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La problématique d'acquisition du statut de membre permanent au Conseil de sécurité. Cas du Brésil

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par Eustache Fiston KILWA SIBUMBA
Université de Lubumbashi - Licence en relations internationales 2011
  

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§3. Perspectives sur l'avenir de l'ONU

Les avis sur l'avenir de l'ONU sont partagés. Lakhdar Brahini197(*) qui s'est interrogé si l'ONU survivra en 2034, a reconnu que les Nations Unies de 2034 dépendent au premier chef des grandes puissances et prennent forme ici et maintenant. Dans un future proche, les Etats-Unis d'Amérique resteront la seule super-(ou hyper-) puissance, un pays qui a joué un rôle déterminant dans la création de l'ONU et qui ne cache pas sa détermination à imposer sa propre vision sur le future de l'Organisation. Il est fort difficile de déconnecter le destin des Nations Unies du principal phénomène politique de notre époque : l'émergence des Etats-Unis comme unique, superpuissance et leurs tentatives de redéfinir le droit international à leurs propres conditions.198(*)

Dans cette logique, Lakhdar Brahini pense qu'en se référant à l'évolution de l'ONU depuis 1945, trois scénarios sont possibles :

Dans un premier scénario, la prédominance des Etats-Unis reste incontestée et ils continuent à agir comme si on leur avait donné le droit de manier leur puissance à leur guise. Le risque est ici que la totalité, ou la plupart, des progrès du XXe siècle vers la construction d'un système international fondé sur le respect du droit soient remis en cause ; le droit international deviendrait alors un instrument d'opportunité politique, au service des intérêts nationaux, plutôt qu'un instrument de justice. Des institutions internationales comme la Cour Pénal International (CPI), dont les Etats-Unis ont choisi de se désengager, pourraient disparaitre. L'usage de la force ne prévaudrait pas forcement, mais les normes juridiques ne pourraient plus le contenir. Les Nations Unies seraient détruites, ou réduites à une grande faiblesse réminiscence de la SDN...199(*)

Dans un second scénario, l'hégémonie américaine ne s'impose pas durablement, la puissance américaine étant contesté par une ou plusieurs puissances émergentes, d'où la fin de l'ère de la superpuissance unique, obligeant les Etats-Unis à former des nouvelles alliances sur un pied plus égal, et à renforcer les Nations Unies. D'importantes mutations sont déjà à l'oeuvre, qui pourraient opposer des contrepoids à Washington et imposer une redéfinition des équilibres de puissance. Une hypothèse serait que les Etats-Unis et l'Occident joignent un leurs forces centre la Russie et la Chine. Une autre, que l'Europe, la Russie et les Etats-Unis se retrouvent eux-mêmes face à la Chine. La Chine longtemps présentée comme la prochaine superpuissance, connait aujourd'hui une transformation économique et militaire susceptible de menacer sérieusement la suprématie des Etats-Unis.200(*)

Des potentialités similaires existent pour l'Inde et le Japon. Beaucoup de choses dépendent de l'évolution des relations entre les trois puissances asiatiques : Chine, Inde et le Japon. Pour l'heure, chacune prend soin de demeurer proche des Etats-Unis, de peur que l'autre, ou les autres, ne mobilise(nt) Washington contre elle. Mais cet état de fait ne durera pas indéfiniment, chacun de ces pays construisant sa propre puissance.201(*)

On ne sait si la Russie pourra retrouver la force dont elle jouissait pendant l'apogée de l'Union Soviétique. Elle conserve néanmoins un arsenal nucléaire massif, dispose d'un siège permanent au Conseil de Sécurité, s'enrichit grâce à la hausse des prix de l'énergie et s'est affirmée comme un acteur international qu'il ne faut pas sous-estimer dans le débat avec l'Iran.202(*)

L'Union Européenne élargie, a aussi affirmé une puissance économique remarquable. Elle a échoué à développer la puissance politique remarquable. Elle a échoué à développer la puissance politique correspondante, ainsi que des capacités militaires qui la porteraient au niveau des Etats-Unis. Mais ce n'est peut-être qu'une question de temps et l'Union Européenne aura peut-être demain les moyens de répliquer aux aspirations globales des Etats-Unis.203(*)

