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Analyse pragmatique du discours de Barack H. Obama à  Accra. Approche énonciative

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par Rigobert MUKENDI
Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication Kinshasa RDC - Licence 2010
  

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2. 2. Le statut du locuteur et/ou de l'énonciateur

Ce qui fait que Emile Benveniste fait une distinction fondamentale entre, d'une part, le couple je-tu, et d'autre part, le pronom il, dit de troisième personne. Je et tu désignent les personnes dans leur unité spécifique, tandis que « il » n'implique aucune personne spécifique : c'est la non personne. Les deux premières personnes impliquent à la fois une personne et un discours sur cette personne. « Je » désigne celui qui parle et prend la charge de la responsabilité, le sujet de l'énonciation. Il s'agit d'énoncer sur le compte de Je.

A la deuxième personne, « tu » est nécessairement désigné par « je » et ne peut être hors d'une situation posée à partir de « je » et en même temps, « je » énonce quelque chose comme prédicat de « tu ». « Je » représente la personne subjective transcendante par rapport à « tu », qui représente la personne non subjective à laquelle le « je » s'adresse.

Répondant aux juristes, Ducrot construit la conception d'une énonciation du sens qui stipule que : « le sens de l'énoncé est défini comme une description, une image ou encore une représentation de son énonciation transmise directement dès qu'on le comprend. C'est dire que le sens ne préexiste pas à l'énonciation. Il se construit chez l'énonciateur et se reconstruit chez le co-énonciateur.61(*)

La réflexion s'étend aux pronoms du pluriel. Le « nous » ne correspond pas à une simple addition, autant qu'il n'y a pas, non plus, simple pluralisation du « je ». Il est clair, écrit Benveniste, que l'unicité et la subjectivité inhérente à « je » contredisent la possibilité d'une pluralisation. S'il ne peut y avoir plusieurs « je » conçus par « je » même qui parle ; c'est que « nous » est non pas une multiplication d'objets identiques, mais une jonction entre le « je » et le non- « je ».

Cette jonction forme une totalité nouvelle et d'un type tout à fait particulier où les composantes ne s'équivalent pas : dans « nous », c'est toujours « je » qui prédomine puisqu'il n'y a de « nous » qu'à partir de « je », et ce « je » s'assujettit l'élément « non-je » de par sa qualité transcendante. La présence du « je » est constitutive du « nous », affirme Benveniste. Plutôt donc qu'une addition de « je », « nous » apparaît comme un « je » dilaté ou amplifié. Par ailleurs, le « nous » prend deux formes : une forme inclusive, équivalent à « moi+vous », et une forme exclusive : « moi+eux ».

Le « vous » est le résultat d'un processus de généralisation, une extension du « tu » ; « ils » représente la non-personne même : « étendue et illimitée par son expression, (la non-personne) désigne l'ensemble indéfini des êtres non personnels. Autrement dit, « ils » exprime la généralité du « on ».62(*) Ne portant aucune marque de personne, le « on » peut se substituer à tous les autres pronoms.

Nous pouvons ainsi dire avec Jean Claude Matumweni que l'important de cette approche de l'énonciation d'Emile Benveniste, tient au fait qu'elle remet en cause les analyses linguistiques non pragmatiques, caractérisées par une triple exclusion : exclusion des usages ordinaires du langage, exclusion du contexte ordinaire mondain, exclusion des sujets parlants ordinaires.63(*) Cette analyse ouvre une brèche dans l'édifice des analyses non pragmatiques. Avec Je et tu, nous tenons en effet deux unités au moins de la langue qui, de toute évidence, n'acquièrent de sens que dans la parole...

En effet, je ne vaut que dans la situation où il est produit ; je n'a d'existence que dans la parole qui le profère. Je et tu sont alors nommés indicateurs ou déictiques. Ce sont des unités qui ne prennent leur sens que dans l'usage. Roman Jakobson a qualifié ces unités d'embrayeurs ou shifters. Mais les pronoms je et tu ne sont pas les seules unités linguistiques auxquelles s'applique le concept d'indicateur. Dans cette classe de mots, on doit intégrer : les indicateurs spatiaux : ce, ceci, ici ; les indicateurs temporels : maintenant, hier, aujourd'hui, demain.

Ce cadre formel a donné lieu à de nombreuses recherches dont on ne peut faire l'énumération exhaustive dans ce travail. Cependant, transparaît en en elles une sorte de consensus de base autour de ces principes. Gaudreault et Jost conçoivent l'énonciation de façon large comme l'ensemble des « relations qui se tissent entre l'énoncé et les différents éléments du cadre énonciatif, à savoir : les protagonistes du discours (émetteur et destinataire) ; la situation de communication ». Francesco Casetti définit l'énonciation comme « la base sur laquelle s'articulent les personnes, les lieux et les temps dans un texte : elle est le point zéro, « l'ego-hic-nunc, c'est-à-dire le qui, le où et le quand à partir duquel vont s'organiser les éléments en jeu : les personnes relevant du qui de l'énonciation peuvent se structurer en je / tu / il ; les lieux, relevant du où, en ici / là / ailleurs ; et le temps, relevant du quand, en maintenant / avant ou après / alors ».64(*)

De manière plus laconique et circonspecte, Herman Parret distingue la personne, le temps et l'espace comme composantes fondamentales, dans une organisation énonciative pensée comme égocentrique c'est-à-dire envisagée à partir du moi (de la subjectivité égocentrique).65(*)

* 61 Dictionnaire Encyclopédique des sciences de langage, 1972.

* 62 MEUNIER, J.P. et PERAYA, D., Introduction aux théories de la communication : analyse sémio-pragmatique de la communication médiatique, Ed. De Boeck et Larcier, Bruxelles, 1993, p. 72.

* 63 MATUMWENI MAKWALA, J.C., Le journal télévisé en lingala facile. Entre avant-garde et information de proximité, Editions IFASIC, Kinshasa, 2010, pp. 91-93.

* 64 CASETTI, F., D'un regard l'autre. Le film et son spectateur, Presses Universitaires de Lyon, 1990, p. 42.

* 65 PARRET, H., L'énonciation en tant que déictisation et modalisation, in Langages, 1982.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore