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La gestion de l`absentéisme des élèves

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par Sidiki DAYO
Ecole normale supérieure/ Université de Koudougou - CA/ CPE 2011
  

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2.2.2. Les articles de recherche

ASPY et ROEBUCK (1990) relatent les résultats d'une série de recherches visant à savoir ce qui se produit lorsqu'un enseignant sait montrer à ses élèves qu'il les aime vraiment, les comprend et veut les aider. Leurs résultats sont allés bien au-delà de ce qu'ils imaginaient. Ils se sont rendu compte que la bonne interaction entre enseignant et élèves permet non seulement de faciliter la transmission du contenu pédagogique, mais aussi et surtout de motiver les apprenants à venir suivre le cours.

Les auteurs qualifient d'interactions facilitantes les attitudes suivantes : la considération positive et l'empathie. Par ailleurs, ces auteurs ont noté en particulier que les élèves dont les enseignants offrent un haut degré d'efficacité au niveau de leurs interactions ont vu leurs résultats scolaires et leur niveau de Quotient Intellectuel (QI) s'améliorer. De plus, ils sont beaucoup moins absents et ont une meilleure image d'eux-mêmes.

ASPY et ROEBUCK (1990) ont élaboré un programme destiné à élever le niveau d'authenticité, de considération positive et d'empathie des enseignants. Ce programme présentait une sensible augmentation du nombre et de la qualité des interactions facilitantes, avec l'effet principal suivant: `' l'école avait le taux d'absentéisme le plus bas de son histoire (8,8 %) en 45 ans d'existence ».Les auteurs concluent donc que le meilleur moyen pour les enseignants d'aider vraiment leurs élèves à apprendre et à mieux respecter la discipline, à être assidus aux cours, c'est de suivre un programme de formation qui leur enseigne systématiquement à employer des modes d'interaction et de communication empathique.

Nous retenons de ce travail le rôle déterminant de l'enseignant à réduire les absences à travers la sympathie, l'amour des apprenants et l'interaction facilitante car, dans les établissements secondaires certains adolescents développent une attitude négative vis-à-vis de

leur professeur. Nous remarquons également que certains enseignants enregistrent plus d'absences que leurs pairs. Ce phénomène pourrait effectivement s'expliquer par le défaut de considération ou par le manque d'interaction facilitante entre l'enseignant et les apprenants. Les absences choisies sont aussi fréquentes dans les lycées. L'élève s'absente à un cours déterminé parce qu'il n'aime pas le professeur. L'enseignement est une activité intellectuelle et humaine qui engage la responsabilité de celui qui l'exerce. Il s'agit moins d'une intelligence qui enseigne à d'autres intelligences que de personnes qui enseignent à d'autres personnes. Le véritable apprentissage, n'intervient que lorsque le facteur humain est respecté et satisfait. L'ouverture d'esprit de l'enseignant et sa bienveillance augmente les possibilités d'assiduité des élèves au cours. Pour LECOMTE (2008), les élèves dont les enseignants manifestent un haut degré d'empathie et de considération ont de meilleurs résultats scolaires, sont moins absents au cours, et ont une meilleure image d'eux-mêmes. De ce fait, la conclusion des auteurs est d'un grand apport pour minimiser le phénomène de l'absentéisme. Ils rejoignent ainsi BENOIT et Al tout en allant beaucoup plus dans les détails relationnels.

TOULEMONDE (1998) rapporte que l'absentéisme est aussi vieux que l'école. Qui n'a pas entendu évoquer la fameuse « école buissonnière "? Le phénomène a cependant pris une ampleur et des formes nouvelles plus inquiétantes. L'auteur ajoute que l'absentéisme se manifeste sous différentes formes et pour différentes raisons qui sont :

- l'absentéisme de motivation dû à l'incertitude des débouchés professionnels ;

- l'absentéisme de confort : qui se manifeste avec la complicité des parents. Par exemple 1 à 2 heures par jour ;

- l'absentéisme de consumérisme scolaire : les élèves choisissent les enseignements auxquels ils assistent en fonction des critères liés à la matière, en particulier le coefficient ;

- l'absentéisme de respiration : face à la lourdeur des programmes et des horaires, à la pression des devoirs et exercices, les élèves s'absentent pour rompre avec le « stress " et récupérer ;

- l'absentéisme par nécessité économique : par besoin financier, les élèves abandonnent les cours et vont accomplir de « petits boulots " ;

- l'absentéisme contraint : il se traduit par une exclusion provisoire de la classe ou une exclusion temporaire de l'établissement ;

- le vrai faux absentéisme : il s'agit des « absents-présents ". L'élève est présent dans le lycée, mais en dehors de la classe.

Il importe de remarquer que ces formes d'absentéisme reposent sur les causes du phénomène. Car, ce rapport met en exergue trois facteurs essentiels qui sont à l'origine de l'absentéisme. Ils sont d'ordre économique et social, organisationnel et pédagogique.

Les facteurs économiques et sociaux concernent la situation sociale des élèves, le contexte économique général plus ou moins défavorable à la motivation des élèves et à leur assiduité, les déviances dont les plus importantes sont la consommation de drogues, les conduites violentes et la dépression. La tendance à la constitution d'un groupe social des jeunes, la rupture sociale, génératrice de « non-communication » entre les élèves et les professeurs, la démission, voire la capitulation des parents, la complicité des familles, leur incapacité à exercer l'autorité, leur impuissance à faire respecter les règles, parfois même à faire lever leur enfant pour aller en classe et à fortiori à suivre le travail scolaire sont des réalités qu'il convient de souligner. Les difficultés rencontrées au sein de la vie familiale rejaillissent sur l'enfant. Le nombre d'enfants (fratrie nombreuse) est également signalé comme facteur d'absentéisme. L'étude de l'INSERM montre que les filles sont moins absentéistes que les garçons. Les élèves internes sont moins absents que les autres élèves ; ils ont moins d'occasions et de prétextes possibles et ils savent que les familles sont prévenues dans la journée.

Les facteurs relatifs à l'organisation du travail des lycéens concernent la désorganisation des enseignements qui porte naturellement préjudice à ceux qui sont les plus fragiles. Les veilles de vacances, les journées isolées d'ouverture théorique (lendemains de jours fériés), les rentrées de congés en milieu de semaine sont également sources d'absentéisme. Plusieurs lycées signalent le problème posé par le Ramadan et par le jour de Sabbat. Sur la semaine scolaire, d'une façon générale, il est observé :

- plus de retards le lundi matin ;

- plus d'absences le mercredi lorsqu'il n'y a pas cours l'après-midi ;

- plus d'absences les jours où l'emploi du temps ne comporte que peu d'heures de cours ; - plus d'absences le vendredi après-midi quand le samedi matin est libéré ;

- plus d'absences le samedi matin quand il existe encore.

Dans la majorité des établissements, la corrélation entre les absences des professeurs et l'absentéisme des élèves est une évidence. Un même professeur régulièrement absent permet aux absentéistes d'user de la carte « je croyais qu'il n'était pas là ». Plusieurs professeurs absents le méme jour font que les élèves estiment qu'il ne sert à rien de venir pour deux ou trois heures de cours.

Les facteurs de nature pédagogique se situent au niveau des questions de l'orientation et de l'échec scolaire. Les taux d'absentéisme sont globalement plus élevés dans les filières

technologiques que dans les filières générales, et les absences sont plus nombreuses encore dans les filières professionnelles que dans les filières technologiques. Le taux d'absences est d'autant plus élevé que l'orientation n'a pas été vraiment désirée par le lycéen. Plus les élèves sont en échec, plus l'absentéisme est important : insatisfaction scolaire, redoublements multiples, rejet de l'école. Le statut de la matière d'une part et la personnalité de celui qui enseigne d'autre part jouent également un rôle dans l'absentéisme. L'importance d'une matière reconnue par un élève relève non seulement des représentations de la discipline dans l'esprit des lycéens et de leur famille, mais aussi et surtout du coefficient et du caractère obligatoire aux examens. Quant à la personnalité du professeur, elle influe considérablement sur l'assiduité des élèves. « L'engagement et le dynamisme » d'un professeur sont systématiquement associés à l'assiduité des élèves, et la relation professeur-élève est centrale : même si ce travail relève les facteurs organisationnels et pédagogiques, il évoque aussi l'enseignant comme facteur de l'absentéisme, principalement ses caractéristiques personnelles et leurs incidences sur son rapport à l'enseignement et sa relation aux élèves. TOULEMONDE (1998) vient ainsi conforter la position de ASPY et ROEBUCK (1990) sur le rôle de l'enseignant dans le phénomène.

Pour ce qui concerne notre recherche, ce rapport de TOULEMONDE nous paraît intéressant à retenir. Il relate les différents visages de l'absentéisme et les facteurs liés. Quelques aspects des facteurs pédagogiques sont relevés par ASPY et ROEBUCK (1990). En outre, son rapport nous éclaire dans le sens que les insuffisances organisationnelles vont toujours contribuer à l'absentéisme. Or, tout en occultant sa part de responsabilité, l'institution continue de punir les absentéistes. Nous tiendrons compte de ce rapport dans la mise en oeuvre de nouvelles stratégies permettant de mieux gérer le manque d'assiduité des élèves aux cours.

BENOIT, DONATIEN et PIERRE (2000) ont étudié les facteurs liés à l'absentéisme dans une population d'élèves à risque de décrochage et la vision des élèves de l'école.

Après avoir donné les motivations profondes qui ont conduit à cette étude, les chercheurs ont essayé de recenser les causes des phénomènes d'abandon et d'absentéisme.

En ce qui concerne l'absentéisme, ils affirment qu'il semble être une préoccupation pour de nombreux acteurs de l'éducation. Cependant, la majorité des recherches se focalisent plus sur la problématique de l'abandon scolaire que sur celle de l'absentéisme proprement dit. Or, la plupart des enseignants se plaignent de l'absentéisme épisodique qui, pour eux, est beaucoup plus difficile à gérer au quotidien que le départ pur et simple d'un élève, méme s'il est un prédicateur puissant à l'abandon, un premier pas vers le décrochage. Plus un élève

s'absente de façon répétée et durable, plus il risque d'abandonner. Pour ce qui concerne les facteurs liés à l'absentéisme, les auteurs relèvent la situation familiale difficile (divorce, pauvreté,...), les attitudes parentales négatives vis-à-vis de l'école, le manque de soutien de la famille dans le travail scolaire, le redoublement et les fréquents changements d'école. Ils signalent également :

- le faible intérét pour l'école et l'absence de projet chez les élèves;

- l'influence des pairs déviants;

- le travail hors de l'école pour gagner de l'argent;

- l'absence de sanctions scolaires ou parentales ; etc.

Par ailleurs, les chercheurs évoquent la victimisation, les difficultés d'intégration chez les pairs, les problèmes relationnels avec les enseignants. Pour eux, si l'absentéisme est un précurseur de l'abandon, les prédicateurs de l'absentéisme sont moins connus. Par conséquent, leur étude vise d'une part, à mieux connaître la façon dont les élèves voient l'école (quelle image se sont-ils construits de l'école? Qu'attendent-ils des cours et des enseignants?), et d'autre part, à identifier les variables liées à l'absentéisme.

L'hypothèse principale émise est la suivante : au sein d'une population à risque, l'absentéisme est associé à l'intérêt pour les cours et au degré d'intégration sociale dans l'école, c'est-à-dire, à la qualité des relations entre les enseignants et les élèves de leur classe.

L'enquête a concerné quarante et un (41) élèves du secondaire âgés de seize (16) à vingt-deux (22) ans issus d'une population d'origine socio-économique modeste. Les résultats auxquels ils sont parvenus sont les suivants :

Sur la qualité de ce qu'on apprend à l'école, les élèves sont très partagés ; 46% se disent satisfaits de ce qui leur est enseigné. Les aspects relationnels semblent prioritaires, car les élèves ont visiblement des attentes assez élevées de l'école. Mais la majorité, soit 70% d'entre eux, s'estiment déçus par l'école. Ils avancent comme raisons la discipline trop stricte, les mauvaises relations avec les enseignants et entre les élèves, la victimisation de certains élèves et l'absence des enseignants. Les élèves insistent fortement sur la disponibilité et l'écoute de la part des enseignants. Un quart (1/4) des élèves jugent qu'il y a violence dans leur classe. Mais il s'agit de la violence verbale de la part des enseignants et de certains élèves.

A la question de savoir s'ils ont des amis qui s'absentent volontairement? Plus de 90% des élèves répondent par l'affirmation. Un tiers (1/3) des élèves déclarent que leurs parents ne sont pas au courant de ses absences alors que la plupart affirme que la réaction de leurs parents

face à leurs absences est négative. Les élèves reconnaissent également s'absenter de façon délibérée.

Par rapport à notre recherche, ces résultats mettent en avant l'importance de l'intégration sociale au sein de l'école, dans la dynamique de la lutte contre l'absentéisme des élèves. Ils soulignent en outre le rôle que paraît jouer, non pas les caractéristiques sociodémographiques, mais le soutien familial. Même si ces réalités européennes semblent différentes des nôtres, nous avons aussi des parents qui ne réagissent jamais à l'absence de leurs enfants. Les parents ont d'autres problèmes à gérer. L'absence de l'élève ne les interpelle pas. La préoccupation essentielle est d'assurer la subsistance quotidienne. Souvent, ils sont même tentés de retenir les enfants pour des travaux. En dehors des problèmes de famille, il y a aussi la négligence de certains parents. Car dans nos lycées, certains grands absentéistes ont des parents nantis qui occupent de hautes responsabilités. L'aspect relationnel développé est important à prendre en compte. La bonne relation avec les enseignants et les camarades de classe est un véritable motivateur à participer aux cours.

SARKOZY (2002), Ministre français de l'intérieur à l'époque, dans son plan de lutte contre l'absentéisme, propose de pénaliser les parents d'élèves régulièrement absents dans « La république de seine et Marne » du 7/10/2002.

La commission interministérielle mise sur pied pour travailler sur le problème de l'absentéisme des collégiens et lycéens parvient à des propositions qui visent à responsabiliser les parents, à infliger une amande de 2000 Euros aux parents d'élèves qui, après une mise en garde de l'Inspection s'absentent sans motifs légitimes, quatre demi-journées par mois. Cellesci ne devraient être effectives qu'après des avertissements et des rencontres entre l'établissement et les familles.

Suite à la mesure prise, des réactions ont fusé notamment celle du Ministre de la famille, Christian JACOB, les syndicats et les parents d'élèves qui trouvent que cette mesure ne réglera le problème que dans une minorité des cas. Car la plupart des familles sont dans la détresse financière et sociale. Il est préférable d'embaucher des surveillants qui sont les liens privilégiés entre les élèves et leurs parents et qui sont nécessaires pour contrôler les sorties des élèves.

Au regard de ces différentes réactions, Nicolas SARKOZY, devenu Président de la république française, propose un second plan en Octobre 2009, dans un discours prononcé depuis l'Elysée. Il propose de donner tout au long de l'année des primes aux élèves assidus.

L'expérimentation repose sur la mise à disposition de la classe d'une somme de départ (2000 Euros) qui pourra être abondée jusqu'à 10 000 Euros en fonction de l'implication des élèves aux activités scolaires.

Mais cette mesure a subi les désapprobations des syndicats, des hommes politiques et de la presse qui se demandent toujours quelle attitude observer face à l'absentéisme des élèves. Pour ses adversaires, la cagnotte collective en classe de lycée présente deux défauts : elle serait à la fois inefficace contre l'absentéisme et contraire aux valeurs de l'école de la République. C'est également sur le terrain des valeurs que les parents d'élèves placent leurs réticences. Ils conseillent plutôt au gouvernement de s'attaquer aux "causes de l'absentéisme des élèves au lycée: orientation et affectation non choisies, affectation dans un établissement éloigné du domicile, nécessité de se salarier, emplois de temps mal construits, et parfois, manque de sens des enseignements».

Du côté des enseignants, on désapprouve ces mesures considérées comme « une grave dérive démagogique ». Alors, ils se demandent :

"La carotte sans le bâton: prendrait-on les élèves pour des ânes?" "Les élèves ont besoin d'être instruits, pas d'être achetés»."Comment motiver des élèves qui arrivent après la rentrée dans des sections non choisies? Avec une prime ?» `'C'est déraisonnable et c'est présenter aux jeunes une société où l'argent est roi»,

Nous constatons que SARKOZY (2002) a voulu vraiment faire de la lutte contre l'absentéisme scolaire son cheval de bataille. Cependant, ses propositions jugées inappropriées ont été rejetées. La tendance générale des contre-propositions faites est de recruter des surveillants en nombre suffisant. Le manque de surveillants est un facteur favorisant l'absentéisme comme cela se constate dans notre pays où la plupart des établissements n'ont pas de personnel d'encadrement.

A partir de ces différents travaux, les auteurs reconnaissent à l'unanimité que la réussite scolaire dépend de l'assiduité aux cours. Les solutions proposées sont d'un grand apport pour minimiser le phénomène. Seulement, ils n'analysent pas les conséquences du traitement actuel. Le cas particulier de KORBEOGO, qui s'intéresse au milieu rural, se focalise sur les causes et conséquences de l'absentéisme. Notre particularité est de nous intéresser au mode de gestion actuelle des absences en vue de proposer d'autres perspectives. A la suite des travaux de recherches menés sur l'absentéisme scolaire, il serait utile d'examiner les instructions et textes officiels qui balisent la gestion du phénomène au Burkina Faso.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery