Partie I : Cadrage du travail de recherche
domaine du développement durable et a un projet de
développement très volontariste en matière de
réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Le
développement de l'agglomération présenté dans le
SCOT s'appuie sur une structure urbaine multipolaire, dans l'optique de
densifier des pôles urbains et de favoriser les modes de
déplacement les moins polluants (transports en commun, modes de
déplacements dits « doux » tels que la marche à pied et
le vélo). En parallèle, la préservation des espaces
naturels et agricoles fait l'objet d'une forte volonté politique, avec
l'objectif de conserver un équilibre entre espaces urbanisés et
espaces non urbanisés.
A partir de 2005, l'agglomération s'est
positionnée de manière précoce par rapport au niveau
national sur la thématique de l'adaptation au changement climatique. Cet
objectif figure dans le diagnostic du Plan climat du Grand Lyon et dans le SCOT
approuvé en 2010. Il devrait par conséquent être
intégré dans d'autres documents, et notamment dans le Plan local
d'urbanisme du Grand Lyon en cours de révision depuis le 16 avril 2012
(le PLU est soumis à un lien de compatibilité avec le SCOT).
Dès lors, quelle place est donnée à l'adaptation dans un
contexte où c'est l'atténuation qui constitue l'horizon des
politiques urbaines en matière d'organisation spatiale ? Comment sont
conciliées atténuation et adaptation ?
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Partie I : Cadrage du travail de recherche
CHAPITRE II : CONSTRUCTION DE L'OBJET DE RECHERCHE
I- Problématisation et hypothèses de
recherche
L'agglomération lyonnaise et le Grand Lyon se
revendiquent comme précurseurs sur la thématique adaptation. Les
questions au coeur de ce mémoire sont les suivantes : Quelle place est
donnée à l'adaptation dans les discours et dans les pratiques ?
Comment s'intègre cet objectif ? Quelles en sont les conséquences
sur l'organisation spatiale ? En d'autres termes, il s'agit de voir dans quelle
mesure l'adaptation vient modifier la stratégie lyonnaise.
Le domaine d'étude ciblé est celui de
l'organisation spatiale à tous les niveaux : la planification
(agglomération), l'urbanisme (ville et quartiers) et
l'aménagement urbain (opération).
1) Existe-t-il une politique d'adaptation ?
En somme, la question principale de ce
mémoire peut se formuler ainsi : existe-t-il une politique
d'adaptation dans l'agglomération lyonnaise ? Cette question
requiert d'interroger ce que peut être une politique d'adaptation. Cela
suppose d'abord de définir ce qu'est une politique publique, puis de
dégager les caractéristiques d'une politique d'adaptation.
a) Qu'est-ce qu'une politique publique ?
L'Institut suisse des hautes études en administration
publique (IDHEAP) définit les politiques publiques comme «
l'ensemble des décisions et des actions
prises par des acteurs institutionnels et sociaux en vue de
résoudre un problème collectif ».11 L'analyse des
politiques publiques dissocie généralement plusieurs
étapes. Charles O. Jones en distingue cinq12 :
l'identification du problème, le développement
11 Définition issue du séminaire : Projet
Interform, Séminaire des 3 et 4 avril 2007, Les politiques
publiques. Université de Pau et des Pays de l'Adour.
12 Ch. O. Jones, 1970, An introduction to the
Study of Public Policy, Belmont, Duxbury Press.
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Partie I : Cadrage du travail de recherche
du programme, la mise en oeuvre du programme,
l'évaluation du programme, la terminaison du programme. Dans le cas de
l'adaptation dans le Grand Lyon, seule les trois premières étapes
sont susceptibles d'être étudiées, la mise en oeuvre
n'étant pas encore achevée.
La première étape d'identification du
problème semble correspondre en partie à la prise de conscience
du problème climat, avec l'affirmation du caractère
inévitable du réchauffement et de la nécessité de
s'y adapter, qui s'est faite sur la scène internationale puis
européenne et nationale. En France l'identification du problème
s'est faite notamment avec l'épisode de la canicule de 2003 qui a
provoqué une surmortalité importante.
La deuxième étape, le développement du
programme, renvoie à l'élaboration d'une stratégie pour
adapter le territoire au climat futur prévu par les scientifiques. A
Lyon, cette étape correspond aux réflexions
développées dans le cadre du programme AMICA, reprises et
développées dans le Plan climat du Grand Lyon, et aux
réflexions en cours dans le cadre de la révision du Plan local
d'urbanisme (PLU) du Grand Lyon.
La troisième étape de la mise en oeuvre du
programme en est à ses prémices à Lyon. Elle consiste en
la mise en oeuvre de mesures d'adaptation, qui peuvent être de deux
ordres : des mesure consistant à réduire les impacts physiques du
changement climatique, l'aléa ; ou bien des mesures consistant
à réduire la vulnérabilité à ces impacts
physiques. Un dernier type de mesure pourrait être des mesures de gestion
de crise ayant pour objectif d'améliorer la résilience.
Nous retiendrons, quant à nous, deux
étapes principales d'une politique publique :
- la mise à l'agenda, allant de la
prise de conscience d'un problème à sa mise sur l'agenda
politique (décision de prendre en charge ce problème
politiquement), jusqu'à l'élaboration d'un programme d'actions
- la mise en oeuvre renvoie au volet
opérationnel de la politique : il s'agit de la réalisation des
actions, de leur inscription dans un cadre réglementaire à leur
application effective.
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