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Analyse pragmatique du discours de Barack H. Obama à  Accra. Approche énonciative

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par Rigobert MUKENDI
Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication Kinshasa RDC - Licence 2010
  

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0. INTRODUCTION

1. ETAT DE LA QUESTION

La recherche que nous présentons porte sur l'analyse pragmatique du discours de Barack Hussein Obama devant le Parlement ghanéen lors de sa conférence de presse à Cape Coast à Accra le 11 juillet 2009. Nous en abordons l'approche énonciative.

Dès l'aube du XXIème siècle, des événements presque inédits ont fait leur apparition dans le monde et ont affecté l'élan de la planète toute entière. Parmi ces événements, il y en a qui, positivement ou négativement, ont marqué ce siècle débutant. Parmi ceux-ci, l'on peut citer le réchauffement climatique qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive et a mobilisé cent nonante deux Etats à Copenhague au Danemark au mois décembre dernier. Un autre événement c'est la découverte de la possibilité de vie sur la planète Mars. Mais il y a un troisième qui, à lui seul, constitue une légende. C'est l'élection d'un noir américain à la tête des Etats-Unis. Une donne qui a réussi à casser la baraque et à changer toute la philosophie des Américains.

Cependant, depuis 1789, année de l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique, aucun noir n'a bénéficié de la confiance des américains comme Obama. L'accession à ce poste devant obéir à ce que les américains appellent la « loi non écrite » W.A.S.P. (white, anglo-saxon and protestant) ; ce qui veut dire que l'on ne peut accéder à la Maison blanche que si l'on remplit ces trois conditions : être blanc, d'origine anglo-saxonne et de confession religieuse protestante.

C'est pour cette raison que l'on justifie l'assassinat de l'ancien Président John Kennedy qui répondait aux trois premiers critères, mais péchait au dernier ; étant donné qu'il était de confession catholique. Toutefois, ce schéma préfabriqué impérialement n'est pas resté sacro-saint, intouchable, irréversible.

Pour preuve, la cour suprême, bien qu'elle constitue le sommet du pouvoir aux Etats-Unis, elle ne compte aucun juge de confession protestante. Seulement, six catholiques (John Roberts, Samuel Alito, Antony Kennedy, Soria Sotomayor, Clarence Thomas et Antorium Scalia), et trois juifs (Ruth Bader Ginsburg, Stephen Breyer et Mrs Elena Kagan). Cette dernière est une brillante juriste new-yorkaise ; doyenne, depuis de longues années, de la faculté de droit à l'Université de Harvard. Elena Kagan, 50 ans, a été choisie par Barack Obama, le 11 mai dernier pour remplacer l'un des neuf juges de la cour suprême.1(*) Et l'arrivée de Barack Hussein Obama à la tête des Etats-Unis le 4 novembre 2008 a, sans détours, changé la donne politique sur l'échiquier mondial et froissé certaines sensibilités racistes et narcissiques des Américains.

Investi effectivement au pouvoir le vingtième jour du mois de janvier 2009, Barack Obama a entamé des tournées dans le monde. Sous ce registre, l'on peut compter plus d'un voyage effectué par le locataire de la Maison blanche. Et celui qui nous intéresse est celui qui, à la fin d'un périple qu'il a effectué successivement à Moscou et à Rome, l'a amené  au continent de ses aïeux, le 11 juillet 2009. Et c'est pour la première fois qu'il arrive en Afrique subsaharienne. Le cap est jeté sur le Ghana. Pendant près d'une heure, Barack Obama s'adresse aux ghanéens par le biais de leur Parlement.

Son discours est apprécié de tous et suscite des réactions et des commentaires dans presque tous les salons politiques du monde en général et ceux de l'Afrique en particulier. Un parler simple et direct, un message sain et clair, immédiatement compréhensible de l'auditeur moyen : la recette Obama fonctionne d'autant mieux qu'il ne viendrait à personne l'idée de mettre en doute la sincérité de celui qui est aussi un fils du continent africain.

Après ce regard panoramique recensant les événements qui ont fait leur invasion dans le monde, nous pouvons questionner certaines recherches pouvant nous apporter des détails à propos de notre sujet de recherche et éclairé notre lanterne. Ceci étant, nous nous rangeons derrière Drei2(*) pour dégager quatre postures sociologiques qui se dégagent lorsque l'on est en face de l'objet « discours politique ». La première, structurale, est centrée sur la notion de champ politique et recense les illusions fondatrices de ce champ. Le discours politique, entendu comme genre, est une simple variation à partir de ces illusions. La deuxième posture, attentive aux rapports de force internes au champ politique et aux stratégies des acteurs, met en relation les positions occupées et les discours produits. La troisième, quant à elle, étudie la façon dont des formes alternatives de grandeur peuvent faire l'objet d'importations réussies dans le champ. La quatrième, enfin, se mobilise autour de la saisie de sens que renferme un discours politique dans la contextualité de son déploiement.

Dans la pratique internationale, il est reconnu aux Etats, la possibilité de s'adresser, à travers leurs représentants, à l'ensemble de la société-monde au cours de certaines cérémonies spéciales. C'est le cas, par exemple, des sessions de l'Assemblée Générale des Nations Unies qui s'offrent, chaque année, une sorte de tribune d'expression au profit des Chefs d'Etats et des Gouvernements pour partager les idées et réfléchir, préventivement, sur des préoccupations aussi bien planétaires que nationales en vue de la concorde internationale des Etats. Il en est de même des sommets qui réunissent plusieurs Etats pour débattre des sujets qui inquiètent et peuvent compromettre la quiétude de toute la planète ; tel est le cas du sommet tenu à Copenhague en décembre dernier ; ou tout au moins de quelques Etats en confédération.3(*)

Le discours de Barack Obama devant le Parlement ghanéen n'entre pas dans cette catégorie. Il peut être classé dans la rubrique de la possibilité reconnue aux Etats de s'exprimer à travers leurs représentants à l'ensemble de la société-monde au cours de certaines cérémonies spéciales, ou à une frange bien déterminée des personnes.

Et la deuxième posture discursive, selon Drei, nous sert de lanterne quand elle s'énonce comme celle attentive aux rapports de force internes au champ politique et aux stratégies des acteurs, mettant ainsi en relation les positions occupées et les discours produits.

2. ETAT DE LA LITTERATURE

Avant de nous atteler à l'exercice de l'explicitation de notre problématique, il sied de passer en revue les différents travaux qui ont été rédigés si pas sur les discours des acteurs politiques mais à tout le moins, sur les discours politiques ici à l'Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication (IFASIC).

Parmi les nombreuses recherches qui ont abordé la matière discursive, nous avons retenu celles de Marie Catherine Tshela Bamubile qui a travaillé sur la transition politique congolaise et les discours politiques des quatre vice-présidents en abordant l'approche sémio-narrative. Elle était préoccupée par la question suivante : quels projets sociologiques révèlent les discours de chacun des quatre vice-présidents ? Et comme réponse provisoire à celle-ci, elle postule que dans un contexte de transition politique, la quête d'un même objet prédispose les instances, même revêtues des fonctions analogues, à être anti-sujets.

Après le travail de terrain et d'analyse documentaire, Tshela Bamubile parvient à conclure que tous les quatre vice-présidents sont des anti-sujets. Néanmoins, trois de ces quatre vice-présidents ont un même objet de quête qu'est le développement. Cependant, Azarias Ruberwa est le seul qui poursuive la démocratie comme objet de quête. Ce qui fait de lui un anti-sujet plus que les autres parce que voulant se faire différent d'eux. Etant issu de la minorité Tutsi, il se fait leur avocat en militant pour l'instauration d'un Etat de droit où la discrimination ne sera plus au rendez-vous.4(*)

Le deuxième travail que nous avons repéré est intitulé : les promesses dans le discours de Joseph Kabila, Analyse de contenu ; réalisé en 2002 par l'étudiante Tshinguta Mukendi.

Le chercheur était préoccupé de savoir quelle pouvait être la portée réelle des promesses de Joseph Kabila dans ses discours politiques. Provisoirement, elle affirme, à titre d'hypothèse, que dans la production d'un discours, l'environnement et le contexte peuvent influer sur le sens des mots. Cette étude a opté pour l'énonciation comme cadre théorique.

Après analyse, le chercheur conclut que les discours prononcés par Joseph Kabila lors de sa tournée en provinces, contenaient trois sortes de promesses. Les promesses d'ordre socioculturel l'emportant sur les autres avec 43 %, suivies de celles d'ordre économique avec 37 % et, enfin, les promesses d'ordre politique avec 25 %.5(*)

Le troisième travail a porté sur les discours de Laurent Désiré Kabila du 17 mai 1997 au 2 août 1998, analyse pragmatique. Ce travail a été défendu en 2000 par Bakankumu Sama.

Le chercheur part de la question suivante : quelle est la direction illocutoire de la production discursive de Laurent Désiré Kabila ? Pour y répondre, il pose l'hypothèse selon laquelle tout langage émanant d'une instance qui tire sa légitimité d'une rénovation, a tendance à s'inscrire dans un rapport de rupture avec l'ordre discursif ancien. Et les actes illocutoires qui sous-tendent ce discours adoptent une dimension assertive, validant ainsi la thèse de l'objectivité de la vision du locuteur. Comme cadre théorique, Bakankumu Sama a utilisé la pragmatique énonciative.

A la fin du travail, le chercheur constate que la production discursive du président Laurent Désiré Kabila du 17 mai 1997 au 2 août 1998 dégage une force illocutoire dont le but est d'engager sa responsabilité pour changer radicalement une société caractérisée par beaucoup de manquements.6(*)

3. PROBLEMATIQUE

Après cet inventaire des travaux antérieurs, nous nous rendons facilement compte que tous nos prédécesseurs se sont basés sur l'analyse des discours politiques des dirigeants congolais, c'est-à-dire sur la politique nationale de la RD Congo. Ce qui donne immédiatement un caractère original à notre sujet de recherche qui, bien que ayant la même substance que les autres, le discours, se déploie dans une dimension internationale, voire mondiale.

D'où l'énoncé de notre sujet de recherche : Analyse pragmatique du discours de Barack Hussein Obama à Accra. Approche énonciative.

Notre problème réside dans le fait que l'on n'a pas connaissance de l'instance à laquelle Barack Obama - Président des Etats-Unis et noir américain - s'adresse dans son discours d'Accra.

D'où la mobilisation de cette question : Quel est le destinataire de l'allocution de Barack Obama ? Et puisque le communicationnel est toujours téléonomique7(*), quels sont les objectifs poursuivis par Obama dans son discours ? Pour ratisser large, nous pouvons élargir cette réflexion en formulant d'autres sous questions :

- Quels sont les statuts de l'énonciateur et du destinataire dans le discours d'Obama à Accra ?

- Comment se positionne l'énonciateur dans le discours du président Barack Obama prononcé devant le Parlement ghanéen ?

Cette dernière sous question semble retenir notre attention et partant, elle s'avère principale pour notre étude.

4. HYPOTHESE

Un sujet parlant qui revendique une pluralité de statuts, produit un discours polyphonique. Ce positionnement se répercute sur l'auditoire à qui l'allocution est adressée.

5. METHODES ET TECHNIQUES D'APPROCHE

La démarche scientifique rigoureuse exige aux chercheurs de se doter toujours des instruments adéquats en vue d'une analyse objective de nombreuses données collectées, parfois disparates et éparses ; souvent sans liens apparents. Cela étant, il ne suffit pas, pour nous, d'amasser simplement les données et les faits sur un phénomène afin de pouvoir l'expliquer, mais nous devons recourir à des méthodes scientifiques prouvées et éprouvées pour l'agencement et l'interprétation de ces données en vue de leur véritable signification, et in fine, aboutir aux résultats plausiblement objectifs.

Notre recherche est mobilisée autour des méthodes descriptive et analytique, en l'occurrence l'analyse du discours. La méthode descriptive nous aidera à « raconter » la personne dont nous analysons le discours. Eu égard aux techniques d'approche, nous allons au cours de ce travail, faire appel à l'approche énonciative de la pragmatique, basée sur la nouvelle polyphonie d'Oswald Ducrot.

La méthode analytique ou l'analyse du discours nous permet de déconstruire le corpus de notre recherche, le discours, le décomposer dans ses différentes particules et facettes, les énoncés, en vue d'en saisir les contours, d'en déduire le sens véritable et d'en indiquer le destinataire, son statut et le positionnement de l'énonciateur. L'analyse pragmatique a pour objectif de faire ressortir l'ensemble des indices marqueurs de la présence du locuteur et/ou de l'énonciateur dans le texte, en même temps que ceux qui attestent celle de l'interlocuteur et/ou de l'énonciataire dans son discours, car le « tu » ne peut exister que lorsque le « je » le fait exister.

6. DELIMITATION DU SUJET

Essentiellement, le point focal de notre étude est l'intégralité du discours du Président américain Barack Hussein Obama lors de sa conférence de presse à Cape Coast à Accra, le 11 juillet 2009. Ce discours sera analysé à la lumière de l'approche énonciative.

7. DIVISION DU TRAVAIL

Notre travail comprend trois chapitres. Le premier chapitre porte sur les esquisses conceptuelles et théoriques. Le deuxième circonscrit le contexte de l'élection de Barack Obama et retrace ses origines ainsi que son parcours politique. Le troisième chapitre sera axé sur l'analyse même du discours du président Obama.

PREMIER CHAPITRE : CONSIDERATIONS CONCEPTUELLES ET THEORIQUES

Dans ce chapitre, il sera question de définir les concepts utiles à notre travail et de présenter la théorie qui le sous-tend. Il sera donc sectionné en deux. La première section s'appesantira sur les esquisses définitionnelles et conceptuelles. La seconde section sera axée sur les assises théoriques c'est-à-dire la théorie de l'énonciation.

Section 1 : Considérations conceptuelles

Nous analysons, dans ce travail, un discours. Et parce que tout discours est un instrument de communication, nous allons, de prime abord, ébaucher succinctement ce concept-clé.

La communication. Ce n'est pas un discours ordinaire ou scientifique que nous analysons, plutôt un discours politique. C'est pourquoi nous définirons aussi le concept de communication politique et ensuite celui du discours politique. Mais discours ou discours politique ne peut être proféré que dans un espace que nous pouvons appeler ici, espace public ; d'où la nécessité de donner aussi quelques esquisses notionnelles sur le terme espace public.

1.1 Communication

De manière générale, la communication est comprise comme le processus par lequel l'information est transmise d'un émetteur à un récepteur. La communication peut mettre en situation des traits psychologiques, sociologiques ou économiques. Tantôt, elle mobilise la parole, tantôt l'écriture, tantôt le geste. La communication peut aussi incarner les nouvelles technologies.8(*)

Nous pouvons également préciser que la communication fait partie des pratiques si quotidiennes et si « naturelles » sur lesquelles l'on s'interroge rarement à son propos. C'est à cela que fait allusion l'opuscule écrit par Kenneth Wamen et ses compagnons et qui relève que « le Besoin de communiquer avec son prochain est aussi fondamental que la nécessité physique de se nourrir et de s'abriter.9(*) Cette pensée, pour anodine qu'elle puisse paraître, est une démonstration de l'importance que les humains attachent au processus de la communication.

De nos jours, la définition du concept communication demeure extrêmement variable, la communication peut être personnelle, inégalitaire, ou médiatisée. Parfois elle désigne un canal de communication parfois son contenu, ou même la forme de communication.10(*) Elle est donc coextensive à toutes formes de vie, comme le précise Gregory Bateson et ses disciples. Il affirme que «  communiquer c'est aussi cohabiter » bien entendu, dans un contexte de monde moderne. Dominique Wolton précise en outre que si vivre c'est communiquer, l'on devrait paradoxalement y distinguer les frontières sémiotiques, pragmatiques et médiatiques.11(*)

La complexité de la notion de communication a, en outre, été reconnue par plusieurs autres chercheurs et philosophes. Claude Bertrand, Régis Debray, Paul Watzlawick et tant d'autres. Tous affirment que l'extrême étendue des significations du terme communication fait qu'elle puisse s'apparenter à d'autres disciplines aussi. C'est même à juste titre que Régis Debray affirme que « le terme de communication de nos jours a connu d'immense fortune ».12(*) Eric Maigret ajoute que la communication s'analyse suivant trois composantes liées. D'abord comme interaction en fonction du contexte, si on tient compte de l'école de Palo Alto. Ici l'on voit la communication qui se déroule comme une information cadrée et codée et comme un partage existentiel de sens. Autrement dit, une communication qui se déroule entre partenaires à l'intérieur d'un système et qui se définit en termes physiques ou socio-culturels.13(*)

A notre avis, nous pensons que la communication peut être perçue comme transmission de message, notamment lorsqu'un partenaire émetteur qui amène le récepteur à partager le contenu d'un message. La communication peut être encore envisagée comme partage existentiel où l'on communique à travers l'attitude du corps, le ton de la voix, la manifestation de la présence affectueuse mais pas toujours à travers un message calculable en termes d'information.

Sans vouloir faire de la communication notre concept clé, nous abordons la communication politique qui nous semble au centre de notre étude parce que le discours que nous analysons est également politique.

1. 2. Communication politique

Du point de vue de son étymologie, la communication politique a désigné, premièrement, l'étude de la communication du gouvernement vers l'électorat ; puis, l'échange des discours politiques entre les hommes au pouvoir et ceux de l'opposition tout particulièrement lors des campagnes électorales. Ensuite, le domaine s'est élargi à l'étude du rôle des médias dans la formation de l'opinion publique ; puis à l'influence des sondages dans la vie politique, notamment pour étudier le décalage entre les préoccupations de l'opinion publique et les comportements des hommes politiques.

« Aujourd'hui, la communication politique englobe l'étude du rôle de la communication dans la vie politique au sens large en intégrant aussi bien les médias que les sondages, le marketing politique et la publicité avec un intérêt particulier pour les périodes électorales ».14(*)

Anne Marie Gingras considère la communication politique comme l'étude de l'espace public où s'exercent les dynamiques du pouvoir sous toutes ses formes ; le pouvoir est ainsi appréhendé de manière institutionnelle et informelle, matérielle et symbolique. De la sorte, l'étude de l'espace public doit s'articuler autour de trois axes : les organisations médiatiques et culturelles (leur fonctionnement et leur économie politique), les messages politiques provenant des gouvernants et des acteurs de la société civile (la rhétorique et l'argumentation, la publicité), et enfin, les phénomènes de communication politique (la réception, la persuasion, la propagande, l'opinion publique, la double pensée).15(*) La communication politique nous apparaît comme le contraire d'une dégradation de la politique, comme la condition du fonctionnement de l'espace public élargi. En permettant l'interaction entre l'information, la politique et la communication, elle apparaît comme un concept fondamental d'analyse du fonctionnement de la démocratie des masses. Elle ne conduit pas à supprimer la politique ou à la subordonner à la communication, mais au contraire, à la rendre possible dans la démocratie des masses.

En effet, la communication politique dont il est question ici, est cette branche qui, non seulement s'articule autour des théories et des techniques, mais elle développe aussi une pratique de type politique. La communication politique a, selon Bernard Lamizet16(*), deux grandes raisons d'exister. D'une part, elle constitue une médiation de représentation symbolique du pouvoir, et entend exercer une influence symbolique par les formes et les expressions qu'elle diffuse dans l'espace public ; d'autre part, la communication politique donne la visibilité d'un système des formes et des représentations symboliques aux acteurs qui exercent leurs pouvoirs et mettent en pratique les choix et les orientations de la médiation politique.

Certains chercheurs en communication politique estiment que ce vocable a une certaine dose normative, voire dogmatique. Il peut être envisagé l'éventualité d'études qui ne se recommandent pas de l'un ou l'autre de ces courants ou simplement qui, de manière complémentaire, participent de deux. C'est bien ce que reconnaît Anne Marie Gingras: « on voit ainsi se dessiner une distinction qui transcende la vision entre libéraux et critiques». Cela est d'autant plus vrai que la communication politique constitue un domaine interdisciplinaire. Son champ s'élargit tous les jours à telle enseigne que le monde et les sociétés contemporaines évoluent tout en englobant des phénomènes nouveaux, notamment avec le développement de la technologie de la communication.

1. 2. 1. Communication politique et espace public

C'est ainsi que Anne-Marie Gingras considère la communication politique comme l'étude de l'espace public où s'exercent les dynamiques du pouvoir sous toutes ses formes ; le pouvoir est ainsi appréhendé de manière institutionnelle et informelle, matérielle et symbolique. Puisqu'il en est ainsi, l'étude de l'espace public doit s'articuler autour de trois axes: les organisations médiatiques et culturelles (ce qui veut dire leur fonctionnement et leur économie politique), les messages politiques provenant des gouvernants et des acteurs de la société civile (la rhétorique et l'argumentation, la publicité), et enfin les phénomènes de communication politique (la réception, la persuasion, la propagande, l'opinion publique, « la double pensée».17(*)

Les thèses de Gingras à ce sujet correspondent à la conception de Dominique Wolton sur le phénomène de communication politique. Celle-ci constituerait une exploitation de l'espace public par trois acteurs: les hommes politiques, les journalistes ainsi que l'opinion publique. Il déclare volontiers sa définition de la communication politique comme étant restrictive : « l'espace où s'échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité de s'exprimer publiquement sur la politique, et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l'opinion publique à travers les sondages».18(*)

L'auteur étend sa réflexion à la communication politique entendue comme un processus dynamique ouvert et non comme une technique, un lieu d'affrontement de discours politiques opposés, relayé soit par les journalistes, soit par les hommes politiques, soit l'opinion publique par l'intermédiaire des sondages. L'intérêt de la communication politique est à la fois de montrer qu'il s'agit d'un lieu d'affrontement de discours, à l'issue incertaine, mais aussi de montrer que cet affrontement se fait à partir de trois discours qui ont légitimité à s'exprimer par la démocratie : l'information, la politique et l'opinion publique.

Le concept de l'espace public est un facteur important pour définir la communication politique et précisément le discours politique. Il y a donc un rapport, on ne peut plus, criant entre l'espace public, la démocratie et le discours politique. Ainsi, la communication politique serait le champ d'expression régulé de l'agir communicationnel fondamental et pérenne, pris aux pièges de l'agir stratégique et de l'agir dramaturgique.19(*)

C'est ainsi que, s'agissant de la politique, Jacques Gerstlé souligne qu'elle ne se définit pas par un ensemble des secteurs ou des problèmes définitivement isolables dans la société, puisque n'importe quelle question dans la société peut devenir politique.20(*) Par contre, elle est tributaire des enjeux économiques, sociaux, culturels, religieux, ethniques et linguistiques.

L'activité politique est impliquée dans la communication et sa contribution est omniprésente. Toute activité politique est donc communication. Et Jean Marie Cotteret conçoit la communication politique comme étant un échange entre gouvernants et gouvernés par des canaux de transmission structurés ou informés.21(*)

1. 2. 2. Communication politique comme agir politique

Mais pour la conquête comme pour l'exercice du pouvoir, la communication politique demeure un incontournable outil. La consubstantialité du pouvoir à la communication est une donnée permanente à tous les types de sociétés et marque toutes les époques. Même les systèmes totalitaires ont aussi besoin de convaincre à travers la communication.

Dans les régimes démocratiques, la communication politique prend considérablement une plus grande importance surtout avec le développement des moyens de communication de masse. La communication politique a existé de tout le temps pour répondre à la nécessité de toute forme de pouvoir.22(*) Il arrivait que l'on se serve de la communication politique sans le savoir.

L'intérêt de la communication politique est à la fois de montrer qu'il s'agit d'un lieu d'affrontement de discours à l'issue incertaine, mais aussi de montrer que cet affrontement se fait à partir de trois discours qui ont légitimité à s'exprimer par la démocratie : l'information, la politique et l'opinion publique.

Nous optons pour la définition de Dominique Wolton parce qu'elle insiste sur l'idée d'interaction des discours contradictoires tenus par des acteurs qui n'ont ni le même statut, ni la même légitimité, mais qui, de par leurs positions respectives dans l'espace public, constituent en réalité la condition de fonctionnement de la démocratie des masses. Cette présente des avantages suivants :

Elle élargit la perspective traditionnelle : les discours de trois acteurs font système dans la réalité, au sens où ils se répondent, mais aussi parce qu'ils représentent les trois légitimités de la démocratie, la politique, l'information et l'opinion publique. C'est leur interaction qui est constitutive de la communication politique. C'est aussi en ce sens qu'elle est différente de ce que l'on appelle le débat politique, fort important en démocratie, mais qui réunit le discours des acteurs politiques au sens strict.

Le deuxième avantage de cette définition est de souligner l'originalité de la communication politique : gérer les trois dimensions contradictoires et complémentaires de la démocratie des masses, la politique, l'information et l'opinion publique.

Elle a l'avantage de montrer que le public n'est absent de cette interaction. La communication politique n'est seulement l'échange des discours de la classe politique et médiatique, mais l'on y trouve également une présence réelle de l'opinion publique par l'intermédiaire des sondages.

1. 2. 3. Caractéristiques de la communication politique

La communication politique est un processus indispensable à l'espace politique contemporain en permettant la confrontation des discours politiques caractéristiques de la politique : l'idéologie et l'action pour les hommes politiques, l'information pour les journalistes, la communication pour l'opinion publique et les sondages. Ces trois discours sont en tension permanente, car chacun détient une partie de légitimité démocratique et peut donc prétendre interpréter la réalité politique du moment en excluant l'autre.

Pour les hommes politiques, la légitimité résulte de l'élection. La politique est leur raison d'être, avec une méfiance certaine pour l'événement et une préférence pour les idéologies organisatrices de la réalité. La communication est surtout assimilée à une stratégie de conviction pour faire adhérer les autres, hommes politiques, journalistes ou électorats. Pour les journalistes au contraire, la légitimité est liée à l'information qui a un statut fragile, puisqu'il s'agit d'une valeur essentielle, qui consiste à faire le récit des événements et à exercer un certain droit de critique. Ils sont les « face-à-face » des hommes politiques. La politique constitue la principale cause de leur succès pour l'anticipation qu'ils apportent parfois au comportement du corps électoral.23(*)

La communication politique a une autre caractéristique essentielle : elle n'est pas un espace fermé, mais ouvert sur la société en ce sens que chacun des acteurs parle en permanence, à deux niveaux. D'une part, pour les autres partenaires de la communication politique comme pour ses pairs, et d'autre part, pour l'opinion publique. Ce double niveau d'adresse est une nécessité communicationnelle pour éviter un dialogue des sourds, car les uns et les autres ne s'intéressent pas à la même chose.

Les médias sont, avant tout, sensibles à l'événement, les hommes politiques à l'action, l'opinion publique à la hiérarchie des thèmes et des préoccupations qui n'obéissent ni au rythme de l'action politique, ni à celui des médias. C'est en ce sens que la communication politique n'est pas seulement un espace d'échange de discours, mais aussi et peut être autant, un espace de confrontation des logiques et des préoccupations différentes.24(*)

1. 2. 4. Rôle et fonction de la communication politique

Le rôle essentiel de la communication politique est d'éviter le renforcement du débat politique sur lui-même en intégrant les thèmes de toute nature qui deviennent un enjeu politique et en facilitant ce processus permanent de sélection, hiérarchisation, élimination, elle apporte la souplesse nécessaire au système politique.25(*)

Si le rêve de tous les hommes politiques est de clore la communication politique sur les thèmes connus pour éviter qu'elle ne s'ouvre à d'autres, le rôle de la communication politique est au contraire d'empêcher cette fermeture qui risque de découpler le milieu politique du reste de la société. La communication politique sert à gérer la contradiction principale du système politique démocratique : faire alterner un système d'ouverture aux problèmes nouveaux et un système de fermeture destiné à éviter que tout soit en débat permanent sur la place publique.

« Pour gérer cette double fonction d'ouverture et de fermeture, la communication politique assure trois fonctions. D'abord, elle contribue à identifier les problèmes nouveaux qui surgissent, les hommes politiques et les médias jouant ici le rôle essentiel. Ensuite, elle favorise l'intégration dans le débat politique du moment, en leur assurant une sorte de légitimité. Le rôle des sondages et des hommes politiques est ici sensible. Enfin, elle facilite l'exclusion des thèmes qui ne sont plus l'objet des conflits ou sur lesquels un consensus temporaire existe. Là aussi, le rôle des médias est important par la place qu'ils accordent aux thèmes débattus sur la place publique ».26(*)

Ces trois fonctions sont assurées de manière simultanée sans d'ailleurs que personne ne les maîtrisent. La communication politique apparaît, par cette triple fonction, comme le poumon de la démocratie. Ce rôle essentiel est cependant variable selon les contextes historiques, les situations normales étant en politique relativement rares. Dans chacune de trois situations les plus caractéristiques, une des trois logiques du discours se trouve privilégiée. A en croire Dominique Wolton, en période d'élections, les sondages jouent un rôle considérable puisque chacun essaie de savoir à l'avance, ce que pourra être le résultat, ceux-ci étant pour le moment le seul instrument représentatif permettant une telle approximation.

En situation normale, entre deux élections, la communication politique est surtout animée par les médias qui jouent au mieux leur rôle en faisant remonter les évènements et les problèmes qui ne sont pas vus par les milieux politiques. Ils assurent là une fonction de « veille démocratique » devenant en quelque sorte le cordon ombilical entre la classe politique, inévitablement fermée sur elle-même et le reste de la société. En situation de crise politique intérieure ou extérieure, l'équilibre de la communication politique est encore différent, dominé par la prééminence des hommes politiques. L'urgence de la situation, l'importance de l'action et des décisions à prendre, mettent l'homme politique au centre de la communication politique.27(*)

De tout ce qui précède, nous pouvons relever que la communication politique regroupe trois phénomènes simultanés. Elle est une réalité visible tous les jours par le biais des discours que s'échangent les acteurs légitimement autorisés à s'exprimer. Elle est en outre, un niveau de fonctionnement nouveau de la politique liée, d'une part, à l'extension de la démocratie avec l'accroissement du nombre de problèmes faisant l'objet d'un traitement politique et le nombre de ceux qui y participent, et d'autre part, à l'augmentation de la visibilité du jeu politique avec les médias et les sondages. Autrement dit, la communication est à la fois, un phénomène visible, un niveau de fonctionnement et un concept adéquat aux phénomènes politiques contemporains.

La communication politique apparaît donc comme un changement aussi majeur dans l'ordre de la politique que les médias de masse l'ont été dans celui de l'information, et les sondages dans celui de l'opinion publique. Son rôle essentiel est d'être l'espace où s'échangent les discours contradictoires de trois acteurs qui ont la légitimité à s'exprimer : les hommes politiques, les journalistes et l'opinion publique à travers les sondages. L'originalité de la communication politique est de gérer les dimensions contradictoires et complémentaires de la démocratie de masse : la politique, l'information et la communication.

Elle traduit l'importance de la communication dans la politique, non pas au sens d'une disparition de l'affrontement, mais au contraire, au sen où l'affrontement qui est le propre de la politique se fait aussi dans les démocraties sur le mode communicationnel. Elle est à la fois une réalité visible tous les jours, un niveau de fonctionnement, et un concept indispensable à la compréhension des démocraties pluralistes de masse.

Et nous, nous appréhendons cette réalité de la communication politique comme une interface qui sert de vecteur d'idées, de propos ou encore d'idéologies entre un acteur politique ou tout au moins, une autorité publique donnée et dans un contexte donné, et des citoyens censés attendre de celui-ci, un certain nombre d'idées et des mesures préventives ou curatives dans tel ou tel autre domaine de la société.

Cette communication politique se déroule dans un espace public, lieu des manifestations et d'expression des acteurs. Venons-en à une tentative de compréhension du concept de l'espace public.

1. 3. Espace public

Cette notion est souvent ignorée des dictionnaires. Pourtant, il se trouve au coeur du fonctionnement démocratique.28(*) La compréhension de cette notion exige une attention particulière du point de vue des différents auteurs. Pendant que les uns lui confèrent une propriété physique en insistant sur l'usage par les individus d'une argumentation rationnelle à propos des questions liées à l'organisation et à la gestion de l'Etat, d'autres, par contre, en révèlent les dimensions publicistes, et une propriété symbolique.

Bernard Miège donne quelques caractéristiques de l'espace public. Ce dernier est un espace pour les moins conflictuels, ou s'exerce la domination de la classe bourgeoise sur les autres classes ; un espace où on refuse le recours à une théorie manipulatoire des médias de masse à une conception pessimiste et unilatérale de la consommation marchande.29(*) Pour mieux cerner cette notion dans ces différents aspects, nous évoquons trois auteurs, en l'occurrence, Jürgen Habermas, Annah Arendt et Dominique Wolton.

1. 3. 1. L'approche Habermassienne de l'espace public

En quête d'un fondement philosophique de la démocratie qui lui a assuré un succès continu, Habermas part de l'idée selon laquelle il faut réhabiliter le modèle critique du XVIIIème siècle et la démocratie bourgeoise qui avait fait de l'usage public de la raison, la condition de possibilité de l'opinion, elle-même condition de réalisation de la démocratie.30(*)

Jürgen Habermas a repris le concept public à Emmanuel Kant qui en est probablement l'auteur, et en a popularisé l'usage dans l'analyse politique depuis les années 70.31(*)

Habermas définit l'espace public comme un espace de communication d'où l'opinion publique émergerait à partir de discussion entre protagonistes faisant appel à des arguments rationnels ; il conçoit donc un modèle rationaliste et communicationnel de l'espace public.32(*)

Sur le plan politique, Habermas considère l'espace public comme une sphère de discussion soustraite à l'emprise de l'Etat et critique à son égard ; puis sociologiquement il le perçoit comme différent de la cour (proche de l'Etat) et du peuple (exclu du débat critique).33(*) Il s'agit ici de l'espace public bourgeois. Mais la conception praxéologique, au contraire, conçoit l'espace public comme la construction d'un monde commun par l'action réciproque qui rend pensable l'espace public».34(*)

L'analyse de cet auteur porte en effet sur le processus au cours duquel le public constitué par des individus faisant usage de leur raison s'approprie la sphère contrôlée par l'autorité et la transforme en une sphère où la critique s'exerce contre le pouvoir de l'Etat.35(*) Il observe qu'en guise de rappel historique, ce type d'espace public n'est pas sans point commun avec la vie publique se déroulant sur l'agora dans la Grèce antique. Habermas remarque que, chez les Grecs, la cité (polis) est la chose commune à tous les citoyens libres et qu'elle est strictement séparée de la sphère privée (oikos), qui est propre à chaque individu.

1. 3. 2. L'espace public selon par Annah Arendt

Annah Arendt s'oppose largement à la première acception de l'espace public et le définit comme une scène d'apparition et également comme un processus de publicisation qui fait qu'un événement, une action, un problème, un acteur apparaît indépendamment de toute argumentation rationnelle, sur la scène publique. Cette forme d'espace public fait appel à un jugement des arguments plus proches de l'esthétique de la rationalité.36(*)

Annah Arendt, quant à elle, en réponse à la conception rationaliste de l'espace public selon Habermas estime que « l'entreprise politique ne fournit pas seulement un fil conducteur pour comprendre les péripéties de la politique moderne mais un principe normatif permettant de juger l'ellipse de la politique en tant qu'expression suprême de l'action libre et de condamner toutes tentatives pour dissoudre la politique dans une activité d'ingénieur. En ce sens, la politique marque l'effort suprême de l'homme pour s'immortaliser »37(*) lui-même et au sein de l'espace public.

1. 3. 3. L'espace public selon Dominique Wolton

Dominique Wolton, pour sa part, définit l'espace public comme un espace symbolique où s'opposent et se répondent les discours, la plupart contradictoires, tenus par les différents acteurs politiques, sociaux, religieux, culturels, intellectuels composant une société.38(*) Il part du constat selon lequel la généralisation de la communication a influé sur l'espace public.

Dominique Wolton s'efforce de caractériser et de comprendre le rôle de l'espace public dans une démocratie de masse, c'est-à-dire un espace beaucoup plus large qu'autrefois avec un nombre beaucoup plus grand de sujets débattus, un nombre beaucoup plus grand d'acteurs intervenants publics, une omniprésence de l'information, des sondages, du marketing et de la communication. Selon Wolton, l'espace public suppose l'existence d'individus plus ou moins autonomes, capables de se faire leur opinion, non aliénés aux discours dominants, croyant aux idées et à l'argumentation... Cette idée de construction des opinions par l'intermédiaire des informations et des valeurs, puis de leurs discussions, suppose aussi que les individus soient relativement autonomes à l'égard des partis politiques pour se faire leur propre opinion.39(*)

Souscrivant à l'analyse de Peter Dahlgren, qui a entrepris de revisiter le concept d'espace public bourgeois, et son degré de rationalité, nous estimons, pour notre part, que l'espace public est post-bourgeois. Il est à comprendre comme un haut lieu d'échanges des préoccupations, d'angoisse, d'espoir entre les gouvernés et une instance appropriée pour canaliser les interactions vers les gouvernants.40(*)

Dahlgren considère que « pour être capable de guider la réflexion et la recherche, toute conception de l'espace public contemporain - l'espace post bourgeois selon nous - devra partir d'un examen des configurations institutionnelles propres aux médias et à l'ensemble de l'ordre social. Il s'agit de voir si ces configurations favorisent (ou non) la participation démocratique des citoyens.41(*) Dans cette perspective, l'espace public se devrait d'entretenir des rapports très étroits avec la démocratie dans la mesure où cette dernière peut se déployer à grand renfort des supports médiatiques devenus ses auxiliaires déterminants et favoriser une compétition communicationnelle non seulement ouverte mais aussi et surtout professionnelle.

1. 3. 4. Espace commun - Espace public - Espace politique

La démarche consiste ici à relever la différence de nature entre l'espace commun, l'espace public et l'espace politique afin de cerner encore davantage le deuxième. En effet, l'espace commun est le premier espace. L'explication étymologique du qualificatif commun établit que ce mot « vient du latin communis, et est lié à l'idée de communal et de communauté ».42(*)

De ce fait, l'espace commun est à la fois physique, défini par un territoire et symbolique, défini par des réseaux de solidarité. Il est symbolisé, selon Wolton43(*), par les échanges commerciaux, avec l'équivalent universel de la monnaie comme moyen de compenser l'hétérogénéité des langues.

1. 4. Discours

Généralement, on peut comprendre à la suite de Bernard Lamizet que le discours est comme un exposé oratoire, en public sur un sujet donné. On parle ainsi du discours d'ouverture et du discours de fermeture d'une réunion. Lorsque le discours est officiel et court, on parle d'allocution. Un énoncé écrit ou oral, considéré du point de vue de l'analyse linguistique. L'analyse du discours de presse, dans cette perspective, peut ainsi révéler plusieurs genres : les nouvelles, les commentaires, l'information service, les histoires, la vulgarisation scientifique, etc.

De par leur objet, les discours peuvent être classifiés de plusieurs manières. A cet effet, nous pouvons les différencier en relevant « les caractéristiques particulières ». Nous pouvons donc retenir quatre grands types de discours : le discours médiatique, le discours littéraire, le discours scientifique et le discours politique. Selon la tradition de l'éloquence classique, on en distingue cinq : le discours politique tel que celui de la tribune, le discours judiciaire tel que celui du barreau, le discours sacré tel que celui de la chaire, le discours académique et le discours militaire.44(*)

Enoncer donc, reviendrait à construire un espace et un temps, orienter, déterminer, établir un réseau des valeurs référentielles. Bref, un système de repérage. Tout énoncé de la langue, étant dès lors référé par rapport à un sujet énonciateur, à un co-énonciateur, à un temps d'énonciation et à un lieu d'énonciation.

Il faut donc noter que le terme discours est l'un des concepts les plus difficiles à définir dans le domaine des sciences du langage, du point de vue de son ambivalence : discours comme allocution et surtout, discours comme objet d'étude, matière signifiante, texte en production. En tant que point focal de notre réflexion, et parce qu'il y sera récurrent, il sied d'en explorer toutes les diversités, toutes les approches et tous les points de vue. Il sera, cependant, difficile sinon mal aisé, dans le cadre de ce travail, d'arriver à l'aboutissement d'une telle démarche. C'est pourquoi nous présenterons, de manière ressassée, quelques théories énoncées par certains auteurs qui, d'une manière ou d'une autre, se sont déjà exercés à cette aventure. Dominique Maingueneau parle du vocable discours en étayant certaines acceptions :

Discours, synonyme de parole (opposé à la langue)

Discours, unité linguistique ou énoncé transphrastique

Discours, règles d'enchaînement des suites composant un énoncé

Discours, opposé à l'énoncé. Il se conçoit comme un énoncé considéré du point de vue du mécanisme discursif. L'étude linguistique des conditions de production en fait un discours45(*) :

Discours, équivalent de l'énonciation ;

Discours, lieu de contextualisation, s'oppose à la langue.46(*)

Le Grand usuel Larousse47(*) le définit sous quatre assertions : un développement oratoire sur un sujet déterminé dit en public et en particulier lors d'une occasion solennelle par un orateur, une allocution par exemple ou un discours de bienvenue ; un propos tenu par quelqu'un en généralement long et peut être en ces termes : je me demande à qui s'adresse ton discours. Le discours pris et entendu au sens péjoratif, est un développement lassant et inutile. Vaines paroles comme qui dirait un bon exemple vaut mieux que de longs discours. Mais également, le discours est encore une manifestation écrite ou orale d'un état d'esprit ; ensemble des écrits didactiques, des développements oratoires tenus sur une théorie, une doctrine, etc. : le discours marxiste.

Vu sous l'angle linguistique, le discours est perçu comme un langage mis en action et assumé par le sujet parlant. C'est la parole au sens saussurien du terme. Tout énoncé supérieur à la phrase, considéré du point de vue des règles d'enchaînement des suites de phrases. Et quand on parle de l'analyse de discours, selon cette encyclopédie, on fait allusion à la discipline connexe à la linguistique qui étudie la structure d'un énoncé supérieur à la phrase (discours) en le rapportant à ses conditions de production.

Pour terminer, le Grand Usuel définit le discours, sous l'emprise de logarithme, comme un ensemble d'énoncés liés entre eux par une logique spécifique et consistante, faite des règles et des lois qui n'appartiennent pas nécessairement à un langage naturel, et qui apportent des informations sur des objets matériels ou idéels.

Selon Dominique Maingueneau48(*), le discours est très polysémique et couvre plusieurs acceptions. Compte tenu de cette diversité d'approches qu'il suppose, le discours entretient un système multiple et varié d'oppositions classiques, dont le discours et phrase, discours et énoncé, discours et langue, enfin, discours et texte.

Il pense que le concept discours peut renvoyer à six acceptions à savoir :

1. Il renvoie à la parole ;

2. Il s'applique à un ensemble d'enchaînements ;

3. Il signifie un message transphrastique ;

4. Il se définit comme une étude linguistique des conditions de production ;

5. Il est une énonciation supposant un locuteur, un auditeur et chez le premier, l'intention d'influencer, de quelque manière, le deuxième ;

6. Il constitue un lieu de contextualisation de la langue.

Cependant, il existe un certain nombre de critères, d'après Dominique Maingueneau toujours, pour qu'un discours soit efficace et crédible à savoir : discours et phrase, discours et énoncé, discours et langue, discours et texte. C'est ainsi que Maingueneau soutient que49(*) :

· Le discours suppose une organisation transphrastique.

Le discours mobilise des structures d'un autre ordre que celles de la phrase. En sa qualité d'unité transphrastique, le discours obéit à un système des règles au sein d'un groupe social. Ainsi tout propos est formulé selon un genre de textes précis, fixé par la tradition et l'usage.

· Le discours est orienté.

Dans son déroulement, le discours est un processus dynamique qui s'inscrit dans la visée du locuteur. Bien plus, il se développe dans le temps, de manière linéaire. La métaphore de la chaîne parlée lui convient parfaitement. En fait le discours se construit en fonction d'une fin, quelles que soient les digressions que l'on puisse enregistrer dans la conduite d'un récit.

· Le discours est une forme d'action.

Les tenants de la philosophie analytique ont établi que parler constitue une manière d'agir sur l'interlocuteur. C'est ce postulat qui a fondé la problématique des actes de langages issus des travaux d'Austin et de Searle. Dans une autre perspective, il faut considérer que la distinction des textes en genres donne la mesure de cette comparaison. La réaction du public ou de l'interlocuteur sera différente suivant qu'il s'agit d'un tract, d'une déclaration gouvernementale ou d'une lettre d'amour.

· Le discours est interactif.

Quelles que soient sa forme, sa structure, le discours suppose un interlocuteur, c'est-à-dire un échange, une interaction réelle ou supposée entre le locuteur et l'allocutaire. Mais si la conversation constitue le mode discursif interactif par excellence, tout discours cependant ne s'y réduit pas. La problématique d'interactivité reçoit une interprétation beaucoup plus large. Car, toute énonciation, même produite sans la présence d'un destinataire, est en fait prise dans une interactivité constitutive, elle est un échange, explicite ou implicite, avec d'autres interlocuteurs, virtuels ou réels, elle suppose toujours la présence d'une autre instance d'énonciation à laquelle s'adresse le locuteur et par rapport à laquelle il construit son propre discours.

· Le discours est contextualisé.

Les énoncés qui constituent un discours ne peuvent être compris que dans un contexte bien déterminé. Tout discours définit son contexte. Dans une production discursive, le contexte peut changer avec la variable statut des co-énonciateurs. Il faut donc préciser qu'il n'y a pas de discours hors contexte. Un même énoncé produit dans des contextes différents donnera droit à deux sens différents.

· Le discours est pris en charge.

La validité d'un discours est fonction de sa prise en charge par un sujet qui assume les conséquences des propos proférés. Il existe des marqueurs de cette prise en charge : il s'agit d'une part des pronoms d'interlocution, les indices spatio-temporels, d'autre part, il s'agit du phénomène de modalisation qui permet de caractériser l'attitude du locuteur vis-à-vis du co-énonciateur et même de son énoncé.

· Le discours est réglé par des normes.

La prise de parole est réglementée dans toute société. Le discours est régi par des normes qui s'imposent dans tout exercice de parole. L'observance des lois du discours et le respect des maximes conversationnelles constituent une condition essentielle pour qu'un discours produise un sens. Chaque acte de langage implique l'application des normes. Il y a des actes de langage qu'une personne ne peut accomplir que si elle est revêtue d'un statut particulier.

· Le discours est pris dans un inter-discours.

Un discours évolue comme dans un système de discours qui lui donne un sens. Il ne peut être isolé. Ainsi l'interprétation d'un énoncé fait appel à d'autres formes de discours. C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre le phénomène d'intertextualité.50(*)

1. 5. Discours politique

Dans une conception beaucoup plus générale à tel ou tel autre Etat, le discours politique est un rapport avec la gestion du pouvoir. C'est le talent de concourir par la parole au bon gouvernement de l'Etat en persuadant les assemblées politiques des mesures qui sont utiles au bien ou à l'intérêt général. Autrement dit, le discours politique ne fonctionne que là où le peuple ou ses représentants prennent part aux affaires publiques. Le discours politique constitue une forme de discursivité par l'intermédiaire de laquelle, le locuteur poursuit l'obtention du pouvoir dans la lutte politique contre d'autres individus, groupes ou partis.

Il se dégage donc une constante : le thème du pouvoir. A vrai dire, il s'agit de déterminer, par la prise de parole, les relations de pouvoir entre les deux pôles de l'interaction observée ayant au centre de ses préoccupations une quête au sujet de laquelle deux arguments s'affrontent, celui du destinateur du pouvoir et celui du destinataire du pouvoir.

En somme, nous pouvons affirmer que le discours politique qui rend compte du bien et de l'intérêt public, se produit dans les assemblées délibérantes et les réunions politiques.51(*) Il revêt d'un caractère programmatique et véhicule une idéologie politique, tout en se servant des moyens de communication de masse, considérés par Louis Althusser comme des appareils idéologiques d'Etat.

Vu sous l'emprise pragmatique et selon F. Marchand, le discours politique peut se définir par quatre traits essentiels: il est, ou peut être, didactique: quand il enseigne une doctrine, analyse une situation ; il est toujours polémique : plus ou moins, selon le propos ou la situation ; il est performatif et injonctif : quand il appelle à l'action, lance des mots d'ordre, énonce les buts à poursuivre ; il cherche la tension maximale pour établir la communication ou forcer l'adhésion.52(*)

La dimension polémique, ou plutôt conflictuelle, du discours politique se trouve dans les propos du politologue Maurice Duverger qui reconnaît à ce langage quatre formes de stratégies, non seulement pour forcer l'adhésion du public (peuple) mais encore et surtout pour accabler l'adversaire. Il s'agit des stratégies discursives et oratoires de camouflage, de démasquage, de concession et d'ironie.53(*) Dans la même optique, il faut noter les thèses de Paul Ricoeur qui insiste sur le paradoxe dont se recommande le discours politique, en fait du langage politique, selon son expression propre.

Le paradoxe consiste dans le caractère consensuel et conflictuel du discours politique.54(*) C'est dans cette dialectique que le monde politique se forge une identité. En définitive, ce discours est plutôt conflictuel que consensuel. Il sait reproduire le drame qu'offre l'art dramatique. La diabolisation des ennemis - ainsi que la sanctification des amis - constitue la règle fondamentale du jeu. Cette méthode, si ce n'est cet objectif, semble se situer au-dessus des intérêts du peuple que l'on feint de servir et pour lequel on prétend travailler, livrer le combat. Il faut dire qu'Ulish Windisch a eu raison de caractériser le discours politique comme lieu de manifestation et de représentation du conflit, avec ce qu'il comporte comme méthode de détruire, de disqualifier, d'enterrer l'autre, l'adversaire, bref de lui infliger le K.O. verbal.55(*)

En somme, le discours politique rend compte du bien commun et de l'intérêt public, se produit dans les assemblées délibérantes et réunions publiques, revêt d'un caractère programmatique ; véhicule une idéologie politique ; évolue suivant la dialectique du conflit et du consensus; exprime un système axiologique bien déterminé et traduit le combat pour la conquête du pouvoir ou de la défense d'une cause politique.

1. 5. 1. Typologie de discours politique

Il existe trois types de discours politique qui sont : le discours délibératif, le discours judiciaire et le discours épidictique.

Le discours délibératif vise la réalisation d'une action, c'est-à-dire, ce qu'il faut faire ou ce qu'il ne faut pas faire. L'énonciateur voudrait amener son public à prendre une décision, à penser ou à agir comme il entend. Il s'agit d'un discours exhortatif. Il est également un discours persuasif par excellence. Il correspond aux grands discours idéologiques qu'il soit de nature politique ou religieuse.

Le discours judiciaire vise, quant à lui, les actes d'accusation et de défense. Il consiste à savoir, au cours d'un procès par exemple, si l'accusé a accompli ou pas un acte injuste déterminé. Il émerge beaucoup plus dans les tribunaux. Cependant, on peut aussi le rencontrer toutes les fois que le récepteur occupe un poste d'autorité par rapport à l'émetteur. C'est l'exemple des employés devant l'employeur.

Le troisième type constitue le discours épidictique. Il montre, devant les auditeurs, ce qui est beau, digne d'imitation et ce qui est laid donc à éviter dans les actes d'un individu ou dans un groupe social. Il se rapporte ainsi non seulement au discours d'éloge ou de critique, mais il se veut aussi un acte démonstratif.

Le discours politique se situe dans la catégorie du discours délibératif. Il partage avec le discours religieux, l'orientation exhortative, et avec le discours judiciaire, le sens du combat. Le discours est une forme « d'agir » qui a un caractère forcément agoniste, c'est-à-dire, qu'il agit dans un champ marqué d'oppositions. Chaque discours politique valorise une position, défend certaines valeurs, appuie une personne plutôt qu'une autre. Autrement dit, chaque affirmation a sa négation, chaque thèse son antithèse et chaque argument son contre argument. Le discours politique se trouve dans la catégorie de discours doxologique (de la doxa : opinion commune, vulgaire, collective).

Charland56(*) fait observer que « la politique est fondée sur l'opinion, ce que les grecs nommaient la doxa, qui découle des expériences antérieures et des arguments basés sur des prémisses toujours susceptibles d'être remises en cause. Par conséquent, la doxa n'est pas univoque. Chaque opinion a son contraire ; et le débat politique, dans ses formes variées, met en relief un concours de doxa. La politique est donc un processus continu, sans fin, parce que chaque circonstance requiert une réplique, et donc un nouveau concours d'opinion afin de déterminer quel geste devrait être posé. Quelle que soit l'orientation qu'il prend, le discours politique reste particulièrement attaché à deux choses fondamentales à savoir : l'auditoire et l'occasion. Ces deux facteurs définissent le cadre de validité de la prise de parole publique.

Le discours politique suppose un certain nombre de styles qui consistent, en un ensemble des règles concernant la parole et le comportement ». Ainsi les quatre styles du discours politique sont : le style réaliste, le style courtois, le style bureaucratique, et le style républicain.

La compréhension que nous prêtons à ce terme de discours politique l'entrevoit comme un propos articulé ou tenu dans un contexte politique ; dans un pays, entre deux ou plusieurs pays en vue de faire savoir les intérêts des uns et des autres.

Cette étude vise à identifier le positionnement de l'énonciateur dans le discours de Barack Obama. Cela étant, nous nous proposons de donner les esquisses notionnelles des concepts tels que énonciateur, destinataire, interlocuteur.

1. 6. Enonciateur/Enonciataire

La structure de l'énonciation considérée comme le cadre implicite et logiquement présupposé par l'existence de l'énoncé, comporte deux instances : celles de l'énonciateur et de l'énonciataire.57(*)

On appellera énonciateur, le destinateur implicite de l'énonciation (ou de la communication), e le distinguant ainsi du narrateur - tel le « je » par exemple - qui est un actant obtenu par la procédure du débrayage et installé explicitement dans le discours. Parallèlement, l'énonciataire correspondra au destinataire implicite de l'énonciation, à la différence donc du narrataire (par exemple : le lecteur comprendra que...) qui est reconnaissable comme tel à l'intérieur de l'énoncé.

Ainsi compris, l'énonciataire n'est pas seulement le destinataire de la communication, mais le sujet producteur du discours, la lecture étant un acte de langage (un acte de signifier) au même titre que la production du discours proprement dite. Le terme de « sujet de l'énonciation » employé souvent pour comme synonyme d'énonciateur, recouvre en fait les deux positions actantielles d'énonciateur et d'énonciataire.

1. 7. Destinateur/ Destinataire58(*)

Le destinateur et le destinataire (termes écrits généralement avec une minuscule), repris à Roman Jakobson (dans son schéma de la communication linguistique), désignent, dans leur acception la plus générale, les deux actants de la communication (appelés aussi dans la théorie de l'information, mais dans une perspective mécaniciste et non dynamique, émetteur et récepteur). Considérés comme actants implicites, logiquement présupposés, de tout énoncé, ils sont dénommés énonciateur et énonciataire.

Nous nous résolvons de nous arrêter à ce niveau étant donné que nous allons, dans les pages qui suivent, parler en profondeur des concepts tels que énonciateur, polyphonie, sujet parlant qui se trouvent dans notre hypothèse.

Section II : Assises théoriques

Notre problématique tourne autour de la pragmatique. Selon J.L. Morgan, ce terme est jugé de « fourre-tout », « catch all » et tout récemment, de « poubelle de la linguistique » par Paolo Babbri. Partant des sciences du langage, Catherine Kerbrat Orecchioni, définit la pragmatique comme l' « étude du langage en action ».59(*) Cette définition ouvre la voie à l'étude des problèmes du langage sous deux éventualités :

- le premier concerne le langage en situation ou en fonctionnement ; c'est l'énonciation. Celle dont la parole est l'actualisation de la langue ou mieux comment le sujet transforme son langage en discours ou introduit sa marque dans ses énoncés ; ce sont les déictiques également nommés les indiciels, les embrayeurs ou les shifters ; c'est selon les auteurs. Ce sont les marques d'énonciation liées au temps et/ou à l'espace tels que là, ici et maintenant, depuis, aujourd'hui, mais aussi les pronoms personnels ou pronoms d'interlocution, les temps des verbes, les modalisateurs et les évaluatifs, dont le déchiffrement impose de considérer le contexte de l'énonciation et de savoir qui parle à qui et avec quelle intention. Cette approche théorique nous concerne dans ce travail pour autant que nous recherchons à savoir le statut du destinataire et celui du locuteur dans le discours de Barack Obama à Accra. Cela, en repérant bien le positionnement de l'énonciateur dans ce discours.

- le second aspect concerne le langage comme action, soit la pragmatique illocutoire. Cette théorie des actes du langage couvre tout le champ de l'énoncé en lui permettant de fonctionner comme un acte spécifique, ses aspects performatifs et illocutoires. Celle-ci ne semble guère nous intéresser à juste titre dans ce travail, mais elle peut nous être d'une certaine utilité lorsque nous évoquons les modalités dans l'énonciation.

2.1. La théorie de l'énonciation

C'est à Emile Benveniste que l'on doit la première formulation de la théorie de l'énonciation. En 1946, il publie un article.60(*) Ici, Benveniste s'intéresse au langage en fonctionnement par un acte individuel. Ce qui s'oppose à l'immanentisme de Ferdinand de Saussure du fait que l'appareil formel de l'énonciation comprend : les indices des personnes (le rapport entre JE et TU), les indices de l'ostentation (CE, CECI...) et les formes temporelles déterminées par rapport à l'Ego.

Si dans une première approche, on définit l'énonciation comme l'acte individuel de l'utilisation de la langue pour l'opposer à l'énoncé, objet linguistique résultant de cette utilisation, on sera immédiatement tenté d'affirmer que la linguistique moderne sous ses formes dominantes ne reconnaît guère que l'énoncé pour champ d'investigation.

La linguistique structurale semble s'être intéressée avant tout à l'établissement d'un inventaire systématique des unités distinctes réparties sur plusieurs niveaux hiérarchisés, tandis que la grammaire générative et transformationnelle apparaît à beaucoup comme une algèbre syntaxique soucieuse seulement d'énumérer les séquences des morphèmes qui sont grammaticales.

De ce fait, si tout acte d'énonciation est bien un événement unique, supporté par un énonciateur et un destinataire particuliers dans le cadre d'une situation particulière, et si la parole c'est précisément le domaine de l'individuel, de chaque événement historique que constitue un acte de communication accompli, ne doit-on pas renvoyer l'énonciation au domaine de la parole, puisque la linguistique moderne se réclame du couple saussurien langue/parole ?

2. 2. Le statut du locuteur et/ou de l'énonciateur

Ce qui fait que Emile Benveniste fait une distinction fondamentale entre, d'une part, le couple je-tu, et d'autre part, le pronom il, dit de troisième personne. Je et tu désignent les personnes dans leur unité spécifique, tandis que « il » n'implique aucune personne spécifique : c'est la non personne. Les deux premières personnes impliquent à la fois une personne et un discours sur cette personne. « Je » désigne celui qui parle et prend la charge de la responsabilité, le sujet de l'énonciation. Il s'agit d'énoncer sur le compte de Je.

A la deuxième personne, « tu » est nécessairement désigné par « je » et ne peut être hors d'une situation posée à partir de « je » et en même temps, « je » énonce quelque chose comme prédicat de « tu ». « Je » représente la personne subjective transcendante par rapport à « tu », qui représente la personne non subjective à laquelle le « je » s'adresse.

Répondant aux juristes, Ducrot construit la conception d'une énonciation du sens qui stipule que : « le sens de l'énoncé est défini comme une description, une image ou encore une représentation de son énonciation transmise directement dès qu'on le comprend. C'est dire que le sens ne préexiste pas à l'énonciation. Il se construit chez l'énonciateur et se reconstruit chez le co-énonciateur.61(*)

La réflexion s'étend aux pronoms du pluriel. Le « nous » ne correspond pas à une simple addition, autant qu'il n'y a pas, non plus, simple pluralisation du « je ». Il est clair, écrit Benveniste, que l'unicité et la subjectivité inhérente à « je » contredisent la possibilité d'une pluralisation. S'il ne peut y avoir plusieurs « je » conçus par « je » même qui parle ; c'est que « nous » est non pas une multiplication d'objets identiques, mais une jonction entre le « je » et le non- « je ».

Cette jonction forme une totalité nouvelle et d'un type tout à fait particulier où les composantes ne s'équivalent pas : dans « nous », c'est toujours « je » qui prédomine puisqu'il n'y a de « nous » qu'à partir de « je », et ce « je » s'assujettit l'élément « non-je » de par sa qualité transcendante. La présence du « je » est constitutive du « nous », affirme Benveniste. Plutôt donc qu'une addition de « je », « nous » apparaît comme un « je » dilaté ou amplifié. Par ailleurs, le « nous » prend deux formes : une forme inclusive, équivalent à « moi+vous », et une forme exclusive : « moi+eux ».

Le « vous » est le résultat d'un processus de généralisation, une extension du « tu » ; « ils » représente la non-personne même : « étendue et illimitée par son expression, (la non-personne) désigne l'ensemble indéfini des êtres non personnels. Autrement dit, « ils » exprime la généralité du « on ».62(*) Ne portant aucune marque de personne, le « on » peut se substituer à tous les autres pronoms.

Nous pouvons ainsi dire avec Jean Claude Matumweni que l'important de cette approche de l'énonciation d'Emile Benveniste, tient au fait qu'elle remet en cause les analyses linguistiques non pragmatiques, caractérisées par une triple exclusion : exclusion des usages ordinaires du langage, exclusion du contexte ordinaire mondain, exclusion des sujets parlants ordinaires.63(*) Cette analyse ouvre une brèche dans l'édifice des analyses non pragmatiques. Avec Je et tu, nous tenons en effet deux unités au moins de la langue qui, de toute évidence, n'acquièrent de sens que dans la parole...

En effet, je ne vaut que dans la situation où il est produit ; je n'a d'existence que dans la parole qui le profère. Je et tu sont alors nommés indicateurs ou déictiques. Ce sont des unités qui ne prennent leur sens que dans l'usage. Roman Jakobson a qualifié ces unités d'embrayeurs ou shifters. Mais les pronoms je et tu ne sont pas les seules unités linguistiques auxquelles s'applique le concept d'indicateur. Dans cette classe de mots, on doit intégrer : les indicateurs spatiaux : ce, ceci, ici ; les indicateurs temporels : maintenant, hier, aujourd'hui, demain.

Ce cadre formel a donné lieu à de nombreuses recherches dont on ne peut faire l'énumération exhaustive dans ce travail. Cependant, transparaît en en elles une sorte de consensus de base autour de ces principes. Gaudreault et Jost conçoivent l'énonciation de façon large comme l'ensemble des « relations qui se tissent entre l'énoncé et les différents éléments du cadre énonciatif, à savoir : les protagonistes du discours (émetteur et destinataire) ; la situation de communication ». Francesco Casetti définit l'énonciation comme « la base sur laquelle s'articulent les personnes, les lieux et les temps dans un texte : elle est le point zéro, « l'ego-hic-nunc, c'est-à-dire le qui, le où et le quand à partir duquel vont s'organiser les éléments en jeu : les personnes relevant du qui de l'énonciation peuvent se structurer en je / tu / il ; les lieux, relevant du où, en ici / là / ailleurs ; et le temps, relevant du quand, en maintenant / avant ou après / alors ».64(*)

De manière plus laconique et circonspecte, Herman Parret distingue la personne, le temps et l'espace comme composantes fondamentales, dans une organisation énonciative pensée comme égocentrique c'est-à-dire envisagée à partir du moi (de la subjectivité égocentrique).65(*)

2. 3. La nouvelle polyphonie selon Oswald Ducrot

Toutefois, et nous l'avons bien dit ci-haut, le concept de polyphonie est l'un des concepts centraux de la théorie de l'énonciation. Ses origines remontent aux travaux de Mikhaïl Bakthine sur le roman de Dostoïevski.66(*) La particularité de ce roman serait liée à la « multiplicité des voix équipollentes » qui s'y expriment.67(*) Ainsi, la polyphonie qui peut se définir comme « le discours d'autrui dans le langage d'autrui » se manifesterait sur le mode du recours au « langage commun », à travers notamment les personnages.

Oswald Ducrot reprend ce concept dans le cadre des études de l'énonciation. Pour lui, la principale faiblesse de la polyphonie de Bakhtine est de ne pouvoir s'appliquer à des énoncés isolés. La polyphonie se redéfinit comme la possibilité qu'une lecture unique d'un énoncé fasse éclater l'énonciation en une multiplicité illocutionnaire désignant, dans le modèle d'Austin, l'acte effectué en disant quelque chose : l'assertif, le directif, l'expressif, etc. Aussi, considère-t-il que les interlocuteurs ne sont pas homogènes dans un discours. Il faut distinguer, du côté de l'émission, celui qui produit l'acte de langage (le locuteur) et celui qui en prend la responsabilité (l'énonciateur) ; et du côté de la réception, la personne qui écoute le discours (l'allocutaire) et celle à qui l'acte de langage est adressé (le destinataire).

Ducrot donne cet exemple devenu classique : si le ministre de l'intérieur (le locuteur) affirme : « L'ordre sera maintenu coûte que coûte ! », il s'adresse à un allocutaire unique : l'ensemble des citoyens, qui entendent le discours, mais en tant qu'énonciateur, il pose deux actes illocutionnaires différents : le premier est une promesse dont les destinataires sont les bons citoyens ; le second est une menace, destiné aux fauteurs des troubles.68(*) Mais pour que les concepts nouvellement définis (locuteur / énonciateur) établissent plus nettement leur pertinence, O. Ducrot utilise des comparaisons avec le théâtre et le roman. « L'énonciateur est au locuteur ce que le personnage est à l'auteur... Le locuteur, responsable de l'énoncé, donne existence, au moyen de celui-ci, aux énonciateurs dont il organise les points de vue et les attitudes ».69(*) Quant au roman : « Le correspondant du locuteur c'est le narrateur, que Gérard Genette oppose à l'auteur, de la même façon que le locuteur est opposé au sujet parlant empirique.70(*) L'auteur imagine ou invente les événements, le narrateur les rapporte ».71(*)

2. 3. La notion du sujet parlant

Patrick Charaudeau et Dominique Maingueneau72(*) parlent des mêmes concepts sous l'expression grammaticale de sujet parlant. Pour essayer de les classer, ils proposent de les distinguer selon deux critères qui, d'ailleurs, s'entrecroisent :

1) l'opposition entre locuteur externe / interne au discours ;

2) l'opposition production / réception.

L'opposition locuteur externe / interne au discours repose sur l'hypothèse que tout sujet parlant est susceptible de disposer de deux identités : une identité sociale et une identité discursive.

- L'identité sociale définit le sujet parlant comme celui qui prend la parole, qui a un statut social - en tant qu'être communiquant -, et qui est pourvu d'une intention communicative. C'est le locuteur.

- L'identité discursive définit le sujet parlant comme un être de langage qui s'exprime à travers la mise en oeuvre du processus d'énonciation. C'est l'énonciateur.

L'opposition production / réception renvoie aux rôles que tiennent les partenaires d'un échange verbal lors de son déroulement. Successivement et alternativement, ils tiennent le rôle de celui qui produit l'acte de langage à l'adresse d'un autre, et de celui qui reçoit un acte de langage et tente de l'interpréter. Ainsi, malgré des emplois multiples et souvent croisés, on pourrait répartir les différents sujets du langage de la façon suivante73(*) :

Sujet parlant

Position de production

Position de réception

Externe (au discours)

Emetteur,

Locuteur,

Auteur

Récepteur, Interlocuteur, Allocutaire,

Auditeur,

Lecteur.

Interne (au discours)

Enonciateur,

Narrateur,

Auteur modèle.

Destinataire,

Allocutaire,

Co-énonciateur,

Narrataire,

Lecteur modèle.

Nous venons de faire l'état des lieux des considérations conceptuelles et théoriques dans la perspective de l'analyse d'un discours politique. Nous y avons répondu. L'essentiel étant de faire le balayage de tous les concepts présidant à la présente recherche : la communication et la communication politique, le discours et le discours politique, ainsi que l'espace public. Mais aussi la démonstration théorique sous les lentilles de laquelle nous décortiquerons notre corpus aux fins d'aboutir aux résultats attendus.

A cette étape, notre préoccupation était d'authentifier la genèse de la théorie de l'énonciation telle que pensée par Emile Benveniste, sans passer sous silence la nouvelle polyphonie sous l'optique d'Oswald Ducrot, qui n'ignore pas le mérite de la notion du sujet parlant développée par Charaudeau et Maingueneau; en vue de mieux nous imprégner de la substance même du discours de Barack Obama. Mais alors comment comprendre un discours si la source émettrice, l'instance dont il émane, reste jusque là peu connue, sinon inconnue ? C'est dans cette foulée que le chapitre qui suit tente de peindre le portrait de ce qui énonciatif74(*) qu'est le premier président noir et le 44ème locataire de la Maison Blanche : Barack Hussein Obama.

DEUXIEME CHAPITRE : BARACK HUSSEIN OBAMA

Nous allons, dans ce chapitre, faire la description du personnage qui se trouve au centre de notre étude et dont nous analysons le discours. Nous parlerons de ses origines familiales, de sa jeunesse et de ses études et de son parcours politique jusqu'à son élection à la tête des Etats-Unis d'Amérique. Mais avant d'entrer dans le vif de cette matière, il sied de circonscrire en premier lieu, le contexte axiologique, mieux sociopolitique dans lequel Obama est élu président des Etats-Unis.

2.1. Contexte d'émergence de l'élection de Barack Obama

Au-delà des qualités de politicien d'exception, si Obama est arrivé à la maison Blanche en si peu temps, ce qu'il a su saisir sa chance dans un contexte de crise. La désaffection vis-à-vis d'un président sortant n'avait pratiquement jamais été aussi forte aux Etats-Unis. La fulgurante ascension de Barack Obama permet de mesurer la déception qu'ont représentée les années Bush. Si le président républicain n'avait pas été aussi impopulaire, le pays n'aurait sûrement pas été aussi enclin à voter dans l'Amérique post - 11 septembre pour un candidat sans grande expérience et dénommé Barack Hussein Obama.

Les deux mandats catastrophiques de George Walker Bush auront indirectement permis au peuple américain de franchir un pas historique. L'administration Bush a donc rendu le slogan d'Obama possible. En effet, le changement n'est possible qu'en réaction à une situation donnée. Tout candidat républicain aurait difficile à se faire élire en 2008 ; car les Américains avaient attribué, à tort ou à raison, la crise financière de septembre 2008 au pouvoir républicain. Dans les messages publicitaires télévisés des démocrates, l'image du rétroviseur (« Rearview Miror ») s'est alors imposée, avec un slogan qui a fait mouche auprès des futurs électeurs : « Si vous voulez savoir où vous conduisent les Républicains, regardez derrière vous ».75(*) Le bilan catastrophique des années Bush devenait le principal obstacle à l'élection de John McCain. En plus, son aura venait de la politique étrangère puisqu'il avait soutenu l'intervention américaine en Irak et, surtout, il avait appuyé l'augmentation du nombre de troupes.

Sa vision contraste cependant avec celle de Barack Obama. Ce dernier a condamné énergiquement cette intervention en Irak et le dit si bien : « Nous devons partir du principe selon que les Etats-Unis, comme tout pays souverain, ont le droit unilatéral de se défendre contre toute attaque. En tant que telle, notre offensive pour éliminer les camps de base d'Al Qaïda et le régime taliban qui les abritait était totalement justifiée parce qu'Al Qaïda répond à ces critères et nous pouvons et devons lancer des attaques préventives contre elle chaque fois que cela nous est possible. L'Irak de Saddam Hussein ne répondait pas à ces critères, voilà pourquoi son invasion par nos troupes a été une bourde stratégique ».76(*) La jeunesse et l'inexpérience de Barack Obama ont donc joué en sa faveur puisqu'il n'était pas membre du Congrès au moment du vote décidant de l'invasion en Irak. Obama n'a pas voté pour la guerre contrairement à Hillary Clinton.

Malgré l'impopularité de Bush, malgré le déficit, malgré la guerre en Irak, le peuple américain semblait réticent à soutenir majoritairement le candidat démocrate. D'un point de vue purement électoral, la crise financière est donc tombée à point pour un parti qui avait désigné son premier candidat de couleur. En l'occurrence, face à cette crise, certains observateurs avertis pensent que c'est trente années de dérégulation républicaine qui ont été remises en question. Barack Obama est donc le fruit de ce contexte sociopolitique. Les lignes qui suivent le présentent dans toutes ses dimensions de la vie.

2. 2. Origines familiales, enfance et jeunesse

Barack Hussein Obama77(*) est né le 4  août  1961 au centre médical de Kapiolani à Honolulu. Ses parents se sont rencontrés à l'Université d'Hawaï où ils étaient étudiants.

2. 2. 1. Famille paternelle

Son père est Barack Obama Senior, économiste et homme politique kényan, est né en 1936 et mort le 24 novembre 1982. La famille Obama est une famille kényane qui appartient à l'ethnie Luo. Dans son autobiographie, Barack Obama fournit une généalogie assez longue en ligne paternelle (douze générations au-dessus de lui) et indique que la famille vivait de l'élevage nomade dans la région de l' Ouganda avant de venir se fixer au Kenya, à Alego78(*) puis à Kendu Bay.79(*) L'arrière-grand-père de Barack Obama Junior s'appelait simplement Obama (il est donc l'ancêtre éponyme) et vivait à Kendu Bay à la fin du XIXème siècle et au début du XXème.

Son grand-père, Hussein Onyango Obama (1895-1979) est présenté comme un personnage assez original ; il est le premier habitant de Kendu Bay à entrer en contact avec les Anglais à Kisumu, autour de 1910 ; immédiatement, il adopte un mode de vie moderne (vêtements européens, apprentissage de la lecture et de l'écriture, souci exceptionnel d'hygiène) et, désavoué par son père et ses frères, se met au service du colonisateur. Pendant la Première Guerre mondiale, il est responsable de l'organisation de corvées au Kenya puis au Tanganyika.

Après la guerre, il exerce la profession de domestique et cuisinier pour différents patrons britanniques ; en même temps, il effectue un retour aux origines en achetant des terres à Kendu Bay et en prenant une épouse, Helima (puis une seconde, Akumu, puis une troisième, Sarah). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est au service d'un officier britannique dans différents endroits (Birmanie, Thaïlande, Ceylan, Europe). Après son retour, il cesse de travailler comme domestique et devient agriculteur à plein temps ; c'est aussi le moment où il quitte Kendu Bay et s'installe à Alego.

Dans les années 1950, il est détenu durant six mois à la suite d'une dénonciation calomnieuse à propos de liens avec le mouvement nationaliste kényan (KANU). Reconnu innocent, il sort, malgré tout, affaibli physiquement et moralement de cette épreuve .80(*) De ses trois épouses, il a eu huit enfants . Barack Obama Senior est le deuxième, né en 1936 à Kendu Bay. Sa mère est Akumu. Barack Obama Senior, qui décèdera en 1982, a été éduqué dans la religion musulmane mais était néanmoins athée. Après le départ , d'Akumu en 1945, il a été élevé par la troisième épouse de Hussein Onyango dans le village d'Alego ; après des études primaires brillantes, quoique peu assidues, il est admis dans l'école des missionnaires de Maseno, mais en est renvoyé pour indiscipline, avant d'avoir mené à leur terme ses études secondaires.

Il travaille plusieurs années comme employé de bureau à Mombasa et Nairobi et épouse sa première femme, Kezia. Il a la chance d'être repéré comme très doué par deux universitaires américains qui lui font prendre un cours par correspondance et lui font passer l'examen de fin d'études secondaires à l'ambassade des États-Unis ; encore avec leur appui, il sollicite une bourse auprès de plusieurs universités américaines, et en 1959, obtient une réponse favorable de l' université d'Hawaii. Il va y suivre un cursus d' économétrie, obtenant les meilleures notes de sa promotion et y fonde l'association des étudiants étrangers.81(*)

2. 2. 2. Famille maternelle

Sa mère, Stanley Ann Dunham ( 1942 - 1995) était la fille de Stanley ( 23  mars  1918 - 8  février  1992) et de Madelyn Dunham ( 26  octobre  1922 - 3  novembre  2008). La famille Dunham était chrétienne, mais Ann, adulte, était agnostique. Elle est née près de la base militaire de Wichita ( Kansas), son père ayant été appelé en 1942 pour servir comme GI dans l'armée américaine. Pendant la guerre, Madelyn Dunham travaille dans les usines aéronautiques de Wichita. Après avoir servi en Europe dans l'armée de George Patton, Stanley Dunham devient vendeur représentant en meubles. La famille Dunham déménage assez souvent, habitant successivement la Californie, le Kansas, le Texas, l' État de Washington (Seattle) avant de partir pour Hawaï en 1959. Stanley y connaît des déboires professionnels, mais Madelyn occupe avec un certain succès un emploi de cadre de banque. Stanley Ann suit des études d' anthropologie à l' université d'Hawaï quand elle rencontre Barack Senior .82(*)

Barack Obama a été élevé par ses grands-parents maternels à partir de 1971. Étant très attaché à Madelyn (« Toot », américanisation de Tutu, « grand-mère » en hawaïen), le candidat a même interrompu sa campagne électorale pour s'occuper d'elle alors qu'elle était souffrante à Hawaii. Madelyn Dunham est décédée le 3  novembre  2008, la veille même de l'élection de son petit-fils à la présidence des États-Unis.

2. 2. 3. Une famille recomposée

Les parents de Barack Obama se marient le 2  février  1961. En août 1963, son père est accepté à l' Université Harvard mais il part seul pour le Massachusetts car la bourse qu'il a obtenue ne lui permettrait pas de subvenir aux besoins de son épouse et de son fils. Le divorce sera prononcé en janvier 1964. Diplômé en économie en 1965, le père de Barack Obama repart au Kenya où il fonde une nouvelle famille. D'abord homme en vue, proche du gouvernement de Jomo Kenyatta, il finit par s'opposer aux projets du président. Limogé et boycotté, il sombre dans la pauvreté et l'alcoolisme avant de se tuer dans un accident de voiture en 1982 . Son fils ne l'aura revu qu'une fois, à 10 ans, lors de son séjour à Hawaï (décembre 1971-janvier 1972).

Ann Dunham s'est remariée en 1965 avec un étudiant originaire d' Indonésie, Lolo Soetoro, qui regagne son pays dès 1966 ; Ann et Barack le rejoignent à Jakarta en 1967. Barack va passer quatre ans en Indonésie. Il fréquente, d'abord deux ans, l'école primaire catholique de Saint François d'Assise puis une école publique où il est le seul étranger . Dans le dossier d'inscription à celle-ci, il aurait choisi, parmi les cinq religions proposées, celle de son beau-père le javanisme , une branche locale de la religion musulmane . Pendant la campagne électorale pour l'investiture de 2008, l'éditorialiste néo-conservateur Daniel Pipes a prétendu qu'Obama avait été un musulman pratiquant durant son séjour en Indonésie (donc entre 6 et 10 ans)83(*), pendant que Obama lui-même affirme que son foyer n'était pas religieux.

En 1971, sa mère le fait revenir à Hawaï chez ses grands-parents maternels, afin qu'il puisse faire des études secondaires américaines (depuis le début du séjour indonésien, elle lui faisait suivre un cours par correspondance, et dans les derniers mois, lui imposait de se lever très tôt pour travailler avec elle avant d'aller à l'école) ; il est inscrit à l'Académie Punahou, prestigieuse école privée d' Hawaii pour laquelle il a obtenu une bourse. L'année suivante, Ann, séparée de Lolo Soetoro, le rejoint avec Maya et reprend ses études avec un mastère consacré à l' anthropologie de l' Indonésie. Selon Maya, l'éducation que sa mère a donnée à cette époque à ses deux enfants était « idéaliste et exigeante».

En 1975, elle retourne en Indonésie pour effectuer les travaux de terrain obligatoires pour son diplôme, mais Barack refuse de la suivre . Elle devient responsable d'un programme d'aide aux femmes pauvres organisé par la fondation Ford puis contribue à développer le système de micro-crédit indonésien. Elle achève son doctorat en 1992 avec une thèse sur The peasant blacksmithing in Indonesia. Mais elle meurt à Hawaii à 52 ans le 7  novembre  1995 d'un cancer de l'ovaire. Obama affirme que sa plus grande erreur a été de ne pas avoir été à ses côtés au moment de sa mort. Barack Obama a raconté son enfance et sa jeunesse (jusqu'en 1988) dans son autobiographie Les rêves de mon père.84(*)

2. 3. Études, famille et carrière professionnelle

Après ses études secondaires, Barack Obama passe deux ans à Occidental Collège à Los Angeles ( Californie) puis entre à l' Université Columbia de New York. Il en sort diplômé en science politique et en relations internationales.

2. 4. Premières expériences professionnelles (1983-1985)

Avant même d'obtenir son diplôme de l'université Columbia, Barack Obama envisageait de devenir « organisateur communautaire » (community organizer, et non pas social worker85(*)), mais ses démarches auprès de différents organismes (notamment la mairie de Chicago, depuis peu dirigée par un Noir, Harold Washington) n'aboutissent pas. Il entre, à New York, dans un cabinet de consultants (qu'il ne nomme pas) travaillant pour des multinationales, d'abord comme assistant de recherche, puis comme analyste financier, fonction importante qui lui permet de disposer d'un bureau et d'une secrétaire. Suite à une prise de contact avec sa demi-soeur Auma, il décide de se réorienter vers le travail communautaire et quitte son entreprise. Toujours à New York, il connaît une période de travail précaire (il travaille notamment pendant trois mois pour l'organisation de Ralph Nader), puis est recruté par un militant associatif de Chicago, Jerry Kellman (qu'il appelle Marty Kaufman dans son autobiographie).

2. 5. Harvard (1988-1991)

Au cours de l'année 1987, il pose sa candidature à plusieurs universités et reçoit un agrément de Harvard en février 1988. Il quitte Chicago en mai 1988 et après un séjour touristique en Europe, part pour son premier voyage au Kenya. Il est ensuite pendant trois ans à la faculté de droit de Harvard (Harvard Law School) à Cambridge près de Boston ; il en sort diplômé avec la mention magna cum laude. En 1990, il est le premier Afro-Américain élu (face à dix huit autres candidats) rédacteur en chef de la prestigieuse Harvard Law Review, événement qui fait l'objet d'une information dans des journaux nationaux.

2. 6. De la carrière politique

2. 6. 1. Carrière politique locale ( 1994- 2004)

En 1996, Barack Obama est élu au Sénat de l'État de l'Illinois dans la 13ème circonscription, couvrant les quartiers de South Side à Chicago, comprenant le quartier de Hyde Park, dans lequel il vivra avec sa femme et ses deux filles jusqu'à son entrée à la Maison Blanche. Il préside la commission de santé publique quand les démocrates reprennent la majorité au Sénat de l'État. Il soutient les législations en faveur de l'extension de la couverture médicale aux plus démunis, se fait le défenseur de la cause des homosexuels et fait augmenter les fonds destinés à la lutte contre le SIDA. Son mandat est marqué par sa capacité à obtenir, par le biais de compromis, l'assentiment des républicains sur des lois comme celles contre le profilage racial, la vidéosurveillance des interrogatoires de police ou un moratoire sur l'application de la peine de mort dans l'Illinois.

En 2000, il tente de se faire désigner aux primaires démocrates pour être candidat à la Chambre des représentants des États-Unis mais il est battu avec 30 % des voix contre 61 % à Bobby Rush, le titulaire démocrate sortant et ancienne figure historique du Black Panther Party. Barack Obama se fait aussi remarquer à l'échelle nationale en 2002 lorsqu'il refuse de cautionner les explications des néo-conservateurs au sujet d'une invasion nécessaire de l' Irak. « Je ne suis pas quelqu'un qui s'oppose à la guerre en toutes circonstances. Je suis opposé à une guerre stupide, non pas basée sur la raison, mais sur la passion, non sur les principes, mais sur la politique », déclare-t-il le 2  octobre  2002 à Chicago. Cette opposition à la guerre lancée par l'administration Bush le 19 mars 2003 et approuvée par une large majorité du Sénat des États-Unis (dont, notamment Hillary Clinton), lui servira de référence tout au long de sa campagne pour l'investiture de l' élection présidentielle américaine de 2008 pour contrer ses adversaires.

2. 6. 2. Carrière politique nationale (2004-2008)

Ayant engagé, à l'automne 2002, David Axelrod, un consultant politique, Obama annonce officiellement sa candidature au Sénat des États-Unis en janvier  2003 . En juillet  2004, il prononce un discours de la Convention démocrate de Boston désignant John Kerry comme candidat du parti à l' élection présidentielle. Il y fait l'apologie du rêve américain, de l' Amérique généreuse en les reliant à ses origines familiales. Il en appelle à l'unité de tous les Américains et dénonce les « errements » et l'« extrémisme » diviseur de l'administration de George W. Bush. Ce discours «  The Audacity of Hope », l'audace d'espérer,86(*) repris dans la presse écrite et à la télévision, fait connaître Barack Obama aux militants démocrates mais également à de nombreux Américains.

Le 2  novembre  2004, après avoir battu, quelques mois plus tôt, ses adversaires démocrates lors des primaires, Barack Obama est élu au Sénat des États-Unis avec 70 % des voix contre 27 % à son adversaire républicain, l'ancien ambassadeur et chroniqueur politique conservateur afro-américain Alan Keyes. Le score ne fut pas une surprise car pendant plusieurs mois, Barack Obama avait fait une grande partie de sa campagne électorale sans aucun opposant désigné contre lui à la suite du retrait en dernière minute de Jack Ryan, le candidat républicain qui avait lui-même succédé à Blair Hull, le vainqueur des primaires, tous deux étant englués dans des affaires scabreuses avec leurs épouses respectives. Ce n'est que deux mois avant l'élection, qu'Alan Keyes fut désigné comme candidat républicain en dépit du fait qu'il résidait au Maryland. Il n'avait aucun lien avec l' Illinois et qu'en 2000, il avait dénoncé le parachutage d' Hillary Clinton à New York. Barack Obama succède alors au sénateur républicain sortant Peter Fitzgerald.

En décembre 2004, Barack Obama passe un contrat de 1,9 million de dollars avec une grande maison d'édition pour écrire trois livres dont l'un concernera ses convictions politiques et le second, co-écrit avec son épouse, Michelle Obama (de son vrai nom Michelle Robinson), serait destiné aux enfants. Il a prêté serment comme sénateur le 4  janvier  2005 devenant le seul homme de couleur à siéger au Sénat, et le cinquième de l'histoire (poste dont il démissionne le 16 novembre 2008 après son élection à la présidence des États-Unis).

6. 3. Élection présidentielle de 2008

2. 6. 3. 1. Les élections primaires

Barack Obama se lance en campagne électorale en Caroline du Sud en août 2007. Le 16  janvier  2007, il annonce la création d'un comité exploratoire en vue de lever des fonds pour une candidature à l' élection présidentielle de 2008. Le 10  février  2007, il déclare sa candidature à l' investiture démocrate et ce, malgré son inexpérience relative et la concurrence dans le camp démocrate d' Hillary Clinton, jusque-là favorite pour les primaires. Le 15  décembre  2007, il a reçu l'appui du prestigieux quotidien national, The Boston Globe.87(*)

Barack Obama crée la surprise, en  janvier  2008, en remportant les premières primaires, les caucus de l' Iowa, état blanc à plus de 96 %, avec 38 % des suffrages exprimés après avoir réussi à imposer à la campagne des primaires, aussi bien démocrates que républicaines, le thème du « changement » (« Change »). Il perd dans le New Hampshire (37 %) contre Hillary Clinton (39 %) alors que les sondages l'annonçaient grand favori avec 10 points d'avance . Son discours de défaite est teinté d'espoir et de motivation.

De cette défaite, Barack Obama tire son nouveau slogan : « Yes we can » (« Oui, nous pouvons »). En dépit de son courage, il arrive, de nouveau, deuxième en nombre de voix, derrière Hillary Clinton, lors du caucus du Nevada du 19 janvier (51 % contre 45 %). Néanmoins Barack Obama obtient une majorité de 13 délégués contre 12 pour Hillary Clinton, raison pour laquelle il refuse de concéder sa défaite. Sa très large victoire (55 % contre 27 % pour Hillary Clinton) lors des primaires de Caroline du Sud relance sa candidature. Lors du Super Tuesday, le 5 février, Barack Obama remporte 13 États, face à 9 pour Hillary Clinton.

Le 2 février, William enregistre Yes we can, une chanson inspirée d'un discours prononcé par Obama, suite aux primaires du New Hampshire de 2008. Mixée avec des images et des extraits du discours, la chanson est interprétée par de nombreuses célébrités (la plupart des musiciens, chanteurs et comédiens américains) à l'appui du sénateur Obama. La chanson a été produite par William, le clip a été réalisé par Jesse Dylan, le fils du chanteur Bob Dylan .

Barack Obama s'illustre par son éloquence torrentielle dans la plupart des manifestations publiques et même dans certains meetings en plein air. Il remporte les États de Washington, du Nebraska et de Louisiane ainsi que les îles Vierges ; l' État du Maine, la Virginie, le Maryland et la capitale fédérale Washington. Ce qui lui vaut un avantage dans la course aux 2 025 délégués nécessaires pour décrocher l'investiture démocrate . Poursuivant sa farandole, il gagne les primaires dans le Wisconsin et à Hawaï avec dix victoires consécutives sur Hillary Clinton.

Le sénateur de l'Illinois, Barack Obama, a largement remporté la primaire des démocrates expatriés. En France, il dépasse la barre des 70 %. Vainqueur dans l'État du Vermont, il perd dans l' Ohio et le Rhode Island. Au Texas, il obtient plus de représentants à la convention qu'Hillary Clinton (99 contre 94). Il conserve une avance de plus de 100 délégués, remporte les primaires du Wyoming, puis celles du Mississippi. Et le 18 mars 2008, il prononce l'important Discours de Philadelphie sur la question raciale.

Pendant qu'Hillary Clinton gagne en Pennsylvanie, en Indiana et en Virginie occidentale, Obama se contente de petites victoires (les caucus de Guam, île du Pacifique, et la Caroline du Nord. Obama rattrape son retard auprès de cette dernière catégorie d'électeurs et auprès des « cols bleus » (ouvriers blancs) grâce au ralliement de poids de John Edwards, annoncé dès le lendemain de la primaire de Virginie-Occidentale.

À ce stade des primaires, les cinq dernières consultations à venir seront d'une importance toute relative, aucun des deux candidats ne pouvant obtenir la majorité qualifiante des délégués ordinaires, tandis que les super délégués, qui restent partagés entre Obama (282) et Clinton (273) et l'indécision (environ 240), auront probablement le dernier mot lors de la Convention démocrate. Certains observateurs ont misé cependant sur un retrait de Clinton avant la fin du processus.

Le 20 mai, Obama et Clinton remportent l'un et l'autre une primaire. Le premier s'impose dans l'Oregon (58 % des voix), la seconde dans le Kentucky (65 % des voix) . Le 3 juin, à l'issue des dernières primaires ( Montana et Dakota du Sud), le candidat démocrate atteint le seuil requis des 2 118 délégués, ainsi que le soutien de nombreux super délégués . Obama devient assuré d'être désigné candidat à la Maison-Blanche lors de la convention démocrate, malgré le refus de la sénatrice de se déclarer vaincue. Mais, le 7 juin, elle suspend sa campagne à l'investiture démocrate et apporte son soutien à Barack Obama dans sa campagne présidentielle contre le républicain John McCain.

Le 27 août, troisième jour de la Convention démocrate à Denver, Obama est officiellement investi par acclamation, ou roll call, lancées par la sénatrice Hillary Clinton plus de vingt ans après le révérend Jesse Jackson, trois fois candidat à l'investiture démocrate et premier à remporter des primaires, notamment en 1988. C'est le premier Afro-Américain investi pour la présidentielle par un parti majeur .

2. 6. 3. 2. Election présidentielle

La répartition du collège électoral par État en 2008 était colorée de la manière qui suit. En bleu, les États remportés par le couple Obama/ Biden ; en rouge, ceux remportés par McCain/ Palin. Pour chaque État, il est indiqué le nombre de grands électeurs. Avec un taux de participation record de 63 % des électeurs inscrits , Barack Obama a remporté l'élection présidentielle du 4 novembre 2008 avec plus de 9 millions de voix d'avance88(*) sur son adversaire John McCain. La victoire est nette aussi bien au niveau des grands électeurs (365 à 17389(*)) que celui du vote populaire (52,9 % à 45,6 %) .90(*) Il gagne deux Etats cruciaux que sont l'Ohio et la Floride, remportés par Bush en 2004, ainsi que l'Iowa, mais aussi trois Etats de l'Ouest (le Colorado, le Nouveau-Mexique et le Nevada) et, à la surprise générale, l'Indiana, pourtant très conservateur.

Il remporte également deux Etats du sud, la Virginie et la Californie du nord qui n'avaient pas voté pour un démocrate depuis Lyndon Johnson en 1964. D'ailleurs, aucun démocrate depuis 1964 n'avait un tel pourcentage du suffrage populaire. Avec 52,9% contre 45,6% pour les Républicains, aucune controverse n'est possible : Obama est élu et confortablement élu. De plus, l'évolution observée en 2006 se confirme, les démocrates augmentent leur majorité au sein des deux chambres du Congrès : plus de sept sièges au Sénat et plus de vingt sièges à la chambre des représentants. Obama bénéficie donc de deux solides majorités pour gouverner.91(*)

Outre ses victoires dans les États-clés âprement disputés de l' Ohio et de la Floride, Obama a fait basculer, de justesse, des bastions républicains traditionnels comme l' Indiana et a même obtenu les suffrages de deux anciens États confédérés, en plus de la Floride, la Virginie et la Caroline du Nord. Barack Obama l'emporte dans toutes les classes d'âge, sauf chez les plus de 65 ans, et bénéficie d'une plus forte mobilisation des jeunes électeurs, alors que 68 %, de 18 à 25 ans, se sont prononcés en sa faveur .92(*) Il obtient également le suffrage de 54 % des catholiques, de 78 % des Israélites, ainsi que de 67 % des Latinos et de 95% des Afro-Américains .

Au soir du 4 novembre 2008, il prononce devant plusieurs centaines de milliers de personnes son discours de victoire à Grant Park, dans la ville de Chicago, dans l'Illinois . Après avoir remercié tous ses soutiens (famille, collaborateurs, électeurs), il évoque les enjeux majeurs de son mandat à venir ; en particulier les guerres d'Irak et d'Afghanistan et la crise économique. Son discours est teinté de références significatives aux discours d'investiture de John F. Kennedy, d' Abraham Lincoln et également de discours prononcés par Martin Luther King ; il cite notamment mot pour mot un passage du discours prononcé par Abraham Lincoln lors de sa première investiture .93(*)

L'élection de Barack Obama est saluée à l'étranger. Au Kenya, l'on décrète un jour férié, un fait sans précédent. Bien que la Russie fasse montre de froideur, des gouvernements traditionnellement en très mauvais termes avec les États-Unis adressent leurs félicitations au nouveau président, ainsi Raul Castro ( Cuba), Hugo Chávez ( Venezuela) ou Mahmoud Ahmadinedjad ( Iran). Depuis l' Afrique du Sud, il est également félicité par le prix Nobel de la Paix et ancien président Nelson Mandela.

Barack Obama a été formellement élu par les grands électeurs le 15 décembre 2008 (sa victoire ayant été officiellement proclamée au Congrès des États-Unis par Dick Cheney le 8 janvier 2009) ,94(*) et il a succédé à George W. Bush le 20  janvier  2009. Il est alors devenu le quarante-quatrième président des États-Unis, et le premier Afro-Américain à accéder à la Maison Blanche.

2. 6. 3. 3. Investiture

Le 20  janvier  2009 à 12 h 07, Barack Obama prête serment au Capitole de Washington, D.C., devant une foule sans précédent, estimée à plus de 2 millions de personnes et sous les yeux de plusieurs centaines de millions de téléspectateurs du monde entier. Il est ainsi officiellement investi 44ème président, dans une atmosphère de ferveur nationale et internationale peu habituelle (près de 8 Américains sur 10, lui accordent alors leur confiance face à la crise). Symboliquement, le premier président afro-américain réutilise la Bible dont s'était servi en 1861 pour l'investiture d' Abraham Lincoln. En signe d'unité nationale, Barack Obama choisit un évêque épiscopalien gay pour dire la prière d'ouverture des festivités de son investiture, un pasteur évangélique anti-avortement pour la prière d'ouverture de la cérémonie, et un célèbre vétéran du mouvement des droits civiques, ancien compagnon de Martin Luther King, pour la prière de clôture. Le discours d'investiture du nouveau président insiste sur « le triomphe de l'espérance sur la peur », sur le « refus du choix entre nos idéaux et notre sécurité » et sur le dialogue international, sans cacher aux Américains les difficultés qui les attendent .

Barack Obama doit sa victoire à une formidable mobilisation des primo-votants réalisée grâce notamment à une campagne révolutionnaire de mobilisation des donateurs, des militants et enfin des électeurs. Cette mobilisation fut basée sur trois leviers principaux : le message, les nouvelles technologies et l'organisation de terrain.

Le message, c'est le « changement », fondé sur l'émotion, sur le modèle des campagnes de community organizing, faisant des électeurs les acteurs de ce changement. La capacité de la campagne (ou organisation) mise en place par Obama à canaliser les flux monétaires et de bénévoles furent un élément déterminant de sa victoire ; en s'inspirant du modèle mis en place par les Républicains huit ans auparavant et en l'améliorant, Obama a su canaliser et tirer parti de son succès populaire .

2.6.4. Campagne électorale

Si l'on veut saisir les clefs de la victoire démocrate, il faut aussi mettre de nouveau en lumière l'extraordinaire travail de campagne qui a été mis en place par Obama et son équipe. Non seulement un candidat, quasiment inconnu il y a quatre ans, a battu la machine électorale Clinton et la parti républicain, mais il l'a fait en innovant et en transformant les méthodes de campagne. Il faut signaler la discipline implacable d'une campagne sans scandales, ni rumeurs et autres conflits d'égo. En 2006, il l'a annoncé à ses amis : « Je veux une campagne sans scandales ».

Ce principe sera repris en dans un slogan : « No Drama Obama ». Mais ce n'est pas le seul principe qu'Obama énonce dès le début. Chicago, sur le terrain, le pouvoir de mobilisation de toutes les communautés, y compris les syndicats. Il explique donc qu'il veut une campagne qui « parte de la base ». Utilisant ingénieusement les nouvelles technologies (Internet, téléphones portables), la campagne Obama va créer des réseaux de sympathisants et de bénévoles dans tous les Etats.

Pour sa première victoire lors des primaires du petit Etat de l'Iowa, Obama a pu ainsi compter sur 37 bureaux de campagne sur le terrain. Alors qu'en 2000 et 2004 les républicains passés maîtres dans l'art de mobiliser l'électorat (grâce à la stratégie élaborée par Karl Rove en particulier), en 2008 c'est la campagne d'Obama et, notamment David Plouffe, qui élabore une stratégie électorale gigantesque, sophistiquée et très efficace. Au point que ses prévisions d'avant campagne (primaire et présidentielle) ressemblent de très près aux résultats finaux.

Le camp Obama est très fier en particulier d'un programme surnommé « projet Houdini » qui, recroisant plusieurs bases de données, a permis aux bénévoles le jour même de l'élection et presqu'en temps réel, d'identifier les électeurs potentiels ne s'étant pas encore rendu aux urnes. Non seulement cette infrastructure va mobiliser plus de monde, en particulier des pans de la population qui votent peu à l'accoutumée, les jeunes et les minorités, mais en plus ce réseau va lui permettre de lever comme aucun candidat avant lui.

Cette nouvelle ressource financière venant compléter les méthodes plus traditionnelles, va lui permettre de refuser le financement public de sa campagne pour les élections primaires, mais aussi, et c'est une première aux Etats-Unis, pour les élections générales.

Nous pouvons rappeler ici que la levée de fonds aux Etats-Unis est essentielle puisque l'estimation du coût du cycle d'élections du 4 novembre 2008 atteint, d'après le Center for Responsive Politics, la bagatelle de 5,3 milliards de dollars. Ce qui, rapporté au nombre d'habitants, ne fait que 18 dollars par personne. Les sommes mobilisées pour les seules élections fédérales ont atteint les 4 milliards de dollars (400 millions pour le Sénat, plus de 960 millions pour la Chambre des représentants et 2,6 milliards pour la présidentielle).

John McCain et Barack Obama ont dépassé, à eux deux, le milliard de dollars avec un net avantage pour le démocrate (742 millions contre 367). Avec cet avantage financier, Obama a pu compléter son travail sur le terrain par une visibilité accrue dans les médias. Il parvint à se payer notamment une publicité documentaire d'une demi-heure, diffusée avant la retransmission du match de la finale de base-ball (35 millions de téléspectateurs pour un coût de 4 millions de dollars).

Lors de cette élection, Obama a gravi une marche en termes de communication politique. Fort d'une incroyable base de données engendrée grâce à toutes sortes d'événements médiatiques (meetings, concerts, rassemblements locaux), Obama été capable de communiquer directement avec une dizaine de millions de personnes. De plus, en ciblant ses messages et autres vidéos, il était en mesure de s'adresser à certaines parties du pays ou certaines parties de l'électorat de façon précise.

En effet, toujours très soucieux de ne pas apparaître seulement comme un candidat noir, Obama a pu faire une campagne afro-américaine de façon relativement discrète sur le plan national. Ainsi, un concert du rappeur Jay-Z en Floride est presque passé inaperçu dans les médias. Pouvoir cibler et identifier toujours plus précisément les électeurs potentiels, grâce notamment à des techniques de marketing, permet de maximiser le retour sur investissement. Malgré son avantage financier, la campagne Obama a été très soucieuse de limiter les coûts.

Contrairement aux campagnes McCain et Clinton qui, lors des primaires, ont largement dépensé, l'équipe Obama a toujours regardé à la dépense en incitant les bénévoles ou es employés à partager leur chambre d'hôtel ou à prendre les transports publics plutôt que des taxis. Des petits exemples qui illustrent la discipline d'une campagne qui n'a jamais considéré que la campagne était gagnée d'avance.

Si la campagne délivre peu d'informations sur les qualités réelles du candidat en matière de gouvernement d'un pays, elle en donne de très forte sur les capacités d'organisation et de management du candidat. La campagne d'Obama fut un succès parce qu'elle a pu atteindre des proportions titanesques sans perdre sa structure d'ensemble et son lien très étroit avec la base locale. En quatre ans, Obama est passé du stade de quasi-inconnu à celui du président de la première puissance du monde. Il lui aura fallu de la chance et une conjoncture toute particulière pour réussir ce tour de force. Il doit aussi cette ascension fulgurante à ses qualités propres, entre autre une insatiable ambition et une remarquable aisance.

2. 6. 5. Prix Nobel de la paix 2009

Le 9 octobre 2009, Barack Obama reçoit le prix Nobel de la paix, suscitant la surprise et une certaine incrédulité dans le monde, alors qu'il n'entame que son dixième mois de mandat présidentiel. Le comité du Nobel justifie sa décision en évoquant « les efforts extraordinaires du président américain en faveur du renforcement de la diplomatie internationale et de la coopération entre les peuples ».

Cette décision est souvent qualifiée de politique et de partisane, récompensant plus des paroles et de bonnes intentions que des actes concrets. Obama devient ainsi le quatrième président américain et le troisième en fonction à recevoir le prix après, dans l'ordre chronologique, Théodore Roosevelt, Woodrow Wilson et Jimmy Carter.

2. 6. 6. De l' Administration Obama

L'élection présidentielle américaine indirecte fait que le président élu ne prend ses fonctions que onze semaines après le suffrage populaire. Cette période entre l' élection du 4 novembre et l' inauguration, jour de la prise de fonction présidentielle, le 20 janvier, est une phase de nomination de la nouvelle administration présidentielle et de transition avec l'administration sortante.

La première nomination de la nouvelle administration est celle de Rahm Emmanuel au poste de Chef de cabinet de la Maison Blanche. De nombreux noms circulent quant aux différents secrétaires et le 1er décembre, il est annoncé que son ancienne rivale à l'investiture Hillary Clinton sera proposée par l'administration Obama comme secrétaire d'État .

Les principaux postes sont pourvus dès début décembre (voir Administration Obama). Bien qu'Obama ait axé sa campagne présidentielle sur le slogan du changement, on note la prépondérance de vétérans de l' administration Clinton dans la nouvelle équipe, par souci revendiqué de bénéficier de leur expérience face à la crise.

Après sa rencontre avec le président en exercice, George W. Bush dans le bureau ovale de la Maison Blanche le 10 novembre 2008, le président élu Barack Obama, conformément à ses promesses de dépasser le clivage bipartite, maintient à la Défense son titulaire nommé par George W. Bush en 2006, Robert Gates, un proche des républicains95(*) et de la famille Bush en particulier. Il rencontre à deux reprises son adversaire malheureux John McCain à la mi-novembre 2008 et le 19 janvier 2009, lors d'un bal rendu en l'honneur de l'ancien vétéran du Viêtnam.

Il nomme également deux autres hommes proches des républicains dans son gouvernement, Ray Lahood (ancien représentant républicain) comme secrétaire au transport et le général James L. Jones, proche de John McCain, comme conseiller à la sécurité nationale.

Le président Bush ayant souhaité que cette transition se passe au mieux, Obama bénéficie rapidement d'un accès aux informations classées secret défense et reçoit les mêmes rapports de sécurité que le président en exercice par la CIA et le FBI. Avançant qu'il ne peut y avoir qu'un président américain en exercice à la fois, Barack Obama fait le choix discuté de rester globalement silencieux en décembre 2008 et janvier 2009 lors de l'offensive israélienne contre le Hamas à Gaza. Celle-ci cesse significativement quelques jours avant son investiture.

Obama bénéficie d'une sécurité renforcée, très proche de celle du président en exercice. Elle est assurée par le Secret Service, l'agence fédérale en charge de la protection du président, du vice-président et de diverses personnalités. Il circule ainsi en convoi blindé et sa maison de Hyde Park ainsi que le bâtiment fédéral de Chicago lui servant de quartier général pendant cette période de transition sont étroitement surveillés. Le président élu ne déménage à Washington que début janvier 2009.

Lors des campagnes électorales, les principaux candidats à l'élection présidentielle américaine bénéficient d'une protection du Secret Service. Le candidat Obama fut le premier, en mai 2007, à en bénéficier du fait du risque d'attentats par des suprématistes blancs. Cette protection fut, comme pour le candidat républicain, renforcée après leur désignation respective comme candidat de leurs partis respectifs.

2. 6. 7. Doctrine politique

Barack Obama est considéré comme un homme politique pragmatique, adepte du compromis pour faire avancer ses idées et ses projets et capable de rassembler diverses catégories de l'électorat, même si ses votes au Congrès ont pu le classer à la gauche du parti . Son discours sur l'état de l'Union de janvier 2010, venant peu de temps après avoir perdu la majorité au Sénat avec l'élection du successeur de Ted Kennedy au Massachusetts, a mis l'accent sur la nécessité de réformer la finance mondiale, suite à la crise financière de 2008 et appelle les démocrates et républicains à voter une loi afin de contrecarrer l'arrêt de la Cour suprême, Citizens United v. Federal Election Commission, du 21  janvier  2010, qui étend les possibilités de financement électoral par les entreprises (nationales et étrangères). La perte de la majorité au Sénat hypothèque la réforme du système de protection sociale.

2. 6. 8. Politique étrangère

Barack Obama rencontre le pape Benoît XVI le 10 juillet 2009 au Vatican. Il est présenté comme un adepte du multilatéralisme, partisan de la realpolitik et prend pour modèle James Baker, saluant la politique étrangère américaine menée sous la présidence de George H. W. Bush pendant la première guerre du Golfe en 1991 et lors de la chute du Mur de Berlin en 1989 . S'il veut être plus ferme à l'égard du programme nucléaire de la Corée du Nord, ses principales propositions sont un retrait en seize mois des troupes américaines de combat d'Irak, qui commencerait dès sa prise de fonction, et le commencement d'un dialogue « sans pré-conditions » avec l' Iran . Il affirme cependant après son élection qu'il considère le programme nucléaire iranien comme « inacceptable ». Cette déclaration a été critiquée par le président du Parlement iranien, Ali Larijani .

Concernant les relations avec Israël et avec les Palestiniens, après avoir été ambivalent, il prononçait, le 4  juin  2008 à la conférence du lobby pro-israélien Aipac (American Israel Public Affaires Committitur), un discours dans lequel il apportait son soutien au statut de Jérusalem, comme capitale indivisible d'Israël.96(*) Le 10 juillet 2009, il rencontre au Vatican le pape Benoît XVI, en marge du sommet du G8. Le président Obama s'est notamment engagé auprès de lui à tenter de réduire le nombre d'avortements.

Il a prononcé à l' Université du Caire le 4 juin 2009 un discours considéré comme présentant un changement de cap majeur en matière de relations internationales entre les États-Unis et les musulmans.97(*) Au cours de ce discours, le président Obama s'est prononcé en faveur de la non réglementation du port du voile : « Il est important pour les pays occidentaux d'éviter de gêner les citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, et par exemple en dictant les vêtements qu'une femme doit porter » et d'ajouter « on ne doit pas dissimuler l'hostilité envers une religion devant le faux-semblant du libéralisme ». Cette critique envers un pays occidental vise selon de nombreux observateurs la France et sa politique de laïcité.

Si Obama est parvenu en si peu de temps au firmament du monde politique, c'est qu'en des circonstances exceptionnelles, il s'est révélé un candidat remarquable, un animal politique hors du commun. Cette élection aura fait mûrir les dons pour la politique du jeune sénateur. Il reste maintenant à voir si l'intelligence requise pour arriver au pouvoir est en rapport avec les qualités nécessaires pour gouverner une Amérique qui est en train de sortir de sa crise.

Nous avons, dans ce chapitre, peint la personne de Barack Obama dans toutes ses facettes et dimensions. Il était d'abord important de retracer le contexte sociopolitique duquel il est issu. C'est, d'ailleurs, ce contexte qui l'a propulsé jusqu'au sommet des Etats-Unis d'Amérique, mais aussi et surtout grâce à ses potentialités incontestables et son éloquence torrentielle. Il appert donc qu'il est le premier président des Etats-Unis à avoir financé personnellement sa campagne.

Ainsi donc, après avoir balayé toutes les théories qui sous-tendent notre recherche, et après avoir eu la connaissance approfondie (ses origines, ses études, sa carrière politique et professionnelle, son désormais statut), nous allons, dans le chapitre qui suit le dernier donc, essayer de déceler le statut du destinataire du discours de Barack Hussein Obama le 11 juillet à Accra. Voilà la matière substantielle de la dernière partie de notre travail.

TROISIEME CHAPITRE : ANALYSE DU DISCOURS D'OBAMA

Dans ce chapitre, nous allons devoir rechercher le statut du locuteur et celui de l'allocutaire dans le discours de Barack Obama à Accra. Pour ce faire, nous subdivisons ce chapitre en trois sections : la première sera axée sur l'approche méthodologique, la deuxième sur le repérage de différentes marques du discours ou d'énonciation contenues dans ce discours, et la troisième sera consacrée à l'évaluation de ces différentes marques d'énonciation.

Section 1 : Protocole méthodologique

Notre recherche était mobilisée autour de la question suivante : Comment se positionne l'énonciateur dans le discours du président Barack Obama prononcé devant le Parlement ghanéen ? A titre d'hypothèse, nous avons postulé qu'un sujet parlant qui revendique une pluralité de statuts, produit un discours polyphonique. Ce positionnement se répercute sur l'auditoire.

1)

2)

Pluralité de statuts

Chef de l'Etat

Afro-Américain

Père de famille

Monde occidental

Sujet parlant

Position production interne au discours

Enonciateur

Narrateur

Auteur modèle

Position production externe au discours

Emetteur

Locuteur

Auteur

Avant toutes choses, construisons ces concepts : discours polyphonique, pluralité de statuts, sujet parlant et auditoire.

Enonciateur

Auteur modèle

Auditoire

Position perception interne au discours

Narrateur

Position perception externe au discours

Récepteur

Interlocuteur

Allocutaire

Auditeur

Auditeur

Discours polyphonique

Statut énonciatif du locuteur/ Enonciateur

Position production externe au discours

3)

4)

Le corpus de notre analyse est constitué d'un seul texte, le discours du Président américain Barack Hussein Obama lors de sa conférence de presse à Cape Coast à Accra, le 11 juillet 2009. Le motif sous-jacent à ce choix du discours d'Obama tient au fait que nous sommes, personnellement de la faculté des sciences de l'information, dans filière journalisme et politique extérieure. C'est le premier fait qui a dicté notre choix.

La deuxième raison est d'ordre idéologique quand on peut lire en creux et considérer le discours d'Accra comme un contre discours de Dakar prononcé par le président français Nicolas Sarkozy à Dakar, et le tout premier que Barack Obama prononce en tant que président des Etats-Unis d'Amérique à l'attention de ses congénères, les Africains.

C'est ainsi que nous nous sommes imposé ce devoir de rechercher les statuts de l'énonciateur et même de l'allocutaire dans ce discours ; afin de comprendre, in fine, quelle est sa portée sur le plan africain et sur le plan international.

Notre analyse n'est pas quantitative. Raison pour laquelle nous allons nous baser sur l'énoncé comme unité d'enregistrement. Ces énoncés sont à repérer dans les différents paragraphes que comprend le discours de Barack Obama.

Pour parvenir aux résultats de notre recherche, nous avons jugé utile de commencer par décomposer le discours c'est-à-dire ressortir tous les énoncés, 211 au total, qui composent l'allocution de Barack Obama. Notre procédure s'est poursuivie en essayant de classer tous les énoncés dans un tableau en vue d'en relever les marques d'énonciation ou de discours à la lumière desquelles nous avons dégagé toutes les références nominales au locuteur et à l'allocutaire.

Après cette étape, nous avons cherché à savoir combien d'énoncés portent au moins une marque d'énonciation et combien en sont dépourvus ; quels sont les énoncés qui se rapportent au locuteur, à l'allocutaire et à tous les deux. Bien que non quantitative, cette étude est sous-tendue par des tableaux en termes de fréquence ou de pourcentage.

Après avoir calculé les fréquences des énoncés qu'ils portent ou non les marques d'énonciation, qu'ils fassent référence au locuteur, à l'allocutaire ou à tous les deux, nous sommes passés à l'évaluation des marques d'énonciation. En ce qui concerne cette étape, la démarche consiste à analyser, afin de comprendre le discours de Barack Obama à la lumière de toutes les marques d'énonciation relevées dans notre corpus. Ainsi, allons-nous relever toutes les sortes d'embrayeurs tels que les pronoms d'interlocution, les pronoms indéfinis, les déictiques spatiaux et temporels, la ponctuation, les modalités, les formules conatives ou de bienséance ainsi que les éléments intertextuels. Pour authentifier ce que nous aurons à dire, nous allons recourir aux énoncés répertoriés dans notre corpus ; et ces énoncés, pour bien les localiser, seront accompagnés d'un indice En pour montrer qu'il s'agit de tel ou tel énoncé.

Nous allons clore complètement cette procédure d'analyse en proposant une brève synthèse, et nous allons également émettre notre point de vue en termes d'interprétation ou de jugement de valeur avant la conclusion générale.

Section 2 : Repérage des données pertinentes

N° d'ordre

TEXTE

MARQUES DU DISCOURS

REF. NOM. AU LOCUTEUR

REF. NOM. A L'ALLOCUTAIRE

001

Ça me plaît ! Merci, merci.

me

Ça me plaît ! merci, merci.

-

002

Je pense que notre Congrès a besoin d'une de ces trompettes.

Je, notre.

Je pense que notre Congrès a besoin

-

003

J'aime bien le son, cela me rappelle Louis Armstrong.

Je, cela, me.

J'aime bien le son, cela me rappelle...

-

004

Bon après-midi à tous.

-

Bon après-midi à tous !

-

005

C'est un grand honneur pour moi d'être à Accra et de parler aux représentants du peuple ghanéen.

Moi

C'est un grand honneur pour moi

-

006

Je suis très reconnaissant de l'accueil que j'ai reçu, tout comme le sont Michelle, Malia et Sacha Obama.

Je

Je suis reconnaissant de l'accueil que j'ai reçu

-

007

L'histoire ghanéenne est riche, les liens entre nos deux pays sont forts, et je suis fier que ce soit ma première visite en Afrique subsaharienne en qualité de président des Etats-Unis d'Amérique.

Nos, je, ce, ma.

Les liens entre nos deux pays sont forts, et je suis fier que ce soit ma première visite...

-

008

Je voudrais remercier la présidente et tous les membres de la chambre des représentants de nous accueillir aujourd'hui.

Je, nous, aujourd'hui.

Je voudrais remercier... de nous accueillir aujourd'hui.

-

009

Je voudrais remercier le président Mills pour ses qualités extraordinaires de direction.

Je

Je voudrais remercier le président Mills

-

010

Aux anciens présidents - Jerry Rawlings, l'ancien président Kufuor - au vice-président, au président de la Cour suprême, je vous remercie tous pour votre hospitalité extraordinaire et pour les merveilleuses institutions que vous avez bâties au Ghana.

Les tirets, je, vous, votre.

Je vous remercie tous

Je vous remercie tous pour votre hospitalité extraordinaire et pour les merveilleuses institutions que vous avez bâties...

011

Je vous parle à la fin d'un long voyage.

Je, vous.

Je vous parle

Je vous parle

012

Je l'ai commencé en Russie par une réunion au sommet entre deux grandes puissances.

Je

Je l'ai commencé

-

013

Je me suis rendu en Italie pour la réunion des grandes puissances économiques du monde.

Je, me.

Je me suis rendu en Italie...

-

014

Et me voici, enfin, au Ghana pour une simple raison : le XXIème siècle sera influencé par ce qui se passera non seulement à Rome et à Moscou ou à Washington, mais aussi à Accra.

Me, voici, les deux points, ce.

Et me voici au Ghana

-

015

C'est la simple vérité d'une époque où nos connexions font disparaître les frontières entre les peuples.

Nos

...où nos connexions font disparaître

-

016

Votre prospérité peut accroître la prospérité des Etats-Unis.

Votre

-

Votre prospérité peut accroître

017

Votre santé et votre sécurité peuvent contribuer à la santé et à la sécurité du monde.

Votre

-

Votre santé et votre sécurité peuvent contribuer à...

018

Et la force de votre démocratie peut contribuer à la progression des droits de l'homme pour tous les peuples.

Votre

-

Et la force de votre démocratie peut contribuer à...

019

Je ne considère donc pas les pays et les peuples d'Afrique comme un monde à part ; je considère l'Afrique comme une partie fondamentale de notre monde interconnecté, comme un partenaire des Etats-Unis en faveur de l'avenir que nous souhaitons pour tous nos enfants.

Je, notre, nous, nos.

Je ne considère pas, je considère l'Afrique comme une partie fondamentale de notre monde interconnecté,... que nous souhaitons pour tous nos enfants.

-

020

Ce partenariat doit se fonder sur la responsabilité mutuelle et sur le respect mutuel : c'est ce dont je tiens à vous parler.

Ce, je, vous.

C'est ce dont je tiens à vous parler

C'est ce dont je tiens à vous parler

021

Nous devons partir du principe qu'il revient aux Africains de décider de l'avenir de l'Afrique.

Nous

Nous devons partir du principe que...

-

022

Je dis cela en étant pleinement conscient du passé tragique qui hante parfois cette partie du monde.

Je, cela, cette.

Je dis cela en étant pleinement conscient

-

023

Après tout, j'ai du sang africain dans les veines, et l'histoire de ma famille englobe aussi bien les tragédies que les triomphes de l'histoire de l'Afrique dans son ensemble.

Je, ma.

J'ai du sang africain dans les veines, et l'histoire de ma famille...

-

024

Certains d'entre vous savent que mon grand-père était cuisinier chez des britanniques au Kenya, et bien qu'il fût un ancien respecté dans son village, ses employeurs l'ont appelé « boy » pendant la plus grande partie de sa vie.

Vous, mon les guillemets.

...savent que mon grand-père était cuisinier

Certains d'entre vous savent que...

025

Il était à la périphérie des luttes en faveur de la libération du Kenya, mais il a été quand même incarcéré brièvement pendant la période de répression.

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-

-

026

Durant sa vie, le colonialisme n'était pas simplement la création de frontières artificielles ou de termes de l'échange inéquitables ; c'était quelque chose que l'on éprouvait dans sa vie personnelle jour après jour, année après année.

Durant, on, jour après jour, année après année

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027

Mon père a grandi dans un tout petit village où il gardait des chèvres, à une distance impossible des universités américaines où il irait faire des études.

Mon

Mon père a grandi dans un tout petit village

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028

Il est devenu adulte à un moment de promesse extraordinaire pour l'Afrique.

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-

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029

Les luttes de la génération de son père ont donné naissance à de nouveaux Etats, en commençant ici au Ghana.

Ici

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-

030

Les Africains s'éduquaient et s'affirmaient d'une nouvelle façon.

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-

-

031

L'histoire était en marche.

-

-

-

032

Toutefois, malgré les progrès obtenus - et il y a eu des progrès considérables dans certaines parties de l'Afrique - nous savons aussi que cette promesse est encore loin de se réaliser.

Les tirets, nous, cette.

Nous savons aussi que cette promesse

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033

Des pays tels que la Kenya, dont le revenu par habitant était supérieur à celui de la Corée du Sud lorsque je suis né, ont été fortement distancés.

Celui, je.

...lorsque je suis né

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034

Les maladies et les conflits ont ravagé plusieurs régions du continent africain.

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035

Dans de nombreux pays, l'espoir de la génération de mon père a cédé la place au cynisme, voire au désespoir.

Mon

L'espoir de la génération de mon père a cédé

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036

Certes, il est facile de pointer du doigt et de rejeter les responsabilités de ces problèmes sur les autres.

Ces

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037

Il est vrai qu'une carte coloniale qui n'avait guère de sens, a contribué à susciter des conflits, et l'Occident a souvent traité l'Afrique avec condescendance, à la quête des ressources plutôt qu'en partenaire.

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038

Cependant, l'Occident n'est pas responsable de la destruction de l'économie zimbabwéenne au cours des dix dernières années, ni des guerres où des enfants sont enrôlés comme soldats.

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039

Durant la vie de mon père, ce sont en partie le tribalisme et le népotisme dans un Kenya indépendant qui, pendant longtemps, ont fait dérailler sa carrière, et nous savons que cette forme de corruption est toujours un fait quotidien de la vie d'un trop grand nombre de personnes.

Mon, ce, nous, cette.

Durant la vie de mon père, nous savons que cette forme de corruption...

-

040

Or, nous savons que ce n'est pas là toute l'histoire.

Nous, ce, là.

Nous savons que ce n'est pas là...

-

041

Ici au Ghana, vous nous montrez un aspect de l'Afrique qui est trop souvent négligé par un monde qui ne voit que les tragédies ou la nécessité d'une aide charitable.

Ici, vous, nous.

Vous nous montrez un aspect

Vous nous montrez un aspect

042

Le peuple ghanéen a travaillé dur pour consolider la démocratie, au moyen de passages pacifiques répétés du pouvoir, même à la suite d'élections très serrées.

-

-

-

043

Et à cet égard, je voudrais dire que la minorité mérite tout autant des louanges que la majorité.

Je

Je voudrais dire que la minorité mérite

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044

Grâce à une meilleure gouvernance et au rôle de la société civile naissante, l'économie ghanéenne a enregistré un taux de croissance impressionnant.

-

-

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045

Ce progrès ne possède sans doute pas l'aspect dramatique des luttes de libération du XXème siècle, mais que personne ne s'y trompe : il sera, en fin de compte, plus significatif.

Ce, les deux points.

-

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046

Car de même qu'il est important de se soustraire au contrôle d'une autre nation, il est encore plus important de se forger sa propre nation.

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047

C'est pourquoi je suis convaincu que la période actuelle est tout aussi prometteuse pour le Ghana et pour l'Afrique que celle pendant laquelle mon père est devenu adulte et que de nouveaux Etats sont apparus.

Je, celle, mon.

...que celle pendant laquelle mon père est devenu adulte

-

048

C'est une nouvelle période de grande promesse.

-

-

-

049

Seulement cette fois-ci, nous avons appris que ce ne serait pas de grandes personnalités telles que Nkrumah et Kenyatta qui décideront du destin de l'Afrique.

Cette fois-ci, nous, ce.

Nous avons appris que ce ne serait pas

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050

Ce sera vous, les hommes et les femmes du Parlement ghanéen et le peuple que vous représentez.

Ce, vous.

-

Ce sera vous, les hommes et les femmes du parlement ghanéen et le peuple que vous représentez

051

Ce seront les jeunes, débordant de talent, d'énergie et d'espoir, qui pourront revendiquer l'avenir que tant de personnes des générations précédentes n'ont jamais réalisé.

Ce

-

-

052

Maintenant, pour réaliser cette promesse, nous devons tout d'abord reconnaître une vérité fondamentale à laquelle vous avez donné vie au Ghana, à savoir que le développement dépend de la bonne gouvernance.

Maintenant, nous, vous

Nous devons tout d'abord reconnaître une vérité fondamentale

...à laquelle vous avez donné vie

053

C'est l'ingrédient qui fait défaut dans beaucoup de pays depuis trop longtemps.

Depuis

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054

C'est le changement qui peut déverrouiller les potentialités de l'Afrique.

-

-

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055

Enfin, c'est une responsabilité dont seuls les Africains peuvent s'acquitter.

-

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056

Quant aux Etats-Unis et au reste de l'Occident, notre engagement ne doit pas se mesurer uniquement à l'aune des dollars que nous dépensons.

Notre, nous

Notre engagement ne doit pas se mesurer uniquement à l'aune des dollars que nous dépensons

-

057

Je me suis engagé à augmenter fortement notre aide à l'étranger, ce qui correspond à l'intérêt de l'Afrique et à celui des Etats-Unis.

Je, me, notre, ce, celui.

Je me suis engagé à augmenter fortement notre aide

-

058

Toutefois, le véritable signe de réussite n'est pas de savoir si nous sommes une source d'aide perpétuelle qui aide les gens à survivre tant bien que mal, mais si nous sommes des partenaires dans la création des capacités nécessaires pour un changement transformateur.

Nous

...si nous sommes une source d'aide perpétuelle, mais si nous sommes des partenaires dans la création

-

059

Cette responsabilité mutuelle doit être le fondement de notre partenariat.

Cette, notre.

Cette responsabilité doit être le fondement de notre partenariat

-

060

Aujourd'hui, je parlerai tout particulièrement de quatre domaines qui sont essentiels pour l'avenir de l'Afrique et de tous les pays en voie de développement : la démocratie, les possibilités économiques, la santé et le règlement pacifique des conflits.

Aujourd'hui, je, les deux points

Je parlerai tout simplement de quatre domaines

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061

Premièrement nous devons soutenir les démocraties puissantes et durables.

Nous

Nous devons soutenir...

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062

Comme je l'ai dit au Caire, chaque nation façonne la démocratie à sa manière, conformément à ses traditions.

Je

Comme je l'ai dit au Caire

-

063

Mais l'histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas.

Ceux

-

-

064

Il ne s'agit pas seulement d'organiser des élections, il faut voir ce qui se passe entre les scrutins.

Ce

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065

La répression revêt de nombreuses formes et trop de pays, même ceux qui tiennent des élections, sont en proie à des problèmes qui condamnent leur peuple à la pauvreté.

Ceux

-

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066

Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l'économie pour s'enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue.

Aucun pays ne peut

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067

Aucune entreprise ne veut investir dans un pays où le gouvernement se taille au départ une part de 20%, ou dans lequel le chef de l'autorité portuaire est corrompu.

Aucune entreprise ne veut

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068

Personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi du plus fort et à la corruption.

Personne ne veut

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069

Ce n'est pas de la démocratie, c'est de la tyrannie, même si de temps en temps on y sème une élection ça et là, et il est temps que ce style de gouvernement disparaisse.

Ce, ça, là

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070

En ce XXIème siècle, des institutions capables, fiables et transparentes sont la clé du succès des parlements puissants et des forces de police honnêtes ; des juges et de journalistes indépendants ; un secteur privé et une société civile florissants, ainsi qu'une presse indépendante.

Ce

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-

071

Tels sont les éléments qui donnent vie à la démocratie, parce que c'est ce qui compte dans la vie quotidienne des gens.

Ce

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072

Les Ghanéens ont, à maintes reprises, préféré le droit constitutionnel à l'autocratie, et ont fait preuve d'un esprit démocratique qui permet à leur énergie de se manifester.

-

-

Les Ghanéens ont, à maintes reprises, préféré le droit constitutionnel à l'autocratie...

073

Nous le voyons dans les dirigeants qui acceptent gracieusement la défaite - le fait que les concurrents du président Mills se tenaient là à ses côtés lorsque je suis descendu de l'avion en dit long sur le Ghana - et dans les vainqueurs qui résistent aux appels de l'exercice de leur pouvoir contre l'opposition de manière injuste.

Nous, les tirets, je.

Lorsque je suis descendu de l'avion...

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074

Nous voyons cet esprit se manifester dans les journalistes courageux comme Anas Aremeyaw Anas, qui a risqué sa vie pour relater la vérité.

Nous, cet.

Nous voyons cet esprit

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075

Nous le voyons dans des policiers comme patience Quaye, qui a contribué à faire traduire en justice le premier trafiquant d'êtres humains au Ghana.

Nous

Nous le voyons dans des policiers

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076

Nous le voyons dans les jeunes qui s'élèvent contre le népotisme et qui participent à la vie politique.

Nous

Nous le voyons dans les jeunes...

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077

Dans toute l'Afrique, nous avons vu de multiples exemples de gens qui prennent leur destinée en main et qui opèrent des changements à partir de la base.

Nous

Nous avons vu de multiples exemples...

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078

Nous l'avons vu au Kenya, où la société civile et le secteur privé se sont unis pour stopper la violence postélectorale.

Nous

Nous l'avons vu au Kenya

-

079

Nous l'avons vu en Afrique du Sud, où plus des trois quarts des citoyens ont voté dans la dernière élection, la quatrième depuis la fin de l'apartheid.

Nous

Nous l'avons vu en Afrique du sud

-

080

Nous l'avons vu au Zimbabwe, où le réseau de soutien au vote a bravé la brutale répression pour faire valoir le principe selon lequel le droit de vote d'un citoyen est sacré.

Nous

Nous l'avons vu au Zimbabwe

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081

Alors ne vous y trompez pas : l'histoire est du côté de ces courageux Africains, et non dans le camp de ceux qui se servent de coups d'Etat ou qui modifient les constitutions pour rester au pouvoir.

Vous, les deux points, ces, ceux.

-

Ne vous y trompez pas

082

L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts mais de fortes institutions.

-

-

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083

L'Amérique ne cherchera pas à imposer un système quelconque de gouvernement à aucune autre nation.

-

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084

La vérité essentielle de la démocratie est que chaque nation détermine elle-même son destin.

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085

Ce que fera l'Amérique, en revanche, ce sera d'accroître son aide aux personnes et aux institutions responsables, en mettant l'accent sur l'appui à la bonne gouvernance : aux parlements qui maîtrisent les abus de pouvoir et s'assurent que les voix de l'opposition peuvent s'exprimer ; à la règle de droit qui garantit l'égalité de tous devant la justice ; à la participation civile afin que les jeunes soient actifs dans la vie politique ; et à des solutions concrètes à la corruption telles que l'expertise comptable, la protection de ceux qui dénoncent les abus afin de promouvoir la transparence et la responsabilité.

Ce, ceux.

-

-

086

Et cette aide nous la fournissons.

Cette, nous.

Nous la fournissons

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087

J'ai demandé à mon gouvernement d'accorder davantage d'attention à la corruption dans notre rapport sur les droits de l'homme.

Je, mon, notre.

J'ai demandé à mon gouvernement d'accorder davantage d'attention à la corruption dans notre rapport...

-

088

Tous les gens devraient avoir le droit de démarrer une entreprise ou d'obtenir une éducation sans avoir à verser de pots de vin.

-

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089

Nous avons le devoir de soutenir ceux qui agissent de façon responsable et d'isoler ceux qui ne le font ; et c'est exactement ce que fera l'Amérique.

Nous, ceux, ce.

Nous avons le devoir de soutenir ceux qui agissent...

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090

Cela nous conduit directement à notre deuxième domaine de coopération, le soutien à un développement qui offre des débouchés aux gens.

Cela, nous, notre.

Cela nous conduit dans notre deuxième domaine...

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091

Avec une meilleure gouvernance, je ne doute pas que l'Afrique tiendra sa promesse de créer une plus vaste base pour la prospérité.

Je

Je ne doute pas que...

-

092

Témoin en est le succès extraordinaire des Africains dans mon pays d'Amérique.

Mon

Le succès extraordinaire des Africains dans mon pays

-

093

Ils se portent très bien.

-

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-

094

Ils ont donc le talent et ils possèdent l'esprit d'entreprise.

-

-

-

095

La question est de savoir comment s'assurer qu'ils réussissent ici dans leurs pays d'origine.

Ici

-

-

096

Ce continent est riche en ressources naturelles.

Ce

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-

097

Et que ce soit des chefs d'entreprises spécialisées dans la téléphonie portable ou des petits agriculteurs, les Africains ont montré leur capacité et leur volonté de créer leurs propres possibilités.

-

-

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098

Mais il faut également rompre avec de vieilles habitudes.

Il faut

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-

099

La dépendance vis-à-vis des matières premières - ou d'un seul produit d'exportation - a tendance à concentrer la richesse au sein d'une minorité, laissant la majorité vulnérable à la récession.

Les tirets

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-

100

Au Ghana, par exemple, le pétrole crée de magnifiques possibilités, et vous vous êtes préparés à ces nouveaux revenus de façon responsable.

Vous, ces.

-

Vous vous êtes préparés à ces nouveaux revenus...

101

Mais comme le savent de nombreux Ghanéens, le pétrole ne peut pas simplement remplacer le cacao.

-

-

-

102

De la Corée du Sud à Singapour, l'histoire montre que les pays réussissent lorsqu'ils investissent dans la société et dans leur infrastructure ; lorsqu'ils multiplient les industries d'exportation, se dotent d'une main-d'oeuvre qualifiée et font de la place aux petites et moyennes entreprises créatrices d'emplois.

-

-

-

103

Alors que les Africains se rapprochent de cette promesse, l'Amérique va leur tendre la main de façon plus responsable.

Cette

-

-

104

En réduisant les sommes qui vont aux consultants occidentaux et au gouvernement, nous voulons mettre plus de ressources entre les mains de ceux qui en ont besoin, tout en apprenant aux gens à faire plus pour eux-mêmes.

Nous, ceux.

Nous voulons mettre plus de ressources entre les mains de ceux qui...

-

105

C'est pourquoi notre initiative de 3,5 milliards de dollars en faveur de la sécurité alimentaire est axée sur de nouvelles méthodes et technologies agricoles, et non pas sur la simple expédition des biens et services américains vers l'Afrique.

Notre

C'est pourquoi notre initiative de...

-

106

L'aide n'est pas une fin en soi.

-

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107

L'objectif de l'aide à l'étranger doit être de créer les conditions dans lesquelles elle ne sera plus nécessaire.

-

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108

Non seulement je veux voir les Ghanéens autosuffisants sur le plan alimentaire, je veux vous voir exporter des produits alimentaires à d'autres pays et gagner de l'argent.

Je, vous.

Je veux voir les Ghanéens autosuffisants..., je veux vous voir exporter

Je veux vous voir exporter des produits alimentaires...

109

Cela, vous le pouvez.

Cela, vous.

-

Cela, vous le pouvez

110

Certes, l'Amérique peut faire plus pour promouvoir le commerce et les investissements.

-

-

-

111

Les pays riches doivent réellement ouvrir leurs portes aux biens et services de l'Afrique d'une manière significative.

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-

-

112

Ce sera d'ailleurs un des engagements de mon gouvernement.

Ce, mon.

Ce sera d'ailleurs un des engagements de mon gouvernement

-

113

Et là où il y a une bonne gouvernance, nous pouvons étendre la prospérité par le truchement des partenaires entre les secteurs public et privé qui investiront dans l'amélioration des routes et des réseaux électriques ; des programmes de formation qui apprendront aux gens comment développer leur entreprise ; et des services financiers non seulement pour les villes mais pour les régions pauvres et les zones rurales.

Là, nous.

Nous pouvons étendre la prospérité...

-

114

Cela aussi dans notre propre intérêt parce que si les gens sortent de la pauvreté et que de la richesse se crée en Afrique, il s'ensuit que de nouveaux marchés s'ouvriront pour nos propres produits.

Cela, notre, nos.

Cela aussi dans notre propre intérêt..., il s'ensuit que de nouveaux marchés s'ouvriront pour nos propres produits

-

115

Tout le monde y gagne.

-

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-

116

Un secteur qui représente à la fois un danger indéniable et une promesse extraordinaire est celui de l'énergie.

Celui

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117

L'Afrique émet moins de gaz à effet de serre que toute autre région du monde, mais elle est la plus menacée par le changement climatique.

-

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118

Une planète qui se réchauffe propagera les maladies, réduira les ressources en eau, épuisera les récoltes et créera les conditions favorables à plus de famine et plus de conflits.

-

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119

Nous avons tous - en particulier le monde développé - le devoir de ralentir ces tendances, en réduisant les effets du changement climatique et en changeant la façon dont nous utilisons l'énergie.

Nous, les tirets, ces.

Nous avons tous le devoir de ralentir ces tendances, ...et en changeant la façon dont nous utilisons l'énergie

-

120

Mais nous pouvons également coopérer avec les Africains pour transformer cette crise en occasion de progrès.

Nous, cette.

Mais nous pouvons également coopérer

-

121

Ensemble, nous pouvons coopérer en faveur de notre planète et de la prospérité et aider les pays à accroître leur accès à l'énergie tout en sautant, en contournant les phases les plus polluantes du développement.

Nous, notre.

Nous pouvons coopérer en faveur de notre planète...

-

122

Pensez-y dans l'ensemble de l'Afrique, il existe de l'énergie éolienne et solaire en abondance, ainsi que de l'énergie géothermique et des biocarburants.

-

-

Pensez-y dans l'ensemble de l'Afrique

123

De la vallée du Rift aux déserts de l'Afrique du nord ; de la Côte de l'Afrique de l'Ouest aux récoltes de l'Afrique du sud, les dons inépuisables que procure la nature à l'énergie propre et rentable à l'étranger.

-

-

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124

Il ne s'agit pas seulement des chiffres de croissance sur un bilan comptable, il s'agit de savoir si un jeune doté d'une éducation peut trouver un emploi qui lui permettra de nourrir sa famille ; si un agriculteur peut amener ses produits au marché ou si un homme d'affaires armé d'une bonne idée peut démarrer une entreprise.

-

-

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125

Il s'agit de la dignité du travail, d'une chance que doivent pouvoir saisir les Africains au XXIème siècle.

-

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126

De même que la gouvernance est une condition essentielle du progrès économique, elle revêt également une importance cruciale dans le troisième domaine que je voudrais à présent aborder, l'amélioration de la santé publique.

Je

...que je voudrais à présent aborder

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127

Ces dernières années, des progrès énormes ont été accomplis dans certaines parties de l'Afrique.

Ces

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-

128

Les gens sont beaucoup plus nombreux à vivre avec le VIH/ Sida de manière productive et à obtenir les médicaments qu'il leur faut.

-

-

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129

Je viens de visiter une merveilleuse clinique, un hôpital spécialisé dans la santé maternelle.

Je

Je viens de visiter une merveilleuse clinique

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130

Mais trop d'Africains périssent toujours de maladies qui ne devraient pas les tuer.

-

-

-

131

Lorsque des enfants meurent d'une piqûre de moustique et que des mères succombent lors d'un accouchement, nous savons qu'il reste des progrès à faire.

Nous

Nous savons qu'il reste des progrès à faire

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132

Or, du fait des incitations souvent fournies par les pays donateurs, beaucoup de médecins et d'infirmiers africains s'en vont à l'étranger ou travaillent à des programmes qui luttent contre une maladie unique.

-

-

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133

Cette situation crée des lacunes en matière des soins primaires et de prévention de base.

Cette

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134

Par ailleurs, il appartient à tout un chacun de faire sa part.

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135

Il faut faire des choix responsables de nature à prévenir la propagation de la maladie et à promouvoir la santé publique dans la collectivité et dans le pays.

-

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136

Ainsi, d'un bout à l'autre de l'Afrique, nous voyons des exemples des gens qui s'attaquent à ces problèmes.

Nous

Nous voyons des exemples des gens...

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137

Au Nigeria, des chrétiens et des musulmans ont mis en place un programme interconfessionnel de lutte contre le paludisme qui est un modèle de coopération.

-

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138

Ici au Ghana et dans toute l'Afrique, nous observons des idées novatrices visant à combler les lacunes du système de santé, par exemple des initiatives d'échanges d'informations médicales par Internet qui permettent à des médecins exerçant dans de grandes villes d'aider ceux de petites agglomérations.

Ici, nous, ceux.

Nous observons des idées novatrices visant à combler les lacunes

-

139

Les Etats-Unis appuieront ces efforts dans le cadre d'une stratégie de santé exhaustive et mondiale.

Ces

-

-

140

Car au XXIème siècle, nous sommes appelés à agir selon notre conscience et aussi dans notre intérêt commun.

Nous, notre.

Nous sommes appelés à agir selon notre conscience et aussi dans notre intérêt commun

-

141

Lorsqu'un enfant meurt à Accra d'une maladie évitable, cela nous diminue partout.

Cela, nous.

Cela nous diminue partout

-

142

Lorsque dans un coin quelconque du monde on néglige de s'attaquer à une maladie, nous savons qu'elle peut se propager à travers les océans et d'un continent à l'autre.

Nous

Nous savons qu'elle peut se propager

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143

C'est pourquoi mon gouvernement s'est engagé à consacrer 63 milliards de dollars à relever ces défis.

Mon, ces.

C'est pourquoi mon gouvernement s'est engagé

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144

En nous fondant sur les solides efforts du président Bush, nous poursuivons la lutte contre le VIH/ Sida.

Nous

Et nous fondant sur les solides efforts du président Bush, nous poursuivons la lutte...

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145

Nous ne cesserons de chercher à enrayer la mortalité due au paludisme et à la tuberculose et nous travaillerons à éradiquer la poliomyélite.

Nous

Nous ne cesserons de chercher à enrayer... et nous travaillerons à éradiquer la polio.

-

146

Il ne s'agit d'ailleurs pas de s'attaquer aux maladies isolément : nous investirons dans des systèmes de santé publique à même de prévenir la maladie et de promouvoir le bien-être, en mettant l'accent sur la santé maternelle et infantile.

Les deux points, nous.

Nous investirons dans des systèmes de santé publique

-

147

En même temps que nous unissons nos efforts en faveur d'une meilleure santé, nous devons également stopper la destruction causée non pas par la maladie, mais par les êtres humains.

Nous, nos.

En même temps que nous unissons nos efforts..., nous devons également stopper...

-

148

C'est pourquoi le denier domaine que je vais aborder se rapporte aux conflits.

Je

...que je vais aborder

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149

Soyons bien clairs : l'Afrique ne correspond pas à la caricature grossière d'un continent perpétuellement en guerre.

Les deux points

Soyons bien clairs

Soyons bien clairs

150

Mais si l'on est honnête, pour beaucoup d'Africains, le conflit fait partie de la vie ; il est aussi constant que le soleil.

On

Si l'on est honnête

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151

On se bat pour des territoires et on se bat pour des ressources.

On

-

-

152

Et il est toujours facile à des individus sans conscience d'entraîner des communautés entières dans des guerres entre religions et entre tribus.

-

-

-

153

Tous ces conflits pèsent sur l'Afrique comme un véritable boulet.

Ces

-

-

154

Nous sommes tous répartis selon nos identités diverses, de tribu et d'ethnie, de religion et de nationalité.

Nous, nos.

Nous sommes tous répartis selon nos identités diverses...

-

155

Mais se définir par son opposition à une personne d'une autre tribu, ou qui vénère un prophète différent, cela n'a aucune place au XXIème.

Cela

-

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156

La diversité de l'Afrique devrait être source de force et non facteur de division.

-

-

-

157

Nous sommes tous enfants de Dieu.

Nous

Nous sommes tous enfants de Dieu

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158

Nous partageons tous des aspirations communes : vivre dans la paix et dans la sécurité ; avoir accès à l'éducation et à la possibilité de réussir ; aimer notre famille, notre communauté et notre foi.

Nous, les deux points, notre.

Nous partageons tous des aspirations communes :... aimer notre famille, notre communauté, notre foi

-

159

Voilà notre humanité commune.

Voilà, notre.

Voilà notre humanité commune

-

160

C'est la raison pour laquelle nous devons nous élever contre l'inhumanité parmi nous.

Nous

Nous devons nous élever contre l'inhumanité parmi nous

-

161

Il n'est jamais justifiable de cibler des innocents au nom d'une idéologie.

-

-

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162

C'est un arrêt de mort, pour toute société, que de forcer des enfants à tuer dans une guerre.

-

-

-

163

C'est une marque suprême de criminalité et de lâcheté que de condamner des femmes à l'ignominie continuelle et systématique du viol.

-

-

-

164

Nous devons rendre témoignage de la valeur de chaque enfant au Darfour et de la dignité de chaque femme au Congo.

Nous

Nous devons rendre témoignage...

-

165

Aucune région, aucune culture ne doit excuser les atrocités qui leur sont infligées.

Aucune région, aucune culture ne doit

-

-

166

Nous devons tous rechercher la paix et la sécurité nécessaires au progrès.

Nous

Nous devons tous rechercher la paix

-

167

On voit d'ailleurs des Africains se mobiliser pour cet avenir.

On, cet.

On voit d'ailleurs des Africains...

-

168

Ici aussi, au Ghana, nous vous voyons contribuer à montrer la voie.

Ici, nous, vous.

Nous vous voyons contribuer à...

Nous vous voyons contribuer à montrer la voie

169

Soyez fiers, Ghanéens, de vos contributions au maintien de la paix au Congo, au Libéria ou encore au Liban, ainsi que de votre résistance au fléau du trafic de stupéfiants.

Vos, votre.

-

Soyez fiers, Ghanéens, de vos contributions au maintien de la paix au Congo, ...ainsi que de votre résistance au fléau...

170

Nous nous félicitons des mesures que prennent des organisations telles que l'Union africaine et la CEDEAO en vue de mieux régler les conflits, de maintenir la paix et de soutenir ceux qui sont dans le besoin.

Nous, ceux.

Nous nous félicitons des mesures que prennent...

-

171

Et nous encouragerons la vision d'un cadre sécuritaire régional puissant, capable de mobiliser une force efficace et transnationale lorsque cela s'avère nécessaire.

Nous, cela.

Nous encourageons la vision d'un cadre sécuritaire

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172

Il incombe aux Etats-Unis de travailler avec vous, en tant que partenaire, à promouvoir cette vision non seulement par des paroles mais aussi par des appuis qui renforcent les capacités de l'Afrique.

Vous, cette.

-

Il incombe aux USA de travailler avec vous

173

Lorsqu'il y a génocide au Darfour ou des terroristes en Somalie, ce ne sont pas simplement des problèmes africains, ce sont des défis mondiaux à la sécurité, exigeant une riposte mondiale.

-

-

-

174

C'est pourquoi nous sommes prêts à agir en partenariat, tant par la diplomatie que par l'assistance technique et l'appui logistique, et que nous soutiendrons les efforts visant à contraindre les criminels de guerre à rendre des comptes.

Nous

Nous sommes prêts à agir en partenariat, et que nous soutiendrons les efforts visant à contraindre les criminels...

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175

En outre, je tiens à le dire clairement : notre commandement pour l'Afrique ne vise pas à prendre pied sur le continent, mais à relever ces défis communs afin de renforcer la sécurité des Etats-Unis, de l'Afrique et du reste du monde.

Je, les deux points, notre, ces.

Je tiens à la dire clairement : notre commandement pour l'Afrique ne vise pas à...

-

176

A Moscou, j'ai parlé de la nécessité d'un système international où les droits universels des êtres humains soient respectés et où les violations de ces droits soient combattues.

Je, ces.

J'ai parlé de la nécessité...

-

177

Ceci doit inclure un engagement à soutenir ceux qui règlent les conflits pacifiquement, à sanctionner et à arrêter ceux qui ne le font pas, et à aider ceux qui ont souffert.

Ceci, ceux.

-

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178

Mais en fin de compte, ce seront des démocraties dynamiques telles que le Botswana et le Ghana qui diminueront les causes des conflits et élargiront les frontières de la paix et de la prospérité.

Ce

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179

Comme je l'ai déjà dit, l'avenir de l'Afrique appartient aux Africains.

Je

Comme je l'ai déjà dit

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180

Les peuples d'Afrique sont prêts à revendiquer cet avenir.

Cet

-

-

181

Dans mon pays, les Afro-américains - dont un grand nombre d'immigrés récents - réussissent dans tous les secteurs de la société.

Mon, les tirets.

Dans mon pays

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182

Cela, nous l'avons accompli en dépit d'un passé difficile et nous avons puisé dans notre force dans notre héritage africain.

Cela, nous, notre.

Cela, nous l'avons accompli en dépit d'un passé difficile et nous avons puisé dans notre force et notre héritage africain

-

183

Avec de puissantes institutions et une ferme volonté, je sais que les Africains peuvent réaliser leurs rêves à Nairobi et à Lagos, à Kigali et à Kinshasa, à Harare et ici même à Accra.

Je, ici.

Je sais que les Africains peuvent réaliser leurs rêves...

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184

Vous savez, il y a cinquante deux ans, les yeux du monde étaient rivés sur le Ghana.

Vous

-

Vous savez, il y a 52 ans, les yeux du monde étaient...

185

Et un jeune prédicateur du nom de Matin Luther King est venu ici, à Accra, pour voir amener les couleurs de l'Union Jack et hisser le drapeau du Ghana.

Ici

-

-

186

Cet événement précédait la marche sur Washington et l'aboutissement du mouvement des droits civiques dans mon pays.

Cet, mon.

...et l'aboutissement du mouvement des droits civiques dans mon pays

-

187

On a demandé à Martin Luther King quel sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance d'une nation, et il a répondu : « cela renforce ma conviction que la justice finit toujours par triompher ».

On, les deux points, les guillemets, cela, ma.

-

-

188

Aujourd'hui, ce triomphe doit être, une fois de plus, renouvelé ; et c'est vous qui devrez le faire.

Aujourd'hui, ce, vous.

-

Et c'est vous qui devrez le faire

189

Ici, je m'adresse particulièrement aux jeunes, à travers toute l'Afrique et ici même au Ghana.

Ici, je.

Ici, je m'adresse particulièrement aux jeunes

-

190

Dans des endroits comme le Ghana, vous représentez plus de la moitié de la population.

Vous

-

Vous représentez plus de la moitié de la population

191

Et voici ce que vous devez savoir : le monde sera ce que vous en ferez.

Voici, ce, vous, les deux points

-

Et voici ce que vous devez savoir : le monde sera ce que vous en ferez

192

Vous avez le pouvoir de responsabiliser vos dirigeants et de bâtir des institutions qui servent le peuple.

Vous, vos.

-

Vous avez le pouvoir de responsabiliser vos dirigeants

193

Vous pouvez servir des communautés et mettre votre énergie et votre savoir à contribution pour créer de nouvelles richesses ainsi que de nouvelles connexions avec le monde.

Vous, votre.

-

Vous pouvez servir des communautés et mettre votre énergie et votre savoir à...

194

Vous pouvez conquérir la maladie, mettre fin aux conflits et réaliser le changement à partir de la base.

Vous

-

Vous pouvez conquérir la maladie

195

Vous pouvez faire tout cela.

Vous, cela.

-

Vous pouvez faire tout cela

196

Oui, vous le pouvez.

Vous

-

Vous le pouvez

197

Car en ce moment précis, l'histoire est en marche.

Ce

-

-

198

Mais ces choses ne pourront se faire que si vous saisissez la responsabilité de votre avenir.

Ces, vous, votre.

-

...que si vous saisissez la responsabilité de votre avenir

199

Ce ne sera pas facile.

Ce

-

-

200

Cela exigera du temps et des efforts.

Cela

-

-

201

Il y aura des souffrances et des revers.

-

-

-

202

Mais je puis vous promettre ceci : l'Amérique vous accompagnera tout le long du chemin, en tant que partenaire, en tant qu'amie.

Je, vous, ceci, les deux points

Mais je puis vous promettre ceci

Mais je puis vous promettre ceci : l'Amérique vous accompagnera

203

Cependant, le progrès ne viendra de nulle part ailleurs, il doit découler des décisions que vous prendrez, des actions que vous engagerez et de l'espoir que vous porterez dans votre coeur.

Vous, votre.

-

...il doit découler des décisions que vous prendrez, des actions que vous engagerez et que vous porterez dans votre coeur

204

Ghana, la liberté est votre héritage.

Votre

-

Ghana, la liberté est votre héritage

205

A présent, c'est à vous que revient la responsabilité de bâtir sur cette fondation de liberté.

Vous, cette.

-

C'est à vous que revient la responsabilité de bâtir...

206

Si vous le faites, nous pourrons, bien des années plus tard, nous remémorer des lieux comme Accra et nous dire que c'est à ce moment là que la promesse s'est réalisée, que la prospérité s'est forgée, que la douleur a été surmontée et qu'une nouvelle ère de progrès a débuté.

