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Conversion des lieux de culte à  Alger du XVIIIème au XXème siècle. Cas de la mosquée/ cathédrale Ketchaoua

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par Samir NEDJARI
Université Paris I Panthéon- Sorbonne - Master recherche patrimoine et conservation- restauration 2012
  

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C- Transformation : édifice cathédrale - fonction cathédrale :

La construction de la cathédrale Saint-Philippe sur l'emplacement de l'ancienne mosquée Ketchaoua débuta en 1845 à la suite des travaux de démolition qui avaient commencé en 1844 ; ces travaux viennent suite à la nomination de Monseigneur Dupuch comme évêque à Alger en 1838 ; ce dernier demanda la construction d'une nouvelle église qui serait la cathédrale d'Alger. Mais les autorités en place en l'Algérie, qui détenaient les finances de l'église en Algérie à cause du Concordat, décidèrent la transformation de l'édifice existant et son agrandissement.

Des projets de transformation de l'édifice avaient déjà été initiés dès les années qui ont suivi sa conversion en 1832, notamment par l'architecte des bâtiments civiles Pierre Auguste Guiauchain qui avait fourni « un projet de reconversion et de restauration au milieu des années 1830 »69, ce projet a été reprit en 1839 par l'architecte Amable Ravoisié dans le cadre l'exploration scientifique de l'Algérie, ce dernier « réalise un relevé et suggère une proposition de restauration de l'édifice »70 (Figures 5, 6 et 7), mais ces planches sont surtout destinées à la publication.

Les travaux de construction de la cathédrale dureront de 1845 à 1860, et le traitement de la façade en revanche n'a été finalisé qu'à la fin du siècle. Pendant la durée des travaux, l'église Notre-Dame des Victoires --ancienne mosquée Betchine- occupa momentanément la place de cathédrale de la ville d'Alger.

L'église fut considérablement agrandit, pour occuper environs quatre fois la surface de l'ancienne mosquée, qui était limité à l'espace du choeur de la cathédrale à la fin des travaux, celle-ci fut dotée « d'un escalier monumental donnant sur la place et de deux clochers »71. La cathédrale a subi une transformation générale, « Elle fut presque entièrement démolie et reconstruite, puis considérablement agrandie »72.

Les travaux de transformation ont été entamés par l'architecte des bâtiments civils Pierre-
Auguste Guiauchain, puis menés successivement par les architectes diocésains Harou

69 OULEBSIR Nabila, op.cit

70 Ibid.

71 KOUMAS Ahmed, op.cit.

72 KLEIN.H, op.cit.

ROMAIN, Jean-Baptiste FERAUD (1815-1884) remplacé par Jean-Eugène FROMAGEAU nommé par le ministère des colonies architecte en chef des édifices diocésains d'Algérie.

Le projet de transformation de l'ancienne mosquée a été perturbé plusieurs fois par des problèmes de stabilité du bâtiment en construction, ces problèmes été liés à l'instabilité du sol du côté de la rue du Divan, d'où la présence des contreforts en pierre taillée sur toute la longueur du mur de ce côté ; suite à ces problèmes d'instabilité du sol, des sondages ont été exécuté et « une intéressante mosaïque fut trouvée, représentant des têtes d'animaux et aussi des médaillons...Ces mosaïques, dont une partie demeure sous les fondations de la Cathédrale, ont été attribuées à d'anciens thermes romains »73.

Les travaux de la façade se poursuivirent jusqu'à la fin du XIXème siècle, et c'est la proposition de l'architecte Albert Ballu en 1886 (Figure.8) qui fut réalisé, après plusieurs propositions non retenues, notamment celle d'Haroun Romaine « élaborée en 1856 et qui correspond au plan qu'il établit en 1850 en tant qu'architecte diocésain » (Figure.9) qui suggère déjà l'idée de deux tours latérales. Ces tours d'inspiration orientaliste qui s'élèvent aux deux extrémités de la façade de la cathédrale «sont une réplique des minarets de la mosquée El Nasser Mohammed à la citadelle du Caire, et des minarets de la mosquée de Kaït-Bey» ; D'ailleurs l'ensemble de l'édifice a été réalisé dans un style architectural mélangeant différentes influences, du romano-byzantin à l'orientalisme, ce qui va donner naissance à l'architecture Néo-Mauresque en Algérie dominante au début du XXème siècle, et le bâtiment de la cathédrale fait son entrée dans l'inventaire des monuments historique et est classé en 1908.

Malgré les sommes colossale dépensées pour la transformation du bâtiment de la cathédrale, dans le cadre de qui été le plus grand projet de restauration après la conquête, le résultat ne fut pas l'unanimité ni parmi les fidèles, ni parmi les urbanistes de la ville ; que ce soit pour son aspect architectural ou pour sa surface restreinte et son positionnement au coeur de la Casbah d'Alger, ces problèmes se posent au cours des aménagements urbains que subit la ville à la fin des années 1850, ainsi on peut lire dans le rapport du projet de la nouvelle ville d'Alger en 1858 : « la cathédrale actuelle, dont on connait l'insuffisance à chaque réunion officielle et surtout aux jours de grandes frtes, placées dans un endroit resserré ou il y'aura toujours encombrement et plus tard du danger pour les piétons lorsque les voitures pourront

73 Ibid.

y arriver, nous a paru, suivant les mouvement de la population, devoir être construite dans la nouvelle enceinte. Un palais digne du chef de la religion, serait établi près de ce monument que nous plaçons à proximité de la ville actuelle »74.

Installer dans la basse Casbah par la volonté du duc de Rovigo, la cathédrale n'a jamais été véritablement intégré dans cette partie de la ville ou la population est en grande majorité de confession musulmane, de plus l'édifice même après son élargissement était relativement étroit pour accueillir les cérémonies de la grande cathédrale d'Alger.

L'église Saint-Philippe garde sa fonction de cathédrale de la ville d'Alger jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962 ou elle fut reconvertit en mosquée et c'est dorénavant la nouvelle église du sacré coeur construire en 1956 qui occupe la place de cathédrale de la ville.

74 VIGOUREUX, CAILLAT, « Alger, projet d'une nouvelle ville », Alger, 1858, dans OULEBSIR Nabila, op.cit.

Figure 5 : Projet de restauration de la cathédrale Saint-Philippe, Plan, Amable RAVOISIE, Alger, 1839.Source : OULEBSIR Nabila, « Les usages du patrimoine », Éd. de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 2004.

Figure 6 : Projet de restauration de la cathédrale Saint-Philippe, Façade principale, Amable RAVOISIE, Alger, 1839. Source : OULEBSIR Nabila, « Les usages du patrimoine », Éd. de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 2004.

Figure 7 : Projet de restauration de la cathédrale Saint-Philippe, coupe latérale, Amable RAVOISIE, Alger, 1839. Source : OULEBSIR Nabila, « Les usages du patrimoine », Éd. de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 2004.

Figure 8 : Projet d'achèvement de I a façade de I a cathédraI e Saint-Philippe, aquarelle d'Albert BALLU, Alger, 1886. Source : KOUMAS Ahmed, NAFAA Chéhrazade, « L'Algérie et son patrimoine », éditions du patrimoine, Paris, 2003.

Figure 9 : Projet d'achèvement de la façade de la cathédrale Saint-Philippe, aquarelle de Romain HAROU, Alger, 1856. Source : KOUMAS Ahmed, NAFAA Chéhrazade, « L'Algérie et son patrimoine », éditions du patrimoine, Paris, 2003.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault