WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Tontines et développement dans le groupement Bashali Mokoto à  Masisi en RDC

( Télécharger le fichier original )
par Daniel BAHATI BIREGEYA
Université de Goma - Licence en économie 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

0. INTR0DUCTION

0.1 Problématique

Tout le monde s'accorde à dénoncer l'insuffisance de la formation du capital dans les pays en développement. Les Nations Unies en 1951, Arthur Lewis en 1955, relèvent que le taux de formation brut du capital fixe est inférieur à 5% du PNB dans les pays non développés alors qu'il est plus de 10% dans les pays développés. Or, pour croître, il faut investir, pour investir, épargner, il faut disposer d'un revenu qui est au-delà des besoins fondamentaux. Les pays pauvres risquent donc de se trouver coincés dans la trappe de pauvreté (Leibenstein, 1957) : le revenu est très faible pour permettre la formation d'une épargne suffisance afin de réaliser les investissements nécessaires à la productivité du travail et à l'élévation du revenu.1(*)

Si la croissance économique a besoin de l'épargne pour alimenter les investissements, certains experts et observateurs estiment que l'épargne interne des pays en développement est insuffisante. Sous forme d'investissement international, l'épargne mondiale répugne aux pays africains en raison des législations fiscales et comptables inappropriées. En dépit de ce scepticisme, le succès des tontines a fait croire que ces structures peuvent remplacer les banques et les sociétés d'assurance dans le système financier africain.2(*)

Traditionnellement, les investissements du secteur agricole, pourtant stratégique, n'ont jamais été proportionnels à l'importance et à la place de ce secteur dans l'économie nationale. Les tranches de budget de l'Etat à celui-ci ont toujours été très faibles.3(*)

Paradoxalement, alors que la RDC dispose d'un énorme potentiel de ressources agricoles, forestières et minières, le pays compte parmi les plus pauvres du monde. Mauvaise gestion économique, graves déficiences des moyens de communication et détournement de la richesse nationale par une minorité politique, sont les faits marquants de cette navrante évolution économique.4(*)

L'une des contraintes au redémarrage de celui ci est l'absence de mécanismes de financement de ses activités. Toutes les tentatives de mise en place des institutions destinées au financement des activités agricoles ont échoué pour plusieurs raisons dont le manque de ressources adaptées aux caractéristiques du secteur, la mauvaise gestion, etc. 5(*)

Les besoins financiers pour assurer la relance du secteur agricole et atteindre les Objectifs de développement pour le Millénaire dans le monde rural sont immenses en RD Congo.6(*)

Comment mobiliser l'épargne au profit du développement rural où près de trois quart de la main d'oeuvre active vit plus ou moins directement du travail de la terre ? Interrogez le planteur d'arachide sénégalais, l'éleveur malien, le maraîcher burkinabé, le caféiculteur camerounais ou ivoirien et le fermier zaïrois : tous vous diront invariablement que l'insuffisance de moyens, surtout financiers, représente un handicap quasi insurmontable dans la réalisation de leurs projets, aussi viables soient-ils. Comment en effet acheter des semences sélectionnées, des engrais, vacciner le bétail ou mettre en valeur le moindre lopin sans un minimum d'argent ?

Inutile de compter sur les circuits classiques d'épargne et de crédit : un peu partout, des faillites retentissantes se sont soldées par de coûteuses restructurations des établissements bancaires, désormais très réticents pour accorder du crédit. Quant à l'usurier du coin, devenu lui aussi très prudent, il ne prête plus qu'au compte-gouttes. Il fallait bien combler ce manque. Les paysans sont donc de plus en plus nombreux à se regrouper dans des associations d'entraide afin de réaliser tel ou tel projet.7(*)

La pauvreté, cette gangrène qui mine la société et qui empêche les hommes de s'épanouir, est aussi source de créativité. En effet, c'est pour sortir de cette situation que l'homme a mis au point la tontine.8(*)

La popularité des tontines parmi les groupes à revenu faible ou intermédiaire montre que les gens aiment épargner, même quand les circonstances sont difficiles.9(*)

La plupart des études rendant compte de la situation du secteur financier traditionnel insistent non seulement sur l'importance et le dynamisme des transactions, mais aussi sur le fait que les agents qui y opèrent répondent assez bien aux besoins individuels, notamment les besoins sociaux à court terme des populations. Ils sont toutefois incapables de satisfaire les besoins des populations sur une large échelle et à un coût raisonnable, et encore moins de prendre en charge les besoins des structures associatives, coopératives et mutualistes. Il est cependant important de souligner que l'on assiste actuellement à une certaine recomposition de la finance informelle et à l'émergence de nouveaux circuits à partir des systèmes des tontines.10(*)

Cette forme traditionnelle d'épargne et de crédit semble particulièrement bien adaptée au monde rural, estime un économiste statisticien camerounais, M. Moïse Nzemen, dans la mesure où «les paysans mieux organisés, peuvent tirer avantage des formes traditionnelles de solidarité pour réunir et mobiliser des ressources (financières ou autres) nécessaires au financement du développement ».11(*)

Longtemps ignorées, les pratiques tontinières existaient pourtant depuis des décennies, et elles constituent un réservoir important d'épargne dans les pays en développement.12(*)

La crise du secteur bancaire au Congo, et plus spécialement celle des organismes de crédit publics, est désormais ouverte. La crise des institutions occulte celle, plus grave, du crédit rural, base des économies africaines. Au-delà de la réhabilitation de l'identité des banques de développement et des caisses de crédit agricole, il semble nécessaire de chercher d'autres voies et moyens pour financer les activités agricoles et para agricoles au Nord Kivu en général et dans le groupement Bashali Mokoto en particulier.

Le constat est amer : l'agriculture n'est plus qu'une activité de subsistance ; la production insuffisante ne pouvant nourrir l'ensemble de la population. Les besoins alimentaires du pays sont donc en grande partie couverts par des importations de maïs, riz, blé, sucre, volaille, poisson, viande et autres denrées.13(*)

Rappelons que l'agriculture ne constitue qu'un secteur d'activité parmi tant d'autres mais c'est un secteur spécifique. Tout d'abord, dans un pays se trouvant dans sa première phase de son développement, elle emploie beaucoup plus de gens que dans d'autres secteurs d'activités. La majorité des pays en développement les plus démunis, Chine et Inde inclus, comprennent 60 à 70% dans le secteur agricole.

Pour survivre, l'humanité peut se passer d'acier, d'électricité mais pas de nourriture. L'agriculture est le seul secteur à produire de l'alimentation.14(*)

La lutte contre la pauvreté, l'emploi, la distribution et l'accès aux services sociaux de base s'impose progressivement comme des objectifs de plein droit devant être poursuivi directement. Le monde agricole est perçu comme le lieu du combat contre la pauvreté.15(*)

Le manque d'accès au crédit pénalise particulièrement les paysans et les habitants des campagnes. Face à la crise du système bancaire moderne réapparaissent des associations d'épargne traditionnelle comme la «  tontine », cagnotte attribuée périodiquement à un bénéficiaire, généralement tiré au sort.

Le métier du tontinier ou « banquier ambulant » connaît une mutation sans précédent. Celle-ci se traduit par le primat du financement sur la fonction collective jadis dominante chez les tontiniers. 16(*)

La province du Nord Kivu en général, et le groupement de Bashali Mokoto à Masisi en particulier qui constitue notre champ d'investigation, n'est pas exclu du manque endémique d'accès aux services financiers modernes afin de répondre aux différentes exigences de production (facteurs de production).

A ce titre, souligne minutieusement l'inspection provinciale de développement rural du Nord Kivu dans son article traitant les contraintes liées au développement agricole et rural que l'une de celles ci est l'accès difficile aux services financiers.17(*)

Partant de ce qui précède, nous nous proposons d'aborder les questions suivantes :

· Vu l'accès difficile aux services financiers, vu la quasi absence du crédit au monde rural, comment la présence des tontines mutuelles permet-elle de promouvoir les paysans du groupement de Bashali Mokoto?

· Quelle est la tranche de la part de levée affectée à l'agriculture?

De manière provisoire, nous répondons en ces termes :

ü La présence des tontines mutuelles permet de promouvoir les paysans du groupement de Bashali Mokoto par le biais d'acquisition des nouvelles terres arables pour la création et l'extension des cultures et l'achat des petits matériels agricoles et ce ; en fonction de l'objectif fixé.

ü Cette part serait inférieur à 50% et proportionnelle à la levée.

* 1 JM FONTAINE, Mécanismes et politiques de développement économique : Du « big push » à l'ajustement structurel, éd. CUJAS, Paris 1994, p p40-41

* 2 Emil1e HATCHEU TCHAWE et all, De l'informel au formel : Le défi de la bancarisation des tontines en Afrique, Université de Dschang, Cameroun, sd, p1

* 3 Philippe MATHIEU, Ministère de l'Agriculture, des ressources naturelles de développement rural, Février 2006, p22

* 4 www.google, Agriculture et développement rural en RD Congo, consulté le 12 février 2011 à 12h36', p1

* 5 www.google, Idem, p9

* 6 www.google, Idem, p13

* 7 J.M NZEKOUE, Tontines : tous pour un, Cameroun 1993, p1

* 8 YOLANDE LOVI, Tontine : une arme de lutte contre la pauvreté, le 04-09-2009, p1

* 9 BANQUE MONDIALE, Washington DC, Rapport sur le développement dans le monde, 1989, p138

* 10 YOUSSOUFOU CONGO, Le financement de l'économie sociale au Burkina Faso, sd, p3

* 11 J.M NZEKOUE, op. cit. p2

* 12 www.gdrc/icm/french/.../intro.html du 22/02/2011 à 11h31', p6

* 13 www.google, op cit, p1

* 14 M.GILLIS et all, Economie de développement, De Boeck, Bruxelles 2001, p551

* 15 0. CHARNOZ et all, L'aide publique au développement, La Découverte, Paris 2007, p74

* 16 C.MAYOUKOU, La réputation, un mécanisme incitatif dans la fonction d'intermédiation des tontiniers en Afrique Subsaharienne, IRED, Paris 1996, p1

* 17 Inspection provinciale de développement rural, Les contraintes liées au développement agricole et rural de la Province du Nord Kivu, sd, p3

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway