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Modernité et prévalence du VIH/sida chez les femmes en République du Congo.

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par Pierre Rostin KINSAKIENO
Institut de formation et de recherche démographiques - Master professionnel en démographie 2011
  

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2.1.3.2. Approche socio-culturelle

Cette approche défend la thèse selon laquelle la sexualité ne saurait être un phénomène isolable, mais elle s'inscrit dans les normes et les valeurs culturelles de chaque groupe social (Rwenge, 1999.a). Par conséquent, ces normes et ces valeurs (socio-culturelles) en matière de sexualité déterminent les comportements sexuels des individus et les manières dans lesquelles l'activité sexuelle se fait. En effet, elle inscrit ces comportements dans une perspective obéissant à une organisation sociale6 fondée sur les normes, les valeurs et modèles socioculturels de chaque société. Généralement cette organisation est de type "traditionnel" et "moderne". Dans ce sens, nous l'aborderons selon ces deux dimensions organisationnelles.

a. La dimension "traditionnelle" de l'approche socio-culturelle

De cette dimension, il ressort que dans chaque milieu social les normes, les valeurs et les modèles traditionnels socio-culturels influencent les comportements sexuels des individus et certaines pratiques traditionnelles (les mutilations génitales, le besoin de procréation, l'héritage et rituel de purification de la veuve ou de l'épouse, la polygamie, la polyandrie, le lévirat, le sororat...). Elle se focalise sur deux variables pertinentes en relation avec ces comportements et quelques de ces pratiques à savoir : l'ethnie et la religion. Evina Akam (2007 : 14) indique que : « le contexte culturel est généralement approché par deux variables clés : l'ethnie et la religion ».

6 Elle exprime un mode de relation et de fonctionnement régissant les individus en société.

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? L'ethnie

Wakam (1994), souligne que l'ethnie en tant que lieu de production et de manifestation par excellence des modèles culturels spécifiques, apparaît ainsi comme un élément important dans l'étude des sociétés africaines dont la population est généralement composée de plusieurs groupes culturels. Elle est une variable considérable d'identification sociale d'un groupe jouant un rôle important dans la transmission du VIH/SIDA de par la différenciation des comportements sexuels des individus ainsi que la vulnérabilité des femmes par rapport à cette transmission issue des pratiques traditionnelles.

En effet, les croyances, les perceptions, les attitudes, les valeurs, les normes, les moeurs, les comportements, les pratiques,... relatifs au modèle traditionnel socio-culturel constituent des éléments fondamentaux sur lesquels l'ethnie influe. Selon Mudubu (1996), la variable ethnie agit plus à travers les croyances, les perceptions, les attitudes, les valeurs relatives au modèle culturel de référence. L'ethnie peut être aussi entendue comme un groupe social qui pour Rwenge (2001) constitue le cadre de reconnaissance et de valorisation des pensées et pratiques en adéquation avec la vie sociale et le système socio-culturel.

Dans certaines ethnies, les rapports sexuels ainsi que la fécondité avant le mariage sont strictement prohibés. La virginité des filles avant le mariage est une valeur sociale revêtant l'honneur familial voire communautaire. C'est le cas au Bénin où la plupart des coutumes exigent que la femme n'ait ses premiers rapports sexuels qu'après le mariage (Daga J., 2007). Ce qui n'est pas possible dans d'autres ethnies où cette pratique est au contraire tolérée et admise par la communauté traditionnelle, c'est le cas chez les Béti du Cameroun, les Kongo du Congo Brazzaville et les Mongo de la République Démocratique du Congo (Rwenge, 1999.a ; Emina, 2005 ; Kalambayi, 2007). Généralement dans ces dernières l'on observe aussi une précocité élevée des rapports sexuels, ce qui exposerait les jeunes filles aux MST/IST. Les études de Rwenge (1999 ; 2001) confortent cette hypothèse. Il ressort qu'à Bamenda l'appartenance ethnique aux groupes Tikari-Soh et Bamiléké est positivement associée au risque pour les jeunes d'être sexuellement actifs avant 16 ans. De même qu'en Côte d'Ivoire, il a été aussi observé que les filles krou et Sénoufo (ou Malinké) sont plus susceptibles que leurs consoeurs Akan d'avoir des rapports sexuels avant 16 ans (Talnan et al., 2002).

La multiplicité des partenaires sexuels pour les femmes s'inscrit dans un ordre culturel pour certaines ethnies. Au Cameroun, Rwenge (2001) a constaté que le multi partenariat est

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une conduite observée plus chez les jeunes appartenant aux ethnies Bamiléké, Metta, et les autres ethnies du Nord-ouest. En effet, les femmes qui entretiennent une relation à long terme avec plusieurs hommes ayant des partenaires sexuelles multiples peuvent contracter le VIH en fonction des comportements sexuels de leur partenaire, sur lequel elles exercent un contrôle très limité.

Au Cameroun, chez les Bëti tout comme chez les Bamiléké, la recherche du plaisir sexuel serait la principale raison du multi partenariat chez les hommes. Par contre, chez les femmes les contraintes économiques étaient la principale raison du multi partenariat (Rwenge, 2002). Par exemple, les Bamiléké dont les moeurs sexuelles sont rigides ont un risque plus moins d'utiliser les condoms pendant les rapports sexuels que les Bëti, où les moeurs sexuelles sont permissives (Rwenge, 2002). Chez les Yagba au Nigeria et les Bëti du Cameroun, il existe une coutume selon laquelle la meilleure manière pour un homme de prouver son amitié à un autre homme est de lui accorder une nuit avec son épouse comme marque d'amitié indéfectible (Rwenge, 2002). Ce genre de pratiques rendent vulnérables les femmes aux MST/IST.

Les pratiques d'héritage et des rites sexuels de purification de la femme ou de la veuve sont encore présentes dans certaines ethnies de l'Afrique subsaharienne lors du décès de leur mari. S'agissant de l'héritage de la veuve, un proche du mari décédé prend cette veuve pour épouse, quelquefois dans un cadre polygame. Pour ce qui est des rites sexuels de purification, la famille du décédé organise une relation sexuelle de fois non protégée avec un étranger payé par cette dernière afin de la nettoyer des mauvais esprits du défunt. Ainsi, ces femmes subissent ces pratiques avec le risque d'être infectées par le VIH car les refuser conduirait à l'exclusion sociale ou au viol (HRW, 2005). Dans cette perspective, Caldwell et al. (1993) estiment que dans l'ordre des facteurs à risque proprement culturels, en l'occurrence, certaines pratiques sociales traditionnelles comme la polygynie, le lévirat, le sororat qui sont propices à la déviance sexuelle, joueraient un rôle important dans la diffusion du VIH. D'autres pratiques traditionnelles comme l'excision et les mutilations génitales féminines, la circoncision masculine peuvent également entrainer l'infection à VIH/SIDA pendant et après l'ablation dans la mesure où il y a rapport sexuel avant la cicatrisation de la plaie avec un individu contaminé.

Dans la plupart des ethnies africaines, la femme ne peut en aucun cas décider sur sa sexualité autrement dit de nombreuses femmes n'ont pas le pouvoir de décider avec qui,

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quand et comment se déroulent leurs relations sexuelles (Hargreaves et Boler, 2006) surtout au sein des peuples ancrés dans la culture traditionnelle. En réalité, l'ethnie est une des variables de base pour l'analyse des faits de population en Afrique. Car elle constitue en effet le lieu de production et de reproduction des modèles culturels qui modulent le comportement des individus (Evina Akam, 2007).

? La Religion

La religion est une croyance en un principe supérieur dont dépend la destinée humaine ou un système de croyances et de pratiques propre à un groupe social (Dictionnaire Le Robert, 2005). En effet, la vie des religieux est régie par un ensemble de perceptions, de conceptions, de principes,... inscrit dans un système de croyances auquel ceux-ci doivent se conformer, on parlerait du respect au dogme7. Elle peut être définie comme un système institutionnalisé de croyances, de symboles, de valeurs et pratiques relatives (Akoto et al., 2002.a).

Appartenir à une religion ou une confession religieuse revient à intégrer, et à se conformer à ce qui la régi. Dans cette optique, la Bible (Nouveau Testament) affirme dans 2 Corinthiens 5 : 2 que « si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles ». Par conséquent, les comportements individuels ainsi que sexuels peuvent aussi être influencés par la religion. L'appartenance à une religion peut modifier l'activité sexuelle des individus et leur propension à adopter un comportement sexuel à risque (Yana, 1995).

Cependant, la religion n'aborde pas le domaine de la sexualité de manière claire surtout en ce qui concerne les jeunes. D'après Rwenge (1999.b : 229) « Un autre reproche fait à ces programmes est qu'ils s'adressent surtout aux adultes et non aux jeunes : pourtant ceux-ci constituent une part importante de la population sexuellement active, mais la moins informée sur les conséquences néfastes d'une sexualité libre.». Aussi, l'utilisation des préservatifs comme moyen de lutte contre le SIDA lors des rapports est peu considérée voire même interdite dans certaines religions. Dans ce sens, Zoungrana (1999.a) affirme que la résistance des religions aux messages de prévention a été mise en évidence au Burkina Faso où certaines congrégations religieuses ont farouchement combattu les programmes de promotion sociale du préservatif longtemps perçu comme un moyen de dépravation. C'est le

7 Point de doctrine regardé comme une vérité incontestable (dans une religion, une école philosophique) (Dictionnaire Le Robert, 2005).

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cas chez les Catholiques où l'usage du préservatif est strictement interdit car il serait la cause de la promotion de la promiscuité et des comportements sexuels indésirables.

La plupart des religions ont établi des règles liées à la nuptialité (avec ses différentes formes si possibles), et à la sexualité (généralement permise dans le cadre du mariage et non avant le mariage). C'est le cas de la religion chrétienne qui condamne certaines pratiques comme les relations sexuelles avant le mariage, l'homosexualité, la bisexualité, l'échangiste, le multi partenariat sexuel, la masturbation, et le fait de faire l'amour autrement que pour avoir un enfant est interdit...( Lepycouche S., 2008). Pour les religieux, ce genre de pratiques a engendré l'avènement du VIII/SIDA. Mais Dakuyo et al (2002) écrivaient que le faible niveau de connaissance des leaders religieux sur le VIII/SIDA a également une influence sur la perception des populations et favorisent la progression de la pandémie. C'est ainsi que l'épidémie paraît, pour certains d'entre eux comme une punition et un avertissement à l'humanité afin qu'elle change de comportements et revienne au droit chemin.

Selon le Rapport d'un atelier théologique consacré à la stigmatisation liée au VIII et au SIDA (ONUSIDA, 2005.a : 12) : « les chrétiens ont souvent présenté un modèle de Dieu vindicatif qui inflige le VIH et le SIDA comme punition du péché. Nous croyons, au contraire, que Dieu est un dieu de compassion qui se réjouit de la création. Le VIH est un virus (très dangereux pour l'être humain) mais pas une punition divine du péché ». Certains responsables religieux pensent que l'utilisation du préservatif s'avère importante dans une certaine mesure, c'est le cas du Cardinale Lebouche (2007) qui pense que l'utilisation de préservatifs dans certaines situations peut être considéré moralement légitime pour prévenir la diffusion du SIDA. Le virus se transmet à travers un acte sexuel et ainsi à côté de la vie, il y a le risque de transmettre aussi la mort. C'est dans ce sens qu'est valable le 7ième commandement de la Bible (Exode 20 : 13) qui stipule que « tu ne tueras point » en défendant la vie avant tout.

Ainsi, « certaines religions sont ainsi ouvertes au « modernisme », comme les religions chrétiennes ; d'autres, par contre, sont restées longtemps attachées aux modèles culturels traditionnels, comme l'Islam au Cameroun » (Evian Akam, 2007 : 14). C'est le cas du mariage monogame chez les chrétiennes alors que chez les musulmans l'on peut être monogame ou polygame. Dans les deux religions l'on peut observer plus ou moins les risques de transmission du VIII/SIDA. Enfin, la religion d'une manière globale porte certains aspects qui peuvent aussi contribuer à l'explication de la prévalence du VIII/SIDA.

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b. La dimension "moderne" de l'approche socio-culturelle

Le changement des comportements sexuels dans la société peut être influencé par les éléments liés à la modernité. En effet, le processus de modernisation favorise la dépravation des valeurs culturelles (Nouetagni, 2010). Il participe à la diminution du contrôle social en matière de sexualité. Par ailleurs, le milieu de socialisation, le milieu de résidence, l'instruction et la scolarisation, et l'exposition aux médias s'améliorent avec cette même modernité. Bien qu'elle soit un atout pour le développement de l'homme et de sa prise de conscience en matière de SIDA. Cependant, la modernisation stimule la connaissance des IST/VIH/SIDA, mais elle ne garantit pas pour autant leur santé sexuelle, et aussi elle n'est pas un facteur réducteur du risque d'en être contaminé (Tolno, 2007).

? Milieu de socialisation et milieu de résidence

La socialisation est défini comme un processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l'influence d'expériences et d'agents sociaux significatifs et par là s'adapte à l'environnent social où elle doit vivre (Guy R., 1970). Cet auteur met en relation la socialisation et le milieu dans lequel ce processus s'effectue.

Dans cette même lignée, le milieu de socialisation désigne « le lieu physique et culturel dans lequel la femme a passé son enfance, c'est-à-dire de la naissance à l'âge nubile (12 à 14 ans). Dans la plupart des études sur la fécondité, le milieu de socialisation est souvent étudié en opposant le milieu rural au milieu urbain. Mais cette opposition sous-entend une autre entre les cultures dites traditionnelles et celles dites modernes » (Evina Akam, 2007 : 5). A cet effet, le milieu de socialisation est différent du milieu de résidence (urbain, rural). Ainsi, l'individu qui, ayant subi sa socialisation dans le milieu urbain n'a pas les mêmes habitudes que celui qui l'a subi dans le milieu rural. Cependant, entre l'urbain et le rural, on observe un grand écart du point de vue culturel, car selon Fassassi (1994 : 15) : « Le cadre urbain offre par exemple une kyrielle d'opportunités susceptibles d'infléchir la position de la femme africaine, traditionnellement passive vis-à-vis de l'ordre socialement établi ». Or, acquérir une socialisation dans un milieu rural conduirait à consolider un certain nombre de pratiques, croyances, normes, traditions relevant du contrôle social et différentes de celles du milieu urbain.

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Ainsi, les comportements sexuels des individus sont influencés par la socialisation en fonction du milieu de résidence. A chaque milieu de socialisation, à chaque milieu de résidence correspond un ensemble de pratiques sexuelles spécifiques. Le milieu rural caractérisé par une forte présence d'un contrôle social est le lieu où la tradition est respectée, généralement les pratiques sexuelles relevant de celui-ci sont inscrites dans l'ordre traditionnel. Par contre, le milieu urbain qui de par sa diversité culturelle, l'urbanisation et la modernisation constitue un cadre de vie où la sexualité apparait comme ce qu'on pourrait qualifier de désorganisation sociale8. Sawadogo (2001) nous en donne une explication, dans le premier milieu il existe une certaine homogénéité culturelle qui joue en faveur du contrôle social tandis que le second est hétérogène.

En effet, les phénomènes comme la prostitution, le commerce sexuel, le vagabondage sexuel prennent corps en milieu urbain, ce qui rendrait plus vulnérables les femmes vivant dans ce milieu au VIH/SIDA, car selon Niekerk (2002 : 10) : « this is an environment very conducive to the flourishing of the AIDS epidemic ». Les milieux urbains africains sont actuellement les lieux où les transformations des modèles culturels dits traditionnels par ceux qualifiés de modernes sont les plus visibles et les perceptibles (Evina Akam, 2007). Au Mali par exemple lors de l'EDSM-III réalisé en 2001, il ressort que la séroprévalence est plus élevée en milieu urbain qu'en milieu rural. Madrama (2003: 9) pense que : « men who move to urban centres for work end up seeking other women, thereby promoting a risky sexual culture, whilst the circumstances and environment of the wives who are left in the rural home may be comparably risk-prone». Ainsi, l'exposition au VIH/SIDA est plus élevée en milieu urbain qu'en milieu rural. Le milieu de résidence pendant l'enfance décrit le lieu physique de socialisation tandis que l'ethnie et la religion vont définir les influences culturelles en matière de reproduction et de genre en particulier (Evina Akam, 2007).

? Niveau d'instruction et scolarisation

« L'éducation est essentielle au succès contre la pandémie. En fait, l'UNICEF reste convaincu que tant que l'on n'aura pas découvert un remède efficace, l'éducation est un des moyens les plus efficaces d'enrayer la propagation du VIH/SIDA» (Bellamy, 2004).9 L'éducation ou l'instruction renvoie à l'ouverture aux idées (de l'occident) en acquérant des connaissances dans divers domaines et même en matière de lutte contre le VIH/SIDA. De nos

8 C'est le relâchement du control social du fait de la disparition progressive du contrôle des aînés sur les cadets, en raison de l'introduction et de la diffusion des valeurs occidentales. Ou un dysfonctionnement social.

9 Message de Carol Bellamy, Directeur Général de l'UNICEF in UNICEF 2004.

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jours, l'éducation en particulier celle des filles (ou femmes) est perçue comme un moyen à travers lequel celles-ci peuvent acquérir les connaissances afin de mieux conduire leur vie sexuelle tout en évitant certaines pratiques néfastes pouvant les rendre vulnérables au SIDA.

D'après l'UNICEF (2004) il apparaît donc clairement qu'en l'absence de vaccin, donner une éducation de qualité à tous les enfants est l'un des meilleurs moyens de protéger tant les droits que la vie des jeunes menacés par le VIII/SIDA. Bien que l'éducation soit un atout, elle agit sur la capacité des filles et des femmes à revendiquer d'autres droits et à acquérir un statut social considérable, à atteindre l'indépendance financière ou améliorer leur représentation en politique (UNESCO, 2006). Ce qui permettrait à celles-ci d'avoir une parcelle de décision sur leur sexualité. L'acquisition de ces connaissances en matière de lutte contre le VIII/SIDA les conduirait à éviter les comportements sexuels à risque. Car une action plus soutenue de sensibilisation par l'éducation et de prévention du VIII pourrait protéger 29 millions de personnes contre l'infection d'ici 2010 et faire chuter d'un quart les taux d'infection par le VIII chez les jeunes (UNICEF, 2003).

En effet, l'éducation sexuelle des filles revêt un avantage considérable, des études ont tenté de lever l'équivoque sur le rôle de l'éducation sexuelle des jeunes dans la modification de leurs comportements sexuels (Rwenge, 1999.b). Dans une note d'information de l'ONUSIDA (2004) ressort que « les filles qui restent plus longtemps à l'école et à qui on inculque les compétences psychosociales ainsi qu'une éducation sexuelle, retardent le moment de leur première expérience sexuelle, en savent davantage sur la prévention du VIH ». Pour Rwenge (1999.a), l'école et les nouvelles activités récréatives éloignent souvent les jeunes des adultes...les jeunes sont sous contrôle des parents...il s'en suit le développement de l'activité sexuelle précoce de ceux-là qui a été observé dans la plupart des villes africaines. Cette précocité les expose aux MST/IST, ainsi « En Guinée, tout comme dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, l'éducation sexuelle était coutumièrement promue avec efficacité parce que les rapports sexuels étaient essentiellement pratiqués dans un cadre nuptial. Or, ceux-ci ont de plus en plus lieu hors union et de fait, ils favorisent la prolifération des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) dont la pandémie du VIH/SIDA. » Tolno (2007 : 3).

Cependant, la situation la plus répandue est celle de la sous scolarisation des filles surtout dans le contexte africain où parler de la sexualité aux jeunes est perçu comme un sujet tabou. Cette sous scolarisation les expose à l'entrée précoce en vie sexuelle, à la maternité, au

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mariage et aux MST/IST. Dans ce sens, Rwenge (2002) indique qu'avec leur niveau faible d'instruction, les femmes n'ont pas les informations fiables sur les MST/SIDA et leur prévention, lesquelles sont indispensables à leur prise de conscience des risques associés à la sexualité et au changement de leurs attitudes et comportements dans ce domaine.

? Exposition aux médias

L'acquisition des connaissances confère la capacité aux filles et femmes d'accéder à certaines informations en matière de lutte contre le SIDA par le biais des masses médias telles que : la télévision, la radio, les journaux, les affiches, les banderoles, l'internet,... D'après l'ONUSIDA (2006), les médias reflètent en même temps qu'ils façonnent la culture et les normes sociales. Ce sont des vecteurs de socialisation et un moyen efficace d'atteindre la population et de renforcement de la sensibilisation sur le SIDA. Les médias possèdent un potentiel sans pareil d'informer et d'instruire le grand public (ONUSIDA, 2006). Le plus souvent en Afrique ces masses médias sont beaucoup plus concentré en milieu urbain qu'en milieu rural du fait de l'urbanisation et de la modernité. Ce qui pose un problème de diffusion de l'information en milieu rural. Ainsi, un grand nombre de population n'a pas accès à l'information et à la connaissance du VIH/SIDA par le manque de moyen de communication.

La sensibilisation sur le VIH/SIDA et l'utilisation du condom n'ont pas produit jusqu'ici des résultats satisfaisants concernant les programmes pour la promotion de l'éducation sexuelle dans les milieux ruraux. Cela serait dû, entre autres, à la concentration dans les villes des infrastructures socioéconomiques (médias, journaux, centre de santé). Nonobstant les efforts consentis dans les villes d'Afrique subsaharienne, une frange importante de la population reste encore mal informée sur le SIDA, les modes de prévention de cette maladie, et n'a donc pas encore modifié son comportement sexuel. (Rwenge, 1999.a). L'échec de ces programmes pourrait résulter du niveau de compréhension des populations cibles lors de la phase de sensibilisation. Ainsi, Zoungrana (1999.b) affirme que les programmes nationaux de sensibilisation sur le SIDA ont eu très peu de succès à cause de la difficulté qu'éprouvaient les populations à assimiler les arguments scientifiques relatifs aux mécanismes et aux causes de la maladie avancés par la médecine moderne.

Mais avant toute sensibilisation surtout en matière de VIH/SIDA, la nécessité d'intégrer les éléments contextuels socio-culturels et sexuels des individus dans lequel la sensibilisation s'effectuera, s'avère capitale. Ceci permettra de bien orienter les messages à

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véhiculer afin que la population les comprenne sans ambiguïté. Dans la mesure où ce contexte semble être ignoré par ces programmes, ceci pourrait aussi expliquer en partie leur échec. C'est pourquoi selon Messanga (2009 : 271) : « Les médias montrent les malades, les font parler. Ils montrent les morts et font parler les familles des victimes ; ils montrent les orphelins et "les localités décimées", toutes choses qui se donnent comme les éléments "palpables" de la réalité du SIDA. Celle-ci est perçue dès lors dans la perspective objective. Le public, à travers ces opérations de monstration, a l'impression de "voir le SIDA". ». Ce genre d'illustration influe de façon sensible sur la conscience des individus.

La dimension "traditionnelle" et "moderne" de l'approche socioculturelle jouent un rôle très prépondérant dans l'explication de la transmission du VIH/SIDA chez les femmes et de leur vulnérabilité. Dans cette lignée, « Les modèles culturels sont en perpétuel renouvellement, les modèles dominants pouvant à tout instant être remplacés par des modèles déviants. On assiste ainsi, petit à petit, au remplacement des modèles culturels dits traditionnels par ceux qualifiés de modernes. » Evina Akam (2007 : 14). Il serait important de parcourir aussi la contribution apportée par d'autres approches explicatives comme l'approche socio-économique afin de mieux appréhender notre objet d'étude.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo