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L'acquisition du genre et du code switching chez l'enfant bilingue précoce

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par Sophie Rimbaud
Université Montpellier III - Master 2 2009
  

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3. 6. Le code switching

Le code switching peut apparaître à n'importe quel moment dans le discours d'un bilingue (Cantone 2007). Sur un plan cognitif, les deux langues sont toujours actives, mais le sont encore plus dans un contexte bilingue. Cette particularité cognitive permet d'établir la définition du code switching : ce serait alors la capacité volontaire à faire intervenir la deuxième langue dans le discours. Passer ainsi d'une langue à l'autre dans un discours se rapproche de l'utilisation du code-mixing mais nécessite un effort supplémentaire : en contexte monolingue l'enfant ne mixe pas mais switche et cette opération demande un effort cognitif supplémentaire. Nous pouvons néanmoins observer l'existence d'un code switching en contexte bilingue à condition qu'il soit le résultat d'une intention volontaire soulignant ou facilitant le décodage de l'intention communicative pour l'interlocuteur. En effet, dans ce dernier cas, si l'emphase n'était pas volontaire nous aurions affaire à du code-mixing, code défini précédemment, dans tout contexte bilingue. Dans ce contexte les deux langues sont cognitivement activées, beaucoup plus qu'en contexte monolingue. Au niveau cognitif si l'enfant ne fait pas d'effort pour passer d'une langue à l'autre nous parlerons de code-mixing alors que s'il y a un mouvement volontaire de la part de l'enfant nous parlerons de code switching.

La frontière entre code-mixing et code swicthing est fine et la différence est délicate et la différence diverge selon les auteurs : C'est pour cela que nous nous réfèrerons à la définition de Myusken :

22 Cependant si la langue dominée n'est pas parlée hors du cadre familial, alors le fossé créé entre les deux langues ne se comblera pas et l'enfant parlera la langue dominée sans en développer toutes les compétences de communication.

« [...] all cases where lexical items and grammatical features from two languages appears in one sentence [...] the more commonly used term code switching will be reserved for the rapid succession of several languages in a single speech event » (Muysken 200023, cité par Cantone 2007 ; 56).

Le code switching apparaît alors comme un choix délibéré en fonction de l'interlocuteur, du contexte, du sujet de la conversation, et de l'utilité pragmatique de recourir au code switching, sans enfreindre les codes sociolinguistiques, et en respectant les contraintes grammaticales spécifiques à l'intérieur de laquelle s'insère le code switching (Cantone 2007). Mais avant tout, il faut souligner les effets communicatifs du code switching, brièvement abordés auparavant. Le code switching est alors appréhendé comme une stratégie communicative (Cantone 2007). Son usage peut être sémantique, afin d'employer un mot qui n'a pas d'équivalent exact dans l'autre langue, ou qui apporte une nuance que l'autre mot n'a pas dans sa définition ; il peut être pragmatique, en posant une emphase sur le mot objet du switch ; il peut être social et faire partie d'un style socioculturel ; il peut également être purement rhétorique, afin de capter l'attention de l'interlocuteur.

Le code switching se manifeste à travers trois phénomènes spécifiques (Cantone 2007), l'insertion, lorsque des éléments d'une deuxième langue sont insérés dans la langue parlée. Le transfert qui présuppose un calque parfait des structures syntaxiques des deux langues, et l'alternance d'un élément par un autre dans la même position syntaxique, en plaçant un mot pouvant exercer l'exacte fonction syntaxique du mot substitué.

23 MUYSKEN P. (2000) Bilingual speech : a typology of code mixing, Cambridge : Cambridge University Press.

3. 7. Synthèse de développement du langage chez le monolingue :

L'acquisition est un processus naturel, long et complexe. Si cette acquisition vient naturellement en interaction avec un contexte, elle doit passer par des étapes successives. Le processus par étapes est le même pour l'enfant monolingue et bilingue : dans une étude sur le bilinguisme précoce simultané, il est nécessaire d'établir un parallèle entre ces deux processus d'acquisition, pour pouvoir établir le profil de l'enfant que nous allons étudier, à la fois dans l'acquisition du langage et genre. Néanmoins, l'acquisition du monolingue n'étant pas notre sujet, nous ne rentrerons pas dans les détails de cette acquisition.

La période pré-linguistique précède l'installation du langage. Pendant les six premiers mois de la vie l'activité du bébé est centrée sur la perception : à cet âge sa compétence de discrimination est particulièrement développée, il est capable de discriminer des sons qui ne sont pas dans sa langue maternelle. Cette particularité explique pourquoi, dans le cadre du bilinguisme, un enfant est réceptif à deux langues différentes ou plus. De la naissance à 6 mois l'enfant produit des vocalisations qui vont se structurer pour donner entre 6 et 10 mois un babillage « canonique » (les syllabes sont soumises à un ordre tel qu'il sera dans le langage normé). Dès 9 mois, l'enfant est capable de comprendre des mots isolés qu'il a fréquemment entendu.

La période linguistique commence, du point de vue de la production, vers 12-13 mois lorsque l'enfant prononce son premier mot. Alors qu'il babille encore il est capable de nommer des noms (papa, maman, son prénom) et les objets les plus fréquent de son environnement. Il commence à acquérir des éléments de syntaxe : on parle alors de babillage mixte.

Entre 18 et 24 mois l'enfant connaît une explosion lexicale. Cette explosion s'exprimer dans les productions de l'enfant vers la fin de la première année, au début de la seconde, associé à un début de complexité syntaxique : l'enfant s'exprime en style télégraphique sans morphèmes grammaticaux. L'explosion grammaticale a lieu entre 2 et 3 ans avec l'acquisition des morphèmes (conjugaison de verbes, accord de genre de l'adjectif, mots fonctionnels). A partir de là, sa production gagnera en complexité syntaxique et ne cessera de se développer. Ainsi vers 4 ans la parole de l'enfant est construite et intelligible. Néanmoins certaines acquisition continuerons de se développer encore longtemps (jusqu'à 15 ans pour le vocabulaire).

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry