WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Décentralisation et croissance économique: le cas de 6 pays d'Afrique subsaharienne

( Télécharger le fichier original )
par Mathieu Rosin ALEMBE AYIMA
Université de Yaoundé II Cameroun - Master II en économie du territoire et de la décentralisation 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION

Il s'agissait dans ce chapitre de passer en revue la théorie de la décentralisation politique et administrative et son impact sur la croissance économique. Nous avons pu constater que c'est au travers des principes de proximité (HAYEK, 1948 et OATES, 1972) et de subsidiarité (GREFFE, 2005 et OLSEN, 2007) que la décentralisation influe respectivement, sur l'économie nationale et sur l'économie locale. Les études empiriques sur la décentralisation et croissance économique se sont beaucoup plus concentrées sur l'aspect financier, car beaucoup plus facile à capter (AKAI et SAKATA, 2002 ; FARIDI, 2011). Ce handicap a été contourné par la construction des indices (NDEGWA, 2002 et BAK Basel Economics, 2009). La littérature empirique autour du concept de décentralisation politique et administrative demeure très faible par rapport à celui de la décentralisation financière. Il n'en demeure pas moins que la théorie est suffisamment claire sur le fait qu'il faille décentraliser le pouvoir décisionnel politique. S'inspirant de TIEBOUT (1956), EBEL et YILMAZ (2001) conclut sur le fait que « plus le nombre d'unités politiques visé par la décentralisation du pouvoir décisionnel est élevé plus il est possible de maximiser les gains économiques. Cela s'explique par le fait que s'il existe un grand nombre d'unités politiques, les citoyens ont plus de chances de trouver une collectivité assurant le niveau de services qui répond le mieux à leur préférences ». Une évaluation de statistique descriptive à partir d'indices peut constituer une approche pertinente pour une évaluation empirique de cette théorie, de même qu'une approche économétrique s'inspirant des travaux de la BAK Basel Economics en 2009. C'est l'objet du chapitre suivant.

30

Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études supérieures en sciences économiques
Option : gouvernance et développement économique

Mémoire de Master II : Décentralisation et croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique

subsaharienne

CHAPITRE II : DECENTRALISATION POLITICO ADMINSTRATIVE ET
CROISSANCE ECONOMIQUE : LE CAS DE 6 PAYS D'AFRIQUE
SUBSAHARIENNE

INTRODUCTION

La vague des mouvements de décentralisation qui s'est approprié la plupart des pays d'Afrique subsaharienne a été surtout le résultat des pressions extérieures. L'échec des politiques de développement « up » à travers un Etat central fort va remettre en question ce mode de gestion publique dans les années 80. Il faut cependant reconnaitre que la décentralisation ne s'est pas mise en place au même moment et de la même façon en Afrique Subsaharienne. SEBAHARA (2000) insistera sur le fait que « les processus de décentralisation sont très différent d'un pays à l'autre non seulement parce qu'ils s'inscrivent dans des histoires différentes mais également parce qu'ils édictent des dispositions formelles variées ». Il n'existe donc pas de modèle de décentralisation qui pourrait être appliqué partout, par simple transposition.

L'on peut relever trois phases dans la mise en place progressive du processus de décentralisation en Afrique subsaharienne (SYLL, 2005) : le Sénégal fait partie des pays précurseurs puisqu'il a entamé son processus de décentralisation dans les années 1972. La deuxième vague est celle des années 80 : on y retrouve des pays comme la Guinée dont le processus de décentralisation a été initié en 1986. La troisième vague, plus générale est celle des années 90, caractérisée par le lancement des politiques de décentralisation dans des pays comme le Cameroun, l'Afrique du Sud...etc.

Ainsi, après la mauvaise expérience des politiques de « libéralisation » imposée par les bailleurs de fond, notamment les PAS et l'initiative PPTE, quelle certitude disposent les pays d'Afrique subsaharienne quant au bien-fondé de cette nouvelle orientation politico économique venue de l'extérieur ? La décentralisation via le transfert de compétences décisionnelles peut-elle être considérée comme un facteur de croissance économique en Afrique subsaharienne ? Il s'avère donc capital de pouvoir évaluer l'impact du transfert de compétences décisionnelles sur la croissance économique en Afrique subsaharienne. Il s'agira donc de mesurer ce concept pour pouvoir élaborer un modèle de régression (section I) avant d'analyser les résultats pour une possible proposition de politiques économiques (section II).

31

Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études supérieures en sciences économiques
Option : gouvernance et développement économique

Mémoire de Master II : Décentralisation et croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique

subsaharienne

SECTION I : TRANSFERT DE COMPETENCES DECISIONNELLES EN AFRIQUE
SUBSAHARIENNE : ETAT DES LIEUX, MESURE ET MODELE A TESTER

Le transfert de compétences décisionnelles est-il un facteur de croissance économique ? Pour répondre à cette question il faudra être en mesure de capter ce phénomène afin de pouvoir l'insérer dans un modèle de régression linéaire pour les estimations. A cet effet, nous présenterons d'abord le cadre des décentralisations politiques et administratives (I) avant de présenter la méthodologie de mesure utilisée en 2002 pour évaluer ce concept et le modèle que nous allons tester (II).

I. LE TRANSFERT DE COMPETENCES DECISIONNELLES EN AFRIQUE
SUBSAHAHRIENNE

Il faut également relever que le transfert de compétences décisionnelles ne s'est pas fait de manière commune à tous les pays. Elle dépend largement de la volonté politique de chaque Etat, des gouvernements successifs et de leurs stratégies respectives, du contexte politique de chaque pays et du degré de résistance à la pression des bailleurs (COQUART et BOURJIJ, 2010). Mais bien que ce processus soit spécifique à chaque pays, certains aspects communs s'y dégagent notamment en Afrique subsaharienne selon que l'on soit un pays Francophone ou Anglophone. Nous analyserons ainsi le cas de la décentralisation politique (1) avant d'aborder l'aspect administratif de cette politique (2).

1. La décentralisation politique en Afrique Subsaharienne

La décentralisation politique a pour objectif une vaste participation populaire au processus de prise de décision. Les autorités locales élues sont davantage indiquées pour la prise en compte des intérêts des populations et ce, de par leur proximité institutionnelle, ils sont amenés à proposer de meilleures prestations de services ; ce que le gouvernement central ne pourrait faire d'une manière efficace.

Au lendemain des indépendances, la grande majorité des pays d'Afrique subsaharienne ont hérités des systèmes politiques fortement centralisés et souvent gérés par des régimes autoritaires. L'organisation politique dépend toutefois du type de colonisation qu'a connu chaque pays. On en distingue deux modèles :

32

Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études supérieures en sciences économiques
Option : gouvernance et développement économique

Mémoire de Master II : Décentralisation et croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique

subsaharienne

Les pays d'Afrique Francophone (Sénégal, Cameroun, Guinée, RDC ...etc) ont adopté une décentralisation politique largement sous le contrôle du pouvoir central (COQUART et BOURJIJ, 2010). Cette volonté a été davantage mise en avant par les processus de déconcentration qui pérennisent l'influence de l'Etat central à travers des agents nommés qui le représentent et qui devront lui rendre des comptes. Les collectivités locales vont s'affirmer dans ces pays un peu plus tard, notamment sous la pression des bailleurs de fond qui vont pousser les pays francophones d'Afrique subsaharienne, notamment du centre, à transférer également des compétences aux autorités élues. Le cas spécifique des pays francophones d'Afrique de l'Ouest, qui sont très avancés en termes de décentralisation politique est lié au simple fait que ces pays ont connu dans la période d'après indépendance des guerres intestines qui ont poussé rapidement les autorités à très vite comprendre la nécessité d'un partage de pouvoir et de responsabilités (MOUSSA et IBOULDO, 2012).

Le processus de décentralisation politique demeure relativement jeune dans les pays de notre échantillon. Par exemple, le Sénégal bien qu'ayant été le premier pays d'Afrique francophone à connaitre la communalisation, le nombre de communes vient d'augmenter de 41 (Décret 2008-748 du 18 juillet 2008). Preuve d'une décentralisation politique en construction. Le Constat en encore plus amer en RDC où l'on fait face depuis plusieurs décennies au report des élections municipales : d'abord en 1965, ensuite en 1989 et plus récemment celles de 2007.La transparence et l'alternance qui assurent une fourniture efficace de biens publics ne sont pas assurées. Pour ce qui est du Cameroun, les élections municipales gagnent en régularité malgré la double prorogation du mandat des maires en 2012, la transparence n'y est pas encore. En ce qui concerne la Guinée, son processus est encore très jeune même si l'on a pu noter une certaine transparence depuis les élections municipales de 2002. (Confère annexe 1, tableau 2 pour la guinée).

Les pays Anglophones d'Afrique subsaharienne engagé dans ce processus sont caractéristiques de la politique de l' « Indirect Rule1 » appliquée par le colon Anglais. La décentralisation dans des pays comme l'Afrique du Sud, l'Ouganda ... a davantage tenu compte des structures politiques traditionnelles existantes ; ce qui a rendu moins important le poids des autorités centrales étatiques. C'est la raison pour laquelle malgré la jeunesse des

1La politique de l'indirect rule, mise en place par le colonisateur anglais, reconnaissait le pouvoir traditionnel local. Ce dernier constituait ainsi l'interface à travers lequel, les colonies étaient gérées d'où le qualificatif de gestion indirecte.

33

Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études supérieures en sciences économiques
Option : gouvernance et développement économique

Mémoire de Master II : Décentralisation et croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique

subsaharienne

élections municipales en Afrique du Sud (premières élections municipales en 1995 et 1998 en Ouganda), l'on peut noter une telle régularité et une telle transparence.

Cette principale différence entre la partie Anglophone et la partie Francophone d'Afrique Subsaharienne semble être le fait majeur responsable de l'avance prise par ces pays dans ce processus car l'organisation coloniale était prédisposée à la décentralisation, ce qui n'est pas le cas des pays d'Afrique francophone.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein