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Comportement sexuel non autonome et risque à  l'infection au VIH/sida


par Joseph Delouis Dutreuil
Université D'Etat D'Haà¯ti / Faculté des Sciences Humaines (FASCH) - Licence en Psychologie 2007
  

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Chapitre 3

LES STADES DU DÉVELOPPEMENT PSYCHOSOCIAL

EriK Erikson, le psychanalyste germano-américain analyse le développement de l'être humain sous une base psychosociale. Il tient compte des différentes interactions que l'être humain entretient avec son environnement au cours de chaque période de sa vie. A chaque période du développement de l'individu, il y a des personnes significatives particulières. Pour Houde, les stades psychosociaux du développement du moi résultent de l'interaction entre le processus de maturation ou les besoins biologiques et les demandes de la société, ainsi que de l'environnement et des influences sociales rencontrées dans la vie de tous les jours74(*).

De plus, l'individu fait face constamment à des périodes de crise. Celle-ci va toujours dans le sens opposé. Cette notion de crise peut être bien comprise en tenant compte même de la dénomination attribuée à chaque période par Erikson. Afin d'éviter toute confusion par rapport à l'interprétation du mot crise, Erikson donne cette précision :  « Le mot crise, du reste, n'est ainsi employé que dans son contexte évolutif, non point pour désigner une menace de catastrophes mais un tournant , une période cruciale de vulnérabilité accrue et de potentialités accentuées. »75(*) La crise développementale s'inscrit même dans la loi du développement de l'individu. L'ambivalence est un phénomène naturel au genre humain. L'individu se retrouve toujours entre deux pôles, la question de choix est incontournable pour une vie équilibrée. D'ailleurs, c'est à partir de la façon dont on aura traversé une crise développementale qu'on acquerra de l'habileté pour pouvoir aborder la période successive de son développement. Donc l'individu est toujours appelé à s'adapter à des situations nouvelles juste pour garder son équilibre. C'est de là qu'il parviendra à une maturité effective.

Toutefois, il convient de préciser que chacun dispose d'un ensemble d'atouts lui permettant de résoudre sa crise développementale à sa manière. Les diverses expériences du vécu de l'individu, les caractéristiques du milieu de vie, la nature des relations entretenues avec les personnes significatives pour celui-ci sont autant de facteurs qui rentrent en ligne de compte dans la résolution de la crise développementale. C'est en ce sens que les stades du développement de l'individu selon la perspective d'Erikson sont conçus de manière progressive.

A côté de la notion de crise développementale, il y a aussi celle de tâche développementale, ce qui revient à dire qu'on attend la manifestation de telles compétences données chez l'individu au cours de telle période de son développement.

Erikson élabore huit stades du développement de l'individu qui s'étend de la naissance à la vieillesse. Pour ce qui concerne notre travail, il s'avère important pour nous de mettre l'accent davantage sur le cinquième stade du développement de l'individu selon la théorie d'Erikson et de voir dans quelle mesure les expériences vécues au cours des stades antérieures peuvent influer de manière significative sur le comportement de l'individu au cours d'une telle période. Mais nous tenons à présenter dans l'ensemble les différents stades développés par Erikson.

3.1.- LES HUIT STADES DU DÉVELOPPEMENT PSYCHOSOCIAL

3.1-1.- Confiance versus Méfiance

Cette phase couvre la première année de vie de l'individu. Dans le cas d'une adaptation à l'issue de la première année de vie, l'enfant développera une confiance de base, dans le cas contraire la méfiance prendra place. La personne significative pour l'enfant au cours de cette période c'est bien la figure maternelle. Il s'agit dans ce cas, soit de la mère ou de la personne qui joue un tel rôle au regard de l'enfant. L'enfant représente son milieu par rapport à celle-ci. Dans la mesure où celle-ci est prête à lui donner de la satisfaction à ses besoins, l'enfant trouvera son milieu comme aimant, bienveillant, consistant, supportant et fiable, dans le cas contraire, il percevra celui-ci comme rejetant, inconsistant et hostile. Ce qui lui donnera l'impression qu'il ne pourrait rien espérer de celui-ci. Erikson met l'accent sur la qualité de la relation de l'enfant avec la mère à la place et lieu de la quantité de nourriture donnée et du nombre de manifestation d'amour76(*). La bonne résolution de ce conflit permettra à l'enfant de développer un sentiment de sécurité. Cloutier traduit une telle idée ainsi : ``Il s'agit d'acquérir la conviction que quoi qu'il arrive, quelqu'un vous aime et vous appuie ; l'acquisition de la confiance de base''77(*). Une fois que l'enfant apprendra à avoir confiance en son environnement, il apprendra aussi à s'estimer à sa juste valeur. La confiance fondamentale c'est la base d'une vie épanouie et de bonnes relations interpersonnelles. L'enfant aura toujours tendance à s'approcher des autres au lieu de les fuir.

3.1.2.- Autonomie versus Honte et doute

L'enfant qui a acquis la confiance de base est prêt pour se lancer dans de nouvelles aventures à travers lesquelles il pourrait commencer par se faire remarquer. C'est ainsi de 1 à 3 ans, l'enfant fait face à la crise opposant l'autonomie à la honte et au doute. L'environnement de l'enfant de cet âge englobe les deux parents. Cette période coïncide avec l'apprentissage de la marche et du langage. Pour réussir positivement cette période, l'enfant a besoin d'un soutien bien dosé de ses parents. Par conséquent les parents doivent éviter de ne pas prendre l'une des deux extrêmes par rapport aux relations qu'ils développent avec l'enfant. Pour pouvoir acquérir son autonomie, celui-ci a besoin d'être estimé à sa juste valeur pour ce qu'il est et d'être valorisé dans ses tentatives. Dans le cas où les parents essaient d'empêcher l'enfant de développer ses potentialités, cela peut compromettre son développement. D'un sentiment inévitable de perte de self-control et du contrôle exagéré des parents, découle une durable propension au doute et à la honte78(*).

Pour la croissance de l'autonomie, une confiance primitive solidement développée est nécessaire. L'enfant doit être parvenu au point où il est sûr que sa foi en lui-même et en le monde ne sera pas mise en danger par son violent désir d'obtenir ce qu'il a choisi, de prendre possession selon ses exigences et de rejeter avec entêtement79(*)

Comme il a été préalablement mentionné, l'étape précédente joue un rôle primordial quant à la façon que l'enfant peut aborder cette étape aussi cruciale pour son avenir. En fait, l'enfant de 1 à 3 ans n'a pas de grands atouts pour faire preuve de l'autonomie par rapport à des décisions importantes qui concernent sa vie, d'ailleurs il est encore sous la totale dépendance des soins et des projets de ses parents. Il en est de même pour l'enfant de moins d'un an pour ce qui a trait à la confiance. Cette autonomie peut donc être considérée comme une autonomie de base. Toutefois la vraie autonomie commencera par se manifester au cours de l'adolescence. A ce moment, il sera plus ou moins prêt à prendre des risques et à s'affirmer à travers ses relations interpersonnelles.

3.1.3.- Initiative versus Culpabilité

Cette phase s'étend de 3 à 6 ans. Il s'agit d'enfant d'âge préscolaire. On attribue aussi à ce stade l'âge du jeu et de la fantaisie à travers lesquels l'enfant peut découvrir le sens des buts et des objectifs80(*). L'enfant a tendance à imiter les adultes à travers ses jeux. Car le jeu favori à cet âge, est celui de reproduire les rôles que tiennent les adultes dans leurs métiers, leurs professions, leurs affections, leurs amours, leurs relations familiales, conjugales ou sociales81(*). Dans la réalité haïtienne, le type de jeu très fréquent pour les enfants de cet âge est papa-maman. L'enfant a tendance à se lancer dans des tâches diverses sans tenir compte de ses capacités et de ses limites. Toutefois, ce désir de tout réaliser et de tout entreprendre rencontré aux obstacles posés par le milieu va susciter le sentiment de culpabilité chez l'enfant. Dans la mesure où il soit l'objet des blâmes de la part de ses parents le sentiment de culpabilité se renforcerait davantage. Au cours de cette période les parents doivent régir et orienter le comportement de l'enfant tout en lui laissant davantage d'occasions d'éprouver son indépendance et son autonomie82(*). L'autonomie de base acquise est un support indispensable qui permettra à l'enfant de prendre de nouvelles initiatives.

3.1.4.- Créativité versus Infériorité

Une fois que l'enfant développe l'esprit d'initiative, il commencera par se livrer d'emblée au travail. D'autant plus, l'enfant qui aborde ce stade c'est l'enfant d'âge scolaire, soit celui de six à douze ans. A ce niveau le milieu social de l'enfant va s'agrandir davantage. L'école va jouer un rôle extrêmement important dans la vie de l'enfant. A côté du savoir académique qu'elle transmet elle sert d'un catalyseur aux actions de l'enfant. Car l'enfant qui a déjà acquis de la confiance, de l'autonomie, qui développe de l'initiative, trouvera en l'école un lieu favorable pour développer ses compétences. Par là, elle favorise automatiquement, la compétition.

Les instituteurs et institutrices vont jouer un rôle complémentaire dans l'incarnation de l'autorité auprès de l'enfant lors de cette phase de son développement. La qualité de leurs relations avec l'enfant compte pour beaucoup dans la compétence que celui-ci va développer. Car selon que l'enfant est valorisé ou non dans ce qu'il entreprend et dans les habiletés qu'il développe, il acquiert un sentiment de compétence ou au contraire un sentiment d'infériorité83(*).

3.1.5.- Identité versus confusion de rôles

Dans la perspective ériksonienne, cette phase correspond à la période de l'adolescence qui s'étend normalement de 12 - 18 à 20 ans. Vu que chaque période a son importance particulière dans le développement de l'individu, on ne peut pas dire de cette période qu'elle soit la plus importante, mais c'est un moment très crucial dans le développement psychosocial de l'individu. A côté des instituteurs et parents qui jouent un rôle primordial dans la quête identitaire, les groupes de pairs ont une très grande emprise sur l'adolescent. L'adolescent a besoin constamment de s'accommoder aux exigences de la société tout en cherchant à maintenir son intégrité. Pour Erikson, le processus de l'adolescence n'est complètement achevé que lorsque l'individu a subordonné ses identifications de l'enfance à un nouveau mode d'identification accomplie grâce à une absorption dans le social et à un apprentissage compétitif avec et parmi les camarades du même âge84(*).

De plus les changements physiologiques permettent à l'individu de se redéfinir. Cette nouvelle perception va avoir une répercussion sur l'image que l'adolescent a de lui-même et sur ses relations avec autrui. Le plus grand dilemme pour celui-ci c'est de parvenir à accepter son schéma corporel. Les transformations qui se produisent à travers la musculature corporelle de l'individu qui le fait passer du stade de l'enfance au stade adulte suscitent normalement chez lui des inquiétudes, ce qui pose un poids pour l'acquisition de son identité. C'est pratiquement une période de crise pour l'individu qui s'accompagne d'un ensemble de questionnements par rapport aux nouveaux rôles qui l'attendent. Il ne faut pas oublier qu'on a remarqué que cette période n'existe pas dans certaines cultures. L'individu passe directement de l'enfance à l'âge adulte. Dans notre culture, l'adolescence est vécue comme une période de transition.

La bonne résolution de cette crise lui permettra de faire part effectivement de son identité. Par conséquent, il parviendra à une identité qui lui soit propre. Cela sous-entend qu'il est en mesure de se différencier des autres, de prendre ses distances par rapport aux normes établies, aux valeurs véhiculées par ses différents milieux de vie et aux pressions de toutes sortes.

3.1.6.- Intimité versus Isolement

Une fois que l'individu a acquis son identité, il est prêt à aborder le stade suivant, à travers lequel il va s'engager dans des relations plus authentiques avec d'autres personnes. Dans la perspective d'Erikson, cette phase s'étend sur la période allant de 18 à 20 - 30 ans. Il s'agit du stade du jeune adulte.

Il convient de préciser que pour d'autres auteurs comme Cattell, ces deux étapes se fusionnent pour ne former qu'une seule. Pour ces auteurs, cette période correspond à l'une des trois phases de l'adolescence, à savoir la période de post-adolescence. C'est au cours de cette période que les choix de vie commencent par se concrétiser. Lors de cette période, l'individu commence par prendre le vrai sens de l'amour, procède à l'apprentissage d'une profession et se lance même sur le marché du travail. Plus que jamais, l'individu a besoin de développer sa confiance en lui-même et en autrui, ce qui lui permettra d'être optimiste ; son autonomie afin de n'être pas manipulé ; son esprit d'initiative pour pouvoir faire face aux difficultés et défis qui peuvent se présenter dans la vie sans baisser les bras ; une capacité de créativité en vue de mettre en exergue ses compétences.

Pour entrer dans cette intimité, l'adulte a besoin d'avoir acquis préalablement son identité. C'est celle-ci qui va lui permettre d'être en mesure d'établir des relations avec d'autres sans s'ébranler. L'intimité se voit sous deux aspects. Il s'agit d'une intimité avec soi-même et avec les autres. L'une ne va pas sans l'autre85(*). Sinon ce serait une fausse intimité. On ne peut pas penser avoir de bonnes relations avec les autres sans être en mesure d'établir de meilleures relations avec soi-même. Car selon le dicton : ``Celui qui est capable de se connaître est capable aussi de connaître les autres''. Une personne qui ne tient pas compte de ses propres besoins à travers ses relations avec autrui devient un danger même pour son entourage. Ceci constitue un signe d'une faible estime de soi.

La gamme de relation de l'individu prend une plus grande dimension. Elle englobe les amis, les partenaires sexuels, les relations de coopération et de compétition. L'homme a toujours besoin de quelqu'un avec qui partager son vécu et son émoi. L'existence humaine en soi se constitue dans la mutualité et dans l'intersubjectivité86(*).

A l'instar des autres périodes, la non-résolution de cette crise donnera lieu à de l'isolement. Au lieu de s'approcher des autres en développant avec eux une relation cordiale et mutuelle, l'individu aura tendance à les fuir pour se réfugier dans son tour d'ivoire. Il peut même arriver que l'individu s'isole psychiquement en développant physiquement des relations à autrui. De plus il peut choisir de ne développer qu'une relation à deux en vue d'éviter d'aborder l'étape de la crise la générativité.

3.17.- Générativité versus Stagnation

Dans la perspective d'Erikson, c'est la période la plus longue dans le cours du développement de l'individu. Elle s'étend de 30 - 65 ans. A ce stade la gamme des relations de l'individu s'étend vers d'autres générations. L'adulte fait face à ses responsabilités en tant que père ou mère. Erikson caractérise la générativité par l'intérêt pour la génération suivante et son éducation87(*). Un compromis doit se produire entre les intérêts de l'individu et celui de ses descendants. La préoccupation du bien-être de ses enfants et des autres devient donc le principal souci de l'individu à cet âge. Bon nombre de ses actions ne visent que la satisfaction des besoins de ses progénitures. Bref, un souci constant de réalisation des projets au profit du bien être de l'humanité est conçu comme une composante constante dans la vie de l'adulte d'âge mûr. La générativité ne se limite pas à la capacité physiologique de l'individu à donner naissance à d'autres êtres, mais elle implique avant tout l'attention que l'on porte aux générations montantes. C'est dans cette perspective qu'Erikson inclut la procréativité, la productivité et la créativité dans la générativité88(*).

Dans le cas où les crises des étapes subséquentes du développement de l'individu n'ont pas été résolues de manière positive, au lieu de travailler au bien être des autres tout en tenant à satisfaire ses propres besoins, d'innover en certains secteurs, l'individu peut être amené à adopter un comportement de repli sur soi, voilà ce qu'on traduit par la stagnation. Par conséquent, il peut même développer une tendance à tout attendre des autres. Au lieu d'assumer ses responsabilités, on peut constater à travers le comportement de l'individu une attitude de laisser-aller et de laisser-faire. Les relations interpersonnelles de l'individu vont en subir.

3.1.8.- Intégrité versus Désespoir

C'est la dernière phase du cycle du développement normal de l'individu. Car bon nombre de personnes n'ont pas vraiment la possibilité de traverser toutes les phases du cycle de vie, surtout de traverser la barre de la soixantaine. La façon dont l'individu aura à vivre cette période dépend de la manière dont il a vécu les sept autres étapes de son développement psycho-social. D'ailleurs c'est le moment pour l'individu d'établir le bilan de sa vie puisqu'il réalise qu'il avance vers la fin de ses jours. De ce bilan, il va aboutir à une conclusion. C'est la perception de ce bilan qui le permettra d'arriver à l'intégrité personnelle ou de se laisser aller à un sentiment de désespoir.

L'intégrité se traduit par l'acceptation de son seul et unique cycle de vie comme quelque chose qui devait être et qui ne permettrait pas de changement89(*).

3.2.- DE LA CRISE IDENTITAIRE À L'ACQUISITION DE L'AUTONOMIE

L'individu se socialise et construit son identité par étapes, au cours d'un long processus qui s'exprime fortement de la naissance à l'adolescence et se poursuit à l'âge adulte. L'adolescence est considérée comme la période charnière de la construction de l'identité. L'identité ne s'acquiert pas sans avoir consenti d'énormes sacrifices. Pour atteindre son identité l'individu est appelé à s'opposer à un ensemble de normes juste pour établir son propre système de valeurs. Il parviendra à se situer dans la société par rapport à ce qu'il est, ce qu'il peut réaliser et ses limites. Chez l'adolescent, les tentatives d'établissement d'un sentiment d'identité personnelle se caractérisent surtout par l'élaboration d'un code moral, un ensemble de principes servant à guider ses actions individuelles et à juger son comportement et celui des autres90(*).

A l'adolescence, l'individu commence par manifester une tendance à s'affirmer et à se révéler autonome. Avant cette période, l'enfant ne fait que se conformer aux exigences des parents et d'autres adultes, il n'a pas encore pris de manière formelle sa distance juste pour définir ses besoins, ses priorités et ses modalités d'action. C'est bien au cours de l'adolescence que l'individu commence par faire ses choix en fonction de ses aspirations et idéaux.

Les expériences des années de l'enfance jouent un rôle primordial dans la construction de l'identité de l'individu. Il faut comprendre que l'identité ne peut pas s'acquérir si l'individu n'est pas en mesure de faire preuve préalablement de l'autonomie. Tandis que celle-ci ne peut pas se développer en absence de la confiance fondamentale. Ceci nous permet de comprendre que les différentes périodes du développement de l'individu sont reliées entre elles. Pour la croissance même de l'autonomie, une confiance primitive solidement développée est nécessaire. Selon Erikson, l'enfant doit être parvenu au point où il est sûr que sa foi en lui-même et en le monde ne sera pas mise en danger par son violent désir d'obtenir ce qu'il a choisi, de prendre possession selon ses exigences et de rejeter avec entêtement91(*). Ainsi la construction autonome de l'identité se fait dans une perspective dynamique. Celle-ci s'effectue à travers le rapport d'adhésion ou de rejet que l'individu fonde avec ses groupes d'appartenance.

La résolution de la crise identitaire sous-entend que l'individu atteint la maturité nécessaire pour pouvoir se situer à travers une relation. Bref, l'individu devient donc un être autonome. L'autonomie sous-entend que l'individu est capable de prendre vraiment le risque de s'affirmer tel qu'il est: avec ses propres expériences, ses besoins, ses émotions, ses valeurs. Par conséquent, au lieu d'accorder trop de valeurs à ce que les autres attendent de lui, il accorde beaucoup plus d'importance à ses expériences et à ses besoins. L'approbation de son entourage n'a pas un poids trop considérable pour ce qui concerne les décisions qu'il a à prendre. L'individu autonome c'est celui qui est en mesure d'adopter un comportement qu'il peut assumer.

Il faut éviter de confondre l'autonomie avec l'indépendance. Le fait pour un individu d'être autonome ne signifie pas qu'il peut faire tout ce que bon lui semble sans tenir compte d'aucune restriction. Sinon, on aurait parlé de libertinage. L'individu autonome peut toujours tenir compte des principes et des normes établis. Ce qui va traduire son autonomie ce sont les motifs avancés pour expliquer l'adoption d'un comportement donné. On peut adopter un comportement par rapport à des principes véhiculés par ses groupes d'appartenance, mais l'essentiel c'est de réaliser que telle manière d'agir va à son profit. Par exemple, on ne peut pas parler de comportement autonome pour un jeune qui fait quelque chose dans le seul but d'avoir l'approbation de ses parents ou de ses amis, du moins pour ne pas être exclu d'un groupe d'appartenance. On doit donc être en mesure de pouvoir se situer au juste milieu. C'est dans cette perspective que Larivey a avancé ce qui suit : ``Ce n'est donc pas en niant notre dépendance ou en évitant de nous affirmer pour minimiser les risques que nous pouvons évoluer vers l'autonomie''92(*). Le comportement autonome sous-entend que l'on accepte de faire quelque chose après avoir réfléchi préalablement aux conséquences qui peuvent en résulter. L'individu autonome c'est celui qui est en mesure de faire une évaluation juste d'une situation avant de prendre la décision qui s'impose.

L'autonomie peut avoir plusieurs dimensions et intervient dans divers domaines du fonctionnement de l'humain. C'est ainsi qu'on pourrait parler de l'autonomie vocationnelle, financière, idéologique et décisionnelle. On entend par autonomie vocationnelle le fait pour l'individu d'être en mesure de choisir une carrière professionnelle en fonction de ses aspirations et de ses buts. Tandis que l'autonomie financière se réfère surtout à la capacité de l'individu de subvenir à ses besoins matériels sans qu'il n'y ait pas à trop attendre des autres. L'autonomie idéologique c'est le fait pour l'individu d'émettre ses opinions sans avoir à penser au jugement des autres. L'autonomie décisionnelle pour sa part se réfère à la capacité de l'individu de prendre personnellement des décisions importantes concernant sa vie.

Par rapport à notre sujet, l'autonomie décisionnelle revêt une très grande importance pour nous. D'ailleurs parler de comportement sexuel autonome revient à aborder la capacité du sujet à prendre des décisions importantes concernant sa vie sexuelle. Pour que l'on puisse parler de comportement sexuel autonome, il est indispensable que l'individu ait la capacité de choisir le comportement sexuel qu'il doit avoir en tenant compte de sa propre réalité. L'abstinence tout comme un comportement sexuel actif, avec ces différentes manifestations, devrait refléter l'engagement personnel de l'individu. En dépit du fait que d'autres éléments peuvent expliquer le choix de l'individu, ce comportement ne doit jamais être en contradiction avec ses besoins réels et son idéologie.

Pour quelqu'un ayant une vie sexuelle plus ou moins active, il est important qu'il soit en mesure de négocier ses relations sexuelles, c'est-à-dire se mettre d'accord avec son partenaire sur les conditions à travers lesquelles il pourrait consentir à avoir des relations sexuelles ainsi que sur les limites à respecter. Toutefois certains facteurs peuvent contribuer à diminuer l'autonomie de l'individu par rapport aux décisions à prendre en matière de la sexualité. C'est à ce niveau que la situation socio-économique peut influer sur le comportement sexuel de l'individu. Par conséquent le manque ou l'absence de l'autonomie sur le plan financier peut entraîner une diminution de l'autonomie de l'individu sur le plan décisionnel et ainsi affecter sa capacité à se situer sur le plan sexuel en fonction de sa propre réalité et de ses prédispositions personnelles pour le moment.

* 74 Houde, René, Les temps de la vie, préface de J. Linguirand, 2e édition, Gaëtan Morin, Québec, 1991, page 48.

* 75 Erikson, Erik, Adolescence et Crise: La quête de l'identité, Flammarion, Paris, 1972, page 98.

* 76 Erikson, Erik, Enfance et société, 2e édition, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1966, page 171.

* 77 Cloutier, Richard et Renaud André, Psychologie de l'enfant, Gaëtan Morin, Québec, 1990, page 19.

* 78 Erikson, Erik H., Adolescence et Crise : La quête de l'identité, Flammarion, Paris, 1972, page 113.

* 79 Idem.

* 80 Houde, René, Les temps de la vie, préface de J. Linguirand, 2e édition, Gaëtan Morin, Québec, 1991, page 59.

* 81 Tordjman, Gilbert, Réalités et problèmes de la vie sexuelle - Adolescents, Hachette, Paris, 1978, pages 81,82.

* 82 Godhalber, Dale, Psychologie du développement, éditions Etudes Vivantes, Québec, 1988, page 172.

* 83 Houde, René, Les temps de la vie, préface de J. Linguirand, 2e édition, Gaëtan Morin, Québec, 1991, page 60.

* 84 Erikson, Erik H., Adolescence et Crise : La quête de l'identité, Flammarion, Paris, 1972, page 162.

* 85 Houde, René, Les temps de la vie, préface de J. Linguirand, 2e édition, Gaëtan Morin, Québec, 1991, page 61.

* 86 Idem, page 67.

* 87 Erikson, Erik, Enfance et société, 2e édition, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1966, page 179.

* 88 Erikson cité par Houde, René, Les temps de la vie, préface de J. Linguirand, 2e édition, Gaëtan Morin, Québec, 1991, page 68

* 89 Erikson, Erik, Enfance et société, 2e édition, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1966, page 179.

* 90 Godhalber, Dale, Psychologie du développement, éditions Etudes Vivantes, Québec, 1988, page 268.

* 91Erikson, Erik H., Adolescence et Crise : La quête de l'identité, Flammarion, Paris, 1972, page 113.

* 92 Larivey, Michelle, "La conquête de l'autonomie", Magazine électronique ``La lettre du psy'', vol. 5, no 2, février 2001.

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