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La microfinance et sa contribution à  l'amélioration des conditions de vie des adhérents; cas de la préfecture de Tchaoudjo dans la région centrale du Togo

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par Abdou-Wahabi ABDOU
Université de Lomé - Maitrise en sociologie 2010
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE LOME

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

(FLESH)

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

LA MICROFINANCE ET SA CONTRIBUTION

A L'AMELIORATION DES CONDITIONS DE

VIE DES ADHERENTS :

Cas de la préfecture de Tchaoudjo

MEMOIRE

POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE

MAITRISE ès-LETTRES ET SCIENCES

HUMAINES

OPTION : ESPACES ET GROUPES SOCIAUX

Présenté et soutenu par : Sous la direction de :

ABDOU Abdou-Wahabi Dr. BAKALI Toï

(Assistant)

Co-directeur :

Dr. DANIOUE T. Roger
(Maître Assistant)

DECEMBRE 2010

SOMMAIRE

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS ....iii

SIGLES ET ACCRONYMES v

LISTE DES TABLEAUX ....vi

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE~~~~~~~~~~..~~...~~~~~~~.~~~.6 CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE~ ~~~~~~~~~~~~ ~7 CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE .................... .............................43

DEUXIEME PARTIE : CADRE THEMATIQUE, PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE~~~~~~~~~~~~~...~54 Chapitre III : PRESENTATION DU CADRE PHYSIQUE DE L'ETUDE~~~~~~~~~~.~~~~~~~~~~~~~~~...~55 Chapitre IV : LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ~~~~~ 61

TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES ET INTERPRETATION DES RESULTATS .71
Chapitre V : Analyse des données~~..~~~~~~~~~~~.~~.~. 72 Chapitre VI: Interprétation des résultats~~..~~~~~~~~~.~~.~.90

RECOMMANDATIONS ....101

CONCLUSION 104

BIBLOGRAPHIE . .107

Annexes 110

Table des matières .....117

DEDICACE

A ma mère et

à mon Grand-frère Abass.

REMERCIEMENTS

Aucun travail ne s'accomplit dans la solitude, dit-on souvent. Notre travail n'est devenu une réalité que grace au soutien de toutes sortes de plusieurs personnes que nous tenons à remercier. Parmi ces personnes, nous avons :

+ Dr. BAKALI Toï, notre directeur de mémoire qui malgré ses multiples

occupations a accepté de nous éclairer et nous guider dans ce travail.

Nous lui adressons nos sincères remerciements pour sa disponibilité et son

soutien tant pédagogique que moral du début jusqu'à la fin de notre

travail.

+ tous les membres du jury qui malgré leurs programmes chargés ont accepté d'évaluer ce travail, apporter leurs remarques en vue de le parfaire. Qu'ils retrouvent ici nos sincères remerciements.


·
· tous nos frères et soeurs qui, de près ou de loin, nous ont soutenu d'une

manière ou d'une autre durant tout notre cursus scolaire et universitaire.
+ M. APEDOGAN Koevi, directeur de l'agence WAGES-SOKODE et sa

sécrétaire, nous leur disons merci pour leur accueil et les précieuses

informations qu'ils nous ont fournies.

+ M. TCHAGAFO Kadère, le chargé de crédits à la COOPEC-Gaieté de la

FUCEC-TOGO de Sokodé pour les précieuses informations qu'il nous a

fournies. Nous disons également merci au directeur et à la secrétaire de

l'agence pour leur accueil et les informations qu'ils nous ont fournies.

+ nous disons également merci aux responsables de l'APIM pour leur

contribution dans ce travail.

? nos amis, IDRISSOU Razakou et BATCHE Tairou. Nous leur disons merci pour leur soutien. Ils ont été pour nous des guides et des soutiens pour la vie.


·
· enfin, nous disons merci au directeur de la mutuelle AVENIR de
l'URCLEC et son chargé de crédit pour leur contribution dans ce travail.

SIGLES ET ACRONYMES

A.C.D.I : Agence Canadienne de Développement International B.M : Banque Mondiale

C.A.R.E: Cooperative for Assistance and Relief Everywhere (coopérative pour l'assistance et le secours international)

C.G.A.P: Consultative Group to Assist the Poorest (Groupe consultatif d'assistance aux pauvres)

C.M.E.C.F : Caisse Mutuelle d'Epargne et de Crédit pour les Femmes COOPEC : Coopérative d'Epargne et de Crédit

D.S.R.P : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté F CFA : Franc de la Communauté Financière Africaine F.M.I : Fonds Monétaire International

F.U.C.E.C : Faitière des Unités Coopératives d'Epargne et de Crédit I.M.F : Institution de Micro Finance

I.R.A.M : Institut de Recherches et d'Application des Méthodes de Développement

O.M.D : Objectif du Millénaire pour le Développement O.N.G : Organisation Non Gouvernementale

P .A.S.M.E.C : Programme d'Appui aux Structures Mutualistes et Coopératives d'Epargne et de Crédit

P.N.U.D : Programme des Nations Unies pour le Développement P.S.D : Pays Sous-Développé

ReDeMaRe : Réseau pour le Développement de la Masse sans Ressources S.F.D : Système Financier Décentralisé

U.M.E.C.TO : Union des Mutuelles d'Epargne et de Crédit du Togo. U.R.C.L.E.C : Union Rénovée des Caisses Locales d'Epargne et de Crédit W.A.G.E.S: Women and Associations for Gain both Economic and Social (Associations féminines pour le développement économique et social).

LISTE DES TABLEAUX

Tableau1 : Incidence de la pauvreté par région au Togo 3

Tableau 2 : répartition des enquêtés selon le sexe.................. 72

Tableau 3 : répartition des enquêtés selon leurs professions................... 73

Tableau 4 : répartition des enquêtés selon l'existence d'enfants à leur charge 74
Tableau 5 : répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction...............................................................................74

Tableau 6 : répartition des enquêtés selon les sources de financement de
leurs activités avant leur adhésion leurs mutuelles ....75

Tableau 7 : répartition des enquêtés selon la raison de l'adhésion à leurs mutuelles..............................................................................76

Tableau 8 : Répartition des enquêtés selon le nombre de crédits

demandés...............................................................................76

Tableau 9 : Répartition des enquêtés selon le nombre de crédits
reçus...... ............................................................................ ...77

Tableau 10 : Répartition des enquêtés selon l'augmentation de leurs revenus
suite au crédits reçus..................................................................78

Tableau 11 : Répartition des enquêtés selon les raisons de la non augmentation de leurs revenus.........................................................................79 Tableau 12 : Répartition des enquêtés selon leurs bénéfices journaliers ......80

Tableau 13 : répartition des enquêtés selon le domaine d'investissement de leursrevenus..........................................................................81

Tableau 14 : répartition des enquêtés selon leurs situations actuelles après avoir eule crédit ................................................................................82 Tableau 15 : Répartition des enquêtés selon le degré de satisfaction de leurs besoins avec leurs mutuelles............................................................83 Tableau 16 : répartition des enquêtés selon l'amélioration de leurs conditions de

vie..........................................................................................83

Tableau 17 : répartition des enquêtés selon la manière dont s'est faite
l'amélioration de leurs conditions de vie...................................... ...84

Tableau 18 : Répartition des enquêtés selon les raisons de la non amélioration de leurs conditions de vie ....... ...................................85

Tableau 19 : Répartition des enquêtés selon leurs appréciations des conditions d'octroi de crédit.......................................................................86 Tableau 20 : Répartition des enquêtés selon leurs appréciations du taux

d'intérêt .................................................................................87 Tableau 21 : Répartition des enquêtés selon leurs appréciations du montant des

crédits...................................................................................88

Tableau 22 : répartition des enquêtés selon l'appréciation de leurs mutuelles..............................................................................89

INTRODUCTION

Evaluée à un peu plus de six milliards, la population mondiale est dispersée sur tout le globe terrestre et à des densités différentes selon les régions. Aussi, le niveau de vie de ces différentes populations varie t-il selon les milieux de vie. Ainsi, selon un rapport du Programme des Nations-Unies pour Développement (PNUD), « une personne sur cinq dans le monde (plus d'un milliard d'individus) continue de survivre avec moins d'un dollar par jour, un niveau de pauvreté si abject qu'il menace la capacité de survie. Un milliard et demi de personnes vivent avec un à deux dollars par jour. Plus de 40% de la population mondiale forme de fait une classe défavorisée planétaire confrontée quotidiennement à la réalité ou à la menace de la pauvreté la plus extrême »1. On estime que globalement, plus d'un milliard de personnes pauvres dans le monde n'ont pas accès à des services financiers de base pour gérer leur argent et développer des activités2. Cet état de choses met en évidence une réalité : celle de la pauvreté qui caractérise des populations obligées de lutter quotidiennement pour leur survie. Elle est également l'une des caractéristiques du sousdéveloppement qui globalement se caractérise par l'incapacité d'un pays à exploiter d'une façon optimale ces propres ressources naturelles, humaines et son capital.

Dans les PSD, c'est plus de 80% des familles qui sont exclues du secteur financier formel3. Les populations s'investissent alors dans le secteur informel qui occupe une place importante dans l'économie de ces pays.

A partir des années 1960, les PSD s'étaient lancés dans la voie du développement en aidant les populations à lutter contre la sous-alimentation, la malnutrition, les problèmes de logement. Malheureusement, après près de 50

1 Cf. PNUD, Rapport mondiale sur le développement humain 2005 (http://

2 CGAP ( www.cgap.org)

3 GENTIL Dominique et al, Microfinance, orientations méthodologiques, commission européenne, 2002 (2ème édition ), p.35

ans, le bilan reste négatif. En effet, les politiques de développement de ces pays ont connu des échecs à cause non seulement de l'insuffisance des moyens de leur mise en oeuvre, mais aussi et surtout à cause des méthodes d'intervention de ces pays. Cela se répercute sur les différents secteurs de ces pays et la pauvreté devient la cause et la conséquence de leur état de pays sous-développés. « Les gens peuvent encore vivre actuellement sur les réserves, mais attendez le mois d'avril et le mois de mai et vous constatez que la plupart des greniers sont vides. Dès le moi de mars, la fréquentation scolaire commence à diminuer. Car on ne peut pas demander aux enfants de parcourir de longues distances l'estomac vide. Ils n'ont simplement pas la force de marcher. Ils vont dans la brousse chercher les feuilles de baobab ou quelque chose d'autre à manger. Ce n'est pas nourrissant. La majorité des familles se contente d'un repas par jour pendant la période de soudure. Ces enfants ne vont pas penser à apprendre et à écrire. »4.

Au cours de la dernière décennie (de 1990 à l'an 2000), le Togo s'est retrouvé dans une situation socio-économique et politique difficile caractérisée par un déclin économique, des émeutes, une pauvreté croissante et un désengagement des bailleurs de fonds. Selon le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) intérimaire du gouvernement, en l'an 2000, environ 72,2% de la population togolaise vivait en dessous du seuil de la pauvreté et 57,4% dans une extrême pauvreté, sur la base des revenus annuels de 100.800 FCFA et de 78.400 FCFA (environ 200 et 150 dollars US)5 respectivement. Avec un revenu par habitant de 310 dollars US en 2003, le Togo figure parmi les pays les plus pauvres de la planète. Selon le rapport sur le développement humain 2003 du PNUD, le Togo est classé au 141ème rang mondial sur 173 pays.

La détérioration des conditions de vie et l'extrême pauvreté affectant la grande majorité de la population ont causé à la société togolaise des

4 Banque mondiale, Evaluation, New York, 1994, p12

5 Cf. Togo-DSRP, Juin 2004, p.11

dommages socio-économiques difficilement réparables. Cette situation est illustrée par la détérioration des principaux indicateurs sociaux, notamment en matière d'éducation, santé et nutrition, accès à l'eau potable, hygiène et autres services de base. La détérioration des conditions de vie se traduit également par une aggravation de la vulnérabilité sociale. Le manque de ressources a contraint le gouvernement à limiter ses dépenses vis-vis des secteurs sociaux prioritaires. L'incidence de la pauvreté laisse apparaitre une image plus complexe suivant les régions, le genre et les secteurs sociaux. En effet, la pauvreté est surtout répandue en milieu rural avec des incidences les plus accentuées dans la région des savanes et du centre.

Tableau 1: Incidence de la pauvreté par région au Togo

Région

Pauvreté
%

Extrême pauvreté
%

Lomé

50

32,7

Maritime

80

68

Plateaux

73,5

62,9

Centrale

82,2

63,9

Kara

79,8

60,8

Savanes

85,9

73,2

TOGO

72,6

57,4

Source : Togo- projet DSRP intérimaire Juin 2004, p.11

Les données de ce tableau illustrent que les deux régions où la proportion des pauvres est plus élevée du pays sont la région des Savanes et la région Centrale avec respectivement 85,9% et 82,2% de populations pauvres et 73,2% et 63,9% de la population vivant dans l'extrême pauvreté. Suivent ensuite la région maritime (80%), la région de Kara (79,8%), la région des Plateaux

(73,5%) et la région Lomé-Golf (50%). Les flux d'aides extérieures au Togo ont baissés depuis le début des années 90. Au cours de la dernière décennie, les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux représentaient respectivement environ 60% et 32% de l'assistance extérieure du Togo, et les ONG internationales ont contribué en moyenne aux 8% restants.

Malgré la suspension de l'assistance budgétaire, plusieurs bailleurs de fonds ont continué à soutenir les projets principalement à travers des entités non gouvernementales et des collectivités locales, avec un accent sur les secteurs sociaux. C'est en ce sens que dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, donateurs et praticiens ont fait appel à la microfinance pour insérer les populations pauvres dans le développement économique de leurs pays à travers la création d'emplois, de revenus et donc de pouvoir d'achat. C'est justement ce qu'il faut pour soutenir les populations togolaises du fait que avec la crise socio-politique et économique qui a plongé le pays dans une misère sociale, l'économie nationale est soutenue par un secteur informel plus dynamique et plus entreprenant.

Dans la préfecture de Tchaoudjo, la misère sociale est une réalité que vivent les populations quotidiennement. Le pouvoir d'achat est très faible et tous les secteurs sociaux même les plus prioritaires (santé, éducation, etc.) en font les frais. Dans ces conditions, les IMF deviennent les principaux pourvoyeurs de services financiers à la population. Après près de vingt ans de présence, il est nécessaire ou même urgent de réfléchir et de comprendre leur action et leur impact sur les conditions de vie des populations en vue de proposer des alternatives pour l'encourager et / ou la reformer. C'est dans ce cadre que se situe notre étude. Elle s'articule autour de trois (3) parties :

- La première partie constitue le cadre théorique et conceptuel de la recherche et comprend deux chapitres :

1- Cadre théorique de la recherche

2- Problématique

- La deuxième partie présente les cadres physique et méthodologique de l'étude. Cette partie comprend deux(2) chapitres :

1-Présentation du cadre physique de l'étude

2- La méthodologie de la recherche

- La troisième partie présente l'analyse des données et l'interprétation des résultats et comprend également deux(2) chapitres :

1- L'analyse des données

2- L'interprétation des résultats.

PREMIERE PARTIE :

CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

DE LA RECHERCHE

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA
RECHERCHE

I.1- JUSTIFICATION

Depuis la période coloniale jusqu'aux indépendances, le continent africain est considéré comme un continent pauvre du fait des revenus « minables » de ses populations et de leur niveau de vie très bas. Ainsi, l'analyse classique de la pauvreté se focalise uniquement sur ces critères et propose comme principale solution de la pauvreté, la croissance économique au niveau des Etats. Ces tentatives de croissance économiques n'ont guère amélioré les conditions de vie des populations. Il y a presque quarante (40) ans, Furtado C. écrivait que la théorie du développement explique dans une perspective macro-économique, les causes et les mécanismes de l'augmentation persistante de la productivité du facteur travail et ses répercutions dans l'organisation de la production et dans la forme comment est distribué et utilisé le produit social.6 Il y distingue d'un côté le plan des « formations abstraites » de l'analyse de la croissance avec leurs modèles et leurs variables quantifiables, et de l'autre côté le plan historique de l'étude critique. Mais c'est à ce dernier qu'il attribue l'importance décisive. La faillite des expériences de développement post indépendance en Afrique, notamment pendant ces quatre dernières décennies est certainement due à la conjonction de facteurs exogènes aussi bien qu'endogènes. Le crédit des théories hétérodoxes du développement (qui préconisent la maximisation du facteur travail sans tenir compte du capital humain) en a également pâti, dans la mesure où elles ont souffert, pourrait-on presque dire, du péché « d'abstraction » dont elles accusent aujourd'hui si souvent les théories néoclassiques. Ainsi, à partir des années 1980, une nouvelle vision plus

6 Furtado C., Desenvolvimento et subdesenvolvimento, Rio, Fundo de Cultura, 1961.

dynamique commençait à gagner du terrain : c'est la prise en compte des inégalités d'accès aux ressources et de l'irrégularité des revenus des populations. Progressivement, les Etats africains adoptent les uns après les autres de nouvelles politiques de développement qui prennent en compte l'action des micros financements dans la lutte contre la pauvreté. Du développement administratif ou << Top down », on passe à un développement participatif ou concerté. Des chercheurs se sont beaucoup investis dans le domaine de ce nouveau type de développement et les résultats ont été satisfaisants. En effet, la participation des populations pauvres à leur propre développement à travers des stratégies multiples (dont la microfinance) a permis de relever leur niveau de vie et de réduire sensiblement la pauvreté. La microfinance s'est peu à peu taillé une place de choix dans le contexte global du développement. Elle a commercialement prouvé son intérêt pour les populations et les économies en soutenant des taux de croissance importants sur de longues périodes (souvent près de 30% par an). Elle est aussi considérée comme un outil de taille pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

De plus, le constat général est que l'économie sociale c'est-à-dire une économie qui d'une part tient compte des réalités du milieu d'étude et d'autre part mobilise les ressources de ce milieu notamment le capital humain pour son propre développement ; a proposé des alternatives intéressantes pour le développement de l'Afrique. En effet, les concepts comme indicateur du développement humain durable, développement participatif ou développement à la base sont introduits dans l'économie générale et la privation de plusieurs secteurs économiques dans les pays sous-développés ou en voie de développement devient une exigence des organismes financiers internationaux (le FMI et la Banque Mondiale). C'est tous ces constats qui nous ont poussé à choisir comme thème de notre mémoire, << La microfinance

et sa contribution dans l'amélioration des conditions de vie des adhérents au Togo : cas de la préfecture de Tchaoudjo. »

Vu l'actualité de notre thème, notre étude peut aider à l'amélioration des stratégies d'approche des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) notamment les IMF. Elle pourra également leur proposer de nouvelles orientations pour atteindre leurs objectifs et s'inscrire dans la perspective du processus de mondialisation des relations économiques.

I.2- REVUE DE LA LITTERATURE

« Une recherche n'est jamais tout à fait nouvelle (...) ; l'affirmer revient à afficher son ignorance »7. En effet, par la recherche documentaire nous avons exploré des ouvrages qui ont trait à notre thème. C'est à l'issu de cette recherche que nous avons élaboré la revue de la littérature.

I-2-1- GENESE ET EVOLUTION DES IMF

I-2-1-1- GENESE

La microfinance tient ses bases des premières coopératives de consommation de la deuxième moitié du XIXè siècle. Vécue comme une solution à l'exploitation capitaliste, le terme « coopérative » est conçu comme une alternative vis-à-vis du mouvement du socialisme politique qui fut rapidement dominé par l'idéologie marxiste. Ainsi, au modèle déshumanisant et impitoyable du capitalisme industriel, elle opposait un contre modèle d'entreprise à visage humain, au modèle contraignant et aussi impitoyable d'émancipation de la classe ouvrière par la conquête politique du pouvoir, elle opposait un contre modèle d'émancipation par la conquête progressive du pouvoir économique.

7 Y. AMOUZOUVI in Comment élaborer un projet de recherche, 1990, Lomé - UB. Document inédit, p.6

Partie donc de la Grande-Bretagne par Robert OWEN, cette idée de coopérative atteint la France avec Philippe BUCHEZ, l'Allemagne avec Schulze DELITSZCH et Friedrich Wilhelm RAIFFEISEN, le Canada grâce à Alphonse DESJARDINS et les Etats-Unis par Edouard FILENE. Les coopératives dont l'idée peut être qualifiée de manière générique de « socialisme démocratique chrétien >>, ont été toutes crées par et pour des ouvriers, des artisans et des cultivateurs avec l'aide des penseurs et acteurs provenant d'un milieu riche ( eurocoop.org).

Cependant, les premières véritables expérimentations de la micro-finance remontent à 1974 au Bengladesh avec MUHAMMED YUNUS. Economiste de formation, il s'est intéressé au sort de quelques victimes de « l'apartheid financier >> dans son pays. En effet, MUHAMMED YUNUS avait décidé de prêter 27 dollars de sa poche à 42 artisans à qui les banques fermaient leurs portes et usuriers réclamaient un intérêt de 25% par mois. Peu de temps après, tous furent en mesure de rembourser leurs emprunts. Fort de cette expérience, il tente de convaincre les banques d'accorder des crédits de sommes minimes aux pauvres et aux déshérités. Sans succès, il décide donc de mettre en place une structure financière pour mener à bien son projet. C'est ainsi qu'en 1983, la Grameen Bank (banque rurale) voit officiellement le jour. MUHAMMED YUNUS devient ainsi le premier banquier au monde à proposer des crédits aux plus défavorisés sans demander de garantie. Au fil des années, le microcrédit fait école.

Décrivant les conditions dans lesquelles la microfinance a vu le jour en Afrique, Eveline BAUMANN écrivait : « La focalisation sur le droit d'accès aux ressources financières va de pair avec un regard sensiblement nouveau que les observateurs tendent à porter sur la pauvreté. Alors que l'approche statique privilégie les revenues des populations démunies, une vision plus dynamique de

la pauvreté s'apprête à gagner du terrain. De plus en plus, il y a prise en compte des inégalités d'accès aux ressources et de l'irrégularité des revenus. »8 Au Togo, la toute première COOPEC s'est annoncée en 1969 à Kougnohou dans l'Akébou sous l'initiative du missionnaire américain James WINTER qui était choqué par les prêts usuraires des villageois de sa paroisse. Malheureusement, son initiative a échoué parce que les paysans avaient pensé que Monsieur WINTER avait de l'argent à leur distribuer. Un an après, il fut relayé par certains pionniers qui ont crée et animé le CONAUDEC (Comité National pour le Développement des Unions Coopératives d'Epargne et de Crédit) transformé en 1983 en FUCEC-TOGO avec trois employés bénévoles au départ. Tout compte fait, il faut noter que la phase de démarrage des activités des IMF au Togo (1970-1975) était marquée par un accent sur une épargne sans crédit.( franconetcanada.org).

Dans un numéro de Note Focus9 publié par le CGAP, les auteurs de l'article montrent le basculement positif de la microfinance du simple microcrédit à la microfinance. En effet, les dix dernières décennies ont été marquées par une ouverture sans précédent du monde de la microfinance. « Au début des années 1990, la communauté internationale a commencé à prendre conscience du fait que les prestataires de microcrédit pouvaient recouvrer les prêts consentis aux pauvres et aux groupes à faible revenu, couvrir leur charge et donc élargir leur clientèle. »

A l'époque les bailleurs de fonds et les prestataires de microcrédit se concentraient essentiellement sur un seul produit (crédit) à un seul groupe de clients (micro-entreprises). Le microcrédit était principalement fourni par des institutions spécialisées dans la microfinance (IMF), pour la plupart des organisations non gouvernementales (ONG). « La notion de microcrédit s'est

8 Eveline BAUMANN, « Microentreprise et gestion de la vulnérabilité en Afrique Subsaharienne, passé et présent », ADA Dialogue, N°33 Juin 2004, p.31

9 CGAP, « Des services financiers inclusifs à l'horizon 2015 :quatre scénarios pour l'avenir de la microfinance », Note Focus N°9, p.12

peu à peu élargit à celle de microfinance, puis de création de systèmes financiers desservant les pauvres et les groupes à faibles revenu ; autrement dit, de système financiers ouverts à tous ».10

Cette nouvelle vision plus ambitieuse et plus complexe à retenu l'attention des gouvernements, des institutions financières internationales, des philanthropes, des investisseurs sociaux, des banquiers et même des familles royales et des célébrités.

I-2-1-2- EVOLUTION DE LA MICROFINANCE EN AFRIQUE

Le phénomène de la microfinance malgré son << jeune âge » connaît une évolution spectaculaire surtout dans les pays africains où la grande majorité de la population étant pauvre, n'a pas accès au système financier classique. Analysant l'évolution de la microfinace, Pierre FORESTIER écrit : << La microfinance a fait montre en quelques années de grandes réussites et d'étonnantes performances. Il existe aujourd'hui de nombreuses institutions viables ou en voie de l'être qui apportent des services financiers diversifiés à des dizaines de millions de clients qui n'y avaient pas accès. Elle est en outre un secteur qui a su mobiliser, sur une longue période, différents types d'acteurs publics et privés et s'étendre sur un vaste champ géographique, au-delà même des pays en voie de développement. Elle est à ce titre, un des rares phénomènes actuels de dimension mondiale qui mobilise à la fois le débat et peut se prévaloir d'avancées concrètes sur le terrain. »11. A travers cette analyse, on remarque que ce phénomène a en lui une force qui lui permet de s'installer solidement et d'étendre son champ d'action au fil du temps. P. FORESTIER continue l'analyse de l'évolution et des progrès de la microfinance en soulignant

10 Note Focus, N°39 : << Des services financiers inclusifs à l'horizon 2015 : quatre scénarios pour l'avenir de la microfinance », p.13

11 P.FORESTIER, Les enjeux de la microfinance : quel rôle spécifique pour le financement rural et agricole, in HORIZONS BANCAIRES, N°326, Octobre 2005, p.9

que « les résultats du secteur de la microfinance, après presque deux décennies de développement, sont qualitativement et quantitativement prometteurs »12. A titre d'exemple, le secteur de la microfinance de la zone Afrique de l'Ouest offre déjà des services à plusieurs millions de bénéficiaires principalement au travers d'une dizaines d'institutions professionnelles et viables, avec des taux locaux de pénétration des services au sein de la population parfois importants(30%). Elle a démontré qu'elle pouvait intéresser de nombreux pays, y compris les pays développés(en France, par exemple) où le chômage et l'exclusion des circuits bancaires classiques deviennent des préoccupations économiques et sociales majeures. Elle a commercialement prouvé son intérêt pour les populations et les économies en soutenant des taux de croissance importants sur de longues périodes (souvent proches de 30% par an). Elle a également réussi à s'implanter dans divers contextes économiques, démocratiques et sociaux ; même si d'évidence son développement est facilité par un contexte économique et démocratique favorable. Elle a d'ailleurs prouvé sa solidité dans des contextes difficiles de post-conflits (exemple de MUCODEC au Congo). Elle dispose d'une large gamme de bénéficiaires en termes de conditions économiques et sociales. (Aujourd'hui, plus de 55 millions de familles en bénéficient dans cent quinze pays). Enfin, souligne P. FORESTIER, elle a surtout démontré qu'il était possible de bâtir des institutions pérennes et viables, gérées de manière professionnelle, dans des conditions d'exploitation et sous des formes institutionnelles très diverses. On peut à titre d'exemple, citer sur le continent africain : le CMS au Sénégal sous une forme mutualiste, ADEFI à Madagascar sous une forme associative, les CVECA de l'Office du Niger ou du pays Dogon au Mali sous une forme de caisses villageoises, CERUDEB en Ouganda sous une forme bancaire.

Parlant toujours des progrès réalisés par les IMF en Afrique, une étude à été
menée par trois chercheurs en Avril 2005 et les résultats de cette étude ont été

12 P.FORESTIER, id

publié dans le magazine MIX (Microfinance Information eXchange). Sur les 163 IMF ayant fourni des informations pour cette étude, 57% d'entre elles ont été créées dans les huit dernières années. Pour les auteurs, << les IMF sont globalement dynamiques et en pleine croissance.[...]. De plus, les IMF africaines semblent répondre aux vastes besoins financiers de leurs clients. A la différence de la tendance observée dans les autres régions, plus de 70% des IMF africaines offrent de l'épargne comme service financier de base et l'utilisent comme source importante de fonds pour les prêts ,>13. A la suite de cette analyse, on remarque que selon les auteurs, la microfinance est arrivée en Afrique à une période un peu plus récente, mais elle évolue à une vitesse plus grande que celle des autres régions du monde. Même sur le plan de la productivité économique, ils pensent que le secteur de la microfinance en Afrique s'étend rapidement et les institutions ont vu leurs activités croître dans les dernières années. En effet, « les IMF africaines sont parmi les plus productives au monde de par le nombre d'emprunteurs et d'épargnants par effectif du personnel. Les IMF africaines attestent également de niveaux élevés de qualité du portefeuille, avec une moyenne de 4% de portefeuille à risque de plus de 30 jours ,>14.

Les conclusions de l'étude menée par le MIX révèlent que les IMF africaines << font preuve de dynamisme et affichent une bonne performance par rapport à leurs homologues d'autres régions du monde ,>. En effet, les IMF africaines sont en tête au plan mondial en matière de mobilisation de l'épargne, tant en ce qui concerne le nombre de clients servis que le volume absolu de l'épargne en dépôt. Bien que les résultats de cette étude indiquent que la performance globale des IMF africaines est inférieure à celle d'autres régions du monde, un nombre croissant d'IMF (notamment les IMF règlementées et les coopératives) sont rentables. En outre, un grand nombre de modèles

13 Anne-Lucie Lafourcade, Jennifer Isern, Patricia Mwangi, et Matthew Brown, Etude sur la portée et les performances financières des institutions de microfinance en Afrique, in MIX, Avril 2005, p.1

14 idem

institutionnels prospèrent an Afrique et cette diversité « permet d'offrir de bons choix de services aux clients ».

I-2-2-PRINCIPES CLES DE LA MICROFINANCE15

Toute institution pour mieux fonctionner doit se référer à certains principes qu'elle établit elle-même en fonction des réalités du terrain. Ainsi, la microfinance a des principes clés sur lesquels elle s'appui tels que définis par la CGAP16.

Voici ces principes. Ils sont définis dans l'article intitulé « Mettre en place les systèmes financiers adaptés aux besoins des pauvres ».

1-Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement des prêts.

Les pauvres ont comme tout le monde, besoin d'une vaste gamme de services financiers pratiques, souples, et d'un prix raisonnable. Selon la situation dans laquelle ils se trouvent, les pauvres peuvent avoir besoin non seulement de crédit, mais aussi d'instruments d'épargne, de services de transfert de fonds et d'assurance. C'est tout ce système qui leur permettra de contrôler et de mettre des garde-fous à leur situation financière.

2-La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreté.

L'accès à des services financiers viables permet aux pauvres d'accroître leurs revenus, de se doter d'actifs et de se protéger dans une certaines mesure

15 CGAP, « Principes clés de la microfinance », Note Focus N°5, pp 1-5

16 Le Consultative Group to Assist the Poor (CGAP) est un consortium de 27 agences de développement publiques et de deux fondations privées soutenant le développement de la microfinance ( www.cgap.org)

des chocs extérieurs. La microfinance permet aux ménages pauvres de ne plus avoir à lutter au quotidien pour simplement survivre, mais de faire des plans pour l'avenir et d'investir afin d'améliorer leur nutrition, leurs conditions de vie et la santé et l'éducation de leurs enfants. En ce sens, la microfinance permet une mobilité sociale des familles pauvres.

3-La microfinance est le moyen qui permet de mettre des systèmes financiers au service des pauvres.

Les pauvres constituent la vaste majorité de la population dans, la plupart des pays en développement. Or un nombre considérable d'entre eux n'ont toujours pas accès à des services financiers de base. Dans beaucoup de pays, la microfinance continue d'être considérée comme un secteur marginal et relever essentiellement des activité de développement des bailleurs de fonds, des pouvoirs publics et d'investisseurs soucieux des intérêts de la collectivité. Pour qu'elle puisse réaliser pleinement son potentiel en desservant un grand nombre de pauvres, il faudrait que la microfinance devienne une partie intégrante du secteur financier.

4-Il est nécessaire d'assurer la viabilité financière des opérations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres.

La plupart des pauvres ne sont pas en mesure d'avoir accès à des services financiers en raison de l'absence d'intermédiaires financiers solides offrant des services de détails. La mise en place d'institutions financièrement viables n'est pas une fin en soi. C'est la seule façon d'accroître l'envergure et l'impact des opérations de manière à porter leurs volumes à un niveau supérieur à ce que peuvent offrir les bailleurs de fonds. La viabilité s'entend de la capacité d'une entité fournissant des microfinancements à couvrir l'intégralité de ces coüts. Elle permet d'assurer la poursuite de services financiers aux pauvres. La viabilité financière passe par la réduction des

coûts de transactions, l'offre de meilleurs produits et services répondant aux besoin des clients, et l'adoption de nouveaux moyens de servir les pauvres qui n'ont pas accès au services bancaires.

5-La microfinance implique la mise en place d'institutions financières locales permanentes.

Pour créer des systèmes financiers destinés aux pauvres, il faut mettre en place des intermédiaires financiers intérieurs solides en mesure de fournir en permanence des services financiers à ceux-ci. Ces institutions doivent pouvoir mobiliser et réinjecter l'épargne intérieure dans l'économie, accorder des crédits et fournir toute une gamme de services. La mesure dont elles dépendent des financements des bailleurs de fonds et des pouvoirs publics (y compris les banques de développement financier au niveau des Etats) diminuera progressivement à mesure qu'elles, et les marchés des capitaux privés, se développeront.

6-Le micro crédit n'est pas toujours la solution.

L'octroi de micro crédit n'est pas nécessairement une solution adéquate pour tout le monde ou dans toutes les situations. Les indigents et ceux qui souffrent de la faim, qui n'ont ni revenu, ni moyen de rembourser un emprunt doivent recevoir d'autres formes de soutien avant de pouvoir emprunter. Souvent, il vaut mieux faire de petits dons, améliorer les infrastructures, mettre en place des programmes d'emploi et de formation et fournir d'autres services non financiers pour lutter contre la pauvreté. Dans toute la mesure du possible, ces services non financiers doivent aller de pair avec la constitution d'une épargne. C'est sous forme de création de conditions favorables pour un impact positif du crédit sur les activités des bénéficiaires. Sinon, ces derniers se trouveront toujours incapables de rembourser le crédit.

7-Le plafonnement des taux d'intérêt peut nuire à l'accès des pauvres aux services financiers.

Il est beaucoup plus onéreux d'accorder un grand nombre de petits prêts qu'un petit nombre de prêts de montant élevés. A moins que le fournisseur de micro financement ne puisse demander des taux d'intérêts nettement supérieurs au taux moyen des prêts bancaires, ils ne seront pas en mesure de couvrir leurs coûts de sorte que leur croissance et leur viabilité soient tributaires d'une offre très limitée et incertaine de financement à des taux bonifiés. Lorsque les pouvoirs publics règlementent les taux d'intérêts, ils fixent généralement ces derniers à des niveaux trop bas les opérations de micro financement puissent être viables. Toutefois, il importe aussi que les fournisseurs de micro financements ne répercutent pas les coûts que pourraient entraîner des inefficacités dans leurs opérations sur leurs clients en fixant leurs prix (taux d'intérêts et autres commissions) à des niveaux nettement supérieurs à ce qu'ils devraient être.

8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers, mais non les fournir directement.

Les autorités nationales jouent un rôle important en menant une action favorable au développement des services financiers tout en protégeant l'épargne des pauvres. Les mesures les plus favorables au microfinancement qu'un gouvernement peut prendre consistent à assurer la stabilité macroéconomique, à ne pas plafonner les taux d'intérêts, et à éviter d'introduire sur le marché les distorsions qu'engendrait la poursuite de programme de prêts bonifiés non viables et sources d'arriérés considérables. Les autorités peuvent aussi appuyer les services financiers destinés aux pauvres en améliorant le climat des affaires, en luttant contre la corruption, et en améliorant l'accès aux marchés et à l'infrastructure. Dans certains cas, en l'absence d'autres financements, l'Etat peut avoir de bonnes raisons de financer des institutions

de micro financement indépendantes et solides lorsqu'il n'existe pas d'autres financements.

9- Les financements bonifiés des bailleurs de fonds doivent compléter les capitaux du secteur privé, ils ne doivent pas les remplacer.

Il importe que les bailleurs de fonds utilisent, pendant un temps, des instruments appropriés, de don, de prêt et de participation pour renforcer les capacités institutionnelles des prestataires de services financiers, développer l'infrastructure nécessaire (agences de notation, agences d'évaluation du crédit, capacité d'audit, etc.) et appuyer des services et produits innovants. Dans certains cas, il leur faudra peut être fournir plus longtemps des financements bonifiés pour pouvoir atteindre des groupes de populations qui sont difficiles à toucher parce qu'ils vivent dans des régions faiblement peuplées ou pour d'autres raisons. Pour que leur appui financiers soient efficaces, les bailleurs de fonds doivent chercher à intégrer les services financiers axés sur les pauvres dans les opérations de marchés financiers locaux ; faire appel à des compétences spécialisées pour la conception et la mise en oeuvre des projets ; exiger que les institutions financières et les autres partenaires respectent des normes de performance minimales pour continuer à bénéficier d'un appui ; et planifier dès le début leur stratégie de désengagement.

10- Le manque de capacité institutionnelle et humaine constitue le principal obstacle.

La micro finance est un domaine spécialisé qui conjuguent les services bancaires à des objectifs sociaux, et un renforcement des capacités est nécessaire à tous les niveaux, des institutions financières aux instances de réglementation et de contrôle et aux systèmes d'information, jusqu'aux organismes de développement de l'Etat et aux bailleurs de fonds. La majeure

partie des investissements, publics et privés, effectués à ce titre devrait viser le renforcement des capacités. Le développement supposant un changement de mentalités, il importe de renforcer les capacités des << développés » pour qu'ils puissent agir en conformité avec les nouvelles mentalités.

11- L'importance de la transparence des activités financières et des services d'information.

Il est indispensable de disposer d'informations exactes, comparables et présentées selon un format standard sur les résultas financiers et la performance sociale des institutions financières qui fournissent des services aux pauvres. Les organes de contrôle et de réglementation des banques, les bailleurs de fonds, les investisseurs et surtout les pauvres qui sont les clients des services de micro financement, doivent avoir accès à ces informations pour bien évaluer les risques et les avantages de leurs opérations.

I-2-3-LES OBJECTIFS DE LA MICROFINANCE

Les institutions financières formelles que sont les banques exigent des agents économiques de remplir certaines conditions (documents d'identification, les garanties, un dépôt minimum, etc.) avant de leur octroyer des crédits. Faute de pouvoir remplir ces conditions, les personnes à revenus faibles, (les petits paysans et commerçants, les artisans, les vendeurs rue, etc.) sont exclues de ce système financier classique. La micro finance, quant à elle, met en place des produits financiers simples et adaptés aux besoins des populations pauvres afin de lutter contre les nombreuses dimensions de la pauvreté. Ainsi, en faisant une analyse critique des objectifs de la micro finance, Pierre FORESTIER dans l'article intitulé << Les enjeux de la microfinance : quel rôle spécifique pour le financement rural et agricole »17 remarque que, la microfinance fondée sur des

17 P. FORESTIER, Les enjeux de la microfinance :quel rôle pour le financement rural et agricole ? in Horizons Bancaires N°326, Octobre 2005, p.10

motivations telles que celle d'affranchir les populations d'un système informel contraignant(usuriers), de contribuer à l'émancipation d'une catégorie de populations pauvres (femmes, jeunes...), de fournir des services financiers indispensables à la réussite de programmes plus larges de développement, ses objectifs se sont ensuite structurés et insérés dans << l'ambition plus vaste d'être un outil efficace pour la lutte contre la pauvreté. >. Par là, il essaie de donner une définition de la micro finance qu'il juge de définition consensuelle : la micro finance consiste en << la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel >. Cette définition large et dynamique (le secteur financier formel étant lui-même en

évolution) permet d'englober un vaste champ d'intervention. Puis, tous ceux quisont exclus du système financier classique sont ceux qui ont des revenus faibles

et donc qu'on peut qualifier de pauvres. Ainsi, la micro finance à pour objectif principal selon P.FORESTIER18 de contribuer à l'amélioration des conditions de vie des pauvres. Evelyne BAUMANN, quant à elle présente la micro finance dans l'article intitulé << Microentreprises et gestion de la vulnérabilité en Afrique subsaharienne, passé et présent »19 comme un outil indispensable pour combattre la vulnérabilité.

D'abord, elle définit la vulnérabilité comme « un état lié à une chute imprévue des revenus et/ou à une brusque augmentation des dépenses >. Ensuite, elle remarque que « dans les pays d'Afrique subsaharienne oz la précarité économique est omniprésente, oz le milieu naturel connaît souvent un équilibre fragile et oz le politique est rarement prévisible, les sources de vulnérabilité sont nombreuses. »20. Pour elle, la micro finance a pour objectif de palier à la vulnérabilité des populations pauvres en leur octroyant des crédits pour renforcer leurs activités tout en contrôlant celles-ci. Cependant,

18 P. FORESTIER, Les enjeux de la microfinance :quel rôle pour le financement rural et agricole ? in Horizons Bancaires N°326, Octobre 2005, pp.10-12

19 E. BAUMANN, << Microentreprises et gestion de la vulnérabilité en Afrique subsaharienne, passé et présent. > in DIALOGUE N°33, juin 2004, p.32

20 E. BAUMANN, id.

BAUMANN va plus loin pour constater que cette même vulnérabilité menace la survie des institutions de microfinance.

I-2-4-LA MICROFINANCE ET LES OBJECTIFS DU MILLENAIRE

POUR LE DEVELOPPEMENT

La communauté internationale s'est donnée comme mission de réaliser les objectifs du millénaire pour le développement(OMD). Beaucoup de bailleurs de fonds veulent savoir si la microfinance, (c'est-à-dire les services financiers destinés aux pauvres), représentent un outil efficace de réalisation des OMD. Pour apporter une réponse à cette question, le CGAP21 à décider d'examiner les résultats empiriques de l'accès des pauvres aux services financiers et de déterminer dans quelle mesure cet accès est favorable aux OMD. Cette étude analyse point par point les OMD et la contribution de la micro finance sur leur réalisation.

De quelle manière la micro finance contribue-t-elle aux OMD ?

L'accès aux services financiers renforce la capacité des pauvres à réaliser les OMD par leurs propres moyens et de façon durable. Les services financiers permettent aux pauvres d'augmenter et de diversifier leurs revenus, d'amasser des biens humains, sociaux et économiques et d'améliorer leur existence de façon qui reflète les aspects multidimensionnels de la pauvreté. L'expérience montre que les pauvres décident d'investir en un large éventail de biens : amélioration de leur nutrition, progrès sanitaires, accès à l'éducation, préparation du toit de leurs maisons et expansion de leurs petites entreprises.

Comment la micro finance favorise-t-elle l'éradication de la pauvreté extreme et de la faim ?

21 CGAP, Note sur la microfinance N°9, décembre 2002, pp.1-2

Dans la plupart des pays, les pauvres n'ont pratiquement pas accès aux services financiers formels. Un prêt de faible montant peut aider à briser le cycle de la pauvreté si ce montant est investi au sein d'une activité économique générant une augmentation de revenu. De la même façon, la possibilité de placer ces économies en lieu sftr permet aux pauvres de se prémunir à l'endroit des crises imprévues, telle qu'une maladie ou une mauvaise récolte, qui pourraient facilement les faire basculer dans la misère. Les enquêtes effectuées auprès des clients de micro finance ont montré les impacts suivants :

* En Inde, la moitié des clients de SHARE ont pu émerger de la pauvreté.

* Au Salvador, le revenu hebdomadaire des clients de FINCA a augmenté en moyenne de 145%.

* Au Vietnam, les clients d'une organisation partenaires de Save the Children ont ramené leur déficit alimentaire de trois mois à un mois.

Comment l'accès aux services financiers améliore-t-il l'éducation ?

L'amélioration de l'accès aux services financiers et l'augmentation de leurs revenus permettent aux pauvres d'investir dans l'avenir de leurs enfants. Les enquêtes effectuées au sujet de l'impact de la micro finance sur la scolarisation des enfants ont montré que :

*Au Bengladesh, pratiquement, toutes les filles vivant dans les foyers clients de la Grameen Bank étaient scolarisées, alors que la proportion des filles scolarisées n'atteignait que 60% pour les foyers non clients. Le niveau de connaissance en matière d'instruction élémentaire (lecture, écriture et arithmétique) pour les enfants âgés de 11 à 14ans au sein des foyers clients du BRAC a doublé en trois ans (passant de 12% en 1992 à 24% en 1995), et dépasse celui des enfants vivant dans des foyers non clients.

* En Ouganda, le montant consacré par les clients de Foccas à l'éducation de leurs enfants était supérieur d'un tiers à celui dépensé par les non clients. Comment l'accès aux services financiers améliore-t-il la santé des enfants et des femmes ?

La perte de revenu consécutive à une maladie et aux dépenses médicales associées peut faire fondre rapidement le revenu et l'épargne, et force souvent les pauvres à se défaire de leurs actifs et à s'endetter. L'accès aux services financiers permet aux clients d'avoir recours aux soins médicaux dont ils ont besoin, sans attendre que leur état de santé se soit détérioré de façon catastrophique. Certains programmes de micro finance incorporent explicitement les questions de scolarisation et de soins de santé élémentaires au sein de leurs méthodologies de crédits d'épargne. Des enquêtes ont montré que des services financiers ont eu un fort impact positif sur la santé des enfants et des femmes :

- Au Bangladesh, les clients du BRAC étaient moins souvent victimes de malnutrition sévère que les non clients.

- En Bolivie, les clients de CRECER avaient adopté de meilleures pratiques en matière d'allaitement et de fluidothérapie pour les enfants souffrant de diarrhée et leurs enfants affichaient un taux d'immunisation du vaccin DCT3 plus important.

- En Ouganda, 95% des clients de Foccas participaient à un programme de micro crédit associant services financiers et initiatives éducatives visant à améliorer la santé et la nutrition de leurs enfants, ce taux de participation n'étant que de 72% pour les non clients. En outre, 32% d'entre eux avaient essayé l'une des pratiques de prévention du Sida, soit 2 fois plus que les non clients.

La microfinance est-elle favorable aux infrastructures publiques ?

Il n'existe qu'un petit nombre de travaux étudiant l'impact sur les infrastructures publiques des services financiers destinés aux pauvres. L'expérience montre cependant, qu'une augmentation de revenu encourage les pauvres à prendre des décisions d'investissement pour l'amélioration de leurs habitats, de leur approvisionnement en eau et de leurs conditions sanitaires. Un grand nombre de programmes de micofinance accorde des prêts spécifiques pour

la construction de puits tubés et d'installations sanitaires ; certains, tels SEWA en Inde, ont associé la microfinance à des projets de réhabilitation de bidonvilles. Ces initiatives sont bénéfiques pour les infrastructures locales, dont le financement est assuré par des prêts accordés par des institutions de microfinance.

De quelle manière l'accès aux services financiers favorise-t-il la prise d'autonomie des femmes ?

La possibilité d'emprunter, d'épargner et de gagner un revenu permet aux femmes de gagner en assurance et de mieux confronter les disparités systémiques entre les sexes. Les études effectuées indiquent que cette émancipation prend différents aspects :

- En Indonésie, les femmes clientes de BRI étaient plus susceptibles que les non clientes de prendre des décisions en commun avec leurs maris au sujet de l'affectation des ressources financières du ménage, de l'éducation des enfants, de l'utilisation des moyens contraceptifs et de la taille de leurs familles.

- Au Népal, 68% des membres du Women's Empowment Program (Programme pour une plus grande autonomie des femmes) déclarait prendre des décisions au sujet de l'achat et de la vente de biens, de la scolarisation des filles, du mariage des enfants et de la planification familiale.

- En Inde, les clients du SEWA ont fait pression pour obtenir des augmentations de salaires, faire valoir les droits des femmes à l'intérieur du secteur informel et résoudre les problèmes de leur quartier.

- Au Bangladesh, en Bolivie, au Népal, aux Philippines et en Russie, des clientes des programmes de microfinance se sont présentées aux élections locales et ont été élues.

Comment les bailleurs de fonds peuvent-ils utiliser la microfinance pour contribuer à la réalisation des OMD ?

- En informant leur personnel que l'accès aux services financiers contribue à la réalisation des OMD.

- En apportant leur soutien à différents types d'institutions financières qui fournissent un éventail de services financiers aux pauvres. L'impact serait encore plus important si le client avait accès à des services plus poussés que l'offre des micros crédits standards et qui correspondent mieux à leurs besoins (produits de dépôts, virements des fonds, micro assurance).

- En adoptant une approche de la microfinance qui procède d'une stratégie de développement du secteur privé ou du secteur financier s'efforçant de fournir des services financiers aux pauvres sur une base permanente et à grande échelle. Les services financiers ne peuvent contribuer aux progrès social que si les prestataires de microfinance parviennent à la pérennité.

- En apportant leur soutien aux initiatives gouvernementales visant à l'élargissement du secteur financier en faveur d'une clientèle plus pauvre, par exemple au moyen d'une abolition du plafonnement des taux d'intérêts.

- En admettant que, dans un grand nombre de cas, la microfinance peut ne pas constituer le meilleur outil de réduction de la pauvreté. Des programmes de lutte contre la pauvreté bien ciblé et des mesures de protection sociale peuvent représenter des solutions plus adéquates pour des catégories de populations extrêmement pauvres ou misérables ou n'exerçant aucune activité économique.

I-2-5-MICROFINANCE ET PAUVRETE

Dans un article publié dans la revue Le Castor Sahélien, N°50 publiée en Juillet 2003, intitulé Microfinance et lutte contre la pauvreté, une question fondamentale à ce propos a été posée : quel est le rôle de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté ?

Par leur philosophie, leur objectif, leurs activités et l'impact de celles-ci sur
les populations, les systèmes financiers décentralisés (SFD) sont étroitement
liés à la lutte contre la pauvreté. Les pouvoirs publics comme les bailleurs de

fonds ont toujours présenté les structures de microfinance comme des instruments alternatifs pour répondre aux besoins des plus démunis. Les SFD eux-mêmes ne sont surtout prévalus de ce rôle qui les valorise et les positionne comme des acteurs des politiques nationales.

Ils sont encouragés pour cela par les populations elles-mêmes. Les « success stories » à propos des pauvres ayant vu leurs conditions de vie améliorées grace à la microfinance se laissent en effet répéter à l'envie. Telle cette vendeuse de beignets devenue chef d'entreprise citée en exemple et donnée en modèle pour tous ceux qui ont la volonté de réussir. Bref, grâce à la microfinance on peut bel et bien quitter son statut de pauvre. Seuls les regards extérieurs ont jusqu'aujourd'hui tempéré les ardeurs des partisans de la microfinance. Sans lui dénier un certain mérite, ils la considéraient toutefois comme un pis-aller pour soulager la pauvreté sans pour autant disposer du pouvoir de l'éradiquer.

Aujourd'hui, c'est au sein des SFD eux-mêmes que le rôle de la microfinance par rapport à la pauvreté est remis en cause. Ouvertement ou sous le sceau de l'anonymat, plusieurs responsables des SFD reconnaissent qu'ils n'ont pas seulement la vocation de lutter contre la pauvreté. Tout au plus, contribuent-ils, à côté d'autres stratégies, à réduire ses effets sur les populations. Les grands réseaux mutualistes disent haut et fort vouloir dépasser le stade de financement de la survie pour évoluer vers un soutien à l'entreprenariat. Et dans les faits, ils sont déjà à ce niveau, puisqu'ils compte parmi leur clientèle des entreprises et développent des services financiers autres que le crédit et l'épargne. Même pour les SFD qui ne sont pas encore là, l'heure de disposer de plus de moyens et d'appuyer des activités d'envergure paraît avoir sonné.

Le souci de pérennité est à la base des évolutions notées dans la conception de leurs rôles par rapport à la pauvreté. En effet, on exige des SFD d'être autonomes financièrement, de ne pas prendre de risques, de faire

face à leurs coûts tout en offrant des services financiers de proximité adaptés à leur clientèle. `'Pour faire des affaires, soutiennent certains, nous allons le faire avec des gens capables d'accepter nos conditions, de nous donner des garanties et de rembourser dans les temps et à nos conditions''. `'Les pauvres le peuvent-ils ?'', clament d'autres.

Le souci de pérennité a en effet introduit une autre évolution : celle des cibles.

Est-ce véritablement les plus démunis qui profitent aujourd'hui des services de la microfinance ? Au regard de certaines pratiques comme les taux élevés d'intérêts, les exigences de garanties, la concentration des SFD dans les zones économiquement viables (ville en général) au détriment des localités où le niveau de pauvreté est criard ; et les profits des clients des mutuelles, on peut se poser cette question. Sans état d'âme, d'aucuns estiment qu'aujourd'hui « si les SFD veulent continuer d'exister et de rendre des services qui sont attendus d'eux, ils ne peuvent le faire qu'avec des populations capables d'épargner et de rembourser leurs crédits. Le risque est en effet grand à force de mettre l'accent sur les pauvres, de ne plus exister ni pour les pauvres, ni pour les moins pauvres », estiment-ils.

La professeur Frédéric Martin, se reconnaissant un tantinet provocateur, les invite << à devenir des banques sans perdre leurs âmes et de refuser de se considérer comme un moyen de lutte contre la pauvreté ». Pour lui en effet, en aucune façon, les SFD ne peuvent prétendre jouer ce rôle. Et à force de leur assigner des objectifs qu'ils ne peuvent pas atteindre, on contribue à les décrédibiliser aux yeux de tous. Il en appelle ainsi à la << fin des démagogies des bailleurs » et les invite à prendre d'autres voies pour lutter contre la pauvreté. Il cite par exemple le développement des services sociaux dont les pauvres ont le plus besoin et invite à cet effet, les partenaires au développement à inscrire leurs actions dans l'appui budgétaire aux gouvernements en place.

Mar-André FREDETTE, de l'ACDI estime pour sa part que la microfinance n'est pas la panacée du développement et que le développement n'est pas la seule préoccupation de la microfinance. En effet, elle ne saurait à elle seule régler les problèmes des pauvres. Toutefois, selon lui, << la microfinance peut et doit contribuer au développement durable ». Par ses effets qui ne sont pas seulement économiques, la microfinance peut introduire en effet des changements qualitatifs au niveau des individus et de leurs communautés. C'est la raison pour laquelle de nombreuses agences de développement comme l'ACDI, misent sur elle, tout en appuyant d'autres stratégies telle que le soutien à l'éducation, le développement de l'agriculture, l'appui au secteur privé, etc.

En résumé, on peut retenir que la place de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté trouve sa source dans l'évolution que connaissent les SFD. Elle est en effet étroitement liée à l'impératif de pérennité des SFD et à l'évolution de leur sociétariat. Autrement dit, elle est liée à l'encrage des SFD dans leur environnement. Plus fondamentalement se pose aujourd'hui la question de la redéfinition de l'objectif des SFD et de leurs cibles. Si on admet que le rôle de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté a évolué, les rapports entre les SFD et les bailleurs de fonds et les Etats devraient eux aussi connaître une évolution. Que vont devenir dans ce contexte les subventions et la non-imposition de leurs activités ? La question est pour l'heure soigneusement évitée.

Dans un article intitulé << Microfinance : atteindre les plus pauvres est-ce un objectif réaliste ? » publié en avril 2004 par Marc Roesch22, une analyse de l'action de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté est faite de manière plus succincte. En effet, l'auteur pour commencer constate que dans toute l'histoire de la lutte contre la pauvreté, aucun autre outil n'a focalisé

22 ROESCH M., << Microfinance : atteindre les plus pauvres est-ce un objectif réaliste ? » in Micofinance et lutte contre la pauvreté, Avril 2004, pp 14-16

l'attention que la microfinance. Koffi Annan et Mack M.BROWN ont récemment insisté sur l'importance de la microfinance pour permettre d'atteindre les OMD en matière de lutte contre la pauvreté. Cependant, plusieurs études mettent en avant l'incapacité de celle-ci à atteindre les plus pauvres (les plus pauvres sont ceux dont les revenus sont à 50% inférieurs au seuil de la pauvreté). Le CGAP notamment signal que << la majorité des clients de la microfinance se situe généralement de part et d'autre du seuil de la pauvreté, les << extremely poor » sont rarement atteints (CGAP 2003). L'auteur distingue trois grands courants d'opinions sur cette question.

- Le premier camp constitue ceux qui estiment qu'il n'est pas possible de

proposer des services financiers aux plus pauvres de façon plus durable

- Le deuxième, de ceux qui estiment qu'il est non seulement possible de

leur offrir des services sur une base durable, mais aussi c'est possible à grande

échelle.

- Le troisième estime qu'il est possible d'offrir ces services de façon durable quelques fois mais qu'il est nécessaire de développer des innovations dans ce domaine pour atteindre de plus en plus les plus pauvres.

Le coeur de la question est de savoir s'il est réaliste de développer des services financiers pour les plus pauvres et à grandes échelle. L'auteur examine les arguments de chacun des groupes.

Le premier dit tout simplement que les pauvres sont dans des conditions d'isolément communautaire, d'absence d'infrastructures, de marchés, d'emploi qui ne permet pas de valoriser les services financiers. La demande en produits financiers est fiable, le coût de la mise en place des produits est très élevé et à terme, les plus pauvres ne pourront pas financer le maintien du service. Les besoins prioritaires ne sont pas dans les services financiers, mais dans celui de la santé, de l'éducation et des infrastructures.

Le second groupe au contraire avance que la demande est très forte, la preuve est dans l'existence des services informels. Il met en avant le

développement des IMF spécialisées sur les plus pauvres, et leur succès, et argumente sur l'absence de fonds de soutien pour expliquer le retard de développement de ces IMF.

Le troisième groupe pense qu'il ya un potentiel dans les services financiers pour les plus pauvres. Mais pour autant il ne considère pas qu'il ya une forte demande, ni qu'il faille développer les services à grandes échelles. Il y a un manque de connaissance dans ce domaine, et il est nécessaire de continuer à expérimenter. Il pense que les subventions sont nécessaires pour développer et rendre durables les mécanismes nécessaires pour atteindre les plus pauvres.

Que peut-on penser de ces arguments?

La demande : les plus pauvres sont des demandeurs de services. Même si une majorité des clients est dans la catégorie << pauvre » les grands systèmes comme BRAC ou ASA ont un nombre non négligeable de clients qui sont dans cette catégorie de << plus pauvres ». Mibanco au Pérou estime que 7% de ses clients sont dans cette catégorie (Accion 2003).

Les produits : les plus pauvres ont besoin de prêts de faibles montants et des échéanciers << flexibles ». Des règles contraignantes en montants et calendriers ne leurs conviennent guère. De même, des recherches ont mis en évidence que les plus pauvres préfèrent les prêts individuels (pas de caution solidaire) et ne veulent pas assister aux réunions. De ce fait, il est nécessaire de développer pour les plus pauvres des produits spécifiques. Fournir des produits spécifiques aux plus pauvres est plus coüteux et il ne semble pas qu'il soit possible de couvrir ces coüts et atteindre l'équilibre, de même il parait difficile de développer de tels programmes sur un grand nombre de personnes. Safesave au Bengladesh propose ce type de produits depuis de nombreuses années sans atteindre l'équilibre.

Les risques : par définition, les plus pauvres sont dans un environnement présentant des risques plus élevés. De plus, les causes de leur pauvreté s'ajoutent

aux difficultés inhérentes au développement d'une activité économique. Si l'IMF veut couvrir ces risques, elle est obligée d'appliquer des taux plus élevés. Alors que l'on admet l'hypothèse selon laquelle les « pauvres >> peuvent payer les taux d'intérêts, il n'est pas sftr que la même chose soit vraie pour les « plus pauvres >>. Les plus pauvres se situent essentiellement dans les zones rurales dépourvues d'infrastructures et de services. Or les services financiers ne créent pas les opportunités économiques, ils permettent de les accompagner. En Inde par exemple, des IMF se trouvent dans deux provinces du sud, celles qui ont les infrastructures économiques les plus développées. Même le schéma << self help group >> a peu de pénétration dans des provinces sous équipées, et a le plus fort taux dans les deux provinces du sud.

Stratégies pour atteindre les plus pauvres.

Il n'ya pas de consensus sur la façon d'atteindre les plus pauvres. Ceux du deuxième groupe avancent qu'il suffit d'accroitre les fonds des IMF dans des proportions importantes pour leur permettre de se développer vers ces clients. Ceux du troisième groupe avancent qu'il faut innover en matière d'approche en privilégiant l'amélioration du niveau de vie et de la protection sociale. Pour cela, il faut investir dans le social, des infrastructures et des services spécialement dédiés aux pauvres.

Investir dans les infrastructures sociales et techniques. Les plus pauvres souvent, n'accèdent pas aux services déjà existants, soit volontairement, soit pour des raisons techniques. Les services qui souhaitent atteindre les plus pauvres sont confrontés souvent à l'accroissement des coüts de transaction et du risque. Les IMF ont besoin de fonds particuliers à la fois pour développer des << guichets >> de façon plus décentralisée, mais aussi pour former le personnel à pouvoir répondre aux spécificités de la demande.

Diversifier les activités : une IMF qui développe déjà un programme pour les pauvres, pour répartir les risques, doit également pouvoir s'adresser à une

gamme large de clients, dans des régions diverses, sur un spectre d'activités économiques. Se concentrer uniquement sur les plus pauvres ne peut être durable à cause des risques covariants et des coûts de transaction très élevés. D'autre part, le fait de permettre aux moins pauvres de développer des activités permet de réduire la pauvreté et de créer des emplois pour les plus pauvres.

Une approche innovante : les << plus pauvres » sont différents des << pauvres » (moins de garanties, plus d'analphabétisme, moins de possibilités d'emploi ou d'opportunités économiques, plus de déficit alimentaire, plus de sensibilités aux aléas climatiques et économiques). Les produits proposés doivent être différents. L'auteur de l'article développe l'exemple du programme IGVGD de l'IMF BRAC (Income Generation for Vulnerable Group Developpment) qui propose des formations techniques (poulets, maraichage, pisciculture ...) en plus d'un appui alimentaire et un appui financier. Ce programme est financé par des fonds extérieurs, mais aussi par BRAC. A l'analyse, il parait qu'un tel programme qui combine un appui à l'amélioration des conditions de vie (alimentaire essentiellement) à celui des conditions économiques (formation et microfinance), ne parvient pas à couvrir la totalité des problèmes des plus pauvres. Environ 1/3 de ceux-ci restent exclus du système. Ceci montre qu'il est toujours nécessaire de faire appel à l'aide sociale pour ces derniers.

Pour conclure, Marc Roesch pense que, contrairement à ce que dit le premier groupe, la demande en services financiers est réelle chez les plus pauvres. Mais contrairement à ce que dit le second, atteindre les plus pauvres et développer des services de façon significative chez eux n'est pas si simple. Bien que la microfinance ne soit pas la recette magique pour réduire la pauvreté, elle peut en atténuer les effets et améliorer les conditions de vie des populations.

I-2-6-LES OBSTACLES QUE RENCONTRE LA MICROFINANCE EN AFRIQUE

Dans de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest, suite à la faillite généralisée des banques de développement à la fin des années 80, l'émergence de la microfinance constitue une alternative de plus en plus reconnue pour répondre à la demande de services financiers d'une majorité de la population exclue de l'accès au secteur bancaire en raison de ses faibles revenus et du manque de garantie. Ainsi, le programme PASMEC de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest(BCEAO) recense, en décembre 1997, 188 systèmes financiers décentralisés qui touchent plus de un million quatre cent mille personnes. La BM identifie quant à elle sept milles organisations de microfinance dans le monde qui octroient des prêts à sept millions d'emprunteurs pour un montant global de huit milliards de crédit et une épargne collectée de l'ordre de dix-neuf milliards.23

Malgré ces chiffres encourageant, cependant, en Afrique, la microfinance rencontre certains problèmes notamment le poids de la religion islamique. En effet, une étude à été menée par l'IRAM en Janvier 2001 et publiée sous le titre : << Islam et microfinance en Afrique subsaharienne : éléments pour une étude comparée ». Selon cette étude, << suivant les pays et, parfois, suivant les régions ou départements, les rapports entre islam, ses représentants et ses pratiques locales et le nouveau secteur émergent de la microfinance sont plus ou moins dynamiques. « Parfois, ils permettent de véritables synergies susceptibles de participer à la lutte contre la pauvreté, mais dans d'autres situations, ils suscitent des conflits locaux. »24

Cette étude avait pour but de réaliser, dans un certain nombre de cas
représentatifs de la situation en Afrique subsaharienne un état des lieux de

23 IRAM Coll.,Islam et microfinance en Afrique Subsaharienne : Eléments pour une étude comparée, IRAM, Paris, Janvier 2001. P.1

24 IRAM Coll.,Islam et microfinance en Afrique Subsaharienne : Eléments pour une étude comparée, IRAM, Paris, Janvier 2001, p.2

relations entre islam et microfinance, une analyse des causes à l'origine de cette situation et des propositions d'amélioration possible, à partir des pratiques observées sur le terrain.

Dans la religion musulmane, le Coran et la Sunnah (tradition) fixent le rapport à l'argent. A partir de plusieurs sourates, le commerce de l'argent et toutes les formes d'usures qui en découlent font l'objet d'interdits religieux. Le « riba » (l'interdit » est condamné et la seule rémunération du capital accepté doit se faire par partage du bénéfice des activités financées. Cet interdit, basé sur une justice rédistributive, conduit à s'opposer à la thésaurisation et au profit de l'usure. Pourtant, dans la sunnah, certains « hadiths » reconnaissent le rôle du prêt et le recommandent comme un « acte de piété ». Plusieurs types de prêts sont préconisés : mudaraba (prêt participatif), musharaka (prise de participation), murabaha (crédit bail), etc. on remarque donc que le rapport à l'argent est fixé par la religion. De ce fait, le thème fait l'objet de nombreuses réflexions et d'action, en particulier avec la création de banques islamiques dans différents pays de la sous région où d'autres initiatives. « C'est ainsi qu'à Bamako ; un collectif d'une cinquantaine d'Imams affiliés à une des grandes mosquées du centre commercial développe depuis une quinzaine d'années un groupement financier d'épargne et de crédit très souple (1000 mille CFA par mois), autonome (un capital de plusieurs dizaines de millions de FCFA) et très rigoureux selon la législation islamique en la matière (interdiction du riba et de l'usure) »25

Après ces constats, l'étude a étendu cette situation à la microfinance. Les auteurs de cette étude notent d'abord que cette rapide description fait apparaître deux éléments essentiels de la problématique :

- L'interdiction du « riba » et de l'usure par l'islam recoupe largement le constat de départ de la microfinance, cette dernière s'efforçant de construire une alternative pérenne aux besoins de financements permanents des catégories de

25 H. Magassa du Sernès Bamako

personnes les plus pauvres exclues des systèmes bancaires, ce qui dans les conditions de l'Afrique subsaharienne représente plus de 80% des populations.

- L'extension observée de certaines situations locales, de cet interdit à la microfinance peut s'interpréter par une double méconnaissance :

* Méconnaissance par certains responsables religieux des fondements du calcul du taux d'intérêt de la microfinance qui, dans la plupart des cas, n'est pas destiné à rémunérer un capital mais à couvrir des coüts d'intermédiation et un risque élevé lié au contexte incertain des emprunteurs

* Méconnaissance, par les dirigeants de réseaux de microfinance, des bases de règles religieuses et qui leur permettraient d'expliquer les contraintes de gestion et d'adapter leurs pratiques avec des modalités compatibles avec les règles religieuses (explication des taux d'intérêt).

Ensuite, ils remarquent que la « doctrine islamique » condamnant l'usure peut mener certains responsables religieux, et notamment certains imams, à critiquer par extension les réseaux de microfinance et leurs pratiques d'épargne et de crédit. Cette situation a pu être observée dans certaines localités de Guinée, du Niger et du Benin où des imams se sont opposés à l'installation de réseaux de microfinance, ont condamné leurs services financiers d'épargne et de crédit, découragé l'adhésion des pratiquants, et, dans certains cas extrêmes, ont même pu susciter des oppositions au remboursement des prêts, menaçant ainsi la viabilité des systèmes de microfinance. Au-delà de la double méconnaissance à l'origine de ce type de conflit et précédemment signalée, d'autres causes peuvent être relevées ponctuellement sur le terrain, comme la participation des certains imams à l'usure. A cet effet l'étude cite : « Ainsi en Guinée, des causes de non adhésion de type religieux, comme le refus du taux d'intérêt paraissent également en milieu musulman (malinké sur Dabola et en forêt, peul en haute Guinée et au Fouta-Djalon). Elles sont exprimées par 11% d'un échantillon de personnes interrogées en 1996 et réapparaissent dans certaines monographies récentes. Ceci peut laisser à penser qu'il existe, du point de vue du discours

religieux, une confusion entre usure et règles du crédit rural, confusion parfois entretenue par des imams pratiquant eux-mêmes l'usure » (monographie CRG)26

L'étude rapporte également les propos d'un agent de la microfinance au Niger à propos de l'influence des chefs religieux à propos de la conduite à tenir face au phénomène de la micrifinance. « Généralement, au Niger, pour de nombreux praticiens de l'islam, leur perception de la question est celle qu'a le chef religieux et cela en rapport avec le degré de charisme dont jouit ce chef au sein de la population. Ainsi, dans le cadre du réseau Crédit Rural du Niger, il n'est pas rare de voir certains chefs religieux coopératifs au démarrage dans leur localité d'une activité de microfinance. Leur sentiment de pouvoir contrôler le système, conforte leur engagement dans la mobilisation de la population. C'est le cas enregistré en 1997 dans un village de l'implantation de Bonkoukou, actuel Filingué, où il a fallut le démarrage des premières opérations d'octroi, pour que le chef spirituel qui assume aussi les fonctions de chef du village, se rend à l'évidence de l'incontournable gestion collective du dispositif et qu'en tant que chef, la priorité ne lui sera pas accordée dans l'accès au crédit. Ce qui a amené ce chef, qui s'est auparavant mobilisé pour suivre toutes les étapes de l'animation sur le crédit à se désengager du processus en entrainant avec lui, l'ensemble de la population. Dans de pareils cas, il y a lieu de bien discerner ce qui relève d'une position religieuse collective de ce qui relève plutôt de l'illustration degré de respect vis-à-vis d'un chef, que personne n'ose outrager au point d'accepter ce que lui à rejeter, pour des raisons apparemment plus personnelles, que véritablement religieuses. Dans une autre banque villageoise de Filingué, une tentative a été faite en 1999, par certains islamistes, mais sans effet, afin de dissuader des emprunteurs à quitter le système qu'ils qualifient de péché du fait qu'il faut verser des intérêts sur les crédits. Cette banque fait

26 Condé K.et Kéita K., 1999 : Etude socio-anthropologique sur le fonctionnement interne du crédit rural de Guinée, CRG, p 67

partie de celles jugées aujourd'hui de performantes. Dans un village proche de Niamey, Kokari, un autre réseau de micro finance s'est vu son contrat de location de bureau abritant son réseau, résilié par le propriétaire du local du seul fait que Kokari prélève des intérêts sur les crédits qu'il accorde. Les arguments développés par l'opérateur, autour de la nécessité de couvrir avec des intérêts les charges liées à cette intermédiation financière, n'ont pas convaincu le propriétaire de la maison, qui a préféré retiré le local pour le louer à un huissier. A l'opposé, une autre banque villageoise, banque exclusivement féminine, jouit de l'appui total de l'épouse d'un des plus grands chefs religieux de la sous-région. Le local abritant la banque villageoise est même construit dans la cour du chef religieux. Grace à l'appui du couple, la banque fonctionne toujours sans retard et l'épouse du « cheikh »marque toujours son intérêt pour une prospérité de la banque. Les membres du comité de gestion de cette banque, malgré la foi islamique notoire qui les nourrit, font très bien la relation entre le niveau de leur indemnisation et le produit généré par l'activité de la banque. »27

L'étude a enfin proposé une série de propositions de solutions afin de surmonter ce « carcan religieux » vis-à-vis de la microfinance. Ainsi, une collaboration harmonieuse entre pratiques islamiques et activités de la microfinance peut être possible si les réseaux de microfinance proposent des produits adaptés (plan épargne-crédits pèlerinage par exemple), ou quand les excédents de gestion des caisses locales peuvent être réinvestis dans des investissements communautaires comme l'entretien de la mosquée (crédit rural de Guinée ou du Niger par exemple). « Lors des réunions périodiques d'affectation de l'excédent d'exploitation des banques villageoises du Crédit Rural du Niger, les adhérents accordent généralement la priorité à des investissements de type réfection et équipement de la mosquée du village »28.

27 Harouna M., cité par IRAM Coll. in Islam et microfinance en Afrique Subsaharienne : Eléments pour une étude comparée, IRAM, Paris, Janvier 2001. P.4

28 Harouna M., id.

Ces synergies peuvent, dans certains cas, être renforcées par un dialogue plus institutionnalisé entre institutions de microfinance ou associations professionnelles au niveau national et ligues islamiques, comme cela semble s'esquisser dans le cas de la Guinée notamment.

Outre les difficultés dues aux croyances religieuses, les institutions de microfinance sont aussi confrontées aux problèmes d'investissement. La recherche menée par le CGAP en 2004 révèle encore des différences en matière de structures de financement entre l'Afrique et les autres régions29. Selon cette étude, en 2003, les investisseurs étrangers dans le domaine de microfinance ont investi 62 millions d'USD en dette, capitaux propres et garanties dans 104 institutions de microfinance et coopératives africaines. Les IMF africaines représentent 21% des bénéficiaires d'investissements étragers (104 des 505 IMF mondiales) mais seulement 6% du montant total investi en dollars par les institutions financières internationales et les fonds d'investissement privés (62 millions d'USD sur 1.1 milliard d'USD). A titre de comparaison, les IMF et les coopératives des régions d'Europe de l'Est et d'Asie centrale ont reçu respectivement 7 et 10 fois plus d'investissements étrangers que les IMF africaines. On se rend donc compte que les IMF africaines soufrent d'un manque d'investissement auprès des bailleurs de fonds étrangers.

La forte expansion et la prolifération d'interventions ayant peu ou pas d'avenir, conjuguée à la faiblesse des capacités de supervision, de prévention et de contrôle du secteur dans un grand nombre de pays constitue un risque systémique dont l'ampleur croît avec celle de la microfinance. Proposant des solutions à ces différents problèmes, Pierre FORESTIER pense que « la préoccupation principale paraît être la maîtrise d'un accroissement substantiel des risques portés par le secteur »30. L'auteur analyse cette maîtrise dans quatre

29 Gautam Ivatury et Julie Abrams (CGAP), Débouchés pour les fonds d'investissement en microfinance, KfW Financial sector development. Symposium Microfinance Investment Funds, Berlin, novembre 2004.

30 P.FORESTIER, Les enjeux de la microfinance :Quel rôle pour le financement rural et agricole ? in Horizons Bancaires, N°326, Octobre 2005, p.12

directions : la première concerne << la nécessité d'un développement plus structuré ». En ce sens, il est important que le financement des IMF passe de l'étape de l'expérimentation et de la multiplication des initiatives à un fonctionnement plus structuré et plus solide de la microfinance. << Une telle politique doit notamment prendre en compte la combinaison caractéristique du secteur, conjonction d'un fonctionnement privé et d'une implication publique particulièrement importante ». Cette politique doit traiter du rôle des différents acteurs et, particulièrement, de la puissance publique (au sens large). Une refonte des conditions de ce partenariat entre le public et le privé est donc impérative. La seconde orientation concerne << l'opportunité d'engager une diversification sécurisée des services offerts et dans certains cas de la clientèle ». Au démarrage, cette diversification dangereuse semble désormais possible pour des institutions viables et stabilisées sur leurs marchés. Elle est de ce fait, << naturellement » engagée pour certaines pour mieux répondre aux besoins de leur clientèle. Elle correspond d'abord au développement de nouveaux services d'épargne (logement, scolarité,...) et de produits de crédits (augmentation des montants et allongement du terme) mieux adaptés au financement de petits investissements. C'est dans ce cas que la microfinance pourra offrir des services aux plus démunis et donc exclus du système financier classique. Aussi, cette diversification pourra toucher d'autres services constitués en un réseau puissant et rentable pour accroitre leur portée. Toutefois, cette diversification comporte des dangers importants. Il s'agit bien entendu de la capacité de maîtrise d'une nouvelle activité. Celle-ci doit en particulier respecter un rythme de croissance compatible avec celui de sa professionnalisation et de la croissance globale de l'institution. La troisième direction pour une prospérité avenir de la microfinance en Afrique concerne << la possibilité d'améliorer l'impact économique et sociale de la microfinance ». Pour accroitre ce double impact, la diversification de services recèle un potentiel considérable. Cependant, << la question est de savoir si cette diversification constituera une

simple extension de méthodes et principes utilisées avec succès pour la gestion de microcrédits ou si elle constituera en une nouvelle étape de développement méthodologique permettant d'assurer une meilleure adaptation de services aux objets financés et non seulement aux capacités de l'emprunteur. >>31. Cette approche devrait donner des possibilités d'accroitre la clientèle de la microfinance en permettant la supervision d'un nouveau service à toutes les étapes de la conception jusqu'à son administration sur de nouveaux marchés ou auprès d'une nouvelle clientèle. Elle doit aussi permettre une « segmentation >> des conditions de financements offerts(en particulier des taux de crédits) selon les objets financés. En effet, « les conditions de taux élevés pratiquées à juste titre dans une première phase de construction des institutions limitent de fait l'intérêts des services offerts et leur impact. >>. La quatrième direction enfin, concerne « une refonte des outils et des partenariats >>. Dans cette partie, les questions soulevées sont de trois ordres :

- L'obtention de ressources longues de refinancement à des coûts compatibles avec l'exploitation de l'institution et la nature de ces produits. Cette

question ne concerne d'ailleurs pas uniquement dans les pays où, la disponibilitéen ressources longues est souvent onéreuse du fait de leur rareté ;

- La consolidation des ressources stables. Ce point devient crucial à l'institution à mesure que sa taille augmente. Cela impacte particulièrement sa structure financière et de coûts. Or les normes de fonds propres usuellement employées dans le secteur bancaire semblent inadaptées aux risques du secteur et à son organisation. Elles devraient donc être significativement relevées. Par ailleurs, les ressources stables, dans la mesure où leur rémunération est faible, peuvent avoir un effet de levier important sur l'accroissement de l'impact ou de la qualité des services offerts (baisse des taux d'intérêt des crédits moyens, croissance accélérée du secteur ou prise de risque accrue auprès de certains clients) ;

31 P. FORESTIER, id.

- La diversification des partenaires des institutions de microfinance, et en

particulier, l'accroissement de l'intervention des investisseurs privés.

En définitive, l'analyse de P.FORESTIER sur les enjeux de la microfinance confirme qu'il existe des besoins divers d'accompagnement des institutions et d'apport de financements concessionnels. Elle confirme en corollaire, l'intérêt de la poursuite d'une intervention de la puissance publique et de l'aide internationale au-delà de la phase de la création de l'institution. En revanche, elle oblige à repenser son positionnement, ses outils (diversité des besoins en termes de stabilité, durée et concessionalité) et ses objectifs.

Le domaine de la microfinance comme nous le constatons à la suite de notre revue documentaire est largement exploré. De son origine et son évolution à ses objectifs et ses méthodes d'intervention, beaucoup d'auteurs et spécialistes ont écrit à propos du phénomène de la microfinance. Cependant, les résultats réels sur le terrain sont très peu vulgarisés. C'est ce qui explique la démarcation de notre thème pour expliquer objectivement et donc scientifiquement l'influence des services de la microfinance sur la vie quotidienne des populations bénéficiaires.

CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE

II-1-POSITION DU PROBLEME

Considérée comme une alternative pour la résolution des problèmes des populations pauvres et n'ayant donc pas accès au système financier classique, la microfinance a fait ses preuves dans plusieurs régions du monde. Elle a connu un essor dans les années 1990.

On distingue trois types d'IMF : Il s'agit d'institution d'épargne et de crédit à forme coopérative ou mutualiste, d'institution à crédit direct ou solidaire et l'ONG à volet crédit. Dans le premier groupe d'institution, on a quatre (4) structures d'institutions qui offrent des services de microfinance. Il s'agit des ONG, des COOPEC, des banques étatiques et des microfinances.

En Afrique de l'Ouest, en 1998, les services des IMF atteignaient globalement plus de 15 % des ménages32.

Au Togo, selon une étude du PNUD réalisée en 2000, la pauvreté touche environ 60 % de la population togolaise. Les groupes à faible revenu connaissent des problèmes (insuffisances alimentaires, manque des soins sanitaires, etc.) et se concentrent dans le secteur informel. Ce secteur occupe une place significative dans l'économie togolaise. Il emploie environ 23 % de la population active de plus de 14 ans .Sa part dans le PIB en 1994 était évaluée à 30,3% minimum33

L'expérience montre que la microfinance peut aider les pauvres à augmenter leurs revenus, créer des entreprises viables ou renforcer leurs activités économiques et les sortir donc de la pauvreté. Elle peut constituer un puissant instrument d'émancipation permettant aux pauvres de devenir des agents économiques et acteurs de changement. Cela s'illustre par les progrès

32 Microfinance Pratical Guide,the Constative Group to assist the poorest (CGAP) Word Bank, Novembre 1999.

33 Togo, Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DISRP), Juin 2004, P.8

considérables que connaissent les IMF au Togo. En effet, les bénéficiaires des services des IMF au Togo étaient passés de 62.400 en 1995 à 330.080 en 2005. L'encours des dépôts aussi était passé de 5,5 milliard en 1995 à 27,5 milliard en 200434. Il est donc clair que la microfinance est une réalité vivante au Togo, son rôle dans l'économie togolaise est perceptible.

En ce qui concerne la structuration du marché, La FUCEC --Togo (faîtière des Unités coopératives d'Epargne et de crédit du Togo) occupe une place prépondérante dans le secteur de la microfinance dans le pays.Elle représente à elle seule 58 % de la clientèle (contre 52 % en 2001 et 84 % en 2000) et a distribué, en 2001 ; 47% des crédits dans ce secteur (contre 49 % en 2004).

Il est donc clair que la pratique de la microfinance au sein des structures qui composent le réseau de la FUCEC- Togo connaît une ascension nécessaire à pérenniser.

Dans la préfecture de Tchaoudjo, les activités de la micofinance se pratiquent par près de six (6) institutions relativement puissantes et en rude concurrence. Il s'agit de la FUCEC, l'URCLEC, l'UMECTO, WAGES, IRCOD Champagne Ardent et la CMECF. Leurs services sont globalement constitués des épargnes et des crédits. L'épargne est ouverte à toute personne morale ou physique sur certaines conditions. Quant au crédit, il est destiné aux pauvres. L'institution étudie la capacité de remboursement du client avant de lui accorder le crédit. Bref, toutes ont pour objectif principal de lutter contre la pauvreté. La proportion des pauvres étant très élevée dans cette région du pays (82% de la population), ces institutions ont été les bienvenues. Les clients composés en majorité des petits commerçants, des revendeurs ou des artisans affirment être fiers des activités de ces institutions, pensent qu'elles sont efficaces pour lutter contre la pauvreté et affirment les soutenir pour leur service et même leur prospérité.

34 Bulletin trimestriel du Comité National de Microfinance au Togo, N°001- Janvier 2006, p.9

Cependant, force est de constater que près de 10% seulement de clients arrivent à rembourser leurs crédits dans les délais conclus sans difficultés. Dans certains cas, ces institutions sont obligées de menacer avant que les clients ne remboursent leurs crédits et dans d'autres cas, ces derniers ne les remboursent pas du tout. Pourtant, composées en majorité de Mutuelles, ces institutions fonctionnent essentiellement à partir des fonds issus de l'épargne de leurs clients et des intérêts issus des prêts remboursés. De plus, l'efficience du crédit doit normalement permettre de le rembourser dans les délais conclus.

Le non remboursement des crédits par certains clients empêche d'autres d'accéder à leur épargne et menace donc la survie des institutions.

Pour les dirigeants des institutions, cette incapacité de remboursement est essentiellement due à ce qu'ils appellent le « détournement d'objet de crédit ». En effet, selon eux certains clients prennent des crédits pour un objectif déclaré à l'institution, mais emploient l'argent dans d'autres domaines généralement improductifs. Pour les clients, l'explication n'est pas claire. Si pour certains ce sont « les activités qui ne marchent pas », pour d'autres par contre, c'est leur extrême pauvreté qui les empêche de reconstituer progressivement le capital et de rembourser peu à peu les crédits. Tout compte fait, il y a un mythe qui y demeure.

On peut donc se poser certaines questions : Dans la préfecture de Tchaoudjo, qu'est-ce qui explique l'incapacité de certains clients à rembourser les crédits que leur accordent les IMF ? Ces institutions contribuent-elles à lutter contre la pauvreté au sein de ces populations et par là, contribuent-elles à améliorer leurs conditions de vie ?

II-2-Objectifs de recherche

II-2-1- Objectif principal

L'objectif de notre recherche est d'analyser les changements opérés par les IMF (à travers les crédits octroyés) dans la vie des adhérents.

II-2-2-Objectifs spécifiques

- Identifier les conditions dans lesquelles se font les adhésions à ces institutions d'une part et d'autre part, les conditions dans lesquelles les prêts sont accordés.

- Evaluer la fréquence des demandes de crédits et le degré de remboursement de ces crédits.

- Analyser la fréquence et la croissance de l'épargne des bénéficiaires

- Mesurer la capacité des crédits reçus à contribuer à l'augmentation des revenus des bénéficiaires.

- Expliquer l'incapacité des bénéficiaires à rembourser les prêts qui leur sont accordés.

- Recenser les difficultés auxquelles sont confrontées les institutions de microfinance dans leur fonctionnement.

II-3-Hypothèses de la recherche

L'hypothèse comme solution anticipée à un problème qu'on veut résoudre est un outil indispensable en sciences sociales qui permet au chercheur d'orienter ses investigations vers une confirmation ou une infirmation de celle-ci.

Pour notre recherche, nous avons retenu les hypothèses suivantes :

II-3.1- Hypothèse principale

Dans la préfecture de Tchaoudjo, grâce à leurs méthodes, les institutions de microfinance peuvent contribuer à l'amélioration des conditions de vie des adhérents si les prêts qu'elles leur accordent sont consistants d'abord, ensuite les adhérents remboursent les prêts reçus au terme des échéances conclues et enfin utilisent à bon escient les crédits obtenus.

II-3.2-Hypothèses secondaires

1- L'efficacité du crédit est due à sa consistance.

2- Le non remboursement des crédits chez certains adhérents des IMF peut être dû au détournement d'objet de crédit.

3- Le non remboursement de la plupart des crédits fragilise les IMF et ne leur permet pas de continuer leur mission.

II-4-Analyse des concepts

Emile DURKHEIM disait : « La première démarche du sociologue doit donc être de définir les choses qu'il traite afin que l'on sache de quoi il est question (...). Tout discours scientifique doit utiliser des concepts clairs et précis... »35

Dans le cadre de notre étude, nous avons tenu à définir certains concepts notamment :

- Amélioration des conditions de vie :

Etymologiquement, améliorer signifie rendre meilleur ; faire tendre davantage vers la perfection. Donc améliorer quelque chose consiste à le sortir

35 DURKHEIM E. : Les règles de la méthode sociologique, Paris PUF, 10è édition 1972 , p.23

d'une situation que l'on juge moins meilleure pour une situation plus meilleure. Quant aux conditions de vie, on peut les définir comme le rang ou la classe sociale qu'un individu ou un groupe d'individus occupent en relation avec le coût de la subsistance ou le « prix à payer » pour vivre. Les conditions de vie varient et sont relatives à chaque milieu de vie. L'amélioration de ces conditions de vie consiste donc à réunir des facteurs pouvant permettre aux individus de supporter de plus en plus le coût de la vie et de satisfaire de nouveaux besoins qu'ils ne satisfaisaient pas avant. Ces facteurs sont essentiellement économiques. Chaque société humaine, dans ses diverses activités, vise à améliorer d'une manière ou d'une autre ses propres conditions de vie.

- Les méthodes d'intervention

On peut définir la méthode comme un ensemble de procédés, de moyens pour atteindre un but ou arriver à un résultat. C'est la voie par laquelle l'on veut passer pour arriver à une destination qu'il s'est fixée auparavant. C'est aussi la technique que l'on utilise pour résoudre un problème ou pour rendre meilleur une situation. Les méthodes d'intervention se définissent alors comme l'ensemble de moyens mis en oeuvre pour parvenir à un but. Cette mise en oeuvre suppose déjà l'existence d'un problème préalable qu'on veut résoudre en intervenant.

Pour ce qui concerne les IMF, leurs méthodes d'intervention consistent aux techniques de travail qu'elles emploient pour améliorer les conditions de vie des populations pauvres.

- Prêt ou credit consistant

Prêter, c'est remettre une chose à quelqu'un à condition qu'il vous la rende. Ici, le mot prêt renvoie au crédit qu'on accorde à une personne à condition qu'il le rembourse avec ou sans intérêt. Le prêt est accordé à court, moyen ou long terme. A court terme, s'il doit être remboursé pendant une courte durée (autour de six mois) ; à moyen terme si la durée de remboursement est moins courte et

pas assez longue et à long terme si elle est très longue (trois à dix ans). Généralement, les prêts qu'accordent les IMF sont à court terme. Un prêt consistant est un prêt solide ou stable de sorte qu'il permette au bénéficiaire d'accomplir le but visé et de s'assurer de sa pérennité. Un prêt consistant peut donc consister un facteur ou une force économique puissante qui permet à un agent économique de renforcer son capital pour accroître ses revenus.

- Processus de développement

C'est une démarche, un mécanisme, un mouvement évolutif en vue d'une totalité dialectique incluant le politique, l'économique, le social, le culturel et le juridique. Nous pouvons nous référer ici à PERROUX F. pour qui « c'est une combinaison de ressources humaines, matérielles, financières, techniques, environnementales pour provoquer les changements mentaux, sociaux, économiques, culturels, etc. chez une population. Cela peut donc rendre celle-ci apte à faire accroître cumulativement et durablement son produit réel global, c'est-à-dire entièrement réciproque de la production, de la mentalité de la population et la tendance vers le bien-être social, économique et culturel »36

- Mutuelles d'épargne et de crédit

Encore appelées coopérative d'épargne et de crédit (COOPEC) , elles sont définies selon le Bureau International du Travail (BIT) comme une association de personnes qui se sent volontairement grouper pour atteindre un but commun par la constitution d'une entreprise dirigée démocratiquement en fournissant une quote-part équitable du capital nécessaire et en fruits ce cette entreprise au fonctionnement de laquelle ,les membres participent activement .

Au sens de la loi N° 95-014 du 14 Juillet 1995 portant règlement des institutions mutualistes ou coopératives d'épargnes et de crédit, est considéré

36 PERROUX F. cité par Marc PENOUIL in Socio-économique du développement, Paris, Dalloz , 1989, p93.

comme institution mutualiste, un groupement de personnes doté de la personnalité morale, sans but lucratif et capital variable, fondé sur les principes d'unions, de solidarité, d'entraide mutuelle et ayant principalement pour objet, de collecter l'épargne de ses membres et de leur consentir du crédit.

Dans le cadre de notre étude, la quasi-totalité des institutions de microfinance sont des mutuelles d'épargne et de crédit.

- Systèmes financiers Décentralisés (SFD)

C'est l'ensemble des systèmes de mutuelles d'épargne et de crédit .On les appelle aussi Institution de microfinance (IMF).

La banque des données des SFD au Togo en 1994 les définissait comme « une unité variée d'expériences d'épargnes et ou par de crédits, divers par la taille, le degré de structuration, la philosophie, les objectifs, les moyens techniques, financiers et humains mis en oeuvre pour la population à la base, avec ou sans le soutien ponctuel ou durable, Technique et par ou financiers de leurs partenaires, en vue d'assurer l'autopromotion économique et social de ces population ».

Les SFD ont la particularité de viser surtout les populations qui n'ont pas accès aux crédits bancaires, à cause de leurs faibles revenus.

- Le secteur informel

Selon le dictionnaire Universel (4ème édition, 2002), le secteur informel est un secteur économique non soumis aux normes d'organisation et de gestion. C'est un domaine d'activités qui échappe au contrôle de l'Etat. Il regroupe les petites entreprises, les établissements commerciaux ou tout autre groupe d'individu exerçant des activités commerciaux ou artisanales et qui n'ont pas d'existence légale ou qui ont un statu non clairement défini, qui ne payent pas d'impôts ou qui ne payent pas tous les impôts aux quels ils sont sensés soumis. Dans notre

étude, nous regroupons dans ce secteur, tous ceux qui mènent une activitégénératrice de revenu (AGR)

- Les conditions de vie

Etymologiquement, le mot condition est équivoque. Il peut désigner le rang social d'un ou des individus. Quant à la vie, elle désigne un champ très vaste de choses mais toutes liées à l'existence. Ainsi, on peut le définir comme coüt de la subsistance, de l'entretien. On peut donc définir les conditions ce vie d'un individu ou d'un groupe d'individus comme le rang ou la classe sociale que ceux-ci occupent en relation avec le coût de la subsistance ou « le prix à payer » pour vivre. Comme la pauvreté, les conditions de vie varient et sont relatives à chaque milieu de vie.

- Tontine consensuelle :

Le mot tontine renvoie à l'idée d'une cotisation régulière dont la somme totale est reversée au concerné au terme de l'échéance conclue.

Dans notre travail, le concept de tontine consensuelle renvoi à l'idée d'une cotisation qui s'effectue entre des personnes et dont la somme totale cotisée est reversée à une personne et cela à tour de rôle de la première à la dernière personne.

- Détournement d'objet de crédit

Détourner suppose la déviation de quelque chose de sa destination initiale. L'objet de crédit dans la pratique des IMF constitue le motif pour lequel le crédit est demandé. Le détournement d'objet de crédit est une pratique des clients des services des IMF qui consiste à voiler le vrai motif pour lequel on demande du crédit. Dans ces cas de figure, le demandeur annonce un motif qui puisse lui permettre d'obtenir le crédit.

- La cavalerie de crédit

La cavalerie suppose le fait de ne pas se fixer à un lieu donné ou d'aller d'une chose à une autre donnée. Ainsi, la cavalerie de crédit est cette pratique qui consiste à demander et à bénéficier du crédit auprès de deux ou plusieurs IMF en même temps. C'est une pratique illégale qui est punie par les lois qui régissent les IMF.

II-5-Modèle d'analyse

L'étude de notre thème se fera sur le modèle de la théorie de l'individualisme méthodologique développée par Raymond BOUDON. En effet, cette théorie part du principe selon lequel l'homo sociologicus (l'agent social) est un dépassement de l'homo oeconomicus (l'agent économique). Pour l'agent social, tous ses choix ne sont déterminés que par des motivations individuelles ; la notion de meilleur choix possible n'est pas toujours prédéfinie ; les décisions des agents sociaux ne sont pas toujours rationnelles au sens strict du terme. Cependant, même s'ils disposent d'une marge de manoeuvre, les individus agissent dans le cadre de rôle que leur assigne la société. L'agent social est considéré comme un agent intentionnel doté d'une autonomie variable en fonction du contexte dans lequel il se trouve. Ainsi, la logique sociale, c'est-àdire la conduite collective d'une société est déterminée par un système d'interactions. Ces interactions produisent ce que R. BOUDON appelle « effets émergents » ou « effets d'agrégation » qu'il définit comme des effets non explicitement recherchés par les agents sociaux d'un système, mais qui résultent de leur interdépendance. Certaines agrégations de ces motivations individuelles

provoquent des effets pervers. Ainsi les épargnants d'une IMF par peur de la faillite de leur institution la provoquent en retirant leurs économies.

Pour que l'action d'une IMF soit efficace afin qu'elle puisse atteindre ses objectifs, il faut non seulement qu'elle tienne compte de la logique sociale de la collectivité, mais aussi et surtout des motivations individuelles de ses adhérents. Ce faisant, quand ils s'investissent dans la coopérative par exemple, ils attendent en retour la maximisation des bénéfices générés par leurs activités financées par la coopérative ; ce qui assure la pérennisation de leurs relations avec l'institution. Elle a intérêt à stopper toute action de quelque membre que ce soit pouvant conduire à sa faillite pour que l'agrégation de ces actions individuelles n'entraîne pas des effets pervers.

DEUXIEME PARTIE

CADRE PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE

DE L'ETUDE.

CHAPITRE III : PRESENTATION DU CADRE

PHYSIQUE DE L'ETUDE

III-1 : Historique de la préfecture de Tchaoudjo

L'origine de la préfecture de Tchaoudjo est consubstantielle à celle du royaume Kotokoli. Les travaux de R. CORNEVIN (1969) et de J. C. BARBIER (1982) témoignent que la genèse de l'histoire des Kotokoli coïncide avec l'arrivée d'un groupe d'immigrés Gourma venu de Fada N'gourma (Burkina Faso) sous la conduite de leur chef KOTOKRO. Ils s'installèrent à Tabalo, sur le Malfakassa. Tchaoudjo, un centre précolonial est formé de plusieurs villages. Les villages qui forment les royaumes Kotokoli sont tous issus du même village d'origine, Tabalo situé à une trentaine de kilomètre au Nord-Ouest de Sokodé sur la route de Bassar. La création des chefferies Mola remonterait au début du XVIIIe siècle. Alors que le chef de Tabalo OURO- KOURA gardait le village, son fils aîné se dirigea vers la plaine de Mono et s'installa sur le massif de Tchaoudjo (Koroga). Il y fonda un nouveau village qu'il appela Kpangalam sur lequel il régna sous le titre de OURO Agoro Dam. Six autres villages furent fondés plus tard par des descendants Mola de Tabalo : Tchavadi, Komah, Kparatao, Kadambara, Birini, et Yelivo. Ces villages y compris Kpagalam étaient placés sous l'autorité d'un chef supreme élu parmi leurs ressortissants et qui devait diriger une organisation politique et sociale forte. Chaque village avait à sa tête un chef de village.

A côté de cette constellation des villages bien organisés viendront s'installer d'autres villages, tous ayant leur propre organisation mais reconnaissent toutefois l'autorité du chef supreme des Mola. Tchaoudjo, aujourd'hui chef lieu de la région centrale, était une étape importante de la route

du cola. Des textes témoignent que déjà en XVème siècle, les commerçants Haoussa et Mandingue passaient par deux (02) principaux axes à savoir : l'axe Djougou-Alédjo Koura-Agoulou-Kpaswa-Tchavadi-Didaouré ; ou celui de Djougou-Alédjo-Koura-Adjéidè-Tchamba-Birini-Kparatao-Kadambara-

Didaourè pour rejoindre le Gold-Coast, l'actuelle République du Ghana. Dans tous les cas, Didaouré reste un passage obligé. L'une des raisons qui attiraient les commerçants en pays Kotokoli serait la possibilité de trouver facilement des produits d'artisanat, les produits de transformation agricole et surtout un accueil désintéressé. Cet intérêt de Didaouré comme le grand marché à l'époque et la bonne organisation de la chefferie des Mola seraient à la base du choix de ces lieux par les Allemands pour en faire leur poste administratif afin de contrôler cette route commerciale.

II-2- Présentation géo-climatique et démographique de la

préfecture de Tchaoudjo

Chef lieu de la région centrale, la préfecture de Tchaoudjo est située au centre du pays à une altitude moyenne de 340 m à mi-chemin entre l'océan Atlantique et la bande sahélienne. Elle est limitée au Nord par la préfecture d'Assoli, au Sud par celle de Soutouboua, à l'Est par celle de Tchamba et à l'Ouest par celle de Bassar. Elle s'étend sur une superficie de 2650 km2 et compte environ 169723 habitants37. La préfecture de Tchaoudjo jouit d'un climat sahélo-guinéen avec deux saisons distinctes : une saison pluvieuse allant de Avril à Octobre avec une pic de Juillet à Septembre et une saison sèche allant de Novembre à Mars. Les précipitations annuelles varient entre 1100 mm et 1500 mm de pluie pour un nombre de jours se situant entre 100 et 120. La température moyenne de la préfecture varie entre 20° C et 32° C. L'évaporation est élevée et particulièrement marquée en période d'Harmattan

37 Source : Ministère de l»administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales/ Région Centrale/ Préfecture de Tchaoudjo.

(de Novembre à Janvier). Le taux d'humidité est très variable et dépend de tous les facteurs précités.

Deux types (2) principaux de sols sont observés dans cette préfecture : - Sols peu épais et pauvres (zones montagneuses)

- Sols ferrugineux lessivés.

Sur le plan hydrographique, Tchaoudjo est irriguée par un certain nombre de cours d'eau dont la plupart ne sont pas permanents. Il s'agit du Mono, Na et le Mô.

Dans la préfecture de Tchaoudjo, le nombre moyen de personnes par ménage est de 6,2 contre 5,4 sur le plan national.

III-3-Aperçu socio-politique

Tchaoudjo est la préfecture qui a la plus forte proportion de la population musulmane du Togo (70% de la population). Les 30% restants étant chrétiens, en grande majorité catholique. La plupart des habitants parlent le Kotokoli (ou le tem). L'ethnonyme Kotokoli correspond à l'appellation qui était donnée à ces locuteurs tem par les commerçants soudanais de la boucle du Niger. De nombreuses autres langues y sont parlées : en particulier l'Ewé et le Kabyè. Il faut mentionner au passage que Tchaoudjo a pour fêtes traditionnelles Gadao - Adossa - Kosso. Célébrée à la veille d'Adossa, Gadao a pour fonction de remercier les ancêtres pour l'abondance des récoltes. Adossa ou fête des couteaux, est une fête initiatique dont l'origine remonte aux guerriers Semassi qui exerçaient leurs puissances et leur vaillance en se soumettant à des épreuves de forces. Le lendemain a lieu Kosso, la fête des femmes, où ces dernières viennent danser sur le terrain municipal de Sokodé. En dehors de ramadan et tabaski (deux fêtes religieuses), les autres fêtes sont plutôt événementielles et sans dates précises.

Sur le plan politique, étant un centre administratif depuis l'époque allemande jusqu'à l'indépendance, la préfecture de Tchaoudjo compte aujourd'hui douze (12) cantons qui sont : Kpangalam, Komah, Kolina, Aléhéridé, Kéméni, Kparatao, Kadambara, Agoulou, Lama-Tessi, Tchalo, Wassarabo et Kpassouadè. Il faut noter que l'urbanisation de Sokodé n'est pas seulement provoquée par l'implantation des allemands, mais elle est venue achever une évolution historique de la société Tem déjà bien organisée.

Dans la course effrénée de l'occupation coloniale, le 23 juillet 1897, il eut un accord franco-allemand qui fixa les échanges de territoires, le Docteur Kersting quitta Djougou et se replia sur Adjéidè au poste de Kri-Kri d'où il décida de créer un nouveau poste à Didouaré. La construction du nouveau poste commença à Sokodé à la fin de l'année 1897 sur la colline rocheuse. Ce poste serait mis en service le 21 avril 1898. Les Allemands, depuis leur installation jusqu'à leur départ obligé en 1914, organisèrent le centre en construisant leurs bâtiments administratifs et en réalisant des aménagements dans les quartiers.

L'administration coloniale française s'installa à Sokodé après le départ des Allemands (le 15août 1915). Une agence spéciale pour la collecte des impôts fut créée le 2 février 1915 à Sokodé. Le 4 septembre 1935, par arrêté n°398 portant réorganisation générale de l'administration du territoire du Togo, Sokodé devient le chef-lieu du centre du Nord.

Dès lors, elle fait figure de « capitale » du Nord-Togo. Chef lieu de la région centrale, Tchaoudjo est non seulement un centre administratif important mais aussi un grand centre commercial depuis la période précoloniale.

III-4-Activités socio-économiques

Aujourd'hui, l'économie de la préfecture de Tchaoudjo est gouvernée par les secteurs agricoles, des transports, du commerce et de l'artisanat. Les métiers relatifs à ces secteurs à part l'agriculture, sont plus pratiqués dans la ville. Depuis 1979 à ce jour, aucune entreprise moderne au sens économique du terme n'a vu le jour, ce qui laisse planer un sérieux doute sur l'émergence dans l'avenir d'unités de grandes tailles dans le milieu. Le commerce est essentiellement en grande partie assuré par les femmes. Le transport dans le milieu est assuré par les taxis auto comme motos. Les voitures sont depuis longtemps utilisées dans le transport en commun, ce qui n'est pas le cas pour les motos qui ne font leur apparition dans ce domaine qu'aux environs des années 1995. Il faut souligner que depuis la fin des années 1997, l'économie de Tchaoudjo est pour une importante part, portée par les nombreux transferts de devises provenant des pays d'accueil des jeunes migrants Kotokoli. Le taux brut d'activité, c'est-à-dire le rapport du nombre des actifs sur la population totale se chiffre à 43%.

L'agriculture occupe 30% de la population active de la préfecture de Tchaoudjo, mais elle demeure au stade rudimentaire. Les méthodes d'exploitation sont encore traditionnelles ; la mécanisation ou l'usage des animaux de traction est très rare. L'unique force utilisée pour les travaux champêtres est celle du paysan et de sa famille. Les agriculteurs déploient d'énormes efforts physiques pour obtenir des résultats maigres. La qualité et la quantité des récoltes dépendent étroitement des aléas climatiques. Les principales cultures pratiquées dans cette préfecture sont :

- Les cultures vivrières en tonnes : le maïs 1575t, le sorgho 957t, l'haricot 238t, l'igname 44 039t, le manioc 17924t, l'arachide 596t, le riz 726t, le sésame 441t, et le soja 425t38.

- Le coton (150t) et l'anacardier constituent les cultures de rentes de la préfecture.

La préfecture de Tchaoudjo présente deux (2) types d'élevage : l'élevage traditionnel et l'élevage semi-moderne. Les principales espèces élevées au niveau du type traditionnel sont : l'élevage des volailles, des petits ruminants, l'élevage des bovins et des porcins dont les données estimatives sont : bovins 1344 têtes, ovins 12.419 têtes, les volailles 113.121 têtes39. On note une prépondérance de l'élevage des ovins en raison des rites culturels de la préfecture. Les pondeuses sont les espèces élevées au niveau du type d'élevage semi-moderne. On remarque que les éleveurs pour la plupart font partie de l'ethnie peule. De nombreux peuls se sont sédentarisés autour des villages de Tchaoudjo. Ils élèvent des troupeaux de vaches. Parallèlement, des peuls nomades passent fréquemment près de Tchaoudjo avec leurs troupeaux de zébus en route entre le Burkina-Faso et le Nigéria. L'élevage, la pêche et la chasse sont des activités associées à l'agriculture dans cette préfecture.

38 Production annuelle par spéculation (tonnes) DRAEP/RC-PT

39 Sources : ICAT/RC et développement préfectorale : année 2007

CHAPITRE IV : LA METHODOLOGIE DE LA

RECHERCHE.

IV-1- LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE

Comme tout travail scientifique, notre travail a exigé un cadre théorique. Cette partie du travail consiste à faire cas des théories qui ont trait à notre travail et qui l'explique. Il s'agit aussi de recenser des écrits pertinents ayant déjà abordé notre thème, les analyser et les critiquer afin de ressortir des éléments pertinents du champ de la recherche fondamentale qui permettront de situer, de comprendre et de poser des bases scientifiquement solides à notre thème de mémoire. Il fallait aussi dans cette partie établir des hypothèses, autour desquelles s'articulera notre travail. Après cela, les objectifs que nous poursuivons et l'analyse des concepts opératoires pour une compréhension plus approfondie de notre thème. Pour ce faire, nous avions eu besoin des sources écrites, électroniques et orales. En effet, les sources orales de nos informations ont concernées les personnes ressources, c'est-à-dire les personnes qui sont en mesure de nous diriger vers l'information dont on a besoin. C'est ainsi que nous avions consulté certains spécialistes de la micro finance qui nous ont guidés dans nos recherches et nous ont donné une base solide dès que nous avions émis l'idée de notre thème.

Quant aux sources écrites, c'est la source fondamentale de laquelle émanent nos informations et données. La micro finance étant un phénomène qui a vu le jour il y a longtemps et donc son domaine est largement exploré par des spécialistes et des chercheurs de tous horizons, nous avions eu une documentation abondante tant sur le plan mondial qu'africain. Sur le plan national, des efforts considérables ont été faits entre les IMF elles-mêmes, efforts qui ont conduit à la création d'une association dénommée APIM

(Association Professionnelle des Institutions de Micro finance). Cette association possède à son siège une bibliothèque qui a mis à notre disposition des écrits relatifs à ce domaine. Nous avons consulté les documents au CCF (Centre Culturel Français) de Lomé, des documents riches et qui ont bien contribué à la réalisation de notre travail.

Enfin, en ce troisième millénaire, nous ne pouvons évidemment pas réaliser un travail scientifique et étudier un thème aussi d'actualité que le notre sans faire appel à internet. Ainsi, nous avions fait recours aux sources électroniques qui nous ont fourni des données précises et récentes. Nous avions fréquenté des cyber café et nous avons eu des résultats très féconds.

IV-2- L'UNIVERS D'ENQUETE ET L'ECHANTILLONNAGE

IV-2-1- L'UNIVERS D'ENQUETE

Afin de pouvoir collecter des données fiables, concrètes et utiles pour une interprétation scientifique de la pratique de la micro finance, notre univers d'enquête englobe des adhérents d'IMF, des directeurs des mutuelles et des chargés de crédits.

IV-2-2- L'ECHANTILLONNAGE

« Il est très rare qu'on puisse étudier exhaustivement une population, c'est-à-dire interroger tous les membres, ce serait si long et si coüteux que c'est pratiquement impossible » ; affirmaient GHIGLIONE (R) et MATALON (B) dans Enquêtes sociologiques, théorie et pratique, Paris 1976. Vu cette grande difficulté d'étudier toute une population, on décide souvent d'en étudier qu'une fraction ou un échantillon duquel des conclusions seront tirées pour toute la

population par extrapolation. Etant défini comme un sous-ensemble de la population, un échantillon pour mériter véritablement ce nom, doit être représentatif de cette population, c'est-à-dire qu'il devrait posséder autant que possible toutes les caractéristiques de la population dont il est tiré. Cette représentativité de l'échantillon dépend fortement de la méthode par laquelle il est tiré.

Nous avons deux (2) principales méthodes de sélection de l'échantillon qui sont les méthodes aléatoires ou probabilistes et les méthodes non probabilistes ou empiriques.

La méthode d'échantillonnage aléatoire est celle qui emploie des techniques de sélection au hasard. Elle se définie par le fait que l'on accorde à chacune des unités de la population une chance égale connue et non nulle d'appartenir à l'échantillon. Cette méthode est dite probabiliste car le prélèvement des unités de l'échantillon peut être comparé à un choix au hasard, c'est-à-dire que l'on peut comparer le choix effectué au « prélèvement, les yeux bandés de boules dans une urne comportant des boules identiques parfaitement mélangées et disposant chacune d'elle la même probabilité d'être tirée au hasard ».

En ce qui concerne la méthode d'échantillonnage empirique, la sélection des unités devant composées l'échantillon n'est pas faite au hasard ou de manière aléatoire. Elle est basée sur le principe qu'il faut faire recours à son esprit méthodique et rationnel dans le choix des unités de l'échantillon plutôt que de s'en remettre au hasard.

Dans le cas de notre étude, nous avons combiné les deux méthodes.

> Dans un premier temps, nous avons utilisé la méthode empirique pour tirer les IMF qui feront partir de notre échantillon. Ainsi, nous avons tiré sur les six (6) IMF opérant dans le milieu deux (2) soit une proportion de 25% ou un taux de sondage égal à 1/3. Ces deux

IMF sont la mutuelle Gaieté du réseau FUCEC-TOGO de la ville de Sokodé et la mutuelle WAGES.

> Ensuite, nous avons utilisé la méthode aléatoire pour choisir les individus qui feront partir de notre échantillon au niveau de chaque IMF. Il s'agit de prendre au hasard tout adhérent des deux IMF choisies. Compte tenu des ressources disponibles pour notre enquête, nous avons choisi 55 adhérents au niveau de chacune des deux (2) IMF choisies. Ce qui nous fait au total un échantillon de 110 individus.

En plus de cela, nous avions eu des entretiens individuels avec les responsables de ces deux IMF en plus des responsables de la Mutuelle AVENIR du réseau URCLEC (Union Rénovée des Caisses Locales d'Epargne et de Crédit) ceci pour nous permettre d'approfondir certaines réponses ou pour comprendre certains faits.

IV-3- LES INSTRUMENTS D'INVESTIGATION

« L'objet de la Sociologie est la réalité sociale prise dans toutes ses parties en profondeur, de la croüte extérieure de la société, jusqu'aux valeurs et idées collectives (...) et finalement jusqu'à la mentalité sociale, à la fois collective et individuelle », disait Georges GURVITCH 40

A travers cette affirmation, GURVITCH veut préciser qu'il est impossible de comprendre une société en faisant abstraction de toutes ses instances. La société est un tout fonctionnel et pour l'appréhender, il est nécessaire de l'étudier dans sa totalité. Cette étude suppose en effet, des méthodes scientifiques, qui

40 GURVITCH G., Vocation actuelle de la Sociologie, Paris, PUF, 1950, p7.

analysent objectivement cette « réalité » sociale en vu de dégager des conclusions exemptes de tout subjectivisme.

Du fait de la complexité du phénomène que nous étudions, nous allons utiliser la méthode quantitative et la méthode qualitative séparément et après essayer de faire un rapprochement des données ou résultats recueillis à l'aide de ces deux outils de recherche.

IV-3-1-La recherche quantitative

Son rôle dans l'étude est d'assurer le contrôle de la fidélité et de la validité des variables de l'étude.

Nous allons dans un premier temps sélectionner les variables de notre étude. Une variable en sociologie, selon GRAWITZ est tout caractère soumis à une analyse sociologique (sexe, profession etc.) dont les valeurs ne sont pas forcement numérique.41

- Une variable peut être quantitative si elle est susceptible d'associer un nombre à chaque individu : âge, salaire, dépense de consommation, etc.

- Elle est dite ordinaire, si elle permet de positionner l'enquêté sur une échelle donnée. Les variables d'opinion, par exemple, donnent souvent lieu à un classement qui range les individus selon leur degré d'adhésion ; de très favorable à très défavorable par exemple.

- Elle est qualitative si elle attribue un intitulé à chaque élément.

Il faut souligner que dans le cadre de notre étude, nous allons prendre en compte ces trois types de variables. Il faut également bien distinguer la variable indépendante (ou explicative) de la variable dépendante (ou expliquée)

Dans le cadre de notre étude, les diverses contributions de la micro finance (variable indépendante) visent ici à rendre compte de l'amélioration des conditions de vie des populations (variable dépendante).

41 GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales, Paris, PUF, 2001, 11ème édition.

Nous allons ensuite dénombrer un certain nombre d'indicateurs qui nous permettront de mesurer l'action de la micro finance sur les activités des populations et par là sur leurs conditions de vie. En effet, un indicateur est une donnée observable par laquelle on peut appréhender les différentes dimensions analysées en constatant, dans la réalité, la présence ou l'absence de telle attribution, l'état de telle variable.

Dans le cadre de notre étude, nous pouvons retenir des indicateurs suivants :

- la fréquence de l'adhésion aux IMF

- la fréquence et l'évolution des épargnes

- l'évolution des demandes de crédit

-l'évolution des revenus dans les activités génératrices de revenu des bénéficiaires des services des IMF

- fréquence de remboursement des crédits par client.

A travers cette méthode, nous avons collecté les données grâce au questionnaire structuré.

IV-3-2-La recherche qualitative

Les services des IMF sont prioritairement destinés aux pauvres qui sont en majorité des analphabètes, la méthode quantitative seule qui exige un minimum de capacité de lecture et d'écriture (le questionnaire devant normalement être rempli par l'enquêté lui-même) ne suffit pas dans le cadre de notre étude. Il nous faudra donc élaborer un guide d'entretien et celui qui sera le mieux adapté sera celui individuel du fait que les clients bénéficient des services de la micro finance individuellement (que se soit une personnalité morale ou physique) et/ou différents objets de crédit. Il y a aussi des guides d'entretins individuels que nous allons élaborés et qui seront destinés aux responsables des IMF. Ces derniers nous permettront d'approfondir nos connaissances sur les pratiques et

règlementations de la micro finance pour une meilleure compréhension des informations qui seront recueillies auprès des clients.

Nous allons à travers ces guides d'entretien élaborés, organiser des entretiens individuels avec des clients et des responsables des IMF afin de recueillir des informations que nous analyserons pour en tirer des conclusions.

IV-4- DEROULEMENT DE L'ENQUETE

Après avoir choisi notre thème et posé des bases théoriques pour son étude approfondie, nous nous sommes proposé de nous rendre sur le terrain pour vérifier nos hypothèses. Ainsi, notre étude sur le terrain s'est faite en deux (2) phases essentielles. La première phase a concerné la pré enquête qui s'était déroulée du 12 au 25 Mars 2010. Au cours de cette opération, nous nous sommes imprégnés des réalités du milieu et cela nous a permis de bien préciser notre thème, nos hypothèses et les objectifs poursuivis.

Au cours de cette phase, nous avions eu des entretiens avec des responsables de certaines IMF et par l'intermédiaire de nos personnes ressources, nous avons eu des entretiens avec certains adhérents afin de déterminer la réalité des choses. La pré enquête a été une étape cruciale pour notre étude du fait qu'elle nous a permis de poser des bases solides à notre étude en nous débarrassant des préjugés et des spéculations fortuites.

La seconde phase de notre étude a concerné l'enquête proprement dite qui s'est déroulée du Lundi 26 Juillet au Samedi 22 Août 2010. Au cours de cette phase, nous avions eu des entretiens avec des responsables des mutuelles que nous avons choisies (FUCEC - Gaité et WAGES) sur rendez-vous préalablement négociés. Après ces entretiens ont suivi les séances d'administration de questionnaires. En effet, nous avions eu à remettre des questionnaires à certains enquêtés, à aller à leurs domiciles ou à leurs lieux de travail pour les retirer ; et

pour d'autres, étant analphabètes, nous avons fait une administration indirecte qui consistait à restituer les informations qu'ils nous fournissaient en langue vernaculaire sur le questionnaire. Cette activité (l'administration de questionnaires) nous a pris deux semaines au cours desquelles nous avions intensément travaillé. Dans notre tâche, nous avons été assistés par deux (2) enquêteurs que nous avons recrutés et formés. Après l'administration des questionnaires, nous avions eu des entretiens individuels avec les enquêtés afin d'approfondir certaines réponses qui nous sont données dans le questionnaire et d'essayer de comprendre plus profondément certaines de leurs attitudes et pratiques ou des décisions qu'ils prennent et qui des fois apparaissent illogiques a priori.

IV-5- LES DIFFICULTES RENCONTREES

Nous avons choisi d'étudier ce thème en tant que chercheur et évidemment, nous avons été confronté à des problèmes. Si on s'attendait à certains de ces problèmes, il faut dire que d'autres nous sont apparus de manière inattendue et ce sont ces derniers qui ont plus perturbé nos recherches.

Ainsi,

> Notre recherche étant menée dans un milieu à majorité analphabète, nous avons rencontré des problèmes liés au sens des questions et / ou des réponses.

> Nous avons été aussi confrontés aux problèmes d'ordre culturel. En effet, la majorité de la population dans notre milieu d'étude étant musulmane, les adhérents des IMF n'affirment pas facilement l'être effectivement ou avoir bénéficié de crédit puisque le remboursement se fait avec intérêt, ce qui pour eux est illicite en Islam.

> Quelque fois les rendez-vous manqués avec les responsables des

mutuelles et les adhérents ne nous ont pas du tout facilité le travail.

> Certains enquêtés ne maîtrisant pas bien leurs propres activités, nous avions eu beaucoup de problèmes pour collecter des informations concernant ces mêmes activités.

> Nous avions eu également certains problèmes liés au non retour de certains questionnaires par certains enquêtés qui ont disparu, nous indiquant de faux lieux de rendez-vous.

> De plus, avec la fermeture de RéDéMaRe, certains adhérents des IMF ont été obligés de fuir le milieu. En effet, avec l'arrivée de RéDéMaRe au Togo, les populations dans le milieu ont adhéré aux IMF de la place, y ont pris des crédits et ont déposé ces sommes au niveau de ladite structure en vue de rembourser progressivement le crédit pris à travers la somme mensuelle qu'ils percevront. Ils se trouvent donc incapables de rembourser ces crédits du fait de la fermeture de RéDéMaRe. Pour d'autres, parler de leurs relations avec leurs mutuelles devient un sujet sensible.

> Pour nos recherches documentaires, nous avions été confrontés aux problèmes d'absence ou d'indisponibilité de certains ouvrages nécessaires pour notre étude dans les bibliothèques de la place.

Cependant, malgré ces diverses difficultés, nous avons pu achever ce travail qui n'est bien sür pas parfait (la perfection n'étant pas de ce monde) grâce à notre détermination et à notre bravoure, mais surtout grâce au soutien de toute nature de plusieurs personnes qui nous sont chères, que nous avons remerciées au début de ce document et que nous tenons une fois encore à remercier.

TROISIEME PARTIE :

ANALYSE DES DONNEES ET

INTERPRETATION DES RESULTATS.

CHAPITRE V : ANALYSE DES DONNEES

Les données recueillies sur le terrain ont été traitées à l'aide du logiciel SPHINX PLUS version 2 pour Windows afin d'obtenir un portrait de la situation de profil des répondants. Ce logiciel nous a permis de dégager des tendances à travers des pourcentages calculés.

V-1 : IDENTIFICATION DES ENQUETES

*Tableau 2 : répartition des enquêtés selon le sexe

Sexe

Effectif

Pourcentage

Masculin

63

57,3%

Féminin

47

42,7%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

A travers les données du tableau 2, on remarque que notre échantillon est composé de 63 hommes soit 57,3% et de 47 femmes soit 42,7%.

Tableau 3 : répartition des enquêtés selon la profession

Profession

Effectif

Pourcentage

Commerçants

51

46,37%

Bouchers

18

16, 36%

Menuisiers

11

10%

Mécaniciens

13

11,82%

Fonctionnaires

14

12,73%

Ménagères

2

1,82%

Retraités

1

0,9%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

Les données du tableau N°3 illustrent que nos enquêtés sont en majorité composés de commerçants qui représentent 46,37% de l'échantillon. Ensuite viennent les bouchers (16,36%), les fonctionnaires (12,73%), les mécaniciens (11,82%), les menuisiers (10%). Enfin le reste des enquêtés est composé de ménagères (1,82%) et les retraités qui représentent 0,9% des enquêtés.

Tableau 4 : répartition des enquêtés selon l'existence d'enfants à leur charge

Existence

d'enfant en charge

Effectif

Pourcentage

Oui

93

84,5%

Non

17

15,5%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

A travers ce tableau, on remarque que la très grande majorité de notre échantillon (84,5%) a un ou plusieurs enfants en charge. 17 personnes de nos enquêtés soit 15,5% n'ont pas d'enfant à leur charge.

Tableau 5 : répartition des enquêtés selon leur niveau d'instruction

Niveau d'instruction

Effectif

Pourcentage

Primaire

47

42,7%

Secondaire

48

43,6%

Supérieur

11

10,0%

Non scolarisé(e)

4

3,6%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

Ce tableau nous rend compte du niveau d'instruction des adhérents d'IMF. En effet, selon ce tableau, la majorité de nos enquêtés a un niveau d'instruction primaire et secondaire dont respectivement 42,7% et 43,6%.

Ceux qui ont un niveau supérieur ne représentent que 10%. Les non scolarisés quant à eux, font 36%.

V-2 : FINANCEMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES ET EVALUATION DES REVENUS

Tableau 6 : répartition des enquêtés selon les sources de financement de leurs activités avant leur adhésion leurs mutuelles

Anciennes

sources de financement

Effectif

Pourcentage

Tontine consensuelle

33

30,0%

Parent ou ami

5

4,5%

Epargne traditionnelle

56

50,9%

Autre

16

14,5%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

A travers les données de ce tableau, on remarque qu'avant leur adhésion à leurs mutuelles, 56 de nos enquêtés soit 50,9% avait comme sources de financement l'épargne traditionnelle. 33 d'entre eux (soit 30%) se faisaient financer leurs activités par la tontine consensuelle avant qu'ils n'adhèrent à leurs mutuelles ; tandis que 4,5% seulement d'entre eux se faisaient financer par un parent ou un ami. 14,5% d'entre eux avaient enfin d'autres sources de financement notamment les fonds reçus comme prêt ou les bénéfices issus de leurs activités qu'ils réinvestissent.

Tableau 7 : répartition des enquêtés selon la raison de l'adhésion à leurs mutuelles

Raisons de l'adhésion à la mutuelle

Effectif

Pourcentage

Protéger votre argent

44

40,0%

Obtenir facilement un crédit

84

76,4%

Bien gérer les activités

27

24,5%

TOTAL

- -

- -

Source : Enquête, Août 2010

Ce tableau fait preuve de la motivation des adhérents des IMF de notre échantillon à s'y adhérer et à épargner de l'argent. Selon le tableau, le principal motif des épargnants est d'obtenir facilement un crédit, ensuite protéger leur argent, enfin bien gérer leurs activités.

Tableau 8 : Répartition des enquêtés selon le nombre de crédits demandés

Nombre

de demandes de crédit

Effectif

Pourcentage

Aucune fois

6

5,5%

1 à 2 fois

61

55,5%

3 à 4 fois

31

28,2%

5 fois et plus

12

10,9%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

Les données de ce tableau illustrent que sur 110 enquêtés, 104 ont
demandé au moins une fois du crédit. Parmi eux, 61 soit 55,5% l'ont
demandé une à deux fois ; 31 soit 28,2% l'ont demandé 3 à 4 fois alors

que 12 soit 10,9% ont demandé du crédit cinq fois et plus. Les six personnes restantes n'ont pas du tout demandé du crédit.

Tableau 9 : Répartition des enquêtés selon le nombre de crédits reçus

Nombre

de fois de crédits alloués

Effectif

Pourcentage

Aucune fois

7

6,4%

1 à 2 fois

74

67,3%

3 à 4 fois

19

17,3%

5 fois et plus

10

9,1%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

Selon les données de ce tableau, sur 110 enquêtés, 103 ont reçu au moins une fois du crédit. Sur ceux qui en ont reçus, 74 soit 67,3% en ont reçu une à deux fois ; 19 soit 17,3% en ont reçu 3 à 4 fois et 10 soit 9,1% cinq fois et plus. En plus des six enquêtés qui n'en avaient pas demandé selon les données du tableau 8, une autre personne ayant pourtant demandé du crédit n'en a pas reçu. Au total, sept enquêtés sur 110 n'ont jamais reçu de crédit.

Tableau 10 : Répartition des enquêtés selon l'augmentation ou non de leurs revenus avec les crédits reçus

Influence des crédits

Effectif

Pourcentage

Oui

88

85,44%

Non

15

14,56%

TOTAL

103

100%

Source : Enquête, Août 2010

Ce tableau témoigne de l'influence des crédits reçus sur les revenus des bénéficiaires. Selon le tableau, sur les 103 bénéficiaires de crédits, 88 soit 85,44% pensent que ces crédits leur ont permis d'augmenter leurs revenus. Par contre 15 soit 14,56% affirment le contraire.

Comment peut-on expliquer les réponses des 14,56% qui estiment que les crédits reçus ne leur ont pas permis d'augmenter leurs revenus ?

Tableau 11 : Répartition des enquêtés selon les raisons de la non augmentation de leurs revenus avec les crédits reçus

La Raison

Effectif

Pourcentage

Mévente

7

46,66%

Emiettement du capital

1

6,67%

Capital insuffisant

6

40%

Autre

1

6,67%

TOTAL

15

100%

Source : Enquête, Août 2010

Selon les données de ce tableau, sur 15 enquêtés n'ayant pas constaté l'augmentation de leurs revenus après avoir eu le crédit, 7 soit 46,66% sont confrontés à la mévente dans leurs activités. Une personne trouve que son capital est émietté ; 6 soit 40% trouvent que leur capitaux sont insuffisants tandis qu'une autre personne se trouve être confrontée à d'autres problèmes.

Tableau 12 : Répartition des enquêtés selon leurs bénéfices journaliers

Bénéfice Journalier

Effectif

Pourcentage

Moins de 1000f

51

46,4%

Moins de 2000f

35

31,8%

Moins 3000f

13

11,8%

Moins 4000f

7

6,4%

Moins 5000f

2

1,8%

Moins 10000f

0

0,0%

10000f et plus

2

1,8%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

A travers les données du tableau 12, on remarque que près de la moitiéde nos enquêtés soit 46,4% ont un bénéfice journalier issu de leurs activités

qui est inférieur à 1000f. Ceux dont le bénéfice dépasse 1000f mais n'atteint pas 2000f représentent près de 39% de notre échantillon. Ceux qui gagnent comme bénéfice moins de 3 et 4000f sont respectivement 11,8% et 6,4% tandis que ceux qui ont moins de 5000f représentent 1,8% de même que ceux qui ont 10.000f et plus.

V-3 : UTILISATION DES REVENUS ET RETOMBEES SOCIALES

Tableau 13 : répartition des enquêtés selon le domaine d'investissement de leurs revenus

Dépense

du bénéfice

Effectif

Pourcentage

Soins de santé

87

79,1%

Scolarité et apprentissage des enfants

52

47,3%

Alimentation et habillement

36

32,7%

Accroissement du capital

17

15,5%

Loyer

4

3,6%

Autre

1

0,9%

TOTAL

--

--

Le nombre de citations est supérieur au nombre d'observations du fait de réponses multiples (2 au maximum).

Source : Enquête, Août 2010

Ce tableau illustre le domaine dans lequel les bénéfices issus des activités des bénéficiaires de services des IMF sont investis.

En général, la majorité des adhérents d'IMF utilisent leurs revenus pour satisfaire à leurs besoins primaires ou besoins de survie notamment les soins de santé et dans d'autres charges familiales notamment la scolarité et l'apprentissage des enfants, l'alimentation et l'habillement et le loyer. Seul un petit nombre investit ses revenus pour accroître le

capital. Les revenus sont donc en majorité utilisés dans des domaines qui ne sont pas directement liés aux activités des concernés.

Tableau 14: répartition des enquêtés selon leurs situations actuelles après avoir eu le crédit

Changement

de conditions de vie

Effectif

Pourcentage

Meilleure

22

21,36%

Acceptable

80

77,67%

Dégradé

1

0,97%

TOTAL

103

100%

Source : Enquête, Août 2010

Ce tableau renseigne sur l'amélioration de la situation des bénéficiaires après avoir eu le crédit. Selon les données de ce tableau, 77,67% affirment que leurs situations sont devenues acceptables après avoir eu le crédit. 21,36% trouvent leurs situations meilleures, tandis que 0,97% les trouvent dégradées.

Tableau 15: Répartition des enquêtés selon le degré de satisfaction de leurs besoins avec leurs mutuelles

Satisfaction des besoins

Effectif

Pourcentage

Non réponse

2

1,8%

Totalement

27

24,5%

Moyennement

77

70,0%

Pas du tout

4

3,6%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

A travers les données de ce tableau, 70% des enquêtés estiment qu'avec la mutuelle, leurs besoins ne sont que moyennement satisfaits ; tandis que 24,5% trouvent qu'ils sont totalement satisfaits. 3,6% pensent que leurs besoins ne sont pas du tout satisfaits avec la mutuelle.

Tableau 16 : répartition des enquêtés selon l'amélioration de leurs conditions de vie

Amélioration

des conditions de vie

Effectif

Pourcentage

Oui

96

87,3%

Non

14

12,7%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

Ce tableau renseigne sur les changements survenus de manière globale (avec ou sans crédit) dans la vie des adhérents. Ainsi 87,3% affirment qu'ils ont constaté un changement dans leurs conditions de vie tandis que 12,7% affirment le contraire. La majorité des adhérents ont donc constaté un changement dans leurs conditions de vie après avoir fait recours aux services de leurs mutuelles.

Tableau 17 : répartition des enquêtés selon la manière dont s'est faite l'amélioration de leurs conditions de vie

Façon de l'amélioration

Effectif

Autonomie financière

80

Amélioration de l'état de santé de la famille

41

Amélioration des conditions alimentaires

45

Meilleure scolarisation des enfants

38

Création d'emploi

2

Diversification des activités de revenue

35

Acquisition de bien matériel

13

Augmentation des revenus

18

Autre

0

TOTAL

--

Source : Enquête, Août 2010

A travers les données de ce tableau, on remarque que nos enquêtés ont en majorité constaté un changement dans leurs vies du fait qu'ils ont désormais une autonomie financière, par cette autonomie, ils arrivent à subvenir aux besoins familiaux. Ensuite, certains d'entre eux constatent un changement par le fait qu'ils arrivent désormais à diversifier leurs activités de revenus et/ou ils acquièrent facilement les

biens matériels dont ils ont besoin. A part les autres changements, seul un petit nombre pense qu'avec les services de la mutuelle, ils arrivent à recréer des petits emplois.

Tableau 18: Répartition des enquêtés selon les raisons de la non amélioration de leurs conditions de vie

Raison de la non satisfaction

Effectif

Pourcentage

Dépendance vis-à-vis de la mutuelle financièrement

5

35,71%

Revenus toujours inchangés

8

57,14%

Revenus modestes

1

7,15%

TOTAL

14

100%

Source : Enquête, Août 2010

Selon les données de ce tableau, 35,71% de nos enquêtés estiment que s'ils n'ont pas eu de changements dans leur vie, cela est dü au fait qu'ils dépendent vis-à-vis de la mutuelle financièrement. 57,14% de nos enquêtés pensent que leurs revenus malgré le recours aux servies de leurs mutuelles sont restés toujours inchangés et une personne pense que cela est dû à ses revenus modestes.

V-4 : APPRECIATIONS DES ADHERENTS DES SERVICES

OFFERTS PAR LEURS MUTUELLES

Tableau 19 : Répartition des enquêtés selon leurs appréciations des conditions d'octroi de crédit

Appréciation des conditions

Effectif

Pourcentage

Non réponse

6

5,5%

Compliquées

39

35,5%

Abordables

56

50,9%

Simples

9

8,2%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

Les données de ce tableau renseignent sur l'appréciation des conditions d'octroi de crédits. Ainsi, 51% des bénéficiaires de crédits trouvent les conditions qu'ils ont remplies abordables, tandis que 35,5% les trouvent compliquées. 8,2% trouvent pourtant ces conditions simples ; 5, 5% n'ont pas pu apprécier ces conditions parce que n'ayant pas demandé du crédit.

Tableau 20 : Répartition des enquêtés selon leurs appréciations du taux d'intérêt appliqué aux crédits

Appréciation

du taux d'intérêt

Effectif

Pourcentage

Très élevé

22

21,35%

Assez élevé

8

7,77%

Peu élevé

65

63,11%

Ne sait pas

8

7,77%

TOTAL

103

100%

Source : Enquête, Août 2010

A travers les données de ce tableau, on remarque que un peu plus de 63% de nos enquêtés ayant reçu de crédits soit 65 personnes estiment que le taux d'intérêt qui leur est appliqué est peu élevé ; tandis que 21,35% le trouve très élevé. Huit enquêtés soit 7,77% pensent que ce taux d'intérêt est assez élevé ; c'est également le nombre d'enquêtés qui n'ont pas pu donner leurs appréciations par rapport à ce taux d'intérêt.

Tableau 21 : Répartition des enquêtés selon leurs appréciations du montant des crédits

Appréciation

du montant de crédits

Effectif

Pourcentage

Très insuffisant

20

19,42%

Peu insuffisant

52

50,48%

Suffisant

31

30,1%

TOTAL

103

100%

Source : Enquête, Août 2010

A travers ce tableau, on a une idée sur l'appréciation du montant des crédits reçus par les bénéficiaires. Ainsi, 50,48% de nos enquêtés pensent que les montants des crédits qu'ils reçoivent sont peu suffisants ; 30,1% pensent qu'ils sont suffisants ; tandis que 19,42% les trouvent insuffisants.

Tableau 22 : répartition des enquêtés selon l'appréciation de leurs mutuelles

Appréciation de la mutuelle

Effectif

Pourcentage

Non réponse

5

4,5%

Oui

81

73,6%

Non

24

21,8%

TOTAL

110

100%

Source : Enquête, Août 2010

Ce tableau illustre l'appréciation de la mutuelle par les adhérents en matière de crédit. En effet, selon les données du tableau, 73,6% des demandeurs de crédits pensent que leurs mutuelles répondent à leurs besoins en la matière ; tandis que 21,8% affirment le contraire. Quant à ceux qui ne sont pas concernés par cette appréciation parce que n'ayant pas demandé de crédit, ils représentent 4,5%.

CHAPITRE VI : INTERPRETATION DES RESULTATS

Cette partie de notre travail fait appelle à notre expertise en vu de donner un sens aux informations recueillies auprès des enquêtés et d'expliquer le phénomène étudié. Elle consiste en effet à effectuer une interprétation des résultats de l'enquête en vue de procéder d'une part à la vérification des hypothèses de recherche préalablement émises et d'autre part, à l'élaboration des suggestions ou approches de solutions aux problèmes liés au phénomène étudié.

Cette interprétation des résultats touchera aussi bien l'analyse quantitative que l'analyse qualitative. Elle sera focalisée sur les points suivants : le profil socio démographique et professionnel des adhérents des IMF, l'importance de la consistance du montant des crédits pour une meilleure efficience et la micro finance comme un outil efficace pour l'amélioration des conditions de vie de ses adhérents.

V-1-Le profil socio démographique et professionnel des adhérents des
IMF

L'objectif central des IMF, c'est de parvenir à relever le niveau de vie des couches sociales les plus défavorisées et donc exclues du système financier classique. Parmi ces couches sociales la population féminine est la plus importante et la plus visée. En Afrique, la femme est la principale responsable de la maison. C'est elle qui s'occupe des petits problèmes familiaux et quelques fois, c'est elle qui assume certaines charges familiales. Pourtant ce sont les femmes qui sont les plus exclues du système formel d'activités et elles se retrouvent désespérément souvent dans l'informel. C'est justement pour palier à cet état de choses qu'au Togo par exemple dans les années 1990, des projets

d'assistance ont été mis en place pour venir en aide à la femme et contribuer par là à sa promotion socio-économique et culturelle. L'initiative est prise par des ONG et associations féministes et de développement. C'est dans ce cadre que le projet WAGES a été mis en place par CARE International Togo et avait pour objectif de départ la satisfaction des besoins socio-économiques de 3.900 femmes à Lomé sur une période de trois ans renouvelables une fois. L'objectif de départ ayant été rapidement atteint et dépassé en moins de trois ans, ce projet se transforme en une institution de micro finance et s'est étendu sur toute l'étendu du territoire national. Elle est arrivée dans la préfecture de Tchaoudjo précisément dans la ville de Sokodé en 2000.

Cependant, on remarque de nos jours et à travers notre échantillon que, l'effectif des hommes dépasse celui des femmes au niveau des adhésions (confère les données du tableau 1). Cela s'explique par plusieurs mobiles notamment le niveau de scolarisation très bas des femmes ou même un nombre important d'analphabètes. Cet état de choses fait que la population féminine ignore la présence des initiatives de développement dans la localité. Ensuite, la culture et les clichés du milieu font que la femme dépend totalement de son mari et toute décision la concernant est souvent prise par celui-ci qui est le maître de la maison (le mythe de la femme-objet). Elle préfère quelque fois même remettre ses moyens financiers à son mari pour que celui-ci adhère à une IMF et cela renforce l'emprise de l'homme sur la femme. Notons enfin qu'elles n'ont souvent que des revenus très faibles, ce qui ne leur permet pas de dégager de bénéfice et de pouvoir épargner. Leurs professions sont souvent de petites activités génératrices de revenus notamment des revendeuses (nommés des détaillants).

Parlant justement de la profession des adhérents, disons que si la majorité de
ceux-ci sont des commerçants et des revendeurs (ses) cela reflète le profil des
couches visées par les IMF. Ils sont dans le secteur informel et leurs revenus

sont souvent modestes (moins de 1.000 F CFA par jour) comme l'indiquent les données du tableau 12.

Notre échantillon se présente comme une population dont la population a un niveau d'instruction primaire et secondaire. Cependant, il n'est pas contradictoire de présenter la population de Tchaoudjo comme une population majoritairement analphabète. En effet, au cours de l'administration de nos questionnaires et des entretiens individuels avec nos enquêtés, tous ou presque tous ceux qui affirment avoir un niveau d'instruction primaire et une grande partie de ceux qui ont un niveau secondaire n'arrivent pas à s'exprimer en français. Ils ne peuvent non plus pas remplir les questionnaires eux-mêmes. Nos échanges se font par conséquent en vernaculaire. Nous les considérons donc tous comme des analphabètes. Lorsqu'on associe cet effectif (niveau d'instruction primaire) à celui des non scolarisés (47+4 = 51 soit 46% plus une partie du niveau secondaire), on remarque que les analphabètes sont majoritaire (confère les données du tableau 5).

Au départ, les IMF se sont beaucoup intéressées aux activités liées au commerce ou à l'agriculture. Leurs actions visaient plus ces secteurs d'activités mais après quelques années d'expérience elles se sont rendues compte qu'une importante partie de la population exerce des activités particulières notamment la boucherie, la menuiserie, ou la mécanique et qu'il faut donc intervenir au niveau de ces activités aussi pour une meilleure efficacité de leurs actions (confère les données du tableau 3). Cette efficacité dépend de certaines conditions à remplir par le bénéficiaire du crédit ou certaines règles qu'il doit observer dans l'exercice de ses activités, mais aussi certaines mesures doivent être prises par la mutuelle. Parmi ces mesures, nous pouvons avoir la consistance du montant des crédits octroyés.

VI-2- L'importance de la consistance du montant des crédits pour une
efficience

Les services offerts par les IMF se composent des services financiers qui sont le produit épargne, le produit crédit, le virement des salaires etc. et des services non financiers notamment la formation et l'appui institutionnel. La principale cause qui pousse les populations à y adhérer est de pouvoir obtenir un crédit (confère les données du tableau 7).

Il faut noter que cependant, certains adhérents ne demandent pas de crédit et cela ne leur permet pas a priori de promouvoir leurs activités (confère les données du tableau 8). Cela ne profite non plus aux IMF du fait qu'elles ne participent pas à la formation du capital. Cette situation s'explique globalement par des causes socio culturelles et religieuses. En effet, la religion dominante du milieu (l'Islam) aurait interdit le prêt à intérêt. Ce qui fait que certains ne demandent pas de crédit car s'ils ont adhéré à la mutuelle, c'est qu'ils pensaient au départ que les prêts sont sans intérêt. Alors ceux là qui ne demandent pas de crédit se sentent quelque fois exclus du secteur d'activité des IMF, même si plus de la moitié de nos enquêtés trouve que le taux d'intérêt qui leur est appliqué est peu élevé (confère les données du tableau 20), certains refusent tout de même de demander du crédit parce que selon eux, la religion interdit d'intérêt quel qu'il soit. Pour les responsables des IMF, cette situation s'explique par l'ignorance de certains textes religieux par les adeptes sinon cet intérêt n'a rien à voir avec les interdits religieux. Cette situation constitue un véritable carcan social et des efforts sont en train d'être faits pour palier à ce problème. Il faut aller jusqu'à l'expliquer comme la valeur ajoutée d'un bien produit ou d'un service rendu. Pour ceux qui demandent du crédit la presque totalité d'entre eux l'obtient au moins une fois. (Confère les données du tableau 9) Pour les IMF, cela s'explique par le fait que leur objectif principal est de promouvoir les activités des populations à faibles revenus par des micros financements. Le crédit est donc un

outil efficace à cette promotion et à l'éradication de la pauvreté. Il arrive même que certaines IMF se retrouvent dans l'incapacité de satisfaire à toutes les demandes de crédit (l'encours des crédits étant supérieur à l'épargne totale) et font donc appelle aux services des banques classiques pour renforce leurs capacités.

Cependant, si chez certaines IMF le porte feuille à risque se chiffre à 2%, il va jusqu'à 8% chez d'autres. Comment expliquer donc cette situation ? Comment expliquez la réticence des bénéficiaires des crédits à les rembourser dans les délais prévus ?

Il faut noter que certains bénéficiaires pensent que le montant des crédits dont ils bénéficient est peu suffisant et insuffisant (confère les données du tableau 21). Cette insuffisance du montant des crédits fait que la capacité du bénéficiaire à mener ses activités ne se trouve pas être renforcée. Son capital est émietté et cela n'agit pas véritablement de manière favorable sur ses activités. Ainsi, certains pensent qu'ils ont une activité qu'ils exercent, qu'ils la maîtrisent bien. Pour se faire, ils se sont dirigés vers les IMF pour demander du support, mais que malgré ce support, ils se retrouvent sans moyens d'action et sont obligés de rembourser le crédit qui leur est octroyé. C'est ce qui les oblige à prendre des fois en toute illégalité deux ou plusieurs crédit à la fois auprès de plusieurs mutuelles : c'est la cavalerie de crédit. Cette pratique met en effet l'intéressé dans un cercle vicieux et il se retrouve dans l'incapacité de maximiser ses revenus et de rembourser ses crédits.

Pour les mutuelles, il faut éviter des crédits complaisants qui en fait sont des crédits dont les montants sont relativement élevés pour pouvoir réduire le détournement d'objet de crédit. En effet, si le montant du crédit dépasse les besoins financiers du bénéficiaire pour ses activités, le surplus est investi automatiquement dans un domaine improductif et le met dans l'incapacité de reconstituer progressivement le montant du crédit. L'augmentation du montant des crédits n'est donc pas selon elles une solution au problème de non

remboursement des crédits. Un crédit dont le montant est justement conforme aux besoins du bénéficiaire l'aide à développer l'idée de réinvestir les bénéfices dans ses activités et d'accroître ses revenus (idée centrale du capitalisme). Parlant justement de l'accroissement des revenus, il faut noter que la majorité des bénéficiaires de crédits, malgré l'insuffisance de leurs montants estiment qu'ils leur ont permis d'augmenter leurs revenus. Il faut noter à ce sujet, que les crédits reçus permettent aux bénéficiaires de mieux contrôler leurs activités. A titre d'exemple, il y a le crédit saisonnier accordé aux commerçants et aux agriculteurs pendant des périodes précises de l'année (période des récoltes pour les commerçants et la période des semences pour les agriculteurs). Ces crédits permettent aux commerçants de faire des stocks de céréales afin de maximiser les bénéfices à la vente en période de pénurie. On se rend donc compte qu'ils maîtrisent mieux les achats et les ventes de leurs produits. Ce qui contribue énormément à l'amélioration de leurs conditions de vie. D'ailleurs, une majorité de notre échantillon trouve que sa situation actuelle après avoir eu le crédit est acceptable. Il y a même certains qui trouvent qu'elle est meilleure comme le montrent les données du tableau 14.

Pour ceux qui pensent que le crédit reçu n'a pas permis d'augmenter leurs revenus, ils expliquent cela par la mévente, l'émiettement de leur capital ou un capital insuffisant. Nous avions dit précédemment que l'émiettement du capital est dû selon les adhérents à l'insuffisance du montant du crédit, aux conditions compliquées d'octroi de crédit. Quant au problème de la mévente, il faut noter que c'est un problème crucial dans le milieu qui est évidemment dû à une offre supérieure à la demande, mais aussi à la non diversification des secteurs d'activité. En effet, il y a une sorte de tendance à l'exercice d'une seule activité qui est le commerce et par conséquent, les produits proposés deviennent alors abondants, malgré que les prix chutent on a du mal à les écouler. Cela rend improductif et inactif le capital investi. C'est pour palier à ces problèmes qu'il y a un développement progressif des activités particulières comme la boucherie, la

cordonnerie ou la menuiserie. Ce développement étant en partie aussi dû à leur adhésion aux IMF et aux crédits qu'ils reçoivent. Ces crédits leur permettent non seulement d'améliorer leurs conditions de vie (confère les données du tableau 16), mais aussi promeuvent également ces nouveaux secteurs d'activité. Cette émergence de ces nouveaux types d'activité vient donc appuyer l'action des IMF afin que les besoins des populations soient satisfaits.

Notons en définitive que si le crédit obtenu ne permet pas aux bénéficiaires d'améliorer leurs conditions de vie cela est dû au domaine dans lequel leurs bénéfices sont investis. Considérons le paradoxe selon lequel la majorité de ceux qui prennent les crédits trouve que le montant de ces crédits sont insuffisants ou peu suffisants ; mais au même moment, ils trouvent que leurs conditions de vie sont devenues acceptables voir même meilleures.

Cet état de chose illustre qu'en réalité, les montants des crédits sont suffisants, mais c'est la manière de vouloir gérer leurs activités qui fait croire aux bénéficiaires que les montants des crédits ne sont pas suffisants. Comme l'affirment donc les responsables des IMF, si les crédits sont complaisants, ils « poussent » leurs bénéficiaires à investir dans des domaines improductifs, à ensuite se retrouver incapables de les rembourser et enfin à trouver leurs conditions de vie dégradées. Des crédits consistants mais sur mesure sont donc importants pour une meilleure efficience.

VI-3-La microfinance, un outil efficace pour l'amélioration des
conditions de vie des populations.

La majorité des adhérents des IMF affirment qu'avec la mutuelle, leurs besoins ne sont que moyennement satisfaits (confère les données du tableau 15). Cela s'explique par plusieurs causes, notamment la non information de ceux-ci de certaines pratiques de leurs mutuelles. En effet, beaucoup sont ceux qui ne savent pas le taux d'intérêt qui leur est appliqué, ce pourquoi ils n'arrivent pas à l'apprécier (confère les données du tableau 20). Pour certains adhérents, les conditions d'octroi de crédit sont compliquées (confère les données du tableau 19). Ces conditions varient en effet d'une mutuelle à une autre et en général sont :

> Etre déjà en exercice d'une activité et être membre de la mutuelle depuis au moins 3 mois.

> Présenter dans son compte une garantie de 25% du montant du crédit demandé.

> Présenter une garantie matérielle (un bien immobilier en général) et une caution (personne physique comme témoin).

Les responsables des IMF expliquent ces conditions comme pour aider le bénéficiaire à bien gérer ses activités et à rembourser le crédit. C'est justement pourquoi les adhérents affirment en majorité que le recours aux services de leurs mutuelles a entraîné un changement dans leurs conditions de vie.

Comment s'est fait alors ce changement ?

La contribution de leurs mutuelles a permis aux adhérents d'être, selon eux, financièrement autonomes. En effet, autrefois avant leur adhésion aux IMF les populations avaient comme source de financement l'épargne traditionnelle personnelle, la tontine consensuelle ou un parent ou un ami (confère les données du tableau 6). Désormais, ils arrivent à financer tant bien que mal leurs activités après avoir eu le crédit.

De plus les populations arrivent désormais à satisfaire à leurs besoins familiaux. Parmi ces besoins, les soins de santé sont les plus prioritaires. Cela illustre d'abord que les populations dans la préfecture de Tchaoudjo sont confrontées aux multiples maladies, notamment le paludisme et la tuberculose. La recrudescence de ces endémies s'explique souvent par la non maîtrise des méthodes de leur prévention et de leur traitement. Le second domaine dans lequel elles investissent est l'alimentation et l'habillement. En effet, l'alimentation et l'habillement sont des besoins élémentaires de l'homme depuis que les hommes ont commencé la vie en société. Cependant, si l'habillement attire autant d'investissement, c'est qu'il est devenu progressivement un luxe. Toutefois, ces dépenses colossales dans l'habillement ne sont pas les mêmes chez tous les individus. D'un côté, il met en évidence l'affirmation du statut social de l'individu du fait que ce dernier veut se faire remarquer par son habillement ou se distinguer (cas des Azia qui sont influentes dans la prise de certaines décisions concernant les femmes). De l'autre côté, cela est la conséquence d'une imitation du fait de la tendance à l'uniformisation des modes vestimentaires. Un autre domaine dans lequel les bénéfices sont investis concerne la scolarisation et l'apprentissage des enfants du fait des taux de scolarisation croissants dans le milieu. Donc, on remarque que les principaux domaines dans lesquels les bénéfices sont investis sont des domaines improductifs. On voit donc que les populations dépensent une grande partie de leurs revenus dans un domaine qui n'est pas directement productif. Toutefois, certains de ces domaines comme la santé et l'éducation sont prioritaires pour un développement durable. Investir dans ces domaines revient à poser des bases solides pour un tel développement. Il faut quand même noter qu'il y a une infime partie des bénéfices issus des activités qui est investie dans l'accroissement du capital chez certains bénéficiaires (confère les données du tableau 13).

L'accroissement du capital chez certains semble être en effet moins préoccupant du fait de la mévente ; qui est un problème qui explique la dégradation des conditions de vie d'une infirme partie des adhérents, qui se trouvent contraints de payer le crédit qui leur est octroyé même s'ils devraient s'endetter auprès d'une tierce personne.

Notons en définitive que les IMF grâce aux micros financements qu'elles accordent aux personnes morales et physiques constituent une bouffée d'oxygène pour les populations dans la préfecture de Tchaoudjo.

Certes, tout n'est pas parfait, mais il faut noter que leur action a un impact sur les conditions de vie de ces populations. En effet, même si certains adhérents pensent que les montants des crédits qui leurs sont octroyés ne sont pas suffisants, il faut noter que vue les réalités socio-économiques du milieu ces crédits tant ordinaires que particuliers peuvent augmenter la capacité des bénéficiaires puis que leurs montants peuvent aller jusqu'à un million de francs CFA (1.000.000 F CFA). Aussi, si chez certaines IMF l'épargne a évolué de 50 Millions en 2004 à 145 millions en 2010, soit un accroissement moyen de près de 300% en 6 ans ou 50 % par an (WAGES), il faut noter que chez d'autres (FUCEC- Gaieté), elle dépasse 1 milliard de FCFA en 2010. Si certains constatent que ces crédits leur ont permis d'augmenter leurs revenus, alors pourquoi pas d'autres ? Tout dépend donc non seulement de la gestion et des activités et du crédit reçu par le concerné lui-même, mais aussi de son esprit d'investissement et de la gestion de ses revenus en vue de l'accroissement de son capital.

Même s'ils ne bénéficient pas de crédits, à travers l'épargne et d'autres services non financiers comme les formations et l'appui institutionnel qui consiste à faciliter la constitution des clients en associations ou en groupes de solidarité, certains adhérents aux IMF affirment qu'ils ont constaté un changement positif dans leurs conditions de vie.

Ils arrivent désormais à mieux gérer leurs revenus et la tontine leur permet d'épargner progressivement assez d'argent sans pour autant sentir cela dans leur quotidien. De plus les clients se sentent désormais engagés et ils doivent par là réguler leurs activités (maximiser le profit) et s'auto réguler si nécessaire (contrôle des dépenses).

Cependant, la microfinance si elle constitue un important outil de lutte contre la pauvreté n'est pas un baton magique qui viendrait transformer la société. Ce n'est pas une solution miracle à la pauvreté. C'est plutôt un « instrument >> dont on peut s'en servir pour éradiquer la pauvreté. S'en servir, suppose une méthode constituée des techniques et des procédures d'application de ces techniques. Dans le cadre de notre milieu d'étude, il faut dire que beaucoup reste à faire vu les réalités que vivent les populations locales. Des efforts doivent être faits par différents acteurs sociaux si des solutions pérennes veulent être mises en place pour améliorer véritablement les conditions de vie des populations.

Notre étude serait en quelque sorte « stérile >> si des approches de solution ou des suggestions n'étaient pas proposées sous forme de recommandations pour augmenter l'efficacité de l'action de la microfinance en tant qu'outil de développement local, durable et participatif.

RECOMMANDATIONS

+ A l'endroit des responsables des IMF :

A l'issu de notre étude, nous avons remarqué que, la cavalerie de crédit s'explique des fois par les besoins de crédit ressentis par le bénéficiaire en plus de celui déjà reçu. Sur ce, il serait plus bénéfique aux IMF pour éradiquer ce phénomène d'octroyer des crédits supplémentaires si nécessaire, même si le premier crédit reçu n'est pas encore entièrement remboursé après bien sûr une étude approfondie du dossier du demandeur. Cela permettra aussi au bénéficiaire de profiter de l'opportunité qui s'est présentée à lui à cet effet.

De plus, il serait profitable que les différentes IMF renforcent la collaboration entre elles d'une part, et d'autre part entre elles et les autres IMF du pays à travers l'APIM. Cette étroite collaboration leur permettra d'une part d'atténuer les effets néfastes de la concurrence (celle-ci leur est en général profitable) et d'autre part, d'obtenir des financements collectifs sous forme de prêts des bailleurs de fonds pour l'exécution des projets sociaux.

Il est justement impérieux que des projets sociaux notamment les projets de lutte contre certaines maladies, la construction des établissements tant scolaires que d'alphabétisation ou des projets de sensibilisation sur des maux qui minent la société (excision, mariages précoces, etc.) soient initiés par les IMF. Ces projets peuvent être financés par d'éventuels surplus issus des bénéfices réalisés par ces IMF ou par les bailleurs de fonds. C'est d'ailleurs l'absence ou l'insuffisance de ces actions sociales qui crée la confusion entre les IMF et les usuriers, ces derniers s'enrichissant sur le dos des populations pauvres sans aucune assistance de leur part.

Il faut aussi dire que certains adhérents se trouvent parfois confrontés à certains problèmes qui les paralysent totalement dans leurs activités. Il faut que

dans des cas pareils, les IMF étudient leurs cas et leurs proposent de nouveaux plans de relance de leurs activités.

L'assouplissement des conditions d'octroie des crédits peut aussi encourager la population à en demander davantage. Si nécessaire, faut-il encore que le montant du dépôt préalablement demandé dans le compte du client soit revu à la baisse. Toutefois il est important que l'étude des dossiers de demande des crédits soit faite minutieusement.

Il serait aussi intéressant que les IMF proposent si possible des services de crédit comparables au « prêt islamique » en France ou en Grande-Bretagne. En effet, concernant les prêts pour l'acquisition de biens immobiliers par exemple, le « prêt islamique » consiste donc à ce que l'établissement du crédit intervienne en qualité de premier acheteur et de revendeur à l'égard du client. La banque achète le bien, puis le revend à son client moyennant une marge bénéficiaire convenue entre les deux parties. Il serait aussi intéressant que les IMF achètent des marchandises ou même d'autres biens pour les revendre aux clients selon leurs besoins préalablement exprimés. Cela permettrait de contourner le problème de l'intérêt.

Il faut enfin que les IMF initient des études de terrain pour cerner les réalités des choses auprès des populations bénéficiaires de leurs services.

+ A l'endroit des populations :

D'abord, à travers les divers entretiens avec les différents acteurs, nous avons remarqué que la femme, malgré les diverses charges familiales qui sont la siennes, reste souvent sous le joug de son mari. Ainsi, il faut que les gardiens des us et coutumes d'une part et les autorités religieuses d'autre part renforcent le pouvoir de la femme vue les responsabilités qui lui sont attribuées et par là, lui permettent de s'auto-promouvoir économiquement et culturellement (scolarisation de la jeune fille ou alphabétisation de la femme par exemple).

Ensuite, il faut que les populations brisent le carcan religieux qui les empêche de demander du crédit et le fassent effectivement. Rappelons que le crédit est un puissant vecteur d'augmentation du chiffre d'affaire des individus et par là, il leur permet d'augmenter leurs revenus. Toutefois, ils peuvent de manière consensuelle demander des prêts sans intérêt (ce qui parait difficile) ou même avec des taux d'intérêt très faibles.

Il est aussi important que les populations diversifient leurs secteurs d'activité. « Il n'y a pas de sot métier » dit-on souvent. Ce qui est plus important, c'est de savoir bien gérer les activités. Cela peut aussi être l'une des solutions au problème de la mévente.

Enfin, il serait profitable aux populations elles-mêmes de dévoiler le vrai objet du crédit qu'elles demandent. En effet, la connaissance du vrai objet du crédit à octroyer permet aux mutuelles d'octroyer des crédits convenables à leurs objets. Cela peut les aider à mieux gérer ces crédits et à en profiter au maximum.

CONCLUSION

Au départ, nous nous sommes fixé comme objectif dans ce travail de mesurer les changements socio-économiques intervenus dans la vie des populations dans la préfecture de Tchaoudjo après avoir bénéficié des services des IMF notamment les crédits reçus. Pour y parvenir, nous avions émis des hypothèses que nous nous sommes proposé de vérifier.

Ainsi, notre travail a constitué à étudier l'apport de la micro finance dans l'amélioration des conditions de vie des populations dans le milieu. En effet, la préfecture de Tchaoudjo se situe dans la région centrale du Togo ; la deuxième région la plus pauvre du Togo avec 82,2% de la population vivant dans la pauvreté et 63,9% de celle vivant dans l'extrême pauvreté.42 Pourtant la réduction de la pauvreté et de l'extrême pauvreté figure parmi les 8 OMD. Adoptant la Déclaration du millénaire au cours de l'Assemblée Générale des Nations Unies de Septembre 2000, le Togo s'était engagé à atteindre ces objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Un rapport national sur les OMD a été préparé et validé au cours d'un séminaire national tenu en Octobre 2003 et adopté par le Gouvernement en Mars 2004 pour informer le grand public et les décideurs des progrès dans le sens de la réduction de la pauvreté. Selon ce rapport, à moins que des efforts particuliers soient faits en termes d'investissements par le pays et d'engagements de la part des bailleurs de fonds, le Togo ne serait en mesure de réaliser aucun des OMD d'ici à l'horizon 2015. Il est donc préoccupant de s'intéresser aux voies et moyens pouvant contribuer à la réduction de la pauvreté et de l'extrême pauvreté au Togo ; et par là, notre étude trouve toute sa pertinence et son utilité. Les résultats de cette étude sont assez satisfaisants quoiqu'ils ne soient pas exempts de réserves, certaines réponses fournies par nos enquêtés devant être prises avec des pincettes. D'ailleurs, GHIGLIONE (R) et MATALON (B) affirment dans

42 Togo : DSRP intérimaire, Juin 2004, p.11

Enquêtes sociologiques, théorie et pratique, que « Lorsque la question porte sur une opinion(...), rien n'assure que cette opinion existe effectivement même pas le fait que la personne ait répondu à la question. Non seulement certaines personnes interrogées peuvent n'avoir jamais réfléchi au problème dont il est question (donc ne pas avoir vraiment d'opinion à ce propos), mais il se peut aussi que leur manière de concevoir le thème soit toute différente de celle qui sous-entend et qui a orienté sa formulation... »43

Cependant, les résultats que nous avons obtenus à l'issue de notre étude nous permettent de réaffirmer que la microfinance contribue effectivement à l'amélioration des conditions de vie des populations dans la préfecture de Tchaoudjo du fait que non seulement les montants des crédits que les mutuelles accordent aux demandeurs sont consistants, mais aussi la plupart des remboursements de ces crédits se font souvent à temps(même s'il ya de légers retards) et à cause aussi des autres services tant financiers et non financiers qu'elles leur proposent. La consistance du crédit est tributaire de sa force à augmenter la capacité du bénéficiaire à mieux accroître ses revenus. Elle doit aussi contribuer à aider, ou mieux à former le bénéficiaire à bien gérer ses activités et par là les bénéfices générés par celles-ci. C'est là son rôle le plus fondamental. Même si le crédit n'est pas une fin en soi, il permet infailliblement « d'améliorer les conditions de vie et le bien-être des habitants d'un pays, de les libérer de l'esclavage que représente une lutte quotidienne pour la survie »44. De plus, la bonne gestion des activités suppose l'investissement dans un domaine productif (directement ou indirectement). Quant au remboursement des prêts à temps, disons qu'il est la conséquence non seulement de l'efficacité de l'action de la mutuelle, mais aussi de la prise de conscience des clients de la nécessité de mieux gérer leurs activités. Unanimement, les populations, qu'elles aient reçus

43 GHIGLIONE R. et MATALON B. , Enquêtes sociologiques, théorie et pratique, Paris, Armand-Collin, 1976, p.17

44 Nations Unies : L'économie mondiale, publié par le département de l'information des Nations Unies, New York, 1990, p.85.

du crédit ou pas, reconnaissent que leurs mutuelles leurs ont permis d'améliorer leurs conditions de vie. On peut à cet effet qualifier volontiers la micro finance de « surveillance sociale » en ce sens qu'elle aide les bénéficiaires de ses services à s'auto promouvoir sur les plans social, économique et même culturel sans pour autant recourir nécessairement aux moyens les plus contraignants.

Rappelons également que des efforts ont été faits et sont en train d'être faits pour exposer le vrai visage des IMF dont l'image est souvent perçue d'un mauvais oeil. Désormais, il faut dire que la stratégie participative des IMF est une opportunité de prise en charge des populations qui deviennent des acteurs de leur propre développement et non des assistés.

Notre étude se veut tout simplement une prise de conscience sur la question de la lutte contre la pauvreté. Certes, cette question ne concerne pas seulement l'autorité politique (qui est bien sûr le premier responsable), mais c'est aussi l'apanage des chercheurs et même de tous les acteurs sociaux. En ce sens, notre travail constitue également un cri d'alarme lancé vers tous les acteurs sociaux en vue de développer des stratégies pour éradiquer le fléau de la pauvreté.

Pourrions-nous d'ailleurs prétendre épuiser tout ce sujet lorsque la population de notre étude constitue un échantillon des adhérents des IMF dans la préfecture de Tchaoudjo ? C'est dire que notre échantillon est loin de refléter toutes les réalités de la population de notre milieu d'étude ou même de celle qui bénéficie des services des IMF.

Nos résultats et conclusions ne sauraient donc évacuer l'étude sur le rôle des IMF dans la lutte contre la pauvreté, mais ouvrent la brèche à d'autres études qui enrichiraient davantage ce débat. C'est d'ailleurs l'objectif central de toute étude scientifique.

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages spécifiques

1- CONDE K. et al, Etudes socio-anthropologique sur le fonctionnement interne du crédit rural de Guinée, CRG, 1999.

2- GENTIL D. et al., Microfinance : Orientations méthodologiques, Commission Européenne, 2002 (2ème édition).

3- BOYE S. et al., Le guide de la microfinance, microcrédit et épargne pour le développement, éditions d'organisation, 2006.

4- YUNUS M., Vers un monde sans pauvreté, Jean-Claude Lattrès, 1997.

5- GENTIL D., Les mouvements coopératifs en Afrique de l'Ouest, édition Karthala, 1986.

6- IRAM Collection, Islam et microfinance en Afrique sub-saharienne : éléments pour une étude comparée, IRAM, Paris, 2001.

Revues et rapports

1- BAUMANN E., << Microfinance et gestion de la vulnérabilité en Afrique sub-saharienne, passé et présent », ADA Dialogue, N°33, Juin 2004.

2- FORESTIER P., << Les enjeux de la microfinance : quel rôle spécifique pour le financement rural et agricole », Horizons Bancaires, N°326, 2005.

3- LAFOURGADE A-L., ISERN J., MWANGI P., BROWN M., << Etude sur la portée et les performances financiers des institutions de microfinance en Afrique », MIX, 2005.

4- TOGO, Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DISRP), Juin 2004.

5- BANQUE MONDIALE, Togo : sortir de la crise, sortir de la pauvreté, BM, Rapport novembre, 1996.

6- NGUYEN G., Mobilisation de l'épargne par les Systèmes Financiers Décentralisés, bimensuel, N°23, Novembre 1999.

7- BANQUE MONDIALE, Faire reculer la pauvreté en Afrique subsaharienne, résumé analytique, BM, 1994.

8- PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, 2005.

9- Atlas du développement régional du Togo, 2005.

10-BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde, l'état dans un monde en mutation, Washington, 1997.

10- IVATURY G., ABRAMS J., « Débouchés pour les fonds
d'investissement en microfinance », KfW Financial sector development. Symposium Microfinance Investment Funds, Berlin, novembre 2004.

Ouvrages de méthodologie

1- DURKHEIM E., Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 10ème édition, 1972.

2- GURVITCH, G., Vocation actuelle de la sociologie, Paris, PUF, 1950.

3- GHIGLIONE R. et MATALON B., Les enquêtes sociologiques, théorie et pratique, Paris, Armand Collin, 1978.

4- GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales, 2001, 11ème édition.

Webographie :

1- www.cgap.org

2- www.iram-fr.org

3- www.microfinance.tg

4- www.microfinance.lu

5- www.lamicrofinance.org

6- www.yearofmicrofinance.org

7- www.franconet-canada.org

8- www.hdr.undp.org

9- www.lamicrofinance.org

ANNEXES

Annexe 1 : Questionnaire et guides d'entretien

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE N° /2010

LOCALITE : PREFECTURE DE TCHAOUDJO

MUTUELLE :.........................

Madame, monsieur, la présente enquête s'inscrit dans le cadre de notre mémoire de maîtrise en sociologie. A travers ce questionnaire, nous souhaiterions obtenir des informations sur votre pratique de l'épargne-crédit, les changements qu'elle a apportés dans vos conditions de vie et vos opinions sur les prestations de service de vos mutuelles. Ce questionnaire est anonyme et les réponses resteront strictement confidentielles. A chaque question, il y a une ou plusieurs réponses. Pour répondre, vous encerclez le chiffre correspondant à votre réponse. Lorsque vous rencontrez une question à plusieurs réponses, vous choisissez une ou des réponses que vous croyez être ce que vous pensez ou que vous faîtes ou encore ce que vous savez.

Merci d'avance pour votre disponibilité et votre attention.

SECTION I : IDENTIFICATION DES ENQUETES


d'ordre

Question et filtres

Modalités et codes

Passer à

Q 101

Sexe (notez le sexe sans demander

- Masculin.......................1

 
 
 

- Féminin........................2

 

Q 102

Quel âge avez-vous ?

-/....../ ans

 
 
 

- Commerçant ...................1

 
 
 

- Menuisier.......................2

 
 
 

- Mécanicien......................3

 

Q 103

Quel est votre profession ?

- Boucher.........................4

 
 
 

- Couturier (e)...................5

 
 
 

- Cordonnier.....................6

 
 
 

- Coiffeur.........................7

 
 
 

- Autres (à préciser)............8

 

Q 104

Quel est votre état matrimonial ?

- Célibataire.....................1

 
 
 

- Marié (e)........................2

 
 
 

- Veuf (ve).......................3

 

Q 105

Avez-vous des enfants ?

- Oui..............................1

 
 
 

- Non.............................2

Q107

 
 

- 1 à 2.............................1

 

Q 106

 

Combien ?

- 3 à 4..2
- 5 à 6.............................3
- 7 à plus.........................4

 

Q 107

 

Quel est votre niveau d'instruction ?

-Primaire.........................Secondaire.......................Supérieur........................Non scolarisé(e).................

1

2

3

4

 
 
 

SECTION II : FINANCEMENT DES

ACTIVITES ECONOMIQUES ET

 

EVALUATION

DES REVENUS

Q201

 

Quelles étaient vos sources de

financement avant votre adhésion à la mutuelle ?

- Tontine

- Parent ou ami

- Epargne traditionnelle

 
 
 
 
 

- Autre (à Préciser)

 
 
 
 
 

- Protéger votre argent..........

1

 
 

Q202

 

Qu'est ce qui vous a motivé à

- Obtenir facilement

 
 
 
 

épargner de l'argent ?

un crédit..........................

2

 
 
 
 
 

- Bien gérer les activités........

3

 
 
 
 

- Autres (à préciser) ............

4

 
 
 
 
 

- 1 à 3 mois.....................

1

 
 

Q203

 

Depuis combien de temps avez-

- 4 à 6 mois.....................

2

 
 
 
 

vous adhéré à votre mutuelle ?

- 7 à 9 mois.....................

3

 
 
 
 
 

- 10 à 12 mois..................

4

 
 
 
 
 

- Plus d'un an..................

5

 
 

Q204

 

Combien de fois avez-vous

- 1 à 2 fois.......................

1

 
 
 
 

demandé du crédit ?

- 3 à 4 fois.......................

2

 
 
 
 
 

- 5 fois et plus..................

3

 
 

Q205

 

Combien de fois en avez-vous

- 1 à 2 fois.......................

1

 
 
 
 

bénéficié ?

- 3 à 4 fois.......................

2

 
 
 
 
 

- 5 fois et plus..................

3

 
 

Q206

 

Ce nombre de crédits obtenu vous

-Oui..............................

1

 

Q208

 
 

a-t-il permis d'augmenter vos

revenus ?

-Non..............................

2

 
 
 
 
 

- Mévente........................

1

 
 

Q207

 

Pourquoi ?

- Emiettement du capitale.....

2

 
 
 
 

- Capital insuffisant............

3

 
 
 
 
 

- Autres (à préciser)............

4

 
 

Q208

A combien sont évalués vos

bénéfices par jour ?

- Moins de 1 000F~~~~..1 - Moins de 2 000F~~~~..2 - Moins de 3 000F..............3 - Moins de 4 000F..............4 - Moins de 5 000F..............5 - Moins de 10 000F.............6 - 10 000F et plus................7

 

SECTION III : UTILISATION DES RE

VENUS ET RETOMBEES SOCIALES

 

Q301

Que faites-vous avec les revenus générés par vos activités ?

- Soins de santé.................1 - Scolarité et apprentissage

des enfants.......................2 - Alimentation et habillement.3 -Accroissement du capital......4 - Loyer...........................5 - Autre à préciser...............6

 

Q302

Comment trouvez-vous votre

situation actuelle après avoir eu le crédit ?

- Meilleure.......................1 - Acceptable.....................2 - Dégradée........................3 - Autres (à préciser).............4

 

Q303

Avec la mutuelle vos besoins

sont-ils satisfaits ?

- Totalement....................1
- Moyennement................2
- Pas du tout....................3

 

Q304

Le recours aux services de la mutuelle a-t-il entrainé un changement dans vos conditions de vie ?

- Oui..............................1

- Non.............................2

Q306

Q305

De quelles manières ?

- Autonomie financière ......1 - Amélioration de l'état

de santé de la famille.........2 - Améliorations des

conditions alimentaires......3 - Meilleure scolarisation

des enfants.....................4 - Création d'emploi...........5 - Diversification des

activités de revenue...........6 - Acquisition de bien matériel..........................7 - Augmentation des revenus..8 - Autre (à préciser).............9

 

Q306

Pourquoi ?

- Dépendance vis-à-vis

de la mutuelle

financièrement..................1 - Revenus toujours inchangés.2 - Revenus modestes............3 - Revenus ne permettant pas de diversifier les activités ........4 - Autre (à préciser).............5

 

SECTION IV : APPRECIATION DE LA

POPULATION BENEFICIAIRE DES PAR LES IMF

SERVICES OFFERTS

Q401

Quelles sont les conditions que vous avez remplies avant d'avoir le crédit ?

- Epargne........................1 - Présentation d'une caution. 2 - Présentation d'une garantie.3 - Autre (à préciser).............5

 

Q402

Comment trouvez-vous ces

conditions ?

- Compliquées..................1 - Abordables.....................2 - Simples.........................3

 

Q403

Comment trouvez-vous le taux d'intérêt qui vous est appliqué ?

- très élevé.......................1 - Assez élevé....................2 - Peu élevé......................3 -Ne sait pas.....................4

 

Q404

Que pensez-vous du montant des crédits dont vous bénéficiez ?

- Très insuffisant..............1 - peu insuffisant...............2 - Suffisant......................3

 

Q405

Comment trouvez-vous le délai de remboursement des crédits ?

- Normal........................1 - Court...........................2

 

Q406

Votre mutuelle répond-t-elle à vos besoins en matière de crédit ?

- Oui..............................1
- Non.............................2

 

Q407

Comment trouvez-vous le

comportement du personnel de la mutuelle ?

- Correct.........................1 - Reprochable..................2

 

Q408

Que pouvez-vous dire du

comportement des agents de
terrain de votre mutuelle ?

- Correct.........................1 - Reprochable..................2

 

Guide d'entretien individuel destiné au directeur de la mutuelle

1- Parlez-nous de l'historique de la mutuelle -les conditions de sa création

-objectifs

-mode de fonctionnement (moyens d'action)

2- Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face dans vos prestations de service?

3- Dites nous comment vous pensez y remédier : (avec quels moyens ? ; êtesvous assistés par les bénéficiaires ?)

-

4- Comment jugez-vous les résultats obtenus par rapport à vos attentes ?

5- Parlez nous des innovations à venir

Guide d'entretien individuel destiné au responsable du service renseignements et adhésions

1-Quels sont les différents services qu'offre votre institution ?

2-Quelles sont les conditions d'adhésion de la mutuelle ? > Adhérent simple

> Adhérent membre

3-Faites-nous la situation des adhésions de la mutuelle depuis 2008.

> Nombre total des adhérents > Nombre total des tontiniers > Nombre total des membres

4-Quelles stratégies employez-vous pour atteindre votre population cible ?

-Quelle est cette population cible ? -Pensez-vous l'avoir atteinte ?

Guide d'entretien individuel destiné au responsable de la direction d'exploitation

1-Parlez-nous de l'organisation de l'épargne au sein de votre institution depuis 2008 > Mobilisation de l'épargne

> Différentes sortes de dépôts > Les taux en vigueur

2-Quelles sont les conditions d'octroie de crédits ?

3-Depuis 2005, combien de demandes de crédits vous sont-elles adressées ?

4-Combien sont satisfaites ?

- Pourquoi pas toutes ?

- Y a-t-il pas d'autres moyens pour y parvenir ?

- Quelles stratégies pour l'avenir en matière de satisfaction des demandes de crédits ?

5- Combien de bénéficiaires de crédits ont-ils pu rembourser ? -combien n'ont pas pu rembourser ? (cas de retard, cas de fuite du bénéficiaire, cas d'incapacité).

-Pourquoi cette incapacité à rembourser ?

6- Quelles mesures pensez-vous prendre pour palier à ces problèmes ?

Annexe 2- CARTE DE LA PREFECTURE DE TCHAOUDJO.

Sources : Préfecture de Tchaoudjo / Région Centrale

Table des matières

SOMMAIRE.............................................................................ii

DEDICACE..............................................................................iii

REMERCIEMENTS....................................................................iv

SIGLES ET ACCRONYMES.........................................................vi

LISTE DES TABLEAUX.............................................................vii

INTRODUCTION........................................................................1

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE

L'ETUDE.................................................... .............................6

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE..............................................7 1-1-Justification du choix du sujet ....................................... ....7 1-2-Revue de la litterature... ............................................. ... 9 1-2-1- Genese et evolution des IMF..............................................9 1-2-2- Principes clés de la microfinance .......... .............................15 1-2-3- Les objectifs de la microfinance........................................20 1-2-4- La microfinance et les OMD............................................22 1-2-5- Microfinance et pauvrete................................................26 1-2-6- Les obstacles que rencontre la microfinance en Afrique............34

CHAPITRE 2 : PROBLEMATIQUE 43 2-1- Position du probleme... ...................................................43 2-2- Les objectifs de la recherche.............................................45 2-3-Les hypothèses de la recherche............... ............................46 2-4- Analyse des concepts......................................................46 2-5- Modèle d'analyse.........................................................52

DEUXIEME PARTIE : CADRE PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE

DE L'ETUDE...........................................................................54

CHAPITRE 3 : PRESENTATION DU CADRE PHYSIQUE DE

L'ETUDE................................................................................55 3-1-Historique de la préfecture de Tchaoudjo................................55

3-2-Présentation géoclimatique et démographique de la préfecture de Tchaoudjo..........................................................................56 3-3- Aperçu socio- politique.....................................................57 3-4- Activités socio- économiques.............................................59

CHAPITRE 4 : LA METHODOLOGIE DE LA

RECHERCHE...........................................................................61

4-1-La recherche documentaire..................... ............................61

4-2- L'univers d'enquête et l'échantillonnage .. .............................62

4-2-1-L'univers d'enquête......................................................62 4-2-2- L'échantillonnage........................................................63 4-3- Les instruments d'investigation...........................................64 4-3-1- La recherche quantitative................................................65 4-3-2- La recherche qualitative..................... ............................66 4-4- Déroulement de l'enquête.................................................67 4-5- Les difficultés rencontrées..................................................68

TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES ET

INTERPRETATION DES RESULTATS ............ .............................71

CHAPITRE 5 : ANALYSE DES DONNEES 72

5-1 : IDENTIFICATION DES ENQUETES.......................................72 5-2 : FINNCEMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES ET EVALUATION DES REVENUS....................................................75 5-3: UTILISATION DES REVENUS ET RETOMBEES SOCIALES......................... 81
5-4 : APPRECIATION DE LA POPULATION BENEFICIAIRE DES SERVICES OFFERTS PAR LES IMF.............................................86

CHAPITRE 6 : INTERPRETATION DES RESULTATS~~~~~~..90 6-1-Le profil socio-démographique et professionnel des adhérents des IMF~.90 6-2- L'importance de la consistance du montant des crédits pour une efficience..................................................................................93 6-3- La microfinance, un outil efficace pour l'amélioration des conditions de vie despopulations...........................................................................97

RECOMMANDATIONS............................................................101 CONCLUSION.........................................................................104 BIBLIOGRAPHIE 107 ANNEXES..............................................................................110 TABLE DES MATIERES 117






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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo