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Internet à  Touba: approche géographique des usages du réseau dans les cybercafés de la ville

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par Paul Marie Benoit Mamadou DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE MAITRISE

THEME :

INTERNET A TOUBA : APPROCHE GEOGRAPHIQUE DES USAGES DU RESEAU DANS DES CYBERCAFES DE LA VILLE

Présenté par :  Sous la direction de :

Paul Marie Benoît M. Papa SAKHO

Mamadou DIOUF Maître - Assistant

Année académique : 2008 - 2009

REMERCIEMENTS

Tous nos sincères remerciements :

A mon Directeur de recherche Mr. Papa SAKHO ainsi qu'au Docteur Ibrahima Sylla. Sans leurs conseils et leurs suggestions mais surtout leur disponibilité et leur patience, ce travail ne verrait jamais le jour.

A mes parents. Aucun mot ne saurait exprimer tout l'amour que je ressens pour eux. Que ce travail les honore !

A mes frères et soeurs. Je suis conscient de leur soutien et leur souhaite la réussite dans toutes leurs entreprises.

A mes tantes, oncles, cousins (spécialement Idy qui m'a beaucoup aidé dans la confection des cartes) et cousines.

A la famille Mbaye depuis Cambérène, pour m'avoir accueilli et considéré comme un des leurs.

A la famille Diop depuis Touba pour leur hospitalité.

A tous mes camarades de promotion (David, Bineta, Milane, Khaiba, Médoune, Aziz...) pour votre soutient moral.

A mes tous mes amis (Cheikh, Jules, Omar, Junior, Laye, Niang, Ndame, El Hadj, Abdou, Makhfouss, Mara, Awa Cissokho, kébé, Abou Dème...) pour leur aide lors des enquêtes.

A tous ceux qui me sont chers et que j'ai peut-être omis de citer.

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS

AOF : Afrique Occidentale Française

ADSL : Asymetric Digital Subscriber Line (Ligne d'abonné numérique asymétrique)

ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

ARTP : Agence de Régulation des Télécommunication et des Postes

CAUS : Cabinet d'Architecture et d'Urbanisme du Sénégal

CR : Communauté Rurale

CRODT : Centre de Recherche Océanographique de Dakar - Thiès

Enda : Environnement et développement en Afrique

FAI : Fournisseur d'Accès à Internet

FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines

FST : Facultés des Sciences et Techniques

GERAD : Groupe d'Etude, de Recherche et d'Aide à la Décision

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

TIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ORSTOM : Institut français de Recherche pour le développement en coopération

(actuellement Institut de Recherche pour le Développement - IRD.)

OSIRIS : Observatoire sur les Systèmes d'Informations, les Réseaux et les Inforoutes au

Sénégal

PDU : Plan Directeur d'Urbanisme

PLD : Plan Local de Développement

PNUD : Programme de Nations Unies pour le Développement

RIO : Réseau Inter tropical d'Ordinateurs

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SMSI : Sommet Mondiale sur la Société de l'Information

SONATEL : Société Nationale des Télécommunications

UCAD : Université Cheikh Anta Diop

WWW: World Wide Web

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS 1

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS 3

SOMMAIRE 5

INTRODUCTION GENERALE 7

Problématique 9

I - Contexte de l'étude 9

II - Justification du choix du sujet et du cadre d'étude 11

III - Position du problème de recherche 13

Méthodologie 22

I - La recherche documentaire 22

II - Le travail de terrain 24

III - Le traitement et l'analyse des données 28

PREMIERE PARTIE : TOUBA, UNE VILLE RELIGIEUSE EN MUTATION 30

Introduction 30

Chapitre I : Situation géographique et fonctions de la ville de Touba 31

I- Situation géographique 31

II - Les fonctions de la ville 33

Chapitre II : Données démographiques et principaux secteurs d'activités de la ville 38

I- Données démographiques de la ville 38

II- Les principaux secteurs d'activités 42

DEUXIEME PARTIE : LES CYBERCAFES, DES ESPACES ACCESSIBLES ET PEU FREQUENTES 44

Introduction 44

CHAPITRE I : APPROCHE DESCRIPTIVE DES CYBERCAFES 45

I- Localisation spatiale des cybercafés 45

II- Caractéristiques et activités des cybercafés 46

III- Profil des gérants des cybercafés 52

CHAPITRE II : LES MODALITES D'APPROPRIATION DES CYBERCAFES PAR LES POPULATIONS 54

I- Les motivations de fréquentations des cybercafés par les populations 55

II- Jours et moments de fréquentation des cybercafés par les populations 56

III- Durée de la connexion et fréquence de visite des cybercafés 57

IV- Difficultés liées à l'accès et à l'utilisation d'Internet dans cybercafés 58

V - Appréciation du niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés 61

TROISIEME PARTIE : LES USAGERS ET LES USAGES D'INTERNET 64

Introduction 64

Chapitre I : Les usagers 65

I- Caractéristiques sociodémographiques des usagers 65

II-  Les modalités d'utilisation d'Internet par les internautes 72

Chapitre II : Les usages 75

I- Les principaux usages d'Internet 75

II- Internet, le fait religieux et les mutations urbaines 89

CHAPITRE III : PERCEPTION D'INTERNET PAR SES USAGERS 98

I- Les avantages d'Internet selon les usagers 98

II- Les inconvénients d'Internet selon les usagers 99

CONCLUSION GENERALE 102

BIBLIOGRAPHIE 107

LISTE DES TABLEAUX 114

LISTE DES FIGURES ET CARTES 115

LES ANNEXES 116

TABLE DES MATIÈRES 122

INTRODUCTION GENERALE

Le dernier quart du XXe siècle fut marquée par une série d'innovations scientifiques majeures dans le domaine surtout de l'électronique. C'est au lendemain de la seconde guerre mondiale, plus précisément dans les années 1950, que furent notées les premières percées scientifiques avec notamment la mise au point des puces, c'est-à-dire « des circuits intégrés comportant plusieurs milliers de transistors »1(*), marquant ainsi les débuts de la microélectronique. De ces innovations scientifiques sont nées de Nouvelles Technologies d'Information et de Communication, TIC qui se présentent comme un ensemble varié de produits, de services et d'applications qui sont utilisé pour produire, stocker, traiter, distribuer et échanger l'information à l'échelle planétaire

Au Sénégal, l'introduction d'Internet s'est faite en 1996, suite à la libéralisation du secteur nationale des télécommunications. L'évolution du nombre d'usagers de cette technologie de son introduction au pays à aujourd'hui traduit bien le réel engouement dont il fait l'objet dans ce pays. De nombreux travaux de recherche universitaires ont été menés en vue de mieux comprendre quels sont les enjeux qui découlent de l'appropriation des TIC, Internet en particulier par les populations sénégalaises. En 2001, Thomas Guignard se consacrait ainsi aux usages qui sont faits de ce réseau par des internautes sénégalais dans les cybercafés. Son étude a révélé une extraversion de ces internautes, perceptibles à travers les principaux usages qu'ils font du « réseau des réseaux » et aussi la production de contenu. En effet, cette étude démontre que la plupart de ces sénégalais ne communiquent qu'avec d'autres internautes établis à l'étranger, surtout dans les pays occidentaux. En outre les principaux types d'informations qu'ils recherchaient dans ce réseau ne portaient que sur des faits se déroulant dans ces pays. Mais cette extraversion constatée par T. Guignard est, dans une certaine mesure, liée à la faiblesse des contenus sénégalais sur la « toile ». En 2005, l'étude du degré d'ouverture de l'espace web sénégalais à travers l'analyse des liens hypertextes menée par El hadj Malick Gueye démontrait que les sites web sénégalais sont pour l'essentiel interconnecté non pas avec des sites africains ou sénégalais, mais avec d'autres localisés en Europe et en Amérique du Nord. D'autres chercheurs se sont penchés sur les effets de ces TIC, Internet en particulier, dans le développent économique et sociale du pays. En 2005, Ibrahima Sylla tentait d'expliquer l'apport de ces technologies dans la mobilité en zone urbaine dakaroise. Dans la même lancée, les travaux réalisés par Aminata Fall illustrent le rôle d'Internet dans la gestion des compétences transférées à la région de Louga, dans le cadre de la décentralisation administrative. D'une manière générale, l'ensemble de ces études a permis de constater que les effets produits par les TIC ne sont pas toujours conformes à ceux que l'on espérait d'elles. En effet même si elles participent à l'amélioration des conditions de vies des sénégalais, il demeure néanmoins que leur introduction dans ce pays soulève un certain nombre de disparités.

Ce présent mémoire s'inscrit dans la même lancée que ces études précitées. Son objectif général est d'appréhender les effets réels de la présence d'Internet dans l'espace de la ville de Touba, fortement encrée dans des traditions socio-culturelles. Dans cette perspective, nous avons subdivisé ce mémoire en trois grandes parties, précédées par une présentation des grands axes de la problématique de recherche et de la méthodologie employée. Dans la première partie, nous procédons à une présentation de notre cadre d'étude, la ville de Touba. La seconde partie étudie les cybercafés visités alors que la troisième traite des caractéristiques des usagers et des usages.

Problématique

I - Contexte de l'étude

Les premières aventures des réseaux de télécommunications électroniques au Sénégal remontent à la fin des années 1980. En 1989 l'Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération (ORSTOM) devenue aujourd'hui l'IRD, avait installé à Dakar un noeud de son Réseau Intertropical d'Ordinateur (RIO). Selon ses créateurs, le RIO est « un programme conçu pour développer la communication de la communauté scientifique des pays en développement avec celle du Nord et non un simple outil de communication interne »2(*). En 1992, l'ONG internationale Enda tiers monde installa aussi un réseau Greenet/Fidonet à son siège de Dakar. Les services fournis par ces réseaux étaient principalement la messagerie électronique et le transfert de fichiers. Toutefois, mêmes si ces deux actions peuvent être perçue comme les premiers pas d'Internet au Sénégal, elles n'ont permis qu'à un public restreint d'avoir accès à cette technologie. Ce n'est qu'en 1996 avec la libéralisation du secteur national des télécommunications qu'Internet fut accessible à un public plus élargi. En effet, c'est au moi de mars de cette même année que la SONATEL (opérateur historique de télécommunication du pays) signa un accord avec MCI, une société américaine de télécommunication, qui permit ainsi au pays de se connecter à Internet via une liaison de 64 Kbps. Sa filiale d'alors Telecom Plus commença à commercialiser l'accès au réseau dès le moi d'avril de la même année. Suite à cette libéralisation et à la commercialisation de l'accès à Internet, de nombreux acteurs du secteur privé ont mis sur pied des cybercafés qui sont des lieux où les populations peuvent utiliser « le réseau des réseaux » moyennant une somme d'argent bien déterminé. En raison des coûts relativement élevés des frais d'accès individuel à Internet, ces cybercafés constituent les principaux lieux d'utilisation d'Internet dans bon nombre de pays sous développés comme le Sénégal. Ces cybercafés participent donc largement à la réduction de la fracture numérique en ce sens qu'ils permettent aux populations les moins aisées d'être des acteurs de « société de l'information ». En outre ils ont largement participé au développement remarquable d'Internet au Sénégal, perceptible à travers la progression du nombre d'internautes sénégalais.

D'après les estimations de 1997, 3 000 à 4 000 utilisateurs d'Internet étaient recensés au Sénégal et 15 000 internautes en 1999. Ces chiffres sont passés à 11 000 abonnés en 2001 et, selon une étude réalisée par Afrique Initiatives, en Janvier 2001, entre 70 000 et 80 000 sénégalais se connectent régulièrement à Internet via les 150 points d'accès publics (cybercafés, télécntres, ...) existants dans le pays3(*). Le nombre d'utilisateurs a accru de 150% entre 2000 et 20014(*). En 2008, le nombre d'utilisateurs était de 820 000 personnes. En 2009, le nombre d'abonnés à Internet s'élevait à 54 182 dont 52 914 à l'ADSL et 1286 au RTC, le nombre de point d'accès c'est-à-dire les cybercafés était de 800, le nombre de sites effectivement en ligne s'estimait à 21415(*). Ces chiffres traduisent l'intérêt particulier accordé à cette NITC dans ce pays. Les autorités étatiques ne ménagent en effet aucun effort pour faciliter aux populations l'accès et l'usage à Internet. Cela se traduit par la mise sur pied d'un cadre juridique et réglementaire propice à l'expansion des TIC, Internet en particulier, au Sénégal. La SONATEL a elle aussi dotée le pays d'une infrastructure de télécommunication performante qui a permis d'augmenter sensiblement la bande passante internationale, c'est-à-dire « la quantité maximale (ou le débit) de transmission des donnés d'un pays vers le reste du monde ». De 64 Kbps dès sa connexion en 1996, le Sénégal disposait en décembre 2000 d'une bande passante à l'international de 42Mbps. « Cela représente le plus gros débit à l'international d'Afrique de l'Ouest. A titre de comparaison, l'ensemble des bandes passantes des 15 autres pays de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) représente seulement un quart de ce débit »6(*). En 2003 grâce au raccordement du pays au câble sous marin ATLANTIS 2, SAT 3-WASC-SAFE, la bande passante était de 512 Mbps. Ce câble « est le seul au monde à relier Nord, Sud, Est et ouest »7(*). Il permet donc d'accroître de manière conséquente la connectivité internationale des pays africains et de jeter ainsi un grand pas vers la réduction de la fracture numérique. En outre, ce câble sous marin à permis à la SONATEL d'introduire au Sénégal l'Internet le haut débit à travers l'ADSL, technologie permettant d'avoir accès à Internet à partir d'une ligne de téléphone fixe. Avec l'ADSL, certains services d'Internet tels que la vidéo en ligne, les catalogues virtuels en 3D, la télévision, la visioconférence via Internet, le télétravail, etc. jusque-là peu accessibles aux sénégalais, seront désormais à leur portée. L'ensemble des efforts déployés par l'opérateur historique de télécommunication et la détermination des autorités étatiques envers les TIC font qu'aujourd'hui le Sénégal est cité en exemple en matière de connexion à Internet. En effet cette technologie y est de plus en plus utilisée par les acteurs politiques, sociaux, culturels, économiques, etc.

II - Justification du choix du sujet et du cadre d'étude

L'espace géographique peut être définie comme «un champ élaboré par le géographe pour formaliser scientifiquement les caractéristiques de l'espace terrestre »8(*). Cet espace terrestre se présente comme une production sociale car il résulte toujours de l'action des sociétés humaines. De ce fait, il est donc une production globale et complexe en ce sens que toutes les dimensions de l'homme sont impliqués dans la construction d'un espace terrestre : l'économique, le social, mais aussi le culturel, le politique et l'idéologique. Suivant l'échelle retenue et le type de sociétés, telle ou telle dimension prend de l'importance.

Ainsi conçu, l'espace géographique concerne tout un ensemble de phénomènes se déroulant au sein l'espace terrestre qu'il englobe et leurs éventuelles modifications ou évolutions, pourvues que celles-ci participent au changement du territoire. L'espace géographique est donc susceptible d'évoluer, de se transformer en ce sens que les groupes humains qui le composent de même que le cadre physique qui en est le soubassement, le support sont eux aussi susceptibles d'évoluer et de se transformer. Selon Jacqueline Beaujeu Garnier, « l'espace géographique est fortement marquée de relativité et, étant composée de données changeantes, il est essentiellement variable et mouvant »9(*). Pour Annie Chéneau Loquay, « un espace géographique n'est pas en soi une donnée, un simple support pour les activités humaines, comme pour les autres sciences ; il est sans cesse utilisé, créé, construit, modifié, transformé par elles selon des modalités très différenciées »10(*).

Depuis quelques décennies, cet espace terrestre vie des mutations dues essentiellement à l'appropriation par les groupes humains qui l'occupe de nouveaux outils de télécommunication. Parmi celles-ci, figure Internet, qui se caractérise par son aptitude à relier simultanément des milliers d'individus géographiquement éloignés au sein d'un espace virtuel où ils peuvent communiquer et s'échanger des informations de natures diverses. Et cet espace virtuel de communication couvert par l'interconnexion mondiale des ordinateurs est souvent appelé cyberespace. De par ces caractéristiques donc, cette TIC modifie les rapports et les relations entre groupes humains mais aussi entre ceux-ci et leur cadre de vie, l'espace terrestre. Largement utilisées et modifiant ainsi les structures de fonctionnement des territoires, ces nouvelles technologies et l'espace virtuel de communication qu'elles créent ne peuvent laisser indifférent la géographie, science dont l'objet d'étude est cet espace terrestre où elles sont déployés et utilisés. Et ce d'autant plus que la fin des distances, la suppression de la notion de frontières, l'annihilation de l'espace sont autant d'effets que l'on attribue à ces TIC (Internet en particulier) et au cyberespace.

C'est du moins pour prendre en compte les dimensions spatiales des TIC que de nouvelles disciplines comme «la géographie de la société de l'information » ou la « cybergéographie » ont commencé à émerger. La première est essentiellement promue par des géographes français pour d'une part renouveler la géographie et d'autre part faire émerger cette question dans le champ disciplinaire. Elle se fixe comme objectif non pas de décrire les modalités de fonctionnement du cyberespace mais, plutôt, « de voir en quoi cet espace cybernétisé se confronte aux autres catégories d'espace (vécus, perçus ou représentés) et qui ne sont pas réductibles à l'espace dévoré par les machines parce qu'ils s'inscrivent dans des temps et des distances sociales »11(*). En outre, cette géographie s'interroge sur « les façons dont les Tics s'intègrent dans les rapports socio territoriaux, dans les formes de territorialité des organisations politiques et économiques »12(*). Quand à la seconde, elle constitue en fait un nouvel inter discipline (à l'intersection de l'informatique, la sociologie, les sciences de l'information, la cartographie, l'urbanisme...) qui regroupe divers efforts pour étudier et représenter Internet et ses espaces sociaux et informationnels. Le géographe Martin Dodge, un des pionniers de cette discipline et fondateur de Cyber-Geography Research et du site cybergeography.org depuis 1997 avec ses Atlas du Cyberspaces, la définit comme « l'étude de la nature spatiale des réseaux informatiques de communication, particulièrement d'Internet, la toile mondiale (World Wide Web) et autres "places" électroniques existant au-delà des écrans d'ordinateur, rendus populaire grâce à la notion de Cyberespace. La CyberGéographie englobe un large ensemble de phénomènes géographiques, depuis l'analyse des infrastructures physiques, les flux de trafics, les démographies des nouvelles communautés du Cyberespace, jusqu'à la perception et la visualisation des nouveaux espaces digitaux. De plus, les impacts géographiques potentiels des technologies du Cyberespace sur le monde réel doivent être examinés ».13(*)

Le choix porté sur ce sujet et par delà sur ce thème s'explique donc par des motivations d'ordre disciplinaire. En tant qu' « apprenti géographe » et à partir des informations dont nous disposons nous avons estimé que ces TIC, Internet en particulier, peuvent faire l'objet d'une étude géographique en général et de géographie urbaine en particulier. Internet est souvent considéré à raison comme un phénomène urbain. S'il en est ainsi, c'est parce que  les villes se présentent comme étant les meilleurs terrains d'expérimentation de nouvelles technologies en ce sens qu'elles présentent les cadres les plus appropriés pour cela (infrastructure, population alphabétisée, niveau de vie...).

Touba est devenue avec ses 1 060 462 millions d'habitants la seconde agglomération urbaine du pays. Le choix de cette ville est motivé par la volonté de diversifier les cadres d'observation de la problématique de l'appropriation d'Internet au Sénégal. En effet la plupart des études portantes sur ce thème ne concernent que la région de Dakar, la capitale nationale. Les localités de l'intérieur du pays sont peu ou pas du tout intégrées dans ces travaux. Et pour mieux saisir la problématique de l'appropriation des TIC à l'échelle nationale, des études portant sur des zones de l'intérieur comme Touba ne peuvent être qu'avantageuses. En plus de cette volonté de diversifier les cadres d'analyse de la problématique de l'appropriation, le choix de cette localité se justifie également par d'autres facteurs non moins importants. Du fait de ses caractéristiques sociodémographiques et des mutations qui y sont en cours, la ville de Touba constitue un cadre idéal pour mieux saisir les mécanismes d'utilisation d'une technologie dont l'écrit est le principal support par des populations analphabètes et le rôle potentiel de celle-ci dans l'évolution d'un territoire quelconque.

III - Position du problème de recherche

L'appropriation des TIC se perçoit dans une certaine mesure à travers les usages qu'en font les populations qui l'utilisent. Elle est donc « une démarche d'intégration d'une grande complexité par laquelle ces populations parviennent à faire leurs ces nouveaux outils et à les adapter à leur besoin »14(*). Dès lors il semble que l'appropriation d'une TIC de même que les usages qu'on peut en faire sont en rapports avec les caractéristiques du territoire dans lequel elle est introduite et utilisée en ce sens que c'est de celles-ci que découlent les besoins des populations. Toutefois l'usage suppose au préalable l'accès et cet accès est corrélé à certains facteurs comme le niveau d'instruction et de maîtrise des outils technologiques, les moyens financiers ou encore la distance au lieu d'accès. En effet, les ordinateurs ont un coût relativement élevé et ce même s'ils sont d'occasion. De même, les accessoires nécessaires à la ce propos, Annie Chéneau Loquay écrit qu' « en Afrique, l'appropriation des NTIC se fait à l'inverse du modèle dominant occidental ; le mode d'accès aux outils de communication est essentiellement collectif étant donné le faible niveau de vie moyen des populations comparé au coût du matériel et de la communication elle-même »15(*). Ce « modèle européen » est basé sur l'accès individuel, c'est-à-dire la possibilité qu'a l'individu d'accéder à cet outil à son domicile. Par contre en Afrique, le mode d'accès aux outils de communications est essentiellement collectif. L'exemple des cybercafés et des télécentres en est une parfaite illustration. Ainsi donc, les cybercafés et autres lieux d'accès collectifs sont les principaux lieux d'accès à Internet car « d'un point de vue strictement individuel, l'accès à Internet est très coûteux et seule une minorité de personnes ont les moyens de disposer d'un ordinateur individuel connecté à Internet »16(*).

D'autre part, « sans la maîtrise des savoirs de bases que sont la lecture, l'écriture et le calcul, il est illusoire de penser que les africains comme les autres hommes pourraient être de véritables acteurs de la société de l'information »17(*), c'est-à-dire des usagers des TIC, Internet en particulier. En effet, les langues vernaculaires du pays, bien que certaines d'entre elles aient été codifiées, ne sont malheureusement pas beaucoup présentes dans les sites web. Ceci est dû en partie à la faiblesse de la production de contenus sénégalais. En 2009 sur les 73 600 000 sites web actifs dénombrés dans le monde18(*), le Sénégal n'en comptait que 2141. Et dans beaucoup de ces sites web sénégalais, les langues locales du pays sont très rarement présentes. Même le wolof qui est pourtant la principale langue de communication du pays est peu ou pas du tout utilisé dans ces sites. La plus part des sites web consulté dans ce pays sont donc conçus ailleurs et dans d'autres langues. De même les ordinateurs et les accessoires qui les accompagnent sont eux aussi conçus, le plus souvent, soit en anglais soit en français. Ainsi donc, Internet se présente comme une technologie dont l'usage requiert à priori un minimum de connaissance comme savoir lire et écrire surtout les langues exotiques. Dès lors on peut se demander quels seront les effets de la présence de cet outil dans une ville comme Touba où le taux d'alphabétisation, en français, atteint une proportion assez faible.

En 2005, 55% de la population de cette ville était analphabète19(*). Toutefois, cette ville dispose également d'une cohorte assez significative d'individus ayant fréquenté ou fréquentant l'école française ou le franco arabe (établissement scolaire où on allie l'enseignement du français à celui de l'arabe). En 2005 la part de ces deux types d'enseignement s'élevait respectivement à 7,18% et 3%20(*). Du coup les usagers d'Internet pourraient être cette frange de la population « toubienne » instruite, parce que disposant des ressources permettant de lire, écrire et comprendre le contenu des pages web et des ordinateurs. Dans ce cas, il y aurait une catégorisation de la société qui opposerait, d'un coté, ces personnes qui ont accès à Internet et qui donc disposent d'une ouverture sur l'extérieur et, de l'autre, ces analphabètes qui ne peuvent utiliser Internet parce que non instruits. Alors Internet serait-elle une technologie qui exclut d'entrée de jeu les illettrés (en ce sens qu'il utilise l'écrit comme support) ? Serait-elle une technologie qui oppose une élite connectée au réseau mondiale et une catégorie de la population non connectée et qui, du coup, reste exclue de la « société de l'information » ? Autrement dit ne pourrait-il pas crée au sein d'une même société deux groupes évoluant dans des mondes divers ? Mais cette difficulté liée à la langue est elle insurmontable ? Les personnes non alphabétisés ne sont elles pas capables de développer des mécanismes leur permettant d'utiliser cette TIC malgré leur statut ? Est-il réellement évident que seuls les alphabétisés, les instruits peuvent utiliser Internet, si on sait qu'il y a de plus en plus d'applications multimédias disponibles dans les sites web ? L'avantage de ce genre d'application est qu'il présente des contenus avec des textes, du son et des images (fixes ou animées) ; ce qui peut permettre, dans une certaine mesure, de contourner les obstacles liés surtout à la langue. Avec ce genre d'application donc les analphabètes de Touba pourraient faire partie intégrante des utilisateurs d'Internet dans cette localité. Qui utilise Internet à Touba ? Les analphabètes ? Cette frange de la population ayant fréquenté ou qui fréquente l'école française ou le franco-arabe ?

L'accès et les usages d'Internet sont également corrélés à d'autres facteurs autres que ceux précités. L'adaptabilité, à savoir « l'adéquation entre d'une part les applications, les services et les contenus offerts et, de l'autre, les besoins exprimés ou latents des utilisateurs »21(*) est également un facteur à prendre en compte. Ces besoins des usagers découlent en grande partie des caractéristiques de leur cadre de vie. La ville de Touba ; « capitale des mourides », se singularise par un taux d'émigration assez soutenu. Dans cette localité, l'émigration remonte au lendemain de la seconde guerre mondiale et a eu pour destination les principaux centres urbains du pays, mais également de la sous région et même de l'Europe et des USA. Avec cette émigration, la relation de proximité entre l'émigré « toubien » et son marabout, sa famille et ses proches restés à Touba est dans un certain sens brisé. Ce qui crée ainsi un besoin d'établir des relations à distance, c'est-à-dire « l'ensemble des formes de liens à la fois économiques, financiers ou sociaux »22(*). L'avènement des TIC, Internet en particulier a sensiblement modifie le paradigme communicationnel des peuples du monde. En effet, avec cette technologie, des individus spatialement distants peuvent entretenir des communications interpersonnelles en temps réel et ce, nonobstant les contraintes temporelles ou naturelles qui rendaient jadis difficile la communication. Des lors, elle se présente comme un excellent outil pouvant permettre aux populations de Touba de maintenir une relation a distance avec sa diaspora et vis versa. Mais en est-il réellement le cas ? Est que les populations de Touba disposent d'assez de ressources pour utiliser à bon escient les applications d'Internet qui servent à communiquer ?

En outre, la technologie Internet, du fait de sa visibilité planétaire et des facilités de communications qu'elle offre, est de plus en plus utilisée par les acteurs traditionnels du secteur du commerce qui y voient un nouveau support de transactions commerciales. C'est donc dire qu'elle offre des contenus compatibles avec les activités des commerçants de la ville, qui représentent 48% de la population active. Toutefois, selon Ndiouma Faye, la plus part de ces commerçants n'a reçu aucune formation en rapport avec l'activité commerciale qu'il exerce. Du coup on peut se demander si cette frange de la population utilise réellement les possibilités que lui offre Internet.

Cette visibilité mondiale et ces facilites de communication font qu'Internet est également massivement utilisée par des communautés religieuses pour ainsi propager leurs idéologies, leurs messages. C'est ainsi que de nombreux dahiras mourides ont conçu des sites web disposant d'applications multimédias et d'outils de communication, dont l'objectif essentiel est de mieux faire connaître Cheikh Ahmadou Bamba, sa vie, sa famille, la confrérie religieuse qu'il a mis en place... A partir de ces sites, on peut effectuer des téléchargements de khassidas (poèmes écrit par Bamba pour louer son Seigneur et son envoyé, le Prophète Mohamed PSL), des images de Bamba ou de membres de sa famille, regarder (en direct ou en différé) des magals ou autres vidéos concernant la confrérie. Il est également possible d'y écouter les messages du khalife général ainsi que ceux des autres khalifes lignagers. D'autres sites web du même genre ont été également conçu par des marabouts mourides (les descendants du fondateur) qui, en plus de « vendre » l'image de la confrérie sur ce nouveau support de communication, l'utilise aussi pour mieux communiquer avec leurs fidèles ou faire leur propre promotion. En plus des mourides, de nombreux autres sites web d'associations religieuses musulmanes permettent de mieux maîtriser les rudiments de la religion islamique en proposant des traductions, en plusieurs langues, de versets coraniques ou des interprétations du message islamique, des cybers fatwa, etc. Cette présence assez importante du fait religieux sur Internet pourrait exercer une influence sur les usages qui sont fait de ce réseau dans une localité où la fonction religieuse occupe une place centrale. Fondée en 1887 par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, cette localité devait être un lieu idéal pour adorer et servir Dieu et son Envoyé Mohamed (PSL) conformément aux recommandations et interdits de ceux-ci. Dans l'ode qu'il a dédiée à sa cité, le fondateur décrit explicitement le type d'hommes qu'ils souhaitent comme « voisin » dans sa localité et ses principales fonctions. D'ailleurs c'est du fait de l'importance de cette fonction religieuse, que les formes de distractions, d'amusements, de divertissements pratiquées dans les autres villes du pays (le football, le cinéma, les jeux, etc.) y sont tous prohibées. En outre, cette ville est gérée et contrôlée par un khalife général qui est un descendant direct du fondateur et qui veille sur le respect de l'orthodoxie. La technologie Internet met a la disposition des internautes de Touba de nombreuses ressources (simple d'accès et gratuits pour la plus part) pouvant leur permettre de mieux s'imprégner des recommandations religieuses et confrériques. Ainsi elle pourrait participer à renforcer et à pérenniser la dimension religieuse de la ville de Touba.

Cependant, cette ville a connue une urbanisation rapide et massive, du fait de son statut d'exterritorialité qui découle de l'importance de sa fonction religieuse. Cette urbanisation a eu comme principal corollaire un affaiblissement de l'autorité du khalife sur la ville. En effet, de par son ampleur, elle ne permet plus à l'autorité maraboutique de pérenniser et d'assurer son contrôle sur l'espace et sur les hommes (Gueye 2002b). Des lors, la présence d'Internet à Touba pourrait aussi participer à renforcer cet affaiblissement de l'autorité du khalife et contribuer ainsi à l'effritement du symbolique et du sacré qui caractérisent tant cette localité. En effet cette TIC propose à ses usagers de nouveaux cadres d'échange, de dialogue, d'expression grâce notamment à son aptitude à relier des personnes géographiquement éloignées (les forums de discussion, les blogs, les sites de rencontre...). Il est ainsi possible de nouer de nouvelles relations (amicales, amoureuses, professionnelle etc.) avec des individus différents d'un point culturel et cultuel. De ce fait il est possible d'évoluer dans un nouveau cadre où il est possible de s'extirper de certaines contraintes qu'imposent soit la société dans la quelle on vit, soit la communauté religieuse à laquelle on appartient. Ainsi, le contact des populations de Touba avec cet extérieur,  avec ces images positives et négatives de sociétés basées sur d'autres logiques, bref l'appropriation de cette TIC par cette population ne peut-elle pas crée des situations nouvelles pas conformes aux exigences sociétales et religieuses qui caractérisent cette localité ? Quels sont les effets réels de la présence d'Internet à Touba ? Va-t-elle renforcer le fait religieux qui caractérise tant cette ville ? Va t- elle exacerbée les mutations en cours dans cette ville ? Dans quelle(s) mesure(s) pourraient-ils les exacerber ?

Objectifs de recherche

L'objectif général de cette étude est d'appréhender, à partir d'une approche géographique des usages d'Internet dans des cybercafés de Touba, les effets réels de la présence de cette TIC dans l'espace de cette ville.

Pour ce qui est des objectifs spécifiques, il s'agit pour nous :

· De dégager les traits caractéristiques des usagers et les modalités d'utilisation d'Internet dans les cybercafés par ces derniers ;

· D'identifier les principaux usages qui sont fait d'Internet dans ces cybercafés de la ville ;

· De voir si le fait religieux a un quelconque rapport avec les usages d'Internet ;

· De voir si l'utilisation d'Internet est toujours liée à certains facteurs comme le niveau d'instruction ;

· De dégager les contraintes liées à l'accès et à l'usage d'Internet dans les cybercafés ;

· De voir à quel (s) niveau (x) Internet, de par ses usages dans ces cybercafés, participe aux mutations urbaines en cours dans cette ville.

Les hypothèses de recherche

Afin de mieux atteindre notre objectif général, nous avons émis quatre hypothèses de bases que sont :

· Internet est une TIC dont l'utilisation requiert au moins un minimum de connaissances telles que savoir lire et écrire les langues exotiques surtout. De ce fait, seuls ceux qui ont fréquenté ou qui fréquentent l'école française ou le franco arabe utilisent Internet dans ces cybercafés de la ville. Ce qui crée une subdivision de la population « toubienne » qui oppose d'un coté ces usagers d'Internet et, de l'autre, les analphabètes qui ne peuvent utiliser cet outil même s'il leur offre de réels avantages.

· Du fait des nombreuses facilités de communications qu'elle offre, la technologie Internet est utilisée par les populations de Touba pour établir des relations à distance avec la diaspora mouride.

· Le fait religieux exerce une grande influence sur les usages qui sont fait d'Internet et y occupe ainsi une place centrale. La technologie Internet participe donc à renforcer la dimension religieuse de la ville de Touba.

· Même si elle offre de nombreux cadres ou il est possible de se soustraire des exigences religieuses ou sociétales, la technologie Internet n'est pas utilisée par les internautes « toubiens » pour s'adonner à des activités prohibées dans leur localité. Elle ne participe donc pas à l'affaiblissement de l'autorité du khalife sur le contrôle des hommes et de l'espace de la ville de Touba.

Analyse conceptuelle

La première partie de ce sujet, Internet à Touba, est assez tacite car elle sous entend en effet la présence de cette TIC dans l'espace de la ville de Touba. En outre, il se présente comme le vaste champ d'étude dans lequel s'inscrit ce travail. Internet peut être perçu comme un réseau planétaire interconnectant simultanément des milliers d'individus tout en leur offrant de nombreuses possibilités. Le réseau désigne d'une manière générale un ensemble d'entités, de noeuds, de pôles... inters reliés entre eux et permettant ainsi de faire circuler des éléments matériels ou immatériels entre chacune de ces entités. En informatique, le réseau est perçu comme un « ensemble d'ordinateurs reliés entre eux grâce à des supports physiques et échangeant des données sous formes numériques »23(*). Ces supports peuvent être des câbles sous marin ou terrestres, des fils, des ondes radios ou infrarouge ou des liaisons satellite. En outre, pour communiquer, c'est-à-dire s'échanger des données sous formes numériques, les ordinateurs du réseau se servent de protocoles qui désignent l'ensemble des règles de communication ou encore la langue commune des ordinateurs. De ces définitions, on peut retenir que le réseau Internet est constitué à la fois d'éléments matériels (câble et autre support physiques permettant l'interconnexion des ordinateurs) et abstrait (comme les protocoles de communication). A ces éléments matériels de ce réseau, on peut ajouter les infrastructures permettant d'avoir accès aux possibilités qu'ils offrent (comme les cybercafés et autres lieux d'accès à Internet) et les Fournisseurs d'Accès à Internet, FAI. Dès lors la présence de ce réseau dans territoire quelconque peut être abordée sous différents angles. Les études peuvent en effet porter sur l'historique de ce réseau dans ce territoire, sur les formes d'accès à ce réseau, sur l'appropriation de ce réseau, sur les infrastructures de télécommunication qui permettent le fonctionnement du réseau, sur les actions menées pour faciliter le développement de ce réseau, etc. C'est donc dire qu'en fonctions des objectifs suivis, notre domaine peut être exploré de différentes manières.

En ce qui concerne ce travail, c'est à travers une approche géographique des usages de ce réseau dans des cybercafés que nous tentons autant que faire se peut d'aborder sa présence dans cette ville.

Une approche géographique peut consister en une description, une représentation d'un phénomène (qui est ici le réseau Internet) observé dans un espace géographique donné. Elle peut également consister à comprendre les interactions existant entre le phénomène et l'espace géographique où il est observé. En outre, une approche géographique peut porter sur le phénomène dans son intégralité ou sur un ou plusieurs éléments du phénomène. Ici, l'approche géographique porte sur les usages du réseau, ceux qui l'utilisent et les endroits où ils l'utilisent.

L'usage peut être défini comme « les utilisations particulières qu'un individu ou un groupe peut faire d'un bien, d'un instrument, d'un objet. Si le bien, l'objet ou l'instrument se modifie, usage renvoi à usure, s'il disparaît on parle de consommation et s'il subsiste, usage renvoi à utilisation »24(*). Par usages d'Internet donc, nous entendons les utilisations particulières que les populations de Touba font de ce réseau. Et ces populations qui utilisent le réseau sont les internautes. En outre, Internet est une technologie dont l'usage requiert au préalable l'accès, c'est à dire la ou les possibilité(s) de s'en approcher, de le comprendre, de l'utiliser. De ce fait, on peut retenir que l'accès à Internet peut se faire de différentes manières c'est-à-dire qu'il existe diverses formes d'accès à ce réseau. Parmi celles-ci, figurent les cybercafés qui sont des lieux d'accès publics à Internet et à but lucratif. Ce sont donc des endroits où l'on peut utiliser Internet collectivement et moyennant une somme d'argent bien défini. En outre de plus en plus de cybercafé offre, en plus de cette connexion à Internet, d'autres services payants à leurs clients comme la restauration, la photocopie, le traitement de texte, etc. Les quatre cybercafés de la ville de Touba retenus pour ce travail constituent donc les lieux où allons observer les usages que les « toubiens » internautes font du réseau Internet.

Ainsi, l'approche géographique des usages du réseau dans des cybercafés de la ville de Touba consiste d'abord à identifier et décrire les principaux types usages observés, les usagers (internautes) et le lieu d'accès et, ensuite, à procéder à une lecture spatiale de ces usages.

Méthodologie

Il s'agit ici de dégager l'ensemble des méthodes employées pour mener à bien ce travail. La première étape de notre recherche a été la recherche documentaire. Elle a été suivie d'un travail sur le terrain (enquête qualitative et quantitative) et en troisième lieu, on a procédé au traitement des données obtenues du travail de terrain.

I - La recherche documentaire

Cette recherche documentaire a permis de définir une problématique de recherche et de la circonscrire dans un contexte déterminé. La bibliothèque centrale de l'UCAD (BU), la bibliothèque du Département de Géographie de la FLSH, l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), Enda Doc, le GERAD et Internet ont été les principaux lieux où s'est effectuée cette première étape de notre travail.

L'objectif était pour d'en savoir mieux et plus sur la relation entre les TIC et l'espace, sur les enjeux de l'appropriation de ces TIC pour les pays africains, le Sénégal en particulier de même que sur la problématique de l'accès et de l'usage de ces nouveaux outils de communication dans ces pays. En outre, cette recherche documentaire devait également nous permettre de mieux connaître notre cadre d'étude, Touba et la technologie sur laquelle porte cette étude, Internet.

La relation entre ces TIC et l'espace, question la plus digne d'importance pour un géographe, a intéressé pas mal d'auteurs (Emmanuel Eveno (1997 & 2004), Annie Chéneau Loquay (2007) ainsi que la revue NETCOM25(*)). Les travaux de ceux-ci consacrent donc l'intégration de ces TIC dans le champ d'étude de la Géographie. Les publications d'Olivier Jonas (2000), d'Eric Bernard (2003), de Matthew Zook, d'Henry Bakis (2004) et de Sylla (2004) s'inscrivent tous dans cette même dynamique. D'une manière générale, ces auteurs tentent d'analyser les effets spatiaux qu'induisent les usages de ces TIC, leur déploiement dans un territoire donné et les rapports entre l'espace virtuel de communication qu'elles génèrent et l'espace physique, concret.

Pour ce qui est du Sénégal, ces TIC on fait l'objet d'une riche et savante littérature. Les travaux de Sylla (2004) nous ont servis de repère et de balises. Ils traduisent, avec ceux de Caroline Duleau, de Thomas Guignard (2003 & 2008) et ceux d'Aminata Fall (2006) l'importance que le monde de la recherche universitaire accorde aux problématiques que soulève ces TIC, Internet en particulier, au Sénégal. D'autre part, les travaux d'Olivier Sagna (2001 & 2008) ont servis de base à presque toutes les recherches concernant les TIC au Sénégal. Ce dernier retrace l'évolution de ces outils de leur introduction jusqu'au stade d'alors, en identifiant les principaux acteurs concernés et leur rôle. Cheikh Gueye (2002a) s'est intéressé à la communauté mouride pour tenter de comprendre comment celle-ci s'est appropriée ces TIC et comment elle est parvenue à en faire des instruments de conquêtes de nouveaux espaces. Son étude nous a été d'un grand apport dans l'élaboration du problème de recherche. Elle fait partie, de même que celui de Sagna (2002), de la dizaines d'articles qui composent l'ouvrage coordonné par Momar Coumba Diop (2002)26(*) qui a pour ambition de faire des TIC un baromètre pour caractériser le Sénégal contemporain et renseigne sur les mécanismes selon lesquels les entreprises, l'administration et la société sénégalaise s'approprient des technologies initialement conçues dans d'autres contextes.

La littérature disponible sur la localité de Touba et nombreuse et d'accès facile. Cheikh Gueye (2002b) procède à une analyse détaillée du processus d'urbanisation de cette localité. En outre, ce spécialiste en Géographie urbaine s'est également oeuvré à expliquer la particularité de cette ville qu'il appelle la capitale des mourides. Cheikh Tidiane Sy (1964) retrace dans on ouvrage le contexte et les péripéties de la fondation de cette ville et de la confrérie mouride par Cheikh Ahmadou Bamba. Quant à Cheikh Abdoulaye Dièye, il identifie et analyse certains signes et symboles de Touba qui lui confère « sa sainteté ». Par ailleurs, le Plan Directeur d'urbanisme de Touba réalisé par le Cabinet d'Architecture et d'Urbanisme du Sénégal, CAUS, en 2005 nous a permis d'avoir des données importantes sur certaines caractéristiques de la population de Touba. Des enquêtes ont été en effet menées dans l'élaboration de ce plan directeur. Le Plan Local de Développement de la Communauté Rurale de Touba Mosquée nous a aussi servie à mieux connaître la population toubienne. Cette recherche documentaire sur Touba a également porté sur des articles consultés le plus souvent sur des sites web conçus par des dahiras mourides et aussi sur de nombreux mémoires de recherches comme ceux de Modou Mbacké Gueye (1987), Ndiouma Faye (2006), Massamba Ndiour.

Pour ce qui est de la recherche documentaire sur Internet, nous nous sommes essentiellement basé sur les ouvrages de Dominique Hoeltgen (1995), François Collin (2001), Manuel Castells (1998) et Samier & Sandoval (1999). Ces livres de même que les nombreux articles consultés en ligne relatent l'historique et l'évolution des TIC en générale et Internet en particulier, les usages qu'on peut en faire et ses principes de fonctionnement. Ils nous permis de mieux connaître certains aspects de cette technologie sur laquelle porte cette étude.

Cette première étape de notre démarche a été beaucoup ralentie par un obstacle de taille. Il s'agit de l'accès à certaines sources d'informations. Les ouvrages traitant de la méthodologie de recherche existent certes à la BU, mais sont d'accès très difficile. Ils nous fallu des mois pour en trouver un. En outre, au niveau de l'agence Sonatel de Touba Mosquée, les agents se sont montrés assez restrictifs par rapport à nos questions. Aucune information n'a été obtenue d'eux.

II - Le travail de terrain

Elle a été la seconde étape de ce travail et a consisté à collecter les informations qui devaient nous permettre d'atteindre les objectifs poursuivis par ce mémoire. Elle s'est déroulée en trois phases : l'élaboration des outils de collecte d'informations, les enquêtes proprement dites et le traitement et l'analyse des données.

1. L'élaboration des outils de collectes d'informations

Les guides d'entretien, les questionnaires et les grilles d'observation ont été les trois principaux outils dont on s'est servis pour la collecte des informations.

1.1 Les guides d'entretien

Deux entretiens ont été réalisés durant ce travail. Le premier s'est fait avec M. Olivier Sagna et le second avec M. Cheikh Gueye. Le premier, O. Sagna fait partie des premiers chercheurs sénégalais à s'intéresser aux TIC. Il est auteur de plusieurs publications parmi lesquelles, « Les technologies de l'information et de la communication et le développement social au Sénégal : un état des lieux » se présente comme une source de documentation incontournable pour tout chercheur qui travaille sur les TIC au Sénégal. Cet entretien a porté sur deux principaux thèmes que sont :

· La géographie des TIC au Sénégal c'est-à-dire la répartition spatiale des infrastructures et des usagers dans ce pays ;

· La problématique de l'accès et des usages d'Internet par les populations du pays ceux de Touba en particulier

Le second entretien s'est fait avec Cheikh Gueye, Docteur en géographie et auteur de plusieurs études portants sur la ville de Touba (cf. bibliographie). Notre entretient avec lui a porté essentiellement sur :

· Les caractéristiques socio démographiques de la ville de Touba

· Les enjeux des usages d'Internet dans cette localité

1.2. Les questionnaires

Les questionnaires ont étés confectionnés avec le logiciel de traitement de données Sphinx. Les questions sont de trois types : fermée unique, fermée multiple, et ouverte texte. Dans les deux premiers, des modalités de réponses sont proposées. Mais dans le premier cas, l'enquêté ne peut choisir qu'une seule de ces modalité alors que dans le second cas, il lui possible d'en cocher plusieurs (le nombre de modalités qu'il lui est possible de choisir lui sera notifié dans la fenêtre de définition de la question). Dans le troisième type de questions, aucune modalité n'est proposée au répondant qui est ainsi libre de donner autant de réponse qu'il veut. Pour les questions ouvertes et fermées multiples, les réponses recueillies sont donc supérieures au nombre d'individus interrogés.

Nous avons confectionné deux questionnaires, l'un pour les usagers d'Internet et l'autre pour les gérants (es) des cybercafés.

Le questionnaire aux usagers compte 37 questions qui se répartissent en cinq parties. Dans la première (composée de 10 questions), on essai de dégager le profil des usagers en nous basant sur l'âge, le sexe, la situation matrimoniale, le niveau d'instruction, l'activité professionnelle, le revenu et la ou les langue(s) parlée(s) et écrits. Dans la seconde partie de ce questionnaire (composée également de 10 questions), nous essayons d'identifier les principaux lieux d'accès public à Internet et d'en savoir plus sur les modalités de fréquentation de ces lieux par les internautes « toubiens ». En outre dans cette partie, nous essayons de voir si parmi les usagers dans les cybercafés, ils y en ont qui ont un budget réservé uniquement à l'usage d'Internet et quel est le montant de ce budget. La sixième question de cette partie, nous permettra de savoir si Internet était utilisé (et qui l'utilisait) à Touba avant le démarrage de l'ADSL au Sénégal il y a six ans. La troisième partie de ce questionnaire ne compte que deux questions qui visent à identifier les contraintes auxquelles sont confrontés les usagers dans l'accès et l'usage à Internet. La quatrième partie (composée de 11 questions) nous permettra de dégager les principaux usages d'Internet, comment ils ont appris à se servir de cet outil, quels sont les sites web qu'ils ne visitent jamais et pourquoi ne les visitent-ils jamais. Elle nous permettra aussi de savoir si Internet a permis à ces usagers de faire la connaissance de nouvelles personnes, quelle est la nature de leur relation avec ces personnes, où habitent ces personnes (au Sénégal ou à l'étranger). Enfin dans la dernière partie (composée de quatre questions), nous recueillerons l'avis personnel des usagers sur Internet (les avantages qu'il lui apporte, les inconvénients qu'il lui trouve...) et sur les tarifs de connexion appliqués dans les cybercafés.

Le questionnaire aux gérants des cybercafés est composé de 18 questions. Il vise principalement à savoir si le gérant contribue à l'utilisation d'Internet par ses clients (à travers notamment une assistance technique qu'il leur offre), d'avoir une idée sur le chiffre d'affaire journalier des cybercafés de même que les autres services qu'ils proposent à part la connexion à Internet.

Après l'élaboration des questionnaires aux usagers et aux gérants des cybercafés, on a procédé à un pré enquête qui était pour nous un test. Celle-ci s'est déroulée dans un cybercafé situé à Diourbel (en face de l'hôpital régional) et dans une autre situé à Cambérène. Ce pré enquête nous a permis de modifier certaines questions, d'ajuster d'autres et aussi de mieux nous familiariser avec le métier d'enquêteur.

1.3. L'observation

L'observation du milieu consiste à porter un regard sur le cadre où se produit un phénomène social afin de recueillir les informations recherchées. Pour ce faire, nous avons fait usage de l'observation directe qui présente l'avantage de nous mettre en contact direct avec notre champ d'étude et particulièrement avec les usagers. Les principaux éléments sur les quels a porté cette observation sont le nombre d'ordinateurs connectés (en marche) dans le cybercafé, leur disposition, le niveau de confort de l'infrastructure (perceptible à travers, son mobilier, son système de ventilation et dans une moindre mesure sa décoration).

2. L'échantillonnage

La taille des échantillons d'internautes et de cybercafés a été largement influencée par la nature de ce présent mémoire. Il s'agit en fait là d'une étude exploratoire ou encore d'une esquisse qui vise à offrir une grille de lecture satisfaisante de la problématique des usages d'Internet au Sénégal, et à Touba en particulier. Le choix du nombre d'internautes interrogés ne s'est donc pas fait en fonction d'une base de sondage constituée de l'ensemble des usagers (ou potentiels usagers) d'Internet de la ville. Et il en est aussi de même pour les cybercafés visités qui sont au nombre de quatre. Le choix de ces cybercafés a été principalement motivé par certaines caractéristiques des quartiers qui les hébergent. Nous avons en effet préféré mener des enquêtes dans des cybercafés situés dans des quartiers peuplés, symboliques et aussi anciens. L'intérêt étant de mieux analyser les usages observés en rapport avec le fait religieux.

L'échantillon de 100 individus a été réparti à ces quatre cybercafés retenus : 25 personnes interrogées par cybercafé. Le choix de ces celles-ci s'est faite par hasard.

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3. Les enquêtes proprement dites

3.1 Les enquêtes qualitatives

Il s'agit là des entretiens que nous avons eus avec M. Olivier Sagna et M. Cheikh Gueye. Le premier a eu lieu le 03 Décembre 2008 au restaurant de l'Amicale des Etudiants de la FST qui se trouve derrière la BU et a duré 27 minutes. Le second s'est déroulé le 26 Novembre 2008 au siège d'Enda à Dakar, sis aux Mamelles. Cet entretient a duré 30 minutes. Ces deux entretiens de types semi directif nous ont été d'un grand apport en ce sens qu'ils nous ont permis de mieux affiner notre problématique de recherche.

3.2 Les enquêtes quantitatives

Celles si sont les enquêtes par questionnaires qui se sont déroulé entre Janvier et Mai 2009 dans quatre cybercafés de la ville de Touba et ont portés sur un échantillon de 100 individus répartie équitablement dans ces cybercafés.

Dans les cybercafés, on a exposé au gérant les motifs de notre visite. A ceux qui ont accepté de nous répondre, on a administré le questionnaire aux gérants des cybercafés. On a également procédé de la même manière avec les usagers. Le choix de ces usagers s'est fait par hasard. On a choisit ceux que l'on trouvait sur place, qu'ils soient garçons, filles, jeunes, adultes... En outre, on attendait qu'ils aient fini de se connecter pour nous approcher d'eux et leur faire part des raisons de notre visite. S'ils acceptent, on leur administre le questionnaire aux usagers. Les enquêtes avec ces usagers de même que celles avec certains gérants se sont fait le plus souvent sous forme d'entretien semi directif et en langue wolof.

La durée de cette phase de notre travail s'explique par les difficultés d'ordres matériels auxquelles on a été confronté tout long de son exécution. Elle s'explique également par le fait qu'il nous arrivait parfois de rester tout une matinée (ou tout l'après midi ou la soirée) sans interroger aucune personne. Et ceci est valable dans tous les cybercafés. La raison est que, contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'y a pas une grande affluence au niveau des cybercafés de Touba. Les clients arrivent en compte goutte comme nous l'a dit un gérant. Sur le terrain on a été à plusieurs reprises confronté au manque de compréhension de certains usagers et gérants. Et pourtant, on a fait de notre mieux pour leur expliquer les raisons de notre visite.

III - Le traitement et l'analyse des données

C'était la dernière étape de notre travail et elle est organisée autour de trois grands points :

· L'exploitation des documents consultés dans la revue littéraire perceptible à travers les notes de bas de pages

· Le traitement des données obtenues des enquêtes quantitatives qui s'est fait avec le logiciel Sphinx. Les résultats obtenus sont présentés sous forme de tableaux statistiques et de figures. Ces figures ont étés réalisées a partir des réponses obtenues des questions ouvertes et fermées multiples. Les tableaux ne concernent les questions fermées uniques.

Le traitement et l'analyse des données obtenues a permis de rédiger ce présent mémoire qui s'articule en trois grandes parties. Celles-ci sont précédées par la revue des grands axes de la problématique de recherche et de la méthodologie employée. La première partie est consacrée à notre domaine d'étude, la ville de Touba. Il s'agit en fait de faire ressortir les principales caractéristiques culturelles et sociodémographiques qui peuvent aider à mieux comprendre la problématique des usages d'Internet dans cette localité. Ainsi, nous allons d'abord essayer de traiter de l'importance de la fonction religieuse dans cette ville et des mutations qui y sont en cours. Ensuite, nous identifierons les traits saillants des habitants de cette ville, notamment ceux qui peuvent permettre de voir si, à priori, ces personnes présentent le profil adéquat pour utiliser la technologie Internet et d'avoir aussi une idée sur les usagers et les usages probables de cette TIC. Dans la seconde partie de notre travail, il est question pour nous d'étudier les cybercafés retenus. Pour cela, nous allons d'abord procéder à une approche descriptive de ces lieux en insistant sur leur localisation spatiale, leur caractéristique, leur activité et le profil de leur gérant. Ensuite, nous nous intéresserons aux modalités de fréquentation de ces lieux par les internautes. Le dernier point de cette partie sera consacré au niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés. L'intérêt étant de mieux apprécier l'appropriation de cette TIC dans la ville. Enfin, la troisième partie de ce mémoire portera sur les caractéristiques des usagers et des usages d'Internet. En premier lieu, nous allons dégager le profil des usagers et les modalités d'utilisation d'Internet dans les cybercafés, ensuite identifier et analyser les principaux usages d'Internet en rapport avec leurs effets potentiels dans l'espace toubien et, enfin, recueillir l'avis personnel des usagers sur la technologie qu'ils utilisent, Internet.

Dans la présentation des principaux services et applications d'Internet utilisés, nous avons essayé autant que faire se peut de ne pas nous substituer aux informaticiens et autres connaisseurs en réseau informatique, même si on a dès fois plongé dans le champ des descriptions techniciennes d'Internet. Pour chaque type d'usage observé, nous l'avons présenté en insistant sur son fonctionnement, les avantages qu'il offre et aussi ses limites.

PREMIERE PARTIE : TOUBA, UNE VILLE RELIGIEUSE EN MUTATION

Introduction

Touba fut fondée en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké « de son nom arabisé Mouhamed Ben Mouhamed Ben Abib Ben Allah »27(*). Ce dernier était un grand ascète et un fervent sunnite. Dans beaucoup de ses Khassidas, il exprime sa foi inébranlable à Dieu et en son envoyé Mohamed (PSL). D'ailleurs, c'est cette dévotion, cette soumission, qui lui a valu le titre de « Serviteur zélé du prophète », Khadim Rassoul.

Dans cette première partie de notre travail nous procédons à une présentation de notre domaine d'étude en insistant notamment sur ses principales caractéristiques sociodémographiques qui peuvent aider à mieux comprendre la problématique de l'usage d'Internet ainsi que les effets potentiels que ceux-ci peuvent induire dans cette localité. Pour cela, nous allons d'abord ressortir les principales fonctions de la ville afin de mieux cerner l'importance de la fonction religieuse dans la ville et les mutations qui y sont en cours. Ensuite, nous identifierons les traits saillants des habitants de la ville ainsi que les principaux secteurs d'activités. Ce qui permettra de voir si, à priori, les populations de la ville présentent le profil adéquat pour utiliser la technologie Internet.

Chapitre I : Situation géographique et fonctions de la ville de Touba

I- Situation géographique

Malgré ses 1 060 462 millions d'habitants, la ville de Touba est toujours considérée, d'un point de vue administratif, comme une Communauté Rurale, c'est-à-dire « un certain nombre de villages appartenant au même terroir, unis par une solidarité résultant notamment du voisinage, possédant des intérêts en commun et ensemble capable de trouver les ressources nécessaires à leur développement »28(*). Celle-ci se nomme Touba Mosquée et compte officiellement 74 villages parmi lesquels celui de touba mosquée est le chef lieu de Communauté Rurale. Située au centre ouest du pays, la CR de Touba mosquée est limitée au Nord par l'Arrondissement de Darou Mousty (Département de Kébémer), au Sud par l'Arrondissement de Kael (Département de Mbacké), à l'est par l'Arrondissement de Dahara (Département de Linguère) et, à l'Ouest, par les CR de Mssirah, Touba Fall et Dala Gabou. Du fait de cette situation géographique assez favorable, la CR de Touba Mosquée est devenue au fil des années un important carrefour commercial par lequel transitent beaucoup de marchandises provenant des villages environnantes mais aussi des autres centres urbains du pays et même de la sous région (cf. carte n° 1).

Cette localité couvre une superficie de 29 995 ha29(*) répartis en13 principaux quartiers que sont : Darou Khoudoss, Gouye Mbind, Darou Miname, Touba Guédé, Touba Mosquée, Keur Niang, Khaira, Guédé Bousso, Samer, Darou Marnane, Ndame, Madiyana, Dianatoul Mahwa et Touba Bagdad.

Ces quartiers se différencient en fonction de leur localisation dans l'espace urbain (cf. carte n° 2). C'est ainsi qu'on distingue les quartiers centraux situés au sein de la rocade comme Darou Khoudoss, Darou Miname, Gouye Mbind et Touba Guédé. Ensuite, on a des quartiers centraux qui ont franchis la rocade. Ces quartiers ont connus au fil des années une remarquable croissance démographique au point qu'aujourd'hui leurs limites s'inscrivent au-delà de la rocade. Il s'agit de Touba Mosquée, Darou Marnane, Keur Niang, Khaira, et Guédé Bousso. Enfin on a les quartiers situés au-delà de la rocade mais qui font partis quand même de l'espace urbain toubien. Il s'agit de Same, Ndame, Madiyana et Dianatoul Mahwa.

II - Les fonctions de la ville

1. Matlaboul Fawzeinie

Les fonctions urbaines permettent dans une large mesure de mieux saisir les spécificités propres à chaque ville. A Touba, celles-ci apparaissent en filigrane à travers une ode ou khassida, Matlaboul Fawzeinie, que Cheikh Ahmadou Bamba a écrit entre 1887 et 1895 c'est-à-dire le temps qu'il a vécut à Touba. Dans ce poème, il formule un ensemble de voeux, de souhaits pour sa localité, Touba. Ce qui fait qu'elle se présente comme une description de la ville et de ces principales fonctions. Pour l'ensemble de la communauté mouride tous ces voeux, souhaits que le marabout a formulé dans ce khassida seront exaucés, s'ils ne sont pas déjà, d'autant plus que lui-même aurait écrit :

« Seigneur, exaucez, et accomplissez mes intentons à Touba, où à cause de vous, des édifices sont réalisés pour vous »

Déjà lors de son sermon à l'approche du Grand Magal de 1979, Serigne Abdoul Ahad Mbacké, Khalife Général des mourides de l'époque le rappelait aux disciples en ces termes :

« Et j'attirerai votre attention que c'est dans la même année que Serigne TOUBA a fondé cette ville, et qu'il composa cette ode; et l'ensemble des voeux qu'Il a formulés pour cette ville figurent dans ce poème et il a lui même affirmé de vive voix que c'est exactement comme il l'a consigné dans l'oeuvre que ALLAH les Lui a Accordés »30(*).

Dans ce khassida, le guide religieux présente d'abord sa cité comme un abri, un refuge où la sécurité et la protection sont garanties. En effet il y formule ces voeux :

« Eloigne de moi et de mes demeures tout ce qui est générateur de disgrâce... »

« Fait de cette cité un espace protégé éternellement ... »

« Fait de ma demeure (ou cité) un lieu de droiture et éloigne de moi tout contrevenant... »

« Eloigne de moi toute personne qui ne tend pas vers Toi... »

« Et fais d'elle une ville qui sort ses habitants de l'obscurité vers la lumière et éloigne là de tout fauteur... »

A travers ces vers, Cheikh Ahmadou Bamba procède à une catégorisation, une filtration des personnes qu'ils souhaitent à Touba. Il écarte ainsi de sa cité les mécréants, les bandits, les malfaiteurs... brefs toute personne qui ne tend pas vers Dieu. Ce qui traduit que pour Bamba, Touba devait être un cadre propice à la méditation, à l'adoration de Dieu et de son Prophète Mohamad (PSL). Et un tel lieu ne pouvait être fréquenté par des gens de mauvaises influences. En outre Touba devait également être pour Bamba une ville bienfaitrice et rédemptrice, c'est-à-dire une cité pleine de lumière, de miséricorde et prospère.

« Et faite de Touba une cité pleine de lumière, de miséricorde, et de richesse, en temps de crise ou en temps d'opulence... »

« Fait mon Dieu que ma cité Touba soit éternellement à limage de son nom, par la grâce du meilleur de tes serviteurs »

« Absous toute personne qui viendrait ici pur me servir et pour me rendre visite » « Absous celui qui élit droit de cité Touba et quiconque s'y rend en signe de piété, de leurs péchés les premiers et les derniers... »

« Faites éternellement de sa terre un espace de richesse, de sécurité, d'assistance et de félicité... »

« Fait affluer tout ce qui est bien et bien-être et bienfaits du patrimoine des six cotés de la planète vers ma demeure, la localité bénite de Touba, immunise la réputation de ma demeure de toute impureté de ce bas monde et dans l'autre... »

Ces voeux exprimés par Bamba dans cette ode expliquent dans une large mesure la prospérité économique de Touba. En effet même si la ville héberge en son sein une cohorte assez importante de démunis, elle demeure toutefois une zone où l'activité économique, surtout le commerce, est florissante.

Refuge spirituel, espace économique prospère, ville bienfaitrice et rédemptrice, Touba apparaît également dans Matlaboul Fawzeinie comme un pôle religieux et scientifique.

« Accorde-moi à Touba une science utile, élevée et de référence, qui va avec la crainte de Dieu »

« Faite de ma cité une cité de miséricorde, de connaissance de Dieu, d'agrément, de sainteté, de vérité, de sécurité, de sunna, de protection contre le bida'a et éternellement une références en matière de science religieuse, de religion, et de compréhension, une cité de correction... »

« Faites en une de vos cités préférées sur notre terre et celle du prophète... »

Pour Bamba donc Touba devait être un cadre idéal pour mieux connaître Dieu et la religion musulmane afin de mieux la pratiquée. La Grande Mosquée, l'Université Islamique, la Grande Bibliothèque sont autant d'édifices qui apparaissent comme la concrétisation de la fonction religieuse de Touba exprimée dans Matlaboul Fawzeinie.

Matlaboul Fawzeinie constitue donc un excellent baromètre pour en savoir plus et mieux sur les fonctions originels de la ville de Touba. Par ailleurs, ce poème entièrement dédié à Touba présente cette localité comme un lieu saint et un pôle religieux et scientifique garantissant à la fois la paix, la sécurité, la protection, la prospérité, la rédemption et le bienfait. L'idéal véhiculé à travers ce poème est donc ville propice à l'adoration et à la pratique de la religion musulmane conformément à ses recommandations et interdits. Cette ode met donc en exergue l'importance de la fonction de la ville de Touba

Selon Modou Mb. Gueye (1986), « c'est respectant la sainteté de la ville que les pouvoirs politiques ont renoncé à certains de leurs prérogatives en accordant à Touba un certain nombre de franchises »31(*). Cette franchise est conventionnellement délimitée par la rocade. Au sein de ce périmètre, on ne retrouve aucun service de l'administration publique à part la Poste et la SÉNÉLEC. L'usage de l'alcool, du tabac, les jeux de hasard, le football, le cinéma, les divertissements sont tous également prohibés dans cette zone. En 1986, une « brigade spéciale de police » a été crée et se trouve à l'entrée de la ville. Les services de douanes sont interdits d'accès au sein de ce périmètre et la brigade de gendarmerie ainsi que le groupement national des sapeurs pompiers sont tous situés au-delà de la rocade. L'Etat est donc quasiment absent dans cette ville où c'est le khalife général qui exerce une autorité incontestée et incontestable. Descendant directe de Bamba, le khalife est considéré comme le vicaire de ce dernier sur terre et a pour principale mission de veiller au respect de l'orthodoxie dans la ville. Il incarne donc l'instance où se définissent les stratégies de constructions, d'aménagement et de gestion de la ville.

Cette fonction religieuse de la ville qui lui attribue un statut d'exterritorialité fait d'elle une localité de plus en plus attrayante.

2. Les mutations

Les mutations en cours dans la ville de Touba découlent de son urbanisation rapide et massive, qui s'explique par plusieurs facteurs aussi déterminants les uns que les autres. D'une manière générale, on peut retenir qu'elle est essentiellement due à son attractivité que lui confèrent son statut d'autonomie, le fait qu'on y ait enterré Bamba et ses différents khalifes généraux, et les nombreuses infrastructures modernes qui y sont réalisés dans le cadre de la concrétisation des voeux exprimés dans Matlaboul Fawzeinie. Par ailleurs, cette évolution s'est traduite par une remarquable croissance démographique et spatiale. En effet entre 1958 et 1988, sa population est passée de 2124 habitants à 125 127 habitants, soit un taux de croissance 14,5% par an durant 30 ans. Et cette croissance ne faiblit pas car entre 1988 et 1998 ce taux est passé à 19% environ32(*). En 2005, la population de la ville était de 1 060 462 habitants avec un taux de croissance 31,3%. Cette remarquable croissance démographique s'explique largement par les migrations vers la ville. En effet Touba, du fait de son statut de ville religieuse, de son autonomie attire de plus en plus des populations mourides venues des localités environnantes mais aussi des autres centres urbains du pays. Dans la ville des parcelles d'habitations viabilisées sont gratuitement mis à la disposition des migrants par le khalife général et l'activité économique y est florissante ; ce qui ne fait que renforcer davantage l'attractivité de la ville et susciter ainsi son peuplement. Sur le plan spatial, la surface bâtie de la ville est passée de 575 ha à 3900 ha entre 1970 et 1990, et en 1997 elle était de plus de 12 000 ha33(*).

Touba a donc connue une urbanisation rapide et massive qui ne lui a pas pourtant enlevé son exterritorialité. Ce statut s'est en effet élargi au fur et à mesure que s'agrandissait la ville. Cependant cette urbanisation même si elle a fait de Touba un cadre urbain moderne voire même une métropole, elle a aussi et surtout trahie le projet du fondateur de la ville. En d'autres termes, Touba en s'urbanisant est devenue une ville comme une autre avec des citoyens comme les autres. Ce qui est dans une large mesure contradictoire avec le projet initial de Bamba clairement explicité dans Matlaboul Fawzeinie. En effet, « l'insécurité et le grand banditisme gagnent rapidement du terrain devant l'inexistante d'une police permanente et de tout contrôle. Les sociétés d'assurance fictives, les réseaux de fabrications de faux séjour de voyage ou de permis, les boutiques de médicaments y ont pignon sur rue. Tous les `interdits de séjour' et les évadés de prison vont tout droit à Touba. Les mourides que Cheikh Ahmadou Bamba souhaitaient avoir comme `voisins' ne sont certainement pas ceux là »34(*). Cette remarque de C. Gueye met en exergue l'affaiblissement de l'autorité du khalife général sur le contrôle de l'espace de la ville et de ses habitants. Sous ce rapport, il n'est pas aberrant de dire que la ville vit des mutations qui agissent le plus sur ces structures sociales, les formes de relations traditionnellement établies dans la ville.

Chapitre II : Données démographiques et principaux secteurs d'activités de la ville

I- Données démographiques de la ville

La population réelle de la ville de Touba ne fait pas l'objet d'un consensus général. Cette ville comptait en 2002 463 404 habitants d'après le troisième RGPH du Sénégal. Mais ce chiffre est balayé d'un revers de main par les autorités de la ville. L'argument brandi par ceux-ci semble toutefois assez fondé et légitime. En effet ce recensement a coïncidé avec l'appel du khalife général pour l'exécution des travaux de récolte de son champ de Khelcom. C'est ainsi qu'une bonne partie de la population qui avait répondus à cet appel n'a pu être recensée, parce qu'étant absent du territoire lors de ce décompte. D'ailleurs l'actuelle équipe municipale, sous la recommandation du khalife générale, a commandité un nouveau recensement de la population. Celle-ci n'est jusqu'à présent pas terminé. Mais en 2005, le Cabinet d'Architecture et d'Urbanisme du Sénégal (CAUS), lors de la réalisation du Plan Directeur d'Urbanisme de Touba, avait sondé la population de cette ville à 1 060 462 habitants. Puisque les données du RGPH de 2002 comportent des lacunes et que celui du khalife n'a pas encore abouti, nous avons donc choisi de travailler avec les résultats des enquêtes menées par le CAUS.

1. Répartition spatiale structure de la population

1.1 La répartition spatiale de la population de Touba

La répartition de la population de Touba par quartier est liée à plusieurs facteurs aussi déterminants les uns que les autres. Mais d'une manière générale on peut retenir qu'elle est essentiellement influencée par la fonction ancienne ou actuelle du quartier, l'âge de son insertion dans le tissu urbain, sa localisation, la volonté des populations de cohabiter avec leur guide religieux ou encore sa morphologie.

Sous ce rapport, il n'est point surprenant d'apercevoir des inégalités dans la répartition spatiale de la population « toubienne ». En effet l'examen de la carte n° 1 laisse apparaître que l'essentiel de la population de Touba est concentré dans les quartiers centraux, qu'ils soient intra ou extra rocade. Ces quartiers centraux constituent le noyau originel de la ville et aussi la nécropole de la communauté mouride en ce sens qu'on y retrouve « la plus part des hiérophanies et manifestations dans des objets ou des lieux de la sacralité et de la sainteté insufflés par le fondateur ou ses successeurs à travers leurs actions, leurs gestes et leurs paroles »35(*). C'est ce qui leur confère une attractivité qui suscite ainsi leur peuplement massif.

1.2 Structure de la population

Tableau n° 1 : Répartition de la population selon l'âge et le sexe

Groupe d'âge

Effectif

%

0-20 ans

527 020

49,69%

20-60 ans

476 086

44,89%

Plus de 60 ans

57 356

5,42%

Total

1 060 462

100%

Source : C.AU.S. , P.D.U Touba 2020

La structure de la population toubienne laisse apparaître dans son ensemble la prédominance du groupe d'âge des moins de 20 ans (49,64%), suivi de celui des 20 - 40 ans (44,85%) et, enfin, les plus de 60 ans qui ne représentaient que 5, 42% de la population. L'importance de la tranche d'âge des moins de 20 ans traduit que la ville est en train de vivre la première phase de sa transition démographique caractérisé par une forte natalité (4,01%) et un faible taux de mortalité (0,47%). En outre cette situation s'explique également par la présence dans la ville de plusieurs daaras de grande renommée qui accueillent des enfants venus de toutes les localités du pays. La tranche d'âge 20 - 40 ans qui représentaient 44, 85% de la population toubienne en 2005, révèle l'une des caractéristiques majeures de cette localité. En effet contrairement aux phénomènes observés généralement dans les autres villes (Dakar, Thiès) où la part des adultes est importante, à Touba cette tranche d'âge connaît, du fait de la mobilité des talibés, une baisse sensible.

2. Niveau de formation- Taux de scolarisation et d'alphabétisation

Tableau n° 2 : Effectif dans les différents niveaux d'instruction à Touba

Nature de l'enseignement

Effectif (4 ans et plus)

%

Ecole coranique/arabe

369 309

34,82%

Ecole franco arabe

31 898

3%

Ecole française

- Primaire

- secondaire 1er cycle

- secondaire 2eme cycle

- supérieur

- Total

22 723

14 890

24 064

14 537

76 214

2,14%

1,40%

2,27%

1,37%

7,18%

Aucune formation

583 041

55%

Total

1 060 462

100%

Source : CAUS, PDU Touba horizon 2020

L'importance de la fonction religieuse explique dans une certaine mesure la prédominance de l'enseignement coranique/arabe à Touba. En 2005, la proportion des « toubiens » qui avaient reçu ce type d'éducation s'élevait à 34,82%. L'enseignement du français, elle, n'occupait que 7,18% de la population alors que celui du franco- arabe, c'est à dire le français couplé à l'arabe, ne représentait que 3% de la population. La part de ceux qui n'ont reçu aucune formation, c'est-à-dire les analphabètes, représentait 55% de la population. Le faible taux de l'enseignement du français s'explique par le peu d'intérêt que lui accordent les autorités religieuses de la ville. En 1996, le khalife général de l'époque Serigne Saliou Mbacké avait ordonné la fermeture de salle de classes construites par le Ministère de l'Education Nationale. Pour la plupart des mourides, l'école française est assimilée à la civilisation occidentale. Ainsi, fréquenter cette école signifie dans une certaine mesure accepté la civilisation du blanc, sa culture. Or, c'est lui le blanc qui fut le principal persécuteur de Bamba. Le « rejet » de l'enseignement du français s'inscrit donc dans cette logique. Toutefois, ces effectifs de l'école française et du franco arabe, bien qu'ils soient maigres, demeurent assez significatifs malgré leur faiblesse. En effet ils traduisent l'importance particulière que les populations accordent à ces deux types d'éducation. Les effectifs pléthoriques des établissements scolaires classiques présents autour de la ville en sont une illustration nette. En 2007, par exemple, l'école de Ndame comptait 1701 élèves répartis en 24 groupes pédagogiques, soit 70 élèves par classe. Et sont des enfants provenant de la ville de Touba qui fréquentent ces établissements.

D'une manière générale, on peut donc retenir que la ville de Touba se singularise par un fort taux d'analphabétisme. Mais ceci ne devrait guère occulter la part relativement importante de « toubiens » qui ont reçu un enseignement religieux dans les écoles coraniques/arabe. L'enseignement du français, couplé parfois avec celui de l'arabe attire également une certaine frange de la population toubienne.

II- Les principaux secteurs d'activités

En 2005, la population active de Touba s'élevait à 233 341 personnes (dont homme 76% et femme 24%), soit 22% de la population totale. Cette population oeuvrait dans trois principaux secteurs d'activité que sont le commerce (48%), l'artisanat (32%) et l'agriculture (19%). La catégorie « autre » constitue la part flottante de population active toubienne.

Tableau n° 3 : répartition de la population toubienne selon le secteur d'activité

Secteurs d'activités

Effectifs

%

Commerce

112 004

48%

Artisanat

74 649

32%

Agriculture

44 335

19%

Autres

2 333

1%

Total

233 341

100%

Source : CAUS, PDU Touba horizon 2020

La prédominance du secteur du commerce traduit bien l'urbanisation en cours à Touba. A ses débuts, cette localité n'était qu'un village où l'agriculture était la principale activité exercée par les populations. En 1973, elle occupait 53% de la population active. Mais à partir des années 1980, sa part commença à baisser (47% en 1988) pour atteindre 19% en 2005. Cette baisse progressive, même si elle s'explique par une baisse des performances pluviométriques, elle traduit également que « les mourides du business ont progressivement pris la place des marabouts de l'arachide »36(*). Ainsi donc avec l'urbanisation, les activités exercées se sont diversifiées et aujourd'hui, c'est le secteur tertiaire dominé essentiellement par le commerce qui occupe la plus grande partie de la population active de Touba. L'essor de l'activité commerciale dans cette localité s'explique dans une large mesure par sa fonction religieuse, sa situation géographique mais aussi et surtout par son statut d'exterritorialité. L'absence d'une brigade de gendarmerie dans l'espace cerné par la rocade favorise l'écoulement des produits frauduleux. En outre, dans cette zone beaucoup de marchandises ne sont pas taxés. Cette franchise concerne des produits comme les tissus pour l'habillement, les produits pharmaceutiques, les produits cosmétiques, les articles ménagers... Cette situation ne fait que renforcer le dynamisme du secteur. De nombreux acheteurs venant non seulement des localités environnantes mais aussi des autres centres urbains du pays et même de la sous région affluent ainsi vers la ville. Le marché Ocass et les autres marchés de quartiers, la rue marchande ou Avenue 28 (longue de 3km), les centres commerciaux, etc. sont autant de zones de chalandise que compte la ville de Touba.

Le secteur de l'artisanat est également assez dynamique dans la ville. Elle était la deuxième activité exercée dans cette ville en 2005. Ce secteur pourrait largement contribuer à la relance du secteur primaire grâce notamment à la fabrication et à la maintenance des outils agricoles.

Par ailleurs comme dans les autres centres urbains du pays, Touba abrite aussi un secteur privé moderne qui est en pleine émergence. Il est essentiellement constitué par les professions suivantes : le BTP, les services, le transport et communication, et les professions libérales. Le développement de ce secteur illustre l'urbanisation de cette localité.

Toutefois, le caractère informel des principales activités exercées à Touba est à signaler. En 2005, le nombre des actifs du secteur informel s'élevait à 98 800 personnes, soit 42,34% de la population active.

Conclusion : Touba est une ville religieuse où tout est organisé pour répondre à cette fonction spirituelle. Toute activité susceptible de distraire des obligations religieuses ou confrériques est prohibée dans cette ville, fondée en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Même l'éducation classique n'y jouit pas d'un réel enthousiasme car étant considérée comme un vecteur de la civilisation occidentale. Par ailleurs, cette fonction religieuse et l'autonomie de gestion qui en découle d'une part et, de l'autre, l'essor de l'activité économique ont beaucoup contribué au peuplement massif et rapide de cette ville qui est devenue aujourd'hui la deuxième agglomération urbaine du pays avec ses 1 060 462 millions d'habitants. Cette urbanisation remarquable s'est accompagnée de mutations profondes qui agissent sur les modes de fonctionnement de la ville traditionnellement établis. L'autorité suprême de la ville ne parvient plus en effet à pérenniser sa mission régalienne de contrôle sur l'espace et sur les hommes. En s'urbanisant donc, Touba est devenue une ville comme les autres, ce qui est loin d'être conforme avec les souhaits exprimés par le fondateur dans Matlaboul Fawzeinie.

La ville de touba se présente donc comme un cadre idéal pour mieux appréhender la problématique de l'appropriation d'Internet dans une ville religieuse, par des populations analphabètes et aussi les effets de cette technologie dans l'évolution un territoire quelconque.

DEUXIEME PARTIE : LES CYBERCAFES, DES ESPACES ACCESSIBLES ET PEU FREQUENTES PAR LES POPULATIONS

Introduction

Né à l'intersection de la science fondamentale et de la recherche militaire, Internet se présente comme une confédération de réseaux de communication décrétant de façon irrémédiable la fin de beaucoup de contraintes auxquelles se heurtent le paradigme communicationnel des peuples du monde (Sylla 2004). En effet il s'agit d'une technologie qui permet de relier des individus spatialement éloignés au sein d'un réseau (ou monde virtuel) où ils peuvent communiquer et se partager des informations de nature diverses. Ce qui permet ainsi de contourner certains obstacles d'ordre physique ou liés au temps. Et le nombre d'utilisateur de cette technologie témoigne d'un réel enthousiasme dont il jouit auprès des populations. Toute fois les frais d'accès à cet outil demeurent, d'un point de vue strictement individuel, relativement élevés dans bon nombre de pays sous développés, ceux de l'Afrique notamment. C'est du moins ce qui explique la mise sur pied des cybercafés qui sont des lieux d'accès publics et collectifs à Internet et à but lucratif. Au Sénégal, c'est au lendemain de l'adoption du code des télécommunications de 1996, celui là même qui a consacré la libéralisation de ce secteur, que de tels lieux d'accès à Internet ont commencé à s'éparpiller un peu partout sur l'ensemble du territoire national, même dans les localités de l'intérieur du pays comme Touba.

Dans cette deuxième partie, il est question d'étudier les cybercafés choisis dans la ville. Pour cela, nous allons d'abord procéder à une approche descriptive de ces lieux en insistant sur leur localisation spatiale, leur caractéristique, leur activité et le profil de leur gérant. Ensuite, nous nous intéresserons aux modalités de fréquentation de ces lieux par les internautes. Le dernier point de cette partie sera consacré au niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés. L'intérêt étant de mieux apprécier le niveau (ou degré) d'appropriation de cette TIC par les populations.

CHAPITRE I : APPROCHE DESCRIPTIVE DES CYBERCAFES

I- Localisation spatiale des cybercafés

Les cybercafés où se sont déroulées les enquêtes sont donc tous situés dans des quartiers peuplés, assez symboliques et le long d'axes routiers très prisés. Leur emplacement dans ces endroits n'est cependant pas un fait relevant du hasard. Les cybercafés sont des lieux d'accès collectifs à Internet et à but lucratif. Leur ouverture est donc sous-tendue par des motivations d'ordre financières ou économiques. Sous ce rapport, il semble évident que les zones fortement peuplées, où se concentrent la plupart des activités de services seront sans nul doute les plus prisées pour l'implantation d'un cybercafé. C'est donc dire que de forts enjeux spatiaux sont rattachés à ces lieux d'accès collectif à Internet (ou à la « société de l'information »).

II- Caractéristiques et activités des cybercafés

1. Caractéristiques des cybercafés

Tous les quatre cybercafés visités ont été ouvert entre 2002 et 2009 ; ce qui révèle que ces lieux d'accès collectifs à Internet ont existé à Touba bien avant l'introduction au Sénégal de l'ADSL, technologie qui a fortement contribué à la baisse des tarifs de connexion et par conséquent à la massification des usagers de cette TIC. En outre, ces cybercafés présentent des différences caractéristiques perceptibles tant sous leur apparence intérieure qu'extérieure.

1.1 Apparence intérieure des cybercafés

En fonction des moyens financiers dont dispose le promoteur du cybercafé, l'aménagement intérieur de ce lieu est plus ou moins bien entrepris car il participe directement ou indirectement à son attractivité. En effet, le nombre d'ordinateurs connectés, leurs caractéristiques, leur disposition, la disponibilité ou non de certains accessoires comme les micro casque et les webcams, la décoration, le niveau de confort et le débit de la connexion sont autant d'éléments qui caractérisent ces lieux d'accès et qui déterminent leur niveau de fréquentation et d'utilisation

Figure n° 1 : Apparence interne des cybercafés

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Le nombre d'ordinateurs connectés dans ces cybercafés varie entre quatre (04) et sept (07). La disposition de ces ordinateurs n'est pas uniforme dans tous les cybercafés. A Darou koudous, ils sont disposés sous forme de box ; ce qui permet une plus grande discrétion dans l'utilisation d'Internet. Par contre dans les autres cybercafés, ils sont disposés soit de façon continue sur une ou plusieurs tables (Darou Marnane et Darou Miname) ou soit de façon alignés, c'est-à-dire les uns derrière les autres.

Tous ces cybercafés disposent quand même des accessoires les plus utilisés par les internautes à savoir les webcams et les micros casques. Cependant si au cybercafé de Darou Marnane chaque ordinateur dispose d'une webcam et d'un micro casque, il en est autrement dans les autres cybercafés. En effet, à Darou Khoudoss et à Darou Miname, mêmes si toutes les machines disposent chacune d'un micro casque, on n'a dénombré que deux webcams dans chaque cybercafé. Au marché Ocass, il n'y a qu'une seul webcam et trois micro-casques pour les quatre ordinateurs qu'il y a. Ces accessoires permettent d'établir des communications par voie orale ou sous forme de vidéoconférence et aussi à écouter du son. Ils sont donc indispensables à l'utilisation de certains services d'Internet et dès lors donc, leur nombre et leur disponibilité dans un cybercafé s'avèrent très avantageux.

La décoration de ces lieux d'accès à Internet demeure d'une manière générale identique. Sur les murs peints à des couleurs différents, sont apposées des photos de Bamba, de membres de sa famille ou de symboles du mouridisme comme la grande mosquée. Ces murs portent également des affiches qui rappellent l'interdiction formelle d'ouvrir des sites web à contenu pornographique (cf. figure n° 1). La présence de ses affiches s'explique par le fait qu'à Touba, les cybercafés ont été pendant un moment fermés par le khalife général qui, sur la bases de certaines informations, les considérait comme des lieux de débauche où l'on s'adonner à certaines activités interdites dans la cité (regarder des films porno ou jouer par exemple). C'est à la suite de l'intervention de certains grands commerçants influents (et dont certains sont propriétaires de cybercafés) que ces lieux ont été rouvert et, depuis lors, ils portent tous cette affiche. Le respect de l'orthodoxie religieuse est donc souhaité dans ces cybercafés de Touba.

Le débit de la connexion demeure également un élément caractéristique des cybercafés. Plus ce débit est grand, plus la connexion est rapide ; ce qui ne fait renforcer l'attractivité du cybercafé et son niveau de fréquentation et d'utilisation. L'ADSL est depuis 2003 la principale technologie utilisée au Sénégal pour avoir accès à Internet à des débits variés. La SONATEL, principal fournisseur d'accès à Internet au Sénégal propose à sa clientèle quatre (04) formules d'abonnement (cf. Annexe 8) dont les deux premiers sont essentiellement destinés aux ménages et à la limite au cybercafé, et les deux autres aux entreprises. A touba parmi les cybercafés visités, c'est celui de Darou Marnane qui a le plus grand débit de connexion (ADSL 1024 Pro) et le plus bas se trouve au cybercafé de Darou Miname (ADSL 512).

1.2 Apparence extérieure des cybercafés

Tout comme l'aspect intérieur, l'apparence extérieure des cybercafés est également bien entreprise car elle contribue surtout à renforcer l'attractivité de l'infrastructure. Tous les quatre cybercafés visités se présentent avec des devantures peintes avec des couleurs différentes, des portes en bois, en verre ou en fer recouvertes d'affiches indiquant les principaux services disponibles et leurs tarifs, les horaires d'ouverture, des photos de figures emblématiques du mouridisme et de la ville et un panneau indiquant le nom du cybercafé qui est le plus souvent celui d'un marabout mouride.

2. Les activités des cybercafés

Les cybercafés sont des lieux d'accès collectifs à Internet à but lucratif. Il s'agit donc d'endroits où l'on peut utiliser « le réseau des réseaux » moyennant une somme d'argent bien défini. En outre pour diversifier les sources de revenus et se faire ainsi plus de lucres, de nombreux cybercafés mettent à la disposition de leur clientèle un large éventail de service comme le fax, le traitement de texte, la formation en informatique...

2.1 La connexion à Internet

Les tarifs de connexion pratiqués dans les cybercafés sont établis en fonction des charges liées au fonctionnement de l'infrastructure. En effet, le coût de la location du local, les factures d'électricité et d'Internet, le salaire du personnel, la concurrence, la maintenance des ordinateurs etc. sont autant d'éléments qui agissent directement sur le choix des prix à appliquer dans le cybercafé. A Touba, dans les cybercafés visités, les tarifs de connexion varient entre 150 FCFA et 300 FCFA pour une heure de connexion, et 100 FCFA et 150 FCFA pour la demi-heure. C'est au cybercafé de Darou Marnane que l'on trouve les tarifs les plus bas : 150 FCFA pour une heure de connexion et 100 FCFA pour la demi-heure.

Cette activité est inhérente aux cybercafés et permet aussi aux populations d'intégrer le « réseau des réseaux », Internet. Celui-ci comporte des applications très pratiques qui permettent d'avoir accès à des services multiples et variés dont la plupart sont gratuits. Internet est une confédération de réseaux informatiques. Il a été développé au USA dans les années 1960 et devait permettre aux chercheurs de l'armée et des universités américaines de s'échanger des informations entre eux et aussi d'établir des communications interpersonnelles. De nombreuses applications ont été ainsi mises sur pied pur répondre à cette fin. Le courriel, les newsgroups (ou forum de discussion), la messagerie instantanée, l'IRC, Skype sont autant d'applications qui permettent à des individus utilisant des serveurs spatialement éloignés de communiquer par écrit ou oralement via Internet et ce nonobstant les obstacles liées au temps ou à la nature. Avec le Web et FTP, tous les ordinateurs et serveurs connectés au réseau Internet deviennent accessible à tous (ou presque) et il est même possible de rapatrier sur son ordinateur un quelconque fichier se trouvant dans l'une de ces machines. Ces deux applications permettent donc d'avoir accès à la masse impressionnante d'informations contenue dans les ordinateurs inters reliés au sein d'Internet. Le web, encore appelé indifféremment W3, WWW ou World Wide Web (toile d'araignées mondiale en français) est souvent confondu à tort à Internet alors qu'il n'est qu'une des applications de ce réseau qui a pris le pas sur les autres. Il s'agit en fait « d'un système d'échange d'informations à l'échelle planétaire permettant la manipulation de tout type de document qu'ils soient des photos, des textes, des cartes géographiques, des dessins animées ou fixes, des vidéos des sons »37(*). Le web est devenu aujourd'hui la principale application dont se servent les internautes pour accéder à l'un des serveurs inter reliés au sein d'Internet et de manipuler les informations qui s'y trouvent. S'il en est ainsi, c'est parce qu'il attribue à chaque serveur une adresse qui lui est spécifique et qui permet ainsi de le localiser et d'y accéder. Avec les progrès scientifiques réalisés dans le domaine de l'informatique, une nouvelle génération de services et d'applications Internet a émergé depuis quelques années. Ceux-ci sont couramment désignés par l'expression web 2.0 et à travers eux, Internet apparaît désormais comme un espace communautaire et interactif. En effet l'utilisation de ce réseau ne se limite plus à la connexion à des serveurs distants ou à la communication. Ce réseau n'est plus aussi uniquement l'affaire des webmasters. Au contraire avec le web 2.0, l'internaute devient le principal acteur du réseau grâce à la possibilité qu'il a de disposer d'une page personnelle interactive où il peut raconter ses activités quotidiennes et présenter ses principaux centres d'intérêts (blog), de partager des vidéos, photos ou sons de nature diverses, de rencontrer des personnes partageant les mêmes centres d'intérêts ou qui souhaitent explorer ceux d'autres personnes (les sites de rencontre), de personnaliser les sites web qu'il visitent, ... Le web 2.0 apparaît donc comme une centralisation de l'ensemble des applications Internet.

Le service connexion à Internet permet ainsi donc aux populations d'être en contact avec Internet qui est à la fois une riche source de documentation, un outil de communication, un cadre d'échange, de rencontre, de divertissement et d'expression.

2.2 Les autres services proposés dans les cybercafés

En dehors de la connexion à Internet, les cybercafés visités à Touba offrent à leurs clientèles une gamme diverse de services, listés dans le tableau n° 4.

Tableau n° 4 : Les autres services proposés à part la connexion à Internet

Quel (s) service (s) proposez-vous à part la connexion à Internet ?

 

Nombre de citations

%

Bureautiques

4

40%

Formation informatique

2

20%

Autres

2

20%

Formation spéciale en Internet

1

10%

Communication

1

10%

Total

10

100

Source: Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Tous les quatre cybercafés visités proposent à leurs clientèles des services bureautiques. Ceux-ci concernent les activités de traitement de texte, de photocopie, de scannage, de reluire, de gravure de CD ROOM, de confection de badges ou cartes et d'impression. En outre, ce sont essentiellement des commerçants, des agriculteurs, des élèves, et des dahiras mourides qui les utilisent soit, pour confectionner des badges ou des cartes de membre ou d'invitation, soit pour rédiger une demande d'attribution de semences ou de terrains de culture, soit pour rédiger des PV, soit pour confectionner des bons de commande ou des factures, etc.

La formation en informatique n'est disponible que dans les cybercafés de Darou Marnane et de Darou Khoudoss et porte sur la maîtrise de l'outil informatique et de certaines applications comme Word, Excel, Publisher... Le coût de cette formation varie entre 15 000 et 25 000 FCFA par élève pour une session de formation d'une durée de trois mois. Pour les élèves, constitués en majorité de filles, cette formation devra leur permettre de trouver un emploi en tant que caissière, comptable ou secrétaire dans un des boutiques ou centres commerciaux de la ville ou dans le secteur privé moderne émergent.

La catégorie de services regroupés sous l'appellation autres concerne la maintenance/vente d'ordinateurs et d'accessoires informatiques (clavier, souris, micro casque, logiciels ....) et la confection de sites web. Ces services sont proposés par le cybercafé de Darou Marnane et sont essentiellement utilisés par ceux qui possèdent un ordinateur fixe ou portable ou qui s'intéressent aux réseaux informatiques.

La formation spéciale en Internet constitue un ensemble de cours portant sur la maîtrise des applications du réseau et elle est ouverte à toutes les catégories de population : commerçants, alphabétisé, analphabète, élève, chauffeur, fonctionnaire, etc. Seul le cybercafé de Darou Marnane propose ce type de formation, dont le coût s'élève à 12 000 FCFA. Pour le gérant du cybercafé concerné, « cette formation va permettre de se libérer de l'une des principales contraintes liées à notre travail : les demandes d'assistance des clients internautes ». Ainsi, la formation spéciale en Internet peut être perçue comme une stratégie développée à partir des caractéristiques propre au territoire et qui vise à faciliter l'accès et l'usage d'Internet aux populations.

La communication concerne les activités de télécentres et de fax et elle n'est proposée que par le cybercafé de Darou Marnane.

D'une manière générale, on peut retenir que ces cybercafés de la ville ont su adaptés leurs prestations de services aux caractéristiques, aux besoins du territoire. La connexion à Internet, la communication, la formation en informatique ou en Internet, ... sont en effet autant de services qui répondent aux attentes des commerçants, des élèves, des chômeurs, des dahiras, des fonctionnaires, des femmes au foyer, etc. qui peuplent la ville de Touba.

III- Profil des gérants des cybercafés

L'examen du profil des gérants des cybercafés visités à Touba laisse apparaître dans l'ensemble une certaine homogénéité. En effet tous les quatre gérants interrogés sont de sexe masculin et ont un âge compris entre 25 ans et 35 ans, la moyenne étant de 28,75 ans. Seul un gérant, celui de Darou Miname, est âgé de 30-35 ans alors que les trois autres ont un âge compris entre 25 et 30 ans. En outre, ils sont tous mariés et le niveau d'instruction le plus fréquent chez eux est de loin le secondaire (75%). Seul un gérant est donc analphabète. C'est donc dire qu'ils ont un niveau d'instruction assez satisfaisant éventuellement parce que la gérance d'un cybercafé (surtout à Touba) repose sur l'usage de l'écrit et nécessite un peu de savoir lire et écrire et aussi et surtout de maîtrise de l'outil informatique. Et c'est sans doute la raison pour laquelle ils ont tous été formés en informatique. Par ailleurs, deux des quatre gérants interrogés sont en même temps propriétaire des cybercafés qu'ils gèrent. Il s'agit de ceux de Darou Khoudoss et d'Ocass. Les gérants des cybercafés de Darou Marnane et de Darou Miname reçoivent respectivement entre 40 000-50 000FCFA et 30 000 - 40 000FCFA comme salaire mensuel pour la gérance du cybercafé. Cependant, tous les gérants, même ceux qui sont propriétaires, s'exercent dans d'autre activité professionnelle (parallèlement ou en même temps que la gérance du cybercafé) que sont la gérance d'une quincaillerie, l'installation ou la maintenance de réseaux informatique et la formation en informatique. Les principales raisons avancées pour justifier cette situation sont : « joindre les deux bouts et augmenter les revenus ». Ainsi donc, on peut retenir que ces gérants sont de jeunes gens mariés qui tentent autant que faire se peut de subvenir aux besoins qu'imposent la vie en général, et celle de couple en particulier. Toute fois, il existe tout un ensemble de facteurs qui rend difficile cette recherche des moyens de survie.

Tableau n° 5 : Les difficultés liées à la gérance du cybercafé à Touba

Difficulté (s) liée (s) à la gérance du cybercafé

 

Nombre de citation

%

Demande d'assistance des clients

4

50%

Coupures d'électricité

2

25%

Coupure de connexion

2

25%

Total

8

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Les résultats de nos enquêtes présentées dans le tableau n° 5 exposent les principales difficultés auxquelles sont confrontés les gérants des cybercafés interrogés à Touba. Les demandes d'assistance des clients sont les plus citées parmi ces contraintes. En effet dans tous les quatre cybercafés, les gérants nous affirmé qu'ils sont souvent «essoufflés par des clients qui veulent se connecter mais qui comprennent peu de chose sur l'utilisation d'Internet ». Et la plupart d'entre eux n'à d'autres moyens que de réclamer l'aide du gérant des lieux. Autant donc dire la gérance d'un cybercafé à Touba n'est pas chose facile !

Cette approche descriptive des cybercafés retenus pour ce travail a permis de saisir que ces lieux sont implantés dans des endroits d'accès relativement facile. Ils sont en effet tous situés dans des quartiers peuplés et le long d'axes routiers très empruntés. Ils se trouvent donc dans des zones géographiques bien définies. D'autre part, il ressort de cette approche descriptive que les traits caractéristiques et les types d'activités de ces cybercafés ne font que refléter les moyens financiers à la disposition de leurs propriétaires. Par ailleurs, l'implantation de ces cybercafés dans ces quartiers de la ville participe au développent de ceux-ci à double titre. D'abord il permet de réduire le chômage ou l'inactivité dans la mesure où la gérance d'un lieu pareil requiert l'embauche d'au moins une ou deux personnes. Ensuite, ils permettent aux populations de se former ou de se perfectionner en informatique en mettant à leur disposition un outil de communication et de travail efficace.

CHAPITRE II : LES MODALITES D'APPROPRIATION DES CYBERCAFES PAR LES POPULATIONS

L'avènement des TIC a sensiblement modifié les façons habituelles d'apprendre, de communiquer, de voyager, d'acheter, de se divertir, de s'informer, etc. L'une d'entre elles, Internet, se présente comme une reproduction simplifiée du monde réel. Il permet de relier simultanément des milliers d'individus spatialement distants au sein d'un réseau où ils peuvent communiquer et s'échanger des informations de natures diverses. Les facteurs qui rendaient difficile la communication entre les hommes sont ainsi atténués voire même supprimés. De même l'acquisition du savoir a aussi été beaucoup facilitée par Internet. Par ailleurs, du fait de sa visibilité planétaire, Internet offre une vitrine mondiale pour les territoires, les acteurs sociaux, politiques, culturels, privé, les associations culturelles, les commerçants, etc. A Touba, cette TIC qui est disponible dans des cybercafés accessibles, est de plus en plus utilisée par une certaine frange de la population, qui semble ainsi être conscient des opportunités qu'elle offre. Dans ce chapitre, nous allons mener une analyse sur l'ensemble des conditions particulières liées à la fréquentation des cybercafés par ces individus qui commencent à s'approprier Internet. Celles-ci sont complexes et générales car elles sont directement en rapport avec des caractéristiques propres à l'infrastructure elle-même et aussi et surtout à chaque internaute.

I- Les motivations de fréquentations des cybercafés par les populations

Les cybercafés constituent les uniques lieux d'accès à Internet pour 64% des internautes interrogés. Pour les autres, l'accès à Internet peut se faire chez une tierce personne (17%), à l'école (11%), au lieu de travail (7%) ou au siège d'un dahira mouride (3%).

Les motivations qui président à la fréquentation des cybercafés par les internautes traduisent dans un sens leur volonté d'utiliser le « réseau des réseaux » à chaque fois que le besoin se fait sentir. Les enquêtes effectuées à Touba révèlent que 68% de l'échantillon ne fréquente aucun autre cybercafé à part celui où on les a trouvés, et pour les 32% restant c'est le contraire. Les sources de motivations avancées par ces internautes pour justifier leur fréquentation de ces lieux sont multiples et variés. Mais l'accessibilité physique de l'infrastructure, c'est à dire sa proximité au lieu de travail ou de résidence, sa disponibilité, est de loin le premier facteur déterminant l'utilisation de ces lieux par ces populations. Ce qui témoigne de la volonté de ceux-ci de se servir d'Internet sans grand efforts physiques. La seconde source de motivations concerne les tarifs de connexion pratiqués dans le cybercafé. Ces prix varient entre 150 et 300 CFA pour l'heure de connexion et 100 à 150 FCFA pour la demi-heure. En outre c'est ce prix qui détermine dans une large mesure la durée de la session à Internet dans le cybercafé et aussi son rythme de fréquentation par les internautes. Sous ce rapport, le cybercafé qui proposera les tarifs les plus abordables aura sans doute une plus large clientèle. Le niveau de confort de l'infrastructure, c'est-à-dire la disponibilité ou non de certains accessoires (tels que les webcams ou les micros casques), la qualité de la connexion et le niveau de discrétion et de calme, constitue la troisième source de motivations des internautes de la ville. Autant donc dire que ces populations accordent une importance plus ou moins grande à certaines caractéristiques internes des cybercafés, notamment celles qui leur permettraient d'utiliser le réseau conformément à leurs exigences. Enfin, la dernière source de motivation exprimée par les usagers concerne leurs relations avec le gérant de l'infrastructure. Ces relations peuvent être perçues dans une certaine mesure comme une stratégie de marketing. En effet, dans le souci de fidéliser la clientèle, certains gérants n'hésitent pas à nouer des relations le plus souvent amicales avec leurs clients. Et il y a même des gérants qui acceptent de concéder des crédits à leurs clients. Sous ce rapport donc, il n'est pas étonnant de voir une partie de l'échantillon justifier sa fréquentation d'un cybercafé par le simple fait qu'il connaît le gérant dudit lieu.

D'une manière générale, on peut retenir que les usagers d'Internet à Touba fréquentent les cybercafés d'abord parce que ceux-ci sont proches du lieu où ils se trouvent et ensuite parce qu'ils y trouvent des tarifs de connexion abordables et un niveau de confort satisfaisant.

II- Jours et moments de fréquentation des cybercafés par les populations

La plus grande parte de l'échantillon (69%) ne fait pas de différence entre les jours pour se rendre au cybercafé. Pour 23% d'entre eux, la fréquentation de ces lieux se fait le plus souvent les week end et jours fériés alors que pour le reste (8%), ce sont les jours ouvrables.

Tableau n° 6: Jours de fréquentations des cybercafés

Quels jours fréquentez vous le plus les cybercafés ?

 

Nombre de citations

%

Les jours ouvrables

8

8%

Les week-end/jours fériés

23

23%

Pas de jours particuliers

69

69%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Tableau n° 7 : Répartition des internautes selon la période de fréquentation des cybercafés à Touba

A quel moment de la journée fréquentez-vous le plus souvent les cybercafés ?

Période de la journée

Nombre de citation

%

8h-10h

2

2%

10h-12h

3

3%

12h-14h

10

10%

15h-17h

12

12%

17h-19h

21

21%

19h-21h

16

16%

Au delà de 21h

12

12%

Pas de moment particulier

24

24%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Le moment de la journée où les cybercafés connaissent la plus grande affluence est de loin l'après midi. En effet, le tableau n° 8 révèle que 43% des internautes interrogés fréquentent les cybercafés soit entre 12h et 14h (10%), soit entre 15h et 17h (12%) ou soit entre 17h et 19h (21%). 28% d'entre eux s'y rende le plus souvent la soirée alors que seul 5% ne les fréquente que le matin. La disponibilité est de loin la principale raison justifiant le choix d'un moment précis de la journée pour aller se connecter dans un cybercafé. En d'autres termes ces internautes n'utilisent Internet dans ces lieux d'accès qu'au moment de la journée où ils sont disponibles. Pour d'autres, c'est par simple habitude qu'ils se rendent dans ces lieux à ces moments précis. Il y en a également qui explique ce choix par le fait que c'est à ce moment qu'ils ont le plus besoin d'Internet. L'interdiction de sortir la nuit et la recherche d'une meilleure qualité de connexion et de tranquillité, sont les autres facteurs évoqués par ces populations pour justifier leur choix d'un moment particulier de la fournée pour se rendre au cybercafé.

Toute fois on remarque que 24% des usagers affirment n'avoir pas de moment particulier pour se rendre au cybercafé pour utiliser Internet.

III- Durée de la connexion et fréquence de visite des cybercafés

Tableau n° 8 : Répartition des internautes selon la durée de la connexion dans les cybercafés de Touba

Combien de temps dure en moyenne votre connexion à Internet à chaque visite dans les cybercafés ?

Durée

Nombre de citation

%

1h

40

40%

Moins d'1h

21

21%

1h-2h

20

20%

2h

7

7%

2h-3h

3

3%

3h

3

3%

3h-4h

2

2%

4h

1

1%

4h-5h

1

1%

Plus de 5h

2

2%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Le temps que dure la connexion ainsi que le rythme de visite des cybercafés sont dépendants d'un certain nombre de facteurs. Les résultats de nos enquêtes présentées dans les tableaux n° 9 et n° 10 révèlent que 61% des internautes ne se connectent que pour une durée inférieure ou égale à 1h. Pour ces derniers, « ce temps est assez suffisant pour satisfaire ses besoins sur Internet. En outre avec les prix pratiqués, il est un peu difficile pour nous de se payer une session plus longue ». 20% d'entre eux ont une session habituelle qui dure entre 1h et 2h, et pour les 19% restant la connexion peut durer plus de 2h (il y en a même qui se connectent pendant 5h ou plus). Ainsi donc on peut retenir que ce sont essentiellement les moyens financiers dont dispose l'internaute qui sous tendent le choix de la durée de la connexion à Internet dans les cybercafés. Il s'y ajoute la nature du besoin à satisfaire sur Internet, c'est-à-dire du type d'activité qu'il souhaite pratiquer sur le réseau. La consultation d'un mail ou d'un article de presse liés à l'actualité nationale ou étrangère prend, par exemple, moins de temps que le visionnage ou le téléchargement d'une musique ou d'une quelconque vidéo.

Par ailleurs, le rythme de fréquentation des cybercafés par les internautes est également varié. Pour ces derniers, la fréquence de visite des cybercafés est en rapport avec la disponibilité, le besoin d'utiliser l'outil, l'accessibilité de l'infrastructure ou encore les moyens financiers. Pour 17% des usagers, la fréquentation des cybercafés se fait occasionnellement, c'est à chaque fois que la possibilité se présente alors que pour les autres, celle-ci se fait à un rythme plus constant. En effet 44% des usagers déclarent fréquentés les cybercafés une fois par semaine, 28% s'y rendent entre deux et trois fois et 11% plus de trois par semaine.

Tableau n° 9 : Fréquence de visite des cybercafés

A quelle fréquence utiliser-vous Internet dans les cybercafés ?

 

Effectifs

%

Une fois par semaine

44

44%

Deux à trois fois par semaine

28

28%

Plus de trois fois par semaine

11

11%

Occasionnellement

17

17%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Cette analyse de l'ensemble des conditions particulières liées à la fréquentation des cybercafés par les internautes laisse apparaître que l'utilisation d'Internet dans les cybercafés commence à intégrer les habitudes des gens interrogés. En effet, les cybercafés sont fréquentés régulièrement par ces internautes et certains ont même choisis des moments et des jours particuliers pour se rendre dans ces lieux. D'autres accordent une importance particulière à l'aménagement interne de l'infrastructure. Cependant, ces internautes rencontrent un certain nombre difficultés d'abord pour accéder au cybercafé et ensuite lorsqu'ils utilisent le « réseau des réseaux » dans ces lieux. Ces contraintes risquent de retarder voire même d'annuler l'appropriation d'Internet par les populations de la ville.

IV- Difficultés liées à l'accès et à l'utilisation d'Internet dans cybercafés

Tableau n° 10 : Difficultés liées à l'accès au cybercafé

Quelle est la principale difficulté que vous rencontrez pour accéder au cybercafé ?

 

Nombre de citations

%

Aucune

20

20%

Manque d'argent

43

43%

Manque de temps

28

28%

Distance

8

8%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

L'examen du tableau n° 10 laisse apparaître que 20% des internautes n'éprouvent aucune sorte de difficultés pour accéder au cybercafé. Pour la majorité d'entre eux (43%), l'accès au cybercafé est rendu difficile par le manque d'argent. Ce qui traduit que ceux-ci ont de plus en plus du mal à regrouper la somme correspondant aux tarifs de connexion pratiqués dans les cybercafés. D'ailleurs, seul 9% des individus interrogés déclare avoir un budget exclusivement réservé à l'utilisation d'Internet dans ces lieux. Ces derniers sont pour l'essentiel des épouses d'émigrés « toubiens » qui reçoivent à chaque fin du moi une somme d'argent bien défini. Cette somme leur permet d'utiliser Internet afin de communiquer régulièrement avec leurs conjoints. A part le manque d'argent, c'est le manque de temps qui constitue le second obstacle auquel se heurtent les internautes pour accéder au cybercafé. Enfin la troisième contrainte qu'ils ont mentionnée est en rapport avec la distance au lieu d'accès. En effet une partie de notre échantillon (8%) trouve que les cybercafés sont assez éloignés de leur lieu de résidence ou de travail et cela constitue pour eux un facteur qui rend pénible la fréquentation du lieu d'accès.

De même que pour l'accès, les internautes  de Touba se heurtent aussi à quelques obstacles lorsqu'ils utilisent Internet dans les cybercafés. Ces contraintes, répertoriées dans le tableau n° 11, sont essentiellement liées à certaines caractéristiques internes des cybercafés et aussi au niveau de maîtrise de l'outil informatique.

Tableau n° 11 : Difficultés liées à l'utilisation d'Internet dans les cybercafés

Quelle est la principale contrainte que vous rencontrez lorsque vous utilisez Internet dans les cybercafés ?

 

Nombre de citations

%

Aucune

10

10%

Manipulation de l'ordinateur

20

20%

Cadre étroit

8

8%

Déconnexion du réseau

6

6%

Lenteur des ordinateurs

21

21%

Lenteur de la connexion

19

19%

Indisponibilité des ordinateurs

5

5%

Coupures d'électricité

11

11%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2008

En effet, la qualité de la connexion et des ordinateurs, la disponibilité de ceux-ci et le niveau d'aménagement interne de l'infrastructure sont autant de caractéristiques propres au cybercafé et auxquelles, 59% des internautes font allusion s'agissant des heurts qu'ils rencontrent lors de leur session à Internet dans ces lieux. La qualité de la connexion à Internet est largement dépendante du type d'abonnement ADSL auquel a souscrit le propriétaire du cybercafé. Ces abonnements sont au nombre de quatre et varient en fonction de leur coût et de la vitesse (ou débit) de connexion qu'ils offrent. Pour le propriétaire du cybercafé, le choix de la formule se fera surtout en fonction des moyens financiers dont il dispose. Plus le débit est grand, plus la connexion est rapide. A Touba, 19% des internautes déplorent la lenteur de la connexion lorsqu'ils utilisent Internet. Cette lenteur peut être à l'origine d'une interruption momentanée de la session, c'est-à-dire une déconnexion de réseau. Ce que déplorent 6% des internautes. La lenteur des ordinateurs est aussi regrettée par 21% d'entre eux. Cette situation s'explique par le fait que rares sont les cybercafés qui se procurent des ordinateurs neufs ou disposant des caractéristiques adéquats pour la connexion à Internet. Par ailleurs ces ordinateurs de qualité moyenne voire médiocre, n'existent pas en nombre suffisant dans les cybercafés. Dès lors on comprend pourquoi 5% des usagers cite l'indisponibilité des ordinateurs comme principale difficulté liée à l'utilisation d'Internet dans les cybercafés. Ces internautes sont donc parfois obligés de rester de long moment dans ces lieux avant de trouver une machine libre. Enfin bien qu'ils soient faibles, il y a des internautes qui ont fait allusion au niveau de confort et de quiétude dans l'infrastructure parmi les difficultés auxquelles ils sont confrontés lors de leur visite dans les cybercafés. 8% des usagers ont en effet mentionnés l'étroitesse de l'infrastructure comme principale contrainte liée à l'utilisation d'Internet. Contrairement aux télécentres où le propriétaire doit respecter certaines normes de surface, les cybercafés ne sont eux soumis à aucune réglementation. Beaucoup d'entre eux sont localisées dans des cadres étriqués où l'entassement crée les conditions favorables à l'indiscrétion, au bruit, au désordre, etc.

La seconde nature des contraintes éprouvées par les usagers est liée au niveau de maîtrise de l'outil informatique. Les résultats de nos enquêtes présentés dans le tableau n°12 permettent de saisir que 20% d'entre eux éprouvent de réelles difficultés pour manipuler l'ordinateur, c'est-à-dire à se servir de la souris, du clavier et de certaines application d'Internet (dont les plus cités sont le transfert de fichier, la consultation et l'envoi de mail, l'utilisation de Skype). Ce qui témoigne de leur faible niveau de maîtrise de l'outil informatique. Cette situation s'explique par le fait que la majorité de l'échantillon (82%) n'a reçu ni une formation en informatique, ni une formation spéciale à l'utilisation d'Internet.

Les coupures d'électricité sont également citées comme une contrainte liée à l'utilisation d'Internet pour 11% des usagers. Ceci est à mettre en rapport avec le fait nos enquêtes à Touba ont coïncidé avec une période de recrudescence des délestages.

V - Appréciation du niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés

Les cybercafés ciblés dans ce travail offrent à leurs clients une multitude de services dont chacun correspond plus ou moins à leurs préoccupations journalières. Les usages que les populations font de ces cybercafés sont donc multiples et variés. Il s'agit ici de s'intéresser à la place qu'occupe le service connexion à Internet dans ces usages. Ce qui va permettre de mieux estimer le niveau d'utilisation d'Internet dans ces cybercafés.

Les enquêtes menées auprès des gérants de ces cybercafés révèlent que ces lieux sont peu utilisés pour la connexion à Internet. En effet, à la question « quel est le service le plus utilisé dans votre cybercafé ? » tous les quatre gérants ont répondus par « les services bureautiques ». En outre, toujours selon eux,  « le service connexion à Internet ne peut à lui assurer la survie du cybercafé ». Ces propos des gérants trouvent vite une explication plausible à travers l'examen du nombre de tickets de connexion à Internet qu'ils parviennent à vendre par jour. Celui-ci correspond au nombre de clients internautes qui fréquentent les cybercafés.

Tableau n° 12 : Nombre de tickets de connexion à Internet vendu par jour dans les cybercafés à Touba

Combien de tickets de connexion rendez-vous par jour ?

 

Nombre de citations

%

5-10

3

75%

15-20

1

50%

20-25

1

25%

Total

4

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

C'est le cybercafé situé au marché Ocass qui reçoit le plus de clients internautes parmi les cybercafés ciblés (20 et 25). La position géographique de ce cybercafé justifie largement sa fréquentation relativement forte. Les 3 autres cybercafés n'arrivent à vendre qu'entre 5 et 10 tickets de connexion par jour. En somme, on peut retenir que ces cybercafés ne reçoivent qu'entre 5 et 25 clients internautes par jours. Ce qui corrobore parfaitement les propos des gérants. Et d'ailleurs les situations observées lors de nos multiples visites effectuées dans les cybercafés ont permis de constater cette faible utilisation du service connexion à Internet. Il nous est en effet arrivé à plusieurs reprises de rester tout une matinée ou un après midi dans un cybercafé sans apercevoir l'ombre d'aucun client internaute.

Conclusion : les cybercafés visités dans la ville de Touba ont été aménagé de manière à répondre à leur objectif premier qui est la recherche du lucre. Leur localisation spatiale leur confère une certaine accessibilité que renforce leur apparence interne et externe. Par ailleurs, ces cybercafés mettent à la disposition des populations de Touba de nombreux services parmi lesquels Internet, qui simplifie beaucoup l'exécution des tâches et besoins quotidiens. Et c'est du moins ce qui explique le réel engouement dont il jouit auprès d'une certaine frange de la population toubienne qui en usent régulièrement dans les cybercafés. Cependant, l'analyse du niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés révèle que ces lieux sont peu utilisés pour la connexion à Internet. En effet ce service proposé par les cybercafés occupe la seconde place dans les usages que les populations de Touba font de ces lieux qui d'ailleurs, ne reçoivent qu'entre 5 et 25 clients internautes par jour. Et la majorité de ces internautes se connectent pour une durée inférieure ou égale à 1h et fréquente les cybercafés une fois par semaine.

Ces cybercafés de la ville sont donc des espaces accessibles mais peu utilisés pour la connexion à Internet. Ce qui amène à dire que même si l'utilisation d'Internet dans les cybercafés commence à intégrer les habitudes d'une certaine couche de la population toubienne, il demeure néanmoins que son appropriation est loin d'être effective dans cette ville. L'objet du prochain point de ce travail sera d'identifier ces « toubiens » qui utilisent Internet et les principaux usages qu'ils en font. L'intérêt étant d'en savoir mieux et plus sur les effets réels de la présence d'Internet dans l'espace de la ville de Touba.

TROISIEME PARTIE : LES USAGERS ET LES USAGES D'INTERNET

Introduction

La technologie Internet se présente comme l'interconnexion mondiale des ordinateurs au sein d'un espace virtuel de communication, encore appelé cyberespace. Cet espace virtuel se présente comme une copie, une reproduction du monde réel en ce sens qu' « on peut y voyager, aisément s'y perdre, faire des rencontres, procéder à des échanges économiques, entrer en contact avec des institutions ; on peut y diffuser de l'information, faire acte de prosélytisme, militer, s'organiser en collectif de lutte ou de contestation,... »38(*). Au-delà de cette analogie, les rapports entre ce cyberespace et l'espace concret dont il est inspiré sont également de l'ordre de la substitution et de la concurrence. En effet ce réseau virtuel permet à des individus spatialement distants d'établir des relations et aussi de s'adonner à certaines activités, nonobstant les contraintes liées au temps, à la distance, à la langue ou à certaines règles sociétales ou religieuses. Il s'agit donc d'une reproduction simplifiée du monde réel et c'est justement ce qui explique le rapport de concurrence entre ces deux mondes. La technologie Internet n'est donc pas neutre. Il est porteur d'un idéal qui est celui d'une société sans distances, d'un espace transparent ou isotrope, totalement inter relié et peuplé d'individus sans attaches territoriales. Cet espace transformant serait aussi un espace expansé ou la connexité se substituerait à la contiguïté, ou le fait de se situer à un lieu plutôt que tel autre n'aurait plus d'importance (Eveno 2004). Cette technologie véhicule ainsi un idéal perceptible à travers tout un ensemble de représentations sociales. Elle est introduite et utilisée à Touba, ville qui se caractérise elle aussi par un certain mode de fonctionnement et par des présupposés sociaux. Dans certains cas cette organisation ressemble à celle de la technologie. Dans d'autre, elle diffère. L'usager (ou internaute) se présente comme l'élément qui relie la technologie à la société. En outre, «bien qu'il soit intégré dans une société dont il a intériorisé les codes, il dispose d'une certaine marge de manoeuvre vis-à-vis d'elle et du média (ou technologie) dont il se sert »39(*). Sous ce rapport, il semble que seule l'analyse des caractéristiques des usagers et des usages peut aider à mieux saisir les effets réels de la présence d'une technologie dans un territoire donné, c'est-à-dire les interactions entre ladite technologie et le territoire. Dans cette partie, nous allons donc d'abord dégager le profil des usagers et les modalités d'utilisation d'Internet dans les cybercafés, ensuite identifier et analyser les principaux usages d'Internet en rapport avec leurs effets potentiels dans l'espace toubien et, enfin, recueillir l'avis personnel des usagers sur la technologie qu'ils utilisent, Internet.

Chapitre I : Les usagers

D'après la déclaration de principe du SMSI, la « société de l'information », résultante de l'actuelle révolution doit être juste, plurielle et inclusive. Il s'agit donc dune société hétérogène où toutes les couches sociales seraient représentées et ce, nonobstant toutes sortes de disparités. Ces nouvelles technologies sont donc perçues comme de puissants outils pouvant permettre d'annihiler certaines formes de discrimination car elles ont « l'avantage d'être accessibles à tous les peuples en ce sens qu'elles ne demandent que de l'intelligence heureusement répartie de façon équitable entre les communautés humaines. Elles constituent un facteur de contact permettant, l'échanges de biens et services à la même vitesse pour tous, qui est celle de la lumière (Message du Président A. Wade) ». Sous ce rapport, il semble utile de s'intéresser à un groupe d'usagers d'Internet, c'est-à-dire des membres et acteurs de cette « société de l'information », pour voir si cette vision idyllique colle toujours aux réalités de territoires fortement encrés dans des traditions religieuses et socioculturelles.

I- Caractéristiques sociodémographiques des usagers

Les caractéristiques sociodémographiques retenues dans le cadre de ce travail sont l'âge et le genre, la situation matrimoniale, l'activité professionnelle, le revenu mensuel et le niveau d'instruction. Ces spécificités des usagers permettront de mieux apprécier le niveau d'hétérogénéité de l'échantillon d'internautes et aussi de déceler d'éventuelles disparités liées à l'utilisation d'Internet.

1. Genre et âge des usagers

Tableau n° 13 : Répartition des usagers en selon de l'âge

Age

 

Nombre de citations

%

10 -15 ans

5

5%

15 - 20 ans

32

32%

20 - 25 ans

29

29%

25 - 30 ans

19

19%

30 - 35 ans

10

10%

Plus de 35 ans

5

5%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Tableau n° 14 : Répartition des usagers selon du sexe

Sexe

 

Nombre de citations

%

Masculin

73

73%

Féminin

23

23%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

L'examen du profil des internautes selon leur âge et leur sexe laisse apparaître une prédominance des jeunes et des hommes dans l'échantillon. D'après le tableau 13, l'âge des internautes varie entre 10 et plus de 35 ans, la moyenne étant de 23,1 ans. L'âge modal se trouve donc entre 15 et 25 ans. Les moins de 15 ans et les plus de 35 ans sont les moins représentatifs dans l'échantillon avec seulement 5% chacun. Par contre, les internautes âgés de 25 - 35 ans occupent une place relativement importante au sein du groupe (29%).

La répartition des usagers selon le sexe révèle que la grande majorité de l'échantillon est constituée d'homme. Leur part s'élève à 73% alors que celui des femmes n'est que de 27%. Pourtant ceci ne traduit guère la répartition par sexe de la population toubienne marquée par une prédominance des femmes (53,05%).

Cet examen du genre et de l'âge des usagers corrobore dans un sens le constat du REGENTIC selon lequel, « les femmes ont globalement un tiers de chances en moins que les hommes de bénéficier des avantages de la société africaine de l'information »40(*). Ce qui reflète la discrimination de genre qui a existé bien avant même l'avènement de la « société de l'information ». Ainsi, même si ces différences caractéristiques des usagers traduisent une certaine diversité du groupe, elles révèlent aussi et surtout des formes des disparités liées à l'âge ou au sexe au sein de cette nouvelle société.

2. Niveau d'instruction et langues de communication des usagers

2.1 Niveau d'instruction

La ville de Touba se distingue par un faible niveau de scolarisation de sa population. Ce qu'il faut mettre en rapport avec ses caractéristiques socioreligieuses. L'éducation classique, c'est à dire celle géré par le l'Etat, ne semble pas trop enchanté les autorités religieuses de la ville. Au mois d'avril de cette année, lors de la deuxième assemblée générale du Réseau Africain de la campagne de l'éducation pour tous (Ancefa), le Président de la République annonçait à l'assistance  la décision qui a été prise par le khalife générale des mourides, Serigne Bara Mbacké, d'accompagner l'école sénégalaise. Ce en autorisant l'édification d'établissements scolaires classiques dans la ville. Pour Mr. Abdoulaye Wade, cet acte traduit une « véritable révolution » qui va permettre à la ville d'être au rythme des objectifs de l'Education pour tous (Ept). C'est le Ministre de L'Education chargé du préscolaire, de l'élémentaire et du moyen qui a transmis au Chef de L'Etat cette information, suite à un entretient que lui a accordé le khalife. Cependant cet espoir des autorités étatiques d'intégrer Touba dans leur système éducatif n'aura été que de courte durée. En effet aussitôt après cette annonce du Chef de l'Etat, le khalife général des mourides s'est lui-même chargé d'y apporter un démentit formel, en rappelant qu'il se situe dans le sillage de ses prédécesseurs et qu'il reste plus que jamais déterminé à combattre cette forme d'enseignement. Cette déclaration du khalife illustre parfaitement la «méfiance » des autorités de la ville vis à vis de l'école française. En outre, elle trouve une explication dans le fait que ce type d'éducation est assimilé par la communauté mouride à la civilisation occidentale. Or ce sont ces occidentaux qui ont fait subir à Bamba de nombreux exils et déportations qui l'on pendant longtemps éloigné de sa famille et de sa cité bénite, Touba.

Cependant, au sein de la population « toubienne » la volonté d'emmener son enfant à l'école française semble bien réelle comme en atteste les effectifs pléthoriques des établissements scolaires présentes tout autour de la ville. Sous ce rapport, il n'est pas surprenant de retrouver dans l'échantillon d'internautes certains qui n'ont fréquenté que l'école française ou l'école coranique, d'aucuns qui ont fréquenté tous ces deux types d'établissements scolaires, et d'autres qui n'ont reçus aucune formation.

Figure n° 2 : Les principaux types d'établissements scolaires fréquentés par les usagers

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

La figure n°2 tente une répartition des internautes en fonction du type d'établissement scolaire fréquenté. Son examen permet de saisir que les établissements scolaires classiques (écoles françaises) sont fréquentés par une partie de l'échantillon (20%). Ces écoles combinent souvent l'enseignement du français à celui de l'arabe ; ce qui fait qu'on les surnomme franco-arabe. Les écoles coraniques encore appelés daaras sont aussi des établissements scolaires fréquentés par 10% des internautes. En plus d'être des structures scolastiques où l'on enseigne les rudiments du Saint Coran, de la tradition islamique et de la langue arabe, les daaras constituent également à Touba des lieux où on inculque au jeune adepte mouride les fondements de base de sa confrérie (le respect du ndiguel, le travail, la soumission au marabout..). Leur nombre ne cesse d'augmenter dans cette ville, on n'en dénombre presque un dans chaque quartier. Ce qui témoigne du réel enthousiasme dont ils jouissent d'abord auprès des autorités de la ville et ensuite auprès d'une certaine frange de la population. C'est du moins ce qui explique le fait que ce type d'éducation soit associé par 48% des usagers à celui du français.

Le niveau d'instruction le plus fréquent chez ces internautes de Touba est de loin le secondaire (66%) suivi respectivement par le primaire (22%) et le supérieur (12%).

Les internautes qui n'ont reçus aucune formation occupent également une place relativement importante dans notre échantillon, 28%. Ces derniers sont donc en marge des établissements scolaires classiques d'acquisition des savoirs de bases que sont l'écriture, la lecture et le calcul. Pourtant cette situation ne les empêche point d'être des acteurs de la société de l'information c'est-à-dire des usagers du « réseau des réseaux ».

2.2 Langue de communication des usagers

Figure n° 3 : Les principales langues parlées des usagers

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Les langues de communication des usagers concernent celles qu'ils parlent et écrivent. Elles jouent un rôle déterminant dans l'utilisation d'Internet, technologie qui utilise l'écrit comme support principal. La figure n° 3 révèle que le wolof est de loin la première langue parlée par les internautes suivi respectivement par le français, l'arabe et l'anglais. Les autres langues locales du pays (sérère, bambara, toucouleur, peulh et diola) sont peu utilisées par les internautes. Il en est de même pur les autres langues étrangères que sont l'espagnole, le portugais et l'italien. Toute fois, même si le wolof demeure la principale langue parlée de la majorité de l'échantillon, il semble que son utilisation par écrit pose d'énormes difficultés aux usagers. En effet la figure n° 4 montre qu'aucun d'entre eux n'est en mesure d'écrire cette langue. D'ailleurs aucunes des langues locales du pays n'est citées parmi les langues que les internautes savent écrire. Ce sont donc les langues étrangères qui constituent les principales langues de communication par écrit des usagers. Celles-ci sont par ordre d'importance le français, l'arabe, l'anglais, l'espagnole et l'italien.

Figure n° 4 : Les principales langues écrites des usagers

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

En somme, on peut retenir que ces internautes parlent aussi bien les langues locales qu'étrangères mais rare sont ceux d'entre eux qui parviennent à les écrire, surtout les locales. Et il y a même des internautes qui ne savent écrire aucune langue (quelles soit locale ou étrangère). Cette situation reflète bien la composition hétéroclite de l'échantillon, constituée d'individus alphabétisés et d'autre qui n'on été dans aucune structure scolastique permettant d'acquérir les savoirs de bases.

3. Activité professionnelle, revenu et situation matrimoniale des usagers

L'utilisation d'Internet est souvent corrélée à certains facteurs tels que les moyens financiers dont dispose l'individu. En effet, même si la plupart des applications et services de ce réseau sont gratuitement mis à la disposition des internautes, l'accès à cette technologie nécessite de débourser une somme d'argent bien définie, soit pour souscrire à un abonnement auprès d'un FAI ou soit pour acheter des tickets de connexion dans les cybercafés. En d'autres termes, il faut payer pour pouvoir utiliser les nombreuses possibilités offertes par ce réseau. Dès lors donc, il semble que ceux qui disposent d'un revenu permanant sont les plus avantagés dans l'utilisation d'Internet.

Les internautes ciblés dans le cadre de ce travail présentent des profils variés concernant leur activité professionnelle et leur revenu.

Tableau n° 15 : Répartition des usagers selon l'activité professionnelle

Activités professionnelles

 

Nombre de citations

%

Elèves/étudiants

47

47%

Travailleurs indépendants

29

29%

Sans emploi

17

17%

Fonctionnaires

7

7%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête terrain, 2009

Tableau n° 16 : Répartition des usagers selon revenu mensuel

Montant du revenu mensuel en FCFA

 

Nombre de citation

%

Sans revenu

74

74%

Moins de 50 000

11

11%

50 000-100 000

8

8%

100 000-150 000

4

4%

150 000-200 000

2

2%

Plus de 200 000

1

1%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête terrain, 2009

Le tableau n° 15 révèle que la catégorie des élèves/étudiants est la plus représentative dans l'échantillon avec une proportion de 47%. Les travailleurs indépendants, c'est-à-dire les commerçants (vendeur et boutiquier), les tailleurs, les mécaniciens, les chauffeurs et les maçons constituent la seconde catégorie d'usagers avec une part de 29%. Il y a également au sein du groupe des individus sans emplois. Leur part s'élève à 17%. L'effectif marginal de l'échantillon concerne les fonctionnaires qui ne représentent que 7% des internautes. Cette faible part des fonctionnaires peut s'expliquer par le fait que ces derniers ont la possibilité d'utiliser le réseau dans d'autres lieux d'accès tels que leurs domiciles ou leurs lieux de travail.

Par ailleurs, comme le montre le tableau n° 16, la plus part des internautes ne disposent pas de revenu mensuel. En effet 74% des usagers ne reçoivent pas de salaire à la fin du mois. Ce qui ne devrait guère surprendre si on sait que la majorité de l'échantillon est constitué d'élèves et d'étudiants qui constituent une catégorie sociale ne disposant ni fonds propres, ni ressources financières permanentes. La plus grande partie de ceux qui ont un salaire perçoivent mois de 100 000FCFA part moi (19%). Seul un d'entre eux a un salaire qui s'élève à plus de 200 000FCFA. Les autres salariés (6%) perçoivent entre 100 000 et 200 000 FCFA par mois.

De ce qui précède, l'on peut retenir que ce ne sont pas seulement les personnes qui disposent de revenu financier permanant qui utilisent internet. L'échantillon est constitué de jeunes élèves et étudiants et de chômeurs qui ne disposent d'aucune source de revenus permanente et malgré cela, ils utilisent quand même le réseau. Et cette forte présence de ces catégories dans l'échantillon explique dans une large mesure le fait que celui-ci soit composé en majorité de célibataires. Ces derniers représentent 73% dans l'échantillon. Les mariés occupent aussi une place relativement importante avec une proportion de 19%.

Cette analyse des caractéristiques sociodémographiques des internautes aura permis de constater d'une part une certaine hétérogénéité de l'échantillon et, de l'autre, l'existence de certaines formes d'inégalités au sein de celui-ci. En effet, contrairement à ce que l'on a supposé dans notre hypothèse, Internet n'est pas utilisé seulement par les gens qui ont été ou qui sont toujours à l'école française ou au franco arabe. Bien au contraire, cette technologie est utilisée aussi bien par des élèves, des étudiants que par des individus qui n'ont jamais été ni au franco arabe, ni à l'école françaises. Elle est également utilisée par des individus qui ne parlent que les langues locales du pays, par d'autres qui ne savent écrire aucune langue (qu'elle soit locale ou étrangère), par des commerçants, des chauffeurs, des tailleurs, des maçons, des mécaniciens etc. Le groupe d'usagers compte donc à la fois des analphabètes et des alphabétisés. Cependant, l'examen de l'âge et du genre de ces internautes laisse apparaître une prédominance des hommes et des jeunes dans l'échantillon où les femmes et les personnes adultes occupent une place relativement faible. Ce qui ne fait que refléter les formes de discriminations liées au genre ou au sexe et qui ont existés bien avant l'avènement de la société du savoir.

II-  Les modalités d'utilisation d'Internet par les internautes

Les conclusions tirées de l'analyse des caractéristiques sociodémographiques des usagers soulèvent certaines ambiguïtés. L'accès et l'utilisation d'Internet ont été pendant longtemps corrélée à certains facteurs comme le niveau d'instruction et les moyens financiers dont dispose l'individu. Ce lien demeure dans une large mesure avéré. En effet l'essentiel des sites web qui composent la toile, les applications d'Internet, les ordinateurs et les logiciels permettant de les manipuler sont conçus dans les pays développés et avec les langues de ceux-ci. D'ailleurs une publication de Internet World Stats41(*) parue en 2008 révélait que l'anglais était de loin la langue la plus présente et la plus utilisée sur le réseau Internet. Le français occupait la cinquième place de ce classement, derrière le chinois, l'espagnol et le portugais. Une maîtrise de ces langues ou du moins de l'anglais s'avère donc très avantageux dans l'utilisation du « réseau des réseaux ». Mais dans l'échantillon retenu pour ce travail, on retrouve des internautes qui n'on fréquenté aucune structure scolastique, d'autres qui ne parlent que la principale langue de communication du pays (le wolof) ou qui ne savent écrire aucune langue étrangère. Dès lors on peut se demander comment est ce que ces internautes, aux profils variés, ont appris à ce servir de cette technologie ? Quels sont les mécanismes qu'ils ont déployés pour pouvoir se servir du réseau ?

L'utilisation d'Internet peut être perçue comme une démarche graduelle qui traduit le niveau d'appropriation de cet outil par l'usager. Elle est également dépendante de certaines caractéristiques propres à ce dernier. Si pour les alphabétisés l'utilisation d'Internet paraît à priori évidente, il en est autrement pour les non instruits qui n'on reçut aucune formation officielle liée à l'acquisition d'aptitudes permettant de se servir des services offerts par cette TIC. La figure n° 5 illustre la panoplie de moyens, de procédés qui ont permis à ces internautes de pouvoir se servir du réseau Internet.

Figure n° 5 : Les modalités d'utilisation d'Internet par les usagers

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Son examen laisse apparaître que la plus grande partie des internautes a appris à se servir d'Internet par mimétisme/curiosité. L'emploi de la technologie du multimédia et du concept d'hypertexte dans la conception des pages web explique dans une large mesure cette situation. En effet avec ces technologies l'interface homme-machine, c'est à dire « tous les aspects des systèmes informatiques qui influencent la participation de l'utilisateur à des tâches informatisées », a été beaucoup améliorée. Ainsi les pages web qui s'affichent à l'écran des ordinateurs connectés à Internet comportent des balises (qui peuvent être du son, des images fixes ou animées ou des textes en surbrillance) qui renvoient à d'autres pages web ou qui permettent de raccourcir l'accès à certaines applications et services. C'est donc dire qu'avec cette caractéristique des pages web, autant l'usager est curieux autant il en découvre davantage sur les mille et une possibilités offertes par le réseau. En outre elle permet de contourner certains obstacles liés surtout à la langue en ce sens qu'on peut accéder à certaines ressources du réseau sans avoir à servir du clavier de l'ordinateur. Le multimédia et l'hypertexte font donc d'Internet une technologie utilisable même par des individus sans aucun niveau de formation.

Contrairement à ces usagers qui ont appris se servir du réseau sans l'aide d'aucune personne, d'autres au contraire ont sollicité pour cette fin l'assistance du gérant du cybercafé ou d'une tierce personne. L'analyse du profil des gérants des cybercafés a révélé que ceux-ci ont tous reçus une formation en informatique qui leur a ainsi permis d'avoir une certaine maîtrise de l'outil informatique et aussi des applications du réseau Internet. Ils peuvent ainsi donc venir en aide aux clients qui rencontreraient des difficultés dans l'utilisation d'Internet. Et nos nombreuses visites dans les cybercafés ont permis de constater qu'effectivement les gérants étaient de plus en plus sollicités par les internautes qui éprouvaient des difficultés à utiliser certaines applications. Ces visites ont également permis de constater que rare étaient les internautes qui fréquentaient seuls les cybercafés. Ils y venaient le plus souvent avec au moins une ou deux personnes qui ne se contentaient pas seulement de les accompagner mais de les aider au cas ils rencontreraient une quelconque difficulté dans leur session.

Enfin il existe une troisième catégorie d'internaute qui a appris à se servir du réseau grâce à une formation en informatique ou à une formation spéciale en Internet. La formation en informatique permet notamment de se familiariser avec l'outil informatique (clavier et souris) tandis que celle liée à l'utilisation d'Internet permet d'avoir une meilleure maîtrise des applications et services de ce réseau. Ces deux types de formation sont cependant payants et dès lors donc elles deviennent inaccessibles pour la majorité des internautes constituée de jeunes élèves, étudiants, ou chômeurs sans aucune source de revenu permanente. Seuls 18% des usagers ont reçu ce genre de formation. Parmi eux, on retrouve des femmes d'émigrés « toubiens » qui souhaitent mieux maîtriser certaines applications, celles qui les permettent notamment d'établir une relation à distance avec leurs époux. A part ces toubiennes, ce sont pour l'essentiel des fonctionnaires et quelques rares travailleurs indépendants qui ont reçu ce genre de formation.

Internet n'exclue donc pas d'emblée les illettrés parce qu'utilisant l'écrit comme principale support. En effet l'analyse des modalités d'utilisations de cette TIC a permis de saisir qu'il s'agit, bien au contraire, d'une technologie qui, de par sa configuration, permet même à des gens non instruits de l'utiliser. Il suffit juste pour cela d'être un peu curieux ou de procéder par mimétisme. En outre, les internautes interrogés dans la ville, constitués en partie d'analphabètes, se sont servis des formes d'entre aides habituelles pour apprendre à utiliser le réseau Internet. La formation en informatique ou à l'utilisation d'Internet est également un moyen qui a aidé ces populations à se servir de ce réseau.

Chapitre II : Les usages

L'utilisation d'Internet par des populations traduit dans une large mesure une volonté de celles-ci de satisfaire un besoin (ou une envie) exprimé ou latent. Elle est donc en rapport avec les caractéristiques du territoire en ce sens que c'est de celles-ci que découlent ces besoins qui sous-tendent l'utilisation de l'outil. Les types d'utilisations particulières qui seront fait du réseau seront donc déterminés par leur adaptabilité, c'est-à-dire leur adéquation avec les préoccupations quotidiennes de chaque usager. L'objet de ce chapitre est de déceler les principaux usages d'Internet dans les cybercafés visités à Touba et en ensuite de procéder à une lecture spatiale de ces usages.

I- Les principaux usages d'Internet

« Internet est multiple et offre autant de possibilités qu'il y a d'individus différents dans le monde »42(*). Ces propos hyperboliques de D.HOELTGEN, traduisent pourtant bien l'immensité des ressources disponibles sur Internet. De la connexion à des serveurs distants à la communication en passant par la recherche d'information, les cadres d'échanges et de rencontre, les divertissements, etc., cette TIC met en effet à disposition de ses usagers de nombreux avantages correspondants à leurs exigences quotidiennes. C'est donc dire qu'on peut s'adonner a plusieurs sortes d'activités sur Internet.

L'identification des principaux types d'usages qui sont fait d'Internet à Touba s'est faite a partir de l'exploitation des réponses à une question ouverte43(*) adressée aux internautes de la ville de Touba. Ces réponses fournies ont également permis d'avoir plus de détails nécessaires à une meilleure lecture de ces usages. La figure n° 6 tente une hiérarchisation des usages en fonction de leur fréquence d'apparition dans les réponses des enquêtes. Son examen laisse apparaître une nette prédominance de la communication et de la recherche d'information parmi les types d'utilisations particulières qui sont fait du « réseau des réseaux » dans la ville. L'écoute et le visionnage de contenus mourides et le commerce en ligne sont les activités les moins pratiquées sur Internet par les usagers.

Figure n° 6 : Les principaux usages d'Internet

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

1. La communication

Elle est la première activité que ces populations font sur le réseau Internet. Cette communication électronique permise par cette TIC « donne une nouvelle dimension aux espaces géographiques et certains parlent même de « cyber-géographie » pour qualifier l'espace géographique du 21 siècle »44(*). En effet, Internet se caractérise par son aptitude à joindre des individus éparpillés aux quatre coins du globe ; ce qui permet donc un amoindrissement des distances et, dans une bien moindre mesure, un étalement spatial.

Plusieurs applications permettent d'établir une communication via le réseau Internet. Cette communication peut se faire par écrit ou oralement, tout comme elle peut aussi être instantanée ou asynchrone.

Figure n° 7 : Les principales applications utilisées par les usagers pour communiquer

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

 

La figure n°7 fait état des principales applications dont se servent ces internautes de Toubapour établir des communications via le réseau Internet.

1.1 Le tchatche

C'est, la première application utilisée par les internautes pour communiquer. Cette application, encore appelé clavardage (néologisme formé des mots clavier et bavardage) ou messagerie instantanée, permet d'établir une communication par écrit et en temps réel entre deux ou plusieurs internautes. Pour cela il suffit d'utiliser un PC équipé de logiciels spécifiques comme Windows Live Messenger, Yahoo Messenger ou Google Talk. En outre, avec les innovations scientifiques apportées dans le domaine de l'informatique, le clavardage peut désormais être enrichi par des flux de lecture en continue de vidéo ou de sons par l'intermédiaire de micro casques et de webcam. Par ailleurs, le tchatche se fait d'une manière générale de façon informelle. La discussion ne respecte le plus souvent aucune des règles grammaticales ou orthographiques. Elle ressemble à la limite aux conversations se déroulant en face en face entre deux personnes dans la rue, dans une chambre, dans un bar, etc. Autant de facilités donc qui font que cette application est aujourd'hui massivement utilisée par les usagers du réseau Internet.

1.2 Le courriel

Encore appelé mail ou e- mail (contraction de électronic mail), cette application se caractérise par sa gratuité et son efficacité à établir des communications par écrit via Internet. Mais contrairement à la messagerie instantanée, avec le mail les communications sont asynchrones. Pour utiliser cette application, l'internaute doit au préalable disposer d'un compte (ou boite à lettres électroniques) auquel il accède grâce à un mot de passe et un identifiant ou adresse électronique. Ceux-ci sont spécifiques à chaque usager et ne permettent donc de n'avoir accès qu'à un seul et unique compte. A partir de sa boite à lettres, l'usager peut envoyer et recevoir ses messages électroniques. Ceux reçus peuvent être sauvegardés ou supprimés. Les messages envoyés peuvent aussi être archivés ou accompagnés de fichiers de toute nature. Le courriel est donc une application simple (un peu d'inspiration et quelques clics suffisent), rapide (un message peut arriver à l'autre bout du monde en un rien de temps) et surtout gratuite. Toute fois, le mail comporte certaines limites. Les messages envoyés peuvent se perdre ou être interceptés par des internautes mal intentionnés (les pirates informatiques). Ces derniers, du fait de leur grande maîtrise de l'outil informatique et du fonctionnement d'Internet en général, sont même capables de se saisir des mots de passe des usagers ; ce qui leur permet ainsi d'avoir accès à leurs comptes et de les utiliser à d'autres fins.

1.3 Skype

C'est la troisième application dont se servent ces internautes pour établir des relations à distance via Internet. Il s'agit d'un logiciel de téléphonie lancé sur le réseau Internet en 2003 et qui est disponible en deux formules. La première est gratuite et concerne les utilisateurs du logiciel pour une exploitation purement Internet. La seconde est par contre payante mais elle permet de joindre ou d'être joint via Internet alors que le correspondant utilise le réseau téléphonique traditionnel, RTC. Dans le cas de l'offre gratuite, l'internaute doit d'abord disposer d'un compte personnel qui va lui permettre de se connecter au réseau Skype et de pouvoir ainsi émettre ou recevoir des appels téléphoniques. En outre, avec ce compte il dispose d'une liste de ses contacts et pour appeler l'un d'entre eux, il lui suffit juste de faire un double clic sur son nom. Par ailleurs, Skype met aussi à la disposition de ses usagers d'autres applications telles que la messagerie instantanée, la visiophonie, la vidéoconférence et le transfert de fichier. Ce qui ne fait que rendre convivial son utilisation. Ainsi, « grâce à une qualité d'écoute excellente, une facilité d'utilisation ne nécessitant généralement aucune configuration, une mobilité accrue, une gamme de services complémentaires et un prix incomparablement moins chère que la téléphonie traditionnelle, Skype s'est répandu de manière virale »45(*) et est devenu aujourd'hui l'une des principales applications dont se sert une partie des ces internautes de Touba pour communiquer via « le  réseau des réseaux ».

Toutes ces applications permettent d'établir différentes formes de communication sur Internet avec des individus spatialement distants et ce nonobstant les contraintes qu'imposent certains éléments de la nature ou qui sont liées aux distances ou au temps. Ainsi donc, on peut convenir qu' « Internet établi la communication par delà les frontières, sans obligation de déplacement et en faisant l'économie du temps et de l'argent »46(*). Dès lors, il devient aisé de comprendre l'importance de cette activité parmi les usages qui sont fait d'Internet dans une ville marquée par une forte émigration de sa population. L'émigration dans cette localité remonte au lendemain de la seconde guerre mondiale et a eut pour destination les principaux centres urbains du pays, mais également de la sous région et même de l'Europe et des USA. Avec cette émigration, la relation de proximité entre l'émigré toubien et son marabout, sa famille et ses proche restés à Touba est dans un certains sens brisée. Ce qui crée ainsi un besoin d'établir des relations à distance, c'est-à-dire « l'ensemble des formes de liens à la fois économiques, financiers ou sociaux »47(*). Et cette relation à distance est permise par cette TIC, à travers justement ces applications citées plus haut. D'ailleurs nos enquêtes révèlent que 75% des internautes interrogés utilisent Internet pour communiquer avec des émigrés qui habitent à Touba et qu'ils connaissent.

2. La recherche d'informations

Quel élève, quel étudiant ambitieux et quel enseignant ou chercheur soucieux de pertinence ne rêvent-il pas réunir toutes les ressources existantes sur un sujet en un rien de temps seulement ? Quel adepte mouride ne souhaiterait-il pas obtenir une foule d'informations concernant Bamba, le mouridisme ou un membre de sa famille ? Quel travailleur n'a t-il pas besoin de savoir ce qui se fait dans son domaine d'activité dans l'autre bout de la planète ? Quel jeune n'a t-il pas besoin de découvrir l'actualité sur ses joueurs ou artistes préférés ? Quel citoyen n'a t-il pas besoin d'être tenu au courant de ce qui se passe dans son pays ou dans les autres pays ?

Ces interrogations, que l'on peut multiplier à souhait, traduisent s'il en était encore besoin l'importance qu'occupe l'information dans la vie quotidienne des hommes et le recours de ceux-ci à Internet. Ce réseau se présente en effet comme une prodigieuse source d'informations portant sur des thèmes riches, variés et multiples. Ces informations sont contenues dans les serveurs interconnectés au sein d'Internet. Le web est la principale application qui permet d'avoir accès à ces informations. Cette application, que l'on confond d'ailleurs à tort à Internet, attribue à chacun de ces serveurs une adresse qui lui est spécifique et qui permet ainsi de le repérer et d'y avoir accès. En outre, la multiplicité et la diversité de ces serveurs expliquent la masse impressionnante d'informations disponible sur le réseau. Dès lors, cette TIC permet d'opérer des recherches efficaces et relativement faciles sur les thèmes les plus divers : santé, sexualité, sport, religion ; actualité, étude, commerce, amour, étude....

La figure n° 8 fait état des principaux types d'informations qui sont recherchés sur Internet. Elle révèle que la recherche d'information n'est pas un fait illusoire. Bien au contraire, il répond à un besoin éminent et d'ailleurs 53% des usagers ont affirmé qu'ils avaient au moins une fois trouvé sur Internet l'information qu'ils y cherchaient.

Figure n° 8 : Les principaux types d'informations recherchées sur Internet par les usagers

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Par ailleurs, cette figure révèle que les types d'informations recherchés sur Internet à Touba sont multiples et variés.

2.1 L'actualité nationale et/ou internationale

Le besoin en informations liées à l'actualité nationale et/ou internationale prime sur toutes les autres. La recherche de ce genre d'information traduit un désir d'être tenu au courant de ce qui se passe dans son pays, et par delà dans le monde. Le réseau Internet en tant que monde virtuel devient pour les médias un nouvel espace de diffusion de leurs éditions quotidiennes ou hebdomadaires. Au Sénégal, les organes de presse ont très tôt saisi les nombreux avantages qu'offrait une présence sur Internet. C'est ainsi qu'en 1997, le quotidien d'Etat « Le Soleil » faisait son entrée dans ce monde virtuel. Aujourd'hui, la presque totalité des quotidiens nationaux sont consultables gratuitement sur Internet. Mieux, avec les portails Seneweb.com et Rewmi.com il est possible d'avoir accès à la fois à « la une » de tous ces quotidiens et aussi de visionner les derniers journaux des chaînes de télévision locales (2stv, Walf TV, RTS). D'autres portails comme Yahoo.com ou Msn.com offrent une large palette de services, d'activités et de contenus. Ils donnent souvent accès à de nombreuses rubriques (actualités, météo, informations financières), et proposent des liens vers des sujets populaires comme le cinéma, la musique, le sport, etc.

2.2 Les études et le travail

La seconde catégorie d'informations recherchées sur Internet est relative aux études et au travail. Ce sont donc essentiellement les élèves, étudiants et fonctionnaire qui recherchent ce type d'information. A ces catégories, Internet offre une kyrielle d'avantages en permettant notamment aux uns de disposer de l'information nécessaire au traitement de sujets d'exposés ou de thèmes de recherches, et aux autres de renforcer leurs capacités dans leurs domaines d'activité.

2.3 L'information religieuse

C'est la troisième catégorie d'informations recherchées sur Internet à Touba. Elle porte essentiellement sur la religion musulmane, le mouridisme, son fondateur Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, ainsi que sur les membres de la famille de ce dernier. « Les NTIC (Internet en particulier) constituent le nouveau territoire que les mourides tentent de conquérir après les espace sénégalais et internationaux »48(*). Le nombre de site web mis en ligne par des dahiras mourides illustre bien cette assertion de Cheikh Guèye. Ces sites ont tous le même objectif qui est celui de promouvoir dans ce nouveau monde la vie et leur de Cheikh Ahmadou Bamba. D'autres sites web du même genre ont été également conçu par des marabouts mourides (les descendants du fondateur) qui, en plus de « vendre » l'image de la confrérie sur ce nouveau support de communication, l'utilise aussi pour mieux communiquer avec leurs fidèles ou faire leur propre promotion. C'est donc dire que les mourides se sont réellement approprié Internet. Ce qui se traduit par la masse importante d'information relative à cette communauté religieuse que l'on retrouve dans le réseau. Nos visites dans les cybercafés ont permis de constater que c'est essentiellement sur ces sites que les usagers recherchaient des informations en rapport avec leurs croyances religieuses et confrériques.

2.4 Les informations sportives

Ce sont le quatrième type d'infirmations que ces internautes recherchent sur Internet. Elles concernent pour l'essentielle les résultats des matchs des championnats européens de football, le transfert des joueurs qui y évoluent et l'état de forme de leur évolution. Un accent particulier étant mis sur les footballeurs sénégalais. Ces informations sont disponibles à partir des sites web des clubs, des portails comme Yahoo.com, ou de sites spécialisés (Equipe.fr par exemple). Ces internautes de Touba sont donc plus ou moins des fans du ballon rond, malgré le fait que la pratique de ce sport soit interdite dans leur ville.

2.5 La musique et le cinéma

Ces deux domaines occupent une place dans les informations recherchés par les internautes de Touba. Pour ce qui est de la musique, on remarque que les informations recherchées portent essentiellement sur le mouvement Hip Hop national et étranger (celui américain en particulier). Pour les internautes concernés, il s'agit de s'informer sur l'actualité de ses rappeurs préférés et sur les tendances des albums sur le marché. La musique sénégalaise (le mbalax) ainsi que d'autres formes de musiques (ragea, « cabo love ») intéressent également cette partie de notre échantillon. Les informations relatives au cinéma portent particulièrement sur les nouveaux films sortis, l'actualité des acteurs, le coût de la production des films.

Tous ces types d'informations recherchée sont disponibles gratuitement sur Internet. Ce réseau, né dans le milieu de la recherche universitaire, a été conçu de sorte que son usager peut y créer, y traiter, y stocker et y partager librement et gratuitement de l'information. C'est justement cette liberté, due à l'absence de contrôle sur l'outil et sur ses usagers, qui fait douter de la fiabilité des informations présentes dans ce nouveau média. Comme le dit Dominique Hoeltgen, « Le meilleur et le pire se côtoient dans la masse d'informations qui circulent sur Internet. C'est une réplique virtuelle du monde réel »49(*) qui est de plus en plus difficile à contrôler. C'est donc dire que « n'importe qui » peut déposer « n'importe quoi » sur ce réseau.

3. Le transfert de fichiers

Elle est la troisième utilisation particulière que ces internautes de la ville de Touba font du « réseau des réseaux », Internet. Le transfert de fichier est une activité qui consiste à se connecter à l'un des serveurs interconnectés par Internet et y rapatrier sur un périphérie de stockage (disque dur, clé USB, carte mémoire, etc.) des fichiers qui peuvent être de nature diverses : sons, des photos, des programmes interactifs, des films... Pour l'internaute, le choix du type de fichier à télécharger se fera en fonction de la possession ou non du matériel adéquat pour traiter l'information qu'il contient d'une part, et de l'autre, de l'intérêt particulier qu'il lui accorde.

Figure n° 9 : Les principaux types de fichiers téléchargés par les usagers

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

La figure n° 9 représente les principaux types de fichiers qui sont transférés par les individus interrogés. Son examen révèle que les fichiers audio et vidéo prennent largement le pas sur tous les autres

3.1 Les fichiers audio et vidéo

Les fichiers audio et vidéo transférés par les usagers se différencient de par leur contenu. La musique (Rap/R&B, la musique sénégalaise et reggae) et les vidéo (les clips vidéo de Rap/R&B, de reggae et de mbalax et les films dont les plus cités sont ; Prison Break, 24 heure chrono, ceux portant sur la vie et l'oeuvre du Prophète Mohamed (PSL) ou sur le Saint Coran) sont les types de contenus les plus présent dans les fichiers audio et vidéo téléchargés. Ces contenus peuvent être lus avec des matériels simple d'usage et très pratiques (baladeur numérique, VCD, PSP, etc.). C'est sans doute ce qui explique leur prédominance parmi le lot de fichiers transférés.

Les khassidas, second type de contenus, sont des odes écrites par le fondateur du mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba qui y exprime son amour et sa foi inébranlable en Dieu et en son Envoyé Mohamed (PSL). Le contenu de ces khassidas occupe une place centrale dans les croyances de la confrérie mouride. Le lien symbolique qui est établi entre ces poèmes et la dimension à la fois « sainte » et mystique de leur auteur fait qu'ils sont considérés dans cette communauté comme une aubaine. Leur récital et la méditation sur leur contenu sont d'ailleurs vivement recommandés. C'est donc dire que ces khassidas font partie de la vie quotidienne des adeptes de cette confrérie. Sur Internet, beaucoup d'entre eux sont disponibles sous formats électroniques et transférables gratuitement.

Les vidéo de magal  ou de « thiant » arrivent constituent le troisième type de contenu des fichiers audio vidéo transférés. Les « thiant » sont des cérémonies d'actions de grâce organisées par des dahiras mourides soit sous leur propre initiative ou soit sous l'ordre de leur guide religieux. Ils participent donc à la vie de la confrérie et à sa promotion. Les magals sont des cérémonies religieuses organisées pour commémorer un fait marquant liée à la confrérie, à son fondateur ou à un membre de sa famille. Les vidéos de ces types de cérémonies sont téléchargeables sur Internet à partir des sites web conçus par les mourides pour conquérir ce nouvel espace et aussi à partir des sites de partage.

3.2 Les fichiers textes

Ceux-ci sont particulièrement constitués par des cours ou supports de cours, de document portant sur le mouridisme, son fondateur ou un membre de sa famille, de documents liés à l'activité professionnelle exercée, de textes de chansons, de dictionnaires.

3.3 Les programmes informatiques

Ce type d'activité est essentiellement pratiqué par des internautes qui possèdent un ordinateur. Les programmes les plus transférés sont les logiciels utilitaires comme les lecteurs audio ou vidéo, les logiciels de traitement de traitement de textes (Microsoft Office Word, Adobe Reader), les logiciels de montage de photos, les logiciels antivirus, les logiciels de gravure et les logiciels de conceptions de sites web.

3.4 Les photos

Elles peuvent être regroupées en deux grandes catégories, les photos diverses et les photos de figures emblématique du mouridisme. Les premières sont généralement celles des stars du ballon rond, du mouvement Hi Hop, de la lutte sénégalaise, des stars du petit écran (films et TV). Les secondes sont constituées par des photos de Bamba, de la grande mosquée de Touba, de guides religieux mourides, de mausolées. Ces images occupent une place hautement symbolique dans les croyances des mourides et sont même vénérées par certains d'entre eux

3.5 Les jeux

Ils constituent la dernière catégorie de fichier transférée par les internautes de la ville.

Tout comme la presque totalité des services Internet, le transfert de fichiers est une activité gratuite sur ce réseau. Les logiciels comme Internet Download Manager, Free Download Manager ou You Tube Downloader, sont des outils permettant le téléchargement de fichier, quelque soit leur nature et leur taille, à partir de sites spécialisés. En outre, les logiciels de Peer to Peer comme Ares ou u-torrent sont des applications qui permettent de se connecter non pas à des serveurs, mais directement à des disques durs de PC distants et y rapatrier n'importe quel type de fichier. Dès lors, le transfert de fichiers apparaît comme un outil de partage de l'information convivial sur Internet.

4. Les loisirs et divertissements

Ils constituent le quatrième type d'usage que les internautes de la ville font du réseau internet. Ces activités récréatives prennent une nouvelle dimension avec cette TIC. En effet Internet, en tant que plate-forme multimédia, offre un grand nombre de moyens de communications, y compris l'échange de fichiers audio et vidéo, de photographies, d'images numériques, etc. Cet aspect multimédia, conjugués à sa capacité de réseautage et à la visibilité mondiale qu'il offre, fait également qu'Internet est de plus en plus utilisé pour transformer des activités traditionnellement individuelles en des expériences de divertissement partagées (les jeux par exemple). Elle permet donc de diffuser à l'échelle planétaire des fichiers dont le contenu audiovisuel peut être de nature diverses ou de participer à des jeux qui peuvent se pratiquer seul ou avec des participants, en circuit fermé ou avec des milliers d'internautes inconnus jouant ensemble. Dès lors, il apparaît comme un cadre idéal où l'on peut s'adonner à des formes de distractions multiples et variées.

Nos enquêtes effectuées dans la ville de Touba révèlent que la consultation de fichiers à contenu audiovisuel est la principale forme de loisir/divertissement à la quelle s'adonnent les internautes. Ces types de fichiers peuvent être des films, des extraits de films, des émissions de télévision, des clips de musique ou des vidéos amateurs (que peuvent créer les internautes à partir de téléphone portable ou de caméscope). Les sites web de partage (comme Daily motion ou You tube), les sites web des médias traditionnels, les sites de Web TV (chaînes de télévision qui ne sont disponibles qu'en ligne) et les sites de vidéo à la demande (site où l'on peut accéder à un type de contenu audiovisuel bien définie moyennant une certaine somme d'argent) sont les principaux lieux où l'on peut s'adonner à ce genre de distraction sur Internet. A Touba, c'est le site de partage Youtube.com qui est le plus utilisé par les usagers pour visualiser des fichiers à contenu audiovisuel, dont les plus cités sont les clips de musique Rap/R&B, mbalax ou reggae, des combats de lutte sénégalaise, des extraits de match de football, des vidéos insolites.

Youtube est un site web sur lequel un internaute peut visionner, partager, noter, commenter ou télécharger des séquences vidéo de natures diverses. Toutefois, si le visionnage et le téléchargement de ces vidéos sont permis à tous les internautes, il en est autrement pour ce qui est des autres services proposés par le site. En effet, le commentaire, la notation et le partage de fichiers sont exclusivement réservés aux internautes inscrits sur le site. Cette inscription se fait gratuitement et permet de disposer d'un compte personnel à partir duquel, l'internaute peut déposer sur le site du contenu audiovisuel et le partager ainsi à l'échelle mondiale. L'internaute inscrit peut également poster des commentaires sur les vidéos déjà visionnées ou les noter. En plus de ces `'simples'' internautes, les services de Youtube sont de plus en plus utilisés par des artistes musiciens en quête de producteur ou de popularité, par de grands producteur de cinéma, de musique et par des chaîne de télévision qui y voient la possibilité de développer des activités lucratives. Ainsi, Youtube, se présente comme une plate-forme offrant une large palette de services divertissants et dont l'usage ne requiert point de grands efforts. La page d'accueil du site comporte une barre de recherche, les vidéos sont accessibles par catégories et lorsque l'on visionne une vidéo, d'autres, en rapport avec celle regardée, sont proposées. Cependant, puisque Youtube est une entreprise américaine, le contenu des vidéos qu'ils hébergent sont évalué en fonction de la constitution américaine qui garantie une liberté d'expression totale. Il est donc possible d'y trouver des vidéos dont le contenu est normalement censuré dans le pays où se trouve l'internaute utilisant le site. Des vidéos à tendance négationniste, antisémite, homophobe, antireligieuse, discriminatoire, etc. côtoient ainsi les clips de musiques, les vidéos amateurs, les extraits de films... En outre, les difficultés liées au contrôle du réseau virtuel Internet et de ses usagers font qu'il est également possible de diffuser à partir de ce site des vidéos à contenu pornographique ou choquant (scène d'agression ou d'assassinat).

5. L'écoute et le visionnage de contenus mourides

Cette activité repose sur le même principe de fonctionnement que les loisirs et divertissement sur Internet. Elle consiste donc à la consultation de fichiers audiovisuels dont le contenu est en rapport avec la communauté mouride. C'est pour éviter d'assimiler ces deux activités et aussi pour mieux souligner le fait religieux dans les usages, qu'on a choisi de les classer séparément.

L'écoute et le visionnage de contenus mourides se fait généralement soit à partir des sites web de partage, soit à partir des sites web et des blogs créés par des membres de cette confrérie religieuse. Les principaux types de fichiers consultés sont, pour l'essentiel, des récitals de khassidas, des extraits de vidéos de magals ou de `'thiant'', des discours du khalife général ou d'un autre marabout de la confrérie et des fichiers audio qui retrace la vie et l'oeuvre de Bamba. Cette partie d'internautes concernés par ce type d'usage accorde donc une importance particulière au fait religieux dans l'utilisation qu'elle fait du réseau Internet.

6. Le commerce en ligne

C'est la dernière forme d'utilisation particulière que les populations de Touba font d'Internet dans les cybercafés. Cette TIC est un réseau qui s'étend à l`échelle planétaire et qui permet une jonction rapide et facile des différents noeuds qui le constituent. En se présentant sous cette forme, cette TIC est de plus en utilisée par les acteurs traditionnels du secteur du commerce qui y voient un nouveau support de transactions. Le e-commerce peut se définir comme étant « l'ensemble de services, de logiciels et de procédures qui permettent la vente de produits en ligne »50(*). Aujourd'hui, on peut tout acheter sur Internet ou presque, des livres aux vacances, des produits alimentaires à l'électronique, des billets d'avions aux produits cosmétiques... Les sites web de commerce en ligne peuvent également permettre d'acquérir des produits virtuels et des services, comme accéder à des contenus spécifiques. En plus d'être des boutiques en lignes, ces sites sont aussi des espaces propices pour nouer des relations partenariales entre tous les acteurs évoluant dans le secteur du commerce. Ce sont donc des vitrines mondiales où l'agriculteur, l'artisan, le commerçant,... et même un simple internaute, peut exposer, acheter ou vendre des produits ou services de natures diverses. Aussi avantageux qu'il puisse être surtout pour une localité où l'activité économique est en plein essor, le commerce en ligne constitue l'activité la moins pratiquée par les internautes interrogés à Touba. Ce qui traduit que cette nouvelle forme de commerce n'a pas encore intégré les habitudes des internautes de la ville, sans doute parce que les modalités de sa pratique (un peu compliquée) sont peu ou pas du tout connues.

Les principaux types d'usages qui sont fait d'Internet dans les cybercafés visités à Touba sont donc multiples et variés. En outre, ils traduisent la composition hétéroclite de notre échantillon constitué d'élèves, d'étudiants, de chômeurs, de travailleurs indépendants, de fonctionnaires, d'analphabètes. Chacune de ces catégories y trouve donc son compte. S'il en est ainsi, c'est parce que cette TIC met à leur disposition de nombreux sites web dont chacun se focalisent sur un aspect précis de la vie quotidienne et dont les services offerts sont, pour la plupart, gratuits. Néanmoins, malgré l'immensité de la toile et la richesse des sites web qui la composent, il existe tout un ensemble de facteur qui fait que certains de ces sites ne sont jamais visités par les internautes. En effet, les résultats de nos enquêtes menées à Touba révèlent que ce ne sont pas tous les internautes qui visitent tous les types de sites web. 13% des usagers ont affirmé qu'ils ne font pas de différence entre les sites web, c'est-à-dire qu'ils visitent tous les types de sites sur Internet alors que pour les 87% restant c'est le contraire.

L'examen de la figure n° 10 permet de saisir que les sites dont les contenus sont pornographiques ou racistes sont de loin les principaux sites web que ces internautes visitent le moins sur Internet. Les raisons qui les poussent à ne jamais surfer sur ce genre de sites sont multiples et variées comme le souligne la figure n° 11. Mais d'une manière générale, on peut retenir que si ces sites ne sont jamais fréquentés par les internautes, c'est parce qu'ils considèrent que ceux-ci ne leur offrent aucun intérêt et que leurs contenus sont transgressifs.

Figure n° 10 : Les sites web jamais visités par les usagers

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Figure n° 11 : Les raisons du non visitent de ces sites

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

II- Internet, le fait religieux et les mutations urbaines

Comment apprécier le fait religieux dans ces différents types d'usages ? Ces usages ont-ils un quelconque rapport avec certaines formes de mutations en cours à Touba ? Ce sont là les principales questions auxquelles nous tentons d'apporter des éléments de réponses dans ce point de notre travail.

1. Internet et le fait religieux

L'ode composée par Cheikh Ahmadou Bamba entre 1887 et 1895, Matlaboul Fawzeinie, laisse apparaître en filigrane l'importance de du fait religieux dans la ville de Touba. L'idéal véhiculé à travers ce khassida (entièrement dédié à Touba) est celui d'une localité se présentant comme un haut lieu de culte, de prière, de recueillement et qui n'est destiné qu'à ceux là qui aspirent à Dieu, les mourides. C'est donc dire que cette ville devait être, dans l'esprit de son fondateur, le cadre idéal pour adorer et servir Dieu et son Envoyé Mohamed (PSL) conformément aux recommandations et interdits de ceux-ci.

Internet crée de nouveaux moyens pour des communautés religieuses d'offrir une vitrine au monde. En effet, la visibilité mondiale et les facilités de communications qu'il offre font que cette TIC est de plus en plus utilisé pour propager à l'échelle planétaire des messages religieux. Les sites web mis sur pied par des dahiras mourides ou par d'autres associations musulmanes sénégalaises ou résident à l'étranger permettent ainsi d'avoir accès à de nombreuses informations relatives aux enseignements du Saint Coran ou à l'oeuvre de Cheikh Ahmadou Bamba. Dans les sites web mourides par exemple, il est possible d'écouter ou de lire des khassidas ou des récits de la vie de Bamba, de visualiser des vidéos de magals ou de `'thiant'', d'écouter les déclarations du khalife général, de découvrir « la ville sainte de Touba » (son plan, ses quartiers, ses « lois », ses principaux lieux de cultes,)... . D'autres sites permettent de mieux maîtriser les rudiments de la religion islamique en proposant des traductions, en plusieurs langues, de versets coraniques ou des interprétations du message islamique, des cybers fatwa,... Par ailleurs de plus en plus de guides religieux mourides se sont fait concevoir des sites web, sans doute parce qu'ils sont conscients des nombreuses facilités qu'ils leur offrent surtout pour mieux communiquer avec des fidèles qui s'approprient progressivement cette TIC.

Le fait religieux est donc présent sur Internet. Dès lors, il peut largement exercer influence sur les usages qui sont fait de ce réseau dans une ville où il est l'une des marques caractéristiques. L'utilisation du contenu de ces sites par les internautes de Touba peut leur permettre d'en savoir mieux et plus sur les recommandations de leurs guides religieux, de leur religion ou de leur confrérie. Mais est ce que ces internautes utilisent réellement ces sites pour cette fin ? L'analyse des principaux usages d'Internet faite dans le point précédant offre tout un ensemble d'éléments de réponses à cette question.

Pour ce qui est des informations recherchées sur Internet, celles relatives à la religion (l'islam, le mouridisme, son fondateur ou un membre de sa famille) arrivent en troisième position, derrière les informations relatives aux actualités et aux études et travail. Mais elles devancent quand même celles portant sur le sport, la musique ou le cinéma. Concernant les fichiers transférés, on s'aperçoit qu'il y en a certes certains dont le contenu est en rapport avec le mouridisme (khassidas, vidéos de magals ou de « thiant », photos de Bamba ou de figures emblématiques du mouridisme), mais ce sont les musiques, les clips vidéo et les films qui dominent largement. Enfin pour ce qui est de l'écoute et du visionnage de contenus audiovisuels, on observe encore une fois que ce sont les musiques et les vidéos diverses qui prennent largement le pas sur les khassidas et les vidéos de la confrérie mouride.

Le fait religieux est effectivement donc présent dans les usages d'Internet, mais il y occupe place relativement faible. Les internautes de la ville de Touba interrogés, ou du moins la majorité d'entre eux, lui accordent donc peu d'importance dans les utilisations particulières qu'ils font du réseau Internet dans les cybercafés. Ce qui amène à dire qu'ils se servent peu ou pas du tout de cette TIC pour mieux s'imprégner des enseignements de leur confrérie ou de leur religion. Mais ce constat est-il suffisant à lui seul pour déduire qu'il y a un désintéressement de ces « toubiens » au fait religieux, caractéristique majeure de leur localité ? A ce stade de notre travail, il est difficile pour nous d'avancer une quelconque réponse à cette question. Ce que l'on peut dire c'est qu'Internet n'est pas le seul et unique lieu dont disposent ces populations pour s'adonner à l'apprentissage des prescriptions de leur religion ou de leur confrérie. En effet, la ville comporte un ensemble d'endroits qui sont tout aussi propice qu'Internet (sinon même plus parce qu'étant concret) pour en savoir mieux et plus sur la religion musulmane ou sur l'oeuvre de ses figures emblématiques. Les dahiras en sont un exemple précis. Ces associations permettent à des adeptes mourides « de se retrouver à intervalle régulier pour chanter ou réciter les poèmes du fondateur de la voie, discuter entre disciples pour s'encourager et renouveler la foi, recevoir les ordres et recommandations du corps maraboutique »51(*), le tout autour du « café touba ». Ils constituent donc d'excellents lieux où l'adepte mouride peut apprendre, de façon conviviale, les rudiments des enseignements de Bamba ou même de l'islam. Leur nombre ne cesse de croître à Touba. On en trouve presque dans chaque quartier et chaque adepte peut gratuitement en adhérer un, pourvu seulement qu'il puisse s'acquitter des cotisations pour l'envoi de dons au khalife général ou pour la célébration d'un évènement de la confrérie. Sont-ils les lieux dont se servent ces internautes de Touba à la place du  « réseau virtuel » ?

2. Internet et les mutations urbaines

La ville de Touba bénéficie d'un statut d'exterritorialité conventionnellement établie, mais qui ne cesse d'être repoussée. Ce périmètre apparait ainsi donc comme une sorte une reconnaissance officielle d'une ville religieuse gérée par une autorité religieuse à l'intérieur du territoire national. Au-delà de cette reconnaissance administrative, l'importance de la fonction religieuse de la ville de Touba se manifeste aussi à travers certaines « lois » qui lui sont propres. L'usage de l'alcool et du tabac y est interdit. Les salles de cinéma, les stades, les salles de jeux, les boites de nuits y sont également rejetées. En outre contrairement aux autres localités du pays où certaines cérémonies (les baptêmes ou les mariages) sont accompagnées de manifestations folkloriques, à Touba toute sorte de manifestations publiques avec de la musique est interdite. Il semble que toute activité pouvant distraire l'individu de ces obligations religieuses et confrériques y est exclue. Et c'est le khalife général, autorité suprême de la confrérie mouride et de sa capitale, qui à la charge de veiller à ce que ces « lois » soit appliquées afin que puisse s'éterniser l'oeuvre de Bamba. Cependant la ville de Touba a connue une urbanisation rapide et massive qui s'est traduite par une remarquable croissance démographique et spatiale. Cette urbanisation concrétise le rêve de Bamba mais l'a trahit en même temps. En effet de par son ampleur, elle ne permet plus à l'autorité maraboutique de pérenniser et d'assurer sa mission régalienne de contrôle sur l'espace et sur les hommes (Gueye 2002 b). Ce qui traduit ainsi un affaiblissement de l'autorité maraboutique, celui du khalife général en particulier. Sous ce rapport, il semble évident qu'à priori, certains usages d'Internet par des internautes de la ville ne feront que renforcer davantage cet affaiblissement.

Internet est une technologie qui offre à ses usagers de multiples avantages qui sont en rapport avec leurs activités et leurs soucis ou besoins quotidiens (la communication et la recherche d'informations, les loisirs, les divertissements,...). C'est sans doute ce explique le réel enthousiasme dont il jouit auprès des individus. Le réseau Internet apparaît donc comme étant à la fois une copie, une reproduction du monde réel et aussi une alternative à celui-ci. Par ailleurs, ce réseau virtuel constitue un « un système sans cerveau ni centre nerveux identifiable »52(*). Ce qui fait qu'il est de plus en plus difficile voire même impossible de le contrôler et de contrôler aussi ses usagers. Son appropriation par les populations de Touba créent ainsi les conditions pouvant amener à l'apparition de situations nouvelles pas conformes aux exigences religieuses et sociétales qui caractérisent la ville de Touba. En effet ce réseau offre à ses usagers des cadres d'échange, de dialogue où ils peuvent s'exprimer librement, même sur des sujets considérés tabou dans leur cadre de vie. En outre Internet leur permet également d'être en contact avec des individus différents d'un point de vue culturel et cultuel et aussi avec « des images positives et négatives de sociétés basés sur d'autres logiques »53(*). Dès lors, cette TIC constitue pour ces internautes mourides un cadre où ils peuvent s'extirper du contrôle califale et s'adonner ainsi à certains types d'activités prohibées dans leur ville.

Les résultats des enquêtes démontrent qu'effectivement une partie des internautes fréquentent sur Internet des cadres où ils peuvent s'exprimer ou établir différents types de rapports avec d'autres internautes, et aussi d'autres où ils peuvent s'adonner à certaines formes de loisirs interdits dans leur territoire.

2.1 Les cadres d'expression des usagers sur Internet

Les cadres d'expression sont pour l'essentiel les forums de discussion et les blogs.

2.1.1 Les forums de discussion

Encore appelés newsgroup et largement présents sur Internet, les forums de discussion sont «des arbres à palabre virtuels ». Il s'agit donc de lieux où l'internaute peut participer librement à une discussion tournant autour d'un thème bien défini en posant des questions ou en apportant des contributions.

L'examen du tableau n° 17 laisse apparaître que 20% des usagers participent à des forums de discussion. Ils sont donc minoritaires par rapport aux internautes qui ne les fréquentent jamais (80%).

Tableau n° 17: Répartition des usagers en fonction de la fréquentation des forums de discussion

Vous arrive t-il de participer à des forums de discussion sur Internet ?

 

Nombre de citation

%

Oui

20

20%

Non

80

80%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Sur Internet, il existe de plus en plus sites web spécialement dédiés à la mise sur pied de forums de discussion et d'autre qui n'en font qu'un des services qu'ils offrent. Dans un cas comme dans l'autre, la participation à un groupe de discussion est gratuite. Ces groupes sont généralement constitués d'internautes qui partagent le même intérêt pour un quelconque sujet. Celui ci peut être un article publié dans un site ou un thème particulier : santé, religion, étude, voyage, amour, ... bref tout centre d'intérêt qui peut attirer. En outre, c'est souvent le premier message posté qui donne une orientation particulière à la discussion. Chaque nouveau message envoyé peut être une réponse à celui qui le précède ou à celui du premier intervenant, ou une question ouverte. La discussion est donc ouverte et chacun est libre de donner son point de vue sur chaque idée émise.

La figure n° 12 illustre, par ordre d'importance, les principaux thèmes de discussion auxquels s'intéressent les internautes ciblés dans la ville de Touba. Ceux-ci sont divers et variés et sont également choisis parmi tant d'autres qui sont proposés. En outre, ils révèlent une certaine ouverture de ces internautes qui désirent ainsi en savoir plus sur l'économie, la politique, la religion, l'amour, la santé, l'éducation, l'informatique, etc.

Figure n° 12 : Les principaux thèmes de discussion dans les newsgroups

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

2.1.2 Les blogs

Ce sont également des cadres d'expression utilisés par une frange de notre échantillon. Le tableau n° 18 révèle que 23% des internautes possèdent un blog et le reste du groupe (73%) n'en possède pas.

Tableau n° 18: Répartition des usagers en fonction de la possession d'un blog

Possédez-vous un blog ?

 

Nombre de citation

%

Oui

27

23%

Non

73

73%

Total

100

100%

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Phénomène assez récent sur Internet, les blogs sont des espaces personnels interactifs publiés sur Internet par des groupes ou un individu. La création de blog se fait gratuitement et aussi d'une manière relativement simple à partir des sites web qui fournissent les accessoires nécessaires pour publier du contenu en ligne (Skyrock.com, Twitter.com). Ces pages peuvent donc être constituées de fichiers audio ou vidéo, d'images fixes ou animées, ou de texte. En outre, elles comportent également des liens hypertextes (ce qui permet ainsi de se déplacer d'un blog à un autre) et des fioritures de natures diverses. C'est donc dire que leur ergonomie est satisfaisante. Le contenu des blogs peut être consulté librement par les internautes qui disposent de l'adresse du site web qui les hébergent. Ceux-ci peuvent également apporter des commentaires sur ces contenus. Ce qui crée ainsi une certaine interactivité entre le propriétaire du blog et ceux qui le visitent. Ce service offert par Internet est de plus en plus utilisé par des hommes politiques et autres célébrités, par des associations religieuses, par des xénophobes, par des extrémistes, etc. pour ainsi véhiculer leurs idéologies à l'échelle planétaire. Ils sont également massivement utilisés par de « simple » internautes qui y racontent leurs activités quotidiennes et y exposent leurs principaux centres d'intérêt. Ceux-ci pouvant être appréciés par d'autres internautes.

2.2 Les sites de rencontre visités par les usagers

Il s'agit là d'identifier les principaux types de relations nouées sur Internet par les usagers. 59% d'entre eux ont affirmés qu'ils ont connus des personnes via Internet en se servant des services offerts par les sites de rencontre en ligne. Pour 42% d'entre eux, les personnes connues via Internet sont établies aussi bien au Sénégal qu'à l'étranger. 9% des internautes concernés n'ont noué des relations qu'avec des sénégalais (ses) et 4% qu'avec des étrangers (ères).

Basés sur le concept sociologique de réseautage social, ces sites réunissent « des personnes qui partagent des centres d'intérêts et des activités ou qui souhaitent explorer les centres d'intérêt et domaines d'activités d'autres personnes »54(*). On en retrouve une multitude sur Internet et ils se différencient essentiellement de par les motivations ayant sous tendus leurs créations. On distingue ainsi donc sur Internet des lieux où l'on peut nouer des relations de natures diverses avec des individus quelconques. Certains sites comme Facebook.com ou Hi5.com se focalisent sur les rencontres amicales entre anciens élèves ou étudiants ou entre tierces personnes, d'aucuns comme AdultFriendFinder.com, Baddo.com ou Meetic promeuvent les relations amoureuses, et d'autres comme AMPE favorisent les rencontres entre travailleurs ou chômeurs à la recherche d'emplois. Il existe également des sites de maillage social en ligne qui regroupent des internautes originaires d'un même territoire ou appartenant à une quelconque association. Le principe de fonctionnement de ces sites de rencontre en ligne est quasi identique. L'internaute qui souhaite en adhérer un doit d'abord s'y inscrire et y obtenir ainsi une page personnelle qui se présente sous forme de blog. Ces pages sont accessibles à partir de la page d'accueil du site. Toutefois, un membre peut restreindre l'accès à certaines parties de sa page à ses seuls amis ou uniquement à des membres du site disposant de certaines références. En fonction des objectifs qui ont motivé la création du site, les membres se retrouvent ainsi autour de centres d'intérêts et d'activités bien définies.

Les différents types de rencontres que les internautes de la vill ont établis sur Internet sont représentés dans la figure n° 13.

Figure n° 13 : Les différents types de relations nouées sur Internet par les usagers

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

L'examen de cette figure laisse apparaître une nette prédominance des relations de nature extrafamiliales, c'est-à-dire les relations amicales et professionnelles. Seuls 7,2% des relations nouées sur Internet par ces internautes sont en effet de nature familiale. Des relations amoureuses sont également établies sur Internet par une partie de notre échantillon. Ainsi, on peut retenir que ces internautes « toubiens » recherchent sur Internet des amis, (es), des collègues de travail ou l'âme soeur.

Le visionnage de contenus audiovisuels sur Internet peut également être mis en contribution dans l'analyse du rapport entre l'affaiblissement du contrôle califale et l'utilisation de certains services d'Internet. Bien que la majorité des internautes interrogés aient mentionnés les sites pornographiques parmi les sites web qu'ils ne visitent jamais sur Internet, nos visites nocturnes dans les cybercafés ont permis de saisir qu'il y a quelques un d'entre eux qui s'adonnent à cette activité sur internet. Et c'est dans les cybercafés où les ordinateurs sont disposés sous forme de box que ces pratiques ont été le plus observées. Pourtant sur les murs des cybercafés, il y a des affiches qui rappellent l'interdiction formelle de surfer sur ce genre de site web. Mais il semble que ces internautes y accordent peu d'importance. L'essentiel pour eux est de satisfaire leur envie ou leur curiosité. Les gérants sont bien conscients de ces quelques cas mais ils affirment qu'ils ne peuvent imposer quoique ce soit au client car il paie son argent. Cette excuse des gérants traduit dans une certaine mesure leur incapacité à appliquer une décision émanant de l'autorité suprême de la ville. L'essentiel pour eux est de se faire plus de lucre.

Blogs, forums de discussion et sites de rencontre sont autant d'endroit que fréquente une partie de l'échantillon soit pour établir des relations amicales, professionnelles ou amoureuses, soit pour disposer d'espaces personnels interactifs ou soit pour débattre sur des sujets portant sur les faits de société, les faits d'actualités, l'amour, la religion, les études, la santé, etc. Les internautes qui visitent les cadres d'expression sont minoritaires dans l'échantillon. Seuls 20% des usagers participent à des forums de discussion et 27% d'entre eux possèdent un blog. Toutefois pour ce qui est des sites de rencontre, on remarque une nette prédominance des internautes qui les fréquentent (59%) dans l'échantillon. Par ailleurs sur l'ensemble des usages que ces internautes font de ces lieux, ceux qui sont rapport avec l'affaiblissement du contrôle du khalife occupent une place minoritaire. Parmi les types de relations établies sur la toile, celles amoureuses arrivent loin derrière les relations amicales et professionnelles. Les discussions sur des sujets tabous comme la sexualité ou les relations amoureuses sont également peu pratiqués par rapport à l'ensemble des sujets de discussion. Dès lors l'on peut avancer qu'il y a effectivement dans l'échantillon des « toubiens » qui s'adonnent sur Internet à des activités prohibés dans leur ville. Ceux-ci se sont donc servis d'Internet comme un moyen pour contourner l'autorité du khalife et satisfaire ainsi des besoins exprimés ou latents et qui sont rejetés dans leur cadre de vie. Mais ces internautes sont largement minoritaires dans l'échantillon.

CHAPITRE III : PERCEPTION D'INTERNET PAR SES USAGERS

« A l'instar des autres époques civilisationnelles, celle-ci (l'actuelle révolution d'Internet) a des conséquences à la fois positives et négatives »55(*). Dès lors, il devient pertinent pour de nous intéresser à l'appréciation que les internautes de la ville font d'Internet. Ainsi, il s'agit dans ce chapitre de recueillir les avantages et les inconvénients qu'ils attribuent au parangon des TIC, Internet.

I- Les avantages d'Internet selon les usagers

Tout comme lors de la révolution industrielle, les nouvelles technologies de l'information refaçonnent le monde et créent de nouveaux paradigmes dans les domaines sociaux, culturels, économiques et politiques. Des personnes situées sur des continents différents peuvent à présent, grâce à ces nouvelles " autoroutes de l'information ", communiquer, faire de la recherche et échanger des biens et des services sans obstacles temporels ou spatiaux et en passant par moins d'intermédiaires qu'auparavant. Sous ce rapport, l'apport d'Internet dans l'amélioration des conditions de vies des populations interrogées paraît bien évident. En effet chez 92% d'entre eux, le sentiment de l'amélioration des conditions de vies par Internet est bien réel. Les avantages d'Internet qu'ils brandissent pour expliquer ce satisfecit sont multiples et variés comme le révèle la figure n° 14.

D'une manière générale, on peut retenir que si ces usagers ont le sentiment qu'Internet a amélioré leurs conditions d'existence, c'est parce que cette TIC leur permet d'acquérir de nouvelles connaissances de la vie et du monde grâce à un accès rapide, facile et gratuit à l'information et aussi à de nouvelles relations établies sur ce réseau. Ce qui peut occasionner une amélioration des conditions d'études ou de travail ou une meilleure connaissance de la religion, du mouridisme et de son fondateur, Cheikh Ahmadou Bamba. En outre la rapidité de la communication et le coût peu onéreux de celle-ci permet à certains de ces usagers d'effectuer des gains de temps considérables alors que les loisirs et divertissements renforcent le sentiment de liberté chez d'autres.

Figure n° 14 : Les avantages d'Interner selon les usagers

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

II- Les inconvénients d'Internet selon les usagers

Figure n° 15 : Les inconvénients d'Internet selon les usagers

 

Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009

Les importunités du réseau mentionnées par les internautes sont fondées et légitimes.

Les sites pornographiques : « Il est question dans ces sites de la description et de la communication publique d'actes explicitement érotiques, c'est-à-dire stimulant le désir sexuel et obscènes, c'est-à-dire sales, honteux et dégradants »56(*). En 2006, on dénombrait 4,2 millions de sites web pornographiques, 420 millions de pages web pornographiques et 68 million de requêtes quotidiennes pour des sites pornographiques via les outils de recherche Internet (c'est-à-dire 25% de toutes les requêtes de recherche Internet). L'industrie de la pornographie sur le web a rapporté 97 milliards de dollars cette même année. Les chiffres se répartissent ainsi pour les 4 pays ayant dépensés le plus : 27 milliards en Chine, 25 milliards en Corée du sud, 20 milliards au Japon, 13 milliards au Etats-Unis. Quand aux canadiens, ils ont dépensés 1 milliard de dollars pour la production de contenus pornographiques sur le Web. Ces statistiques publiées par Internet Review Filter illustrent clairement l'ampleur de ce phénomène dans ce nouveau monde. Ces sites pornographiques sont massivement présents sur Internet et leur accès est aussi facile que celui des sites d'informations, de rencontre, de commerce en ligne, etc. En outre, la presque totalité d'entre eux offrent aux internautes des services gratuits. Le visionnage ou le téléchargement de fichiers audiovisuels pornographiques deviennent ainsi des activités que peut pratiquer n'importe quel utilisateur du réseau. Et c'est justement là où la pornographie sur Internet est dangereuse car de jeunes adolescents peuvent facilement se retrouver devant des scènes de nature transgressives.

Le manque de contrôle sur Internet évoqué par certains usagers comme l'un des inconvénients majeurs de réseau est de fait. La gestion d'Internet n'est centralisée en aucun point du réseau et aucun organisme régulateur adapté au caractère supranational du réseau n'a encore été conçu. En outre, « perçu par les internautes comme un espace nouveau de liberté d'expression et d'échange, toute velléité d'intervention des Etats est regardée avec méfiance »57(*). Par ailleurs, en tant que réseau ou monde virtuel, cette TIC garanti à ses usagers l'anonymat en ce sens que l'inscription dans un forum de discussion ou un salon de tchatche se fait avec un pseudonyme et il est aussi possible de créer une page personnelle et de rencontrer des personnes avec un faux profil. Ce caractère virtuel et l'anonymat qu'il permet associé à l'absence de réglementations adaptées à l'universalité du réseau, font qu'il est assez difficile voire même à la limite impossible de contrôler Internet et de contrôler aussi ceux qui l'utilisent.

Les risques d'acculturation : La technologie Internet, du fait de sa visibilité mondiale, permet une uniformatisation de comportements et d'idéologies. Selon certains penseurs comme Nelson Thall, disciple de Marshall McLuhan, « le projet inavouable de l'Internet est d'amener le monde entier à penser et à écrire comme les Nord-américains », c'est-à-dire une globalisation de « l'American way of life ». Sous rapport, les risques d'acculturations évoqués par une partie des usagers paraissent bien réels. En effet dans les sociétés africaines, l'utilisation d'Internet peut être à l'origine de plusieurs transformations comme une rupture de l'intimité familiale, une remise en cause des liens de parenté, la disparition des langues vernaculaires, la perversion des jeunes du fait notamment de la « cyber sexualité », le changement de valeurs (habillement, moeurs), la remise en cause de l'ordre socioculturel (rapport père fils, grand père fils), etc. Dans un tel contexte, seul une parfaite maîtrise de ses propres valeurs culturelles et aussi une grande capacité de discernement peut aider à résister à cette tentative d'assimilation culturelle.

Les virus informatiques auxquels font allusion les usagers s'agissant des inconvénients d'Internet sont les Spam. Encore appelé pourriel, le spam désigne « l'envoi massif de messages non sollicités à de multiples destinataires »58(*). Il est souvent associé au courrier électronique, mais il s'applique aussi au forum de discussion, à la messagerie instantanée, etc. Il s'agit d'un système d'obtention illicite d'informations qui consiste à envoyer à des destinataires des messages apparemment licite et provenant d'une institution reconnue (une banque par exemple). Ces messages contiennent le plus souvent des liens vers de faux sites web qui sont utilisés pour collecter des informations confidentielles sur les utilisateurs du réseau. Le Spam peut également être utilisé pour des actes de sabotage. Citons par exemple le bombardement intempestif des forums de discussion par des messages factices afin de provoquer leur engorgement. La principale contrainte du Spam c'est que l'anonymat de l'expéditeur rend difficile les poursuites judiciaires contre les sollicitations frauduleuses. Toutefois, il existe de plus en plus d'applications intégrées dans les programmes de navigation et dans les boites à lettre électroniques qui permettent de bloquer les messages non désirés. Ce qui pousse les «spammeurs» à affiner davantage leurs méthodes afin de contourner ces obstacles.

La catégorie autre regroupe les inconvénients du réseau les moins cités par les internautes. Il s'agit du racisme, de la perte de temps et de la déception lors des rencontres nouées sur Internet.

De ce qui précède, on peut retenir que la technologie Internet véhicule de réels avantages et inconvénients. Mais il faut convenir que ce réseau « n'est pas intrinsèquement mauvais, mais que c'est la société qui l'a corrompu; le réseau ne sera en effet que le reflet des habitudes humaines avec son lot inévitable de turpitudes et de bienfaits »59(*).

CONCLUSION GENERALE

L'objectif général de cette étude était d'appréhender, à partir d'une approche géographique des usages d'Internet dans des cybercafés de Touba, les effets réels de la présence de cette TIC dans l'espace de cette ville. Afin de mieux atteindre cet objectif, nous avions émis 4 hypothèses que sont :

· Internet est une TIC dont l'utilisation requiert au moins un minimum de connaissances telles que savoir lire et écrire les langues exotiques surtout. De ce fait, seuls ceux qui ont fréquenté ou qui fréquentent l'école française ou le franco arabe utilisent Internet dans les cybercafés de la ville de Touba. Ce qui crée une subdivision de la population toubienne qui oppose d'un coté ces usagers d'Internet et, de l'autre, les analphabètes qui ne peuvent utiliser cet outil même s'il leur offre de réels avantages ;

· Du fait des nombreuses facilités de communications qu'elle offre, la technologie Internet est utilisée par les populations de Touba pour établir des relations à distance avec sa diaspora ;

· Le fait religieux exerce une grande influence sur les usages qui sont fait d'Internet à Touba et y occupe ainsi une place centrale. La technologie Internet participe donc à renforcer la dimension religieuse de la ville de Touba ;

· Même si elle offre de nombreux cadres où il est possible de se soustraire des exigences religieuses ou sociétales, la technologie Internet n'est pas utilisée par les internautes « toubiens » pour s'adonner à des activités prohibées dans leur localité. Elle ne participe donc pas à l'affaiblissement de l'autorité du khalife sur le contrôle des hommes et de l'espace de la ville de Touba.

Soulignons tout de même que ces hypothèses ne sont que des réponses provisoires à la question de départ, et qu'elles ont été mises à l'épreuve des faits, des réalités du terrain sur lequel porte cette présente étude. La méthodologie adoptée pour vérifier ces hypothèses est basée sur un ensemble d'outils de collecte et de traitement des donnes adaptées aux spécificités de notre domaine d'étude. Ainsi, grâce aux questionnaires administrés aux usagers d'Internet et aux gérants des cybercafés et aux informations obtenues des entretiens exploratoires et des observations, nous avons pu arriver à des certitudes.

Touba est une ville située au centre ouest du pays et a été fondée en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, un fervent sunnite qui s'était entièrement dévoue à Dieu et à son envoyé Mohamed (PSL). A travers elle, le fondateur cherchait un cadre idéal non seulement pour lui mais aussi pour l'ensemble des murid (terme qui désigne aspirant à Dieu), pour adorer et servir Dieu conformément aux recommandations et interdits de ceux-ci. Dans l'ode qu'il a dédie à sa ville, Matlaboul Fawzeinie, il décrit explicitement le type d'homme qu'il souhaite comme « voisin » et les principales fonctions de celle-ci. Cette dimension spirituelle éminente confère à cette ville une autonomie de gestion qui ne fait que renforcer son attractivité et stimuler du coup son peuplement massif. Aujourd'hui, Touba avec ses plus d'1 millions d'habitants est devenue la seconde agglomération urbaine du pays. Et comme les autres villes sénégalaises, elle n'a pas été en marge de l'avènement des TIC, Internet en particulier, au Sénégal. Les cybercafés y ont existés bien avant l'introduction de l'ADSL dans ce pays, technologie qui a fortement contribué à la baisse des tarifs de connexion et par conséquent à la massification des usagers de cette TIC. La localisation spatiale de ces lieux d'accès collectifs à Internet leur confère une certaine accessibilité physique et leur aménagement interne et externe renforce leur attractivité. En outre, ils proposent à leurs clientèles une gamme variée de services allant de la connexion à Internet aux travaux bureautiques en passant par la confection de sites web, la réparation/vente de matériels informatiques, le fax, etc. Cependant, ces infrastructures ont été pendant un moment mis au vert par les autorités de la ville qui, sur la base de certaines informations les considéraient comme des lieux de débauches où l'on s'adonnait à des activités interdites dans la ville. Il a fallu l'intervention de certains grands commerçants influents (et dont certains sont propriétaires de cybercafés) pour que ces lieux soient rouvert. En outre, bien qu'ils soient des espaces accessibles, ils sont peu utilisés pour la connexion à Internet. En effet ce service proposé par les cybercafés occupe la seconde place dans les usages que les populations de Touba font de ces lieux qui d'ailleurs, ne reçoivent qu'entre 5 et 25 clients internautes par jour. Et la majorité de ces internautes se connectent que pour une durée inférieure ou égale à 1h et fréquente les cybercafés une fois par semaine. Ainsi, même si l'utilisation d'Internet dans les cybercafés commence à intégrer les habitudes d'une certaine couche de la population toubienne, il demeure néanmoins que son appropriation est loin d'être effective dans cette ville.

Les « toubiens » qui utilisent Internet dans les cybercafés présentent des profils variés. En effet, contrairement à ce que l'on a supposé dans notre hypothèse, Internet n'est pas utilisé seulement par les gens qui ont été ou qui sont toujours à l'école française ou au franco arabe. Bien au contraire, cette technologie est utilisée aussi bien par des élèves, des étudiants que par des individus qui n'ont jamais été ni au franco arabe, ni à l'école françaises. Elle est également utilisée par des individus qui ne parlent que les langues locales du pays, par d'autres qui ne savent écrire aucune langue (qu'elle soit locale ou étrangère), par des commerçants, des chauffeurs, des tailleurs, des maçons, des mécaniciens etc. Le groupe d'usagers compte donc à la fois des analphabètes et des alphabétisés. La technologie Internet n'exclue donc pas d'emblée les illettrés parce qu'utilisant l'écrit comme principale support. L'analyse des modalités d'utilisation de cette TIC a permis de saisir qu'il s'agit, bien au contraire, d'une technologie qui, de par sa configuration, permet même à des gens non instruits de l'utiliser. L'emploi de la technologie du multimédia et du concept d'hypertexte dans la conception des pages web explique dans une large mesure cette situation. En effet avec ces deux techniques informatiques, les pages web qui s'affichent à l'écran des ordinateurs connectés à Internet comportent des balises (qui peuvent être du son, des images fixes ou animées ou des textes en surbrillance) qui renvoient à d'autres pages web ou qui permettent de raccourcir l'accès à certaines applications et services. C'est donc dire qu'avec cette caractéristique des pages web, autant l'usager est curieux autant il en découvre davantage sur les mille et une possibilités offertes par le réseau. En outre elle permet de contourner certains obstacles liés surtout à la langue en ce sens qu'on peut accéder à certaines ressources du réseau sans avoir à servir du clavier de l'ordinateur.

Les types d'utilisations particulières qui sont fait du « réseau des réseaux » sont multiples et variées. La communication demeure la première activité que les populations sondées font sur Internet. 75% d'entre eux l'utilisent pour communiquer avec des émigrés qui habitent à Touba et qu'ils connaissent. C'est donc dire que cette technologie permet à ces populations de Touba de maintenir une relation à distance avec sa diaspora. De nombreuses applications Internet sont utilisées pour établir cette relation. Le tchatche est la première application dont se servent ces « toubiens » pour communiquer avec ces émigres. Cet outil offre de réels avantages en ce sens qu'il permet une communication instantanée par écrit et à laquelle on peut joindre des flux de lecture en continue de sons ou d'images grâce à une webcam et un micro casque. Les autres applications utilisées pour communiquer via Internet sont le courriel et Skype. La seconde catégorie d'usage concerne la recherche d'information. Cette activité n'est pas un fait illusoire. Bien au contraire, il répond à un besoin éminent et d'ailleurs 53% des usagers ont affirmé qu'ils avaient au moins une fois trouvé sur Internet l'information qu'ils y cherchaient. Les principaux types d'informations recherchées sur Internet portent sur l'actualité nationale et/ou internationale, les études, le travail, la religion, le sport (football en particulier), la musique, le cinéma et le commerce. Le transfert de fichiers est la troisième activité que les populations de la ville font sur Internet. Les principaux fichiers téléchargés sont par ordre d'importance les fichiers audio/vidéo, des fichiers textes (cours, support de cours, document lie a l'activité professionnelle exercée, des textes de chansons, des documents portant sur Bamba ou le mouridisme, des dictionnaires), des programmes informatiques, des khassidas, des photos divers, des vidéos de magals ou de « thiant » et, enfin, des jeux. La technologie Internet est également utilisée par une frange d'internautes pour s'adonner à certaines formes de loisirs/divertissement telles que l'écoute et le visionnage de contenus audiovisuels et les jeux en ligne. L'écoute et le visionnage de contenus mourides et le commerce en ligne constituent les dernières activités pratiquées sur Internet par les populations de Touba.

Ces usages que ces populations font d'Internet traduisent leurs besoins exprimés ou latents. Cependant le fait religieux, largement présent sur Internet et caractéristique majeure de la localité de Touba, est certes présent dans ces usages mais y occupe une place relativement faible. Pour ce qui est des informations recherchées sur Internet, celles relatives à la religion (l'islam, le mouridisme, son fondateur ou un membre de sa famille) arrivent en troisième position, derrière les informations relatives aux actualités et aux études et travail. Mais elles devancent quand même celles portant sur le sport, la musique ou le cinéma. Concernant les fichiers transférés, on s'aperçoit qu'il y en a certes certains dont le contenu est en rapport avec le mouridisme (khassidas, vidéos de magals ou de `'thiant'', photos de Bamba ou de figures emblématiques du mouridisme), mais ce sont les fichiers classées dans la catégorie audio/vidéo qui dominent largement. Enfin pour ce qui est de l'écoute et du visionnage de contenus audiovisuels, on observe encore une fois que ce sont les musiques et les vidéos diverses qui prennent largement le pas sur les khassidas et les vidéos de la confrérie mouride. Ainsi Les internautes de la ville, ou du moins la majorité d'entre eux, accordent donc peu d'importance au fait religieux dans les utilisations particulières qu'ils font du réseau Internet dans les cybercafés. Ce qui amène à dire qu'ils se servent peu ou pas du tout de cette TIC pour mieux s'imprégner des enseignements de leur confrérie.

Par ailleurs, une partie d'entre eux fréquentent sur Internet des cadres où il est possible de s'exprimer ou d'établir différents types de rapports avec d'autres internautes, et aussi d'autres où il est possible s'adonner à certaines formes de loisirs interdits dans leur ville. En effet, blogs, forums de discussion et sites de rencontre sont autant d'endroit que fréquentent une partie de l'échantillon soit pour établir des relations amicales, professionnelles, familiales ou amoureuses, soit pour disposer d'espaces personnels interactifs ou soit pour débattre sur des sujets portant sur les faits de société, les faits d'actualités, l'amour, la religion, les études, la santé, etc. Les internautes qui visitent les cadres d'expression sont minoritaires dans notre échantillon. Seuls 20% des usagers participent à des forums de discussion et 27% d'entre eux possèdent un blog. Toutefois pour ce qui est des sites de rencontre, on remarque une nette prédominance des internautes qui les fréquentent (59%) dans l'échantillon. Par ailleurs sur l'ensemble des usages que ces internautes font de ces lieux, ceux qui sont rapport avec l'affaiblissement du contrôle du khalife occupent une place minoritaire. Parmi les types de relations établies sur la toile, celles amoureuses arrivent loin derrière les relations amicales et professionnelles et familiales. Les discussions sur des sujets tabous comme la sexualité ou les relations amoureuses sont également peu pratiqués par rapport à l'ensemble des sujets de discussion. Dès lors l'on peut avancer qu'il y a effectivement dans l'échantillon des « toubiens » qui s'adonnent sur Internet à des activités prohibés dans leur ville. Ces derniers se sont donc servis d'Internet comme un moyen pour contourner l'autorité du khalife et satisfaire ainsi des besoins exprimés ou latents et qui sont rejetés dans leur ville. Mais ces internautes sont largement minoritaires dans l'échantillon.

Voila en gros ce qu'a révélé l'approche géographique des usages du réseau Internet dans des cybercafés de la ville de Touba. Cette étude exploratoire, nous l'espérons, aura permis de mieux saisir la problématique de l'appropriation d'Internet (technologie reflétant le modernisme, l'occident et dont l'écrit est le principal support) par des populations non instruits et aussi dans une « ville religieuse », souvent perçue comme des cadres anti-occidentalistes d'une part et, de l'autre le rôle de cette technologie dans les transformations d'un territoire quelconque. Toutefois, en raison notamment de la taille de l'échantillon comparée a l'échelle d'analyse, les résultats fournis ne peuvent permettre de procéder à une généralisation. Dès lors d'autres études du même genre s'imposent afin d'avoir une idée exhaustive sur les effets réels de la présence d'Internet dans la ville de Touba. Celles-ci pourraient par exemple porter sur l'apport de la technologie Internet dans la gestion de la ville religieuse à travers l'analyse du site web de la cellule de communication du khalife général ou des autres sites web créés par des dahiras mourides.

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau n° 1 : Répartition de la population de selon l'âge et le sexe.....................p.44

Tableau n° 2 : Effectifs dans les différents niveaux d'instruction à Touba...............p.45

Tableau n° 3 : Répartition de la population en fonction du secteur d'activité............p.46

Tableau n° 4 : Les autres services proposés par les cybercafés............................p.57

Tableau n° 5 : Les difficultés liées à la gérance du cybercafé à Touba...................p.59

Tableau n° 6 : Jours de fréquentation des cybercafés .......................................p.62

Tableau n° 7 : Répartition des internautes selon la période de fréquentation des cybercafés à Touba p.63

Tableau n° 8 : Répartition des internautes selon la durée de la connexion dans les cybercafés de Touba p.64

Tableau n° 9 : Fréquence de visite des cybercafés à Touba.......................................p.65

Tableau n° 10 : Difficultés liées à l'accès au cybercafé ....................................p.66

Tableau n° 11 : Difficultés liées à l'utilisation d'Internet dans les cybercafés...........p.67

Tableau n° 12 : Nombre de tickets de connexion à Internet vendus par jours dans les cybercafés p.69

Tableau n° 13 : Répartition des usagers selon l'âge .......................................p.73

Tableau n° 14 : Répartition des usagers selon sexe .........................................p.73

Tableau n° 15 : Répartition des usagers selon l'activité professionnelle ................p.78

Tableau n° 16 : Répartition des usagers selon le revenu mensuel ..............................p.78

Tableau n° 17 : Répartition des usagers en fonction la fréquentation des forums de discussion p.104

Tableau n° 18 : Répartition des usagers en fonction de la possession d'un blog ......p.105

LISTE DES FIGURES ET CARTES

Figure n° 1: Apparence interne des cybercafés.......................................................p.52

Figure n° 2 : Les principaux types d'établissements scolaires fréquentés par les usagers p75

Figure n° 3 : Les principales langues parlées par les usagers..............................p.76

Figure n° 4 : Les principales langues écrites par les usagers...............................p.77

Figure n° 5 : Les modalités d'utilisation d'Internet par les usagers........................p.81

Figure n° 6 : Les principaux usages d'Internet...............................................p.84

Figure n° 7 : Les principales applications utilisées par les usagers pour communiquer

p.85

Figure n° 8 : Les principaux types d'informations recherchées par les usagers............p.89

Figure n° 9 : Les principaux types de fichiers téléchargés par les usagers...............p.92

Figure n° 10 : Les sites web jamais visités par les usagers.................................p.99

Figure n° 11 : Les raisons de la non visite de ces sites web................................p.99

Figure n° 12 : Les principaux thèmes de discussion dans les newsgroups..............p.105

Figure n° 13 : Les différents types de relations nouées sur Internet par les usagers

p.107

Figure n° 14 : Les avantages d'Internet selon les usagers.................................p.110

Figure n° 15 : Les inconvénients d'Internet selon les usagers............................p.110

Carte n° 1 : Situation géographique de la ville de Touba...................................p.34

Carte n° 2 : Touba, les principaux quartiers et leur localisation dans l'espace urbain

p.36

Carte n° 3 : Répartition de la population par quartier.......................................p.43

Carte n° 4 : Localisation des cybercafés......................................................p.50

LES ANNEXES

Annexe 1 : Grille d'observation

Jour de l'enquête...............................

Cybercafé N°...................................

Situé à ..........................................

Nombre de machines d'ordinateurs connectés

............................................

Disposition des ordinateurs

Ø Box

Ø Continue

Ø Alignée

Niveau de confort

Ø Chaises (en fer, plastique ou bois)

Ø Fauteuils

Ø Système d'aération

Accessoires

Ø Webcam

Ø Micro casque

Décoration

.........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Divers

.....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Annexe 2 : Guide d'entretien avec Mr Olivier Sagna

Bonjour Mr Sagna, je m'appelle Paul Diouf et je suis étudiant en maîtrise au Département de Géographie de L'UCAD. Cette année, je prépare un mémoire de recherche dont le sujet est «Internet à Touba : Approche géographique des usages du réseau dans des cybercafés de la ville ». A cet effet, j'aimerai m'entretenir avec vous afin de recueillir votre point de vu sur les questions ci-dessous.

Q1 : Pouvez-vous nous parler de la géographie des TIC, Internet en particulier au Sénégal?

Q2 : Quels sont, selon vous, les difficultés liées à l'accès et aux usages d'Internet par les populations 

Q 3 : Selon vous comment est ce que les populations de Touba, au niveau d'instruction assez bas vont-ils utiliser Internet, technologie qui utilise l'écrit comme principal support ?

Q4 : Selon vous quels sont les facteurs qui peuvent expliquer ou influencer la présence d'Internet à Touba

Annexe 3 : Guide d'entretien avec Mr Cheikh Guèye

Bonjour Mr Guèye, je m'appelle Paul Diouf et je suis étudiant en maîtrise au Département de Géographie de L'UCAD. Cette année, je prépare un mémoire de recherche dont le sujet est «Internet à Touba : Approche géographique des usages du réseau dans des cybercafés de la ville». A cet effet, j'aimerai m'entretenir avec vous afin de recueillir votre point de vu sur les questions ci-dessous.

Q1 : Pensez-vous que le fait religieux, notamment le prosélytisme des mourides sur Internet, puisse déterminer ou influencer les usages que les populations de Touba en feront?

Q2 : Dans une de vos études portant sur Touba, vous avez affirmé que de nouvelles technologies comme le téléphone (fixe et portable), les appareils électroménagers etc. ont largement contribués aux mutations urbaines en cours à Touba. Du coup, ne pensez-vous pas que la présence d'Internet dans cette localité ainsi que les usages que les populations en feront pourront exacerbés ces mutations?

Q3 : Selon vous comment est ce que les populations de Touba, au niveau d'instruction assez bas vont-ils utiliser Internet, technologie qui utilise l'écrit comme principal support ?

Annexe 4 : Extrait de l'entretien avec Mr Olivier Sagna

Aujourd'hui la géographie des TIC et celle d'Internet en particulier recoupe largement la géographie du réseau national des télécommunications. Ce qui est tout à fait normal car l'une s'appuie sur l'autre. Le réseau de télécommunication national a été mis en place à la fin du 19e siècle c'est-à-dire à l'époque coloniale et avait pour objectif de renforcer le contrôle et l'administration du territoire. Ça a été installé à Saint Louis, la capitale du Sénégal à l'époque, et puis avec quelques relais dans les principaux chefs lieux des cercles de l'époque. Donc l'infrastructure de communication n'a pas été déployée avec pour objectif que ce soit accessible au grand nombre. Ça répondait en fait au besoin d'administration, de contrôle militaire. Et on est sur ce modèle depuis la période coloniale. Les choses n'ont pas beaucoup bougé. Quand on regarde aujourd'hui la répartition des lignes téléphoniques par exemple, il y a 60% de ces lignes qui sont concentrées dans la région de Dakar qui réunit ¼ de la population sur seulement 0,3% du territoire nationale alors que le nombre de lignes installées en zone rurale représente juste 1% du total. Le reste des lignes sont réparties dans les autres villes du pays. Donc il y a une dichotomie entre la capitale et les autres villes du pays et doublé ça se recoupe, une dichotomie entre les zones urbaines et les zones rurales. En résumé, on peut retenir qu'il y a une répartition inéquitable des infrastructures et des lignes téléphoniques qui permettent d'accéder à Internet. Toutefois, il existe une infrastructure en fibres optiques à haut débit qui relie l'essentiel des capitales régionales. Aujourd'hui c'est vrai que 13 000 des 14 000 villages du pays sont connectés au téléphone, mais ils sont connectés avec des technologies qui rendent extrêmement difficile la connexion à Internet. Les débits sont faibles (128kbps).

Annexe 5 : Extrait de l'entretien avec Mr Cheikh Guèye

J'entends souvent les gens dirent qu'à Touba la population est analphabète ou qu'il n'y a pas d'écoles dites françaises. Ce n'est plus évident aujourd'hui que les gens qui habitent Touba font le choix ou préfèrent amener leurs enfants à l'école coranique et non à l'école française. Il faudrait voir d'un point de vue social qui amène son enfant dans l'une ou l'autre école, d'autant plus qu'il n'y pas d'école française dans le centre de la ville. Mais toutes les écoles situées aux alentours de la ville, ceux de Ndame, ceux de Mbacké, etc. sont pleines à cracker et ce sont des enfants de la ville de Touba qui y vont aussi. Donc il faut relativiser cette manière de dire les choses. Peu de gens sont totalement analphabète à Touba. Beaucoup ont appris l'arabe chez les marabouts. Le nombre de personnes instruites dans cette ville soit en arabe soit en français n'est donc pas à négliger.

Aujourd'hui l'évolution d'Internet nous dicte de démolir le lien qu'on a voulu établir entre le niveau d'instruction et l'usage d'Internet. Ce n'est plus valable du tout. Cette technologie peut aujourd'hui servir à beaucoup de choses. Beaucoup de gens l'utilisent pour communiquer grâces à des applications comme Skype. Et ce genre d'applications ne nécessite pas qu'ont soit instruit ou pas.

Je ne pense pas que ce sont les populations de Touba qui utilisent les sites web mourides. Ce sont les mourides de l'étranger qui doivent être les plus actifs dans l'utilisation de ces sites pour garder la relation à distance avec leur confrérie, pour s'informer, pour écouter en live ou en différé des magals. Encore une fois, je ne pense pas que les gens de Touba aient besoin d'aller sur ces sites web pour en savoir plus et mieux sur leur confrérie ou leur ville.

Je crois qu'il est évident qu'Internet et toutes les nouvelles technologies globalement contribuent à changer les rapports traditionnellement établis entre le marabout et le disciple. Maintenant il faut chercher dans quelle(s) mesure(s) ces TIC contribuent à cette évolution.

Annexe 6 : Tarifs de connexion proposés par Orange Multimédia

 

ADSL 512

ADSL 1 MEGA Residentiel

ADSL 1 MEGA Pro

ADSL 10 MEGA

Ticket d'entrée

Frais d'accès Sonatel

11 730

11 730

11 730

11 730

Frais d'accès Sentoo

7 650

13 770

13 770

13 770

Total Frais d'accès sans modem

19 230

25 230

25 230

25 230

Modem

20 000

20 000

50 000

50 000

Modem Wifi

50 000

50 000

50 000

50 000

Redenvance Mensuelle

Redevances Sonatel

12 750

17 340

17 340

39 984

Redevances Sentoo

5 610

8 160

10 200

14 688

Total redevances mensuelles

18 250

25 350

27 350

54 400

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS.........................................................................................1

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS...........................................................2

SOMMAIRE..........................................................................................4

INTRODUCTION GENERALE...................................................................6

Problématique.................................................................................................9

I - Contexte de l'étude......................................................................9

II - Justification du choix du sujet et du cadre d'étude................................11

III - Position du problème de recherche.................................................14

Méthodologie........................................................................................23

I - La recherche documentaire............................................................23

II - Le travail de terrain...................................................................26

1. L'élaboration des outils de collectes d'information........................26

1.1 Les guides d'entretien................................................26

1.2 Les questionnaires...................................................27

1.3 L'observation.........................................................28

2. L'échantillonnage..............................................................29

3. Les enquêtes proprement dites...............................................29

3.1 Les enquêtes qualitatives...........................................29

3.2 Les enquêtes quantitatives..........................................29

III - Le traitement et l'analyse des données............................................30

PREMIERE PARTIE : TOUBA, UNE VILLE RELIGIEUSE EN MUTATION....................................................................................................... 33

Introduction..........................................................................................33

Chapitre I : Situation géographique et fonctions de la ville de Touba.......................34

I- Situation géographique.................................................................. 34

II - Les fonctions de la ville..............................................................37

1. Matlaboul Fawzeinie...........................................................37

2. Les mutations...................................................................40

Chapitre II : Données démographiques et principaux secteurs d'activités de la ville.....42

I- Données démographiques de la ville.................................................42

1. Répartition spatial et structure de la population de Touba...............42

1.1 Répartition spatiale de la population..............................42

1.2 Structure de la population..........................................44

2. Niveau de formation- taux d'alphabétisation et niveau d'instruction de la population........................................................................45

II- Les principaux secteurs d'activité....................................................46

DEUXIEME PARTIE : LES CYBERCAFES, DES ESPACES ACCESSIBLES ET PEU FREQUENTES......................................................................................49

Introduction..........................................................................................49

CHAPITRE I : APPROCHE DESCRIPTIVE DES CYBERCAFES........................50

I- Localisation spatiale des cybercafés..................................................50

II- Caractéristiques et activités des cybercafés........................................51

1. Caractéristiques des cybercafés..............................................51

1.1 Apparence intérieure des cybercafés..............................51

1.2 Apparence extérieure des cybercafés..............................54

2. Activités des cybercafés.......................................................54

2.1 La connexion à Internet.............................................55

2.2 Les autres services proposés dans les cybercafés...............56

III- Profil des gérants des cybercafés...................................................58

CHAPITRE II : LES MODALITES D'APPROPRIATION DES CYBERCAFES PAR LES POPULATIONS..............................................................................60

I- Les motivations de fréquentations des cybercafés par les populations...........61

II- Jours et moments de fréquentation des cybercafés par les populations.........62

III- Durée de la connexion et fréquence de visite des cybercafés....................63

IV- Difficultés liées à l'accès et à l'utilisation d'Internet dans cybercafés.........65

V - Appréciation du niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés............69

TROISIEME PARTIE : LES USAGERS ET LES USAGES D'INTERNET.......................................................................................71

Introduction..........................................................................................71

Chapitre I : Les usagers.............................................................................72

I- Caractéristiques sociodémographiques des usagers..................................71

1. Genre et âges des usagers.....................................................73

2. Niveau d'instruction et langue de communication des usagers...........74

2.1 Niveau d'instruction.................................................74

2.2 Langue de communication des usagers...........................76

3. Activité professionnelle, revenu et situation matrimoniale des usagers..............................................................................78

II-  Les modalités d'utilisation d'Internet par les internautes........................80

Chapitre II : Les usages.............................................................................83

I- Les principaux usages d'Internet....................................................83

1. La communication.............................................................85

1.1 Le Tchatche...........................................................85

1.2 Le courriel............................................................86

1.3 Skype..................................................................87

2. La recherche d'information...................................................88

2.1 L'actualité nationale et internationale.............................89

2.2 Les études et le travail...............................................90

2.3 L'information religieuse.............................................90

2.4 Les informations sportives..........................................91

2.5 La musique et le cinéma............................................91

3. Le transfert de fichier..........................................................92

3.1 Les fichiers audio et vidéo..........................................93

3.2 Les fichiers textes...................................................94

3.3 Les programmes informatiques....................................94

3.4 Les photos............................................................94

3.5 Les jeux...............................................................94

4. Les loisirs et divertissements.................................................95

5. L'écoute et le visionnage de contenus mourides...........................97

6. Le commerce en ligne.........................................................97

II- Internet, le fait religieux et les mutations urbaines.................................99

1. Internet et le fait religieux...................................................100

2. Internet et les mutations urbaines..........................................102

2.1 Les cadres d'expression des usagers sur Internet..............103

2.1.1 Les forums de discussion..............................104

2.1.2 Les blogs.................................................105

2.2 Les sites de rencontres visités par les internautes..............106

CHAPITRE III : PERCEPTION D'INTERNET PAR SES USAGERS..................109

I- Les avantages d'Internet selon les usagers..........................................109

II- Les inconvénients d'Internet selon les usagers....................................110

CONCLUSION GENERALE....................................................................114

BIBLIOGRAPHIE.................................................................................120

LISTE DES TABLEAUX........................................................................128

LISTE DES FIGURES ET CARTES...........................................................129

LES ANNEXES....................................................................................130

TABLES DES MATIERES......................................................................138

Résumé

Ce travail s'inscrit dans la tradition encore récente de production de travaux d'études et de recherche sur la thématique des TIC dans le champ disciplinaire de la géographie. Au Sénégal, la plus part de ces travaux ne concernent que la ville de Dakar, la capitale nationale. Les localités de l'intérieur du pays sont peu ou pas du tout ciblées dans ces études. Suivant cette remarque, il faut dire que ce mémoire constitue une contribution évidente et intéressante pour la diversification des points de vue sur les usages des TIC et de l'Internet singulièrement et sur les individus et communautés qui utilisent ces outils numériques de communication.

Située au centre ouest du pays, la ville de Touba se singularise par l'importance de sa fonction religieuse, qui imprime sa marque sur les modes d'organisation et de fonctionnement de la ville. Sa population est analphabète - en français - à des proportions assez élevées et elle est aussi un important centre d'émigration. Un secteur informel dynamique attire la presque totalité de la population active de cette ville. Mais du fait d'une immigration rapide et massive, la ville connait des mutations qui se traduisent par un relâchement de l'autorité du khalife générale sur le contrôle de la ville et de ses habitants.

L'Internet se présente comme une technologie qui utilise l'écrit comme principal support. Et de ce fait, son utilisation requiert, à priori, un minimum d'aptitudes telles que savoir lire, écrire ou encore calculer. Toutefois avec le développement du multimédia et de l'hypertexte, il est possible de se servir de certaines applications du web sans avoir recours au clavier de l'ordinateur. D'autre part, le « réseau des réseaux » traduit une interconnexion mondiale d'ordinateurs au sein d'un cyberespace permettant la communication (asynchrone ou instantanée) et le partage de données (audio, vidéo ou texte). C'est donc dire que cette TIC offre un large éventail de service et d'applications, dont la plupart sont gratuits. Par ailleurs, elle apparait comme un système sans cerveau ni centre nerveux identifiable, d'où les difficultés liées à son contrôle et à celui de ses usagers. Ce qui présage de l'utilité de poser un questionnement sur la façon dont la population de Touba s'approprie de l'Internet et sur les potentiels enjeux sociaux et culturels qui en découleraient.

Mots clés : Touba- Internet- Cyberespace- TIC- Appropriation- Enjeux

* 1 Robert Reix, 2005, Dictionnaire des systèmes d'information, Paris, Vuibert, p. 23

* 2 Bernard Eric, 2000, « Le développement des réseaux électroniques en Afrique : L'exemple du Réseau Intertropical d'Ordinateurs » Netcom, vol 14, n° 3-4, p 305.

* 3 Les télécommunications au Sénégal, Fiche de synthèse, Mai 2001, cité par Aminata Fall, 2007, p

* 4 Informatique et TIC au Sénégal, Fiche de synthèse, actualisation Avril 2002, cité par Aminata Fall, ibid.

* 5 http://osiris.sn/article27.html

* 6 BERNARD, Eric. Le déploiement des infrastructures Internet en Afrique de l'Ouest. Thèse Doctorat :

Université Montpellier III, (version corr. 2004), p.218

* 7 BIDOLI, Marina. Africans now do it for themselves. Financial Mail, 07 Juin 2002, cité par El Hadj Malick Guèye, 2005, p. 36

* 8 André Dauphine, 2005, Espace terrestre et espace géographique, p. 53

* 9 Jean Beaujeu Garnier, 1971, « la géographie : méthodes et perspective », p 62

* 10 Annie Chéneau- Loquay, Chéneau Loquay Annie, 2007, « Technologie de la communication, réseau et territoires dans les PVD », in Le Maghreb dans l'économie numérique, Mihoub Mezouaghi (dir.), IRMC Tunis et Maisonneuve Larose. Disponible sur http://www.certop.fr/DEL/IMG/pdf_Cheneau-Loquay_2007_a.pdf

* 11 Eveno Emmanuel « pour une géographie de la société de l'information », Proposition au Comité national de Géographie d'une comité de travail sur « les enjeux socio-spatiaux des Techniques d'informations et de Communication » dont l'intitulé serait « Géographie de la Société de l'information », Juillet 1997, p 6

* 12 Ibid.

* 13 http://www.cybergeography-fr.org/about.html

* 14 Ibrahima Sylla, 2004, p. 11

* 15 Annie Chéneau Loquay, 2004, Formes et dynamiques des accès publics à Internet en Afrique de l'ouest : vers une mondialisation paradoxale ? , p. 172

* 16 Olivier Sagna, 2006, p. 19

* 17 Ibid, p. 18

* 18 Ce chiffre est publié par Netcraft (http://news.netcraft.com/) qui délivre chaque moi le nombre de sites web en ligne dans le monde.

* 19 C.A.U.S, 2005, p. 67

* 20 Ibid.

* 21 Olivier Sagna, op. cit, p. 19

* 22 Serigne Mansour Tall, 2002, p. V

* 23 http://www.commentcamarche.net/contents/initiation/concept.php3

* 24 Aminata Fall, 2007, p.47

* 25 NETCOM est la revue de la Commission Géographie de la Société de l'information de l'Union Géographique Internationale, UGI. Elle est en fait une revue géographique sur les NTIC, les réseaux et la société de l'information qui s'intéresse aux dimensions spatiales de l'Internet et du Cyberspace, la nature de la mobilité, les technologies de l'information et leur impact sur les relations sociales et la communauté, et les aspects politiques liés à la société de l'information.

* 26 Le Sénégal à l'heure de l'information, Technologie et Sociétés, Paris, Karthala UNRISD, 2002,

* 27 Cheikh Tidiane Sy, 1969, p. 103

* 28 Article 192 du Code des collectivités locales.

* 29 Communauté Rurale de Touba Mosquée, 2002, Plan Local de Développement, p. 13

* 30 Sermon de Cheikh Abdoul Ahad Mbacké Ibn Cheikh Ahmadou Bamba à l'approche du Grand Magal de Touba début SAFAR 1399.H (1979 grégoriens). Disponible sur http://www.touba.info/magal/1979/

* 31 Modou Mbacké Gueye, 1986, p. 63-64

* 32 Cheikh Gueye, 2005, Le paradoxe de Touba : une ville produite par des ruraux, p. 38

* 33 Ibid.

* 34 Cheikh Gueye, 2002 b, p. 491-492

* 35 Ibid. p. 361-362

* 36 Ndiouma Faye, 2006, p. 14

* 37 Dominique Hoeltgen, 1995, Internet pour tous, p. 46

* 38 Emmanuel Eveno, Le paradigme territorial de la société de l'information, Netcom, vol 18, no 1-2, 2004, p 90.

* 39 Béatrice Steiner, 2008, usages et représentations sociales du courriel dans les cybercafés de Bamako, p.5

* 40 Enda tiers monde, 2005, La fracture numérique de genre en Afrique francophone, une inquiétante réalité, Etudes et recherches n° 242, Dakar, Enda éditions, p 11.

* 41 Internet World Stats (IWS) est un site international qui offre gratuitement une mise à jour de données sur les utilisations d'Internet dans le monde entier, des statistiques démographiques, etc. Ces informations fournies par IWS proviennent de sources sûres telles que L'Union Internationale des Télécommunications, Nielsen, NetRating, ou encore les agences locales de réglementation des télécommunications. Voir http://www.internetworldstats.com/

* 42 Dominique Hoeltgen, 1995, p. 22-23

* 43 Voir annexes, questionnaire aux usagers d'Internet, question n° 24.

* 44 Frédéric Barbier, 1998, L'expansion de télécentres à Dakar, Mémoire de maîtrise de géographie, Université de Bretagne occidentale, p 2, cité par Ibrahima Sylla, 2004,

* 45 Ouakil Laurent & Guy Pujolle, 2008, Skype, p 239

* 46 Ibrahima Sylla, 2004, op cit, p 96.

* 47 Serigne Mansour Tall, 2002, Les émigrés sénégalais et les technologies de l'information et de la communication, p. V

* 48 Cheikh Gueye, 2002 a, p. 3

* 49 Dominique Hoeltgen, 1995, Internet pour tous, p 20.

* 50 Conseil de l'Europe (Division média et société de l'information), 2007, Manuel de maîtrise de l'Internet, fiche 18.

* 51 Cheikh Gueye, 2002 b, p. 238.

* 52 Dominique Hoeltgen, op. cit. p. 22

* 53 Cheikh Gueye, 2002 a, p. 26

* 54 Conseil de l'Europe, division media et société de l'information, Manuel de maîtrise de l'Internet, fiche 22.

* 55 Farhang Rajaee, 2001, p. XVII

* 56 Ibrahima Sylla, 2004, p. 104

* 57 Bernard Benhamou, les nouveaux enjeux de la gouvernance d'Internet, Regards sur l'actualité, n° 327, La Documentation française. Disponible sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internetmonde/gouvernance.shtml

* 58 Conseil de l'Europe, division media et société de l'information, Manuel de maîtrise de l'Internet, fiche 6

* 59 Les risques liés à l'utilisation d'Internet. Disponible sur http://www.filhot.com/vaucelles/. Site consulté le 29 octobre 2009.






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