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Adaptation transculturelle de l'Echelle Québécoise


par Hassan Daoudi
Académie universitaire de Wallonie Bruxelles
Traductions: Original: fr Source:

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3.2 A propos de l'intégration

3.2.1 Les « besoins éducatifs particuliers » : quelle définition ?

La notion de « besoins éducatifs particuliers (ou spéciaux) », qui est utilisée dans certains pays dont notamment le Maroc, provient du rapport Warnock (cité par Plaisance, 2000), établi en grande Bretagne en 1978. A la place du « handicap », il mettait l'accent sur les difficultés d'apprentissage de certains élèves et sur la nécessité de leur fournir une aide. Un enfant sur six environ connaîtrait ou pourrait connaître, à un moment ou à un autre de sa scolarité, de telles difficultés. Selon l'« Education Act » de 1981 (cité par Plaisance, 2000), un enfant est considéré comme ayant des « besoins éducatifs particuliers », s'il a « des difficultés d'apprentissages nécessitant la mise en oeuvre de mesures d'éducation spéciale ». Un enfant est donc dans ce cas si :

a) il a des difficultés pour apprendre qui sont significativement plus grandes que celles de la majorité des élèves de son âge ;

b) il a une incapacité qui l'empêche d'utiliser -- ou qui lui rend difficile l'utilisation -- des moyens éducatifs généralement fournis dans les écoles de la circonscription pour les enfants de son âge ;

c) âgé de moins de cinq ans, il est -- ou il risque d'être -- dans les situations mentionnées en a et b, si des mesures d'éducation spéciale ne sont pas entreprises pour lui.

Sur ces bases notionnelles, les bilans internationaux de l'Organisation de Coopération et de Développement économique (l'OCDE) établissent deux systèmes de classification et deux systèmes d'intervention :

1- Le premier système repose sur la notion de 'handicap" en établissant des catégories issues d'un modèle essentiellement médical. Ces catégories laisseraient échapper la question de la pertinence de tel ou tel placement ou de telle ou telle intervention éducative pour les enfants concernés. De plus, ce type d'approche sous-entendrait unilatéralement que les problèmes soulevés sont issus de l'enfant lui-même.

2- L'autre système met au contraire l'accent sur les « besoins éducatifs particuliers ». Il s'appuie donc sur les éventuels problèmes d'apprentissage que rencontrent certains enfants, il privilégie une approche pédagogique au lieu d'une approche médicalisante, et met en valeur les rapports d'interaction entre l'enfant et l'éducation, entre l'enfant et les influences des parents et de la collectivité.

La première approche privilégierait les caractéristiques absolues alors que la seconde privilégierait les aspects relatifs.

En effet, l'intégration scolaire est un concept complexe, comportant différentes nuances, qui a suivi une évolution au cours des dernières décennies. En français, il n'y a qu'un terme pour le désigner. En anglais, plusieurs termes sont utilisés : least restrictive environnement, integration, mainstreaming ,regular education initiative classroom. Cette variété dans la terminologie rend compte de l'évolution du mouvement aux Etats-Unis, bien que le mouvement d'intégration ait pris naissance dans les pays scandinaves.

Généralement, lorsque l'on parle d'intégration, on désigne un ensemble de situations variées allant de celles qui ne sous-entendent qu'une proximité physique entre enfants en situation de handicap et les autres (dits « ordinaires ») à celles qui comportent une interaction sociale étroite entre les deux groupes d'enfants. Selon la situation, on dira qu'il y a « intégration physique » lorsqu'il existe deux programmes distincts, un pour les enfants à besoins spécifiques et un second pour les enfants dit ordinaires ; les deux groupes étant à proximité l'un de l'autre. Les deux programmes peuvent s'effectuer dans le même immeuble, mais l'administration, le matériel, le personnel, les toilettes, les moyens de transport, les heures de travail, etc., seront entièrement différents. Il peut très bien arriver (et c'est ce qu'il s'est produit dans quelques écoles

publiques au Maroc) que les deux programmes se déroulent très près l'un de l'autre sans que les deux groupes d'enfants et le personnel n'établissent d'échanges sociaux réciproques.

On parlera de « semi-intégration » lorsqu'il existe deux classes séparées à l'intérieur d'un même établissement sous une administration unique. Dans cette situation, il y a un partage des locaux. Les programmes sont suffisamment souples et les horaires presque semblables pour qu'il y ait des interactions sociales entre les enfants à certains moments de la journée (durant les visites de groupes, le transport, les jeux, etc.).

Lorsqu'il y a une « intégration totale », les échanges entre les deux groupes d'enfants sont favorisés au maximum. Au quotidien, les enfants se retrouvent ensemble lors de séances d'activités (par exemple des exercices simples de motricité) de même que pour toutes les activités habituelles (récréations, jeux libres, période de repos, etc.).

Dans un programme « totalement intégré », l'enfant en situation de handicap bénéficie de presque toutes les formes de soutien dont il a besoin pour se développer et interagir de façon positive et créatrice avec les autres, du fait qu'il passe le plus de temps possible au milieu de ses pairs.

L'intégration doit être conçue à la fois comme un but et un processus Ainsi, un service visant à long terme à inclure les personnes en situation de handicap dans tous les aspects de son programme doit passer par des étapes intermédiaires : d'abord une intégration physique, ensuite une semi-intégration pour parvenir finalement à une intégration totale.

Les professionnels et chercheurs qui ont fait l'essai des programmes intégrés avec les enfants en bas âge tirent ordinairement les mêmes conclusions aux sujets des avantages qu'ils procurent. Dans un programme intégré, l'enfant qui a des besoins spéciaux a une chance de se faire accepter par les autres enfants, d'acquérir de la confiance en ses moyens et capacités, et d'apprendre à affronter et à accepter ses limites. Quant aux autres enfants, ils ont ainsi l'occasion de prendre conscience des différences entre les gens et ainsi à augmenter leur niveau de tolérance.

On constate donc les bénéfices apportés par l'intégration, mais ce processus doit s'envisager selon ses différentes modalités explicitées ci-après.

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