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Gorbatchev et la politique soviétique 1985-1991

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par Kouassi Roger DJANGO
Université de Bouaké - Master I histoire 2010
  

Disponible en mode multipage

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SOMMAIRE

DEDICACE...............................................................................II

REMERCIEMENTS...................................................................III

SIGLES ET ACRONYMES.........................................................IV

INTRODUCTION GENERALE....................................................1

PREMIERE PARTIE : L'URSS A L'ACCESSION DE GORBATCHEV

AU POUVOIR EN 1985...............................16

CHAPITRE I : L'ORGANISATION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE DE L'URSS.......................................................18

CHAPITRE II : LE SYSTEME ECONOMIQUE DE L'URSS EN 1985...26

CHAPITRE III : LA SOCIETE SOVIETIQUE EN 1985......................35

DEUXIEME PARTIE : L'AVENEMENT DE GORBATCHEV AU

POUVOIR ET LES REFORMES POLITIQUES,

ECONOMIQUES ET SOCIALES..................41

CHAPITRE I : BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE GORBATCHEV...........43

CHAPITRE II : LES PRINCIPALES REFORMES DE GORBATCHEV EN

1986..................................................................48

CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DES REFORMES DE

GORBATCHEV.................................................55

TROISIEME PARTIE : L'IMPACT DES REFORMES DANS LES

RELATIONS INTERNATIONALES............63

CHAPITRE I : LES RELATIONS ENTRE L'URSS ET LES PAYS DU

MONDE COMMUNISTE........................................65

CHAPITRE II : LE RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET LES ETATS-UNIS....................................................79

CONCLUSION GENERALE......................................................88

ANNEXE.................................................................................93

BIBLIOGRAPHIE..................................................................114

A notre père Kouakou Django

REMERCIEMENTS

Ce mémoire de maîtrise, fruit de deux ans de recherches a nécessité d'énormes dépenses et de sacrifices. Nous ne saurions commencer ce travail sans témoigner notre reconnaissance au Professeur Latte Egue Jean Michel, pour votre rigueur et pour votre disponibilité qui nous ont été d'un apport capital pour sa réalisation. C'est donc le lieu pour nous, de vous exprimer nos sincères remerciements et notre gratitude.

Nous voudrions exprimer aussi notre gratitude au Docteur Camara Moritié, et au Docteur Bamba Mamadou, pour leurs suggestions, leurs orientations, leurs critiques et surtout leur disponibilité qui nous ont permis d'avoir une vision générale de notre sujet. Merci chers maîtres de nous avoir fait aimer davantage le métier d'historien.

Nous sommes également reconnaissant à tous les enseignants du département d'histoire et du département de géographie de l'Université de Bouaké.

Nos remerciements s'adressent également à notre père Kouakou Django Maurice et notre mère Kouamé Ahou qui nous ont toujours soutenu depuis notre enfance jusqu' aujourd'hui.

Enfin, nous disons merci à Konan Akissi pour son soutien permanent, à mes amis particulièrement à Oka Christophe Kouassi, Kapohi Guehassa Rolland Hervé, à notre regreté ami Gbode Kevin Sidoine, Goulehi Jean Charles Seoué, Ipou Vianney Jean Marie, à Gueu Tiémoko Anderson et à Zan Bi Irié Séverin et tous les étudiants du département d'histoire. En effet, ce sont tous ces efforts conjugués qui nous ont permis l'élaboration de ce mémoire.

SIGLES ET ACRONYMES

PCUS : Parti Communiste de l'Union Soviétique

CC : Comité Central

OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique Nord

CEI : Communauté des Etats Indépendants

CSCE : Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe

OUA : Organisation de l'Unité Africaine

URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

RDA : République Démocratique d'Allemagne

RFA : République Fédérale de l'Allemagne

KGB : Comité de Sécurité de l'Etat

ONU : Organisation des Nations Unies

IDS : Initiative de Défense Stratégique

PC : Parti Communiste

PNB : Produit National Brut

MTS : Station de Machine et de Tracteurs

CAEM : Conseil d'Assistance Economique et Monétaire

INTRODUCTION GENERALE

I - JUSTIFICATION

1-REFLEXION GENERALE

Gorbatchev et la politique soviétique ont attiré l'attention de bons nombres d'observateurs dans le monde. Notre choix s'est porté sur ce sujet pour deux raisons fondamentales.

La première raison porte sur l'intérêt que nous avons pour le monde soviétique. En effet, nous avons découvert l'URSS à travers nos différentes lectures dont l'ouvrage de Pierre Georges, l'URSS1(*).

C'est un vaste pays qui s'étend de l'Europe et à l'Asie. Notre intérêt réside dans le fait que cet immense pays de 22.400.000 km2 a su mettre à profit ses contrastes climatiques et pédologiques pour se hisser au « rang des pays industrialisés et devenir la seconde puissance militaire mondiale après les Etats Unis. »2(*)

La seconde raison est que nous avons voulu étudier et comprendre l'impact de la politique de Gorbatchev sur le monde soviétique. Malgré sa force militaire et ses énormes richesses naturelles, le pays se trouve cependant confronté à des difficultés économiques presque insolubles. Après plus d'un demi siècle d'intervention de l'Etat et de bureaucratie improductive, l'économie soviétique est en pleine déroute. Ainsi, ce grand Etat connaîtra un tournant décisif dans son histoire à partir de 1985 avec l'avènement au pouvoir de Mikhaïl Sergueievitch Gorbatchev. Celui - ci lancera une politique de reforme la perestroïka et la glasnost pour sortir le pays du marasme économique et assurer en même temps le maintien de l'Union Soviétique et la prédominance du Parti Communiste. Mais l'échec de ses reformes vont faire disparaître le bloc communiste et l'URSS.

Le modèle communiste soviétique a toujours été considéré, depuis sa mise en place dans les années 1920, comme une alternative au modèle libéral. Il est le modèle de référence des pays communistes et du bloc de l'Est durant la période de 1945 à 1991.Ce modèle s'est diffusé dans l'immédiat après la seconde guerre mondiale avec notamment la mise en place de la « doctrine Jdanov »3(*) en 1947, au moment de la constitution des deux blocs, comme la réplique du modèle américain.

Mais la mort de Staline en 1953, marque un tournant fondamental dans l'évolution du communisme. Khrouchtchev qui lui succède devient le nouveau maître du pays et entame une série de reformes. Il lance alors la déstalinisation et commence une période de relative détente dans la guerre froide. Cependant, le travail et les efforts de Khrouchtchev, tant sur le plan national qu'international, sont anéantis lorsqu'à son éviction, Léonid Brejnev prend la tête du Parti Communiste de l'Union Soviétique (PCUS) et donc du pays. Débute alors une période de regel, d'immobilisme, qui replonge l'URSS dans une certaine forme de léthargie. Le pays accuse par conséquent beaucoup de retard sur l'Occident et le régime se radicalise et devient de plus en plus répressif.

Cette période de stagnation politico- économique dure jusqu'en 1982, année où Brejnev meurt. Le bref intermède Andropov4(*)- Tchernenko5(*) n'est marqué que par quelques velléités de reformes. C'est ainsi que le 11 mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir.

En effet, il constate l'essoufflement du système soviétique qui était symbolisé par ce spectacle visible de la mort successive des dirigeants soviétiques, d'abord Brejnev, ensuite Andropov et enfin Tchernenko, c'est-à-dire toute une génération de responsables qui sortaient du manteau de Staline et qui ont fait leurs premiers pas dans le régime stalinien. Dans le même temps, on assistait à l'essoufflement de l'économie soviétique qui dépendait exclusivement « des ventes du pétrole et du gaz. L'URSS ne parvenait plus à nourrir l'ensemble de sa population. Les autres pays communistes se trouvaient dans la même situation. »6(*)Très peu de personnes croyaient encore en l'idéal communiste.

Au regard de tous ces problèmes, Gorbatchev lançait sa politique de reformes la perestroïka (la restructuration) et la glasnost (la transparence). Ces reformes avaient pour but de rendre plus efficient le système soviétique. Il devrait assurer aussi le maintien de l'Union Soviétique et le rôle prédominant du PC.

Les années de Brejnev7(*) qui durent de 1964 à 1982, sont caractérisées à la fois par une stagnation politique, économique et par la transformation de la société qui acquiert, de fait, une certaine autonomie face à l'Etat. La nouvelle équipe opte alors pour le conservatisme politique, tout en recherchant une meilleure efficacité sur le plan économique. Malgré tous ces efforts apportés, l'impasse économique dans laquelle se trouve le pays est patente à sa mort en 1982.La période brève d'Andropov et de Tchernenko de 1982 à 1985 ne changera pas la situation catastrophique c'est le recul de la productivité, stagnation économique, troubles généralisées dans les démocraties populaires dans laquelle se trouvait l'URSS. C'est dans cette situation trouble que Gorbatchev arrive au pouvoir le 11 mars 1985, au poste de Secrétaire Général du PCUS. Son arrivée représente une source d'espoir, de changement et de renouveau à l'intérieur comme à l'extérieur. Très rapidement, il fait le diagnostic de la crise structurelle, qui est avant tout économique, mais également sociale. Gorbatchev décide alors d'entreprendre des reformes pour insuffler un souffle nouveau à la vie politique, économique et sociale soviétique. Ces réformes permettront à l'URSS de refaire son retard accusé face aux Occidentaux et les Etats-Unis.

Au vu de tout ce qui précède, l'étude de Gorbatchev et la politique soviétique présente un double intérêt : d'une part elle est importante pour la compréhension de la politique que va mener Gorbatchev, d'autre part, révèle les aspects de l'échec de la politique de Gorbatchev et du rôle des conservateurs soviétiques dans l'effondrement de l'URSS. L'intérêt ici, c'est de prouver que, la politique de Gorbatchev a permis de frayer la voie de la liberté pour les peuples de l'Est et à instaurer un climat de détente et de collaboration avec la communauté internationale, notamment les Etats Unis.

2- CHRONOLOGIE

Pour comprendre Gorbatchev et la politique soviétique, nous analyserons la situation de 1985 jusqu'en 1991 c'est-à-dire de l'avènement de Gorbatchev à la tête de l'URSS, à la création de la Communauté des Etats indépendants.

En effet ,1985 est l'année d'accession au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev à l'âge de 54 ans qui marque de fait la rupture avec le passé. C'est le début d'une nouvelle ère. Cette année représente pour Gorbatchev la consécration d'une carrière politique exemplaire et en même temps un nouveau défi à relever, car son pays se trouvait très en retard par rapport aux Occidentaux. Période à laquelle Mikhaïl Gorbatchev tentera de donner une nouvelle orientation à l'économie du pays par des réformes du système soviétique. Il ouvre davantage son pays au monde extérieur en assouplissant ses relations avec la communauté internationale.

L'année 1985 également représente pour les soviétiques le début d'une nouvelle ère. C'est une année d'espoir pour ce peuple qui est resté pendant longtemps dans la dictature de ces vieux dirigeants. L'avènement de Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l'URSS semble être le choix d'un peuple qui est dans le désarroi. Car en moins de trois ans il a perdu des principales figures du pays. C'est pourquoi les membres, du Comité Central du PCUS, le plus souvent très âgés, choisissent Mikhaïl Gorbatchev qui semble être le plus apte à sortir le pays de la situation de faillite. Nous constatons que cette date marque aussi une période de prise de conscience populaire sur la nécessité de reformer le système soviétique.

L'année 1991 est marquée par la démission de Mikhaïl Gorbatchev et de la dislocation de l'URSS. Elle représente pour Gorbatchev l'échec de sa politique de réformes du système soviétique et aussi la fin de sa carrière politique sur le plan national et international.

En fait, en cette année 1991, le débat politique se voit négliger au profit de la question du passage à l'économie de marché pour se concentrer sur l'avenir de l'URSS et sur la question des nationalités. D'un côté le PCUS soutient et félicite des actions engagées contre les tentations indépendantistes, de l'autre côté, les démocrates, l'Eglise, ainsi que diverses organisations soutiennent les évolutions démocratiques et prônent le respect des choix. Cette année représente aussi pour les soviétiques un nouveau départ de leur histoire avec la création de la C.E.I. Ils ont pris leur indépendance après la dislocation de l'URSS.

3 - CADRE GEOGRAPHIQUE

Née le 22 décembre 1922, l'URSS est un vaste Etat fédéral, multinational dans lequel s'inscrit républiques fédérées, républiques autonomes, districts et territoires nationaux. Elle est située en Europe centrale, orientale et regroupe tous les pays centraux et orientaux européens. Elle est composée de quinze républiques fédérées, à savoir la république socialiste d'Arménie, d'Azerbaïdjan, de Biélorussie, de Moldavie, de Russie, du Tadjikistan, de Géorgie, de Kazakhstan, de Turkménistan, d'Ukraine, d'Ouzbékistan, de Lituanie, de Lettonie, d'Estonie et du Kirghizistan. Sa capitale est Moscou « et occupe 1/6 des terres émergées avec une superficie de  22.400.000 km2 sur laquelle vit une population estimée à plus de 289 millions d'habitants. C'est le pays le plus vaste et le plus étendu du monde et se classe au troisième rang mondial après la Chine et l'Inde pour la population.  C'est un pays qui n'est pas semblable aux autres. C'est presqu'un continent où se rencontre l'Europe et l'Asie ».8(*)

A ces frontières, nous avons : Au Nord-Ouest l'océan Atlantique, la Norvège, la Finlande, la Mer Baltique, à l'Ouest la Mer Noire, la Pologne, la Roumanie, la Turquie, au Sud-ouest la République Islamique d'Iran, l'Afghanistan, la Mer Caspienne et enfin au Sud-est la République populaire de Chine, la Corée du Nord et la Mongolie.

CARTE DE L'URSS EN 1985

II - ETAT DE LA QUESTION

L'ensemble des ouvrages qui ont concouru à la réalisation de ce travail peut être regroupé en trois aspects.

1 - Aspect politique

Martin Malia, dans La tragédie: histoire du socialisme en Russie 1917-1991 fait un récit global de l'évolution du communisme soviétique sur soixante quatorze ans, des origines à sa fin. L'auteur fait un essai d'analyse et d'interprétation du phénomène soviétique. Cependant il ne met pas en exergue le rôle majeur joué par Mikhaïl Gorbatchev dans la dislocation de l'empire soviétique, encore moins ne montre- il pas les limites de la politique de Gorbatchev pendant ses six ans de règne.

C'est Andrei S. Gratchev, dans l'histoire vraie de la fin de l'URSS qui retrace avec passion, mais sans complaisance, la véritable histoire des derniers mois du règne de celui qui fut à la fois le dernier Tsar rouge et le premier réformateur de l'empire soviétique. En nous faisant partager ses espoirs et ses doutes, ses victoires dérisoires et ses cuisantes défaites face à la coalition des barons républicains avides de pouvoir, l'auteur nous permet d'entrée de plein pied dans la nouvelle réalité de la CEI et nous donne les clés pour comprendre l'attitude, le caractère et le politique des nouveaux maîtres de l'ancienne URSS. Toutefois cet ouvrage présente des limites. L'auteur ne nous donne pas tous les aspects de la politique enclenchée par Mikhaïl Gorbatchev. Il ne fait qu'un récit des faits vécus.

Quant à Jacques Baynac, dans la révolution Gorbatchévienne qui présente une analyse de la politique soviétique, l'auteur s'est efforcé d'intégrer une actualité intense. L'auteur s'est assigné pour objectif de montrer les développements de la pensée Gorbatchévienne. Pourtant, cette oeuvre présente une faiblesse qui tient dans le fait que l'auteur ne relate pas les problèmes que l'URSS présentait avant l'arrivée de Gorbatchev. Il ne parle non plus de la situation de l'URSS sous le règne de Brejnev.

2- aspect économique

Abel G. Aganbeguian, dans la Perestroïka le double défi soviétique concerne la Perestroïka de la vie économique, il traite des problèmes posés et les tâches à accomplir. L'auteur décrit tous les multiples aspects de la Perestroïka (accélération du développement socio-économique). Il retrace le fonctionnement de l'économie Russe et donne comme solution la perestroïka. Mais il faut noter que celui-ci ne met pas l'accent sur la situation économique de l'URSS qui a poussé Mikhaïl Gorbatchev à adopter sa politique de reforme. De plus, il ne parle pas de l'échec de la Perestroïka n'évoque même pas les insuffisances de cette reforme.

Histoire de la Perestroïka de Pascal Lorot fait une analyse de l'économie soviétique avant l'avènement de la Perestroïka. Ensuite, il fait la description de l'histoire Soviétique. Et enfin, il montre les oppositions que celles-ci a reçues de la part des conservateurs. Pascal Lorot n'a pas montré les limites de cette politique de reforme. Il s'intéresse peu à la vie économique de l'URSS pendant la gouvernance de Gorbatchev. Il ne retrace que les évènements qui ont marqué les années de Gorbatchev.

L'ouvrage de Pierre Georges, l'économie de l'URSS fait l'état des lieux de l'économie soviétique, de la création de l'Union Soviétique jusqu'à sa dislocation. Pierre Georges fait une description pour montrer l'aspect géographique de l'URSS et présente la multiplicité de la population dans le développement de l'URSS. Mais cette oeuvre présente des limites au niveau de l'organisation de la société et de la vie des nationalités vivantes sur le sol soviétique. L'ouvrage ne fait pas ressortir la politique économique mise place par Gorbatchev.

3 - Aspect social

Dans l'ouvrage de Basile Kerblay, la société soviétique contemporaine et celui de Nicholas V. Riasanosky, histoire de la Russie des origines à 1996, donnent une idée générale sur la société soviétique, mettent en relief les fondements de la société jusqu'à sa chute. La société soviétique est une société complexe qui présente plusieurs facettes. Elle a une organisation un peu difficile qui est victime d'une dictature du PCUS. Les deux auteurs ne mettent pas trop l'accent sur la vie des populations soviétiques et ne montrent pas les difficultés rencontrées par cette population. Ils ne mettent pas l'accent sur les différents maux de la société soviétique.

III - PROBLEMATIQUE

A la fin de l'époque brejnévienne, le bloc socialiste se trouvait dans une situation très déplorable. La société civile indépendante était en grande partie en exil, alors que la corruption au sein de l'Etat via le P.C, était devenue légendaire. De plus, l'URSS devait consacrer une énorme partie de son budget à l'armée.

Sur le plan international, l'URSS avait perdu beaucoup d'alliés, car son modèle social séduisait de moins en moins, sans parler du rejet que provoquait la guerre en Afghanistan depuis 1979. Dans les pays satellites les régimes totalitaires étaient remis en cause. L'URSS qui était en pleine crise économique éprouvait des difficultés à soutenir les partis locaux de ses satellites. Il était donc temps d'entreprendre des reformes pour sauver l'Union Soviétiques de ces difficultés. C'est dans cette atmosphère inquiétante qu'arrive Mikhaïl Gorbatchev, nouveau dirigeant de l'URSS. Il va donc lancer sa politique de reforme perestroïka et glasnost pour réorganiser le système soviétique afin d'atteindre le niveau de développement des Occidentaux. Mais l'échec de ces reformes causeront l'effondrement du bloc communiste et la disparition de l'URSS.

En quoi est ce que l'avènement de Gorbatchev marque un tournant décisif dans la politique soviétique ? Quelle a été l'influence de sa politique sur la société soviétique et le reste du monde ? Quel a été le rôle joué par Gorbatchev dans l'évolution du monde soviétique ?

1 - Objectif général

Nous voulons par cette étude montrer le rôle joué par de Mikhaïl Gorbatchev dans les reformes entreprises en l'URSS.

2 - Objectif spécifique

- montrer la situation dans laquelle se trouvait l'URSS en 1985 ;

- mettre en relief l'avènement de Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l'URSS et les fondements de ses reformes ;

- faire ressortir l'impact des reformes sur l'URSS et le reste du monde.

3 - Les hypothèses

- La politique soviétique au plan interne était caractérisée par le conservatisme,

- L'économie soviétique à cause de l'immobilisme accusait un retard par rapport à celle de l'Occident,

- La société soviétique était caractérisée par la pauvreté,

- Les nombreuses inégalités sociales avaient constitué des entraves à la cohésion de la société globale,

- Les réformes s'imposaient à l'URSS pour remodeler sa société,

- L'échec des réformes est lié à l'opposition entre conservateurs et libéraux.

IV - LA METHODOLOGIE

Pour rendre compte de l'action de Gorbatchev et de la politique soviétique de 1985 à 1991 soit de l'avènement de Gorbatchev à la tête de l'URSS jusqu'à la dislocation de ce pays, nous avons rassemblé et sélectionné les sources qui ont un rapport avec le présent sujet. Cela nous a permis d'exposer les faits, de disposer dans une chronologie de sorte qu'ils fassent ressortir les différentes étapes qui nous conduisent de 1985 à 1991. Ce travail relate l'histoire de l'Union Soviétique de 1985 à 1991. C'est l'aboutissement d'une série de recherches bibliographiques menées à travers la ville d'Abidjan afin de réunir les documents nécessaires pour la réalisation de cette étude.

Nous ne saurions continuer cette analyse sans faire mention des difficultés rencontrées. Elles ont été énormes. Tout d'abord le difficile accès aux sources, car l'Union Soviétique se trouve sur un continent autre que l'Afrique. Et ensuite la difficile traduction des sources et des ouvrages car, ils sont pour la plupart en anglais et en russe, des langues que nous ne pratiquons pas. Pour cela, nous avons bénéficié de l'aide de certains spécialistes de la langue russe et anglaise pour la traduction des textes.

1 - Sources d'archives

Pour conduire notre étude, nous avons utilisé un certain nombre d'informations. En effet, dès le choix de ce sujet, nous étions très conscient des difficultés qui nous attendaient quant aux sources d'information relative à Gorbatchev et la politique soviétique. Il était par conséquent important d'avoir accès aux sources d'archives, ce qui a été très difficile pour nous. Mais grâce à la représentation diplomatique qui se trouve dans notre pays nous avons eu accès à un recueil d'archives intitulé Cold War International History Project. Ces différents textes nous ont donnés un éclairage sur notre étude. Ce recueil traite de la période de stagnation de l'URSS et de la politique que Mikhaïl Gorbatchev a mise en place. Outre ce document, notre étude s'est enrichie également par une masse de donnée issue de la presse qui constitue d'ailleurs notre principale source. Ils sont pour la plus part de la presse Occidentale comme le Monde Diplomatique, le Monde, Libération, Paris Match, le Nouvel Observateur, et de la presse de l'URSS tel que Novosti, la Pravda.

2-Sources orales

Les sources orales sont ici une série d'entretiens que nous avons effectués auprès d'anciens acteurs du système soviétique. Ces données ont contribué à combler le manque de renseignements sur toute la société soviétique qui fait tant défauts dans les documents écrits. Il était donc important de faire appel aux témoignages des personnes qui ont vécu cette période ou ceux à qui on a transmis quelques connaissances afin de faire des confrontations. Ainsi, pour la réalisation de ce travail, nous avons entrepris une série d'enquêtes auprès des russes vivant sur le sol ivoirien, et de certains russes venus en Côte d'Ivoire pour des visites d'amitié. Pour ces enquêtes, nous avons élaboré un questionnaire. L'enquête était individuelle et collective. Nous avons adopté le procédé du questionnaire indirect, semi direct et direct afin de permettre à nos enquêtés de dire tout ce qu'ils savent sur Gorbatchev et la politique soviétique qui puissent nous aider à vérifier certaines informations déjà recueillies.

Pour l'exploitation des informations recueillies, nous avons procédé à une étude thématique des textes à travers une analyse de description, de transcription et de comparaison.

D'abord, l'analyse de transcription. Elle s'est faite en deux étapes. Il y a la traduction littérale et la traduction propre.

La première traduction nous permettra de donner dans la langue de traduction le correspondant de tous les mots dans son contexte en tenant compte du contexte sémantique. Quant à la deuxième traduction, elle nous donnera toujours de cette langue les énoncés du texte. Il faut noter que ces opérations de traduction ont été d'un apport capital pour nous, car nous avons pu avoir une meilleure compréhension des contenus des textes.

Ensuite l'analyse descriptive, elle nous a servi à aboutir à la connaissance des informations selon les différents thèmes choisis pendant l'enquête. Cette analyse a contribué ensuite à bien mettre à jour notre thème d'étude et à extraire, à sélectionner les différents éléments significatifs à nos informations recueillies.

Enfin l'analyse comparative quant à elle sert à établir les différences et les analogies entre des textes écrits. Cette importante analyse s'est imposée à nous eu égard à la pluralité des textes oraux et la multiplicité des textes nécessaires à la vérité.

En somme, toutes ces analyses tiennent leur utilité du fait qu'elles ont rendu possible la synthèse des renseignements, mais aussi ont permis de vérifier la véracité de certaines informations recueillies issue des archives, la documentation globale consultée au cours de nos investigations. Elles ont de ce fait pallié les insuffisances et les omissions contenues dans les livres, aussi de faire ressortir la vérité. Toute chose qui a contribué à rétablir les faits dans leur vérité historique.

En ce qui concerne les entretiens, nous avons bénéficié de l'aide de Kouamé Koffi Bertrand, homme d'affaire ivoirien vivant à Moscou qui est venu à Abidjan avec Andreï Gratchev, ancien conseiller du président Gorbatchev et auteur de nombreux ouvrages sur la question, pour une visite d'amitié. Nous les avons rencontrés à Abidjan dans les locaux de l'Ambassade de la Russie en Côte d'Ivoire au quartier de la Riviera Golf.

Nos échanges ont porté sur la situation de l'URSS lorsque Gorbatchev engage ses reformes, sur l'attitude de la population soviétique vis-à-vis de ces réformes et les limites de celles-ci.

A cela il faut ajouter l'entretien avec Oleg Vladimirovitah diplomate russe vivant sur le sol ivoirien grâce à Agathe Bitah, attaché culturel à l'ambassade de Côte d'Ivoire en Russie. Il a porté sur le comportement de la société russe avant l'avènement de Gorbatchev et les effets de la politique de celui- ci sur l'ensemble de l'empire soviétique.

Il ressort de l'entretien avec Gratchev que la politique de reforme était urgente et nécessaire dans un système soviétique en pleine décadence. Ce système avait atteint ses limites. Mais la population qui était longtemps opprimée acquiert une certaine liberté et connut les vrais problèmes de leur pays. D'où le désir d'indépendance des pays qui composaient l'union soviétique.

Quant à Oleg Vladimirovitah, l'URSS a été simplement victime du complot des Occidentaux. Il voit cependant une nouvelle vision pour la Russie actuelle et considère que le passé de l'ex-URSS ne doit pas agir dans la Russie nouvelle. Il fait plutôt l'éloge de la nouvelle Russie, de la création de la C.E.I à aujourd'hui ce qui dépasse largement notre cadre d'étude. Ils préfèrent plutôt parler de l'URSS en tant que puissance mondiale mais pas plutôt qu'un pays au bord du gouffre.

3 - Les sources bibliographiques

Les ouvrages utilisés sont nombreux et diversifiés, car ils proviennent de plusieurs auteurs de différentes nationalités. Ils relatent la situation qui a prévalu avant l'avènement de Gorbatchev, pendant ses années au pouvoir et après la dislocation de l'URSS. Ces ouvrages sont subdivisés en plusieurs catégories.

D'abord, nous avons les ouvrages généraux qui s'intéressent d'une manière générale de l'URSS, de sa formation à sa dislocation.

Ensuite, les oeuvres spécialisées qui traitent de la vie de Gorbatchev et de sa politique en l'URSS. Celles- ci retracent la situation proprement dite de l'empire soviétique avant son effondrement.

Et enfin, des ouvrages qui examinent la politique étrangère et intérieure de l'URSS, des organisations de la société soviétique et de l'impact du Parti Communiste de l'Union Soviétique (PCUS) sur la population soviétique.

4 - Les bibliothèques virtuelles

Nous avons consulté des bibliothèques virtuelles sur Gorbatchev et la politique soviétique qui sont :

*la bibliothèque et archives du Québec ( www.bnquebec.ca);

*la bibliothèque de l'Université du Québec ( www.biblothèques.uqam.ca);

*European Navigator de Luxembourg ( www.ena.lu)

* www.diploweb.com

*www.fr.rian.Ru

Ces bibliothèques nous ont permis de faire une analyse minutieuse sur Gorbatchev et la politique soviétique, d'approfondir nos recherches sur le monde soviétique. Mais il faut noter que toutes ses sources présentent aussi des faiblesses, car ceux qui relatent de Gorbatchev et la politique soviétique le font souvent avec passion ou avec dédain. Dans de telles conditions il est difficile de mener à bien une analyse objective.

V - PRESENTATION DU PLAN

Ces sources et cette bibliographie nous ont permis de regrouper les informations nécessaires, de montrer Gorbatchev et la politique soviétique de 1985 à 1991. Cette étude suivra trois centres d'intérêt.

Le premier centre d'intérêt est consacré à l'URSS de l'accession de Gorbatchev au pouvoir en 1985. Il est divisé en trois chapitres. Le premier chapitre traite de l'organisation politique et administrative de l'URSS. Il est caractérisé par la situation politique interne comme externe de l'URSS et du système administratif soviétique. Le second chapitre s'attarde sur l'activité économique. Il va donc montrer l'état de l'agriculture soviétique et de la situation de l'industrie soviétique. Le dernier chapitre traite de la société soviétique et les problèmes rencontrés par celle-ci.

Le second centre d'intérêt traite de l'avènement de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir et des reformes politiques, économiques et sociales 1985-1986 engagées. Cette partie est marquée dans son premier chapitre par une biographie sommaire de Gorbatchev. Il retrace l'origine de l'homme, sa vie sociale, son parcours politique et son accession au pouvoir en 1985. Le deuxième chapitre s'intéresse aux principales reformes de Gorbatchev, c'est-à-dire la glasnost et la perestroïka. Le troisième relate les limites de ces réformes. Il sera question des différents problèmes politiques et des problèmes de la société rencontrés au cours de la mise en oeuvre de sa politique de réforme.

Le dernier centre d'intérêt montrera l'impact de ces réformes dans les relations internationales. Il est scindé en deux chapitres dont le premier traite des relations entre l'URSS et les pays du monde communiste. Il est relatif aux contestations internes, à la dislocation de l'URSS et du bloc soviétique. Le second s'intéressera au rapprochement entre l'URSS et l'Occident. Il est axé autour de deux mouvements, à savoir les facteurs du rapprochement et les conséquences de celui-ci.

PREMIERE PARTIE :

L'URSS A L'ACCESSION DE GORBATCHEV AU POUVOIR EN 1985

Depuis la mort Staline en 1953, la politique soviétique connaît un grand bouleversement, plus où moins radical, selon les dirigeants qui se succèdent à sa tête. Nikita Khrouchtchev qui succède à Staline, entame une politique de déstalinisation qui s'ouvre sur une période de relative détente dans la guerre froide. Cependant, le travail et les efforts de Nikita Khrouchtchev, tant sur le plan national qu'international sont anéantis lorsqu'à son éviction, Léonid Brejnev prend la tête du parti donc du pays. Débute ainsi une période de regel, d'immobilisme qui replonge l'URSS dans la léthargie. Le pays accuse de ce fait beaucoup de retard sur le reste du monde et le régime se radicalise, devenant même plus répressif. La liberté d'expression et la presse sont muselées par une censure intransigeante. Cette période de stagnation politique, économique et sociale dure jusqu'en 1982 année où Brejnev meurt. Iouri Andropov, ancien directeur du KGB9(*) (1967-1982) qui perçoit les faiblesses du système et tente de le reformer. Il n'aura malheureusement pas le temps car il meurt en 1984 deux ans après son accession au pouvoir.

C'est alors que Konstantin Tchernenko prend la tête du pays. Il retourne au communisme pur et dur de l'ère Brejnev et moura treize mois plus tard c'est-à-dire le 10 mars 1985. A sa mort l'URSS était en pleine ruine. L'organisation politique et administrative, l'activité économique et la situation sociale de l'URSS sont de plus en plus dégradées. C'est cette situation préoccupante de l'URSS que nous allons analyser durant toute cette partie.

CHAPITRE I : L'ORGANISATION POLITIQUE ET

ADMINISTRATIVE DE L'URSS

Après la seconde guerre mondiale, le système soviétique connut une évolution très rapide. Ce système qui était basé sur une doctrine politique communiste fondé sur la dictature du prolétariat, la domination d'un parti le PCUS et une économie planifiée a séduit bons nombres de pays. Mais au fil des années ce modèle connaitra des difficultés dans sa mise en oeuvre. L'analyse de la politique et de l'organisation de son administration nous permettra de mieux cerner les problèmes rencontrés.

I-LA SITUATION POLITIQUE DE L'URSS

Le blocage de la politique soviétique peut se percevoir aussi bien sur le plan national qu'international.

1- Au plan intérieur

Pendant les années de gestion du pouvoir de Khrouchtchev (1953-1964), Brejnev avait approuvé la dénonciation de la dictature de Staline, la réhabilitation des victimes des purges10(*)et la libéralisation limitée de la vie politique et intellectuelle soviétique. Mais dès que Brejnev accède au pouvoir, il fait arrêter les reformes entamées par Khrouchtchev et reprend la réhabilitation insidieuse de Staline. Il va étouffer progressivement la liberté d'expression des intellectuels. La police politique (le KGB) se voit octroyer des pouvoirs de contrôles et de répression accrus et perfectionnés contre toutes formes de dissidences. Brejnev s'entoure de membres permanents (apparatchiks) du PCUS et son pouvoir devient une véritable gérontocratie. Il maintient les privilèges de ces membres permanents qui forment son appui politique. Ce gouvernement d'hommes âgés entraîne toute la politique soviétique sur une pente conservatrice.

Durant les années 1970, Brejnev consolida sa position dominante au sein des instances dirigeantes. Pendant ces années passées à la tête de l'URSS, toute sa politique intérieure sera axée sur sa personne. Il cumule les fonctions de chef de l'Etat, de chef de gouvernement, des armées et de Secrétaire Général du PCUS. Brejnev finit par être l'homme le plus décoré de l'URSS, son oeuvre écrite était éditée plusieurs fois et son nom auréolé de louanges. Il revient donc au bon vieux temps du stalinisme. En 1977, Brejnev et son équipe adoptent une conception du pouvoir, dans laquelle le PCUS joue le « rôle dirigeant»11(*). Le PCUS est donc le moteur du fonctionnement de la vie politique soviétique. C'est le PCUS qui prend à toutes les échelles les décisions du pays. Toute cette situation intérieure reflète bien l'image du système soviétique à l'extérieure.

2- Au plan international

Lorsque Brejnev arrive au pouvoir, la puissance soviétique semblait moins solide dans l'arène internationale. L'URSS était confrontée par une crise interne et externe. L'Union Soviétique était très en retard sur les Etats -Unis. Elle ne pouvait plus se lancer dans une course à la conquête de l'espace. Les succès initiaux de la course à l'espace furent éclipsés car l'URSS est dans l'incapacité d'envoyer un cosmonaute sur la lune comme les Etats -Unis.

Ainsi envers les satellites Est-européens, la position adoptée par les dirigeants soviétiques est marquée par la doctrine Brejnev ou la doctrine de la souveraineté limitée qui veut que Moscou se mêle des affaires intérieures des pays membres du bloc socialiste lorsque les intérêts de l'URSS sont menacés. C'est dans cette perspective que les troupes du Pacte de Varsovie interviennent en 1968 en Tchécoslovaquie contre le printemps de Prague pour rétablir un ordre favorable aux soviétiques, lorsque le tchécoslovaque Alexandre Dubcek a tenté de procéder à une libéralisation de son pays qui aurait pu gagner les autres Etats du bloc communiste. C'est ainsi qu'ils remplacèrent le gouvernement par des hommes dévoués à l'Union Soviétique. Cette intervention brutale marqua pour deux décennies les limites de l'autonomie que Moscou laissait à ses satellites. Brejnev est par ailleurs soucieux de défendre et même d'étendre le bloc socialiste comme c'est le cas dans les années 1970 notamment en Afrique, en Asie et en Amérique Latine.

En effet, dans les années 1970 on assiste à un repli américain après la guerre du Vietnam. Battus et traumatisés au Vietnam, les Etats-Unis traversent donc une crise de confiance et limitent leurs interventions à l'extérieur. Cette crise de confiance intervient pendant la présidence du démocrate Jimmy Carter élu en 1976. A cette période s'ouvre une période d'hésitation pour la diplomatie Américaine. D'abord le scandale Watergate qui avait obligé le président Nixon à démissionner en 1974. A cela s'ajoute le retrait sans victoire, ni gloire au Vietnam. Toute l'Amérique souffre de cette défaite du Vietnam. Les vétérans de la guerre sont mal accueillis par la population. Ce sont des soldats de l'échec et de la défaite. Ils sont rejetés de partout et par tous les Américains. Le doute de l'Administration Américaine va encore s'accentuer avec la prise d'otages des membres de l'ambassade américaine à Téhéran en 1979. Pendant cette période leur allié, le Shah est renversé par une révolution islamique menée par l'ayatollah Khomeiny.

Tous ces faits mettront les Etats-Unis dans le doute et la voie sera libre pour l'expansion du communisme dans le monde. C'est ainsi que Brejnev va en profiter pour étendre et défendre le bloc communiste partout. Cette expansion se fera soit directement soit par pays interposés. L'URSS appuie donc tous les pays qui sont proches d'elle idéologiquement.

En Afrique, la décolonisation profite à l'instauration du communisme car elle est constituée d'Etats économiquement faibles et politiquement instables. L'indépendance de ces pays est récente et les pouvoirs sont fragiles.

En Amérique Latine, le désengagement américain laisse le champ libre aux forces révolutionnaires qui parviennent parfois à prendre le pouvoir. C'est le cas en 1979 dans l'île de la Grenade, mais aussi au Nicaragua où le dictateur Somoza, abandonné par les Etats-Unis, est renversé par une révolution de type marxiste menée par les Sandinistes de Daniel Ortega.

En Asie, l'URSS porte son soutien au Vietnam communiste réunifié depuis 1975. Les soviétiques envahissent l'Afghanistan en 1979 pour soutenir le Parti Communiste Afghan.

Mais il faut noter que Brejnev n'a pas eu une politique agressive seulement. Il a opté aussi pour la détente des relations Est-ouest dans le but de refaire le retard de l'URSS sur les Etats Unis. C'est ainsi qu'il signe en 1968 le traité de non prolifération des armes nucléaires. On entend par la non prolifération des armes nucléaires l'augmentation du nombre d'Etats possédant ces armes. « Le but des deux superpuissances est de préserver au maximum leur monopole sur cette arme (et donc leur supériorité). Mais cette politique sera inaugurée par la visite du président américain Richard Nixon à Moscou en mai 1972 et la signature à cette occasion de l'accord SALT I sur la limitation des armes stratégiques. Ils se mettent d'accord pour limiter leur production de certains types d'armes (missiles intercontinentaux à longue portée pouvant atteindre leurs territoires, les ICBM). Ce traité SALT I est suivi en 1979 d'un second accord SALT II visant à poursuivre ces limitations. Le point culminant de la détente fut la signature de l'acte final d'Helsinki en 1975 entre l'URSS et l'ensemble des européens et Nord américains qui consacrent quelques principes. »12(*)

Le premier principe donne satisfaction aux Soviétiques en garantissant l'inviolabilité des frontières européennes. Les frontières issues de 1945 sont donc acceptées, en contrepartie les Soviétiques acceptent que les Etats participant respectent les droits de l'homme et les libertés fondamentales y compris de conscience et religieuses.

Le second principe devait favoriser la coopération entre Etats sur l'économie, la science, la technique. Malgré les différents traités, la période correspond à une augmentation considérable des armements, en particulier pour l'URSS avec une volonté de rattraper son retard. On assiste donc à une course aux armements non plus sur les quantités d'armements parfois limités, mais sur leurs capacités. Par exemple, si le nombre de missiles est désormais limité, on construit des missiles à tête multiples c'est-à-dire contenant plusieurs nucléaires. L'URSS à partir de 1980 commence à tester de nouveaux missiles de moyenne portée qu'elle veut installer en Europe : les SS 20.

La réplique américaine avec le président Ronald Reagan est immédiate. « Il décide alors une forte augmentation des dépenses militaires et prend des mesures pour contrer les Soviétiques notamment avec l'installation en Europe de l'Ouest de fusées Pershing II missiles de croisière susceptible d'atteindre le territoire soviétique en 1981.A cette situation de bataille des euromissiles en Europe, il faut mentionner l'envahissement de l'Afghanistan par les soviétiques en 1979 ce qui fait que le sénat américain ne ratifie pas les SALT II. »13(*) L'invasion de l'Afghanistan marque le retour des tensions entre les deux superpuissances. La situation reste tendue entre les deux jusqu'en 1983 où le président américain Ronald Reagan annonce l'Initiative de Défense Stratégique (IDS). Il s'agit en effet d'installer des satellites visant à réaliser un bouclier spatial destiné à protéger le territoire américain en détruisant en vol, grâce à un réseau de canons à lasers placés sur orbites tous les missiles provenant des bases de l'adversaire. Toute cette volonté de l'URSS de se hisser au même niveau que les Occidentaux n'a pu se réaliser à cause de son système administratif lourd.

II-LE SYSTEME ADMINISTRATIF

1- L'organisation du pouvoir

L'URSS est un Etat multinational constitué selon le principe du fédéralisme socialiste, par suite de la libre autodétermination des nations et l'association librement consentie des Républiques Socialistes Soviétiques égale en droit. C'est donc fédéré l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques de Russie, de l'Ukraine, de la Biélorussie, d'Ouzbékistan, de Kazakhstan, de Géorgie, d'Azerbaïdjan, de Lituanie, de Moldavie, de Lettonie, de Kirghizistan, de Tadjikistan, d'Arménie, du Turkménistan et d'Estonie.

La gestion de ces quinze (15) territoires est rendue possible grâce à une répartition du pouvoir entre le «peuple, l'Etat et le parti »14(*). Le peuple soviétique élit un parlement bicaméral, le soviet suprême et l'Etat exerce son autorité par l'intermédiaire d'un gouvernement et une administration très nombreuse. L'organisation même de l'Etat repose sur les soviets (les comités ou les conseils). Ces soviets forment une sorte de pyramide, où à la base se trouve les très nombreux soviets de villages, de petits bourgs, de villes et au sommet de cette pyramide se trouve le soviet suprême de l'URSS. Entre ces deux extrémités se trouvent toujours élus au suffrage universel de nombreux échelons intermédiaires le soviet de région, le soviet de république etc....

C'est dire que dans chaque République fédérée jusqu'au dernier village, nous avons le soviet des députés qui n'était qu'une assemblée fantôme. Elle était subordonnée au supérieur et cela jusqu'au soviet suprême de l'URSS. En même temps, chacun d'eux nommait son comité exécutif qui était soumis à une autre subordination vis-à-vis du soviet qui l'avait élu et de l'exécutif du niveau supérieur et cela jusqu'au gouvernement de l'Union. Ainsi donc le « soviet suprême de l'URSS est l'organe supérieur du pouvoir d'Etat de l'URSS»15(*). Il nomme le conseil des ministres et décide des lois.

Parallèlement aux soviets, les organisations des syndicats et surtout du P.C exercent de très grands pouvoirs. En effet, toute cette organisation territoriale et administrative n'était qu'un décor. Le véritable pouvoir dans tous les domaines de la vie était aux mains du P.C. Les organisations de base du parti, les cellules, se situent sur le lieu du travail. Les communistes se trouvent au premier plan de l'entreprise industrielle, agricole et de l'administration. Ces organisations fonctionnent dans le cadre d'une structure qui épouse celle de l'Etat : République fédérée, région, district, arrondissement, commune.

Quant à l'organisation centrale du parti, elle respecte un schéma assez simple. Nous avons le Comité Central du parti en premier lieu qui « est dans le système soviétique, un maillon décisif du pouvoir et le lieu où se rassemble l'élite politique qui dirige l'URSS16(*)Il se réunit au cours d'un congrès où le programme du parti est établi, après avoir jugé de l'application de la politique précédemment définie, adopte les grandes orientations valables pour les années à venir.

En second lieu, nous avons deux organes essentiels qui sont les véritables centres de décisions : le politburo qui est le bureau politique et le secrétariat du P.C. Ces organes importants sont deux instances beaucoup plus restreintes dont l'activité est permanente ou quasi permanente. Le Comité Central possède un secrétariat dont la mission est de veiller à l'application des décisions du parti. Il est composé de dix (10) à vingt (20) membres, et est dirigé par le Secrétaire Général qui est reconnu comme chef du parti. Cet organe d'action, le secrétariat du Comité Central, dispose de services importants composés d'agents de qualité qui lui permettent de suivre des organes de l'Etat.

Quant au bureau politique, c'est un organe restreint qui comprend entre dix (10) et trente (30) membres qui dirigent le parti dans l'intervalle des réunions du Comité Central. C'est un « véritable gouvernement qui impose ses décisions aux autres institutions politiques17(*)

Pour résumer, nous pouvons dire que la réalité du pouvoir en URSS est entre ses trois organes. D'après Merle Fainsod « le vrai parlement de l'URSS c'est le Comité central du parti ; le vrai gouvernement est le politburo ; et le vrai premier ministre est le secrétaire général »18(*)Toute cette situation nous montre que les dispositions prise par la constitution soviétique n'est que décorative. En réalité le P.C est le détenteur de tous les pouvoirs en URSS. Il joue un rôle dirigeant.

2- Le rôle dirigeant du PCUS

Le système soviétique est basé sur un système de parti unique. Dans ce système le PCUS est considéré comme le noyau de l'administration soviétique et politique. C'est compte tenu de ce développement du système qu'en 1977 Brejnev remplace la constitution stalinienne de 1936 par un nouveau texte. Il donne libre choix aux membres du PCUS de gérer tous le pays. Le PCUS est représenté à tous les niveaux de l'administration d'où le nombre considérable de ses membres en 1985estimé à «seize million »19(*).

Par ailleurs, c'est officiellement pour la première fois que le rôle dirigeant du P.C est dit : «il  est la force qui dirige et qui oriente la société soviétique, il est le noyau de son système politique, des organisations d'Etat et des organisations sociales. Le parti communiste de l'union soviétique existe pour le peuple, est au service du peuple. Armée de la doctrine marxiste léniniste, le PCUS définit la perspective générale du développement de la société les orientations de la politique intérieure et extérieure, dirige la grande oeuvre créatrice du peuple soviétique, confère un caractère organisée et scientifiquement fondé à sa lutte pour la victoire du communisme20(*)

Tout ceci pour dire que plus l'expérience socialiste dure, plus la dépendance de l'Etat au parti n'est reconnue. Pour sa mainmise sur toutes les activités du pays, le parti « est tout à la fois organe de décision et organe administratif, qui tantôt se confond, tantôt participe à la gestion de l'URSS. »21(*) Les communistes se trouvent dans tous les secteurs d'activités dans les entreprises, les industries, l'agricole, l'administration etc.... L'organisation du parti se confond avec l'organisation territoriale et politique de l'URSS. Il est présent dans toutes les sphères de la société soviétique. Le parti est omniprésent, il guide la société. L'appareil de l'Etat est largement affecté à l'enregistrement des directives du parti et à l'application de ces décisions.

Le PCUS est comme un agent de l'évolution de la société soviétique. Il est à la base de la formation politique et éducative de la population. Il donne des directives pour l'accomplissement du communisme en Union Soviétique. Mais au-delà de son action directive, il doit accomplir des missions concrètes variées rendues nécessaires par l'immensité de la tâche de construction d'une société communiste. Même si le communisme repose sur une base matérielle, il ne peut apparaître sans socle moral et culturel approprié. Aussi le parti a-t-il le devoir de combattre l'esprit bourgeois toujours renaissant et développer la conscience sociale nécessaire à l'épanouissement de la société.

Le parti veille à la formation des cadres. Ceux-ci sont nécessaires à celui-là, mais également à l'Etat dont tous les postes sont occupés du haut en bas de la hiérarchie par les communistes. Il en est de même pour les organisations sociales qui prolongent l'action du parti auprès des masses, afin de les mobiliser pour réaliser la démocratie sociale. L'unification de la société est aussi du ressort du parti communiste. Lorsque la société est multinationale, le parti a la responsabilité d'assurer la cohésion d'un ensemble disparate. Cela est accompli par l'intermédiaire des cadres, non choisis sur les critères nationaux qui prudemment mais fermement doivent agir dans la perspective d'une fusion des nations. Bien d'autres missions encore, à commencer par celle de contrôle, pourraient être évoquées à raison de la compétence universelle du parti.

Au terme de cette analyse, l'organisation politique de l'URSS est marquée par l'immobilisme à l'intérieur et l'extérieur. Le système administratif soviétique est marqué par l'organisation du pouvoir et le rôle dirigeant du parti communiste dans toute l'administration soviétique.

Mais quelle est donc l'organisation de l'activité économique soviétique ?

CHAPITRE II : LE SYSTEME ECONOMIQUE DE L'URSS EN 1985

L'URSS a eu la deuxième plus grande économie dans le monde après les Etats Unis. Son système économique était une économie planifiée. Elle connut des difficultés au début des années 1980.En effet, ces difficultés sont le résultat d'un demi-siècle d'immobilisme d'un système qui se fissure. Le système de planification centralisé instauré en URSS à la fin des années 1920 est resté pour l'essentiel inchangé pendant les cinquante années qui ont suivi. Ainsi, l'industrie, l'agriculture et bien d'autres activités ont connu les effets de cette planification centralisée.

Quel était donc l'état de l'agriculture soviétique et la situation de l'industrie soviétique ?

Il est question dans cette étape de la politique agricole de l'URSS, des difficultés de l'agriculture soviétique rencontrée d'une part et d'autre par de l'organisation de l'industrie de ces faiblesses.

I-L'ETAT DE L'AGRICULTURE SOVIETIQUE EN 1985

Il s'agit ici de traiter la politique agricole mise en place par les autorités soviétiques et des difficultés de cette agriculture.

1- La politique agricole de l'URSS

L'agriculture peut véritablement être considérée comme le maillon faible du système économique de l'URSS. Alors que dans la plupart des pays industrialisés, les agriculteurs représentent une minorité de la population active et que les récoltes sont supérieures aux besoins, la situation est l'inverse en URSS. L'application du principe de la propriété du peuple tout entier conduit à une situation où l'Etat possède la quasi-totalité des moyens de production, hormis la propriété individuelle. Cette propriété individuelle prend des formes diverses : il s'agit du petit commerce, de lopin de terre qui peuvent être remise en cause à tout moment par l'Etat. Ainsi, à la suite de la collectivisation22(*)dans les années 1930, l'agriculture soviétique était organisée en un système de fermes collectives (kolkhozes) et de fermes d'Etat (sovkhozes).

D'abord le kolkhoze « est une ferme collective constituant une exploitation autonome où les terres qu'elle utilise appartiennent à l'Etat, mais elle en a la jouissance perpétuelle »23(*).C'est dire que le kolkhoze est une exploitation agricole appartenant à un groupe de paysans qui ont en commun leurs terres, leurs outils et leur bétail.

Ainsi les membres des coopératives sont rassemblés volontairement ou de la force dans ces structures collectives ou ils remettent au kolkhoze leur terre, leur bétail, leur matériel agricole. Les familles paysannes sont des brigades de travail. Le kolkhoze est dirigé par une équipe d'élus,le plus souvent des membres P.C qui fixent à chaque brigade le travail à faire. La production agricole est en partie prélevée par l'Etat sous forme d'impôt. Le reste est vendu dans des magasins de l'Etat qui fixe le prix d'achat.

Les sommes obtenues sont alors partagées entre les paysans. « La rémunération du travail est calculée sur le système de journée de travail dont la valeur est différente selon la tâche accomplie. Les membres d'un kolkhoze avaient pour obligation de faire un minimum de jours de travail par an à la fois pour le kolkhoze lui-même et pour la collectivité rurale comme par exemple pour la construction de route. Les exigences étaient d'un minimum de 130 jours par an pour chaque adulte valide et de 5O jours pour un garçon âgé entre 12 et 16 ans.  Si des membres n'ont pas effectué ce minimum de travail requis les sanctions pourraient être la confiscation des terres privées de l'agriculteur et un procès devant un tribunal populaire qui pourrait entraîner trois à huit mois de travail forcé dans le kolkhoze où jusqu'à un an dans un camp de travail correctif. »24(*)

Par ailleurs, l'Etat soviétique fixait les objectifs de production pour chaque kolkhoze. Il était le propriétaire de tout le matériel de production les machines, la terre et le matériel agricole. L'Etat soviétique finançait  des stations de machines et de tracteurs (M.T.S) qui louaient leur matériel aux kolkhozes qui en faisaient la demande.

Mais au delà de ces unités de productions collectives, chaque membre des kolkhozes disposait d'un lopin de terre individuelle de 0,25 à 0,50 hectares. Sa production appartient aux paysans qui en disposent comme ils veulent. C'est cette propriété individuelle qui est arraché lorsqu'il ne respectait pas le minimum de travail par an. Ces kolkhozes couvraient chacun 400 à 1000 hectares au début de la collectivisation suivant les lieux et les qualités des terres. Ils passent à plus de 6000 hectares au début des années 1950.

Ensuite, les sovkhozes étaient une exploitation agricole appartenant à l'Etat dont les exploitants étaient des salariés. Les sovkhozes furent créés lors de l'expropriation des koulaks25(*)pendant la campagne de collectivisation lancée par Staline26(*). C'était généralement de très grandes superficies. La superficie moyenne d'un sovkhoze pendant les années 1930 était en moyenne 3600 hectares et au début des années 1980, elle était passée à 4500 hectares.

Les sovkhozes ont été créés au début des années 1918 et ont pris pour la plupart du temps les terres des domaines qui avaient été confisquées à la noblesse ou à la couronne russe. Dans ces sovkhozes les paysans sont des salariés de l'Etat c'est-à-dire des fonctionnaires et toute la production était la propriété de ce dernier. Le sovkhoze est le modèle d'organisation de l'agriculture qui avait la faveur des communistes soviétiques. Par son étendu, le sovkhoze permettait les regroupements des parcelles en vastes ensembles ce qui devait faciliter l'emploi du matériel moderne et aussi accroître la productivité du travail du paysan. Les conditions de vie étaient meilleures que dans les fermes collectives. Le sovkhoze devait également servir à convaincre les paysans coopérateurs à transformer leur coopérative en ferme d'Etat. Les travailleurs des sovkhozes étaient recrutés parmi les populations rurales sans terre.

Le rôle des sovkhozes dans l'agriculture soviétique progresse régulièrement au cours de l'époque soviétique. Le nombre de sovkhozes passe de moins de 1500 en 1929 à un peu plus de 23000 à la fin des années 1980. Cette rapide expansion s'explique en partie par la politique de fusion et de reconversion des kolkhozes en sovkhozes et, en partie, grâce à l'expansion des superficies cultivées à travers des programmes spéciaux comme « la campagne des vierges »27(*).

Notons que les kolkhozes et les sovkhozes ont été les deux principaux modes de production dans l'économie soviétique. « Leur production agricole a hissé l'URSS au premier rang mondial pour le blé 88000000 tonnes. La production a permis aussi à l'URSS d'être parmi les trois premières places pour la plupart des céréales et des cultures industrielles dans les années 1960. Car l'Etat soviétique à cette période  n'importait pas de grain, de très petites quantités de production d'animaux, peu de matières grasses et seulement du sucre. »28(*)C'est dire que ce système d'exploitation et de gestion est d'une importance pour le monde soviétique. La politique agricole mise en place en URSS a fait de ce pays le deuxième producteur mondial. Malgré ce rang, l'agriculture soviétique était confrontée à de nombreuses difficultés pendant plusieurs décennies.

2-les difficultés de l'agriculture soviétique

D'une façon générale on constate qu'il existe certains problèmes récurrents liés à l'agriculture soviétique. Ces problèmes seront abordés sous trois angles.

D'abord le premier problème est l'aspect climatique de l'URSS. Malgré d'immenses ressources de terre, de machines, d'industries chimiques et d'une grande main d'oeuvre rurale, l'agriculture soviétique reste relativement improductive. En effet, dans ce vaste pays on rencontre une diversité climatique qui cause beaucoup de préjudice à l'agriculture. Ces difficultés climatiques s'étendent presque sur toute l'étendue du territoire soviétique. Ce qui veut dire que «  l'ensemble du climat est rude : froid hivernal avec des sols parfois gelés en permanence (merzlota) et la boue du dégel (raspoutitsa). La sécheresse dans la partie sud du pays est fréquente .Cette sécheresse est accompagnée souvent avec de violents vents. Le sol de l'URSS est fréquemment médiocre, seulement 10% des terres soviétiques sont praticables. »29(*) Cette difficulté climatique fait que le pays a souvent de très mauvaises récoltes.

Le second problème de l'URSS est le poids de l'histoire pour l'agriculture. La collectivisation mise en place au début des années 1930 dans l'agriculture a bouleversé le système traditionnel soviétique. La multiplication des fermes d'Etat et des fermes collectives a réduit l'efficacité de la production avec la résistance des koulaks qui n'avaient plus de privilège. Il y avait aussi le délaissement de l'agriculture au profit de l'industrie sous l'ère stalinienne. La répression sévère de la période stalinienne a été fortement intériorisée par la plus grande partie de la population qui a abandonné tout esprit d'initiative : tout est attendu de l'Etat et du parti.

Enfin le troisième problème concerne la non maîtrise des structures mises en places pour la production. Ici le système est difficile à maîtriser par le centre de décision qui est unique. La masse grandissante d'informations et les nombreuses interactions des diverses composantes de l'économie rendent difficile la maîtrise de la production agricole par le centre qui peut se trouver submergé. La production insuffisante est due à l'ampleur des besoins de la population qui s'accroît rapidement, à des variations climatiques interannuelles qui exigent des réserves dans la production. Ainsi, pour combler ce déficit, l'Etat soviétique doit recourir à des importations massives de céréales estimée à « 25 millions de tonnes par an dans les années 1970 à 40 millions de tonnes par an au début des années 1980 »30(*)alors que l'Etat procédait à une injection massive d'investissement dans ce secteur sinistré.

L'Etat soviétique va donc mettre des machines dans la production agricole afin d' « assurer une certaine constance des récoltes à moyen terme »31(*)A cette période où la technologique était très présente dans l'agriculture, nous avons des champs qui sont de plus en plus vastes. Plus l'espace agricole s'accroît plus la population active diminue « 22millions au début des années 1980 contre 40 millions en 1965 »32(*)et plus la production globale stagne.

L'organisation de l'agriculture soviétique a donné des résultats probants ce qui a permis à l'URSS de se hisser au second rang mondial derrière les Etats Unis. Mais elle a rencontré des difficultés dues aux conditions naturelles et aussi à une politique mal perçue par les populations. Quand en est-il pour l'industrie ?

II-LA SITUATION DE L'INDUSTRIE SOVIETIQUE

1- L'organisation de l'industrie

La structure industrielle soviétique comporte trois niveaux.

Nous avons d'abord le centre qui représente le sommet de la hiérarchie où sont prises les grandes décisions de la vie économique de l'URSS. Ce centre est la direction du parti communiste, c'est-à-dire l'appareil politique dominant. Les sommets de l'appareil de l'Etat, c'est-à-dire le gouvernement, le conseil des ministres sont aussi des éléments constitutifs du centre. On peut classer enfin le Gosplan qui est la centrale de planification qui dépend du conseil des ministres. Cet organe n'a pas de pouvoir hiérarchique direct sur les échelons inférieurs. Il est chargé d'élaborer les plans et les objectifs des entreprises. Mais cela se fait sous l'autorité du conseil des ministres. Le conseil des ministres est la direction de l'économie nationale, ce qui signifie qu'il exerce des fonctions économiques de tout le gouvernement. Il a la responsabilité de la gestion de l'Etat monopole. Le conseil des ministres est défini comme le détenteur du pouvoir exécutif.

Le second niveau, celui du système ministériel, est décisif pour plusieurs raisons.

Les ministères sont près de cinquante et sont constitués selon un principe sectoriel par branches économiques. Toutes les entreprises fabriquant tel type de produit relèvent théoriquement de l'autorité du ministère de branche. Dans le système traditionnel « ce dernier établit les plans opérationnels des entreprises »33(*), nomme les directeurs et contrôle les résultats de leur gestion. De même que le directeur est à la fois le patron de l'entreprise, son chef, et, par certains côtés le représentant de certains de ces intérêts collectifs vis-à-vis du ministère, le ministre est un super patron de la branche. Il est également l'autorité hiérarchique à laquelle est soumise les entreprises, et aussi la tête du lobby sectoriel dans la concurrence pour les allocations centrales et les conflits avec les autres ministères.

Le système ministériel est traditionnellement un lieu de forte concentration de pouvoir économique, que ce soit vis-à-vis des entreprises, ou par rapport au centre, dans la structure à trois niveaux.

Dans le troisième niveau, celui des entreprises, il est personnifié par le directeur d'un côté, placé sous le contrôle du ministère, et de l'autre investi de la direction unique dans l'unité dont il a la charge.

Mais l'organisation des entreprises industrielles soviétiques repose sur une forte division du travail et une structure hiérarchique dans laquelle « les travailleurs ne disposent d'aucun contre pouvoir matérialisé »34(*). La coupure entre le travail manuel et intellectuel, entre travail de direction et d'exécution, y est profonde.

Concernant l'organisation de l'entreprise soviétique, on peut noter qu'elle s'articule de la façon suivante.

D'abord le directeur. Il se situe au sommet de l'organigramme. Celui-ci est nommé par le ministère dont dépend l'unité de production. Il n'est responsable de sa gestion que devant cette autorité supérieure et non par rapport aux travailleurs, écartant de fait l'idée de cogestion. « L'Etat impose en effet à l'entreprise une tutelle rigide matérialisée par la planification centralisée dans laquelle la centralisation du pouvoir est la règle35(*)Il est un personnage appartenant forcément à la nomenklatura créant ainsi une forme d'hostilité de la part des salariés. Le directeur est assisté dans le système par l'ingénieur en chef et les directeurs adjoints.

L'ingénieur en chef joue le rôle d'expertise et de conseil auprès du directeur. Sa nomination relève du ministère, ce qui assure une certaine indépendance de ce dernier par rapport au directeur. Quant aux directeurs adjoints, ils ont pour rôle d'assister le directeur pour le service financier, le service du personnel et pour les questions matérielles et techniques c'est-à-dire l'approvisionnement et le transport. Ils sont « relativement nombreux en raison d'une bureaucratisation liée à la planification »36(*). Le travail administratif constitue pour certains d'entre eux la totalité de leurs tâches.

Enfin les chefs des ouvriers. Ils exercent leur autorité dans l'atelier et jouent un rôle clé dans l'organisation du travail en répartissant les tâches et en affectant les travailleurs aux différents postes, ce qui a un effet direct sur les salaires. Ils sont nommés par le directeur et sont l'intermédiaire entre la direction avec ses services et les travailleurs.

Cette organisation au sein des industries soviétiques a contribué une croissance rapide de la production. L'URSS sera la deuxième puissance industrielle du monde derrière les Etats Unis. Mais ce pays connaîtra des difficultés dans ses industries et au niveau de sa production.

2- Les problèmes de l'industrie soviétique

L'organisation des industries en URSS s'appuie sur les mêmes principes que leurs homologues occidentaux. Il y a une division poussée du travail avec des unités de commandement et de direction. Le travail se fait en équipe et les tâches sont très bien divisées. La production se fait à la chaîne et aux mêmes normes de rendement que celle des industries occidentales. Dans les industries soviétiques la hiérarchie du pouvoir et la discipline sont très respectées.

Malgré toute cette organisation, le système industriel soviétique se caractérise par sa discontinuité et l'irrégularité des approvisionnements. Cette situation s'explique notamment par les contradictions du système de planification, en particulier les effets perturbateurs de la centralisation des approvisionnements et les formes de pénurie typique de la régulation économique.

Sur le plan opérationnel, on constate couramment que les approvisionnements de l'entreprise en matières premières, en moyens de production, en produits semi- finis, ne sont pas livrés à temps ou selon les spécifications requises. Il s'ensuit des ralentissements de la production qui se retrouve bloquée et contrainte à attendre les nouveaux approvisionnements.

Ces dysfonctionnements tendent à se répercuter d'un secteur de l'entreprise à l'autre, puis d'une entreprise à l'autre. Ainsi on trouve de nombreux temps morts dans la production, car les ruptures d'approvisionnements ou de stocks y sont fréquentes. Ce caractère irrégulier du travail et de la production contribue à démoraliser les travailleurs et, avec l'absence de contrôle ou de participation à la gestion à susciter un sentiment de frustration dans le travail qui se répercute à son tour sur la productivité des ouvriers. On constate alors une baisse de la productivité dans les industries.

En revanche, il y a une accélération des cadences, la suppression des congés, l'augmentation des heures supplémentaires afin de remplir l'objectif annuel du plan. On voit ainsi que ce manque de constance du processus productif est source de désorganisation et à ce sujet une statistique éloquente justifie cela « le temps perdu par la désorganisation du travail est estimé à plus de 2O% du total37(*)Ces irrégularités du processus dans lesquelles l'accélération et le ralentissement de la production se succèdent, incitent les directeurs à mettre leurs unités de production dans une posture de suremploi, en constituant un matelas de main-d'oeuvre supplémentaire. Ces accélérations de la production provoquent des dommages non seulement sur la production elle-même (contrôle qualité plus laxiste, gaspillage) mais aussi sur la population (augmentation des maladies, de l'absentéisme).

En étudiant les anomalies découlant de la nature para économique de la productivité soviétique les difficultés rencontrées par l'autorité centrale sont très nombreuses. En effet, celle-ci doit apprécier la valeur des réalisations de ses entreprises au moyen quantitatif (production totale, rendements, qualité) qui doivent être mesurée objectivement et isolément et non en proportion de leur contribution à la profitabilité. L'accomplissement des objectifs apparaît de ce fait comme un critère trompeur.

Par ailleurs, il existe à la base de l'économie planifiée d'autres contradictions fondamentales entre deux de ses principes : le plan tendu et les priorités. La tension du plan ne permet pas d'erreur aux entreprises non prioritaires en cas de retard dans une livraison ou de tout autre aléa qui pourrait survenir dans une unité de production. Elles ne disposent pas de réserves leur permettant de faire face à l'événement, tandis que les activités prioritaires disposeront d'une marge.

Les entreprises utiliseront inévitablement la marge de liberté que leur laisse l'obligation d'atteindre les objectifs pour chercher à gagner les primes par des moyens non prévus. C'est ce qu'on appelle une « acquisition des primes38(*)Les entreprises anticipent ces probables pénuries lors de l'élaboration de leur plan en surestimant leurs besoins et en sous-estimant leurs capacités de production. Cette façon de procéder apparaît comme anti économique car elle est la résultante d'un gaspillage des ressources et n'obéit pas à une logique de rentabilité de l'investissement. Dans ces conditions, les autorités supérieures s'opposent à cette tendance des entreprises en rendant les tests plus précis. Ces entreprises seront fréquemment paralysées et mises dans l'impossibilité de prendre des mesures qu'elles devraient évidemment prendre, auxquelles elles doivent renoncer. Cette situation est qualifiée de « contradiction interne du système »39(*). Comme on peut s'y attendre, ces défauts d'exécution se répercutent en chaîne sur les clients non prioritaires. La pénurie de certains produits est donc originellement incorporée dans la planification.

L'organisation de la production dans l'économie soviétique apparaît bien loin des réalités des pays occidentaux où il y a une régularité dans l'approvisionnement avec une gestion rationnelle des stocks, etc.... Le constat dans les entreprises soviétiques est contraire. Le temps dans l'industrie soviétique est hétérogène et discontinu. Cela a des effets aliénants sur le travail, mais laisse aux ouvriers des marges de manoeuvre. Nous constatons ainsi que les dysfonctionnements dans les industries soviétiques rendent difficile la production. Cette désorganisation agira sur la société soviétique.

CHAPITRE III : LA SOCIETE SOVIETIQUE EN 1985

Depuis sa création en 1922, l'URSS a opté pour une société égalitaire c'est-à-dire une société sans classes sociales. Ainsi pour pouvoir mettre cette idéologie en place les dirigeants vont instaurer des régimes totalitaires. Ils sont basés sur un régime politique dictatorial qui repose sur la puissance absolue d'un parti unique. Ce parti assure un contrôle sans partage de l'Etat et utilise de la terreur comme méthode de gouvernement. Il pratique le culte du chef et exerce un contrôle des mentalités avec la volonté de construire un homme nouveau et une société nouvelle. L'idéal est de construire une société sans classes, et l'objectif de la société communiste reste une société d'abondance. Mais la réalité est largement différente de cette idéologie.

Comment la société soviétique était-elle organisée? Quels sont les problèmes rencontrés par celle-ci ?

I-L'ORGANISATION DE LA SOCIETE SOVIETIQUE

Cette partie est subdivisée en deux sous- titres. Nous avons d'abord les différentes structures de la société et ensuite la transformation de celle-ci.

1- Les différentes structures de la société

La stratification de la société soviétique se fait en fonction des moyens de production. Car « la classe des groupes d'individus qui se différencient par leur place, à un moment donné de l'histoire, dans le système de production sociale par leur relation vis-à-vis des moyens de production, par leur rôle dans l'organisation du travail social et, par voie de compétence par les moyens dont ils disposent pour accéder à la richesse. »40(*)Ainsi donc cette catégorisation de la société se fonde sur la situation de l'individu par rapport au pouvoir. Le PCUS qui est le maître à tout faire vient à la tête de cette division sociale. Le Secrétaire Général du parti est donc le premier de cette division. Puis les différents présidents de kolkhozes, les directeurs des sovkhozes, les secrétaires de cellules dans les entreprises suivent.

Mais à partir de 1957 vont s'ajouter les directeurs des M.T.S (Station de Machines et de Tracteurs). Ils exerçaient une tutelle sur les exploitations agricoles par le biais des sections politiques. Tout ce personnel était recruté en fonction de ses capacités de commandement et de sa fidélité au parti à l'origine.

Depuis que les exploitations collectives sont devenues de gigantesques entreprises avec des moyens de productions mécaniques modernes, la compétence technique et économique compte désormais en tant que critère pour la gestion : Par exemple en 1970, sur 35000 présidents de kolkhozes 7000 avaient acquis leur qualification sur la pratique, c'est-à-dire qu'ils n'avaient pas de diplôme, la grande partie était des spécialistes alors qu'en 1950 seulement 2,6% des présidents étaient des spécialistes. L'évolution rapide de la société a fait naître une nouvelle classe les diplômés : agronomes, vétérinaires, ingénieurs et instituteurs qui forment l'intelligentsia. A cette catégorie s'ajoute les spécialistes de la mécanisation agricole, les conducteurs de tracteur, de camion, d'autres engins et les réparateurs dont le niveau de vie et le prestige évoquent celui de la bourgeoisie .Au delà de ces deux premiers nous avons le personnel administratif de second rang et les employés des services. Cette organisation de la société va donc transformer le monde soviétique.

2- La transformation rapide de la société soviétique

La doctrine soviétique officielle rappelle la propriété socialiste et affirme que le salariat est aboli. C'est en fait à une généralisation de cette doctrine que l'on assiste. On observe également une participation de plus en plus active de la population féminine à l'économie, sachant que leur salaire équivaut malgré l'idéologie d'égalité, à environ deux tiers du salaire masculin. Les femmes en URSS ont relativement peu d'accès aux postes de direction et sont principalement concentrées dans les travaux moins payés, dans les branches à bas salaires. Ces domaines sont la santé, le commerce, l'enseignement, la communication etc.... Au delà de cette population de salariat féminine l'Union Soviétique regorge de nombreux spécialistes dans divers domaines de compétence qui vont assurer le bon fonctionnement du travail.

Cette surqualification relève d'un défaut de formation, alors que la formation des ouvriers qualifiés est insuffisante dans les écoles techniques et que la majorité des ouvriers acquièrent leurs expériences sur la pratique. Ces ouvriers sont estimés à 50 millions.

A partir de l'année 1977, on assiste à une évolution en ce qui concerne le droit du travail, car il est inscrit dans la constitution. Cependant l'obligation du travail est nécessaire, on assiste à une réelle mobilité des travailleurs jusqu'en 1956. Au-delà du droit de travail, il existe des lois répressives très sévères pour le monde du travail en cas de départ du travailleur non autorisé préalablement par les autorités.

Mais ces lois seront abolies en 1956, et dès 1959 jusqu'au milieu des années 1970, le niveau de rotation des travailleurs est assez élevé et tourne autour de 20%. Un ouvrier reste en moyenne trois ans dans la même entreprise dans sa spécialité. Il y'a un réel turn-over qui touche surtout les jeunes lorsque les conditions de vie ou de travail sont jugées trop difficiles. C'est, en effet, assez facile de trouver un travail dans les grandes villes comme Moscou, Leningrad ou Kiev. Cette mobilité peut être interprétée comme moyen de défense face à des conditions de travail difficiles sachant que le seul employeur reste l'Etat sauf dans les kolkhozes.

Quant au monde syndical, il est constitué de groupes qui dépendent du PCUS. Les dirigeants de ceux-ci sont tous membres du parti. De plus, les élections sont le plus souvent manipulées. « Les syndicats ont comme principal rôle de gérer les oeuvres sociales et les cotisations obligatoires qui sont de l'ordre de 1% du revenu mensuel représentent en fait les cotisations de sécurité sociale. Environ 99% des travailleurs sont syndiqués en URSS. »41(*)Les syndicats soviétiques n'interviennent pas dans les négociations salariales car les conventions collectives ne concernent pas les revenus. Ils ont tendance à négliger largement la défense des conditions de travail. Les syndicats se contentent « de veiller à l'application du contrat de travail, au droit du travailleur à un salaire correct ainsi qu'au règlement des petits conflits ». Le rôle de défenseur des travailleurs apparaît dérisoire car ils sont sous l'emprise du P.C

La société soviétique s'est vite urbanisée. En 1985, 65% de la population soviétique vivait en ville contre 50% en 1960. L'exode rural est devenu massif. « La scolarisation est également massive, 80% de la population était scolarisée, pourtant il n'y avait pas d'égalité de chance. Ce fort taux de scolarisés favorise l'émergence d'une nouvelle société civile attirée par la culture occidentale. Ainsi donc l'adhésion au PCUS ne représente plus qu'un passeport pour l'accès à une carrière de ce nom. Cette adhésion au parti de la part des soviétiques n'est que de façade mais ils n'ont pas la liberté d'envisager la moindre alternative au système. »42(*)Elle est faite par défaut. C'est alors que vont naître les mouvements de dissidence qui seront de plus en plus nombreux à partir des années 1970.

La dissidence en URSS est un courant peu important mais persistant. Il est composé d'intellectuels, d'artistes, de croyants et de nationalistes. Cette dissidence se fonde sur le respect de la légalité du régime, se renforce grâce à la signature de l'Acte final des accords d'Helsinki en 1975, qui fournit un cadre juridique international de référence et de défense des droits de l'homme. Les têtes de file de cette dissidence sont Andreï Sakharov43(*) et Alexandre Soljenitsyne44(*). Leur expulsion de l'URSS en 1980 et 1974, suscite de vives réactions à travers le monde. A cette période la jeunesse se reconnaît de moins en moins au PCUS. Elle prend des distances vis-à-vis du régime communiste.

Cette transformation de la société pose de réels problèmes dans l'organisation du régime soviétique. Malgré cette avancée de la société, elle connaît de véritables problèmes.

II-LES PROBLEMES DE LA SOCIETE

1-Les difficultés quotidiennes des soviétiques

L'ère de Brejnev a représenté une période d'amélioration, tout au moins jusqu'au milieu des années 1970. Mais la population qui atteint environ 300 millions en 1980 connaît des problèmes de logements. La majorité de cette population est concentrée dans les villes. Ainsi assiste-t-on à de très nombreux logements collectifs où cohabitent les familles et à un entassement dans ces logements peu décents et surpeuplés. Il y a un véritable manque d'entretien du patrimoine immobilier.

A cette situation de logements s'ajoute des problèmes quotidiens de ravitaillement. En effet, la population soviétique est confrontée à un sérieux problème de pénurie de produits de consommation de base, y compris alimentaire. La viande particulièrement se faisait rare. Les magasins d'Etat sont vides, et l'on assiste à des longues files d'attente interminable devant les magasins. Nous pouvons dire que, le consommateur soviétique ne se trouve pas dans la facilité, tant de nombreux produits de vie courante étaient difficiles à obtenir. La population perd le temps et l'énergie dans un contexte où domine les tendances à la pénurie, les files d'attente et la désorganisation du système de distribution. Ainsi, en Union Soviétique, le consommateur peut être considéré comme un quémandeur à la recherche d'un approvisionné et de bonne volonté, il se situe dans une sorte de concurrence entre consommateurs. Il apparaît une situation de tension due notamment à l'irrégularité de l'approvisionnement pour la viande, les produits laitiers, les fruits et légumes. La persistance du rationnement pour certains produits de base est un souci important pour la population, notamment dans certaines régions. Il existe une hiérarchie des villes dans l'approvisionnement à la tête de laquelle on trouve Moscou, Leningrad, puis des villes de tailles inférieures et enfin les capitales des Républiques fédérées.

Concernant les conditions de travail de la population, elles sont pénibles. La société est embrigadée par le parti qui est le fer de lance de la révolution. C'est le parti avec en son sein des élites qui contrôlent l'ensemble de la société, nomme les différents dirigeants des entreprises. Elle n'a pas le droit de grève, pas de droit syndical. Le syndicat est unique et est contrôlé par le parti communiste. La population est soumise à des journées de travail de dix (10) à douze (12) heures dans une pollution terrible et nuisible à la santé celle-ci.

Enfin la situation des campagnes est encore plus défavorable. Le sous-équipement des campagnes met les populations dans des conditions de vie difficile et très dure.

Ces conditions de vie difficile, la non maîtrise du fonctionnement des plans donnent une certaine habitude à la société soviétique.

2-Les tares de la société soviétique

Le comportement social de la population peut s'appréhender sur deux axes. Le premier axe est la démotivation de celle-ci au travail. En effet, le manque de motivation dans les entreprises où les faibles rémunérations et l'impossibilité d'initiatives privées provoquent une sorte de droit de paresse. Ce manque de motivation se manifeste par l'instabilité des travailleurs (20% des actifs changent chaque année d'emploi et la durée de séjour d'un travailleur dans une même entreprise n'excède pas 3ans), l'absentéisme et l'alcoolisme. « L'absentéisme fait perdre 125milliards de journée de travail en 1982, l'équivalant du travail manuel de 60 millions d'ouvriers, soit près de la moitié de la population active en URSS. De même il suffirait d'arrêter de boire sur le lieu de travail pour que la production industrielle augmente de 10%. »45(*)

L'alcoolisme a agit sur la santé d'une partie de la population et s'est largement étendue. Durant ses vingt dernières années, la durée de vie moyenne en URSS n'a pas augmenté et « la mortalité des hommes d'âge actif s'est même accrue. »46(*)

Le second axe est la corruption qui est très développée. Le système économique très lourd a fait place à une économie parallèle. Cette économie est faite de tricheries administratives, de marché et de travail au noir, de corruption très persistante. Elle concernait aussi bien les citoyens ordinaires qui réalisaient au noir des travaux d'entretien et de réparation avec du matériel volé à l'Etat, que les membres de la nomenklatura. Elle représente à peu près le quart du PNB (produit national brut) de l'URSS. Certaines entreprises vont même jusqu'à acheter au marché noir les produits qu'elles ne pouvaient pas obtenir auprès de la commission d'Etat pour la fourniture en matériaux et équipements. Cette corruption semble avoir été rampante dès l'ère Brejnev, au point que « selon les experts russes, à l'aube des années 1990, cette production fantôme constituait environ 30% du PNB soviétique47(*) Ainsi à la fin des années 1980, la presse pousse un cri d'alarme : environ 17 trains de marchandises disparaissaient quotidiennement en territoire soviétique. Pour mieux s'enrichir, « les clans de l'économie de l'ombre créent la pénurie. »48(*) Cette situation de pénurie est d'abord le fruit d'un mécanisme, incorrect engendré par les autorités soviétiques notamment la nomenklatura. La population soviétique se trouve dans des conditions où les produits destinés à la consommation et aux ménages se font rares dans les magasins.

Après la mort de Brejnev en 1982, le régime soviétique se trouve figé. Les institutions restent immobiles et le conservatisme se généralise. La société est de plus en plus étouffée. Elle rencontre beaucoup de problèmes dans la vie quotidienne. Le modèle soviétique a beaucoup perdu de son pouvoir d'attraction. Il est devenu moins séduisant malgré les acquis et les progrès qui ont pu survenir pendant cette longue période. C'est dans cette période de stagnation de l'économie, de la politique et de la société qu'en 1985 Mikhaïl Gorbatchev devient le numéro un de l'Union Soviétique. Après un diagnostique fait par Mikhaïl Gorbatchev, il se trouve que son pays est dans une crise aigüe. C'est alors qu'il décide d'entreprendre des reformes pour sauver l'URSS.

DEUXIEME PARTIE :

L'AVENEMENT DE GORBATCHEV AU POUVOIR ET LES REFORMES POLITIQUES, ECONOMIQUES ET SOCIALES (1985-1989)

Après un bref règne de Iouri Andropov de 1982 à 1984, puis de Constantin Tchernenko de 1984 à 1985, Mikhaïl Gorbatchev devient le Secrétaire Général du PCUS en mars 1985. Son arrivée au pouvoir donne un espoir au peuple soviétique et marque un tournant fondamental dans la diplomatie soviétique. En effet, à la mort de Brejnev, l'URSS connaît des difficultés internes et externes. L'économie, la politique et la société sont immobiles. Elle n'a plus les capacités économiques et financières de faire face à la nouvelle course aux armements déclenchés par le président américain Reagan.

Face à cette situation de stagnation, le nouveau dirigeant Soviétique, décide d'entreprendre des reformes : la perestroïka et la glasnost. Mais cette politique de reformes mise en place par Mikhaïl Gorbatchev connaîtra des difficultés dans l'exécution.

Qui est donc Mikhaïl Gorbatchev ? Quelles sont les principales réformes qu'il entreprend ? Et quelles sont les limites de ces réformes ?

Cette deuxième partie est subdivisée en trois sous-chapitres. Le premier chapitre porte sur la biographie sommaire de Gorbatchev. Le second chapitre traite de la politique de réforme. Et enfin le troisième s'intéresse aux insuffisances de ces réformes.

CHAPITRE I : BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE GORBATCHEV 

Le nouveau dirigeant de l'URSS est celui qui va tenter de donner une nouvelle vie à ce pays agonisant.

Qui est donc cet homme ?

Nous allons dans notre analyse faire une biographie sommaire de Gorbatchev. Cette biographie traitera d'abord de la vie de Gorbatchev, son parcours politique et de son accession au pouvoir en 1985.

I-VIE ET PARCOURS POLITIQUE

1- Origine et vie sociale de Gorbatchev

Gorbatchev est né le 2 mars 1931 dans le petit village de Privolnoïe, du canton de Krasnosgnardeiskoe, dans la région Stravropol au nord du Caucase à l'époque de la collectivisation.  Son père Andreïvitch Gorbatchev, est né en 1909 et est mort en février 1976. Quant à sa mère Maria Panteleevna Gopkalo, elle est née en 1911 et est morte en 1993. Ces deux parents étaient des agriculteurs, c'est-à-dire travaillaient dans les fermes collectives.

Leur fils Mikhaïl Sergueievitch Gorbatchev commença ses études à l'école primaire de son village à l'âge de 8 ans, lorsque la deuxième guerre mondiale débuta en 1939. Il avait 10 ans lorsque l'URSS entra à son tour dans la guerre, bien contre son gré, avec l'invasion allemande de juin 1941. Il arrêta ses études lorsque son père fut évacué puis envoyé au front. Gorbatchev n'est pas évacué et vit à Privolnoïe durant les six mois d'occupation allemande, ce qui interrompt sa scolarité. Sans cette interruption, il aurait terminé ses études secondaires un peu plutôt en 1949, à l'âge légal de 18 ans. Pendant cette période d'occupation allemande, il s'occupait surtout des travaux champêtres pour nourrir son village  et « les Allemands qui prélevaient d'office au moins 20% des récoltes. »49(*)Dès l'âge de 17 ans, il fut décoré de l'Ordre du Drapeau rouge, pour avoir aidé son père à bord de sa moissonneuse que celui -ci conduisait ce qui était une chose inhabituelle en Union Soviétique. Il reprit l'école et obtint son certificat de Maturité équivalent du Baccalauréat au début de l'été 1950 à l'âge de 19 ans.

Après ses études secondaires à Stravropol, la capitale régionale,  «  il était monté à Moscou, pour les études supérieures de droit à l'Université de Lomonossov50(*) Pendant ses études de droit, curieuse inclination dans un temps où le droit était celui du fort, dans les années 1950, il s'engageait dans le mouvement des étudiants du P.C. Il passa cinq ans à Moscou c'est-à-dire de 1950 à 1955.

A Moscou, il rencontra sa femme Raïssa Maximovna Tirorenko une sociologue d'origine ukrainienne. Elle est née dans la région de Donetsk en Ukraine. Ils se sont mariés en 1953, donc pendant les années d'université et le jeune couple quitta le foyer d'étudiants pour s'établir dans un appartement non loin du centre de Moscou. Sa femme mourut le 20 septembre 1999 des suites d'une longue maladie

De retour à Stravropol dans sa région d'origine, il va étudier à l'Institut d'agronomie et se spécialisera dans les problèmes agricoles de 1964 à 1967. Ce qui lui permettra de travailler dans l'agriculture en plein temps. Il a eu une ascension rapide dans la structure locale du Parti.

2- Le parcours politique de Gorbatchev

Après ses études, Gorbatchev rentre dans sa province natale de Stravropol où il exerce son action comme cadre du P.C. Il est parfaitement représentatif d'une jeunesse conformiste, dévouée au régime communiste. Il prend les reines de la jeunesse du P.C en 1952 à Moscou et adhère par la suite au P.C. Il devient le dirigeant de ce parti dans sa région en 1962. Il fait partir de la génération entrée dans la carrière avec le XXème Congrès et au moment de la déstalinisation lancée par Khrouchtchev, génération que l'on retrouvera aux postes de commandes à partir de 1985 pour lancer les réformes. Gorbatchev sera nommé en 1970 en tant que secrétaire à l'organisation du P.C. du territoire de Stravropol.

Ensuite sa carrière prend un rythme accéléré sous l'ère Brejnev avec comme pour parrains politiques Mikhaïl Souslov et de Iouri Andropov. C'est ainsi qu'en 1978 « il est cooptée sur recommandation du très stalinien Mikhaïl Souslov, membre du politburo qu'il a connu à Stravropol pour entrer au secrétariat du Comité Central (CC) pour s'occuper des questions agricoles51(*)A l'issu de cette nomination, il alla s'installer à Moscou où il devient en 1979 membre suppléant au politburo. En 1980, Gorbatchev devient membre en plein droit du politburo.

A la mort de Brejnev, Gorbatchev soutient Iouri Andropov qui est originaire de la même région que lui contre Tchernenko, dans sa lutte pour l'accession au pouvoir. Elu Secrétaire Général du PCUS, Andropov nomma « Gorbatchev comme le responsable de l'économie mais aussi du travail Parti52(*)

A la mort d'Andropov en 1984, Tchernenko est élu Secrétaire Général du PCUS, mais cette fois-ci Gorbatchev resta neutre dans cette lutte pour l'accession au pouvoir. Il fut récompensé pour cette neutralité par Tchernenko. Il obtint un élargissement de ses responsabilités. Tchernenko lui confia  « en plus de l'économie, la charge de l'idéologie, des affaires culturelles et des affaires étrangères.»53(*)

Ce dernier meurt en 1985. C'est alors qu'en mars 1985 à 54 ans Mikhaïl Gorbatchev est élu secrétaire général du PC. Il est le père de la glasnost et de la perestroïka, visant à la création d'un communisme plus humain. En 1988, il devient président du comité exécutif permanent des différentes instances législatives et en 1989, le président de l'URSS. Il reçut le prix Nobel de la paix en 1990 en reconnaissance de sa contribution essentielle à la fin de la guerre froide. En 1991, il échappe à un coup d'Etat des communistes conservateurs. A la même année, il quitta sa fonction de président de l'URSS et déclara la dislocation bloc du communiste. Gorbatchev a été le dernier dirigeant de l'URSS. Sa carrière politique prit fin avec la disparition de l'URSS. Mais quel a été les facteurs de son accession au pouvoir ?

II - L'ACCESSSION DE GORBATCHEV AU POUVOIR EN 1985

1- Les causes de son accession

Elles sont multiples. Nous avons les causes internes et les causes externes.

En ce qui concerne les causes internes, l'URSS était confrontée à d'énormes difficultés au plan politique, économique et social. L'économie socialiste était basée sur un système de planification impérative qui engendre une bureaucratie d'organisation et de contrôles lourds et trop autoritaires. Cette situation rigide du système aura pour conséquence, une production surévaluée à la qualité médiocre, une rentabilité et productivité insuffisante. Les régimes communistes, du fait de la force de l'intérêt collectif, ne reconnaissent pas les libertés individuelles. Tout se fait selon la ligne officielle avec une surveillance policière omniprésente du K.G.B avec plus de 700 milles agents. La société soviétique, était elle aussi dans une situation ou la pauvreté était de taille dans les milieux ruraux et urbains. La corruption était à toutes les instances dirigeantes du P.C que dans les différents secteurs de la société. La liberté était embrigadée à tel enseigne que toutes campagnes de dénigrement du régime étaient considérées comme un crime contre l'Etat. Toutes ces causes internes influençaient directement sur la situation externe.

Quant aux causes externes, le K.G.B dirigé par Iouri Andropov diligenta à la fin des années 1970 une enquête confidentielle pour évaluer le Produit National Brut (PNB) soviétique selon les critères qualitatifs occidentaux et non plus seulement en volume comme le voulait la tradition socialiste. Le résultat fut très défavorable et apportait la preuve du déclin de l'Union Soviétique qui avait vu son économie dépassée par celles du Japon et de la République Fédérale d'Allemagne (R.F.A), anciens ennemis de l'URSS.

D'autre part, à partir de 1978, la Chine dirigée par Deng Xiaoping, entreprit une véritable révolution économique qui rétablissait en fait le capitalisme et insufflait ainsi un dynamisme considérable à l'économie chinoise. L'URSS au début des années 1980 était ainsi confrontée à une situation géopolitique nouvelle inquiétante. Le Japon et la R.F.A disposaient chacun d'une économie plus puissante que celle de l'URSS. Ainsi que la Chine qui commençait à avoir une croissance exceptionnelle.

Et enfin les Etats Unis toujours aussi hostile au régime communiste accroissaient l'écart entre les deux. Or, tous ces pays étaient plus ou moins limitrophes à l'URSS et entretenaient un contentieux territorial sérieux avec elle, exceptés les Etats Unis. Au-delà de cette situation elle n'était plus capable « de se lancer dans une concurrence avec les Occidentaux. L'URSS n'a pas d'autre choix que de songer à une détente et au désarmement. »54(*) C'est pourquoi consciente du danger, la direction vieillissante du PCUS porte au pouvoir Mikhaïl Gorbatchev le représentant d'une nouvelle génération mais aussi un pur produit du régime communiste, né après 1917.

2- L'arrivée au pouvoir de Gorbatchev

Au début des années 1980, après la mort de Brejnev, les décès des Secrétaires Généraux du PCUS se succédèrent à un rythme élevé. Brejnev meurt le 12 novembre 1982, Andropov le 9 février 1984 et Tchernenko le 10 mars 1985. C'est pour mettre fin à cette série de mort que Mikhaïl Gorbatchev est élu Secrétaire Général du P.C le lendemain de la mort de Tchernenko. A la différence de ses prédécesseurs, c'est un homme jeune de 54 ans qui est au poste de commandement de l'URSS. Il fera une analyse de la situation et constate qu'il faut apporter des reformes au système soviétique. Il s'efforcera pour sauver le système par des reformes structurelles très profondes par rapport aux principes léninistes classiques. Il apparaît ainsi comme un novateur. Cette politique mise en place est une politique de transparence, de restructuration, de démocratisation, d'accélération et de décentralisations connues sous le nom de perestroïka et de glasnost.

CHAPITRE II : LES PRINCIPALES REFORMES DE GORBATCHEV

EN 1986

Depuis la déstalinisation engagée par Khrouchtchev de nombreuses reformes ont été tentées. Ces différentes tentatives sont le témoignage que la prise de conscience du problème par les leaders politiques soviétiques est ancienne. C'est ainsi qu'une reforme en profondeur du système économique, politique et social est apparue à Gorbatchev comme inévitable. Il considère lors de son arrivée au pouvoir que l'URSS est à un tournant important de son histoire. Il va donc lancer sa politique de reforme : perestroïka et glasnost.

I-LA POLITIQUE DE PERESTROÏKA

1- Origines et objectifs de la perestroïka

Lorsque Gorbatchev arrivait au pouvoir, l'URSS était un pays qui était très mal en point sur tous les plans, particulièrement économiques et politiques. Les structures du parti commençaient à vieillir ainsi que ses cadres dirigeants encore fidèles à Brejnev et sa politique immobiliste. Il était donc nécessaire de reformer complètement et de le moderniser. Andropov avait déjà compris, en 1982, cette nécessité pour son pays mais n'avait pas eu le temps d'appliquer ses idées. Gorbatchev reprend le flambeau dès 1985. Il est alors conscient que l'URSS ne peut tenir son rôle de grande puissance ni sortir de l'enlisement si les soviétiques persistent à ne pas s'intéresser à l'effort économique indispensable et au sort de la patrie socialiste. C'est pourquoi il lance dans un ouvrage intitulé « perestroïka » ses idées novatrices. C'est le nom donné à l'ensemble des reformes devant concilier à ses yeux, socialisme et démocratie. Ce terme signifie restructuration. « La perestroïka signifie une mutation profonde et engendre d'énormes transformations qualitatives55(*) Il exprime son souhait de rénover les structures de l'Etat soviétique et du P.C devenu une énorme bureaucratie et son intention de réduire les dépenses d'armement qui freinaient la modernisation de l'URSS. Cette restructuration a pour objectif de transformer non seulement l'économie, mais de reconstruire également le système politique, l'idéologie, le travail du parti, en un mot toute la superstructure économique. Il s'agit d'une restructuration globale, multiforme et complexe.

D'abord au niveau politique, Gorbatchev voulait orienter le système politique soviétique vers un système social et libéral. Il n'était donc pas question de s'écarter du socialisme, ni d'affaiblir le système politique dont les fondements restent le monopole du pouvoir et le rôle dirigeant du parti, mais plutôt de renforcer le système en améliorant son fonctionnement. Ce qui lui permettra de rapprocher son pays de l'Ouest et d'apaiser les tensions avec les Etats Unis. « Nous voulons que nos transformations passent à une autre échelle. Et pour que de tels changements puissent s'accomplir, nous avons besoin d'une collaboration avec les pays occidentaux développés. Ce n'est qu'en travaillant avec ces pays que nous pourrons obtenir de vrais changements. »56(*) La perestroïka permettra de libéraliser et de démocratiser le bloc communiste et notamment les relations entre l'URSS et les démocraties populaires.

Ensuite au niveau économique, Gorbatchev voulait reformer les structures économiques et sociales de l'Union Soviétique. Il va donc introduire progressivement une économie de marché contrôlée et donner une plus grande autonomie à l'appareil productif. L'objectif est de réduire les dépenses de l'Etat. Cela signifie un désengagement de l'Etat dans l'économie soviétique et le désarmement de l'extérieur des principaux conflits soutenus par l'URSS dans le monde qui sont trop coûteux pour l'Union Soviétique. Gorbatchev était « persuadé que le ralentissement de la croissance était purement conjoncturel, alors il lança le slogan de l'accélération ; il suffisait de relancer les investissements dans le secteur des biens d'équipements et réceptionner les produits les jetas en masse au rebut, au grand mécontentement des ouvriers qui ne se sentaient pas toujours responsables en raison de la médiocrité des fournitures et du matériel57(*)

Enfin au plan social, il voulait instaurer plus de démocratie et de liberté de ces concitoyens. Cela permettra au communisme d'avoir un visage humain, compatible avec les Droits de l'homme et d'avoir une société civile libre et ouverte. Les objectifs ayant été spécifiés, quels ont été les résultats de cette politique ?

2- Les principaux apports de la perestroïka

La perestroïka a apporté une vigueur au plan politique, économique et social.

D'abord au niveau politique, Gorbatchev engage une réforme institutionnelle en décembre 1988, qui permet l'organisation d'élections pluralistes au congrès des députés en 1989. L'Etat et le Parti sont désormais séparés. En 1990, le congrès entérine la création de plusieurs groupes politiques autre que le P.C. Ainsi la démocratisation se mit en marche et a favorisé le remplacement de l'ancien système politique qui était basé sur la dictature du prolétariat et la dominance d'un parti unique.

A cette réforme institutionnelle s'ajoute, la réforme de l'appareil judiciaire soviétique. En fait, Gorbatchev voulait développer l'Etat de Droit, il a engagé ainsi une profonde réforme judiciaire. Cette réforme permet d'importants progrès comme «  une restriction du champ d'application de la peine de mort et la fin de la pratique de l'exil intérieur58(*)Dans cette réforme figure également la volonté de voir les organisations représentatives autre que le P.C, devenir elles aussi des groupes d'influence. Pour lui ces réformes doivent aboutir à la création d'un véritable Etat de Droit, où « tout est permis sauf ce qui est interdit par la loi59(*)On assiste à une véritable révolution dans le système politique soviétique.

La perestroïka a permis le dégraissage de la hiérarchie bureaucratique. En effet, elle maintient le système ministériel, tout en cherchant une réduction de son pouvoir. Au niveau des ministères de branche, qui se voient supprimer leurs fonctions de contrôle au jour le jour sur les entreprises. La réforme consiste à concentrer l'organigramme et à concentrer les effectifs.

La création de super ministères qui regroupent plusieurs ministères couvrant le même domaine d'activités doit permettre une simplification de la hiérarchie intermédiaire facilitant le contrôle du centre. Ainsi sept super ministères sont crées entre 1985 et 1987 dans plusieurs branches : l'agriculture, la construction, les relations économiques extérieures, la construction mécanique, l'énergie, les complexes chimiques et du bois, le développement social. Cette réduction des effectifs accompagne la réorganisation administrative. Ainsi d'importants redéploiements sur des centaines de milliers de fonctionnaires ont lieu, renforçant ainsi la défiance de la population vis-à-vis des réformes.

Au niveau économique, Gorbatchev prendra des mesures spectaculaires. C'est ainsi que de 1986 à 1988, il pratique de grandes formes. Cette réforme permet une autonomie financière aux entreprises. En effet, les entreprises industrielles fonctionneront sur la base de l'autofinancement et de l'autonomie comptable. Ce qui donne droit l'ouverture du capital de l'entreprise à l'étranger Des sociétés mixtes sont créées et la libéralisation du commerce extérieur se mit en place.

A ce niveau du commerce extérieur, avant l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev, plusieurs facteurs ont été officiellement admis pour expliquer le marasme de l'économie soviétique. La politique d'investissement qui était trop appuyée sur l'importation d'équipements étrangers, puis le ralentissement de la croissance, deux éléments qui ont largement contribué à la montée de l'endettement. C'est pourquoi  le volet externe de la perestroïka s'est fixé pour objectif de réduire l'économie administrée mais aussi d'alléger la dépendance face à l'étranger. Corriger les déséquilibres nécessitait une réforme du mécanisme des relations extérieures. C'est ainsi que Gorbatchev à son arrivée au pouvoir remet en cause le système d'allocation administrative des biens de consommations tant celui-ci a décliné et semble même tombé en panne. Il promulguera trois décrets entre août 1986 et janvier 1987 concernant les relations économiques extérieures. Ces décrets permettent de corriger les déséquilibres extérieurs. Il participe au réveil de l'esprit exportateur des entreprises soviétiques, l'encouragement à la compétitivité dans les créneaux d'exportateurs retenus et l'usage plus économique des importations. Cette situation permettra la création d'une économie mixte ou le secteur d'Etat, toujours dominant serait redynamisé par la présence de secteur privé et coopératif.

Dans l'agriculture, la réussite de la perestroïka se joue en partie sur l'amélioration du niveau de vie et de la consommation des ménages. Ainsi le recours aux activités privées et coopératives indépendantes de l'Etat est considéré par Gorbatchev comme compatible avec l'idéologie socialiste. Le volet privé et coopératif des réformes a pour objet de légaliser les activités que l'on peut trouver dans l'économie secondaire, de satisfaire les besoins non couverts dans le domaine de la consommation et des services. De permettre le redéploiement de la structure de l'emploi induit par les réformes industrielles. Gorbatchev a restitué les terres aux paysans. Cette politique permit de rapprocher l'homme de la propriété en louant la terre aux paysans sous forme de contrat de sous-traitance familiale, de contrat de groupe, individuel et de contrat bail.

Cependant, ces grands chantiers ne doivent pas ignorer les fondements majeurs du régime que sont la dictature du prolétariat et la propriété par l'Etat des moyens de productions.

De plus, cette nouvelle libéralisation lancée par Gorbatchev est très soutenue par l'intelligentsia. Cette restructuration nécessite pour réussir et pour rétablir la crédibilité du régime un climat de transparence.

II- LA POLITIQUE DE LA GLASNOST

1- Les orientations de cette politique

Le mot glasnost signifie transparence. Elle suppose le droit de critique donné à la population. C'est aussi l'ouverture du régime soviétique à une plus grande liberté d'expression dans les médias, dans les arts et sur le plan idéologique. Elle autorise même les manifestations et les grèves. Elle laisse le libre choix entre plusieurs candidats lors des élections. Cela signifie aussi « une sorte de bonne volonté gouvernementale à accepter un débat sur certains sujets, pourvu qu'il soit constructif.»60(*) Cette manière de penser est un phénomène entièrement novateur pour la société russe qui découvre qu'elle était depuis plusieurs décennies embrigadée.

En instaurant cette politique de glasnost, Gorbatchev voulait secouer la léthargie des Soviétiques par un langage et des méthodes de vérité. Il voulait aussi faire distinguer les affaires de l'Etat à celles de la société soviétique et mettre fin à l'ancien système de gouvernement. Elle permettait aux dirigeants d'un pays où n'existait ni libre débat, ni indépendance des médias, de prendre régulièrement la mesure de l'état d'esprit de l'opinion publique. De donner plus d'autonomie et de liberté aux peuples Soviétiques. Car « la vérité la plus amère est meilleure que le beau  mensonge61(*) Ces orientations ayant été données, quelles sont les actions positives de la glasnost ?

2- Les actions positives de la glasnost

La glasnost a permis l'instauration de la perestroïka. La liberté de la presse et les émissions télévisées ont permis au changement de ton nouveau et ont joué un rôle de chambre d'accusation contre tous ceux qui s'opposaient à la perestroïka prônée par Gorbatchev. Les dénonciations à la télévision des difficultés d'approvisionnement en raison des négligences humaines, des chantiers qui restaient inachevés, des entraves au développement des petites entreprises privées constituaient autant de soutiens à la politique de réforme.

Au niveau de la presse écrite, les thèmes débattus, les articles publiés et surtout les lettres publiées dans les tribunes libres soutiennent souvent la politique de restructuration, attestent de la volonté de Gorbatchev d'inciter les Soviétiques plutôt réfractaires à sa politique, de modifier leurs attitudes. Dans le contexte d'une lutte de plus en plus affirmée entre les réformateurs et les conservateurs, la glasnost apparaît comme une formidable arme de propagande dirigée par le Secrétaire Général. L'objectif est de convaincre, notamment au sein du parti, que le processus engagé est irréversible, car bénéficiant d'un soutien total du pays. La glasnost est l'occasion de s'attaquer à la société soviétique et officialiser le fait que celle-ci n'était pas exempte des maux attribués aux sociétés occidentales (écologie, drogue, violence). Ensuite elle s'attelle à la lutte contre les privilèges et la corruption.

Enfin, la glasnost permet de découvrir des pages blanches de l'histoire soviétique et l'achèvement de la déstalinisation. Ceux-ci par la réhabilitation des victimes du régime tel que Zinoviev, Kamenev, Piatakov, Radek et surtout Trotsky qui étaient dans les purges. Par ailleurs, Gorbatchev avait fourni des gages aux Occidentaux pour faire avancer le désarmement et faire reculer l'image impérialiste de l'URSS. Il prouve ainsi sa bonne foi envers les élites intellectuelles Soviétiques et étrangères en annonçant la libération de son représentant le plus réputé. C'est ainsi que le 19 novembre 1986, Andreï Sakharov et sa femme assignés à résidence dans la ville de Gorki (aujourd'hui Nijni-Novgorod) depuis 1979, sont libres de revenir à Moscou. Les frontières sont entrouvertes et il n'y a plus de faux malades mentaux.

La glasnost désigne la politique de transparence et facilite l'expression des opinions. Elle permet de renforcer la prise de conscience de la population dans la nécessité de réformer le système. Elle est donc un instrument indispensable dans la réforme globale du système en général et de l'économie en particulier. Dès lors, la glasnost prend son essor. De son approbation par le plénum du Comité Central les 27 et 28 juillet 1987, elle devient un véritable phénomène de société. A travers cette politique, Gorbatchev fait une ouverture religieuse vis-à-vis de l'Eglise orthodoxe et la reconnaissance de la Cour de la Haye des Droits de l'Homme. Ainsi que le plan de la ville de Moscou est rendu public et l'abandon de la doctrine de Brejnev sur la souveraineté limitée des démocraties populaires du Pacte de Varsovie. En effet, avec la transparence, le peuple Soviétique a aujourd'hui ses yeux dans la gestion des affaires de l'Etat, de porter des critiques ; ce qui était impossible dans l'ancien système politique et constituait un crime contre l'Etat. « D'autre part la glasnost va entraîner en URSS des manifestations massives ainsi que le début des grèves. »62(*) Elle crée un climat de liberté entre les populations.

Depuis l'arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir en 1985, l'image de l'URSS s'est radicalement transformée. Foncièrement négative dans les dernières années du règne de Brejnev, assombrie par la chasse des dissidents et l'invasion de l'Afghanistan,« elle est devenue positive, sinon radieuse. Il est parvenu à faire prendre les mots pour les choses, les concepts pour les changements, c'est ce qu'on appelle l'image de marque. »63(*)Ainsi les deux grandes puissances ont signé enfin des accords sur le désarmement et la réduction des arsenaux nucléaires de 50%.

Malgré toutes ces transformations du pays et la bonne volonté de Gorbatchev de moderniser son pays, sa politique de réforme connut des limites dans l'exécution.

CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DES REFORMES DE

GORBATCHEV

Les tentatives de réformes entreprises par Mikhaïl Gorbatchev pour le changement de l'ancien régime soviétique en instaurant la politique de glasnost et celle de la perestroïka ont connu des résultats exemplaires. Mais l'évolution ou la mise en oeuvre véritable de ces réformes ne se sont pas faits aussi facilement. Gorbatchev, étant formé dans la pure tradition communiste avait l'embarras entre continuer dans le communisme ou pas. De même que la nomenklatura qui était les privilégiés du système soviétique était contre cette nouvelle forme de penser car il voyait voler en éclat tout ce qu'ils avaient comme privilège dans l'ancien système. Ainsi, les réformes entreprises par Gorbatchev pour sauver le système soviétique en faillite connaîtront des difficultés dans sa mise en oeuvre.

Quels sont donc les problèmes rencontrés par Gorbatchev dans la mise en oeuvre de ses réformes ?

Ce chapitre s'intéressera aux différents problèmes politiques d'abord et traitera des problèmes sociaux que posent ces réformes ensuite.

I-LES DIFERENTS PROBLEMES POLITIQUES

Ces difficultés dans l'exécution de ces réformes sont dues au conservatisme idéologique de Gorbatchev et de l'opposition de certains membres au sein du PCUS.

1- Le conservatisme idéologique de Gorbatchev

Malgré les débuts prometteurs où l'économie soviétique a enregistré en 1986 et 1987, les taux de croissance les plus élevés depuis une dizaine d'années. L'élan du changement s'est vite essoufflé et l'année 1988 a abouti à des résultats médiocres. Les objectifs du plan n'étaient pas atteints et les défauts de fonctionnement du système n'avaient pas disparu. L'Etat est le principal client des entreprises qui ont bien du mal à être autonome, la qualité des produits reste médiocre, la sous productivité de l'agriculture persiste ainsi que la pénurie des biens de consommation. Cette situation est due au fait que Gorbatchev ne voulait pas sortir immédiatement du communisme, car lui-même étant un pur produit du système soviétique.

Ainsi le personnage de Gorbatchev ne semble pas marquer une rupture avec le passé. Gorbatchev ne semble pas être différent des dirigeants précédents malgré son jeune âge, car il a fait partir lui-même de ces leaders qui ont amené le pays dans le triste état dans lequel il se trouvait en 1985. C'est alors qu'il restait fidèle aux principes socialistes fondamentaux que sont la dictature du prolétariat et la propriété étatique des biens de production. La politique entreprise par Gorbatchev révèle en elle-même une certaine discontinuité. Cela signifie que devant l'ampleur de la tâche certaines contestations de ces réformes, Gorbatchev a eu tendance à revenir sur certaines décision, afin d'arrondir les angles et de faire en sorte qu'elles soient acceptées par le plus grand nombre.

Tout le long de ses six années, Mikhaïl Gorbatchev a hésité entre une stratégie de rupture radicale et une politique de transition. Il a toujours refusé de faire le grand saut et rejeté la réforme radicale prônée par certains de ces conseillers. C'est ainsi qu'il devait repousser in extremis à l'automne 1990 le fameux « plan des cinq cent jours »64(*)préparé par ses collaborateurs et qui aurait dû conduire à une transformation du système économique en une période très courte.

Ainsi, les débats sur la réforme économique ont été permanents. Derrière les discussions théoriques, ce sont des questions politiques qui se posaient. Mikhaïl Gorbatchev a mis en particulier beaucoup de temps pour faire accepter une évolution sur certains éléments clés de ce qui aurait pu être une véritable réforme : le rôle de l'Etat dans l'économie, celui des administrations centrales ensuite (le plan, en particulier), notamment dans le système des prix.

La législation de 1987 autorisant la création des sociétés mixtes a contribué à mettre ensemble des capitaux Occidentaux et Soviétiques pour le bon fonctionnement des entreprises. Cette symbiose relève du fait que les sociétés ont une très bonne expérience dans la gestion. Ce qui permettra un bon fonctionnement et contrôle de la société. Mikhaïl Gorbatchev était très attaché à la mise en place de ces sociétés mixtes. Mais la bureaucratie centrale a multiplié les obstacles pour la mise en oeuvre de cette réforme. Elle fut un échec total. Les capitaux étrangers ne sont pratiquement pas venus.

En effet, l'instauration d'un véritable climat de confiance devrait permettre de relancer l'économie soviétique. Ce climat de confiance est garanti par une législation précise et respectée par lui-même. Cette législation dispensable pour la réussite des réformes échoue. Car Gorbatchev n'a pu pas prendre des décisions nécessaires pour une véritable réforme de son pays. Il n'arrivait pas à abandonner ses habitudes communistes pour prendre la voie des réformes pures et sauver son pays.

2- Les contestations au sein PCUS

Gorbatchev dans sa nouvelle politique, a été trahi par ces propres collaborateurs ayant été corrompus et qui se sont accaparés des biens de l'Etat. Mais l'obstacle la plus puissante est celle du rôle dominant du parti unique. Ainsi les réformes enclenchées par Gorbatchev suscitent à la fois le scepticisme et l'opposition. Le scepticisme de la majorité de la population, l'opposition conjuguée de la nomenklatura qui sentait ses privilèges menacés et l'intelligentsia qui souhaitait au contraire une accélération des réformes.

Les réformes économiques aggravent la crise que connaissait l'économie soviétique depuis le milieu des années 1970. Ainsi, en démocratisant les élections et en libérant les opposants politiques comme le physicien Andreï Sakharov, défenseur des Droit de l'Homme et, en affichant l'information, Gorbatchev se soumettait à la critique. Il est rapidement débordé par les mécontentements des citoyens qui veulent l'accélération de la démocratisation. Toutes ces actions obligent Gorbatchev à un louvoiement périlleux entre les radicaux et les conservateurs. Gorbatchev tente ainsi de maintenir une voie moyenne en proclamant son attachement à un socialisme de plus en plus édulcoré. Après avoir repris Lénine comme modèle, il se résout à abolir en 1990 le rôle dirigeant du P.C, qui se transforme en 1991 en Parti Social Démocrate. C'est ainsi que les conservateurs nostalgiques l'accusent d'avoir trahi le communisme. Pour eux cette politique de réforme était une liquidation du socialisme.

D'autre part, la glasnost stimule le désir d'autonomie, d'où les critiques des démocrates souvent opportunistes qui veulent aller plus vite et plus loin. Ainsi, on observe une émancipation des peuples allogènes maintenus de force dans l'empire des tsars, puis de l'URSS.

Au regard de toutes ces critiques, les apparatchiks et les militaires qui résistaient aux changements et lui reprochaient de saboter le régime. Les libéraux quant eux l'accusaient de jeter de la poudre aux yeux sans opérer de réformes significatives. La majorité de la population espérait à son tour à une amélioration plus rapide des conditions de vie. C'est dans ce climat de critique exacerbé que Gorbatchev tentait de préserver un délicat équilibre entre les forces de la réaction et celle du changement également insatisfaites. Ainsi entre 1990 et 1991, les événements se bousculent : après que le P.C eut renoncé à son rôle de direction de l'Etat en février 1990, Gorbatchev organise et remporte un référendum prônant une réforme constitutionnelle en mars 1991, mais en août, une tentative de coup d'Etat par les militaires désireux de restaurer le régime soviétique met en péril l'ensemble de son processus de réformes. Ce coup d'Etat échouera, car l'armée a refusé de suivre les putschistes, mais c'est aussi et surtout grâce à la résistance de Boris Eltsine et ses partisans de tendance libérale. Gorbatchev et l'URSS ressortent passablement affaiblis de l'épreuve : en novembre 1991, le P.C est dissout et ses biens sont nationalisés, tandis que l'Union Soviétique disparaît officiellement à peine un mois plus tard.

Au-delà de ces importantes réformes institutionnelles, le fait marquant de la vie politique soviétique des années de la perestroïka est le foisonnement de comité, d'organisations, de groupes, de « front populaire»65(*), embryons de partis politiques poussés sur le terreau des espaces de micro autonomie qui s'étaient constitués au début de la décennie précédente. Cette démocratisation met en lumière les limites et les contradictions d'une démocratisation partielle mutilée par le refus du pouvoir de mettre en cause le monopole du parti unique.

L'opposition farouche, qu'a connue les réformes entreprises par Gorbatchev au sein du P.C a mis un frein à l'évolution et aux objectifs initiaux de la politique de réformes. Face à cette situation politique, des difficultés rencontrées, l'économie et la société soviétique resteront sans subir de transformations véritables. Les oppositions permanentes aux reformes entraveront son déroulement.

II-LES DIFFICULTES ECONOMIQUES ET SOCIALES

Il traitera de la désorganisation du système économique et de l'état inquiétant de la société soviétique.

2-La désorganisation de l'économie

Les reformes de Gorbatchev destinées à rendre plus efficace le système soviétique accentueront le déclin de l'empire soviétique.

D'abord dans les entreprises rien n'a changé. Cela a été le fruit d'un délicat compromis, la réforme était pourtant timide. Elle ne remettait pas en cause la propriété étatique. Elle a pourtant échoué. La bureaucratie centrale, celle du plan en particulier avec ses milliers de fonctionnaires a réussi à l'étouffer. Lors de la conception de la loi, le plan a en effet introduit un nouvel instrument : les commandes d'Etat. Son argument était que, pendant la transition les entreprises devaient continuer à travailler pour l'Etat en respectant ses ordres et ne venir que progressivement sur le marché.

C'est ainsi que, le comité d'Etat pour l'approvisionnement l'organisme central qui répartissait l'ensemble de la production entre les entreprises n'avait pas été supprimé. De 100% en 1987, la part de l'activité des entreprises effectuée directement pour l'Etat devait être réduite à 40% en 1990. Du fait de la pénurie et de la désorganisation générale, le rôle du comité pour l'approvisionnement (Gossnab) est peut être plus que jamais important. « Le système ministériel est toujours en place66(*)

En cinq ans, le nombre des ministères a été réduit de 25% leurs effectifs de 14 % mais il reste encore, 76 ministères à l'échelon fédéral et 568 dans les républiques. Dans les entreprises rien n'a vraiment changé tout l'ancien système est toujours opérationnel.

Dans les coopératives, faute de pouvoir autoriser immédiatement le développement d'un secteur privé, Mikhaïl Gorbatchev a fait adopter, en 1988 une loi autorisant les activités industrielles dans un cadre coopératif. Dans certains secteurs comme le commerce, l'artisanat, la restauration, les coopératives ont connu un rapide développement, traduisant ainsi l'existence d'un esprit d'entreprise d'une volonté d'indépendance dans une partie de la population. Il y avait officiellement plus de 200 000 coopératives à la fin de 1989. Le commerce du bétail qui représentait 1.5% dans l'économie connaissait d'énormes difficultés d'où l'élévation des prix. Ces prix ont provoqué un vif mécontentement au sein la population. Il est vrai que certains profitent de la situation de quasi monopole pour s'enrichir rapidement. Ils sont accusés par l'opinion publique d'être des spéculateurs. Certaines coopératives ont des difficultés à s'approvisionner, les entreprises d'Etat ne travaillaient seulement entre elles. Elles sont l'objet de contrôles de prix accrus. « A la fin de 1989, 4,8 millions de personnes travaillaient dans des coopératives (3% de la population actives). Les bureaucrates et les idéologues, s'appuyant sur la réaction d'une partie de la population, ont en définitive réussi à en limiter l'extension. »67(*)

Les sociétés mixtes l'une des autres grands espoirs de Mikhaïl Gorbatchev sont un autre exemple de compromis qui a abouti à un échec. Dès 1987, le nouveau patron du Kremlin prend une décision considérée alors comme révolutionnaire. Il s'agit de l'ouverture de l'URSS aux capitaux Occidentaux. Les capitalistes installés en URSS vont y apporter leurs capitaux, leurs technologies, mais et surtout leurs méthodes de gestion. Malgré l'avis de ses conseillers certains lui recommandaient alors la création massive et immédiate de zones franches où le capital occidental aurait pu travailler sans aucune contrainte. Il limite considérablement la portée de cette ouverture dès le départ. Les Occidentaux ne pourront venir en URSS qu'en créant des sociétés avec des entreprises soviétiques. Les conditions de fonctionnement de ces sociétés feront l'objet de longues discussions entre les différentes bureaucraties du pays. Ce qui va entraîner une certaine méfiance des industriels occidentaux. L'expérience des capitaux étrangers apparaît décevante après quelques années. « Malgré des investissements coûteux et des efforts considérables, la situation de l'agriculture était toujours aussi précaire. Dans l'industrie, la quantité n'arrivait pas à suivre la qualité. De plus grâce encore, l'appareil industriel dans son ensemble, (...) était incapable de s'adapter de façon compétitive, à l'ère nouvelle (...) » 68(*)

En 1989, on notait environ 1300 sociétés mixtes, mais très peu avaient une véritable activité industrielle. C'est alors que l'on assiste à l'implantation des grandes entreprises occidentales en URSS. Aucun des grands projets annoncés n'avait vraiment abouti. Les industriels occidentaux sont de plus en plus méfiants. Le scénario est sensiblement le même dans l'ensemble des secteurs de l'économie nationale. La production agricole avait été relativement satisfaite, mais les conditions de transport, de stockage et d'emballage étaient telles que les consommateurs ne devraient pas pouvoir en bénéficier.

Dans la même année 1989, l'Etat s'engageait à payer pour partie en devises les paysans pour leurs livraisons de céréales. Cette mesure a été aussi un échec complet. Les paysans n'ont pas tout fait confiance au gouvernement. Les dirigeants des exploitations agricoles ont tout fait pour décourager les candidats éventuels. Car l'Etat central a perdu les commandes de l'économie. Dans certaines Républiques, le secteur privé se développe rapidement, partout les marchés noirs fleurissent, parce que la prime en devises n'était pas payable quelques mois après la récolte.

Au-delà de cette situation, l'échec de la loi sur l'entreprise de 1987 apparaît emblématique dans les déboires de la perestroïka. Elle s'est heurtée à différents problèmes révélateurs des dysfonctionnements majeurs du système.

Les ministères ont continué à maintenir leur rôle dans le fonctionnement de l'économie soviétique. Ils multiplient les commandes d'Etat et ne laissent pas la possibilité au libéralisme de se développer. Les prix continuent d'être fixés de manière autoritaire par les ministères. Tout ce ci rend la non applicabilité de la loi sur les entreprises. Au regard de tout ceci on peut dire que la loi n'a vraiment pas sa raison d'être ou n'a pas de sens. Elle ne fonctionne pratiquement pas.

Toutes les réformes engagées depuis 1985 ont donc échoué. Elles ont contribué à une désorganisation générale de l'activité et abouti à une situation économique catastrophique. La production a dégringolé. Les tickets de rationnement sont les seuls produits qui connaissent un développement rapide. Le mécontentement social se traduit par des grèves de plus en plus fréquentes. La situation financière extérieure elle-même s'est fortement dégradée. « Nous n'avons plus d'argent pour acheter des céréales à l'extérieur69(*) Cela justifie les différents échecs des réformes apportées par Gorbatchev dans l'économie.

Durant ses six années de gestion de Gorbatchev, il n'y a, en réalités, ni plan ni marché. La perestroïka a cassé les différents mécanismes de l'économie planifiée mise en place depuis les années 1930.Gorbatchev ne parvient pas à définir clairement de nouvelles règles économiques ni proposer aux travailleurs de nouvelles motivations. Engluées dans des demi-mesures, la politique économique menée entre 1985 et 1991 ne fait qu'aggraver la crise qui s'était installée au coeur du système depuis le milieu des années 1970, portant à son comble le mécontentement populaire. Incapable d'améliorer les conditions de vie du plus grand nombre, le régime de Mikhaïl Gorbatchev devient de plus en plus impopulaire à l'intérieur du pays. Cette situation inquiétante de l'économie va provoquer le désarroi de la société soviétique.

1- L'état social de la population soviétique

L'échec des réformes économiques éclipse largement des réformes politiques spectaculaires, mais toujours orientées vers le maintien à tout prix d'un système dirigé par le seul P.C et d'une Union des républiques fondée sur la coercition et la méconnaissance des aspirations nationales. Ainsi les réformes entreprises par Gorbatchev pour donner une nouvelle image à son pays échoueront. L'économie soviétique va de pire en mal, les rouages traditionnels sont désorganisés, le marché noir est de plus en plus florissant, la corruption est très galopante. Toutes ses conditions difficiles de la vie engendreront des mécontentements, des troubles sociaux et des grèves. C'est ainsi qu'en décembre 1989, on assiste à la grève des mineurs et d'autres mouvements dans toute l'Union Soviétique. Pour contrer tous ces mouvements sociaux, Gorbatchev durcit son attitude : il interdit, la grève, rejette le programme de la transition accélérée vers l'économie de marché en 1990.

La perestroïka et la glasnost n'ont pas pu donner au pays le sourire qu'il souhaitait dans la relance économique ainsi que la politique de rigueur. La perestroïka Gorbatchévienne qui était porteuse d'un grand espoir, qui promettait la prospérité aux peuples de l'URSS, la sécurité et la stabilité à toute l'humanité à ses débuts, a plongé le pays dans une crise encore plus profonde que celle à laquelle elle devait remédier. « Il ne faut pas comprendre la perestroïka comme une entreprise visant à faire marché le système soviétique, il s'agit plutôt d'une tentative pour associer la communauté internationale à l'entretien, au financement, à l'équipement et à l'alimentation des pays socialistes. »70(*) 

C'est pour dire que Mikhaïl Gorbatchev comptait sur les Occidentaux pour la bonne réalisation de sa politique de réforme de l'URSS. Mais il fut trahi par ceux-ci, car étant opposé dans une confrontation de leadership. Donc aidé Gorbatchev à sauver le système soviétique était vu comme une trahison idéologique. A cette situation sociale vient s'ajouter la catastrophe nucléaire de Tchernobyl d'avril 1986 et le tremblement de terre arménien de 1988 qui a fait près de 25000 morts et 400000 sans-abri ralentissent ses actions de reformes.

Tous ces évènements et toutes ces oppositions ont freiné l'évolution et la mise en oeuvre de la perestroïka. Néanmoins elle a permis un bouleversement dans les relations entre l'URSS et les pays du monde communiste et entre l'URSS et l'Occident.

TROISIEME PARTIE :

L'IMPACT DES REFORMES DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES

Dominante au lendemain de la deuxième guerre mondiale, menaçante pendant les années 1950, expansionniste pendant les années 1960 et 1970, l'URSS s'est écroulée à la fin des années 1980 à la stupéfaction générale. Pourtant, elle connaissait depuis longtemps déjà des difficultés qui laissaient présager ce désastre, depuis les grippages de l'économie jusqu'à la dissidence internes en passant par la contestation du modèle soviétique aussi bien par les pays d'Europe de l'Est que par les nations au sein de l'empire. « Ce mélange explosif oblige Mikhaïl Gorbatchev, dès son accession au pouvoir en 1985, à mettre de l'avant des réformes destinées à préserver le système soviétique dégradant. »71(*) Ainsi en voulant transformer les structures en place depuis Staline grâce à l'appui d'une société que ses prédécesseurs ont voulu passive, Gorbatchev a pris un risque considérable. Par cette action de tentative de réforme, il changera le cours de l'histoire mondiale.

En effet, 1989 marque donc un tournant majeur aussi bien positif, avec le retour des troupes d'Afghanistan, que négatif, avec la chute du mur de Berlin. Ce dernier évènement compte aux yeux de la société soviétique et surtout pour les opposants de Gorbatchev énormément comme une trahison au communisme. Ils voient en lui le fossoyeur de l'héritage stalinien, l'origine de tous les maux qui accablent, en cette fin de décennie, l'empire soviétique déjà agonisant. Ainsi en reformant le socialisme soviétique, en le rapprochant de son origine marxiste-léniniste, Mikhaïl Gorbatchev ne s'apercevait pas qu'au lieu de tirer son pays vers le haut, il entamait le processus inévitable et imminent qui l'amènerait à sa perte.

En effet, de nombreux évènements vont alors s'enchaîner au coeur de l'URSS qui déstabiliseront le premier secrétaire et avec lui le régime. Ces événements provoqueront l'implosion de l'URSS et la création en 1991 de la C.E.I. Ce qui nous amène à la question suivante : Quel est l'impact de ses réformes entreprises par Gorbatchev dans les relations internationales ?

Les relations entre l'URSS et les pays du monde communiste feront donc l'objet du premier chapitre. Il est caractérisé par les contestations internes et de la dislocation de l'URSS et du bloc soviétique. Et enfin le second chapitre qui est le rapprochement entre l'URSS et l'Occident. Il relatera les facteurs de ce rapprochement et de ses conséquences.

CHAPITRE I : LES RELATIONS ENTRE L'URSS ET LES PAYS DU

MONDE COMMUNISTE

Les différentes reformes engagées par Mikhaïl Gorbatchev ont eu des répercussions immédiates dans les pays d'Europe de l'Est. Ces réformes ont bouleversé les relations entre l'URSS et ces pays. Les populations de ces pays désapprouvent de plus en plus les régimes autoritaires en place. Elles se tournent de plus en plus vers les pays Occidentaux, grâce à la politique d'ouverture instaurée par Gorbatchev. Les populations de ces pays de l'Est se rendront compte de la misère dans laquelle elles vivaient. C'est ainsi qu'on assiste de plus en plus aux contestations internes de l'URSS et de tout le bloc communiste. Tous ces pays sont lâchés par Moscou. Les P.C d'Europe de l'Est, discrédités, s'effondrent très vite, en espace de deux ans (1989-1991), tous les régimes communistes de l'Europe de l'Est disparaissent et le bloc de l'Est éclate.

Comment se sont donc manifestés ses nouveaux rapports entre l'URSS et les pays du monde communistes ?

Dans notre analyse, les contestations internes du régime soviétique, la dislocation de l'URSS et de la création la C.E.I. constitueront nos centres de réflexions.

I-LES CONTESTATIONS INTERNES

Les différentes réformes instaurées par Mikhaïl Gorbatchev pour sauver le régime soviétique agonisant donneront aux populations privées de liberté une certaine indépendance. Ces populations vont même vouloir se défaire de la tutelle de l'Union Soviétique. Mais au-delà, cette population, les opposants à la politique de reforme de Gorbatchev tenteront de faire un putsch afin de sauvegarder l'URSS et le bloc soviétique. Pour eux ces reformes sont les malvenues et voient en celles-ci la mort certaine de l'URSS.

1- Les revendications des nationalistes

La politique réformiste de Mikhaïl Gorbatchev en Union Soviétique ne peut qu'encourager les mouvements d'opposition aux régimes communistes dans les pays du bloc. Les gouvernements doivent accepter des mesures de libéralisation, d'ailleurs conseillées par Gorbatchev, mais qui ne seront pas considérées comme suffisantes.

Les aspirations à la liberté, longtemps contenues par les régimes communistes dans les pays du bloc soviétique et en URSS, se manifesteront irrésistiblement à la faveur des réformes tentées par Mikhaïl Gorbatchev et par sa politique d'ouverture vers l'Occident. Le maintien au sein des régimes communistes s'avère impossible.

C'est ainsi qu'en visite en Tchécoslovaquie en 1987, Gorbatchev expose sa vision d'une  « maison commune européenne72(*) Il estime que c'est ensemble collectivement que les européens pourront sauver leur maison. Il admet que chaque nation peut «vivre sa propre vie, suivre ses propres traditions. »73(*)En 1988, il précise, devant les tribunes de l'O.N.U, que la liberté de choix d'être reconnu aux peuples est primordiale. Il abandonne ainsi la doctrine de souveraineté limitée énoncée en 1968 par Brejnev et souhaite l'installation dans les démocraties populaires de gouvernements réformateurs acquis à ses idées. Il veut aussi donner des gages à l'Occident dont il attend un soutien politique et une aide financière.

Ce changement de doctrine débouche sur l'émancipation de l'Europe de l'Est. Le réveil brutal des populations a joué un rôle essentiel. Les manifestations de masses qui secouent les différents pays expriment la soif de liberté mais plus encore le rejet d'un système économique qui contraste avec les images d'abondance occidentale transmises dans les médias. « Partout la volonté de démocratie politique et de liberté économique l'emportent. En trois ans, les régimes communistes s'effondrent et les nationalités se libèrent, d'abord les pays satellites de l'URSS, puis en Union Soviétique elle même. C'est ainsi que l'Armée Rouge assiste sans sortir de ses casernes au grand bouleversement de 1989. Amorcé, en Pologne en 1980, le mouvement de remise en cause de l'hégémonie soviétique en Europe de l'Est s'accélère à l'époque de la perestroïka. »74(*)

A partir de l'année 1987, les populations du bloc de l'Est manifestent contre les pénuries et les difficultés économiques, et réclament l'octroi de libertés politiques et religieuses. Ce mouvement s'accélérera à partir de l'année 1989, avec un grand nombre de revendications nationalistes, voire séparatistes qui commenceront à naître à différents endroits au sein de l'Union Soviétique. A cela s'ajoute l'opposition des conservateurs communistes qui n'adhère pas à la nouvelle politique mise en place par Gorbatchev. Ils pratiquent ainsi des campagnes d'intoxication politique et de sabotage des activités entreprises par la réforme.

Toutes ses revendications nationalistes viennent du fait que l'URSS est une fédération complexe composée d'un grand nombre de Républiques et de nationalités qui depuis des décennies ont été opprimées et brimées. Donc avec l'affaiblissement du pouvoir central à Moscou et l'instauration de la perestroïka, elles se font de nouveau entendre pour réclamer leur liberté longtemps confisquée.

La contestation débute alors en Pologne, pays toujours contestataire vis-à-vis du régime de Moscou et profondément catholique. En Pologne, « les opposants ont eu l'impression que le bloc était rentré dans la phase de son déclin et que le gorbatchévisme constituait la dernière parade des élites communistes face à la dégénérescence du système75(*)En effet, un syndicat libre «Solidarnosc» (solidarité) s'est constitué depuis les chantiers navals de Gdansk en 1988, régulièrement en grève et qui sont en pointe de la contestation. Ce syndicat Solidarité était dirigé par Lech Walesa et conteste de plus en plus le pouvoir. Ce mouvement réclame le pluralisme syndical. Il était ouvertement soutenu par le nouveau Pape Jean-Paul II lui-même polonais. Il effectue alors plusieurs voyages en Pologne dès 1979 pour appuyer les opposants. C'est ainsi que lors des négociations de la table ronde qui permettent la naissance en douceur de la troisième république de Pologne, les dirigeants communistes polonais légalisent le mouvement social en Avril 1989.

Le mouvement s'accélère en 1989 avec la légalisation de Solidarité. Ainsi lors de la tenue des premières libres élections depuis plus de quarante ans les 4 et 8 juin 1989 voit la débâcle du P.C. polonais. Pour la première fois depuis 1947 un régime non communiste est constitué en Europe de l'Est. La même année, le rôle dirigeant du P.C est aboli en Pologne et Tadeusz Mazowiecki devient le premier ministre polonais non communiste en Europe de l'Est. Il est nommé le 19 août 1989 et investi à une écrasante majorité par la Diète polonaise le 8 septembre 1989 grâce à une coalition entre Solidarité, le Parti des Paysan et le Parti Démocrate. En décembre 1989, Lech Walesa dirigeant emblématique de Solidarité remplace le Général Jaruzelski du Parti Ouvrier Unifié Polonais (POUP) à la présidence. Le triomphe des candidats du syndicat solidarité à ces élections a déclenché une avalanche de révolutions pacifiques anti-communistes en Europe Centrale et en Europe de l'Est.

En Hongrie, des manifestations contre le régime se multiplient en 1987 et en 1988. L'opposition s'organise et les réformateurs entrent au gouvernement en juin 1988. La constitution stalinienne hongroise est modifiée et le pluralisme politique est reconnu. Le pays cesse cependant d'être une république populaire. Dès le mois de mai 1989, la Hongrie prit la décision d'ouvrir le rideau de fer le séparant de l'Autriche. Cette ouverture permettra ainsi la fuite vers l'Ouest de nombreux Allemands de l'Est.

En Tchécoslovaquie, une «révolution de velours »76(*) apparaît le 29 décembre 1989 et balaie l'ancien régime communiste en quelques jours. C'est ainsi que Vaclav Havel, dramaturge tchèque dissident, est élu à la présidence de la Tchécoslovaquie. Dans cette dynamique, le mouvement contestataire Forum Civique, remporte les premières élections législatives le 8 juin 1990 et reconduit Vaclav Havel à la présidence de la République en juillet 1990.

En Roumanie, la funeste dictature du mégalomane Nicolae Ceausescu77(*), connaîtra une fin rapide et tragique. Des émeutes populaires partant de Timisoara s'étendent à tout le pays. Le régime communiste s'effondre. Détestés Nicolae Ceausescu et sa femme sont exécutés fin de l'année 1989.

Quant à la République Démocratique Allemande (R.D.A), l'opposition au régime stalinien se développe. D'énormes manifestations se produisent et la fuite des Allemands de l'Est s'amplifie. Le gouvernement n'envisage aucune réforme et compte sur l'intervention des troupes soviétiques stationnées en R.D.A, mais Gorbatchev refuse d'intervenir. Dès lors le chef du P.C Erick Honecker démissionne et le régime communiste s'écroule. Le mur qui coupait Berlin en deux depuis 1961 est franchi le 9 novembre 1989 et les Allemands de l'Est ne pensent plus qu'à la réunification avec la République Fédérale Allemande (R.F.A).

C'est le Chancelier de la R.F.A Helmut khôl qui mettra tout en oeuvre pour la réunification de l'Allemagne. Cette chute du mur de Berlin produira une impression considérable en Allemagne et dans le monde. Surtout quand la réunification de l'Allemagne s'est faite sans aucune opposition de l'Union Soviétique.

L'écroulement du communisme contribue aussi à la désintégration de l'URSS par l'émergence du nationalisme. Dans la plupart des républiques de la fédération soviétique, les mouvements favorables à l'indépendance prennent de l'ampleur. Les trois républiques baltes la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie, qui n'avaient jamais accepté leur intégration forcée à l'URSS en 1944 (pacte germano- soviétique), proclament leur indépendance et demandent le retrait des troupes Soviétiques de leurs territoires. Gorbatchev qui voulait sauver l'URSS réagit par la fermeté et envoie des troupes soviétiques à Vilnius et à Riga en janvier 1991. Mais cette fois la télévision est présente. Cette scène choqua la communauté internationale, avec leur critique l'armée n'eut pas le temps de massacrer les indépendantistes.

A partir de ces pays, le mouvement indépendantiste regagne les autres républiques de l'Union la Moldavie, la Biélorussie, l'Ukraine, l'Arménie, le Turkménistan, le Tadjikistan, l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Kazakhstan et la Géorgie, qui émettent des proclamations de souveraineté ou d'indépendance. Gorbatchev comprit que la violence ne pouvant plus freiner le désir d'indépendance de ces Républiques«  décide d'organiser un référendum afin de proposer un nouveau statut pour l'Union qui prendrait en compte les aspirations autonomistes qui émergent au coeur de l'URSS. »78(*)Celui-ci a eu lieu le 17 mars 1991. Mais la consultation ne se fait que dans neuf Républiques sur les quinze (15) que sont l'Ukraine, la Russie, la Biélorussie, du Turkménistan, du Tadjikistan, de l'Azerbaïdjan, de l'Ouzbékistan, du Kirghizistan et du Kazakhstan. En effet, les trois Républiques baltes la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie se sont déjà proclamées indépendantes depuis 1990 et la Géorgie, l'Arménie et la Moldavie s'apprêtent à en faire autant. Néanmoins, les Soviétiques des neuf Républiques répondent oui à 76%.

Cependant Gorbatchev est de plus en plus impopulaire. Ce référendum est le désir pour Gorbatchev de renouveau et de souveraineté plutôt que d'un attachement à l'Union. C'est ainsi que la Géorgie se déclare indépendante le 9 avril 1991.Quant à la Russie qui était favorable au referendum, se prononcera pour un régime présidentiel. C'est alors que Boris Eltsine79(*) est élu au suffrage universel direct à la présidence de la Russie. Cette décision et l'élection de Boris Eltsine pose à Gorbatchev le problème capital au niveau de son poids politique sur la scène intérieure, n'ayant pas la consécration du vote populaire. Mais il garde tout de même de l'importance sur la scène internationale. C'est ainsi que Gorbatchev représente son pays au sommet des pays industrialisés se tenant à Londres en juillet 1991. « Il fait alors part de son désir de faire passer l'URSS à une économie de marché. Cette annonce condamne donc l'économie socialiste, portant ainsi un coup fatal au dogme marxiste-léniniste. »80(*) C'est alors que les réformateurs libéraux lui reprochaient de ne pas faire assez de réformes, et les conservateurs communistes, nostalgiques de la grande URSS de Staline, lui reprochaient aussi de brader l'empire et d'entraîner le pays dans le déclin. Aussi, afin de sauver ce qui pourrait encore l'être, les communistes conservateurs tenteront de faire un coup d'Etat en août 1991.

2- La tentative de putsch des conservateurs du PCUS

Depuis 1985, année de sa nomination au poste de Secrétaire Général du PCUS, Mikhaïl Gorbatchev avait initié un programme ambitieux de réformes, contenu dans les mots de perestroïka et glasnost, respectivement restructuration économique et transparence politique. « Le passage à l'économie de marché aboutit les 25 et 26 juillet 1991, lors du plénum du Comité Central du PCUS à l'abandon du principe de lutte de classe cher au socialisme soviétique. Ces changements déclenchèrent des résistances et de la suspicion de la part des membres conservateurs du système communistes. »81(*) La réforme libère aussi bien des forces et des mouvements auxquels Gorbatchev ne s'attendait pas. Ses agitations nationalistes de la part des minorités non russes de l'Union Soviétique progressèrent et des craintes existaient que certaines républiques fissent sécession.

Les conservateurs ayant du mal à accepter la perte d'influence de l'URSS en Europe de l'Est et redoutant l'éclatement de l'Union Soviétique, tiennent Gorbatchev personnellement responsable de la décomposition de l'Etat, de la faiblesse de l'économie et de la perte de l'empire. « Pour ces conservateurs vu tous ses échecs, Gorbatchev ne devrait plus être à la tête de l'Etat et songent à se débarrasser de lui. Ceux-ci auraient été poussés par la crainte de perdre leurs postes dans les instances dirigeantes du parti et du pays mais aussi la perte de leurs privilèges. A cette crainte de perdre leurs privilèges, il y a aussi le fait qu'après des négociations les Républiques acceptèrent un nouveau traité qui leur donnait une autonomie presque totale au sein d'une fédération disposant d'un président et au sein de laquelle seule les politiques étrangères et défenses seraient communes. »82(*) C'est ainsi qu'ils arrivent à la conclusion d'agir pour sauver l'URSS. Bien que ce traité fût destiné à sauver l'Union, les tenants de la ligne dure du communisme craignaient qu'il encouragerait certaines petites Républiques, à exiger une indépendance complète particulièrement l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie.

C'est pour cela que le 19 août 1991, à la veille de la signature du traité sur la nouvelle Union que les conservateurs retiennent Gorbatchev et sa femme prisonniers dans leur résidence de vacances en Crimée et en le déclarant « incapable d'assumer ses fonctions pour des raisons de santé. Ils annoncent la formation d'un  Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence»83(*). Ces putschistes ont leur tête le vice-président de l'URSS Guennadi Ianaev, le premier ministre Valentin Pavlov, le vice-président du conseil de défense Oleg Baklanov, le président du K.G.B Vladimir Krioutchkov, le ministre de l'intérieur Boris pougo, le ministre de la défense Dimitri Iazov, le président de l'association des entreprises d'Etat Alexandre Tiziakov et le président de l'union des paysans de l'URSS Vassili starodoutsev tous ayant accédé à leur fonction sous Gorbatchev qui est le chef de fil. Tous ces artisans comme on le voit sont donc les plus hauts dignitaires du régime et membres du P.C.

Le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence de l'URSS, dans leur adresse au peuple soviétique déclare leurs intentions. L'armée sous leurs ordres occupe Moscou. Ils établissent « la censure et interdisent les activités politiques hostiles au parti communiste. Mais il faut reconnaître que le putsch apparaît rapidement comme un putsch idiot selon les termes du journaliste Maxime Sokolov. Idiot parce que l'armée, ne peut pas utiliser ses armes, aucune communication nationale ou internationale n'est coupée, et les principaux réformateurs dont fait partir Boris Eltsine ne sont pas inquiétés, ni arrêtés. »84(*)

Toutefois, les conservateurs, alors enfermés au Kremlin, n'avaient pas pris en compte l'évolution de la société. Il est évident que celle-ci n'est plus passive qu'auparavant et le peuple a pris goût à la liberté née avec Gorbatchev et la glasnost et ne compte pas la perdre. C'est pourquoi cette population répond massivement à l'appel à la résistance lancé depuis « la Maison Blanche»85(*)par Boris Eltsine. Cet appel est le suivant :

« Nous somme en présence d'un coup d'Etat droitier réactionnaire et anticonstitutionnel. Les solutions de force sont inadmissibles. Elles discréditent l'URSS aux yeux du monde entier, nous ramènent à la guerre froide et à l'isolement. Tout cela nous oblige à déclarer illégal ce prétendu Comité qui a pris le pouvoir. Nous appelons les citoyens de Russie à donner aux putschistes une réponse digne. Nous demandons aux militaires de faire preuve d'un grand esprit civique et de ne pas prendre part au coup d'Etat des réactionnaires. Le président Gorbatchev doit pouvoir s'exprimer en public. Nous exigeons la convocation immédiate d'un congrès extraordinaire. Tant que nos exigences ne sont pas satisfaites, nous appelons à la grève générale illimitée. »86(*)

L'appel à la résistance au putsch de Boris Eltsine a fait place à plusieurs manifestations importantes contre les dirigeants du coup d'Etat. Beaucoup de manifestations eurent lieu dans tout le pays mais les importantes se déroulèrent à Moscou et à Leningrad. La résistance organisée par Boris Eltsine depuis le parlement de la Russie inquiète le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence. Ce Comité tentera de déloger Boris Eltsine et ses camarades de la maison blanche.

Les putschistes envoyeront les forces spéciales du KGB afin que ceux-ci délogent et arrêtent Boris Eltsine et ses camarades. Cet assaut fut un échec « car les hommes du groupe Alpha ont décidé de ne pas bouger. Ils n'ont finalement même pas pris leur position de combat et se sont contentés d'observer la maison dans laquelle se trouvait Boris Eltsine de loin. »87(*) Cette désobéissance de l'unité Alpha fait penser donc à un ralliement à la cause de Boris Eltsine président élu de la Russie. Elle est due à l'état psychologique des hommes du groupe Alpha. En effet « ils voient bien que la situation est incertaine. Personne ne sait comment tout cela se terminera. Ils devinent qu'en cas d'échec du coup d'Etat c'est sur leur conscience que retombera l'intervention armée contre le président légalement élu de la Russie. Seul un aventurier peut prendre ce genre de responsabilité sans réfléchir. »88(*) Cette attitude des soldats montre que les reformes engagées par Mikhaïl Gorbatchev ont eu un impact sur la population.

Ayant senti le ralliement de l'armée, Boris Eltsine eut confiant de bien mener la lutte pour faire face aux putschistes. C'est ainsi qu'il se tient debout sur un blindé pour condamner la junte. Il appelle le peuple à toujours résister pour permettre l'échec du putsch. Ces manifestations à la résistance se sont déroulées dans la majorité sans trop de heurts. « Le 21 août 1991, la grande majorité des troupes envoyées à Moscou se rangea ouvertement au côté des manifestants ou firent défection. Cette symbiose de la population et de l'armée fait échouer le coup d'Etat après trois jours d'existence. » 89(*)

L'échec du putsch a montré que le peuple russe était en avance, dans sa volonté et son courage au service de la démocratie, sur la vision que les dirigeants Occidentaux ont de son avenir. Ainsi,  « cet échec du putsch discrédite entièrement la thèse voulant, que fatigué et désabusé, le peuple soviétique aurait accueilli avec un certain soulagement l'avènement d'une dictature, si seulement celle-ci devrait permettre de remplir les étalages90(*)Ce mythe d'un peuple prêt à courber l'échine pour peu qu'on lui donne à manger vient de voler en éclats.

En résistant aux tanks, les manifestants ont montré qu'on ne peut pas les duper en approvisionnant artificiellement les magasins. Ils savent bien que seules les réformes en profondeur peuvent mettre fin à la misère. C'est pourquoi la population se range massivement et sans équivoque derrière ceux qui favorisent ces réformes. Ce putsch n'a pas réussi car la population et l'armée ont refusé de participer à cette organisation anticonstitutionnelle. Cet acte est un atout majeur pour l'avenir. C'est alors que tous les putschistes sont tous arrêtés sauf Boris Pougo le ministre de l'intérieur qui se suicida.

Gorbatchev qui avait été assigné à résidence surveillé à sa maison de vacances en Crimée, retournera à Moscou en disant : « Nous volons vers une nouvelle époque.»91(*)Pour dire que l'époque des coups d'Etat est révolue et donc que la liberté prônée par lui est en fin retrouvée. Grâce à celle-ci le putsch n'a pas réussi, il a été un échec total.

A son retour au pouvoir, Gorbatchev promit de purger les conservateurs du PCUS. Il démissionna de son poste de secrétaire général du parti mais resta le président de l'Union soviétique. « L'échec de ce coup d'Etat amena une série d'effondrements des institutions de l'Union. C'est ainsi que Boris Eltsine prit le contrôle de la société centrale de télévision, des ministères et des agences économiques clés. Ce putsch fut l'un des derniers souffles finaux de la deuxième puissance militaire mondiale qui, à partir de là, vivra ses dernières heures. Malgré quelques tentatives d'actions afin de sauver ce qui peut l'être du régime, Gorbatchev échoua. Car le rôle de Boris Eltsine et celui du peuple soviétique, nouvellement libre, dans la résistance du putsch des conservateurs vont irrévocablement changer la donne. » 92(*)Le putsch va donc précipiter la dislocation de l'URSS et favoriser la création de la C.E.I93(*). C'est que ainsi les jours qui ont suivi le putsch plusieurs Républiques vont réclamer leur indépendance. L'URSS sera définitivement démantelée en décembre 1991.

II- LA DISLOCATION DE L'URSS ET LA CREATION DE LA C.E.I

Le putsch perpétué par les communistes conservateurs signe la fin du régime communiste et de l'Etat soviétique. L'échec du putsch accélère brutalement la désagrégation de l'Union Soviétique. Les institutions que regorge l'URSS tombent les unes après les autres. Nous avons entre autre les activités du PCUS qui sont suspendues puis interdites. Le Comité Central est dissout et Gorbatchev doit démissionner de son poste de secrétaire général dormais interdit. Le KGB est aussi démantelé. Toutes ses situations profitent au président de la Russie Boris Eltsine. « Il est le grand bénéficiaire de l'échec du coup d'Etat. Il n'hésite pas à humilier Mikhaïl Gorbatchev qui tente de défendre le parti communiste devant le parlement russe en suspendant les activités du parti communiste de Russie. » 94(*) Face à cet échec Gorbatchev prend conscience et démissionne de son poste de premier secrétaire du PCUS après avoir demandé au Comité Central de se dissoudre, mais il reste le président de l'URSS. Le P.C est alors interdit dans l'armée et dans les organismes d'Etat. Le 29 août 1991, l'inévitable se produisit. Le soviet suprême suspend les activités du P.C dans toute l'URSS avant de se dissoudre lui-même.

1- L'implosion du régime communiste

Le P.C alors disparaît. Cette disparition crée un vide institutionnel colossal étant donné que c'est le parti qui détenait la réalité du pouvoir en URSS. Pour combler ce vide, il faut une nouvelle Constitution pour le pays. En attendant que celle-ci soit rédigée trois organismes sont mis en place à afin de diriger les affaires courantes l'Union Soviétique.

C'est ainsi qu'un Conseil d'Etat réunissant Gorbatchev et les dirigeants des Républiques est chargé de coordonner la politique étrangère et les questions intérieures communes aux Républiques ; un Comité Inter Républicain doit regrouper des représentants de toutes les Républiques pour coordonner la gestion et la réforme de l'économie ; et un Conseil des représentants des députés du peuple chargé d'élaborer la nouvelle Constitution de l'Union.

Le K.G.B quant à lui, symbole du régime communiste, est dissout le 2 octobre 1991. Tous ces bouleversements au niveau fédéral se produisent dans toutes les Républiques de l'Union Soviétique. Les P.C de toutes les Républiques qui composent l'URSS sont dissouts, le 6 novembre 1991. Cet acte de dissolution de tous les partis accélérera les mouvements indépendantistes des différentes Républiques. Cette élimination du parti ciment du système soviétique entraîne le naufrage définitif de l'Union.

A la veille et à l'origine du putsch, quelques Républiques attachées à l'Union se déclaraient indépendantes ou revendiquaient une autonomie et une souveraineté propre. Ce putsch manqué accélérera l'idée d'autonomie et de liberté de ces Républiques. C'est ainsi que toutes les Républiques de l'URSS accèdent à l'indépendance sauf le Kazakhstan et la Russie. Mais ces Républiques ne seraient pas économiquement viables seules et c'est en tenant compte de ces considérations économiques que Gorbatchev utilise le peu d'influence qui lui reste pour tenter de sauver l'Union Soviétique. Il élabore ainsi un traité économique qui est signé par huit Républiques c'est-à-dire la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et le Turkménistan.

Pendant ce temps le Conseil d'Etat de son côté, prépare un traité politique laissant aux Républiques leur souveraineté et conférant au pouvoir central uniquement la représentativité diplomatique et les affaires militaires. Mais ce projet nouvel de l'Union ne satisfait pas et apparaît, aux yeux de Boris Eltsine qui revendique l'héritage des pouvoirs de l'URSS pour la Russie, comme illusoire car le nouveau parlement ne comprend que les députés de sept Républiques. C'est alors que l'idée de création de la C.E.I parvient à Boris Eltsine.

2- La création de la Communauté des Etats Indépendants (C.E.I)

Au cours de l'automne 1991 les Républiques constituantes de l'Union Soviétique proclamaient, les unes après les autres, leur indépendance sans que le président Soviétique Gorbatchev n'ait la possibilité de s'y opposer par la force. A cela s'ajoute l'échec du putsch qui a précipité la disparition de l'URSS.

Mais c'est plus Boris Eltsine qui portera le coup de grâce à l'URSS et à Gorbatchev toujours chef de l'Etat. En effet le 8 décembre 1991, Boris Eltsine rencontre à Minsk dans la capitale de la Biélorussie, les présidents de la Biélorussie Stanislas Chouchkevitch, de l'Ukraine Leonid Kravtchouk. « Ils constatent tous les trois que l'URSS n'a plus existence réelle. Ils décident alors de fonder une Communauté d'Etats Indépendants ouverte à tous les Etats de l'ancienne URSS. C'est une Communauté d'Etat copiée sur le modèle de la Communauté Européenne, dans le cadre de laquelle les Républiques pourront coordonner leurs politiques, économiques et bancaires. »95(*)Gorbatchev proteste vivement, en accusant les trois présidents de ne pas respecter le référendum du printemps 1991, de ne pas respecter la légalité et l'obligation de consulter le peuple.

Malgré cela, le mouvement de disparition de l'URSS paraît désormais impossible à enrayer. Les différents pays du bloc communiste et les pays de l'Union Soviétique vont de plus en plus multiplier des actions indépendantistes. C'est ainsi que  « le 14 décembre 1991, les cinq Républiques d'Asie Centrale l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et le Turkménistan rallient la C.E.I suivies de près par l'Arménie et la Moldavie. Le dernier Etat fidèle à l'Union le Kazakhstan, déclare son indépendance et rejoint la Communauté le16 décembre 1991. Le coup mortel vient le 21 décembre 1991 lors de la Conférence d'Alma-Ata au Kazakhstan où la création de la C.E.I est officialisée par les présidents de onze République de l'ancienne URSS. A savoir l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan, le Kazakhstan, la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie, l'Arménie. Lors du sommet d'Alma- Ata, un accord fut également conclu entre les quatre puissances nucléaires de la C.E.I la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan sur l'instauration d'un commandement unique des forces nucléaires stratégiques. » 96(*) Un traité sur le commandement militaire unifié fut également signé lors de cette conférence. Cette action des différents pays affaiblira l'URSS de plus en plus. Le pays n'a désormais plus de citoyenneté soviétique. La dislocation est faite. C'est donc la fin de l'URSS.

Gorbatchev est alors totalement isolé. L'isolement va plus s'accentuer et considérer comme une grave action de dislocation qui va pousser Mikhaïl Gorbatchev à la démission. Lorsque « Boris Eltsine reçoit le secrétaire d'Etat américain James Baker, lui exposant le projet de traité militaire de la C.E.I et annonce, afin de rassurer l'Occident et les Etats-Unis, un contrôle unique de l'armement nucléaire par la Russie. Il en profite pour déclarer que toutes les institutions de l'ex- URSS cesseront de fonctionner à la fin de l'année 1991. »97(*) Gorbatchev perd alors son ultime rôle de porte-parole de la politique étrangère de son pays et prend acte de la perte de son pouvoir. Il est le président d'Etat qui a perdu toute son existence.

L'ultime étape de ce processus rapide de dislocation est l'annonce de la démission de Mikhaïl Gorbatchev à la télévision le 25 décembre 1991 en déclarant que « la ligne du démembrement du pays et de la dislocation de l'Etat a gagné, ce que je ne peux pas accepter98(*) Reconnaissant officiellement la mort de l'URSS, Gorbatchev transmet la mallette nucléaire à Boris Eltsine, président de la Russie. La Russie est donc la nation héritière de l'ex-URSS.

Ce même jour la plupart des grands pays rendent hommage au rôle joué par Gorbatchev dans la transformation pacifique de l'URSS. « Le 26 décembre 1991 la presse ex-soviétique, restée fidèle à Gorbatchev, commente cette démission et souligne la grande avancée de la perestroïka qui leur a donnée la liberté de parole et de pensée. »99(*)

Privée de son empire et libérée de son carcan communiste en 1991, la Russie est néanmoins reconnue comme Etat successeur de l'URSS sur le plan international. Elle conserve même son statut de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies (O.N.U).

Malgré tous les efforts entrepris par les réformateurs pour sauver l'URSS, en instaurant la perestroïka et la glasnost, le colosse empire soviétique n'a pu résister. Tous ces évènements précipitèrent la fin de l'URSS. Ils mettent en lumière les carences du diagnostic de Gorbatchev qui a sans doute sous-estimé les velléités indépendantistes qui n'ont cessé de s'amplifier avec la détérioration de l'économie et l'appauvrissement de la population.

Ainsi durant toute cette période de réforme, Gorbatchev a posé des actes positifs pour sauver l'URSS. Il a pratiqué une politique d'ouverture sur le monde et amélioré ses rapports avec les pays Occidentaux.

CHAPITRE II : LE RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET

LE ETATS-UNIS

Depuis le milieu des années 1970, le monde a été plongé de plus en plus dans la crise économique. De nouveaux foyers de tensions se sont développés et les superpuissances ont eu des relations difficiles. Le début des années 1980 est marqué par l'engagement d'une nouvelle course aux armements, la détente amorcée au début des années 1970 semble donc interrompue.

Mais l'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev en 1985 précipite les évènements. « Mikhaïl Gorbatchev met en place une politique de réforme pour sauver son pays souffrant déjà des difficultés économiques, politiques et sociales, afin de refaire son retard et rattraper les Etats-Unis. »100(*) Mikhaïl Gorbatchev opte ainsi pour le dialogue entre l'Est et l'Ouest qui s'est détérioré pendant longtemps dans les tensions. Il instaure donc sa politique de réformes perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence). L'URSS s'ouvre dès cet instant sur le monde et connaît les réalités des pays Occidentaux.

A partir de cette période, le dialogue s'intensifie subitement entre les deux grands et débouche, au début des années 1980, sur une véritable détente à la faveur de l'effondrement du glacis stratégique de l'Union Soviétique. Dès lors beaucoup de conflits dus aux confrontations Est-ouest se trouvent ainsi résolues ainsi que le désarmement des deux blocs.

Quels sont donc les facteurs du rapprochement entre l'URSS et l'Occident ? Quelles sont les conséquences de ce rapprochement ?

Dans notre analyse nous tenterons de mettre ses facteurs en exergue et ensuite de traiter des conséquences de ce rapprochement.

I-LES RAISONS DU RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET LES

ETATS-UNIS

Les raisons sont diverses. Il y a d'abord la nouvelle politique mise en place par Mikhaïl Gorbatchev depuis son avènement à la tête de l'URSS et la réponse favorable du président Ronald Reagan à la tête des Etats-Unis.

1- L'avènement de Mikhaïl Gorbatchev en URSS

A la mort de Brejnev en 1982, l'URSS est confrontée à une série de problèmes qu'elle se relèvera incapable de résoudre dans le cadre du régime communiste. « Ces problèmes sont d'ordre sociales et surtout économiques. Ces difficultés du système soviétique remontent à l'époque de la collectivisation et des premiers plans quinquennaux, mais s'aggravent pendant les années 1950 jusqu'à devenir insolubles à partir des années 1970.»101(*)L'équipe de Brejnev a bien tenté de redresser le pays en instaurant de nouvelles méthodes de gestion et de planification, de responsabilités accrues aux entreprises, d'alignement de l'agriculture sur le secteur, d'ouverture au marché mondial, mais l'équipe ne réussira pas à freiner le déclin de l'URSS.

A cette situation catastrophique de l'Union Soviétique dans les années 1980, vient s'ajouter l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan en 1980, un républicain conservateur, obnubilé par le déclin américain. C'est ainsi qu'il « veut donner de la confiance à l'Amérique et estime qu'on ne peut négocier avec l'URSS qu'en position de force. Pour lui l'URSS est l'empire du mal, la représentation du diable sur la terre qu'il faut abattre. Son discours met fin au processus de la détente. Il n'y a pas de coexistence pacifique puisqu'elle n'est profitable qu'à l'URSS. »102(*) Ce durcissement de la politique des Etats-Unis se confirme d'autant plus que l'URSS est confrontée par des problèmes de succession entre 1982 et 1985 c'est-à-dire entre la mort de Brejnev et l'arrivée de Gorbatchev. C'est donc dans cette situation trouble de l'URSS que Ronald Reagan le président des Etats-Unis va initier une nouvelle course aux armements contre l'URSS. Ronald Reagan lancera l'Initiative de Défense Stratégique (I.D.S).

Son objectif était de rendre les Etats-Unis invulnérables aux attaques de missiles nucléaires Soviétiques. « Ce projet est d'édifier dans l'espace un bouclier inviolable avec stations spatiales de détection et de frappe nucléaire en vu de détruire dans l'espace tout missile ennemi lancé contre les Etats-Unis. Il veut s'assurer une supériorité décisive sur l'URSS par la fin de l'équilibre de la terreur car l'URSS ne pouvant plus détruire les Etats-Unis, ces derniers pouvant anéantir leur ennemi. » 103(*)Il voulait aussi essouffler l'économie soviétique au cas où celle-ci s'acharnerait à vouloir relever le défi et à s'engager sur cette voie. Et enfin, il voulait relancer la recherche aux Etats-Unis pour amplifier l'avance technologique. Dès lors on assiste à une augmentation considérable du budget militaire américain. Il atteint en 1987 295 milliards de dollars soit 29% du budget du pays. Débute alors une course effrénée entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique. « Fin 1979 et début 1980 le conseil atlantique décide d'installer dans plusieurs pays de l'O.T.A.N (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) des fusées Pershing II ainsi que des missiles de croisières indétectables en vol à très basse altitude et ultra précis. Ces fusées prévues s'implantent en Europe dès 1983 jusqu'en 1985. Ces missiles sont la riposte à ceux des soviétiques. »104(*)

En effet, depuis 1977 les soviétiques ont déployé en Europe des missiles SS 20 de moyenne portée (1000-5000km) et d'une redoutable précision en remplacement d'anciennes fusées SS 4 et SS 5 dépassées. Dès lors, les Etats-Unis interviennent militairement contre l'expansion communiste dans le monde soit par des opérations musclées comme en Grenade en 1983 soit par un soutien important contre aux mouvements communistes les contras du Nicaragua et des Talibans Afghans.

C'est dans cette période de surenchère américaine que Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985. Il se rend compte qu'il ne peut pas se lancer dans cette course, faute de moyens financiers. « Cette arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev marque donc un tournant fondamental dans la diplomatie soviétique. La raison de ce virage réside non seulement dans les difficultés internes que rencontre l'URSS mais aussi, et surtout, dans le fait que l'URSS n'a plus les capacités économiques et financières de faire face à la nouvelle course aux armements déclenchée par le Président américain Ronald Reagan..» 105(*) C'est ainsi qu'il décide de moderniser son pays et de tenter de faire face à l'échec économique total. Il veut aussi donner une nouvelle image de l'URSS à l'étranger et de réformer le régime, est devenu lourd. C'est pourquoi il opte pour l'instauration de la politique de perestroïka (la restructuration) et la glasnost (la transparence).

La mise en place de cette politique exige une politique de coopération et de détente avec l'Occident. C'est ainsi qu'il ouvre son pays sur l'extérieur et appelle de tous ses voeux à une détente réelle entre les deux systèmes qui s'opposent depuis 1947.

2- La réponse américaine à appel de Gorbatchev

Cette demande de négociation de l'URSS intervient pendant le second mandat de Ronald Reagan. Réélu en 1984 pour la seconde fois, Ronald Reagan est confronté aux limites de sa propre politique. Le président Reagan va donc accepter cette demande de négociation.

En effet, le réarmement qu'il engage est très coûteux à l'administration américaine environ 5% du PNB. Cela est très lourd pour l'Etat Américain. A cette situation financière s'ajoute les différents échecs des Etats-Unis dans les conflits au Proche Orient. Notamment l'incapacité des Etats-Unis à résoudre le conflit libanais et à lutter contre le rôle déstabilisateur du Hezbollah soutenu par l'Iran et à l'origine des prises d'otages et d'autres attentats. La perte d'influence en Iran après l'installation de la République Islamique. Par ailleurs l'Amérique reprend l'initiative sur les conflits en Amérique Latine où elle reprend sa politique d'aide aux dictatures bien peu fréquentables.

Face à toutes ces difficultés auxquelles l'Amérique est confrontée, Ronald Reagan répond favorablement à l'appel de Gorbatchev et peut se considérer comme le grand vainqueur de l'épreuve de force. L'URSS demande à négocier et s'apprête même à modifier profondément son système politico social économique.

A ce fait, il faut affirmer que « Reagan a voulu passer à la postérité en terminant son second mandat par des accords importants avec l'URSS106(*) Ronald Reagan se transforme ainsi en artisan de la paix mondiale.

La détente apparaît donc comme une nécessité pour conduire à l'entente entre les des deux grands pour résoudre les problèmes intérieurs mais aussi les grands problèmes mondiaux. Elle permettra de résoudre les différents problèmes au plan intérieur et au plan extérieur des deux grands.

II-LES CONSEQUENCES DU RAPPROCHEMENT

Ces conséquences se traduisent par l'intensification du dialogue entre l'URSS et les Etats -Unis et par la fin de la guerre froide.

1- L'intensification du dialogue entre l'URSS et les Occidentaux

Cette intensification du dialogue se fera d'abord par plusieurs rencontres entre l'URSS et les Etats-Unis. A la suite de ces rencontres suivra des accords puis le désarmement.

Dès son accession au pouvoir en 1985, Gorbatchev renoue le dialogue avec les Etats-Unis. Il veut à tout prix diminuer fortement les dépenses militaires que l'Union Soviétique ne peut plus payer et l'expansion de son empire qui lui coûte très cher. En vu d'atteindre ces objectifs plusieurs rencontres s'effectuent entre Gorbatchev et Reagan puis Georges Bush, son vice- président élu en 1988. Alors on assiste à une multiplication des rencontres au sommet entre 1985 et 1989.

Les diverses conférences qui se tiennent à cet effet eurent lieu dès 1985 à Genève en Suisse. Cette rencontre fut la première. Cette reprise du dialogue a permis d'envisager la tenue de d'autres sommets de ce genre. C'est ainsi qu'en 1986 au sommet de Reykjavik en Islande, les deux superpuissances adoptent le principe de la suppression totale des euromissiles. Ils se mettent d'accord sur la réduction de 50% des armements nucléaires offensifs stratégiques. En décembre1987 à Washington aux Etats-Unis, un traité est signé entre l'URSS et les Etats-Unis sur la diminution des armes stratégiques à destruction massive. Enfin en 1988 à Moscou en URSS est signé un traité sur la réduction effective des armements des deux.

Ces premières rencontres eurent lieu entre Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan. Les autres traités eurent lieu en Mikhaïl Gorbatchev et Georges Bush nouveau président des Etats -Unis. Ainsi nous avons les traités de Maltes en décembre 1989. Le traité porte sur le désarmement étendu aux armes stratégiques. A cette rencontre Gorbatchev et Bush célèbre la fin de la guerre froide. A ce traité s'ajoute celui de juillet 1991 à Moscou en URSS. C'est le traité de START I(Strategic Arms Reduction Talks). Ce traité concerne les armes stratégiques et la destruction de 25% à 30% des arsenaux nucléaires des deux grands. Les Etats-Unis et l'Union Soviétique établissent ainsi un climat de confiance propice à la signature de ces nombreux accords. Cette attitude des deux grands aura des répercussions sur l'ensemble de la planète.

Toutes ces rencontres ont abouti à un règlement des conflits liés à la confrontation Est-Ouest.

En Afghanistan, l'armée soviétique, venue pour soutenir le régime communiste de Kaboul face à la résistance islamique soutenue par les Etats-Unis, s'est progressivement enlisée dans une guerre sans issue. Face à un conflit qui ressemble de plus en plus à la guerre du Viêtnam, Gorbatchev annonce en décembre 1987 le retrait progressif de ses troupes. C'est alors que «les derniers soviétiques quittent le sol afghan début 1989.»107(*) Privé de son protecteur, le régime communiste tombe en 1992. Ce pays a depuis lors sombré dans une terrible guerre civile.

En l'Asie du Sud-est, la paix revient. Depuis 1979, le Cambodge est ravagé par des combats qui opposent les khmers rouges soutenus par Pékin et les vietnamiens aidés par Moscou. L'arrêt de l'aide soviétique aux vietnamiens les conduits à quitter le Cambodge en 1989. Cette action permet à Gorbatchev d'effectuer un voyage officiel en Chine dans la même année. Ce voyage de Gorbatchev a permis la normalisation des relations sino-soviétique dégradées depuis les années1950. L'ensemble indochinois est entré sur la voie de la pacification après 45 ans de tensions et de guerres.

En Amérique Latine, notamment au Nicaragua la paix fait aussi son retour. C'est le changement d'attitudes des Etats-Unis qui permet le retour de la paix. En effet, la pression menée par le Congrès Américain pousse le président Georges Bush à cesser l'aide aux contras. Depuis 1979, date à laquelle le dictateur pro-américain Somoza est renversé par les révolutionnaires Sandinistes, une violente guerre civile ravageait le Nicaragua. Le gouvernement Sandiniste bénéficiait du soutien des Cubains et des Soviétiques, Washington soutient quant à lui la rébellion menée par les contras. L'arrêt de l'aide américaine permettra de faire des élections libres sous le contrôle de l'O.N.U en février 1990 qui donnent la victoire à la candidate d'Union Nationale, Violetta Chamorro, et assure le retour au calme.

En Afrique, les Etats-Unis se sont intéressés de plus près à ce continent qu'après la décolonisation lorsqu'ils ont pris conscience de la forte pénétration soviétique. La lutte d'influence s'exerce particulièrement dans les régions stratégiques du continent.

Notamment dans la corne africaine le rapprochement entre l'URSS et l'Ethiopie en 1977 provoque également celui de la Somalie voisine aux Etats-Unis. Quant à la route pétrolière du cap, elle révèle l'importance stratégique de l'Afrique du sud, dont le soutien par les Occidentaux à ce pays rend difficile par le maintien du régime raciste.

C'est alors que dans ce continent nous assistons à une régulation entre le Maroc et le Front Polisario qui acceptent le plan de paix de l'O.N.U avec un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Il y a aussi l'accord de paix entre l'Ethiopie et le Somalie suite aux désengagements de l'Union Soviétique aux côtés de l'Ethiopie. En 1988, le Tchad et la Libye signent à tour leur un accord de cessez le feu proposé par l'O.U.A. En août 1988 un accord de cessez-le feu est signé entre l'Angola, l'Afrique du sud et le Cuba Cet accord permettra le retrait des troupes sud africaines de la Namibie et le départ des troupes cubaines de l'Angola. C'est ainsi qu'en 1990 la Namibie accède effectivement à l'indépendance sous l'égide de l'O.N.U.

En Afrique du sud, on assiste à une réconciliation de façon spectaculaire. Fréderic De Clerc est élu président de l'Afrique du sud en septembre1989. Il entame ainsi à une réconciliation entre les noirs et les blancs. Fréderic de clerc va donc libérer Nelson Mandela108(*) leader noir anti- apartheid en février 1990. C'est le début du démantèlement progressif de l'Apartheid109(*). Ce démantèlement se confirme avec l'organisation d'un référendum en mars 1992 où il y'a eu le vote des noirs au deux tiers de Oui. Ainsi en avril 1994, la nouvelle assemblée élit Mandela à la présidence de la République. Le pays réintègre alors la communauté internationale.

La résolution de tous ces conflits, a été possible grâce à la bonne compréhension ou la bonne volonté des acteurs. Ainsi avec la fin du conflit idéologique qui divisait le monde depuis la révolution soviétique et qui s'était aggravé après la deuxième guerre mondiale, les causes de la paralysie qui débitait l'O.N.U disparaissent : son assemblée général cesse d'être le théâtre permanent où s'accusent mutuellement les membres et les clients des deux camps, tandis que son Conseil de Sécurité peut enfin évaluer les situations à leur face même sans être ligoté par la logique de l'affrontement des blocs et idéologiques. C'est ainsi que l'O.N.U réussi dans la crise de la Namibie, au Sahara occidental etc...

Tous ces évènements dans les rapports entre l'URSS et les Etats-Unis aboutiront à la fin de la confrontation Est-Ouest.

2- La fin de la guerre froide

La disparition de la guerre froide a eu lieu durant les années 1989-1991 avec l'effondrement des régimes communistes de l'Europe de l'Est. En effet, durant la deuxième moitié de l'année 1989, une série de révolutions non violentes jetera bas les régimes communistes. L'empire soviétique en Europe de l'Est s'est brusquement effondré.

En Pologne en 1989, le syndicat solidarité est légalisé et Walesa est nommé premier ministre. C'est la première fois depuis la seconde guerre mondiale qu'un non communiste rentre au gouvernement. Dans la même année de 1989, la Hongrie décide de l'ouverture du rideau de fer. Cet acte va donc entraîner un exode massif des allemands de l'Est vers la RFA un mois après la chute du mur de Berlin, Bush et Gorbatchev proclament officiellement la fin de la guerre froide à Malte ou ils s'entendent sur un désarmement étendu aux armes stratégiques. Les décisions en faveur de l'amélioration des relations entre l'URSS et les Etats-Unis se multiplient.

Enfin, la fin du rideau de fer permet le rapprochement des deux Europes. En novembre 1990, les 34 membres de la C.S.C.E (Conférence sur la Sécurité, et la Coopération en Europe) ratifient un plan de réduction massive des armements conventionnels qui comporte la destruction de plus 100 000 pièces allant des chars aux avions et aux hélicoptères de combat. Les Occidentaux mettent en place, en avril 1991 la B.E.R.D (Banque Européenne pour la Construction et le Développement) afin de venir en aide aux nouvelles démocraties. Cette aide permettra à favoriser les investissements dans les ex-démocraties populaires afin d'accélérer la reconstruction de ces pays. Dès lors, plusieurs pays de l'Est demandent leur adhésion à l'O.T.A.N et à l'Union Européenne, notamment la Pologne.

Avec les élections libres organisées dans les années 1990 dans tous les pays d'Europe de l'Est où les réformateurs ont gagné. Ils vont donc demander le retrait des troupes soviétiques installer dans leur pays. C'est alors qu'en juin et juillet 1991 le C.A.E.M (le Conseil d'Assistance Economique et Monétaire) et le Pacte de Varsovie sont dissouts. La disparition de ces deux organes chers à l'Union Soviétique vient pour confirmer l'effondrement du bloc de l'Est et de l'URSS. L'O.T.AN reste alors le seul organe. C'est la fin donc de la division du monde en deux.

Le rapprochement entre les deux grands au milieu des années 1980, a permis au monde de retrouver la paix et l'émancipation des peuples opprimés. Ainsi la décennie 1990 apparaît donc comme une période de transition dans les relations internationales.

CONCLUSION GENERALE

Durant les cinquante dernières années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, le monde s'est organisé autour de deux idéologies différentes. L'idéologie communiste est incarnée par l'URSS tandis que l'idéologie capitaliste est incarnée par les Etats-Unis.

Dès cet instant la politique internationale tournera autour de ces deux idéologies. L'Europe deviendra alors l'enjeu de leurs rivalités et s'étendra sur toute la planète. L'URSS s'impose à toute la partie Orientale tandis que les Etats-Unis s'imposeront à la partie Ouest de l'Europe. Cette situation divisera le monde idéologiquement en deux pendant plusieurs décennies.

Le modèle soviétique qui repose sur la dictature de Moscou qui est le leader incontesté du bloc communiste alors que le modèle américain repose sur le libre choix et la libre expression des populations dans les affaires courantes du pays. Le modèle soviétique qui était inviolable sous Staline est contesté après 1956. Le pays entre dans une stagnation sous Brejnev qui est caractérisé par un immobilisme politique. L'Union Soviétique au début des années 1980, connaîtra des évolutions contradictoires. Le système de croissance extensive fondé sur le gaspillage des ressources privilégiant la croissance rapide et visible, mais négligeant les infrastructures et l'environnement atteints ses limites. Le coût élevé du rayonnement de l'URSS, la course aux armements, le soutien aux pays frères, et le conflit afghan pèseront sur le niveau de vie de la population.

Face à la stagnation de la vie, les Soviétiques réagissent à leur manière. Le travail au noir se développe. L'initiative individuelle renaît dans l'économie parallèle, et souvent corrompue, qui remédie aux pénuries du quotidien. Derrière la façade idéologique officielle se développe une culture parallèle. Jamais le contraste n'a été aussi grand entre l'image officielle donnée par l'URSS et des réalités économiques sociales qui appellent des changements urgents. C'est ainsi qu'à la mort de Brejnev en 1982, l'URSS fut confrontée à un problème de succession ou en trois ans, les successeurs de Brejnev sont morts parce que trop vieux. C'est alors qu'en mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir.

Dès son arrivée au pouvoir, Gorbatchev constate que son pays est confronté à une crise aiguë. Cette crise est avant tout économique mais également morale et sociale. Il qualifie les années de Brejnev comme une période de stagnation, ce qui montre que le modèle soviétique de croissance extensive, basée sur les ressources en main-d'oeuvre et les investissements, a épuisé ses potentialités. En effet, depuis le début des années 1960, la croissance économique ne cesse de ralentir, puis de stagner. Tout le système soviétique est très dégradant. C'est au vu de ce constat que Mikhaïl Gorbatchev décide de transformer l'économie de son pays pour éviter la catastrophe et refaire le retard accusé sur les Etats-Unis.

C'est à ce moment qu'il lance sa politique de réformes que sont la perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence). En lançant ses réformes, il voulait une rupture avec le passé c'est-à-dire la création d'une économie mixte dans laquelle le secteur d'Etat serait redynamisé par la présence de secteur privé et coopératif ; induisait aussi une transition délicate pour un système rangé par les contradictions internes. Gorbatchev voulait aussi alléger l'URSS du poids très lourd de son empire et de sa rivalité avec l'ennemi de toujours, les Etats-Unis. Malgré de tels accomplissements, Gorbatchev ne put sauver son pays. Car il avait hérité d'un bateau ébréché de tous bords qui prenait l'eau de partout et qui était voué au naufrage. Il ne pouvait plus rien faire, l'Union était condamnée quoi qu'il fasse à nourrir.

Mais, il réussit la démocratisation de la vie politique qui s'est appuyée sur la transparence. Ces réformes ont aussi permis de redéfinir la politique extérieure et de diminuer ses responsabilités mondiales. La perestroïka et la glasnost ont permis à la population d'avoir la libre expression et de pouvoir connaître les exaltions du passé. Il a aussi libéré les milliers de dissidents.

Malgré toutes ces reformes engagées par Gorbatchev, l'économie soviétique se dégradait très sensiblement. Les pénuries dans le ravitaillement de la population, les grèves et les troubles sociaux se multiplient de plus en plus en URSS. Tout ceci parce que Gorbatchev a « désorganisé les rouages traditionnels sans les remplacer par des nouveaux.»110(*)Autrement dit, l'économie s'est retrouvé sans plan ni marché, situation intermédiaire et intenable. Les prix ont flambé, et ces inégalités- là, largement plus visibles que les avantages en nature dont jouit la nomenklatura, ont rendu la perestroïka impopulaire.

Par ailleurs de nombreux problèmes ne permettront pas à la perestroïka d'obtenir le résultat ou le succès qu'elle espérait. Les causes de son échec sont nombreuses et se situent à plusieurs niveaux. Nous avons les membres du P.C qui étaient divisés en deux groupes les conservateurs et les réformateurs radicaux. Les conservateurs sont les dignitaires de l'armée, de la police, l'administration, du parti et de la nomenklatura qui s'opposaient aux réformes, car ils craignaient la perte de leurs privilèges et des honneurs qu'ils recevaient. Les conservateurs pensaient aussi que les réformes de Gorbatchev étaient une liquidation du communisme. A ceux là s'ajoute les réformateurs radicaux qui voulaient une application rapide des reformes.

Cependant Gorbatchev ne voulait pas bouleverser le régime. Mais voulait être fidèle aux principes léninistes. La perestroïka et la glasnost avaient pour but de donner une meilleure image du pouvoir soviétique et de réconcilier le parti et la société d'où les hésitations dans ces prises de décisions. La forte bureaucratie, l'incertitude ou l'incrédibilité d'une partie de la population ou encore l'émergence des nationalités ont tous concouru à des degrés divers à l'échec des réformes de Gorbatchev.

Le changement de la politique intérieure et extérieure de l'Union Soviétique, a permis à Gorbatchev de revoir ses rapports avec les pays du monde communiste et de se rapprocher des Occidentaux. En effet, cette nouvelle attitude permettra à partir des années 1989-1991 à l'accession à l'indépendance des pays qui composaient l'URSS et même à la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 sans que Gorbatchev ne puisse intervenir. Ce qui a favorisé l'éclatement du bloc de l'Est et la disparition de l'Union Soviétique définitivement de la planète.

La politique extérieure de l'URSS change aussi et le pays se rapproche des pays Occidentaux notamment avec les Etats-Unis leur plus grand rival. Plusieurs rencontres leurs permettent de réduire les armes nucléaires et apporté la paix sur la planète. Elle s'est matérialisée par le désengagement progressif des deux grands dans les conflits dans lesquels ils sont engagés directement ou indirectement. C'est ainsi que l'URSS qui est beaucoup affectée par la crise de son système réduit son aide au tiers monde et aux mouvements communistes dans le monde. Les organisations qui constituent le socle même du bloc communiste le CAEM et le Pacte de Varsovie sont dissouts laissant ainsi l'OTAN, l'organisation occidentale seule sur la scène internationale. Plusieurs pays du bloc de l'Est demandent alors l'intégration dans les structures mondiales et européennes. La clé finale de cette désintégration est la démission de Mikhaïl Gorbatchev le 25 décembre 1991. Les Etats-Unis restent alors les seuls maîtres du monde.

Notons que les années 1990 apparaissent comme une période de transition dans les relations internationales. Le bloc communiste disloqué laisse la voie au monde capitaliste. Le monde est donc à la recherche d'un nouvel ordre international. La Russie devient l'héritière de l'ex-URSS. Elle rentre alors dans une période de transition au plan international. Quel rôle jouera la Russie dans les relations internationales?

SOURCES

APPEL DU COMITE POUR L'ETAT D'URGENCE DE

L'URSS

En cette heure pénible, critique pour les destinées de notre patrie et de nos peuples, nous vous lançons un appel ! Notre grande patrie est menacée d'un danger de mort ! La politique de réformes lancée à l'initiative de Mikhaïl Gorbatchev est conçue comme le moyen de garantir un développement dynamique du pays et la démocratisation de la vie sociale, est tombée dans l'impasse pour certaines raisons. L'enthousiasme et les espérances des premiers jours ont cédé la place à l'absence de confiance, à l'apathie et au désespoir. Le pouvoir s'est aliéné la confiance populaire à tous les niveaux. L'esprit politicien a évincé de la vie sociale le souci des destinées de la patrie et du citoyen. Toutes les institutions d'Etat commencent à être bafouées de manière pernicieuse. De fait, le pays est devenu ingouvernable.

Des forces extrémistes ont émergé à la faveur des libertés accordées et ont foulé aux pieds les premiers germes de la démocratie, afin de tenter de liquider l'Union Soviétique, de démanteler l'Etat et de prendre le pouvoir à tout prix. Les résultats du référendum national sur l'unité de la patrie ont été aux pieds. La spéculation cynique sur les sentiments nationaux n'est qu'un écran pour satisfaire des ambitions. Les aventuriers politiques ne se soucient ni des malheurs traversés actuellement par les peuples, ni de leur avenir. En créant une situation de terreur politique et morale et en cherchant à se cacher derrière le bouclier de la confiance populaire, ils oublient que les liens qu'ils dénoncent et qu'ils rompent avaient été établis sur la base d'un soutien populaire bien plus large et qui, d'ailleurs, étaient passés par l'épreuve séculaire de l'histoire. Ceux qui cherchent en fait, aujourd'hui, à renverser le régime constitutionnel doivent répondre devant les mères et les pères des nombreuses victimes inter-ethniques. Ils ont sur la conscience les destinées mutilées de plus d'un demi-million de refugiés. Ils ont troublé la paix et la joie de vivre de dizaines de milliers de Soviétiques qui, hier encore, vivaient unis dans leurs familles et qui, aujourd'hui, sont devenus des parias dans leur propre demeure.

C'est au peuple de décider du régime constitutionnel à adopter et on a tenté de le priver de ce droit.

Au lieu de se soucier de la sécurité et du bien- être de chaque citoyen et de toute la société, les gens portés au pouvoir utilisent souvent ce dernier dans les intérêts étrangers au peuple et comme un moyen d'auto-affirmation ne reposant sur aucun principe. Les flots de paroles et les montagnes de déclarations et de promesses ne font qu'accentuer le peu d'actes concrets. L'inflation du pouvoir, plus redoutable que toute autre inflation, mine notre Etat, notre société. Chaque citoyen éprouve une certitude croissante en l'avenir, une profonde inquiétude au sujet de l'avenir de ses enfants.

La crise du pouvoir a eu un impact catastrophique sur l'économie. Le glissement vers le marché, chaotique et spontané, a provoqué une explosion d'égoïsme régional, corporatiste, collectif et personnel. La guerre des lois et l'encouragement des tendances centrifuges ont provoqué le dysfonctionnement d'un mécanisme économique unique qui date de plusieurs décennies. Il s'en est suivi une baisse brutale du niveau de vie de la majeure partie des Soviétiques, la prospérité de la spéculation de l'économie parallèle. Il est grand temps de dire la vérité à la population: si des mesures urgentes et énergétiques ne sont pas prises pour stabiliser l'économie, nous serons inévitablement placés, et dans un avenir très proche, devant la famine et un nouvel appauvrissement, situation d'où ne sont pas les manifestations massives de mécontentement spontané, lourdes de conséquences dévastatrices. Seuls les gens irresponsables peuvent espérer une aide de l'étranger. Aucune aumône ne résoudra nos problèmes, notre salut est entre nos propres mains. Le temps est venu de juger la crédibilité de chaque homme et de chaque organisation en fonction de son apport réel au redressement et au développement de l'économie nationale.

Depuis de nombreuses années, nous entendons de tous côtés des déclarations sur l'attachement aux intérêts de l'homme, le souci de ses droits, la protection sociale. Mais, en fait, l'homme a été humilié, bafoué dans ses droits et possibilités réelles et plongé dans le désespoir.

Toutes les institutions démocratiques créées par la volonté du peuple ont perdu, à nos yeux, prestige et efficacité, ce qui résulte des actions libérées de ceux qui, en violant grossièrement la Loi fondamentale de l'URSS, commettent pratiquement un coup d'Etat anticonstitutionnel et cherchent à accéder à une dictature personnelle illimitée. Des préfectures, des mairies et d'autres structures illégales ne cessent de remplacer ouvertement les Soviets élus par le peuple.

Une offensive a été lancée contre les droits des travailleurs. Le droit du travail, à l'enseignement, à la santé publique, au logement et au repos est mis en cause.

Même la sécurité personnelle élémentaire des gens est de plus en plus menacée. La criminalité augmente rapidement, s'organise et se politise. Le pays plonge dans un gouffre de violence, qui met en péril la santé et la vie des générations futures, n'a jamais connu dans l'histoire du pays une telle envergure. Des millions de personnes exigent que des mesures soient prises contre une criminalité tentaculaire et une immoralité inqualifiable flagrante.

La déstabilisation de la situation politique et économique, qui s'aggrave en Union soviétique, compromet nos positions dans le monde. Des notes revanchardes commencent à retentir ici et là, on exige de réviser nos frontières. On appelle même à démembrer l'Union Soviétique et à établir une tutelle internationale sur certains ouvrages et régions de notre pays. Telle est la réalité amère. Hier encore, un Soviétique qui se retrouvait à l'étranger se sentait le digne citoyen d'un Etat influent et respectable. Aujourd'hui, il est un étranger de seconde catégorie et se heurte à des attitudes de mépris ou de compassion.

La fierté et l'honneur de l'homme soviétique doivent être rétablis dans toute leur plénitude.

Pleinement conscient de la gravité de la crise qui affecte notre pays,le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence prend sur lui la responsabilité de l'avenir de la patrie et se déclare tout à fait résolu à prendre les mesures les plus sérieuses pour faire sortir le plus vite possible l'Etat et la société de la crise.

Nous promettons d'organiser une large consultation du peuple tout entier sur le projet de nouveau Traité de l'Union. Chacun aura le droit et la possibilité de réfléchir, dans un climat serein, à cet acte extrêmement important et d'arrêter sa position en la matière, car le sort de nombreux peuples de notre grande partie dépendra de l'avenir de l'Union.

Nous entendons rétablir sans délai la légalité et l'ordre légal, mettre fin à l'effusion de sang, déclarer une guerre sans merci au monde de la criminalité et extirper les phénomènes honteux qui discréditent notre société et qui humilient les citoyens soviétiques. Nous nettoierons les rues de nos villes des éléments criminels et nous mettrons à l'arbitraire des pilleurs des biens du peuple

Nous nous prononçons pour de réels processus démocratiques et pour une politique conséquente de réformes conduisant à un renouveau de notre patrie, à une prospérité économique et sociale qui rendra capable d'occuper une place digne dans la communauté internationale des nations.

Le développement du pays ne doit pas passer par la baisse du niveau de vie de la population. L'amélioration constante du niveau de vie de tous deviendra la norme dans une société saine.

Sans négliger le renforcement et la protection des droits de l'individu, nous concentrerons notre attention sur la défense des intérêts des couches les plus vastes de la population, de ceux qui ont été tout particulièrement touché par l'inflation, par la désorganisation de la production, la corruption et la criminalité.

Tout en développant les multiples modes de production dans le domaine de l'économie nationale, nous soutiendrons l'entreprise privée en lui accordant les possibilités nécessaires au développement de la production et des services.

Notre premier souci sera le règlement des problèmes alimentaires et locatifs. Toutes les forces disponibles seront mobilisées pour satisfaire ces besoins vitaux du peuple.

Nous appelons les ouvriers, les paysans, les travailleurs intellectuels, tous les soviétiques à rétablir, dans les plus brefs délais, la discipline au travail et l'ordre, à relever le niveau de la production pour aller résolument de l'avant. Notre vie, l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants, l'avenir de notre patrie en dépendent.

Nous sommes un pays épris de paix et nous nous engageons à respecter scrupuleusement tous nos engagements. Nous n'avons aucune prétention à l'égard de quiconque. Nous voulons vivre avec tous dans la paix et de l'amitié. Mais nous déclarons fermement que personne ne sera jamais autorisé à attenter à notre souveraineté, à notre indépendance et notre intégrité territoriale. On coupera énergiquement court à toute tentative de parler à notre pays en termes de diktat, d'où que cela vienne.

Des siècles de rang, notre peuple multinational a vécu, fier de sa patrie, nous n'avions pas hontes de nos sentiments patriotiques, et nous estimons naturel et légitime d'élever dans cet esprit les générations présentes et à venir de notre grande puissance.

Ne rien faire en cette heure critique pour les destinées de notre patrie signifierait endosser une responsabilité lourde de conséquences tragiques, vraiment imprévisibles. Quiconque chérit sa patrie, veut vivre et travailler dans la sérénité et la certitude, ne veut plus que se poursuivent les conflits interethniques, voit son avenir dans une patrie indépendante et prospère, doit faire le choix juste. Nous appelons tous les vrais patriotes, les gens de bonne volonté à mettre fin à cette période trouble.

Nous appelons tous les citoyens de l'Union Soviétique à prendre conscience leur devoir vis-à-vis de la patrie et à apporter tout le soutien nécessaire du Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence et aux efforts entrepris pour le pays de la crise.

Les propositions constructives provenant des organisations politiques et sociales, des collectifs de travailleurs et des citoyens seront acceptées avec reconnaissance en tant que manifestation de leur volonté patriotique agir énergiquement afin de rétablir l'amitié séculaire au sein de la famille unie des peuples frères, et de faire renaître la patrie.

Le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS

Source : histoire secrète d'un coup d'Etat, PP.276-280

RESOLUTION DU COMITE D'ETAT POUR L'ETAT

D'URGENCE EN URSS

Afin de défendre les intérêts vitaux des peuples et des citoyens de l'Union des RSS, l'indépendance et l'intégrité territoriale du pays, de rétablir la légalité et l'ordre légal, de stabiliser la situation, de surmonter la très grave crise, et de ne pas laisser s'installer le chao, l'anarchie et une guerre civile fratricide, le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence décide que :

1-Tous les organes du pouvoir et l'administration de l'URSS, des républiques fédérées et autonomes, des territoires, des districts, des villes, des régions, des localités, et des villages garantissent le strict respect du régime de l' l'Etat d'Urgence conformément à la Loi de l'Union des RSS  « Sur le régime juridique de l'Etat d'Urgence» et aux résolutions du Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS. En cas d'incapacité à garantir l'exécution de ce régime, les pleins pouvoirs des organes du pouvoir et l'administration correspondants sont suspendus et l'exercice de leurs fonctions est confié à des personnes spécialement mandatées par le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS.

2-Les structures du pouvoir et de l'administration, les formations paramilitaires agissant au mépris de la Constitution et des lois de l'URSS sont dissoutes immédiatement sans délai.

3-Les lois et les décisions des organes du pouvoir et de l'administration contrevenant à la Constitution et aux lois de l'URSS sont dorénavant considérées comme nulles et non avenues.

4-L'activité des partis politiques, des organisations sociales et des mouvements de masse empêchant la normalisation de la situation est suspendue.

5- Dans la mesure où le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS prend provisoirement en charge les fonctions du Conseil de sécurité de l'URSS, l'activité de ce dernier est suspendue.

6- Les citoyens, établissements et organisations sont tenus de remettre immédiatement toutes les armes à feu, munitions, explosifs, matériel et équipements militaires qu'ils détiennent illégalement. Le Ministère de la Défense de l'URSS, le Ministère de l'Intérieur et le KGB garantissent la stricte application de cette exigence. En cas de refus, il faut confisquer ce matériel par contrainte et engager une responsabilité pénale et administrative sévère à l'encontre des contrevenants.

7-La procurature, le Ministre des Affaires intérieures, le KGB et le Ministre de la Défense de l'URSS organisent une interaction efficace des organes juridiques et des forces armées en vue d'assurer la protection de l'ordre public et la sécurité de l'Etat, de la société et des citoyens conformément à la Loi de l'URSS « Sur le régime de l'Etat d'Urgence » et aux résolutions du Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS.

8-Les meetings, les défilés de rue, les manifestations ainsi que les grèves sont interdits.

En cas de nécessité, il faut décréter le couvre-feu, effectuer des patrouilles sur le territoire, effectuer des contrôles, prendre des mesures pour renforcer le régime frontalier et douanier.

Il faut placer sous contrôle et, si nécessaire, sous protection, les principaux ouvrages de l'Etat et les principaux ouvrages économiques, ainsi que les systèmes de survie.

Il faut barrer résolument la route à la diffusion de rumeurs provocatrices, aux actes de natures à provoquer des violations de l'ordre légal et attiser la haine interethnique, ainsi qu'à l'insoumission aux fonctionnaires qui assurent le respect du régime de l'Etat d'Urgence.

Il faut établir un contrôle sur les grands moyens d'information, en chargeant un organisme spécialement mis en place auprès du Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS de veiller à son application.

9-Les organes du pouvoir et de l'administration, les dirigeants des établissements et des administrations prennent les mesures pour renforcer l'organisation, rétablir l'ordre et la discipline dans tous les domaines de la vie sociale. Ils assurent le fonctionnement normal de toutes les entreprises dans tous les secteurs de l'économie sociale, appliquent rigoureusement les mesures destinées à préserver et à rétablir, durant la période de stabilisation, les liens verticaux et horizontaux entre les sujets économiques sur l'ensemble du territoire de l'URSS, font respecter scrupuleusement les plans établis de productions, de livraisons de matières premières, de matériaux et composants.

Il faut instaurer et maintenir un régime d'économie rigoureuse des moyens matériels et techniques ainsi que des devises, élaborer et mettre en oeuvre des mesures concrètes pour lutter contre l'incurie et le gaspillage des biens du peuple.

Il faut lutter énergiquement contre l'économie parallèle, appliquer invariablement des mesures de responsabilité pénale et administrative dans les cas de corruption, de viol, de spéculation, de refus frauduleux de vente, d'incurie et dans tout autre cas de crime économique.

Il faut réunir les conditions susceptibles d'accroître l'apport réel de toutes les réformes d'entreprises, développés en conformité avec les lois de l'Union des RSS, potentiel économique du pays et à la garantie de besoins vitaux de la population.

10- Il faut considérer comme incompatible le cumul de fonctions permanentes au sein des structures du pouvoir et de l'administration avec les activités d'entreprise.

11-Le cabinet des ministres de l'URSS procède, dans un délai d'une semaine, à l'inventaire de toutes les ressources alimentaires et articles industriels de première nécessité disponible et informe le peuple des biens dont dispose le pays. Il établit un contrôle extrêmement strict afin d'en assurer la protection et la distribution.

Il faut lever toutes les restrictions faisant obstacle à l'acheminement sur le territoire de l'URSS des denrées alimentaires et des produits de consommation courante, ainsi que des matières premières nécessaires à leur production. L'application de cette disposition fera l'objet d'un contrôle rigoureux.

Une attention particulière sera accordée au ravitaillement en priorité des crèches, jardins d'enfants, orphelinats, établissements scolaires et universitaires, hôpitaux, ainsi que des retraités et invalides.

Des propositions seront faites, dans un délai d'une semaine, concernant le réajustement, le gel et la réduction des prix de certains produits alimentaires et industriels, en premier lieu des aliments pour enfants, des services courants et de la restauration publique, concernant également l'augmentation des salaires, retraites, allocations et compensations versés aux différentes catégories de la population.

Il faut dans un délai de quinze jours élaborer des mesures concernant le réajustement des salaires des dirigeants de tous niveaux travaillant dans l'administration, les établissements publics, les coopératives et autres entreprises et sociétés.

12-Compte tenu de la situation critique de la récolte et la menace de faim, des mesures exceptionnelles seront adoptées en vue d'organiser le stockage et la transformation des produits agricoles. Il faut accorder aux agriculteurs toute l'aide possible en machines, pièces de rechanges, carburants et lubrifiants, etc. Il faut assurer dans l'immédiat l'envoi à la campagne, en quantités suffisantes, d'ouvriers et employés des entreprises et sociétés, d'étudiants et de soldats.

13-Le cabinet des ministres de l'URSS élabore, dans un délai d'une semaine, un arrêté prévoyant l'octroi en 1991-1992 à tous les citadins qui le souhaitent des lopins de 0,15 ha pour entretenir un jardin ou un potager.

14- Le Cabinet des ministres de l'URSS s'achève, dans un délai de quinze jours, l'élaboration de mesures urgentes pour combattre la crise dans le complexe énergétique et préparer l'hiver.

15-Pour 1992 des mesures seront élaborées et communiquées au peuple, dans un délai d'un mois, en vue d'améliorer considérablement la construction de logements et accroître le parc locatif.

Un programme concret, échelonné sur cinq ans sera élaboré, dans un délai de six mois, prévoyant l'accélération de la construction de logements d'Etat, les coopératives ou les particuliers.

16-Les organes du pouvoir et de l'administration, tant au centre que localement, accordent la priorité aux besoins sociaux de la population. Il faut trouver des moyens susceptibles d'améliorer nettement l'assistance médicale et l'enseignement public gratuit.

Source : histoire secrète d'un coup d'Etat, PP.282-285

Discours de démission de Mikhaïl Gorbatchev le

25 décembre 1991

Dans une allocution à la télévision, Mikhaïl Gorbatchev annonce sa démission. Le lendemain, l'URSS est formellement dissoute

Chers compatriotes, chers concitoyens.

En raison de la situation qui prévaut actuellement, je mets fin à mes fonctions de président de l'URSS. En cette heure difficile, pour moi et pour tout le pays, alors qu'un grand Etat cesse d'exister, je reste fidèle à mes principes, qui m'ont inspiré dans la défense de l'idée d'une nouvelle union.

J'ai défendu fermement l'autonomie, l'indépendance des peuples, la souveraineté des républiques. Mais je défendais aussi la préservation d'un Etat de l'Union, l'intégrité du pays. Les évènements ont pris une tournure différente. La ligne de démembrement du pays et la dislocation de l'Etat a gagné, ce que je ne peux accepter car j'y vois de grands dangers pour nos peuples et pour toute la communauté mondiale. Et après la rencontre d'Alma-Ata, ma position sur ce sujet n'a pas changé.

Néanmoins, je ferai tout mon possible pour que les accords qui y ont été signés conduisent à une entente réelle dans la société et facilitent la sortie de la crise et le processus des réformes. Je veux encore une fois souligner que, durant la période de transition, j'ai tout fait de mon côté pour préserver un contrôle sûr des armes nucléaires.

M'adressant à vous pour la dernière fois en qualité de président de l'URSS, j'estime indispensable d'exprimer mon évaluation du chemin qui a été parcouru depuis 1985. D'autant qu'il existe sur cette question beaucoup d'opinions contradictoires, superficielles et non objectives. Le destin a voulu qu'au moment où j'accédais aux plus hautes fonctions de l'Etat, il était déjà clair que le pays allait mal. Tout ici est en abondance : la terre, le pétrole, le gaz, le charbon, les métaux précieux, d'autres richesses naturelles, sans compter l'intelligence et les talents que Dieu ne nous a pas comptés, et pourtant nous vivons bien plus mal que dans les pays développés, nous prenons toujours plus de retard par rapport à eux.

La raison en était déjà claire : la société étouffait dans le carcan d'un système administratif de commande. Condamnée à servir l'idéologie et à porter le terrible fardeau de la militarisation à outrance, elle était à la limite du supportable. Toutes les tentatives de réforme partielle -et nous en avons eu beaucoup- ont échoué l'une après l'autre. Le pays perdait ses objectifs. Il n'était plus possible de vivre ainsi. Il fallait tout changer radicalement.

C'est pourquoi je n'ai pas regretté une seule fois de ne pas m'être servi du poste de secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique uniquement pour "régner" quelques années. Je l'aurais jugé irresponsable et amoral.

Je comprenais qu'entamer des réformes d'une telle envergure et dans une société comme la nôtre était une oeuvre de la plus haute difficulté et, dans une certaine mesure, risquée. Mais il n'y avait pas de choix. Aujourd'hui encore je suis persuadé de la justesse historique des réformes démocratiques entamées au printemps 1985. Le processus de renouvellement du pays et de changements radicaux dans la communauté mondiale s'est avéré beaucoup plus ardu qu'on aurait pu le supposer. Néanmoins, ce qui a été fait doit être apprécié à sa juste valeur.

La société a obtenu la liberté, s'est affranchie politiquement et spirituellement. Et ceci constitue la conquête principale, encore insuffisamment appréciée, sans doute parce que nous n'avons pas encore appris à nous en servir. Mais aussi parce que le chemin de la liberté, que nous avons emprunté il y a six ans, s'est avéré épineux, incroyablement difficile et douloureux.

Néanmoins, une oeuvre d'une importance historique a été accomplie : le système totalitaire, qui a privé le pays de la possibilité qu'il aurait eue depuis longtemps de devenir heureux et prospère, a été liquidé. Une percée a été effectuée sur la voie des transformations démocratiques. Les élections libres, la liberté de la presse, les libertés religieuses, des organes de pouvoir représentatifs et le multipartisme sont devenus une réalité. Les droits de l'homme sont reconnus comme le principe suprême. La marche vers une économie multiforme a commencé, l'égalité de toutes les formes de propriété s'établit. Dans le cadre de la réforme agraire, la paysannerie a commencé à renaître, le fermage est apparu, des millions d'hectares sont distribués aux habitants des villages et des villes. La liberté économique du producteur est entrée dans la loi, la liberté d'entreprendre, la privatisation et la constitution de sociétés par actions ont commencé à prendre forme.

En dirigeant l'économie vers le marché, il est important de rappeler que le pas est franchi pour le bien de l'individu. Dans cette époque difficile, tout doit être fait pour sa protection sociale. Nous vivons dans un nouveau monde : la "guerre froide" est finie, la menace d'une guerre mondiale est écartée, la course aux armements et la militarisation insensée qui ont dénaturé notre économie, notre conscience sociale et notre morale sont stoppées. Nous nous sommes ouverts au monde, nous avons renoncé à l'ingérence dans les affaires d'autrui, à l'utilisation des forces armées en dehors du pays. En réponse, nous avons obtenu la confiance, la solidarité et le respect.

Nous sommes devenus un des piliers principaux de la réorganisation de la civilisation contemporaine sur des principes pacifiques et démocratiques. Les peuples, les nations ont obtenu une liberté réelle pour choisir la voie de leur autodétermination. Les efforts pour réformer démocratiquement l'Etat multinational nous ont conduits tout près de la conclusion du nouvel accord de l'Union.

Tous ces changements ont provoqué une énorme tension, et se sont produits dans des conditions de lutte féroce, sur un fond d'opposition croissante des forces du passé moribond et réactionnaire, des anciennes structures du parti et de l'Etat et de l'appareil économique, ainsi que de nos habitudes, de nos préjugés idéologiques, de notre psychologie nivellatrice et parasitaire. Ils se sont heurtés à notre intolérance, au faible niveau de culture politique et à la crainte des changements. Voilà pourquoi nous avons perdu beaucoup de temps.

L'ancien système s'est écroulé avant que le nouveau ait pu se mettre en marche. Et la crise de la société s'est encore aggravée. Je connais le mécontentement qu'engendre l'actuelle situation difficile, les critiques aiguës exprimées à l'encontre des autorités à tous les niveaux et à l'égard de mon action. Mais je voudrais souligner encore une fois : des changements radicaux, dans un pays si grand et avec un tel héritage, ne peuvent se dérouler sans douleur, sans difficultés et sans secousses.

Le putsch d'août a poussé la crise générale jusqu`à ses limites extrêmes. Le pire dans la crise est l'effondrement de l'Etat. Et après la rencontre d'Alma-Ata, je demeure inquiet. Je suis inquiet de la perte pour nos compatriotes de la citoyenneté d'un grand pays, un fait dont les conséquences peuvent se révéler très graves pour tous. Conserver les conquêtes démocratiques de ces dernières années est pour moi d'une importance vitale. Elles sont le fruit douloureux de notre histoire. On ne peut y renoncer sous aucun prétexte. Dans le cas contraire, tous les espoirs d'un avenir meilleur seraient enterrés.

Je parle de tout cela avec honnêteté et franchise. C'est mon devoir moral. Je veux exprimer ma reconnaissance à tous les citoyens qui ont soutenu la politique de renouvellement du pays, qui se sont impliqués dans la mise en oeuvre des réformes démocratiques. Je suis reconnaissant aux hommes d'Etat, personnalités de la vie politique et sociale, aux millions d'hommes à l'étranger, à ceux qui ont compris nos desseins. Les ont soutenus, sont venus à notre rencontre, pour une coopération sincère avec nous.

Je quitte mon poste avec inquiétude. Mais aussi avec espoir, avec la foi en vous, en votre sagesse et en votre force d'esprit. Nous sommes les héritiers d'une grande civilisation, et, à présent, il dépend de tous et de chacun qu'elle ne parte pas en fumée mais renaisse pour notre joie et celle des autres. Je veux de toute mon âme remercier ceux, qui durant toutes ces années, ont défendu à mes côtés une cause juste et bonne. Je suis persuadé que tôt ou tard nos efforts communs porteront des fruits, et que nos peuples vivront dans une société démocratique et prospère. Je me démets de mes fonctions de président.

Je vous souhaite à tous tout le bien possible.

Traduction AFP

Source : www. Colisee.fr

ANNEXES

CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS DE 1985 A 1991

1985

10 mars  : Mort de Tchernenko

11 mars  : Gorbatchev arrive au pouvoir

Mai  : Mesure sévère contre l'alcoolisme

Novembre : Première rencontre Gorbatchev- Reagan au sommet de Genève rien de concret, mais une reprise du dialogue qui permet d'envisager d'autres sommets.

1986

Janvier : Gorbatchev propose le désarmement nucléaire de l'Europe

28 Avril : Catastrophe nucléaire à Tchernobyl

11-12 octobre : Rencontre au sommet Gorbatchev-Reagan à Reykjavik où ils signent un accord d'adoption sur la réduction de 50% des armes nucléaires et l'adoption sur la suppression totale des euromissiles

Novembre : Les entreprises industrielles sont autorisées dans l'artisanat, le commerce et les services

1987

1er Janvier: Reforme des salaires qui sont davantage lié au rendement

Février: Libéralisation annoncée d'une centaine de dissidents

Juin: Election régionale, candidatures multiples dans certaines circonscriptions

: Réformes des entreprises d'Etats sont décidées, elles devront être autonomes.

8 Décembre : Reagan et Gorbatchev signent un traité prévoyant le démantèlement des euromissiles

1988

Février : Boris Eltsine est écarté du politburo

14 Avril : Un accord est signé à Genève. L'URSS s'engage à retirer ses troupes d'Afghanistan

29 Mai-2 juin : Sommet Gorbatchev-Reagan à Moscou

1989

Mars : Les dernières troupes soviétiques quittent le sol afghan

9 Novembre : La chute du mur de Berlin

Décembre : Sommet de Malte entre Georges Bush et Gorbatchev adoption sur le désarment des armes stratégiques et la proclamation de la guerre froide

1990

Janvier : Des manifestations en faveur de l'indépendance de la Lituanie poussent le parlement lituanien à proclamer l'indépendance de la république, il s'ensuivra des menaces de blocus économiques par Gorbatchev si la Lituanie n'abroge pas les décisions prises lors de sa déclaration d'indépendance. Cet ultimatum sera rejeté par le président lituanien.

Février : Le principe d'instauration du régime présidentiel est approuvé. Le rôle dirigeant du Parti Communiste est abandonné. C'est la naissance du multipartisme.

1er mai : A l'occasion de la célébration de la fête du travail, M. Gorbatchev est hué sur la place Rouge à Moscou et choisit de quitter la tribune officielle.

29 mai : M. Eltsine est élu président du Parlement de la Fédération de Russie et réclame «la souveraineté» de cette dernière.

13 juillet : M. Gorbatchev est reconduit dans ses fonctions de secrétaire général, Boris Eltsine quitte le PC soviétique.

15 octobre : Mikhaïl Gorbatchev se voit décerné le prix Nobel de la paix. Alors que les troubles dans les républiques se multiplient, en Azerbaïdjan, au Haut-Karabagh, en Kirghizie, en Moldavie... et six Républiques se déclarent indépendantes.

Décembre : E.Chevarnadze démissionne en dénonçant "l'avancée de la dictature". B.Eltsine condamne lui aussi le vote de pouvoirs spéciaux à M. Gorbatchev. Ainsi les promesses de libéralisation et de démocratisation de la vie politique sont en train de voler en éclat, le problème économique conjugué à la prolifération des troubles politiques provoque un durcissement du pouvoir

Décembre : Signature à Paris du C.S.C.E sur la réduction des forces conventionnelles en Europe de l'OTAN et le Pacte de Varsovie

1991

Au cours de l'année 1991, le débat politique a délaissé petit à petit la question du passage à l'économie de marché pour se centrer sur l'avenir de l'URSS et la question des nationalités. D'un coté le PCUS soutient et félicite des actions engagées contre les tentations indépendantistes, de l'autre les démocrates, l'Eglise, ainsi que diverses organisations soutiennent les évolutions démocratiques et prônent le respect des choix.

Janvier : On assiste à une intervention sanglante de l'armée dans les pays baltes à Vilnius et à Riga contre les manifestations nationalistes. L'indignation est générale.

17 mars : Le référendum sur le maintien de l'Union est approuvé à 76% mais le scrutin n'a lieu que dans les républiques qui n'ont pas déclaré leur indépendance (9 sur 15). De plus, la question posée est ambiguë puisqu'il y est question de la "souveraineté" des républiques. Et c'est en réalité sur ce point-là que le peuple s'est prononcé.

Parallèlement au référendum sur l'union les électeurs russes sont appelés à se prononcer sur l'instauration d'un poste de président de Russie élu au suffrage universel. Cette proposition est acceptée (70% des suffrages). Ainsi le 12 juin 1991 : B.Eltsine est élu Président de la Fédération de Russie.

Juillet : Signature à Moscou entre Gorbatchev et Bush des accords START1 qui prévoit une destruction de 25 à 30% des arsenaux des deux grands et contrôle réciproque des armes stratégiques.

19 - 21 : Août, on assiste à un Putsch manqué des communistes conservateurs contre M. Gorbatchev, alors en vacances en Crimée. Ils s'opposaient au volontarisme de Gorbatchev qui allait à l'encontre de leurs intérêts. Gorbatchev est affaibli.

24 Août : M. Gorbatchev engage l' «auto dissolution» du PCUS

29 Août : Le Parlement retire à Mikhaïl Gorbatchev ses pouvoirs spéciaux en matière économique

6 Septembre : l'URSS reconnaît officiellement l'indépendance des trois Républiques baltes.

1er Décembre : Lors d'un référendum, l'Ukraine se prononce à plus de 80 % pour l'indépendance.

8 Décembre : les présidents de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie constatent à Minsk que l'Union soviétique n'existe plus. Ils décident de fonder une Communauté d'Etats indépendants [CEI] ouverte à tous les Etats de l'ancienne URSS.

17 Décembre : MM. Gorbatchev et Eltsine décident d'un commun accord que les structures de l'URSS cesseront d'exister avant la fin de l'année.

21 Décembre : Lors de la conférence d'Alma Ata, la création d'une CEI est officialisée par les présidents de onze républiques ex-soviétiques. C'est donc la fin de l'URSS ; il n'y a désormais plus de citoyenneté soviétique.

25 Décembre : Démission de Mikhaïl Gorbatchev et la fin de l'URSS.

LES DIFFERENTS PLANS QUINQUENNAUX DE 1928 A

1980

Ier Plan (1928-1932)

Dans ce plan on devrait modifier radicalement les structures économiques et sociales afin de constituer une industrie solide, seule susceptible d'assurer l'indépendance face au monde capitaliste, et de donner de réels emplois nouveaux à une population dont le rythme d'accroissement annuel est de 2%.

On substitue à la nouvelle politique économique une volonté unique d'aménagement. On met l'accent sur l'industrie lourde et surtout le secteur énergétique. Dans le domaine agricole, c'est la collectivisation forcée et la dékoulakisation (famine en Ukraine)

IIème Plan (1933-1937)

Il porte surtout sur la sidérurgie. Plus de 25% des investissements sont consacrés à la construction du complexe Oural-Kouznetsk, fondé sur les ressources en minerai de fer de l'Oural et la houille du Kouzbass, reliés par une ligne de chemin de fer de 2000 kilomètres. On fait un effort pour motoriser les campagnes.

Le IIème Plan rencontre de sérieuses difficultés en 1937. Les premiers plans voient une progression au niveau de la production d'ensemble, mais la vie quotidienne est marquée par le dénuement et les restrictions.

IIIème Plan (1938-1942)

Il est interrompu par la guerre, et prévoyait l'essor des constructions mécaniques.

IVème Plan (1946-1950)

Il fixe les objectifs et les moyens de la reconstruction économique.

Vème Plan (1951-1955)

Il est partiellement interrompu par la mort de Staline en mars 1953. Il était marqué par le gigantisme de ses perspectives, prévoyant la construction de puissantes centrales hydroélectriques en URSS d'Europe et en Sibérie, et la création d'une nouvelle base sidérurgique en Sibérie.

VIème Plan (1956-1960)

Les données sont peu explicites ; ce furent plutôt trois plans manuels.

VIIème Plan (1959-1965)

C'est le seul septennal. Il était axé sur la diversification des objectifs et une plus grande place laissée aux industries de biens de consommations.

VIIIème Plan (1966-1970), IXème Plan (1971-1975), Xème Plan (1976-1980)

Ils ont pour objectif de maintenir un bon rythme de développement industriel (croissance de 6-8% par an), tout en s'efforçant de développer la production agricole, sans trop d'illusions (4%).

CARTE DE L'ECLATEMENT DE L'URSS EN 1991

ANNEXE I : CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS DE 1985-1991

1985

10 mars : Mort de Tchernenko

11 mars : Gorbatchev arrive au pouvoir

Mai  : mesure sévère contre l'alcoolisme

Novembre : première rencontre Gorbatchev-Reagan au sommet de Genève rien

BIBLIOGRAPHIE

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www.bibliothèques.uqam.ca

www.bib.umontreal.ca

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TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE..............................................................................I

DEDICACE...............................................................................II

REMERCIEMENTS.....................................................................III

SIGLE ET ACRONYME................................................................V

INTRODUCTION GENERALE...........................................................1

PREMIERE PARTIE : L'URSS A L'ACCESSION DE GORBATCHEV

AU POUVOIR EN 1985................................16

CHAPITRE I : L'ORGANISATION POLITIQUE ET

ADMINISTRATIVE DE L'URSS...............................18

I-LA SITUATION POLITIQUE DE L'URSS.......................................18

1-Au plan intérieur................................................................18

2-Au plan extérieur................................................................19

II-LE SYSTEME ADMINISTRATIF................................................22

1-L'organisation du pouvoir......................................................22

2-Le rôle dirigeant du PCUS.......................................................24

CHAPITRE II : LE SYSTEME ECONOMIQUE DE L'URSS EN 1985..26

I-L'ETAT DE L'AGRICULTURE SOVIETIQUE EN 1985.....................26

1-La politique agricole de l'URSS................................................26

2-Les difficultés de l'agriculture soviétique.....................................29

II-LA SITUATION DE L'INDUSTRIE SOVIETIQUE...........................30

1-L'organisation de l'industrie.....................................................30

2-Les problèmes de l'industrie soviétique........................................32

CHAPITRE III : LA SOCIETE SOVIETIQUE EN 1985.....................35

I-L'ORGANISATION DE LA SOCIETE SOVIETIQUE..........................35

1-Les différentes structures de la société..........................................35

2-La transformation rapide de la société soviétique.............................36

II-LES PROBLEMES DE LA SOCIETE............................................38

1-Les difficultés quotidiennes des soviétiques..................................38

2-Les tares de la société soviétique...............................................39

DEUXIEME PARTIE : L'AVENEMENT DE GORBATCHEV AU

POUVOIR ET LES REFORMES POLITIQUES,

ECONOMIQUES ET SOCIALES......................41

CHAPITRE I : BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE GORBATCHEV.........43 

I-VIE ET PARCOURS DE GORBATCHEV........................................43

1-Origine et vie sociale de Gorbatchev...........................................43

2-Le parcours politique.............................................................44

II- L'ACCESSION DE GORBATCHEV AU POUVOIR EN 1985..............45

1-Les causes de son accession.....................................................45

2-L'arrivée au pouvoir de Gorbatchev...........................................47

CHAPITRE II : LES PRINCIPALES REFORMES DE GORBATCHEV

EN 1986.............................................................48

I-LA POLITIQUE DE LA PERESTROIKA.........................................48

1-Origines et objectifs de la perestroïka..........................................48

2-Les principaux apports de la perestroïka......................................49

II-LA POLITIQUE DE LA GLASNOST...........................................52

1-Les orientations de cette politique..............................................52

2-Les actions positives de la glasnost.............................................52

CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DES REFORMES DE

GORBATCHEV..................................................55

I-LES DIFFERENTS PROBLEMES POLITIQUES................................55

1-Le conservatisme idéologique de Gorbatchev.................................55

2-Les contestations au sein du PCUS.............................................57

II-LES DIFFICULTES ECONOMIQUES ET SOCIALES........................58

1-La désorganisation de l'économie...............................................58

2-L'état social de la population soviétique........................................62

TROISIEME PARTIE : L'IMPACT DES REFORMES DANS LES

RELATIONS INTERNATIONALES..............63

CHAPITRE I : LES RELATIONS ENTRE L'URSS ET LES PAYS DU

MONDE COMMUNISTE........................................65

I-LES CONTESTATIONS INTERNES...............................................65

1-Les revendications des nationalistes............................................65

2-La tentative de putsch des conservateurs du PCUS..........................70

II-LA DISLOCATION DE L'URSS ET LA CREATION DE LA CEI.........74

1-L'implosion du régime communiste............................................74

2-La création de la Communauté des Etats Indépendants (CEI).............76

CHAPITRE II : LE RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET LES

ETATS-UNIS......................................................79

I-LES RAISONS DU RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET LES ETATS-UNIS.....................................................................................71

1-L'avènement de Mikhaïl Gorbatchev..........................................80

2-La réponse américaine a l'appel de Gorbatchev..............................82

II-LES CONSEQUENCES DU RAPPROCHEMENT.............................83

1-L'intensification du dialogue entre l'URSS et les Occidentaux.............83

2-La fin de la guerre froide.........................................................86

CONCLUSION GENERALE.........................................................88

ANNEXE..................................................................................93

BIBLIOGRAPHIE......................................................................114

* 1 P, georges, 1961, URSS, Paris, Presse Universitaire de France « corbis » 2e édition, 496p.

* 2 P, georges, 1990, L'économie de l'URSS, Paris, Presse Universitaire de France, p.108

* 3 Cette doctrine a été formulée par Andreï Jdanov en septembre 1947 lors de la conférence de Szklarska Poreba (Pologne) où sont réunis les partis communistes d'Europe de l'Est, de France et d'Italie, la doctrine Jdanov affirme la partition du monde en deux camps opposés : le camp « impérialiste » dirigé par les Etats-Unis, le camp « démocratique et anti-impérialiste » dirigé par l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Il affirme que là où les communistes n'ont pas encore pris le pouvoir, ils doivent en prendre la totalité. La doctrine condamne la neutralité. La rupture est consommée. C'est le début de la Guerre froide.

* 4Iouri Vladimirovitch Andropov est né le 15 à Stravropol dans le sud de la Russie d'un père employé des chemins de fer. Il reçoit une formation de technicien des transports fluviaux à Rybinsk au début des 1930 et peu après permanent des komsomol, les jeunesses communistes. Il est un diplomate, policier et homme d'Etat soviétique. Il fut le président du KGB de 1967à 1984. Il devient secrétaire général du PCUS de 1982 à 1984. Président du soviet suprême de l'URSS 1983 à 1984. Il est mort le 09 février 1984 à l'âge de 69 ans à Moscou.

* 5 Konstantin Oustinovitch Tchernenko es né le 24 septembre 1911 à Bolshayates Il était un homme politique et chef d'Etat soviétique ayant exercé les fonctions de secrétaire général du PCUS. Il durera treize mois à la tête de l'URSS du 13février 1984 où il meurt le 10 mars 1985 à Moscou.

* 6 Entretien oral avec Andrei Gratchev le 15 novembre 2009

* 7 Leonid Illich Brejnev est né le 19 novembre 1906 à Kamenskoye (de nos jours Dueprodzerzhiusk), en Ukraine, fils d'un métallurgiste russe. Comme de très nombreux jeunes prolétaires aux temps de la révolution russe il reçoit une éducation technique, en gestion de territoire puis en métallurgie. Il devient en 1923 membre de l'organisation de la de la jeunesse du parti communiste, le Komsomol, puis intègre le parti lui-même en 1931. Homme politique soviétique. Il exerce le pouvoir sur l'Union soviétique de 1964 à 1982, mais d'abord en association avec les autres. Il est secrétaire général du parti communiste de 1964 à 1982 et deux fois Président du Praesidium du soviet suprême (chef de l'Etat de 1960 à 1964 et de 1977 à 1982. Il mourut le 10 novembre 1982.

* 8 H. Carrière. D'Encause, 1978, l'empire éclaté, la révolte des nations en URSS, Flammarion, p.9.

* 9 Crée le 13 mars 1954, il est l'organisation chargée de la sécurité de l'URSS. C'est la police secrète de l'union soviétique et des services des renseignements généraux. Ces domaines de compétences le contre -espionnage, l'espionnage extérieur, la liquidation des opposants et des organisations contre révolutionnaires à l'intérieure de l'URSS et à l'étranger.

* 10 Les purges consistaient à une élimination drastique des personnes qui ont trahi .Ceux-ci ne méritaient plus leur appartenance au parti, la perte de l'affiliation dans l'élite faisait non seulement perdre des avantages sociaux essentiels, par exemple pour les fonctionnaires tout espoir d'avancement, mais souvent la liberté ou la vie.

* 11 F, benoît, 1977, L'URSS et la cei depuis 1945, seuil, p.47

* 12 M. malia, 1995, L tragédie soviétique : Histoire du socialisme en Russie 1917- 1991, Edition Seuil, p.473-475

* 13 M. malia, 1995, op cit. p.500

* 14 H, Carrière, d'Encause, 1980, Le pouvoir confisqué : gouvernants et gouvernés, Flammarion, p.68

* 15 D, Colas, 1977, Les constitutions de l'URSS et de la Russie (1905-1993), puf, que sais-je, p.67

* 16 H, Carrière, d'Encause, idem

* 17 H, Carrière, d'Encause, op.cit, p.80

* 18 HOUGH,J.F, FAINSOD,M., 1979,How the soviet union is governed, Harvard, p.409

* 19 H, Carrière, d'Encause, op.cit, p.103

* 20 D, colas, 1977, Les constitutions de l'URSS et de la Russie (1905-1993) puf, p.64

* 21 H, Carrière, d'Encause, op.cit., p.102

* 22 C'est le passage de la propriété privée à la propriété collective des terres et du matériel agricole. C'est la mise en commun de toutes les terres qui seront cultivées non plus par les paysans individuels mais par la communauté rurale.

* 23 P.sorlin, 1964, La société soviétique 1917-1967, Armand, Colin, p.272

* 24 idem, p.165

* 25 Ce sont de riches paysans qui possédaient sur ces terres de grandes fermes dans lesquelles ils faisaient travailler des ouvriers agricoles.

* 26 Joseph Vissarianovitch Djougachvili est né à Gori le 18 décembre 1878 ; c'est révolutionnaire, homme politique et un dirigeant soviétique. Il fut secrétaire général du pcus de 1922 à 1953 et a dirigé l'Urss à partir de la fin des années 1920 jusqu'à sa mort le 5 mars 1953 à Moscou.

* 27 C'est le projet de la mise en culture de nouvelles terres du Kazakhstan, de Sibérie, du sud de la région de l'Oural et du nord du Caucase

* 28P. georges, 1990, L'économie de l'URSS, que sais-je ? Paris presse universitaire de France, p.78

* 29 E. léonard hubbard, 1999, Les sciences économiques de l'agriculture soviétique, Flammarion, p.117

* 30 P. georges op.cit.p.75

* 31 P.georges, 1990, L'économie de l'URSS, que sais-je ? Presse universitaire de France, p.74

* 32 Idem

* 33 G.vincent, 2006, La perestroïka ou reformer l'irréformable, Université de Toulon la garde Master I, p.20

* 34 G.vincent, 2006, La perestroïka ou reformer l'irréformable, Université de Toulon la garde Master I, p.20

* 35 B. Kerblay, 1977, La société soviétique contemporaine, Armand Colin, p.192

* 36 P. georges, L'économie de l'URSS, que sais-je? Presse universitaire de France, p.96

* 37 D. brand, L'expérience soviétique, paris, Editions Dalloz, p.49

* 38 J. kornaï, 1984, Socialisme et économie de la pénurie, paris Economica, p.145

* 39 J.kornaï, op.cit. p. 175

* 40 B. Kerblay, 1977, La société soviétique contemporaine, Armand Colin, p.200

* 41 A. gauthier, 1986, Genèse de l'économie de l'URSS, bréal, p.46

* 42 A. gauthier, op. cit.p.65

* 43 Né à Moscou le 21 Mai 1921. C'était un physicien nucléaire russe et père de la bombe H. Il a obtenu le prix Nobel de la paix en 1975 pour sa lutte pour les droits des l'homme, les libertés civiles et la réforme de l'URSS. Il meurt à Moscou le 14 décembre 1989.

* 44 Est né le 11 décembre 1918 à Kislovodsk est un romancier et auteur de plusieurs ouvrages. Il était opposé au régime soviétique. Il meurt le 3 août 2008 à Moscou.

* 45 B. Kerblay, 1977, La société soviétique contemporaine, Armand Colin, p.20

* 46 B. Kerblay, op.cit. P.24

* 47 M. lewin, 2003, Le siècle soviétique, Fayard, Paris, p.14

* 48 M. lewin, op. Cit. , p. 35

* 49 J. baynac, 1977, La révolution gorbatchévienne, Editions Gallimard, p.23

* 50 J. baynac, 1977,op.cit.p.23

* 51 L, pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.5

* 52 L, pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.5

* 53 Idem

* 54 Rabac-com / demo/ relinter/ AnnMnd/GlasPers. Htm. P.1

* 55 A, aganbeguian, 1987, La perestroïka : le double défi soviétique, Economica, p.14

* 56 A, Gratchev, 1992, Histoire vraie de la fin de l'URSS, Edition du Rocher, p.48

* 57 J-L, van regemorter, 1998, La Russie et l'ex-URSS au XXème siècle, Armand Colin, p.155

* 58 L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.15

* 59 M, martin, 1995, La tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie 1917-1991, Edition les Seuil, P. 447

* 60 M, martin, 1995, La tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie 1917-1991, Edition les Seuil, P. 523

* 61 L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.16

* 62 Rabac-com / Relinter/AnnMnd/ GlasPers. Htm P .3

* 63 D. Vernet, 1990, URSS, Edition les Seuil, p.5-11

* 64 L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.100

* 65 D. brand, 1993, L'expérience soviétique, Editions Dalloz, p. 90

* 66 L. marie, 1990, Chronique de la société d'étude et de documentation économiques industrielles et sociales, p.25

* 67 I. erik »rien n'a vraiment changé dans les entreprises » Le Monde 6 juin 1990, pp14-15

* 68 R. nicholas, 1997, Histoire de la russie des origines en 1996, Editions Robert Laffont, Paris p.643

* 69I. erik « Désorganisation genérale de la production », le monde 6 juin 1990 p.15

* 70 T. françoise, 1990, Après Gorbatchev, Edition table ronde, p.263

* 71 S.georges, 2004, Métamorphose de la Russie1984-2004, Fayard, p.135

* 72 S. georges, 2004, Métamorphose de la Russie 1984-2004, Fayard, p.35

* 73 Idem

* 74 S.marc, 2002, Histoire du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.350

* 75 G. mink, 1997, Vie et mort du bloc soviétique, Casterman Giunti Gruppo Editorial, Firenze, p. 129

* 76 Changement politique profond sans violence

* 77 Né près de pitesti en 1918 est un homme politique romain, secrétaire général du parti communiste en 1965 et président du conseil d'Etat en 1967. Il meurt en 1989

* 78 S.marc, 2002, Histoire du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.344

* 79 Boris nikolaïevitch Eltsine est né le 1 février 1931 à Boutka dans l'oblast de Sverdlovsk est un homme politique russe. Il devient président du soviet suprême de la république socialiste fédérative soviétique de russie. Il fut le premier président de la fédération de russie, avec deux mandats consécutifs (1991-1996) et (1996-1999) après l'effondrement de l'URSS. Il meurt le 23 avril 2007.

* 80 S. georges, 2004, Métamorphose de la Russie 1984-2004, Fayard, p.534

* 81 A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.9

* 82 A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.10

* 83 G.ulysse, V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d'un coup d'Etat, JC Lattès, p.56

* 84 A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.10

* 85 Nom donné au parlement de la Russie

* 86G.ulysse, V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d'un coup d'Etat, JC Lattès, p.84

* 87 G.ulysse, V. fédorovski, op cit. p.88

* 88 Ibidem, p.89

* 89 A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, pp10-11

* 90 La Presse, 22 août 1991, P.82

* 91 G.ulysse, V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d'un coup d'Etat, JC Lattès, p.190

* 92 F. marc, 1996, Le système soviétique et son implosion, Editions, Paris Collection Hermès-numéro 19, p.31

* 93 Communauté des Etat Indépendants ; c'est une confédération de républiques souveraines créée en 1991 et formée de la Russie, de l'Ukraine, de la Biélorussie, de la Moldavie, de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan. Quoique dotée d'un important appareil bureaucratique, la C.E.I ne joue ni un rôle important ni en politique internationale ni dans les relations entre ses membres.

* 94 A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.12

* 95 G.vincent, 2006, La perestroïka ou reformer l'irréformable, Université de Toulon la garde Master I, p.44

* 96 A. sauvagnargue, 2008, Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.13

* 97 G.sitbon, « La grande illusion de Mikhaïl Gorbatchev » Le Nouvel Observateur France, 26 décembre 1991 au 1 janvier 1992, p.39

* 98 G.vincent, 2006, La perestroïka ou reformer l'irréformable, Université de Toulon la garde Master I, p.56

* 99 Idem

* 100 C.georges, 2001, Du dégel à la guerre fraîche et à la détente fin des années 1970-1995, Hachette, p.10

* 101 S. marc, 2002, Histoire du XXème siècle, Chenelière Montréal, P.337

* 102 M. francis, 2003, La guerre froide de la détente à l'entente 1962-1991, CNRS Editions, Paris, p.20

* 103 M. francis, op.cit. p.21

* 104 H. Bruno, 1998, La guerre froide 1945-1991, Ellipses marketing, p.21

* 105 C.georges, 2001, Du dégel à la guerre fraîche et à la détente fin des années 1970-1995, Hachette, p.16

* 106 S.marc, 2002, Histoire du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.340

* 107 M, martin, 1995, La tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie 1917-1991, Edition les Seuil, P.513

* 108 Il est né le 18 juillet 1918 à Mvezo en Afrique du su. Il fut l'un des meneurs de la lutte contre le système politique d'apartheid. Il fut condamné à la prison à vie lors du procès de Rivonia et sa peine à Robben Island pendant 27 ans au large de la ville u cap. Il fut libéré le 11 février1990 et devient le premier président noir en 1994 jusqu'en 1999.

* 109 C'était une politique de développement séparé affectant des populations selon des critères raciaux ou ethniques dans des zones géographiques déterminées. Il fut conceptualisé et mis en place à partir de 1948 par le parti national et aboli le 30 juin 1990.

* 110 L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?» p.112






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