b) Simandres et le risque d'inondation
A Simandres la thématique du changement climatique
n'est pas prise en compte de manière explicite. Le maire affirme ainsi
« On ne parle pas de changement climatique ». Si l'objectif
d'adaptation affirmé dans le SCOT est connu des élus de la
commune, le maire étant vice-président du SEPAL, il semble peu
pertinent aux élus sur le territoire de la commune et aucune action
n'est envisagée spécifiquement dans cette optique.
Deux raisons ressortent des discours des élus de
Simandres pour expliquer l'absence de prise en compte de l'adaptation
climatique dans la commune. D'abord, l'incertitude quant aux impacts d'un
changement climatique : « On ne peut pas prévoir les impacts du
changement climatique. Je ne vois pas comment un élu peut travailler
là-dessus ». Outre ces incertitudes quant au climat futur, la
commune semble peu concernée par un éventuel changement
climatique et aucune vulnérabilité particulière n'est mise
en avant par les élus, qui affirment ne pas savoir quoi faire de plus
pour anticiper ces changements. Sur le réchauffement et le risque de
sécheresse, la commune est déjà « adaptée
» : très peu de fleurs sont plantées et l'arrosage est donc
très limité ; la végétation est constituée
d'essences locales qui sont bien adaptées au climat actuel et ne
nécessitent pas d'intervention humaine. « La nature se
débrouille toute seule ». De plus la commune est peu sensible
aux épisodes de canicule, le noyau urbain étant de petite taille
et entouré d'espaces naturels qui constituent autant «
d'îlots de fraîcheur » accessibles à la population.
Concernant le risque d'inondation, les élus considèrent qu'il n'y
a « rien à faire d'autre » et « qu'on ne
peut pas faire mieux ». En effet la commune est concernée par
le Plan de prévention du risque inondation (PPRi) du Pays de l'Ozon,
réactualisé en 2008. La commune se considère donc
prémunie face au risque d'inondation.
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
Figure 9 : Extrait du PPRi de la Vallée de
l'Ozon, 2008
Le PPRi n'intègre pas de considérations
liées au changement climatique. Pour l'instant le ministère n'a
pas donné de directive dans ce sens et il n'est pas demandé aux
services déconcentrés de l'État d'intégrer les
éventuels impacts du changement climatique dans les PPRN (Comte, 2012).
Ensuite, selon le responsable de l'Unité risque de la DDT du
Rhône, le pas de temps des PPRN n'est pas adapté pour anticiper
les futurs impacts du changement climatique : la durée de vie moyenne
d'un PPRN est de dix ans, alors que les changements climatiques sont sur une
durée plus longue. Enfin les incertitudes scientifiques quant aux effets
du changement climatiques sont encore trop importantes pour que ceux-ci soient
intégrés dans les plans. En effet les PPRi reposent sur des cotes
précises ; or les impacts du changement climatique sur le niveau des
eaux ne font pas l'objet d'estimations fiables aujourd'hui (Sbrava, 2012). Le
responsable de l'Unité risque de la DDT explique que l'hydrologie se
base sur les statistiques des niveaux des eaux des années
précédentes et que le niveau de référence est la
plus haute crue connue. Les données de référence sont
définies par rapport aux événements passés, et il
n'y a pas d'anticipation des niveaux moyens des eaux ou des
événements futurs. Les niveaux des crues ne sont pas
surévalués dans l'optique d'un changement climatique.
Surélever les seuils pose des difficultés majeures : d'abord, le
choix du seuil pose question : prend-t-on une marge d'erreur
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
de 10 %, 20 % ou davantage ? Et comment justifie-t-on ce choix
? (Conte, 2012). En outre le choix de relever ces seuils aurait des
conséquences importantes : les enjeux en termes de droit à
construire seraient majeurs, d'autant plus en tenant compte de la pression
foncière à laquelle est soumise l'agglomération lyonnaise.
Ce choix est par ailleurs difficile à justifier, car il reposerait sur
des estimations du changement climatique peu fiables au niveau local.
« On ne pourrait pas se permettre de dire on va
relever le niveau des eaux de tant, et on fait par principe de
précaution un PPR qui élève de 15 cm son niveau de crue
sur l'ensemble du périmètre. D'abord parce qu'en termes d'enjeux
ce serait énorme, sur un secteur aussi urbanisé que
l'agglomération lyonnaise [...] Ce serait difficile aujourd'hui de faire
accepter aux collectivités un principe de précaution comme
ça qui figerait l'urbanisation de certains secteurs et qui remettrait en
cause l'urbanisation existante, ce qui est encore plus délicat, sur la
base d'une hypothèse invérifiable et même infondée
aujourd'hui malheureusement. »
Responsable à la DDT Rhône, 2012
La gestion des risques naturels n'est donc pas
renforcée avec la perspective du changement climatique. Au niveau
central c'est l'incertitude quant aux effets du changement climatique qui est
avancée. Au niveau de l'agglomération il semble que la question
ne soit pas posée en tant que telle. Au niveau communal l'idée
d'être peu vulnérable à ces effets prédomine. Par
ailleurs, la gestion des risques n'est pas une compétence communale ni
intercommunale mais une prérogative régalienne. Cela explique
peut-être que les acteurs locaux ne s'en saisissent pas. « Nous
on n'est pas compétent en matière de risques »
(Chargée de mission Grand Lyon, 2012).
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