux profondeurs croissantes vers l'est. Selon cette carte, notre zone d'étude se situe dans un secteur de transition entre rampe (id. plate-forme continentale) et bassin, ce qui correspond bien à nos précédentes hypothèses.

36

35

A

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Figure 20 : Reconstitution paléogéographique du domaine est-atlasique au cénomano-turonien (modifié
d'après Herkat et Kechid-Benkherouf, 2006).
1 : Rampe proximale, 2 : Rampe médiane, 3 : Rampe distale, 4 : Transition rampe-bassin,
5 : Bassin, 6 : Tell, 7 : Failles, 8 : Failles supposées, 9 : Zone d'étude.
A : Carte détaillée, B : Schéma synthétique.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera