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Les festivals de musiques actuelles en milieu rural en France: simple fonction culturelle ou vecteur de développement?

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par Léa Vauxion
ICART - Institut des carrières artistiques - Licence european bachelor au titre de " médiatrice culturelle " 2012
  

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4.3 Les retombées économiques directes des festivals sur leur territoire

Suite au constat des bénéfices de ces évènements culturels auprès de leurs partenaires financiers, nous traiterons ici de la thèse selon laquelle l'économie des festivals se positionne au coeur des enjeux du développement territorial.

Ainsi, nous tâcherons ici de comprendre les motivations de l'implication des partenaires financiers locaux qui, comme nous venons de l'étudier, représente 50 % de leurs ressources. Pour cela, nous différencierons deux types de retombées économiques directes : les dépenses portées par les organisateurs des festivals, et celles liées aux achats et dépenses des festivaliers. Enfin, nous conclurons cette partie en montrant, par l'appui d'exemples significatifs, comment les gains des festivals peuvent engendrer une véritable dynamisation de leur territoire.

? Les dépenses portées par les organisateurs des festivals

Les dépenses principales qui peuvent donner lieu à une injection directe d'argent dans l'économie locale concernent les achats effectués par les organisateurs pour mettre en oeuvre leur manifestation. Lorsqu'ils n'interviennent pas eux-mêmes, les responsables des festivals recourent à des entreprises variées et ces dépenses effectuées constituent elles aussi des retombées directes.

En nous basant sur le graphique 6, extrait de l'ouvrage d'Emmanuel Négrier, les Nouveaux territoires des festivals, on distingue trois types de dépenses des organisateurs des festivals, qui sont effectuées en totalité ou en partie sur place :

Les dépenses liées à la communication et à la diffusion :

Comme nous l'avons vu au sein de la partie 2.1, les festivals offrent à la localité une campagne de communication à peu de frais. Outre cela, les retombées économiques des dépenses liées à la communication représentent, d'après le graphique 6, la part la plus importante, s'élevant dans les environs de 32%.

On peut y englober : le secteur de l'imprimerie, pour la réalisation des affiches, des
brochures et dépliants ; le secteur des relations publiques, les agences de presse, les
frais de conférences de presse, les frais d'affichages, etc. Et plus généralement les frais

administratifs compris dans le budget des festivals, représentant une part de 20% sur le total de leurs dépenses.

Les dépenses liées à la technique et à la billetterie :

Comme nous l'avons vu dans la partie précédente, les frais techniques représentent 12% des dépenses totales issu des budgets des festivals. D'après le graphique 6, ils correspondent à environ 20% de la part totale des retombées économiques des festivals. Ils concernent en premier les frais de services techniques de sonorisation et d'éclairage. Suivis par les dépenses relatives aux locations de parcs de matériels, de lieux de spectacles, d'instruments et de matériels de musique. Mais aussi le gardiennage, la sécurité, les assurances, etc.

Nous pouvons aussi mentionner dans cette partie les dépenses relatives à la billetterie.

Les dépenses liées aux transports :

Les frais liés au secteur des transports concernent en premier lieu l'accompagnement artistique, le transport des artistes, de leur matériel.

Certains festivals collaborent directement avec des services de ce secteur. L'association du festival Musicalarue par exemple, étant implantée à Luxey, village ne disposant pas de gare, organise l'opération « La fête en bus », menée conjointement avec la Prévention Routière. Elle collabore ainsi avec l'entreprise régionale « Les Bus des Ferias », qui leur met à disposition des bus pour faire des navettes aller et retour vers les gares SNCF des villes alentours.

? Achats et dépenses des festivaliers, artistes et spectateurs

En plus des dépenses directes mobilisées pour l'organisation des évènements culturels, les festivaliers, artistes et spectateurs confondus, réalisent eux aussi bien évidemment des achats sur place ayant un impact sur l'économie locale. Cela est dû en partie à toutes les animations extérieures du festival off engendrant une importante zone d'influence alentour au festival officiel.

Par ailleurs, il faut noter que cette étude des dépenses du public et des visiteurs revient à réaliser une analyse quantitative du développement touristique local. Nous reviendrons sur la question de la contribution des festivals au sein du tourisme local durant la partie 6, où nous nous pencherons plutôt sur l'aspect de la contribution à la

stratégie des collectivités territoriales en perpétuelles recherche d'animation pour accroitre le tourisme.

L'hébergement et la restauration :

Les dépenses des festivaliers liées à l'hébergement et à la restauration sont une composante majeure, s'imposant comme la deuxième part des types de retombées économiques totales, juste après les frais relatifs à la communication de l'évènement. (cf. graphique 6)

Elles bénéficient ainsi au secteur de l'hôtellerie : aux gîtes, auberges de jeunesses, chambres d'hôtes, hôtels, campings...

Ainsi qu'au secteur de la restauration : restaurants, bar, cafés, brasseries...

Elles concernent autant le public que les artistes, même si pour ces derniers, l'hébergement constitue une part de l'accompagnement artistique attribué aux organisateurs.

Pour donner des exemples, citons la commune de Carhaix dans le Finistère, comptant habituellement 8 156 habitants* : elle multiplie sa population par près de trente chaque été, en accueillant en moyenne 250 000 personnes* sur toute la durée du célèbre festival des Vieilles Charrues.

De même pour Jazz in Marciac qui attend chaque année environ 200 000 visiteurs* chaque année au total, il engendre la plus longue durée de présence des visiteurs, par une moyenne d'environ 4 jours sur place et un séjour total dans le département d'environ 6 jours. D'après les organisateurs, environ 69% de ces visiteurs optent pour une solution d'hébergement marchand (camping, hôtel, location...).

Dès lors pour ces petites communes, les hôtels affichent complet sur un périmètre moyen de trente kilomètres autour des « épicentres » que sont les manifestations, contribuant ainsi à l'ensemble du secteur hôtelier régional.

Concernant le secteur de la restauration, à Marciac, de nombreux restaurants du village ou tavernes sont créés pour l'occasion, et certains deviennent permanents, tel que le club de Jazz «L'Atelier ».

* Sources : 1. INSEE - Populations légales de la commune de Carhaix-Plouguer - 2008

2. Chiffres officiels soit environ 100 000 entrées payantes sur toute la durée du festival

3. Chiffres officiels soit environ 50 000 entrées payantes sur toute la durée du festival

Au sein des festivals off, de nombreuses initiatives faciles à monter émergent tout autour du festival officiel. Ainsi, il arrive très souvent que le temps d'un spectacle, un café, un restaurant, voire un magasin ou un établissement industriel, se transforment en scène de de concerts ou de théâtre

Les commerces bocaux :

Évidemment, l'afflux de festivaliers engendre également des dépenses dans d'autres types de commerces locaux tels que les marchés, tabacs, presse, pharmacie, boulangerie, boutiques de souvenirs... Il contribue, comme nous l'avons vu dans la partie 3.2, à la valorisation du patrimoine local (produits gastronomiques, artisanaux et autres spécialités régionales...)

En outre, les visiteurs peuvent contribuer au développement des structures d'animations locales, tels que les centres de loisirs, les bases de canoës, les piscines, etc. Cela n'est qu'une supposition, mais il semble intéressant d'y penser étant donné que les spectateurs étalent assez souvent leur séjour avant et après la manifestation.

Concrètement, rappelons par exemple que les Eurockéennes de Belfort se déroulent sur la presqu'île du lac de Malsaucy disposant d'une plage surveillée ainsi que d'une base nautique, le Malsaucy Nautique Club, ouverte pendant le festival, proposant entre autres des initiations à la voile et au kayak. Le festival se déroulant sur la période estivale durant laquelle ouvrent ces structures, les 100 000 visiteurs qu'ils attirent contribuent certainement à leur rendement annuel.

En dehors de cette possibilité, nous pouvons tout de même donner les chiffres évalués de l'impact économique des Eurockéennes sur Belfort : en s'appuyant sur une étude du BIPE (bureau d'information et de prévisions économiques), son directeur estime qu'en termes de retombées les recettes locales avaient été multipliées par un coefficient de 1,5.

Les transports :

Le dernier type de service bénéficiant des dépenses des festivaliers sont en aucun doute les transports. Cela comprend les trains de la SCNF qui propose souvent, lors de la période estivale où se concentrent le plus grands nombres de festivals, des tarifs attrayants pour les festivaliers. En milieu urbain, les dépenses des visiteurs peuvent

profiter aux transports en communs des villes, tels que les bus, tramways, métropolitains, vélo des villes...

Pour les festivals en milieu rural, les sites officiels des festivals conseillent pratiquement tous le covoiturage en redirigeant leur « clientèle » vers les sites tels que plus réputé au- jourd'hui : www.covoiturage.fr.

Enfin, nous pouvons citer les parkings des localités. Bien que cela touche plutôt le milieu urbain, il est intéressant de le mentionner. En milieu rural des terrains peuvent être prêtés par la mairie du village pour le stationnement des visiteurs ; en revanche, par exemple lors du Printemps de Bourges, l'espace disponible étant assez restreint, tous les parkings de la ville se retrouvent complets. De plus, lors de la venue des festivaliers, la ville de Bourges n'aménage pas de parkings gratuits supplémentaires, ce qui signifie que le Printemps engendre des retombées économiques certaines par le biais de ses parkings payants, sur toute la durée du festival.

Ces données et possibilités de retombées économiques directes mentionnées ne sont que toutes les suppositions à envisager, qui s'avèrent parfois plus ou moins vraisemblables. Bien évidemment, elles sont à relativiser.

En effet, les festivals attirent en moyenne un public assez jeune, dans une tranche allant d'environ de 20 à 30 ans, ne disposant généralement pas de budgets très conséquent. Ainsi pour les Francophonies en Limousin attirant en majorité de jeunes visiteurs, les retombées économiques s'avèrent assez faibles, sachant que les dépenses d'hébergement et de restauration des artistes sont prises en charge par l'organisation. Pour ces derniers, nous les avons par ailleurs englobés au sein des dépenses des festivaliers : en dehors de leurs prestations scéniques, eux aussi sont amenés à consommer dans les commerces locaux, dans les cafés et les bars par exemples.

? Dynamisation et réaménagement du territoire

L'impact économique en termes de développement local s'accroit lorsque la commune d'accueil est de taille modeste.

Jazz in Marciac par exemple, a permis une incroyable revitalisation de cette petite
commune. Le directeur artistique, qui a aussi été élu maire du village, considère son
festival non seulement comme un formidable outil pédagogique (cf. partie 7.2), mais

aussi comme un solide levier de développement. En effet, grâce aux retombées du festival, le petit village de Marciac a connu un grand nombre de transformations.

Tout d'abord, Marciac a signé avec le conseil régional un contrat de site majeur pour réhabiliter le coeur de sa bastide du XIIIème siècle. La région a ainsi participé jusqu'à 80% des travaux de réaménagement de la commune.

De même, le village a pu aménager le site de son lac en y installant une base aqualudique et un café musique, ayant coûtés plus de quatre millions d'euros qui ont été financés par l'État et les collectivités. Par ailleurs suite à ce nouveau dynamisme territorial, c'est sur les abords de ce même lac que la société Pierre et Vacances a décidé d'y faire construire une de ses résidences.

Ainsi, alors que cette bourgade était menacée de désertification, le festival Jazz in Marciac a permis d'incroyables initiatives locales, ayant ainsi augmenté le nombre d'habitants. Désormais, une salle de concert propose une programmation tout au long de l'année, attirant un afflux important de touristes et d'amateurs de jazz même en dehors du festival.

Enfin, l'association des Vieilles Charrues à elle aussi contribuée à la conception de projets locaux, grâce aux gains qu'elle a réalisés. Citons par exemple la création du musée des Vieilles Charrues à Carhaix, « une sorte de mémorial similaire à celui dédié au festival de Woodstock [...]. >, comme l'indique son directeur artistique, Loïck Royant.

? Conclusion

Pour conclure, nous pouvons reprendre l'expression d'Emmanuel Négrier qui qualifie les festivals « d'entreprises territoriales d'un genre particulier ». Son économie structurée en plusieurs piliers, basée sur un équilibre à géométrie variable entre subventions, ressources propres et mécénat, contribue bel et bien au développement territorial. Nous l'avons démontré en citant les nombreuses possibilités de retombées économiques directes liées aux achats et dépenses, autant des organisateurs que des festivaliers. Tous ces exemples expliquent l'intérêt pour les acteurs locaux d'y contribuer financièrement, qui profitent ainsi en retour d'un important impact en termes de revitalisation de leur localité. En effet, elle bénéficie autant de retombées économiques au sein de ses recettes, que d'un nouvel afflux touristique, lui offrant dès lors la

possibilité de créer des infrastructures permanentes pour accroitre son attractivité locale.

Mais la diversité festivalière marque aussi la structure de l'emploi et c'est sur quoi nous allons désormais nous pencher.

* * *

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe