b) Le Projet paysage et environnement (PPE), entre
aspects environnementaux, paysagers, sociaux et climatiques
i) Genèse et mise en place du PPE
Le PPE est issu de la volonté du maire de mettre en
oeuvre un plan paysage à la fin de son premier mandat. Les enjeux du
développement durable en terme de biodiversité ainsi que
l'importance accordée à la nature en ville dans le Plan climat du
Grand Lyon avec la mise en avant de son effet positif sur la lutte contre
l'îlot de chaleur urbain, contribuent à transformer ce plan en
« Projet paysage et environnement ». La dimension « nature en
ville » prend donc davantage d'importance. Il ne s'agit plus seulement de
développer la place de la nature dans la ville, mais aussi de lier ces
espaces entre eux afin de créer des corridors verts. Le PPE
32 Site internet de la mairie de Villeurbanne
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
a vocation à être opérationnel, c'est un
schéma directeur pour définir une trame verte urbaine qui est en
cohérence avec la trame verte de l'agglomération.
Le PPE comprend trois étapes : une phase de diagnostic
réalisée début 2010, une phase d'élaboration des
orientations en 2010 et la phase de mise en oeuvre par la Direction
générale du développement urbain à partir de 2011.
Il est mis en oeuvre par différents acteurs. Un bureau d'études
ainsi que deux personnes de la mairie de Villeurbanne mènent à
bien ce projet : une personne à la direction de l'urbanisme pour la
programmation (mise en place du schéma directeur de
végétalisation) et une personne dans le service des espaces verts
sur la partie plus opérationnelle.
Le PPE se présente sous la forme de dix fiches-action,
qui constituent un plan d'actions pour 10 ans. Il s'agit d'un document interne
à la mairie de Villeurbanne qui n'a pas vocation à être
diffusé comme tel. Par contre, un travail de cartographie est en cours
avec l'Agence d'urbanisme pour aboutir à un rendu visuel plus accessible
qui sera plus largement diffusé.
ii) Les actions menées dans le cadre du PPE
Le PPE comprend sept actions prioritaires qui sont
déjà en cours de réalisation (Neyron, 2012 ; Maquaire,
2012) :
- le programme parc et jardins vise à
être exemplaire pour ensuite inciter les privés : « bonnes
pratiques » de gestion des espaces verts (réduction de l'usage de
produits phytosanitaires), créations et requalifications d'espaces
verts33.
- le développement de corridors
écologiques qui s'inscrivent dans la lignée de la trame
verte et bleue de l'agglomération (parcs linéaires).
- le jardinage en ville : il s'agit de
diversifier l'offre de jardins et de promouvoir des jardins potagers dans les
projets immobiliers (incitation sur les promoteurs).
- le réseau paysage et balade consiste
à développer des réseaux d'itinéraire
piétons à partir d'un coeur de quartier pour inciter à la
découverte de la nature.
- les interventions paysagères dans
toute la ville, que le chargé de mission en charge du PPE nomme «
pointillisme ». Le développement des micro-implantations florales
sur l'espace public ou le conditionnement du maintien des panneaux
33 Voir Annexe 5 sur le Projet paysage et
environnement de Villeurbanne.
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communes
publicitaires arrivant au terme de leur bail à la
végétalisation des façades en sont des exemples.
- des actions de sensibilisation et de
pédagogie envers le personnel municipal et les
habitants
- la mise en place d'un observatoire de la
biodiversité.
iii) Les niveaux d'action du PPE
La réalisation de ces objectifs induit une action sur
quatre niveaux d'intervention (Neyron, 2012).
Au niveau intercommunal les objectifs sont
déclinés dans le programme pluriannuel d'investissements du Grand
Lyon, car la plantation d'arbres sur la voirie est une compétence
intercommunale. La mise en oeuvre du PPE fait donc l'objet de
négociation avec le Grand Lyon pour tout ce qui est de la plantation
d'arbres d'alignement. La ville a récemment passé une convention
avec le Grand Lyon afin de réaliser le PPE sur le domaine communautaire
et a décidé d'attribuer un budget supplémentaire de 200
000 € pour ces opérations. La végétalisation de
l'entrée de ville de Laurent Bonnevay est ainsi prévue dans ce
budget, tout comme l'aménagement de cheminements piétons et de
placettes arborés.
Au niveau communal les objectifs prennent
place dans la programmation des équipements municipaux en termes de
terrains et de budget. Sont ainsi programmées les réalisations de
parcs et jardins qui sont une compétence de la ville. De même pour
les réalisations de toitures et de façades
végétalisées sur des équipements municipaux.
Par ailleurs les objectifs de végétalisation
font l'objet d'une négociation avec les constructeurs.
Au cours des séances préalables à l'instruction
du permis de construire, la commune incite les promoteurs et les bailleurs
à réaliser des actions compatibles avec les objectifs du PPE. Par
exemple la commune propose aux promoteurs d'installer des espaces verts
intéressants en termes de biodiversité, comme des haies
champêtres ou des arbres remarquables, plutôt que des pelouses. La
commune est également très incitatrice en matière de
jardins partagés. Ainsi sur Villeurbanne deux opérations
privées comprenant des jardins partagés ont vu le jour.
Enfin la commune a une action en matière de
sensibilisation et de pédagogie envers
le personnel municipal et les habitants. Une charte de bonnes pratiques du
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communes
jardinage est prévue, et un numéro sur le
jardinage en ville est à paraître dans le magazine municipal.
La mise en oeuvre du PPE fait donc l'objet d'un urbanisme
négocié : différents acteurs sont impliqués et,
dans certains cas, la commune outrepasse le domaine de ses compétences
pour agir sur le domaine privé (discussions avec les promoteurs) ou sur
des compétences intercommunales (arbres d'alignement).
Le PPE comprend des actions très variées ayant
pour finalité de développer la place de la nature en ville. Si le
PPE vise avant tout une qualité urbaine paysagère, il
répond de fait à de nombreux autres enjeux, à la fois
paysagers et sociaux (amélioration du cadre de vie), environnementaux et
écologiques (biodiversité) et climatiques (rôle de la
végétation pour rafraîchir la ville). Vincent Morland,
délégué à la Nature en ville, affirme ainsi «
Tout ce qui est fait en faveur de la biodiversité a une incidence
sur la perméabilité des sols, le rafraîchissement des
températures, la qualité de l'air, de l'eau et de notre cadre de
vie »34. La chargée de mission développement
durable parle d'une « boucle vertueuse » pour désigner ces
interactions positives. Le PPE est donc un plan d'actions « sans regret
» aux bénéfices multiples. C'est aussi le cas, dans une
moindre mesure, des travaux d'amélioration du bâti.
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