Ni le Groupe des 77 ni le mouvement des non-alignés ne devraient être écartés des ces scénarios d'avenir. Les deux se sont effacés dans une relative insignifiance depuis la fin de la guerre froide, mais les facteurs (les prix du pétrole et des ressources naturelles) qui ont permis aux pays en développement de jouer un rôle clé dans la politique internationale des années 1970 sont à nouveau présents aujourd'hui, et pourraient conduire à leur renaissance politique. La Chine ou l'Inde pourraient s'appuyer sur le soutien d'un G77 renforcé pour constituer une formidable nouvelle base de puissance.204(*)

Nombre de compétiteurs émergent donc, qui pourraient sérieusement défier les Etats-Unis à l'avenir. Les conséquences pour les Nations Unies d'un tel scénario seraient sans doute positives, dans la mesure où un monde bipolaire ou multipolaire serait plus susceptible de chercher, et de faire respecter, un consensus. D'autres changements importants dans la nature de l'Organisation sont, dans cette logique, probables. L'ONU restera sans nul doute pour l'essentiel une Organisation intergouvernementale, mais sans doute pas exclusivement, tant les Organisations Non Gouvernementales et le secteur privé accroissent leur poids dans la prise de décision internationale.205(*)

Cela conduit à un troisième scénario, dans lequel les Etats-Unis réalisent qu'il est finalement dans leur propre intérêt de respecter le droit international et d'avoir des Nations Unies fortes et actives. Ils se demandent alors pourquoi la bonne volonté et le consensus international autour de la guerre en Afghanistan se sont affaiblis, pourquoi ils n'ont pu exister au moment de l'invasion de l'Irak. Ils comprennent pourquoi le reste du monde n'a pas adhéré systématiquement à la vision américaine de la sécurité après le 11 Septembre. Ils prennent conscience de ce que la puissance sans avancée politique, ne peut fonder une puissance qui dure, évidence concrètement illustrée par Israël qui, en dépit de nombreuses victoires, demeure politiquement vulnérable en l'absence de solution politique au conflit avec les Palestiniens.206(*)

Il sera sans doute de plus en plus clair que, dans un monde sans cesse plus interdépendant, aucune puissance solidaire ne peut s'imposer indéfiniment. Cela vaut pour le monde politique ; c'est aussi vrai dans le domaine des relations économiques internationales. Bref, les Etats-Unis doivent réaliser que leur économie ne peut fonctionner et prospérer que tournée vers l'extérieur, et dans un ordre global pacifique. Alors que, par exemple, Washington et ses alliés contrôlent actuellement la plus grande part des réserves mondiales de pétrole (Avec l'Arabie Saoudite et l'Irak) la demande croissante de la Chine et de l'Inde et la hausse des revenus du pétrole ont incontestablement accru l'importance de producteurs plus petits comme la Bolivie ou Venezuela.207(*)

Les jours de l'empire omnipotent sont déjà passés et ils ne reviendront pas. Les Etats-Unis devront reconnaitre que, pour maintenir leur puissance économique, il faut jouer selon les règles internationales et renforcer le pouvoir de l'ONU. Ils devraient finir par comprendre qu'une application sélective du droit international a pour effet de l'éroder jusqu'au point où la superpuissance elle-même ne peut plus l'instrumentaliser au service de ses propres intérêts.208(*)

On ne peut savoir lequel de ces scénarios décrit au plus près la situation des Nations Unies en 2034. Le danger des deux derniers est que, avant qu'ils ne se réalisent, l'ONU aura peut-être été si affaiblie, et le droit international tant battu en brèche, que l'Organisation n'apparaitra plus utile, ni crédible, à la communauté internationale. C'est pourtant peu probable. Il semble aujourd'hui moins hasardeux de prédire que, dans presque trente ans, l'ONU sera toujours forte et demeurera le forum central où s'identifient les valeurs et les objectifs communs, pour le développement de normes et de standards internationaux. En bref, tous les Etats membres, Etats-Unis inclus, ont, à un moment ou à un autre, besoin de l'ONU et il n'existe aucun forum concurrent.209(*)

De notre part, nous estimons que les trois scénarios tels que présentés par Lakhdar Brahini, peuvent se réaliser dans le parcours des Nations unies. Mais à ces trois scénarios, nous avons imaginé un quatrième.

En effet, les Relations Internationales sont et continuent à être fortement influencées par les grandes puissances et l'ONU évoluera donc d'abord dans les voies sur lesquelles s'accorderont les grandes puissances. Qui appartiendra au club des grandes puissances dans l'avenir ? Ce statut dépend en grande partie mais exclusivement de la qualité de membre permanent du Conseil de Sécurité. On admettait, à la fin de la guerre froide, que l'Inde, le Japon et quelques autres Etats deviendraient membres permanents sous deux ou trois ans. Aujourd'hui, vingt ans après, nous ne savons plus quand, ou si les négociations prolongées sur la réforme du Conseil de Sécurité aboutiront, s'ils le seront réellement un jour. Les candidats membres permanents ne doivent donc ne pas trop espérer une probable réforme du Conseil de Sécurité dans un futur proche.

Devant cette réalité pertinente, un quatrième scénario est envisageable. Dans l'hypothèse où les cinq membres permanents vont user de leur droit de veto pour bloquer toute réforme du Conseil de Sécurité, continuer ainsi à paralyser l'Organisation toute entière, cette dernière n'apparaitra plus utile, ni crédible aux Etats Membres. Ainsi donc, ces Etats vont préférer plus de coopération et négocier en dehors de l'ONU, notamment au sein des Organisations régionales et forums internationaux (G3, G4, G7, G8, G20, ...) et cela au détriment de l'Organisation universelle. C'est d'ailleurs un fait qui se manifeste déjà.

Dans d'autres instances, la situation a considérablement évolué. Vu la vacuité des débats onusiens, les ministres ont migré vers d'autres forums. Les réunions du G7, du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondial (BM) donnent désormais le ton. C'est là que les dirigeants du Nord et du Sud souhaitent jouer de leur influence. D'autres forums ont vu le jour, utiles et impliquant d'importants décideurs du Nord comme du Sud. Le plus promoteur est peut-être le G20, constitué des Ministres des Finances des principales de puissance économiques du Nord et du Sud. Ses débats sont relativement informels, non-conflictuels, riches et centrés sur les préoccupations et intérêts communs plutôt que sur des récriminations mutuelles.210(*)

Les Organisations régionales gagnent également du terrain. La compétence exclusive du Conseil de Sécurité quant au recours à la force, minée par sa propre inaction, a été remise en question par la communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) au Liberia et en Sierra Leone, et par l'Organisation du Traité d'Atlantique Nord (OTAN) au Kosovo. A l'avenir, les Organisations et les arrangements régionaux joueront sans doute un rôle plus important en matière de sécurité internationale.211(*)Tout cela aura comme conséquence la réduction, voir même la disparition pure et simple de l'ONU.

Quant aux Etats candidats membres permanents, il ne leur suffira pas seulement de l'être. Il faudrait tout de même acquérir les soutiens des Etats membres de l'ONU, surtout ceux des cinq permanents. Et le Brésil s'est déjà lancé dans ces démarches. Le Brésil a à ces jours acquis quelques soutiens des membres permanents et des autres Membres de l'ONU. Cependant, quelques uns d'entre eux s'érigent en obstacles à la candidature du Brésil. C'est autour de la dialectique espoir-désespoir de l'acquisition du statut de membre permanent par le Brésil que gravitera notre deuxième section.

* 197 LAKHDAR BRAHINI a été conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies depuis 2004, a été précédemment, et entre autres fonctions, représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afghanistan, Chef de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan et a dirigé le Groupe d'études sur les opérations de maintien de la paix (Revue Politique Etrangère, n°2, 2005, p. 299)

* 198 BRAHINI, L., op.cit., p. 772

* 199 IDEM, p. 779

* 200 BRAHINI, L., op.cit , p. 779

* 201 IDEM, p.p.779-780

* 202 IDEM, p.780

* 203 Ibidem

* 204 BRAHINI, L., op.cit , p. 780

* 205 Ibidem

* 206 IDEM, p. 781

* 207 BRAHINI, L., op.cit , p. 781

* 208 Ibidem

* 209 IDEM, p.782

* 210 DAVID, M., MALONE, « l'affrontement Nord-Sud aux Nations unies : un anachronisme sur le déclin ? », in politique étrangère, n°1, éditions ifri, Paris, 2003, p.161.

* 211 IDEM, p.p. 161-162

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault