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La problématique du financement de la décentralisation territoriale au Cameroun

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par Jean Raoul NKOUDOU BENGONO
Université de Yaoundé II Soa - DESS 2006
  

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INTRODUCTION

La présente étude part d'une constatation : l'hypothèse suivant laquelle, il existe des déséquilibres dans le financement des CTD du fait de l'importance inégale des taxes communales indirectes, l'impossibilité de recouvrement et le rendement faible de certaines taxes au niveau local, de la mauvaise répartition des ressources recouvrées par l'Etat au bénéfice des communes et de la faiblesse des économies locales, est confirmée dans les développements précédents.

Il s'agit à présent de s'efforcer de trouver des explications aux divergences observées dans le financement des CTD. Ainsi, dans un premier temps, nous allons traiter de la nécessité de la réforme du modèle de décentralisation et du renforcement de la fiscalité locale ; et dans un second temps, étudier les voies de redéfinition de la contribution de l'Etat et la promotion de l'emprunt communal.

Section 1 : La nécessité de reformer le modèle de décentralisation et le renforcement de la fiscalité locale.

Il s'agira d'abord de présenter la nécessité de reformer le modèle de décentralisation ensuite d'examiner dans quelle perspective la fiscalité locale peut être renforcée.

I- LA NECESSITE DE REFORMER LE MODELE DE DECENTRALISATION

Nous envisageons une action sur le découpage territorial par la détermination de l'unité territoriale optimale, la dynamisation de la coopération décentralisée et le renforcement de la solidarité intercommunale.

A. La détermination de l' `'unité territoriale optimale''.

Nous allons définir le concept d' `'unité territoriale optimale'' ensuite nous donnerons ses caractéristiques.

1. La définition du concept d' `'unité territoriale optimale''.

Ce concept renvoie au risque de marginalisation économique de certaines CTD dont pourrait créer une mauvaise répartition des ressources nationales.

L'unité territoriale optimale désigne ainsi une portion du territoire national capable de générer des ressources propres grâce à une activité économique territoriale vivante. C'est sur la base du critère économique que repose le concept d'unité territoriale optimale. Or tel que se présente le modèle de décentralisation actuel, il ressort que la création des collectivités territoriales repose sur des ambitions politiques et non sur la base de ce critère 'efficace. Ce qui justifie l'existence des collectivités territoriales financées à 90% par les centimes additionnels. C'est le cas de la commune rurale d'Afanloum, dans la Mefou et Afamba, qui sur un total de recettes budgétaires de 8 420 000 FCFA, 7 200 000 F CFA proviennent des CAC, soit 85% du total des recettes de l'année 2004.

Ainsi le financement de la décentralisation territoriale au Cameroun peut être émaillé de deux débats : faut-il diminuer le nombre de CTD, afin d'élargir leur champ économique ? Ou, faut-il créer davantage de collectivités locales, tout en sachant que leur survie dépendra des ressources transférées par l'Etat ? La première option semble la meilleure, car c'est elle qui permet de garantir le principe d'autonomie financière des CTD.

Le diagnostic sur le nombre de collectivités locales est généralement admis, mais la volonté politique fait souvent défaut. Le Cameroun possède aujourd'hui 339 CTD réparties sur toute l'étendue du territoire national. Certaines de ces collectivités connaissent d'énormes difficultés dues à une faible quantité de ressources propres capables de financer les seuls besoins en fonctionnement. Le financement de l'Etat se faisant ainsi majoritaire.

Il paraît donc nécessaire de partir des bases économiques fiables lors de la création des CTD.

2. Les caractéristiques

Nous distinguons d'une part les caractéristiques juridiques et d'autre part, les caractéristiques économiques.

a- les caractéristiques juridiques.

La notion d'unité territoriale optimale satisfait aux traits juridiques suivants :

- c'est une portion du territoire national, qui suppose une délimitation

géographique précise ;

- c'est une personne morale de droit public, comme telle apte à

accomplir des actes de la vie juridique (droits, obligations, avec les

conséquences patrimoniales, fiscales, contentieuses qui en résultent) ;

- son fonctionnement implique des organes qui lui sont propres : conseil

élu, exécutif élu ;

-son fonctionnement doit rester subordonné à l'ordre juridique étatique.

Ce qui rend nécessaire un contrôle administratif par le pouvoir central (la

tutelle) ;

- son existence repose sur la reconnaissance d'intérêts locaux spécifiques,

distincts des intérêts nationaux.

b- les caractéristiques économiques

La caractéristique de l'activité économique locale repose essentiellement sur l'étude des statistiques fiscales. Elle ressort des déclarations fiscales agrégées au niveau de chaque commune. Il est aussi possible de disposer d'informations précises, fiables et significatives sur les entreprises installées sur le territoire d'une commune ou d'une agglomération.

L'appréciation des activités économiques au sein d'un territoire n'est toutefois pas très facile. L'idée la plus simple serait de pouvoir disposer d'un indicateur de valeur ajoutée localisée au niveau d'un territoire. Un tel indicateur, idéal en théorie, se révèle indisponible en pratique.

Ainsi certaines informations socio-économiques permettent de contrecarrer les difficultés liées à l'absence d'indicateurs de flux financiers au niveau local. Ces informations peuvent être considérées comme les caractéristiques socio-économiques de l'unité territoriale optimale. Il s'agit :

- du nombre d'établissement ventilé par activité ;

- de la taille de ces établissements (nombre de salariés ou chiffre d'affaire) ;

- des équipements scolaires et sanitaires disponibles ;

- des ressources naturelles disponibles ;

- etc.

Sur la base de ces critères, les autorités centrales doivent revoir le ressort territorial de certaines collectivités locales, ou procéder à une autre division du territoire national.

B. La dynamisation de la coopération décentralisée

La coopération décentralisée permet le recourir à un mode de coopération généralement nord-sud, qui repose sur la recherche de collectivités territoriales partenaires susceptibles d'appuyer la mise en oeuvre d'un ou plusieurs services ou de réaliser une ou plusieurs activités dans leur domaine de compétences et dans le respect des engagements internationaux. C'est une coopération qu'on pourrait qualifiée de coopération entre collectivités étrangères à capacité de financement et collectivités nationales a besoin de financement.

Comme on peut le constater, la coopération décentralisée telle que menée par les collectivités nationales manque d'efficacité et d'objectivité. Nous constatons que les élus locaux exploitent ce cadre de coopération pour se faire des "amis" à l'étranger et non des partenaires au développement de la commune.

Or pour l'union européenne, la coopération décentralisée est un moyen de sortir du système de coopération « centralisée » avec les Etats et de s'engager vers « une autre façon de faire de la coopération ». La démarche européenne de coopération décentralisée repose sur quelques idées maîtresses qui tournent autour de la participation active, la responsabilisation de l'ensemble des acteurs de la société civile. Pour la commission européenne, il s'agit de « transformer les bénéficiaires en véritables acteurs et/ou partenaires, capables de prendre en charge leur propre développement ».

En d'autres termes, la coopération décentralisée est un cadre qui permet aux CTD de trouver d'autres sources de financement étrangères à leurs multiples investissements. Elle ouvre aussi la possibilité aux CTD de passer des conventions avec des CTD étrangères.

C'est donc un cadre bénéfique pour les CTD qui font face à une pénurie de ressources financières. Elle devrait être bien exploitée par nos dirigeants locaux, et cela contribuerait à générer d'autres recettes dans les rubriques telles que les dons et legs, les transferts reçus dans le cadre de la coopération internationale décentralisée ou des subventions de fonctionnement reçues des autres organismes dispensateurs.

C. Le renforcement de la solidarité intercommunale.

Nous examinons ici la nécessité de l'intercommunalité, ses objectifs, les formes adaptées de l'intercommunalité et son mode de financement.

1. La nécessité de l'intercommunalité

Aujourd'hui, le constat est fait que bien de services publics à la population (eau, électricité, infrastructures scolaires etc.) ne peuvent être fournis par une commune seule, soit que le service en question répond à une population dont le bassin dépasse le cadre d'une seule commune, soit que les coûts de production sont supérieurs aux moyens d'une seule commune, soit que l'interdépendance des communes exige une mise en cohérence des investissements et les politiques de développement, la mise en oeuvre de certaines compétences locales nécessitent une mise en commun des énergies par plusieurs communes.

L'intercommunalité s'impose ainsi comme une nécessité. Elle peut être un moyen de renforcement de l'efficacité des services de base et de la crédibilité des communes. Comme on peut le constater au Cameroun en général, et dans la Province du centre en particulier, la seule solidarité intercommunale qui existe, est celle entre la communauté urbaine de Yaoundé et ses six (06) CUA. Ainsi, chaque CUA reçoit, au cours de l'année, une subvention de fonctionnement et une subvention d'équipement de l'ordre de 150 millions par an.

Donc l'intercommunalité se présente, de nos jours comme une nécessité en ce sens qu'elle permet de trouver des solutions aux questions pertinentes en matière de décentralisation : quel est le territoire pertinent d'exercice des compétences, le meilleur niveau d'administration des communes ? Comment optimiser la gestion des services publics locaux ou le développement local ?comment les CTD riches peuvent aider les CTD pauvres ?

L'intercommunalité est un regroupement de communes dans une structure supra communale pour réaliser certains travaux ou tâches d'intérêt commun. C'est donc une association de communes qui vise la réalisation efficiente d'objectifs déterminés.

2. Les objectifs de l'intercommunalité

L'intercommunalité répond d'une part à la nécessité de rationaliser la gestion, d'optimiser l'organisation des services urbains ; et d'autre part à la nécessité de maintenir une participation, une démocratie de proximité.

Quel que soit le système communal, il est en effet toujours souhaitable, voir nécessaire de :

- produire à moindre coût des services de qualité ;

- traiter les problèmes à l'échelle territoriale pertinente ;

- partager l'information ;

- rechercher de la valeur ajoutée qui procède d'une mise en commun des énergies, avec notamment des économies d'échelle ;

- éviter de trop grandes disparités entre les territoires notamment sur le plan du développement économique ;

- diminuer les conflits pouvant résulter de la compétition ou de l'opposition entre territoires voisins ;

- améliorer le financement des services.

Cette exigence de production efficiente des services qui pousse à la centralisation à une échelle territoriale suffisante, doit être confrontée à l'exigence de participation démocratique locale qui suppose des unités plus réduites permettant le rapprochement entre la gestion des services et les populations.

Mais la réalité n'est que rarement dans une compétence exclusive donnée d'un niveau ou à un autre ; elle est souvent dans une compétence partagée entre différents niveaux ; compétence partagée par la loi qui a défini différents niveaux de CTD en leur attribuant chacune une compétence ou partie de cette compétence. Tout ceci ne doit pas rester vague : une compétence partagée, c'est un cahier des charges qui explique qui fait quoi ; à la fois pour une transparence en évitant le rejet de responsabilités, pour qu'on sache à quoi sont affectés les financements et que l'on sache rendre compte à la foi à la tutelle et à la population qui élit et donne mandat aux responsables de ces collectivités.

3. Les formes adaptées de l'intercommunalité

Les formes d'intercommunalité dépendent du découpage territorial existant et des compétences visées. L'intercommunalité conduit toujours à un transfert de compétences des communes vers une structure de coopération intercommunale qui peut prendre deux formes : une forme intégrée allant jusqu'à la création d'un nouveau niveau de collectivité locale. C'est le cas des communautés urbaines, qui disposent d'un niveau de compétences exclusives et partagées mais sur la base d'un cahier de charge précis et des ressources propres de type fiscal. Au regard des expériences qui ont été définies précédemment, la communauté urbaine se présente incontestablement comme la structure la mieux adaptée à l'intercommunalité en milieu urbain. Elle représente une structure intégrée de coordination et de rationalisation des services des différentes interventions publiques, mais laisse aux communes la possibilité de la gestion des compétences de proximité.

L'autre forme d'intercommunalité est une forme associative, l'exemple en est le syndicat intercommunal (le syndicat des communes, à vocation unique ou multiple avec activité à la carte et financement par contribution des budgets de chacune des communes). Cette formule apparaît la mieux adaptée pour les zones rurales. Cette forme est la plus modeste et plus respectueuse de l'autonomie communale. De plus, la clarté de ses règles de fonctionnement et sa souplesse lui permettent d'être opérationnelle aussi bien pour la gestion d'un service unique que de plusieurs services. Cependant, même en milieu rural, il ne saurait être question de se regrouper sans projet précis, comme on le vit trop souvent uniquement parce qu'on se situe dans la même zone géographique ou pour succomber à la mode de constitution de syndicats de communes.

Seul le souci d'un développement équilibré dans la zone syndicale devait être la motivation principale de l'institution des syndicats de communes. Plus encore que la question : comment regrouper ? Il y a lieu de répondre la question : Comment faire pour que la structure de regroupement soit adaptée aux services à gérer ou aux équipements à implanter ? Plus qu'un cadre élargi de gestion, la structure intercommunale doit devenir un mode de gestion adapté aux services à gérer. La logique fonctionnelle doit prévaloir sur la seule logique de regroupement territorial.

4- Le financement de l'intercommunalité

L'intercommunalité n'est viable qu'autant qu'elle possède les moyens financiers d'assurer matériellement la poursuite des objectifs qu'elle s'est fixée. L'intercommunalité ne change pas fondamentalement les mécanismes de financement des services qui reposent toujours sur l'impôt et la tarification. Mais l'intercommunalité permet de gérer ces services dans un cadre financier plus large : ce qui donne plus de poids dans la négociation et le contrôle vis-à-vis de l'Etat et vis-à-vis des prestataires.

Il faut que les structures intercommunales aient un budget propre. Celui-ci peut être alimenté par les cotisations des communes associées au risque de faire apparaître la prééminence de la contribution de la commune centrale, ce qui déséquilibre les relations de pouvoir et même parfois l'application des programmes entre les communes associées.

Dans le cas du Cameroun, il se pose déjà le problème de l'impossibilité de communes à satisfaire aux besoins les plus élémentaires tels que le paiement des personnels. Cette situation ne favorise pas le financement de la structure intercommunale, basé sur le principe de cotisations. Ainsi l'efficacité d'une telle structure apparaît à priori limitée. Il est donc question que l'Etat participe au financement de ces structures en reversant les transferts alloués aux CTD de cette zone à la structure intercommunale ainsi créée.

Il apparaît essentiel, pour assurer non seulement la survie mais aussi et surtout la crédibilité et l'efficacité de l'intercommunalité, de la doter de ressources propres de nature à assurer une autonomie par rapport aux collectivités locales qui la composent mais aussi vis-à-vis de l'Etat. La disponibilité d'une fiscalité directe et des taxes pour services rendus (ordures ménagères, assainissement) en est la seule garantie véritable.

II- LE RENFORCEMENT DE LA FISCALITE LOCALE

Il s'agit de mettre en place les services d'assiette et de recouvrement dans toutes les CTD, de reverser totalement la fiscalité partagée aux CTD et de transférer certains impôts au CTD ayant purement un caractère local.

A-la mise en place des services d'assiette et de recouvrement dans toutes les CTD.

Les opérations d'assiette portent essentiellement sur les recettes fiscales. Elles constituent la phase administrative et consistent à déterminer le montant de la matière imposable qui est imputable à chaque contribuable. Pour le moment l'intervention des communes en matière d'assiette fiscale et de recouvrement est limitée. Dans la plupart des pays africains en général et au Cameroun en particulier les lois prédéterminent les listes des impôts et taxes ainsi que les plafonds pour leur tarification pour toutes les collectivités locales. Dans certains pays, comme c'est le cas au Cameroun, le fisc va jusqu'à émettre les titres et à recouvrer certains impôts locaux. Cet état des choses ne favorise non seulement pas l'autonomie financière des CTD mais aussi limite la quantité des recettes fiscales locales, car la part revenant aux CTD est très souvent résiduelle.

Nous recommandons donc que les services d'assiette et de recouvrement soient étendus dans toutes les collectivités locales. Ceci permettrait de connaître le potentiel fiscal local par un système d'identification des contribuables locaux. Cela devrait aussi permettre d'accroître le rendement de la fiscalité locale et partant les recettes des CTD.

B- Le reversement total de la fiscalité partagée

Par fiscalité partagée nous entendons :

- les impôts levés par l'Etat pour le compte des collectivités locales. Les

autorités locales déterminent les tarifs, soit librement soit à l'intérieur

des limites fixées par l'Etat : c'est le cas des taxes communales directes ;

- les impôts levés et administrés par les gouvernements centraux mais

dont les produits sont, soit cédés aux collectivités locales, soit supportent

un pourcentage additionnel qui leur est destiné : les centimes additionnels

communaux, la patente, la licence relèvent de cette classe.

Pour ces deux (02) catégories d'impôts, l'Etat dispose d'un certain pourcentage (10% des CAC appartiennent à l'Etat)  ou conserve un certain montant au titre des frais d'assiette, de recouvrement et les diverses pénalités dues au retard ou à la l'incivisme fiscal.

Donc nous recommandons que ces frais et divers pourcentages soient reversés aux CTD, car celles-ci, avec leurs propres services d'assiette et de recouvrement, pourraient remplir les fonctions jusque-là accomplies par l'Etat au titre des services liés à la fiscalité locale.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand