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La relation thérapeutique dans les interférences entre la biomédecine et la tradipratique. Une lecture anthropologique à  l'hôpital Laquintinie et à  l'African Clinic de Douala (cameroun).

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par Bruno Duovany BEKOLO ENGOUDOU
Université de Douala (Cameroun) - D.E.A en anthropologie, mention santé 2007
  

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INTRODUCTION GENERALE

L'accès à la santé a toujours été une question qui préoccupe les pouvoirs publics africains en général et les populations camerounaises en particulier. Les premiers s'attèlent à mettre à la disposition des seconds des structures médicales, en lesquelles les usagers trouverons satisfaction. En outre, l'on remarque que les prestations sanitaires offertes aux patients sont diversifiées et relèvent de la médecine moderne et conventionnelle d'une part, et d'autre part de la médecine tradi-naturelle qui, elle- même, connaît des mutations .

Disons d'emblée que la médecine conventionnelle est celle qui est légalisée par l'Etat camerounais. En clair, il s'agit de la médecine des hôpitaux. A l'inverse, ce que nous appelons médecine tradi-naturelle doit être comprise comme étant l'ensemble des connaissances et des pratiques sur la maladie, la santé et les procédures élaborées par les ancêtres et léguées aux jeunes générations afin de soigner les pathologies qu'elles affrontent (O.M.S. ,2002). Ainsi l'on remarque que l'offre en prestations de santé dans ces deux médecines va grandissante, et qu'elles sont tout aussi bien sollicitées par la population camerounaise. Aussi distinguons-nous dans la médecine des hôpitaux, celle des hôpitaux publics, celle des centres de santé intégrés (CSI), celle des hôpitaux privés dans lesquels l'on retrouve les cabinets de santé privés, les cliniques confessionnelles et celles à but lucratif (SOCPA A. 1995).

L'espace médical camerounais est dès lors multiforme et présente plusieurs visages (BENOIST J. 1996). Chaque visage a sa particularité, ses logiques et ses réalités qu'il nous incombe de mettre en relief en nous appesantissant sur la médecine conventionnelle telle qu'elle est dispensée à l'Hôpital Laquintinie de Douala. Nous porterons également un regard sur la médecine naturelle telle qu'elle est pratiquée par l'African Clinic de cette même ville. En clair, il est ici question de passer au scanner les relations thérapeutiques aussi bien dans la médecine naturelle que dans la médecine moderne (MBONJI E. 1993). L'on comprend dès lors qu'il s'agit de rendre intelligible la perception que les populations -morbide et saine- de la ville de Douala ont des structures médicales, cela à travers le prisme des interactions qu'elles ont eu avec le personnel soignant de celles-ci. Cette recherche s'inscrit dans une approche empirico-inductive et vise à comparer les rapports médicaux entre soignants et soignés dans les hôpitaux à ceux existant entre patients et traitants dans les « cliniques de médecine  traditionnelle » (HATTIER, 2006).

L'analyse des univers médicaux de l'une et l'autre médecine va donc ponctuer l'évolution de ce travail. Le patient et la place qu'on lui donne dans les deux médecines constituent l'idée maîtresse et le fil conducteur de cette recherche. C'est autour des interrelations entre soignants et soignés que portent les analyses qui suivent. Le patient et son traitant sont des producteurs de valeurs, de principes et de normes qui s'inscrivent dans le contexte d'une ville de Douala où l'économique est sublimée. Ce qui, on l'observe bien, ne va pas sans conséquences sur la relation thérapeutique existant entre le patient et le traitant tant dans la médecine des hôpitaux que dans la médicine tradi-naturelle (HOURS B., 1985).

En conséquence, il est apparu que ce que pensent les acteurs en présence dans la médecine conventionnelle et dans la médecine naturelle moderne, a trait à l'humanisme, à la sociabilité, à l'africanisme, à l'humanisme, bref à tout ce qui se passe dans leur société. Les hôpitaux et/ou les structures médicales doivent être perçus comme des laboratoires où l'on peut analyser et interpréter nos sociétés qui s'occidentalisent à un rythme effréné. Etant donné qu'il s'agit ici d'une introduction générale, c'est à dire d'un ensemble constitué de plusieurs parties et sous parties alliant théories et méthodes sociologiques choisies pour conduire cette recherche, celle-ci s'étend donc sur une trentaine de pages. Ce qui nous amène à parler des raisons du choix de notre sujet.

I- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Le présent sujet qui porte sur « La relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et tradi-naturelle africaines : cas de l'hôpital Laquintinie et de l'African clinic de Douala (Cameroun) », fait l'objet de notre attention pour plus d'une raison. Il nous semble judicieux de signaler que la médecine des hôpitaux camerounais n'a pas beaucoup fait l'objet d'étude de spécialistes des sciences humaines. Ceux-ci ont toujours manifesté un vif intérêt pour des questions politique ( NGA NDONGO V., 2003) ; urbaine (KENGNE FOUDOUOP, 2001), rurale (ELA J. M., 1998) ; de développement (BEKOLO EBE B. , 2002), d'éducation ( TSAFACK G. , 2000), etc.

Il s'en dégage une impression d'oubli de scruter les milieux des hôpitaux camerounais. L'on note tout de même les travaux des auteurs comme Daniel LANTUM, (1978) et MBONJI Edjenguèlè (2000) ; NJIKAM Margaret (2002) qui étudient les hôpitaux camerounais en général et la médecine traditionnelle en particulier. Leurs productions scientifiques relatives à l'étude de cette médecine sont édifiantes et nous ont permis de revisiter l'ethnomédecine africaine afin de l'ausculter.

Tout d'abord, les discours qui se tiennent sur l'une ou l'autre médecine divergent. Parmi ceux qui ont eu à faire avec les hôpitaux publics, l'on rencontre une bonne franche qui estime qu'une bonne partie du personnel y est laxiste, négligeant et irresponsable (DIAKITE T, 1989) . Ce sont les mêmes tares que l'on a relevées lors des états généraux des hôpitaux publics camerounais tenus du 12 au 13 juillet 2005 au Palais des congrès de Yaoundé, sous le haut patronage du chef du gouvernement camerounais, en la personne de M. INONI Ephrem, et du ministre de la Santé publique de cette époque , M. Urbain OLANGUENA AWONO. L'on y a fait ,en quelque sorte, l'autopsie de ces hôpitaux et les récriminations y afférentes étaient les mêmes : négligence du personnel soignant, prééminence de l'économique par rapport au thérapeutique, inexistence du paquet minimum d'activité, manque d'équipement, irresponsabilité médicale ( MEYER P., 1993), la vétusté des équipements et des infrastructures médicaux existant. Cela s'observe même dans les hôpitaux de référence. Ce qui fait mentir B. HOURS ( op. cit.) pour qui les hôpitaux de référence ont toujours été mieux lotis au Cameroun. Il affirme à cet effet :

 Les hôpitaux des métropoles provinciales sont mieux fournis. Quant à ceux des campagnes, ils n'ont pas d'équipements encore moins des mesures d'accompagnement. Je suis allé dans un hôpital des confins du centre Cameroun qui n'avait jamais vu de médecins dans ses murs. Les populations nous ont affirmé ne pas savoir ce que c'est qu'un infirmier. C'est l'une des raisons pour lesquelles elles recourent toujours à la médecine traditionnelle. En fait, les hôpitaux de l'arrière pays en Afrique sont toujours des parents pauvres des politiques sanitaires publiques. (op. cit. p.67).

En plus, il nous est apparu que dans les médecines naturelle et conventionnelle, telles qu'elles se pratiquent au Cameroun, les praticiens n'ont pas la même perception du patient et bien des conditionnalités lui sont exigées quant il s'agit de le soigner- surtout dans la médecine moderne des hôpitaux publics - ce qui ne va pas, on l'imagine bien, sans conséquences sur la relation thérapeutique qui naît dès l'arrivée de tout patient à l'hôpital jusqu'à son traitement et à sa guérison. Aussi, comprend-t-on, que la relation thérapeutique existant entre le soignant et le malade dans la médecine des hôpitaux publics, diffère de la relation médicale existant entre le thérapeute et son patient dans la médecine tradi-naturelle. Bien plus, l'une diffère de l'autre sur bien des points que le Professeur D. LANTUM (op. cit.) a pris le soin d'énumérer. Nous nous ferons une joie immense de les revisiter dans un chapitre ultérieur.

Ensuite, en mars 2007, le Ministre de la santé publique a rendue formelle la médecine tradi-naturelle au fin de « l'associer » à la médecine conventionnelle, laquelle est semble fortement stigmatisée dans les colonnes des journaux. Ainsi, dans Cameroun Tribune du 04 avril 2007, ETOA M. titre son article « Cameroun, la médecine traditionnelle se met en règle. ». De même, dans Prisma international, SEUMO H.intitule le sien : « Cameroun : un système sanitaire à deux vitesses » (02 mars 2007). Dans Jade Cameroun/Syfia international (avril 2007), Alexandre T. DJIMELI titre également le sien : « Cameroun : l'hôpital se fout de la charité ! »

La lecture de tous ces articles et de bien d'autres nous a fait découvrir que l'hôpital public camerounais n'est plus chaleureux, accueillant encore moins performant et humaniste. Ce qui donne raison à Tidiane DIAKITE qui affirme :

C'est dans les hôpitaux publics africains que se révèle en grande partie le mythe de la solidarité africaine. On y tue les patients du fait de la négligence de l'irresponsabilité, du manque d'argent, de l'amateurisme du personnel soignant. Ce dernier ne s'intéresse qu'aux porte-monnaies des malades. Ceux qui en ont sont bien traités tandis que ceux qui n'en ont pas sont abandonnés ou mal traités ( DIAKITE T. , op. cit. p.70).

Enfin, la médecine tradi-naturelle n'est pas exempte de tout reproche en ceci qu'on y observe, avec la mercantilisation des moeurs africaines, un regain de pseudo tradipraticiens qui ternissent la relation patient/traitant. Aussi, parle-t-on de plus en plus de charlatans, de faux guérisseurs, de marabouts, de magiciens, etc., qui n'hésitent pas à extorquer de l'argent aux malades. Ce qui met à rude épreuve, la crédibilité de cette forme de médecine quand bien même elle serait « complète et holistique » (MBONJI E., op. cit., p.75).

En somme, les motivations du choix de ce sujet tournent autour des raisons ci-dessus évoquées. Retenons que l'une et l'autre médecine rendent d'inappréciables services à la population africaine en général et à celle du Cameroun notamment à Douala en particulier. Seulement, la relation médicale existant entre le soignant et le malade diffère selon que l'on est dans la médecine conventionnelle ou dans la médecine naturelle africaines. Si tant est que la relation médicale conditionne l'accès à la santé, nous aimerions savoir si l'on en est conscient dans les hôpitaux de Douala en général et à l'hôpital Laquintinie en particulier tout autant qu'à l'African clinic où nous avons effectué notre recherche.

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