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Décentralisation et croissance économique: le cas de 6 pays d'Afrique subsaharienne

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par Mathieu Rosin ALEMBE AYIMA
Université de Yaoundé II Cameroun - Master II en économie du territoire et de la décentralisation 2013
  

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CHAPITRE III : DECENTRALISATION FINANCIERE ET CROISSANCE
ECONOMIQUE : UNE REVUE DE LA LITTERATURE

INTRODUCTION

Les années 70 marquent dans la plupart des pays, le début de la faillite de la gestion centralisée des affaires publiques. Les Etats centraux ont d'énormes difficultés financières et techniques à répondre aux besoins des populations, notamment ceux des classes sociales les plus basses (DEMANTE et TYMINSKY, 2008). Les pays Africains ne sont pas en marge de cette conjoncture, la plupart des indicateurs de performances économiques de ces derniers étant tendanciellement défavorables notamment dans les pays d'Afrique francophone où les taux de croissance économique en 1980 sont négatifs dans des Etats comme le Cameroun (1,9%), le Sénégal (-3,31%). Les Etats Africains au pouvoir central très fort sont donc en difficulté, souvent considérés comme des prédateurs par leur propre société et même par les opinions internationales.

La détérioration des équilibres macroéconomiques est fortement ressentie au niveau de la population, ce qui va inciter davantage au procès de l'Etat post colonial en Afrique. Les mécontentements sociaux trouvent ainsi une traduction politique. C'est alors que les institutions de Breton Wood (principalement FMI et BM), en tant que bailleurs de fonds internationaux incitent les Etats Africains à recentrer leurs interventions sur les fonctions classiques (l'Etat gendarme notamment) et à laisser aux acteurs infra Etatiques la responsabilité des politiques de développement. Deux méthodes sont proposées : la libéralisation (qui s'est soldé par un échec, notamment avec les PAS et le programme PPTE) puis la décentralisation.

La venue de la décentralisation s'avère donc pour bon nombre d'entre ces Etats comme une sortie de crise et elle peut donc être ainsi considérée comme une conséquence de l'échec des politiques de développement et des mouvements sociaux dans les années 80. C'est la raison pour laquelle MBACK (2002) affirme que c'est essentiellement les raisons politique et économique qui fondent les mouvements de décentralisation dans les pays Africains. Cependant, nous nous intéresserons davantage au volet financier de ce mode d'organisation c'est-à-dire la décentralisation financière. Ce volet est crucial pour la réussite du processus de décentralisation en Afrique car si d'une part, on transfère les compétences (décentralisation

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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études supérieures en sciences économiques
Option : gouvernance et développement économique

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des décisions avec le volet politique et administratif), d'autre part le transfert de moyens (décentralisation financière) doit suivre afin que les compétences transférées soient effectivement exercées par les collectivités locales. C'est donc ainsi que nous analyserons le concept de décentralisation financière (section I) avant de revisiter la théorie de l'impact de la décentralisation financière sur la croissance économique (section II).

SECTION I : LA DECENTRALISATION FINANCIERE

La décentralisation est souvent analysée dans une perspective de « haut en bas » même si cette dernière n'est pas toujours clairement avancée dans les textes (BIRD et VAILLANCOURT, 1998) ; à cet effet l'on peut établir une relation « principal/agent » dans le processus de décentralisation. L'Etat (le principal) délègue certaines de ses compétences à une collectivité locale (l'agent) tout en gardant sur elle, un droit de contrôle voilé sous la forme d'une tutelle administrative (BIRD, 1993). Le transfert de compétences ainsi effectif, il s'ensuit un transfert de moyens aux différents gouvernements locaux : c'est la décentralisation financière qui s'avère bien différente de la décentralisation politique ou administrative. Si TIEBOUT (1956) préconise la décentralisation du pouvoir décisionnel politique (la décentralisation des décisions), cette dernière doit surtout s'accompagner du volet financier. Il est donc important de cerner le concept de décentralisation financière (I) avant d'en préciser les fondements théoriques (II).

I. APPREHENSION DU CONCEPT

Face à un concept aussi multidimensionnel comme la « décentralisation financière », il apparait nécessaire de le distinguer des décentralisations politique et administrative. L'on comprend donc que la « décentralisation financière » est un des éléments constitutifs du concept général de « décentralisation ».

Il s'agira donc pour nous de ressortir d'une part la définition et les principes fondamentaux de la décentralisation financière (1) avant de présenter les différentes formes que peut prendre cette dernière (2).

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1. Définition et principes fondamentaux :

On entend par « décentralisation financière » la « répartition des ressources publiques et l'organisation des rapports financiers entre l'Etat et les collectivités locales » (YATTA, 2000). Cette dernière ne doit en aucun cas être confondue à la décentralisation fiscale que BOKO (2008) définit comme « le transfert vers les administrations locales des pouvoirs de décision relatifs à la mobilisation des ressources au niveau local en vue de l'exécution des responsabilités dévolues par le gouvernement central ». La décentralisation fiscale est un des éléments constitutifs de la décentralisation financière.

En fait la décentralisation financière recouvre le champ des ressources propres pour les collectivités locales (la fiscalité locale ou encore la décentralisation fiscale), l'identification d'un champ de ressources partagées (la fiscalité partagée) et le transfert des ressources de budget de l'Etat vers les collectivités locales (transferts intergouvernementaux).

YATTA (2000) justifie cette décentralisation financière par deux arguments :

- Les collectivités locales assurent certaines charges au « nom et pour le compte de l'Etat » ; c'est le cas par exemple des devoirs d'Etat civil, d'assainissement, d'entretien d'infrastructures publiques...etc. La fourniture de services sociaux de base aux populations locales par la commune en justifie le transfert des fonds dont elles sont sujettes.

- De plus, les collectivités locales participent « à la mise en oeuvre des politiques nationales » et contribuent de ce fait à la réalisation des objectifs de développement national. En effet, les collectivités locales mettent en oeuvre des politiques en totale adéquation avec l'impulsion donnée au niveau central en termes d'orientation. Elles contribuent à rendre effectif, dans leurs localités respectives, la politique telle qu'impulsée par le gouvernement. A ce titre encore, les transferts financiers sont encore justifiés.

S'il apparait raisonnable que des fonds soient transférés vers les gouvernements locaux, cela doit se faire dans un cadre bien précis. Ainsi, les principes qui régissent l'instauration de la décentralisation financière pourraient être appréhendés à partir des arguments suivants :

- L'adéquation entre les moyens (ressources financières) et les compétences transférées (MOINDZE, 2011). Cette maxime est cruciale pour la réussite d'une décentralisation financière qui se veut davantage efficace. Il ne serait pas commode d'embarrasser une collectivité locale avec des prérogatives qu'elle ne serait pas capable d'exécuter faute de moyens financiers adéquat. Cette situation biaise tout le fonctionnement politico

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administratif dans le pays du moment où on attribue des compétences à des autorités qui ne pourront jamais les exercer.

- La clarification de l'information autour de la décentralisation financière (BOKO, 2008). Les collectivités locales devraient être capables d'anticiper les transferts qui leur seront octroyées par le gouvernement central ceci afin de pouvoir avoir une idée de leur budget. Cela leur permettrait d'élaborer des politiques publiques beaucoup plus réalistes, moins ambitieux mais concrets. Cette situation devrait être évitée si les collectivités disposent réellement de l'outil de fiscalité locale propre (ce qui est loin d'être le cas en Afrique francophone), également si les transferts gouvernementaux se font selon une formule bien définie et reconnue par tous (ce qui est souvent bien rare en Afrique francophone, le procédé ad hoc demeurant privilégié).

- Développer des fortes capacités de mesure vis-à-vis de la décentralisation financière et même du transfert de compétences (JUTTING et al, 2005, KEARNY, 1999) ! En effet, il devient nécessaire aujourd'hui de constamment faire une autoévaluation des politiques publiques développées au sein des pays. Cette capacité de mesure permet souvent de voir quel niveau de finances faudrait-il octroyer pour exercer les compétences transférées. Bien au-delà, cette capacité de mesure permet également de faire un bilan du niveau atteint en termes de décentralisation financière et son impact sur la croissance nationale.

- La progressivité dans le processus de décentralisation financière. Il ne s'agira pas de transférer d'un seul coup la totalité des financements suite à un transfert total de compétences. Il faut tenir compte de la qualité des ressources humaines à la disposition des collectivités locales. A cet effet, les compétences autant financières que décisionnelles doivent être progressivement transférées afin de murir le personnel communal dans la gestion des telles responsabilités.

La décentralisation financière est donc ainsi régie par des principes bien définis, il en est de même des divers outils dont dispose le gouvernement central pour la mise en oeuvre de cette politique.

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