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La Normalisation Industrielle: les principes Tayloriens sont- ils toujours d'actualité?

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par El Khoutabi Adil, Dhimen Ibtissam, Houbane Jihad El Khoutabi Adil, Dhimen Ibtissam, Houbane Jihad
Université Mohamed V - Agdal - école doctorale de gestion - DESA marketing et stratégie 2005
  

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III/ Le respect des normes par tous : une résurgence du taylorisme ?

La normalisation de la qualité, à travers l'évolution de la relation de production qui l'accompagne, présente des signes de parenté avec le taylorisme à deux niveaux : la volonté de rationalisation des activités de l'entreprise et une tendance à la réduction des espaces d'autonomie des individus.

Nous l'avons évoqué, la norme est le règne de l'écrit et du respect de la règle. La normalisation oblige à la formalisation : livrets de référence, procédures, manuels de qualité, plans de surveillance, autant de « bibles » qui doivent assurer l'harmonisation des comportements interindividuels. Les normes imposent un ordre commun dans les entreprises, qui vise à « fonder la coordination sur le respect de prescriptions formalisées ». On retrouve là une vision idéalisée et techniciste de l'organisation, à travers la recherche de l'unification technique et de la répétabilité des actes.

Qui édicte ces prescriptions formalisées ? Dans le rôle du «préparateur rationnel », note Jean Philippe NEUVILLE, la direction de la qualité s'est substituée à la direction des méthodes. Par exemple, dans l'usine Peugeot de Poissy, sur environ huit mille salariés, le département Qualité emploie près de trois cents personnes à l'animation du système qualité ( ce qui est loin d'être négligeable, puisque l'usine compte à peine quelques centaines d'administratifs, d'ingénieurs et de cèdres et que, par ailleurs, l'ensemble du personnel peut être également amené à participer, ne serait-ce que ponctuellement, à des démarches qualité).

Comme avec le taylorisme, la normalisation pose également la question de la séparation entre ceux qui pensent et ceux qui exécutent le travail, malgré la mise en place d'outils participatifs (cercles de qualité, autocontrôle, etc..). Ainsi, un guide de poche sur l'assurance- qualité distribué aux personnels de production d'un grand constructeur automobile français distingue clairement trois niveaux d'intervention : service qualité ; l'encadrement (qui a pour tâche « d'assurer que le processus fonctionne comme prévu ») ; et, enfin, pour reprendre l'expression utilisée, « ceux qui font ».

Enfin, l'assurance - qualité est vue par certains comme une source de rigidifiassions de l'entreprise. S'il est vrai qu'il « ne faut pas confondre l'outil ISO 9000 et ce qu'arrivent à en faire, ou pas, ceux qui l'utilisent », on peut s'interroger sur l'idée même de norme. Par définition, une norme est établie pour jouir d'une certaine pérennité, et va servir de référentiel pendant une durée donnée. Adopter une norme revient, sur cette période, à définir la meilleure façon de faire une tâche, d'atteindre un objectif, de limiter les coûts cachés et d'éviter les dysfonctionnements. Le discours est, la aussi, familier d'une intention rationalisatrice forte.

Pour que la démarche qualité et l'idée de normalisation fonctionnent, la participation de tous, voire leur implication, est nécessaire. Ceci est vrai de l'application des procédures mises en place (à quoi serviraient les manuelles qualités s'ils n'étaient observés par personne ?). Mais ceci est également vrai lors de la mise en place de ces procédures. En effet, pour pouvoir détailler à ce point les « manières de faire dans l'entreprise », le service qualité invite les agents à rendre explicites leur pratiques, leurs savoirs, les routines implicites qu'ils mobilisent dans leurs activités quotidiennes ; les connaissances de terrain et les savoir-faire enfouis dans les pratiques doivent être mis à plat, révélés. La rédaction des procédures participe d'une réappropriation par les services fonctionnels des savoirs des opérateurs et autres membres de l'organisation, qui n'est pas sans rappeler le taylorisme.

De même, normaliser demande de tout décrire, afin d'établir des références à l'aune desquelles surveiller, évaluer et corriger les pratiques. La part du travail prédéfini, et donc prescrit, que l'on croyait propre au taylorisme, ne peut que croître. « A L'image du mode opératoire des ouvriers qui travaillent sur chaîne, les opérations de contrôle de la qualité font l'objet d'un même souci de définition et de précision. La check-list du contrôleur rassemble toutes les opérations qu'il doit effectuer, tous les points qu'il doit contrôler, toutes les postures qu'il doit adopter (....). »

Dés lors, la volonté de clarification des modes de travail qu'impose la normalisation de la qualité n'amène-t-elle pas à limiter les espaces d'autonomie des personnels, en accroissant les occasions de contrôle ? Il y a ici un vrai paradoxe, entre l'idée d'autocontrôle qui accompagne les discours sur la qualité, et que semble nécessiter l'application pratique de cette dernière, et « l'ordre commun » qu'impose les normes. La marge de manoeuvre laissée aux « collaborateurs » paraît bien faible, lorsqu'elle se définit par le strict respect des consignes. Dans la plaquette sur la qualité évoquée plus haut, on peut voir un opérateur en blouse de travail expliquant en ces termes la manière dont il s'autocontrôle : « je respecte le mode opératoire, je vérifie mon travail, je note les résultats sur la fiche de suivi (....). »

La normalisation de la qualité aurait-elle réinventé à la fois le taylorisme et la bureaucratie ? La question est sur l'agenda des chercheurs en organisation, parmi lesquels on peut citer Pierres Yves GOMEZ, Philipe ZARIFIAN ou encore Dénis SEGRESTIN.

 

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