Vous, nous, ce, là.

Nous pourrons nous remémorer des lieux comme Accra et nous dire que c'est à ce moment là que...

Si vous le faites...

207

Ce moment peut être celui où nous verrons, une fois de plus, triompher la justice.

Ce, celui, nous.

...où nous verrons une fois de plus

-

208

Oui, nous le pouvons.

Nous

Oui, nous le pouvons

-

209

Merci beaucoup.

-

Merci beaucoup

Merci beaucoup

210

Que Dieu vous bénisse.

Vous

-

Que Dieu vous bénisse !

211

Je vous remercie.

Je, vous.

Je vous remercie

Je vous remercie

Après avoir fait le repérage des données pertinentes, nous allons relever, en termes de fréquence, tous les énoncés et les classer selon qu'ils portent les marques d'énonciation ou non, selon qu'ils font référence au locuteur, à l'allocutaire ou au locuteur et à l'allocutaire en même temps.

Tableau n°1 : Enoncés à marques d'énonciation/ énoncés dépourvus de marques

Types d'énoncés

Fréquence

Pourcentage

Enoncés à marques d'énonciation

162

76,7 %

Enoncés dépourvus de marques

49

23,2 %

Total

211

100 %

Il ressort de ce tableau que le discours de Barack Obama est beaucoup dominé par les énoncés portant au moins une marque d'énonciation, 163, soit 77, 2%, que par ceux qui ne portent pas de marques d'énonciation, 48/ 211, soit 22, 7%. Ce qui revient à dire que ce discours est entièrement pris en charge par les interlocuteurs. Le tableau suivant représente les énoncés tels qu'ils font référence au locuteur, à l'allocutaire ou à tous les deux partenaires de l'énonciation.

Tableau n°2 : Enoncés se rapportant au locuteur, à l'allocutaire ou à tous les deux

Types d'énoncés

Fréquence

Pourcentage

Enoncés relatifs au locuteur

90

55,5 %

Enoncés relatifs à l'allocutaire

25

15,4 %

Enoncés relatifs à tous les deux

12

7,4 %

Total

127

100 %

Ce tableau prouve que dans ce discours d'Obama, nombre d'énoncés font référence au locuteur avec 90 énoncés, soit 55,5 %, sur l'ensemble de 127 énoncés ; tandis que 25 seulement, soit 15,4 %, se réfèrent à l'allocutaire. Mais 12 énoncés font, quant à eux, référence à tous les deux interlocuteurs.

Mais il y a une autre catégorie d'énoncés qui, bien que portant au moins une marque d'énonciation, ne font aucunement référence ni au locuteur ni à l'allocutaire. Ce qui nous amène à améliorer le tableau précédent.

Tableau n°2 : Enoncés se rapportant au locuteur, à l'allocutaire ou à tous les deux, et ceux ne portant pas sur les interlocuteurs

Types d'énoncés

Fréquence

Pourcentage

Enoncés relatifs au locuteur

90

55,5 %

Enoncés relatifs à l'allocutaire

25

15,4 %

Enoncés relatifs à tous les deux

12

7,4 %

Enoncés ne portant pas sur les interlocuteurs

35

21,6 %

Total

162

100 %

Section 3 : Evaluation des données

Dans cette section, nous allons évaluer ou analyser ce discours selon les pronoms d'interlocution, les modalités, la ponctuation, les formules conatives ou de bienséance. Selon les pronoms d'interlocution, nous distinguons les pronoms personnels, démonstratifs ainsi que les présentatifs. Au sujet des modalités, nous allons nous appesantir sur les verbes tels que vouloir, pouvoir, être, douter, croire, etc. Sur la ponctuation, nous nous intéresserons à tout ce qui apparaît comme signes de ponctuation dans ce discours. Rentrent aussi dans cette catégorie, les formules de bienséance qui contiennent des marques, manifestes ou non, d'énonciation et les déictiques spatio-temporels.

3. 3. 1. Les pronoms d'interlocution

a) Pronoms personnels

Ils remplissent, dans ce discours, les mêmes fonctions que les noms. Ils sont employés comme des sujets : 

E11 : Je vous parle à la fin d'un long voyage ;

E21 : Nous devons partir du principe qu'il revient aux Africains de décider de l'avenir de l'Afrique

Nous remarquons bel et bien que les pronoms Je et nous sont des sujets faisant l'action dans cette phrase.

Mais également comme objets lorsqu'ils sont compléments d'objet :

E1 : Ça me plaît ! Cela nous diminue partout

Dans cet énoncé, le pronom personnel est objet parce que complément d'objet indirect ; l'on pourrait bien poser la question ça plaît à qui ? Et y répondre ça plaît à me.

b) Pronoms démonstratifs

Ils désignent, sans les nommer, les êtres que l'on montre, ou dont on va parler, ou dont on vient de parler. Il y a des démonstratifs considérés comme purs déictiques :

E202 : Mais je puis vous promettre ceci : l'Amérique vous accompagnera tout le long du chemin, en tant que partenaire, en tant qu'amie

Le démonstratif ceci montre ce que Barack Obama promet aux Africains : le fait que l'Amérique s'emploiera à travailler avec l'Afrique comme partenaire et amie.

Mais également ceux qui se combinent avec un nom :

E180 : Les peuples d'Afrique sont prêts à revendiquer cet avenir.

Dans cet énoncé, Obama montre l'avenir comme objet de revendication des Africains. Mais il montre ce dont on a déjà parlé :

E179 : le démontre si bien : comme je l'ai dit, l'avenir de l'Afrique appartient aux Africains.

A ce niveau, il sied de parler de la notion de contexte qui est différent de celle du cotexte.98(*) L'on parle du cotexte lorsque les unités linguistiques (ce et ce) se succèdent immédiatement, c'est l'environnement discursif.

Et le contexte, quant à lui, fait allusion à l'environnement est extralinguistique.

E20 : Ce partenariat doit se fonder sur la responsabilité mutuelle et sur le respect mutuel : c'est ce dont je tiens à vous parler

Le premier ce, en tant que déictique anaphorique, relève du contexte tandis que le deuxième ce, en tant que déictique situationnel, participe du cotexte. Ce dernier indique toujours ce dont on vient de parler dans un même énoncé ou dans le précédent.

c) Présentatifs

Ces éléments (voici/ voilà) ont servi à signaler à l'attention de l'allocutaire l'apparition de nouveaux référents :

E191 : Et voici ce que vous devez savoir : le monde sera ce que vous en ferez ;

Ou encore

E159 : voilà notre humanité commune.

La seule différence que nous pouvons dégager, à ce niveau, est que voici présente ce qui vient après le propos et cela indique ce qui vient d'être énoncé ou ce dont vient de parler dans la même phrase ou dans une phrase précédente.

d) L'identité dans l'emploi de « je ».

Ce pronom personnel remplace, dans ce discours, Barack Obama qui est le locuteur.

- « Je » comme Président des USA, africain ou encore père de famille.

E87 : J'ai demandé à mon gouvernement d'accorder davantage d'attention à la corruption dans notre rapport sur les droits de l'homme

Il parle en tant que président des Etats-Unis d'Amérique et il engage, par cet acte de parole, son gouvernement à respecter ce qu'il dit.

Mais il parle encore comme un natif du continent africain :

E23 : Après tout, j'ai du sang africain dans les veines, et l'histoire de ma famille englobe aussi bien les tragédies que les triomphes de l'histoire de l'Afrique dans son ensemble

Et enfin, comme père de famille :

E06 : Je suis très reconnaissant de l'accueil que j'ai reçu, tout comme le sont Michelle, Malia et Sacha Obama.

- « Je » comme Auteur de la parole (sujet d'énoncé) ou énonciateur (sujet d'énonciation). Il est auteur de la parole ou sujet d'énoncé quand il dit :

E08 : Je voudrais remercier la présidente et tous les membres de la chambre des représentants de nous accueillir aujourd'hui

Ce que Obama dit ne lui est dicté par aucune instance énonciative, il est la personne reçue à Accra ; c'est pourquoi il remercie ceux qui l'ont accueilli avec sa famille.

Et il est énonciateur ou sujet d'énonciation quand il énonce :

E19 : Je ne considère donc pas les pays et les peuples d'Afrique comme un monde à part ; je considère l'Afrique comme une partie fondamentale de notre monde interconnecté, comme un partenaire des Etats-Unis en faveur de l'avenir que nous souhaitons pour tous nos enfants

Dans cet énoncé, ce dont parle Obama relève de l'expérience personnelle et même de l'histoire du monde entier. C'est en réalité un reproche qu'il fait à ceux qui ont considéré l'Afrique comme leur vache à lait, comme un continent qui leur sert de base de réserve pour leur survie et leur épanouissement ; ce, au détriment des populations locales. C'est qu'il fustige ce comportement mais sans accuser personne.

Mais le sujet d'énonciation coïncide avec le sujet d'énoncé dans l'énoncé :

E211 : Je vous remercie

Celui qui remercie est en même temps auteur de la parole et initiateur de ce processus d'énonciation.

A ce niveau, nous pouvons expliciter la notion de sujet parlant et de la polyphonie. Il transparaît dans ce discours que le sujet parlant dispose de deux identités :

- une identité sociale c'est-à-dire quand il est celui qui prend la parole et pourvu d'une intention communicative, c'est le locuteur :

E11 : Je vous parle à la fin d'un long voyage

Délibérément, Obama prend la parole pour informer les Ghanéens de son voyage qui l'a amené en Russie et en Italie. Il est clair qu'il a cette intention de communiquer.

- une identité discursive qui définit le sujet parlant comme un être de langage qui s'exprime à travers la mise en oeuvre du processus d'énonciation. C'est l'énonciateur :

E19 : Je ne considère donc pas les pays et les peuples d'Afrique comme un monde à part ; je considère l'Afrique comme une partie fondamentale de notre monde interconnecté, comme un partenaire des Etats-Unis en faveur de l'avenir que nous souhaitons pour tous nos enfants

Il s'inspire de la déconsidération dont les peuples africains sont victimes depuis la nuit des temps. Puisque certaines autres grandes puissances et certains anciens présidents des Etats-Unis d'Amérique n'ont pas considéré l'Afrique comme partenaire, Obama ne veut pas isoler l'Afrique dans la résolution de certains problèmes qui taraudent la mémoire africaine. C'est un partenariat qu'il veut signer avec les Africains et une sorte de réprimande à l'endroit de ceux qui avaient agi de la sorte.

Par ailleurs, il y a opposition entre production et réception. Cette opposition renvoie aux rôles que tiennent les partenaires d'un échange verbal lors de son déroulement. Successivement et alternativement, ils tiennent le rôle de celui qui produit l'acte de langage à l'adresse d'un autre, et de celui qui reçoit un acte de langage et tente de l'interpréter :

E203 : Cependant, le progrès ne viendra de nulle part ailleurs, il doit découler des décisions que vous prendrez, des actions que vous engagerez et de l'espoir que vous porterez dans votre coeur

La notion de la polyphonie est de nouveau avérée. C'est après avoir constaté que toutes les grandes puissances ne servent que leurs intérêts, qu'Obama invite les peuples africains à poser des actes positifs d'appréciation afin de prendre leur destin en mains et réaliser leur progrès. Cela revient à dire qu'aucun énoncé dans ce discours n'est prononcé par pur hasard. Tout ce dont il parle, il le sait pertinemment bien et le tient de son expérience personnelle ainsi que de l'histoire. Il n'est donc pas externe à ce discours.

e) Le « nous » : inclusif ou exclusif

Il est inclusif quand il inclut le locuteur et son ou ses interlocuteur(s) donc, moi+tu ou vous ; et il est exclusif quand il est composé de moi+il ou ils :

E119 : Nous avons tous - en particulier le monde développé - le devoir de ralentir ces tendances, en réduisant les effets du changement climatique et en changeant la façon dont nous utilisons l'énergie

Le nous est exclusif parce que ceux à qui il parle ne sont pas concernés par ce propos relatif à la pollution de l'environnement. Ce qui justifie l'emploi des tirets dans cet énoncé ; et l'incise encadrée par ce tiret, en donne la précision. C'est dire qu'Obama invite ceux qui polluent l'environnement, y compris les Etats-Unis d'Amérique, à réduire les effets du changement climatique et à utiliser l'énergie de façon efficiente.

Mais le nous est également inclusif :

E121 : Ensemble, nous pouvons coopérer en faveur de notre planète et de la prospérité et aider les pays à accroître leur accès à l'énergie tout en sautant, en contournant les phases les plus polluantes du développement

Ici, le nous est inclusif parce qu'il est formé de Je, celui qui parle, et de vous, ceux à qui il parle. Bien qu'Obama parle, dans cet énoncé, à tous ses auditeurs, il s'adresse avant tout à ceux qui l'écoutent immédiatement, les Ghanéens.

2.3.2. Le pronom indéfini On

En général, les pronoms indéfinis servent à désigner d'une manière vague et indéterminée, des personnes ou des choses dont l'idée est exprimée ou non, avant ou après.99(*)

Il peut recevoir une interprétation générique :

E151 : On se bat pour des territoires et on se bat pour des ressources

Le terme est vraiment générique parce qu'on ne sait pas qui se bat pour les territoires et pour les richesses. Mais à y voir attentivement, ceux qui se battent pour les territoires peuvent être les grandes puissances pour raison d'hégémonie et aussi les peuples autochtones entre eux pour raison d'espace vital.

Le pronom indéfini on est non générique et peut s'identifier aux pronoms personnels je, tu ou il avec lesquels il commute, mais il est toujours en position de sujet du verbe.

E167 : On voit d'ailleurs des Africains se mobiliser pour cet avenir.

Il appert que ce pronom indéfini « on » a un caractère insaisissable en ce sens qu'il est moins une unité désignant un référent fixe qu'une frontière entre ce qui est identifiable et ce qui ne l'est pas.

3. 3. 3. Les déictiques spatio-temporels

- Temporels

Ces déictiques sont identifiés à partir du point de repère des indications temporelles. Ce point de repère est le moment d'énonciation. Ainsi, le morphème aujourd'hui utilisé dans ce discours peut se rapporter au temps de l'énonciation :

E60 : Aujourd'hui, je parlerai tout particulièrement de quatre domaines qui sont essentiels pour l'avenir de l'Afrique et tous les pays en voie de développement : la démocratie, les possibilités économiques, la santé et le règlement pacifique des conflits

Ici, Aujourd'hui veut dire au moment où il parle ici et maintenant ; c'est-à-dire que demain il ne parlera certainement d'autres choses et exactement pas au même moment. Donc, cet aujourd'hui a une visée durative fermée.

Mais ce morphème ne garde pourtant pas la même signification ou n'a pas la même compréhension partout :

E188 : Aujourd'hui, ce triomphe doit être, une fois de plus, renouvelé ; et c'est vous qui devrez le faire

Dans cet énoncé, il est quelque peu nuancé et revêt une visée durative ouverte. Cet aujourd'hui est continuel dans le temps, dans la chronologie. Si ce triomphe n'est pas renouvelé aujourd'hui, il le sera peut être demain ou après demain. Il y a également des déictiques temporels tels que : durant, jouur après jour, année par année.

- Spatiaux

Nous avons identifié, dans ce discours, deux déictiques spatiaux, ici et là, grammaticalement entendus comme adverbes de lieu. « Ici » a deux valeurs distinctes.

Il renvoie à un lieu qui englobe l'énonciateur au moment même de l'énonciation :

E168 : Ici aussi, au Ghana, nous vous voyons contribuer à montrer la voie 

Ici dans cet énoncé, indique l'endroit où se trouve Obama quand il parle.

Cet adverbe Ici peut indiquer parfois un endroit autre que celui dans lequel se trouve l'énonciateur, il montre, à ce titre, la direction ou un autre endroit que l'énonciateur détermine à l'extérieur de lui-même :

E189 : Ici, je m'adresse particulièrement aux jeunes, à travers toute l'Afrique et ici même au Ghana

Nous pouvons donc retenir, dans cet énoncé que le premier adverbe ici indique un endroit à l'extérieur de l'énonciateur et le deuxième ici, lui, indique le lieu qui englobe même l'énonciateur.

Le déictique «  », le plus souvent dans la langue française, neutralise l'opposition entre lui et ici et marque une localisation indépendamment de la prise en compte du degré de proximité :

E113 : Et où il y a une bonne gouvernance, nous pouvons étendre la prospérité par le truchement des partenaires entre les secteurs public et privé qui investiront dans l'amélioration des routes et des réseaux électriques...

L'endroit auquel Barack Obama fait allusion n'est ni fixe ni précis ; il est volatile et difficile à localiser. Il peut s'identifier à tout endroit que l'énonciateur pourrait éventuellement indiquer.

Mais il change de signification et être utilisé comme indicateur de ce dont on parle, a parlé ou parlera.

E40 : Or, nous savons que ce n'est pas toute l'histoire 

Ce renvoie au contexte historique de l'Afrique ; en d'autres termes, il veut dire que l'histoire de l'Afrique n'est seulement composée de l'histoire de sa famille, il y a tant d'autres événements dont il n'a pas parlé.

Mais ce déictique indique également un moment éloigné par rapport au temps de l'énonciation :

E206 : Si vous le faites, nous pourrons, bien des années plus tard, nous remémorer des lieux comme Accra et nous dire que c'est à ce moment-là que la promesse s'est réalisée, que la prospérité s'est forgée, que la douleur a été surmontée et qu'une nouvelle ère de progrès a débuté

Il y a donc l'idée d'opposition à ici et maintenant.est tourné vers le futur dans cette perspective.

3. 3. 4. La ponctuation

a) les guillemets s'emploient pour encadrer une citation ou encore un discours direct :

E187 : On a demandé à Martin Luther King quel sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance d'une nation, et il a répondu : « cela renforce ma conviction que la justice finit toujours par triompher ».

C'est bien clair qu'Obama reproduit le propos que Martin Luther King avait tenu il y a cinquante deux ans.

b) les deux points sont employés pour annoncer :

Ø Une citation :

E187 : On a demandé à Martin Luther King quel sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance d'une nation, et il a répondu : « cela renforce ma conviction que la justice finit toujours par triompher »

Comme nous l'avons évoqué ci-haut, la citation est bel et bien identifiable dans cet énoncé qui reproduit le discours de Martin Luther King.

Ø Une énumération :

E60 : Aujourd'hui, je parlerai tout particulièrement de quatre domaines qui sont essentiels pour l'avenir de l'Afrique et de tous les pays en voie de développement : la démocratie, les possibilités économiques, la santé et le règlement pacifique des conflits.

Parce qu'il était appelé à faire preuve de son intelligence et de l'intérêt porté sur le continent de ses aïeux, Barack Obama a axé son propos sur quatre points essentiels énumérés ci-haut. Cette énumération paraît comme le condensé de tout son propos du jour.

Ø Une explication :

E14 : Et me voici, enfin, au Ghana pour une simple raison : le XXIème siècle sera influencé par ce qui se passera non seulement à Rome et à Moscou ou à Washington, mais aussi à Accra ;

Le Ghana est un pays qui a fait preuve de maturité démocratique. Le passage du bâton de commandement du parti au pouvoir, avec l'ancien président John Kuffor, vers l'opposition avec l'actuel John Atta Mills en est la preuve tangible. C'est ainsi que Obama, lui-même issu du parti démocrate aux Etats-Unis, donne la raison pour laquelle il a choisi le Ghana comme pays hôte et à partir duquel il devrait s'adresser à tous les Africains.

Ø Une conséquence :

E45 : Ce progrès ne possède sans doute pas l'aspect dramatique des luttes de libération du XXème siècle, mais que personne ne s'y trompe : il sera, en fin de compte, plus significatif

L'énonciateur appelle les Africains à la vigilance car le progrès qu'ils appellent de tout leur voeu n'a rien de dramatique en lui. Si alors ces Africains se comportent de la sorte, subséquemment ce progrès sera inévitablement réalisé.

Ø Une analyse :

E149 : Soyons bien clairs : l'Afrique ne correspond pas à la caricature grossière d'un continent perpétuellement en guerre

L'analyse d'Obama est à la fois une interpellation à l'endroit des Africains en ce sens qu'ils se laissent manipuler par les forces rebelles, souvent soutenues par des grandes puissances qui y font main basse ; et une menace à l'endroit de ces prédateurs et autres acteurs de guerre qui cherchent à tout prix à criminaliser le continent africain et tirer leur gibier.

Ø La synthèse de ce qui précède :

E191 : Et voici ce que vous devez savoir : le monde sera ce que vous en ferez

Après leur avoir parlé en long et en large, Obama leur donne alors l'idée maîtresse telle un leitmotiv, une maxime qui doit s'ériger en mode de vie au quotidien des Africains.

d) le tiret utilisé pour séparer des mots, des propositions :

E32 : Toutefois, malgré les progrès obtenus - et il y a eu des progrès considérables dans certaines parties de l'Afrique - nous savons aussi que cette promesse est encore loin de se réaliser

Pour préciser ou donner une idée complémentaire :

E119 : Nous avons tous - en particulier le monde développé - le devoir de ralentir ces tendances, en réduisant les effets du changement climatique et en changeant la façon dont nous utilisons l'énergie

En grammaire, cette incise donne la précision ; mais dans l'énonciation, nous pouvons dire que cette incise est un message approprié pour un destinataire approprié. Car, au sujet de la pollution de l'environnement et du changement climatique, Obama ne pouvait s'adresser qu'aux pays industrialisés tels qu'il les appelle monde développé. C'est là même la polyphonie.

3. 3. 5. Les modalités

Elles sont introduites par certains verbes tels que vouloir, pouvoir, être, douter, croire. Ces verbes peuvent être à la forme négative ou affirmative, alors ils dégagent l'idée de volonté :

E68 : Personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi du plus fort et à la corruption.

Le locuteur met en garde tous les corrupteurs, corrompus et corruptibles et rassure et encourage les populations civiles à briser la spirale du silence lorsque celui-ci s'avoue moins fort que la parole. C'est dire qu'il les invite à ne pas tolérer la corruption et à inciter les pouvoirs publics à appliquer la force de la loi et non la loi de la force. Ici, il accomplit l'acte assertif et même directif par qu'il interpelle en même temps, les pays africains à la règle de droit.

Ø L'idée du devoir :

E165 : Aucune région, aucune culture ne doit excuser les atrocités qui leur sont infligées

Les pouvoirs publics africains et les gouvernements sont conviés ici au respect des droits de l'homme où qu'il se trouve ; et les peuples, souverain primaire, à être trop regardant à leur endroit et à sanctionner ceux qui bafouent la dignité humaine et les droits humains. En termes d'actes de langage, la force illocutoire renfermée dans cet énoncé est l'acte directif. Il appelle les Africains à ne pas laisser leurs dirigeants commettre des atrocités dont ils sont victimes.

Ø L'idée de possibilité :

E66 : Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l'économie pour s'enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue.

Encore une fois de plus, Obama prône le respect des droits de l'homme, les policiers qui sont appelés à ne pas transiger lorsqu'il y a un cas de justice ; mais il s'appesantit plus sur la bonne gouvernance en vue d'une forte économie susceptible de déboucher sur la richesse de tous les peuples et non d'une classe restreinte, l'embourgeoisement et l'enrichissement illicites. L'acte de langage est très assertif.

Ø L'idée de conviction :

E91 : Avec une meilleure gouvernance, je ne doute pas que l'Afrique tiendra sa promesse de créer une plus vaste base pour la prospérité

La bonne gouvernance est la clé de voûte pour développer les pays pauvres. Et c'est à cela qu'Obama exhorte les pays africains en vue d'une prospérité qui perdure. Ici, Obama est trop expressif, il révèle ses convictions par rapport à l'économie des pays africains.

Ø L'idée de nécessité :

E66 : Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l'économie pour s'enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue

Il y a nécessité de bien payer les policiers pour qu'ils fassent leur travail comme il se doit sans complaisance. Il y a également nécessité de créer la richesse mais à condition que les dirigeants de différents Etats exploitent à bon escient l'économie de leurs pays respectifs.

3. 3. 6. Les formules de bienséance ou conatives

Très souvent dans les formules de bienséance, le « Je » est occulté :

E04 : Bon après-midi à tous !

L'on identifie dans cet énoncé la fonction conative de la communication. Celui qui souhaite un bon après-midi aux autres n'est explicitement identifiable, la marque d'énonciation est non manifeste, le je étant occulté. Or, il n'y a que celui qui est doté de l'intention communicative à l'endroit de ceux qui l'écoutent qui peut souhaiter un bon après-midi à ceux-ci.

Mais, dans certaines formules de bienséance, le je est manifeste :

E211 : Je vous remercie !

Ces remerciements ne sont pas à confondre avec ceux dont il a fait montre lorsqu'il est accueilli. Ici, il les remercie de lui avoir accordé l'attention tout au long de son allocution. Mais la formule utilisée reste la même.

3. 3. 7. Eléments intertextuels

Ø Allusion :

E03 : J'aime bien le son, cela me rappelle Louis Armstrong

Louis Armstrong est trompettiste américain de la ville de Floride dans l'Etat de la Louisiane aux Etats-Unis. En appréciant ce son qui retentit pour l'accueillir, Obama fait allusion à celui de Louis Daniel Armstrong, un autre noir américain, il prouve, à ce sujet, qu'il est non seulement président américain mais également un Africain appréciant les siens.

Ø Pastiche ou parodie :

E21 : Nous devons partir du principe qu'il revient aux Africains de décider de l'avenir de l'Afrique

En disant cela, Obama reprend l'idée de l'ancien président américain, Théodore Woodrow Wilson auteur du principe : l'Amérique aux Américains.

Ø Parole d'autres personnes :

E187 : On a demandé à Martin Luther King quel sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance d'une nation, et il a répondu : « cela renforce ma conviction que la justice finit toujours par triompher »

Nous n'avons pas trouvé cette parole de Martin Luther dans un document quelconque, mais parce que lui-même Obama le dit bien on a demandé à Martin Luther King, cela signifie que c'est la parole d'une autre personne. C'est ainsi que nous classons cet énoncé dans la catégorie des éléments intertextuels se rapportant aux paroles d'autres personnes.

Cette évaluation nous a permis de comprendre que lorsque les hommes politiques parlent, leurs propos sont toujours polysémiques. Ce qui requiert une grille de lecture attentive et appropriée pour mieux cerner la substance de leurs propos. L'approche pour laquelle nous avons opté a joué également un rôle prépondérant dans cette évaluation en ce sens qu'elle nous a permis, le cas échéant, de dégager les différentes positions que prend Obama face aux enjeux mondiaux en général et ceux africains en particulier.

Le deuxième enseignement que nous avons tiré de cette évaluation est que, du point de vue théorique, un destinataire n'est l'égal de l'allocutaire ; car dans l'activité discursive, il apparaît d'autres instances énonciatives qui, par leur évidence, dictent voire, influent sur l'énonciation et même sur l'énonciateur. Nous l'avons démontré tout au long de cette analyse ; et dans le cadre de ce travail, le locuteur est beaucoup plus énonciateur que locuteur.

L'approche énonciative, quant à elle, englobe en son sein trois théories à savoir, l'appareil énonciatif selon Emile Benveniste, la polyphonie selon Oswald Ducrot ainsi que la notion du sujet parlant telle que déployée par Dominique Maingueneau et Patrick Charaudeau. Ces trois approches se tiennent et nous ont suffisamment éclairé dans la recherche du statut de l'énonciateur et de l'allocutaire. La tache nous a semblé quelque peu aisée dans l'analyse de ce corpus en vue d'en saisir le vrai sens et les contours quoi que l'analyse ait exigé, de notre part, une attention soutenue pour parvenir aux résultats attendus.

Interprétation des données

Avant de commencer cette interprétation, nous devons partir du principe selon lequel tout discours, tout texte, quels qu'ils soient, sont muets en ce sens qu'il n'y a pas des mécanismes susceptibles d'éclairer ou mieux de dévoiler les intentions réelles sous-jacentes à ce discours ou à la rédaction d'un texte. La tache étant dorénavant compliquée et même complexe, nous avouons que les interprétations que nous allons faire à propos de ce discours, ne sont pas une sinécure, une perfection. C'est ainsi que nous laisserons toujours une certaine béance dans notre interprétation.

Ceci étant, il ressort de cette analyse que Obama, parmi ses frères et soeurs africains, apparaît tout d'abord comme un conseiller de l'Afrique, mieux des Africains. Dans tous ses propos, il ne cesse d'interpeller ses congénères à prendre des décisions positives en acceptant les responsabilités qui sont les leurs pour un meilleur avenir. C'est ainsi qu'il met en exergue le principe qui dispose que l'avenir des Africains dépend des Africains et leur progrès ne viendra de nulle part ailleurs que d'eux-mêmes.

Cette assertion est soutenue par le fait que le discours en soi est totalement pris en charge par l'énonciateur et l'allocutaire. Mais la plupart des énoncés qui portent les marques d'énonciation se rapportent plus à l'énonciateur qu'à l'allocutaire. Ce qui prouve qu'il est initiateur de ce processus d'énonciation ; il est toujours en duo avec son allocutaire ou interlocuteur. Le fait qu'il ait déjà dit qu'il a aussi du sang africain dans ses veines, mettait déjà son interlocuteur dans une position très confortable et de confiance.

Toutefois, il ne pouvait se parler à lui-même ; c'est ainsi qu'apparaît aussi l'allocutaire, bien que la fréquence de ses interventions énonciatives soit faible en termes de pourcentage. Tel est le cas parce que l'allocutaire, dans ce discours, est en quelque sorte récepteur passif certes, mais présent dans cette allocution. Le locuteur énonciateur l'enjoint à l'action chaque fois qu'il prononce des paroles d'appel et d'interpellation telles que : cela, vous le pouvez, nous pouvons ensemble, ce n'est plus l'époque Nkrumah et Diomo Kenyatta, c'est vous hommes et femmes du Parlement ghanéen, etc. ce qui justifie d'ailleurs la présence récurrente du tandem Je-tu dans ce discours.

Le récepteur paraît inactif alors que chaque fois que Barack Obama parle il accomplit l'un des actes de langage : directif, assertif, promissif, déclaratif, expressif. Ce qui confirme que le locuteur énonciateur enjoint le récepteur à son action.

CONCLUSION

Ce travail a tourné autour du discours de Barack Hussein Obama devant le Parlement ghanéen à Accra. Cette recherche était mobilisée autour de la question suivante : Quel est le statut de l'énonciateur et celui du destinataire dans le discours d'Obama à Accra ? La réponse provisoire ou l'hypothèse était formulée de la manière suivante : l'énonciateur est à la fois locuteur (sujet d'énoncé) et énonciateur (sujet d'énonciation) ; et également le destinataire est à la fois destinataire et allocutaire. Notre corpus était composé d'un seul texte, le discours même de Barack Obama qui comptait dans son ensemble, 211 énoncés ; et nous avons l'énoncé comme unité d'enregistrement, l'énoncé.

Pour parvenir aux résultats de notre recherche, nous avons commencé par classer tous les énoncés dans un tableau en vue d'en relever les marques d'énonciation ou de discours. Après ce classement des énoncés dans le tableau, nous avons dégagé toutes les références nominales au locuteur et à l'allocutaire et aussi à tous les deux, c'est-à-dire le locuteur et l'allocutaire.

Nous avons ensuite réparti les énoncés selon qu'ils portent au moins une marque d'énonciation tout en cherchant aussi à savoir combien en sont dépourvus. Cette étape était suivie de l'évaluation des données, de la synthèse de cette évaluation et de l'interprétation des résultats.

Après tout ce travail, nous pouvons dire que notre hypothèse est confirmée en ce sens que Barack Obama, bien qu'étant beaucoup plus énonciateur que locuteur dans ce discours, il revêt tout de même le double statut, locuteur et énonciateur ; et l'allocutaire également a un double. Tantôt Obama s'adresse au destinataire, tantôt aux auditeurs. Tout porte donc à croire que l'initiateur de ce processus d'énonciation est bel et bien Barack Obama. Dans la majorité, c'est lui qui prend en charge toute l'allocution et la tient du début à la fin. On peut le constater à travers les pronoms Je et nous qui montrent que, non seulement le locuteur est énonciateur, mais qu'en plus, il engage l'allocutaire/ destinataire à l'action.

BIBLIOGRAPHIE

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- WOLTON D., Communiquer c'est cohabiter, essai, France, Editions Sciences humaines, 1998.

II. MEMOIRES ET THESES

- BAKANKUMU SAMA, Discours de Laurent Désiré Kabila du 17 mai 1997 au 2 août 1998, la pragmatique énonciative, Mémoire, Kinshasa, IFASIC, 2000.

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- KOKOLO H., L'Exotopie des intellectuels Kinois, Thèse de doctorat, IFASIC, Kinshasa 2007.

- TSHELA BAMUBILE M.C., La transition politique congolaise et les discours politiques de quatre vice-présidents, approche sémio narrative, Mémoire, Kinshasa, IFASIC, 2005.

- TSHINGUTA MUKENDI, Les promesses dans les discours de Joseph Kabila, Analyse de contenu, Mémoire, Kinshasa, IFASIC, 2002.

III. ARTICLES

- LIONNET C., Etats-Unis : Où sont passés les wasp ? in Jeune Afrique n° 2575 du 16 au 22 mai 2010.

IV. REVUES

- DIKANGA KAZADI, J.-M., « La communication politique dans l'espace public médiatique. Cas du processus de démocratisation en République Démocratique du Congo 1990-1997 », in 40 ans d'indépendance. Mythes et Réalités ? Questions politiques, Tome IV, Lubumbashi, PUL, 2004.

V. WEBOGRAPHIE

- AMANDA R., « The Story of Barack Obama's Mother», in Le Times du 09 avril 2008.

- COSTE P., «  Qui est Barack Obama? », in L'Express du 17 janvier 2008.

- GRANGEREAU P., « Obama plus ferme que Bush sur Jérusalem », in Libération et Reuters du 7 juin, consulté 2 juillet 2009.

- JAUBERT A., « Dire et plus ou moins dire. Analyse pragma-énonciative de figures (euphémisme et litote) », in Atelier de théorie littéraire de la Journée CONSCILA du 19 octobre 2007, Université de Nice Sophia-Antipolis, ILF, CNRS UMR 6039, 2007.

- LESNES C., « Dick Cheney, un nationaliste sans état d'âme », in Le Monde du 16 janvier 2009.

- http://www.Wolton.cmms.fr/glossaire/-espace-public.htm

TABLE DES MATIERES

Epigraphe........................................................................................I

In memoriam....................................................................................II

Dédicace..........................................................................................III

Remerciements ................................................................................IV

0. INTRODUCTION 1

1. ETAT DE LA QUESTION 1

2. ETAT DE LA LITTERATURE 4

3. PROBLEMATIQUE 6

4. HYPOTHESE 7

5. METHODES ET TECHNIQUES D'APPROCHE 7

6. DELIMITATION DU SUJET 8

7. DIVISION DU TRAVAIL 8

PREMIER CHAPITRE : CONSIDERATIONS CONCEPTUELLES ET THEORIQUES 10

Section 1 : Considérations conceptuelles 10

1.1. Communication 10

1. 2. Communication politique 12

1. 2. 1. Communication politique et espace public 14

1. 2. 2. Communication politique comme agir politique 16

1. 2. 3. Caractéristiques de la communication politique 17

1. 2. 4. Rôle et fonction de la communication politique 19

1. 3. Espace public 22

1. 3. 1. L'approche Habermassienne de l'espace public 22

1. 3. 2. L'espace public selon par Annah Arendt 24

1. 3. 3. L'espace public selon Dominique Wolton 24

1. 3. 4. Espace commun - Espace public - Espace politique 26

1. 4. Discours 26

1. 5. Discours politique 32

1. 5. 1. Typologie de discours politique 34

1. 6. Enonciateur/Enonciataire 36

1. 7. Destinateur/ Destinataire 37

Section II : Assises théoriques 37

2.1. La théorie de l'énonciation 38

2. 2. Le statut du locuteur et/ou de l'énonciateur 39

2. 3. La nouvelle polyphonie selon Oswald Ducrot 42

2. 3. La notion du sujet parlant 44

DEUXIEME CHAPITRE : BARACK HUSSEIN OBAMA 47

2.1. Contexte d'émergence de l'élection de Barack Obama 47

2. 2. Origines familiales, enfance et jeunesse 49

2. 2. 1. Famille paternelle 49

2. 2. 2. Famille maternelle 51

2. 2. 3. Une famille recomposée 52

2. 3. Études, famille et carrière professionnelle 53

2. 4. Premières expériences professionnelles (1983-1985) 53

2. 5. Harvard (1988-1991) 54

2. 6. De la carrière politique 54

2. 6. 1. Carrière politique locale (1994-2004) 54

2. 6. 2. Carrière politique nationale (2004-2008) 55

6. 3. Élection présidentielle de 2008 57

2. 6. 3. 1. Les élections primaires 57

2. 6. 3. 2. Election présidentielle 59

2. 6. 3. 3. Investiture 62

2.6.4. Campagne électorale 63

2. 6. 5. Prix Nobel de la paix 2009 66

2. 6. 6. De l'Administration Obama 66

2. 6. 7. Doctrine politique 68

2. 6. 8. Politique étrangère 69

TROISIEME CHAPITRE : ANALYSE DU DISCOURS D'OBAMA 71

Section 1 : Protocole méthodologique 71

Section 2 : Repérage des données pertinentes 75

Section 3 : Evaluation des données 109

3. 3. 1. Les pronoms d'interlocution 110

2.3.2. Le pronom indéfini On 117

3. 3. 3. Les déictiques spatio-temporels 117

3. 3. 4. La ponctuation 120

3. 3. 5. Les modalités 123

3. 3. 6. Les formules de bienséance ou conatives 125

3. 3. 7. Eléments intertextuels 126

CONCLUSION 130

BIBLIOGRAPHIE 131

TABLE DES MATIERES 136

* 1 LIONNET C., « Etats-Unis : Où sont passés les wasp ? » in Jeune Afrique n° 2575 du 16 au 22 mai 2010.

* 2 DREI, R., Les postures d'analyse discursive, éd. Langues vivantes, Paris, 1987, p. 31.

* 3 En droit constitutionnel, la confédération est une association des Etats ayant délégué une certaine parcelle de pouvoir aux organes communs et établis par eux-mêmes. Cependant, ces Etats demeurent indépendants les uns envers les autres.

* 4 TSHELA BAMUBILE M.C., La transition politique congolaise et les discours politiques de quatre vice-présidents, approche sémio narrative, Mémoire, Kinshasa, IFASIC, 2005.

* 5 TSHINGUTA MUKENDI, Les promesses dans les discours de Joseph Kabila, Analyse de contenu, Mémoire, Kinshasa, IFASIC, 2002.

* 6 BAKANKUMU SAMA, Discours de Laurent Désiré Kabila du 17 mai 1997 au 2 août 1998, la pragmatique énonciative, Mémoire, Kinshasa, IFASIC, 2000.

* 7 C'est-à-dire que le fait communicationnel est toujours intentionnel, il est produit dans le but d'atteindre tel ou tel autre objectif. EKAMBO DUASENGE, J-C., Paradigmes en Communication, éd. IFASIC, Kinshasa, 2004, p. 43.

* 8 ATTALAH P., Théories de la Communication, histoires, contexte, pouvoir, Presse de l'Université de Québec, Janvier 1989.

* 9 WAMEN, K., et alii cité par Henri Kokolo, l'Exotopie des intellectuels Kinois, Thèse de doctorat, IFASIC,Kinshasa 2007, p. 29

* 10 EKAMBO DUASENGE J.C., Nouvelle anthropologie de la Communication, éd. IFASIC, Kinshasa, p. 27.

* 11 WATZLAWICK P., Une logique de la communication, Paris, Seuil, 1967.

* 12 WOLTON D., Communiquer c'est cohabiter, essai, France, Edition Sciences humaines, 1998.

* 13 MAIGRET E., Sociologie de la communication et des médias, Paris, Armand Colin, 2004.

* 14 NIMMO D., et SANDERS K., Handbook of political communication, cité par Dominique Wolton, La communication politique: construction d'un modèle, in Hermès IV, Paris CNRS, 1990, p. 27-42.

* 15 GINGRAS, A. M., cité par Godefroid ELITE IPONDO, op. cit., p. 89.

* 16 LAMIZET, B., Communication Politique, Institut d'Etudes Politiques de Lyon, 2002 - 2003, p. 8.

* 17 GINGRAS, A.-M., La communication politique. Etat des savoirs, enjeux et perspectives, Sainte- Foy, PUQ, 2003, p. 65.

* 18 WOLTON, D., Les contradictions de la communication politique in CABIN Philippe, La communication. Etat de savoirs, Auxerre, Ed. des Sciences Humaines, 1996, p. 334.

* 19 TOURNIER, M., Espaces in BONNAFOUS S. et Cie, Argumentation et discours politique, Rennes PUR, 2003, p.262.

* 20 GERSTLE, J., La communication politique, Paris, PUF, 1992, p. 9

* 21 COTTERET, J., Gouvernants et Gouvernés, la communication politique, Paris, PUF, 1973, p. 5.

* 22 BONGRAND, M., Le Marketing politique, Que sais-je ? 1986, p. 5.

* 23 WOLTON, D., op. cit., p. 35.

* 24 WOLTON, D., op. cit., p. 35.

* 25 Idem, p. 36.

* 26 WOLTON, D., op. cit., p. 36.

* 27 WOLTON, D., op. cit., p. 37

* 28 http://www.Wolton.cmms.fr/glossaire/-espace-public consulté le 22.11.2009.

* 29 MIEGE, B., La société conquise par la communication, Grenoble, PUG, 1989, p. 56.

* 30 HABERMAS, J., cité par MAIGRET, E., Sociologie de la communication et des médias, Paris, Armand Colin, 2004, p. 211.

* 31 http://www.Wolton.cmms.fr/glossaire/-espace-public.htm consulté le 22.04.2010.

* 32 BRETON, P. et PROULX, S., L'explosion de la communication. A l'aube du XXème siècle, Paris, La Découverte, 2002, p. 204.

* 33 REIFEL, R., Sociologie des médias, Paris, Ellipse, 2001, p. 31.

* 34 GERSTLE, J., La communication politique, Paris, PUF, 1992, p.24.Cfr. aussi l'édition de 2004, chez Armand Colin.

* 35 Ibidem.

* 36 BRETON, P. et PROULX, S., op.cit., p. 204.

* 37 RICOEUR, P., Lectures 1. Autour du politique, Paris, Seuil, 1991, p. 62.

* 38 http://www.Wolton.cnrs.fr/glossaire/-espace-public.htm consulté le 22.07.2009.

* 39 Ibidem.

* 40 DIKANGA KAZADI, J.-M., La communication politique dans l'espace public médiatique. Cas du processus de démocratisation en République Démocratique du Congo 1990-1997, in 40 ans d'indépendance. Mythes et Réalités ? Questions politiques, Tome IV, Lubumbashi, PUL, 2004, pp. 347-363.

* 41 DIKANGA KAZADI, J.-M., op cit., pp. 347-363.

* 42 http:/www.Wolton.cnrs.fr/glossaire/-espace-public.htm consulté le 22.04.2010.

* 43 Ibidem.

* 44 GOB, J., Précis de littérature française, Bruxelles. De Boeck 1963, p. 261-267 .

* 45 ELITE IPONDO, G. G., Eglise et démocratie: Analyse du discours politique de l'épiscopat catholique du Congo, Approche sémio-pragmatique, thèse de doctorat, IFASIC, Kinshasa, 2005, pp. 19-20.

* 46 MAINGUENEAU, D., Initiation aux méthodes d'analyse de discours, Paris, Hachette, 1976, p.11-12.

* 47 LAROUSSE, Grand usuel Larousse, Dictionnaire encyclopédique, éd. Larousse-Bordas, Paris, 1997, pp. 2293-2294.

* 48 MAINGUENEAU, D., Nouvelles tendances de l'analyse du discours, Paris, Hachette, 1987, pp. 6-7.

* 49 ELITE IPONDO, G.G., op. cit.

* 50 MAINGUENEAU, D., Analyse des textes de communication, Paris, Fernand Nathan 2000, pp. 38-43.

* 51 ELITE IPONDO, G.G., op. cit., p. 89.

* 52 MARCHAND, F., Manuel de linguistique appliquée. T3. Les analyses de la langue française : grammaire, vocabulaire, analyse du discours, Paris, Delagrave, 1972, p. 193.

* 53 DUVERGER, M., Introduction à la science politique, Paris, Gallimard, 1985.

* 54 RICOEUR, P., op. cit., p. 166.

* 55 WINDISCH, U., Le K O verbal. La communication conflictuelle, Giromagnes, L'Age de l'homme. 1987.

* 56 CHARLAND, J., Les formes de discours en politique, éd. Seuil, Paris, 1978, p. 88.

* 57 GREIMAS, A.J., et COURTES, J., Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Paris, Hachette supérieur, 1993, p. 125.

* 58 GREIMAS, A.J., et COURTES, J., op. cit., pp. 94-95.

* 59 ORECCHIONI, C. K., Sciences de l'information et de la communication, Larousse, Paris, 1993, p. 179.

* 60 Repris plus tard dans les Problèmes de linguistique générale, 1966.

* 61 Dictionnaire Encyclopédique des sciences de langage, 1972.

* 62 MEUNIER, J.P. et PERAYA, D., Introduction aux théories de la communication : analyse sémio-pragmatique de la communication médiatique, Ed. De Boeck et Larcier, Bruxelles, 1993, p. 72.

* 63 MATUMWENI MAKWALA, J.C., Le journal télévisé en lingala facile. Entre avant-garde et information de proximité, Editions IFASIC, Kinshasa, 2010, pp. 91-93.

* 64 CASETTI, F., D'un regard l'autre. Le film et son spectateur, Presses Universitaires de Lyon, 1990, p. 42.

* 65 PARRET, H., L'énonciation en tant que déictisation et modalisation, in Langages, 1982.

* 66 BAKHTINE, M., La poétique du Dostoïevski, Paris, Seuil, 1970.

* 67 Idem, Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, 1978.

* 68 DUCROT, O., Les mots du discours, paris, Minuit, 1980.

* 69 Idem, Le dire et le dit, Ed. Minuit, Paris, 1984, p. 205.

* 70 BAKHTINE, M., Dialogisme et analyse du discours, Paris, Bertrand- Lacoste, 1995, p. 119.

* 71 DUCROT, O., op. cit., 1984, p. 207.

* 72 CHARAUDEAU, P. et MAINGUENEAU, D., Dictionnaire d'analyse du discours, édition du Seuil, Paris, 2002, pp. 556-557.

* 73 CHARAUDEAU, P. et MAINGUENEAU, D., op. cit., p. 557.

* 74 Il n'est pas à confondre avec le qui narratif. En effet, le qui énonciatif est celui qui parle dans un récit, un discours, etc., tandis que le qui narratif est celui dont on parle dans un récit ou dans un discours. A titre d'exemple, lorsqu'une voiture termine sa course dans le mur d'une maison, et que le journaliste vient faire son reportage, il apparaît comme un qui énonciatif, le chauffeur et les passagers sont des qui narratifs.

* 75 DURPAIRE, F., et RICHOMME, O., Obama face à la crise. 100 jours pour sauver la planète, éd. Demopolis, Paris, 2009, p. 30.

* 76 OBAMA, B., L'audace d'espérer, Nouveaux horizons, Paris, 2009, pp. 312-313.

* 77 Nom qu'on retrouve en arabe et swahili, voire en hébreu, traduit par « béni » par Obama lui-même Corine Lesnes, «  Barack Obama, l'homme sans bagages », 4 janvier 2007, Le Monde consulté le 3 mars 2010.

* 78 Dans son autobiographie, Barack Obama écrit toujours Alego ; le village proprement dit s'appelle Nyang'oma Kogelo, mais fait partie de la circonscription électorale d'Alego, district de Siaya, province de Nyanza, dont le chef-lieu est Kisumu ; Barack Obama Sénior est inhumé à Alego ; une école et le collège d'Alego portent le nom de Senator Barack Obama.

* 79 Kendu Bay est la dénomination utilisée par Barack Obama ; le nom africain du village est Kanyadhiang'-Karachuonyo, district de Rachuonyo, province de Nyanza.

* 80 D'après le Times, il a été torturé pour fournir des informations sur la rébellion : en « Beatings and abuse made Barack Obama's grandfather loathe the British », The Times, 3 décembre 2008. Cette référence donne une version qui ne correspond pas vraiment à ce qu'écrit Barack Obama dans son autobiographie.

* 81 COSTE, P., «  Qui est Barack Obama? », in L'Express du 17 janvier 2008.

* 82 AMANDA, R., « The Story of Barack Obama's Mother», in Le Times du 09 avril 2008.

* 83 La scolarité de Barack Obama à Punahou sur le site du Honolulu Star Bulletin.

* 84 OBAMA, B., Les rêves de mon père, traduction de Danièle Darneau, Presses de la cité, Paris, 2009, pp. 133 - 140.

* 85 Il fait une différence entre l'assistant social, qui s'occupe des cas individuels, et l'organisateur communautaire, qui s'occupe de structuration des groupes d'action.

* 86 OBAMA B., op. cit. pp. 133-140.

* 87 Boston.com staff, «Globe endorses McCain, Obama», The Boston Globe.

* 88 Soit un écart équivalent à ceux de George H. W. Bush en 1988 et Bill Clinton en 1996.

* 89 Le score en termes de grands électeurs et en termes géographie est sensiblement le même que celui de Bill Clinton en 1992 et en 1996.

* 90 66 728 126 voix à 58 119 030.

* 91 DURPAIRE, F., et RICHOMME, O., op. cit., p. 37.

* 92 DAHL, M., « The young voters had record turnout, prefered Democrat by wide margin, sur msnbc.com, consulté le 26 avril 2009.

* 93 « Nous ne devons pas être ennemis. Bien que la passion ait pu avoir tendu nos liens d'affection, elle ne doit pas les rompre. Les cordes mystiques de la mémoire, s'étendant de chaque champ de bataille et de chaque tombe de patriote, jusqu'à chaque coeur vivant et chaque foyer partout dans ce pays immense, feront résonner encore le choeur de l'Union, une fois touchées encore, autant qu'elles le seront certainement par les meilleurs anges de notre nature ».

* 94 LESNES, C., « Dick Cheney, un nationaliste sans états d'âme », in Le Monde du 16 janvier 2009, p. 8.

* 95 Le fait de nommer un membre du parti adverse dans son gouvernement est courant aux Etats-Unis. Ainsi, par exemple, en 1971, le républicain Richard Nixon avait nommé l'ancien gouverneur démocrate du Texas, John Bowden Connally, comme secrétaire au trésor. En 1997, le démocrate Bill Clinton avait nommé le sénateur républicain du Maine, William Cohen, à la Défense et en 2001, le républicain Bush avait maintenu le démocrate Norman Mineta dans son gouvernement.

* 96 GRANGEREAU, P., « Obama plus ferme que Bush sur Jérusalem », in Libération et Reuters du 7 juin, consulté 2 juillet 2009.

* 97 OBAMA, B., L'Islam et le choc des civilisations, L'Harmattan, Paris, 2009, p. 42.

* 98 MAINGUENEAU D., L'Enonciation en linguistique française, Paris, Hachette, 1991, p. 27.

* 99 GREVISSE, M., Précis de grammaire française, Afrique éditions, Kinshasa, 1986, p. 130.






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