Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur
quatre communes
Figure
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6 : profil de l'îlot de chaleur urbain
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Source : illustration issue du r
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éférentiel « conception et gestion des
espaces publics
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: lutte contre
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les îlots de chaleur urbains » du Grand Lyon, 2010
Dès 2008 la DDASS du Rhône et le Grand Lyon
lancent une étude pour caractériser le phénomène
d'ICU sur l'agglomération lyonnaise, qui aboutit à la proposition
d'une méthodologie d'identification des ICU (Champiat, 2008). Ce travail
identifie les différents facteurs influençant le
phénomène d'îlot de chaleur et propose une cartographie de
ce phénomène sur quatre secteurs tests (Les Grattes-Ciel à
Villeurbanne, Meyzieu sud-ouest, Le Vieux Lyon et les Minguettes à
Vénissieux).
Cette méthodologie est reprise par la suite dans un
travail de plus grande ampleur visant à réaliser une cartographie
de probabilité de l'îlot de chaleur urbain sur l'ensemble du Grand
Lyon (Vallet, 2012). Cette cartographie de risque est
conduite par le service
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écologie du Grand Lyon. Elle est le fait
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d'une initiative
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technique, avec validation de la hiérarchie et des
élus. Ce travail a pour point de départ les divergences
observées entre la cartographie réalisée par
Clément Champiat et les relevés de températures
satellitaires sur l'agglomération. L'objectif est d'améliorer ce
travail et de parfaire la cartographie de l'ICU. A la méthodologie de
Clément Champiat qui intégrait essentiellement des facteurs de
composition urbaine, sont ajoutés des facteurs portant sur la
thermodynamique du quartier comme l'exposition au soleil ou les apports
énergétiques extérieurs.
L'objectif de ce travail est de l'ordre de l'aménagement
mais aussi de l'ordre
social. Il s'agit d'une part d'avoir un retour
d'expérience sur les
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aménagements :
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
quels aménagements favorisent ou atténuent la
probabilité d'îlot de chaleur urbain ? D'autre part il s'agit de
faire ressortir une répartition géographique des îlots de
chaleur et de regarder combien de personnes sont concernées. L'objectif
est d'avoir une action prioritaire sur ces secteurs afin d'être en
cohérence avec la « demande sociale » d'îlots de
fraîcheur. En somme il s'agit de vérifier l'existence d'un «
équilibre îlots de chaleur/îlots de fraîcheur »
et de le réguler selon la chargée de mission du Grand Lyon
responsable de cette cartographie.
Cette cartographie en est à ses prémices
actuellement. Elle est prévue pour 2012-2013 dans l'idée de
pouvoir être intégrée à la révision du
PLU.
Une thèse est également en cours sur
l'îlot de chaleur urbain dans les trois agglomérations de Lyon,
Saint Etienne et Grenoble (Dudek, 2012). Ces travaux de connaissance sur
l'îlot de chaleur urbain ont pour objectifs d'identifier les secteurs les
plus concernés et de proposer des pistes d'actions sur ces secteurs
prioritaires.
Ces divers travaux nourrissant les réflexions sur
l'adaptation dans le Grand Lyon sont le signe d'une focalisation sur la
thématique de la chaleur, et plus particulièrement sur le
phénomène d'îlot de chaleur urbain. Les autres enjeux en
lien à la gestion de l'eau notamment sont mis de côté au
profit d'une attention croissante portée à l'aspect thermique. A
ce problème a d'emblée été associée une
solution : la végétalisation.
b) La cristallisation du couple
chaleur-végétalisation : l'approche « problem-solving
»
Au problème de la chaleur retenu dans
l'agglomération lyonnaise a rapidement été associée
une solution dans la végétalisation.
De nombreux travaux scientifiques ont montré les effets
bénéfiques du végétal en termes de
modération climatique (Gill et al., 2007 ; Colombert et Boudes,
2012 ; Bertrand et Simonet, 2012 ; Rankovic et al., 2012). Les
principaux effets du végétal sur le microclimat sont les suivants
:
- l'effet d'ombrage et la réduction du rayonnement
absorbé par les surfaces urbaines
- l'évapotranspiration
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
- la modification de l'écoulement de l'air
Une étude sur la ville de Manchester a ainsi
montré que l'augmentation des températures est moins
marquée dans les zones boisées que dans les centres urbains, et
que 10 % d'espaces verts supplémentaires pouvaient réduire
l'îlot de chaleur jusqu'à 4°C (Gill et al.,
2007).
La focalisation sur cette solution dans le Grand Lyon
s'explique en partie par un jeu d'acteurs : le Service arbre et paysage s'est
d'emblée intéressé à la thématique
adaptation comme une occasion de redonner une importance à la
végétation en ville. Une citation d'un chargé de mission
au Grand Lyon résume bien la formation du couple
chaleur-végétalisation, entre jeu d'acteurs et effet
d'opportunité :
« Les mesures qui ont été
privilégiées, c'est les mesures de plantation d'arbres. Et
ça, pourquoi ? C'est toujours l'histoire du marteau et du clou. C'est
qu'on a un Service arbre qui est hyper intéressant. Avec quelqu'un qui
est curieux, qui est dynamique, qui a une cellule hyper opérationnelle
qui peut agir rapidement, avec des temps de mise en opération assez
courts. La question de l'îlot de chaleur urbain, il l'a tout de suite
trouvé hyper intéressante parce que ça redonnait un
rôle à l'arbre. [...] Et tout de suite, l'été
où on lui en a parlé dans le cadre du projet AMICA, il a
trouvé ça vachement bien. Il a commencé à aller
bosser là-dessus, à faire des présentations autour de
l'arbre, ce régulateur du climat urbain. Et il a calculé les
indices de canopées urbaines, il a réfléchit à des
quantités d'ombre, etc. »
Chargé de mission Grand Lyon, 2012
L'inscription de l'adaptation dans un cadre
réglementaire est révélatrice de cette approche
problem-solving. L'adaptation est inscrite comme objectif du SCOT. Elle fait
l'objet d'un paragraphe dans le Document d'orientations général
qui affirme l'objectif « [d'] adaptation au réchauffement et la
limitation de ce réchauffement ». Ainsi seul l'aléa chaleur
est évoqué. Une carte présente les axes d'intervention
pour l'adaptation au changement climatique. Neuf axes sont
développés dont cinq concernent les « espaces verts »
au sens large (arbres d'alignement et espaces verts urbains, espaces naturels
et agricoles périurbains) : la place du végétal ressort
donc comme le principal élément d'adaptation au
réchauffement climatique.
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