Partie I : Cadrage du travail de recherche
augmente à mesure que l'on s`éloigne du centre
(Raux, Traisnel, 2007)7 et les déperditions d'énergie
sont plus importantes (Fouchier, 1997). Toutes ces recherches
établissent un lien entre forme d'organisation territoriale,
consommations d'énergie et émissions de gaz à effet de
serre.
Une ville sobre en carbone serait donc une ville dense ou
« compacte ». L'objectif d'atténuation du changement
climatique converge ainsi avec l'objectif d'une ville « durable »
définie par la Charte d'Aalborg de 1994. La ville durable doit assurer
un équilibre entre protection de l'environnement, équité
sociale et enjeux économiques. Un certain nombre de « prescriptions
» d'ordre urbanistique sont associées à ces objectifs. En
quelques mots, la ville durable est une ville compacte
caractérisée par une mixité sociale et fonctionnelle, qui
assure une bonne qualité de vie à ses habitants et qui respecte
son environnement en limitant l'étalement urbain ainsi que les
émissions de gaz à effet de serre. Il existe donc un
« modèle » de ville sobre en carbone
(Pizarro, 2009) qui correspond au modèle de "ville
durable». Ce modèle urbain constitue le
référentiel des politiques publiques d'urbanisme et
d'aménagement (Emelianoff, 2007a) depuis les années 1990 -
2000.
3) La reconnaissance tardive de l'adaptation sur la
scène internationale
Si le Groupement international d'experts sur le climat (GIEC)
reconnaît l'adaptation dès son troisième rapport, cette
notion a assez peu d'écho au début des années 2000, du
moins dans les pays développés. L'adaptation est alors
considérée comme un signe de renoncement aux efforts de
réduction des émissions de gaz à effet de
serre8.
L'adaptation est véritablement mise au-devant de la
scène avec le quatrième rapport du GIEC de 2007, qui affirme
qu'un réchauffement climatique est inévitable. Dans ce rapport le
GIEC prévoit une hausse de température moyenne d'ici 2100 de 1,1
à 2,9 degrés par rapport à 1990 selon le scénario
le plus optimiste et de 2,4 à 6,4 degrés selon le scénario
le plus pessimiste. Un réchauffement d'ici la fin du siècle
est
7 Raux C., Traisnel J-P., 2007, « Habitat et
déplacements dans les aires urbaines ». Annales de la recherche
urbaine, No.103, 30-41 (In Desjardins, 2011)
8 Al Gore décrit l'adaptation comme «
une sorte de paresse, une foi arrogante en notre capacité à
réagir à temps pour sauver notre peau »8. Source
: Al Gore, Earth in the Balance : Ecology and the Human Spirit,
Houghton Mifflin, Boston, 1992, 416 p. (p. 240).
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ainsi inéluctable, et ce quelle que soit l'ampleur des
efforts de réduction des émissions de gaz à effet de
serre. Cela s'explique par l'inertie du climat : les gaz à effet de
serre ayant une durée de vie longue, les émissions passées
et actuelles persisteront dans l'atmosphère au cours du
siècle. « Même si les émissions de gaz à
effet de serre diminuaient suffisamment pour stabiliser la concentration de ces
gaz, le réchauffement anthropique et l'élévation du niveau
de la mer se poursuivraient pendant des siècles en raison des
échelles de temps propres aux processus et aux rétroactions
climatiques. » (GIEC, 2007)
La notion d'adaptation au changement climatique est alors
présentée comme nécessaire. D'autant plus que certains
événements ont contribué à légitimer
l'adaptation comme volet à part entière des politiques
climatiques. C'est le cas d'événements climatiques exceptionnels
comme la canicule de 2003 en Europe. Par ailleurs, le rapport Stern de 2007 a
contribué à légitimer financièrement l'adaptation :
selon ce rapport, une action proactive en matière d'adaptation aurait un
coût bien moins élevé que le « laisser-faire » et
des actions « après coup ». Par exemple, si l'application de
nouvelles normes bioclimatiques pour les constructions neuves serait
progressive et économiquement soutenable, la rénovation thermique
du parc existant serait extrêmement coûteuse.
En France, l'Observatoire national sur les effets du
réchauffement climatique (ONERC) est crée en 2001. Il a pour
principaux objectifs de collecter et de diffuser des données sur les
risques liés au changement climatique et d`énoncer des
recommandations pour s'adapter à ces risques. L'ONERC produit des
publications sur le thème de l'adaptation au changement climatique,
comme le guide destiné aux collectivités locales intitulé
« Êtes-vous prêt ? Guide pour l'adaptation à
l'attention des collectivités locales » publié en 2004.
L'adaptation prend place dans un cadre réglementaire dans le courant des
années 2000, avec le Plan Climat national de 2004 qui rappelle qu'une
politique climatique doit comprendre à la fois des mesures
d'atténuation et d'adaptation. Une stratégie nationale
d'adaptation est lancée en 2007, suivie du Plan national d'adaptation en
2011. A la fin des années 2000 l'adaptation devient un impératif
pour les collectivités locales. Le Code de l'urbanisme, modifié
par la loi Grenelle du 3 août 2009, affirme que l'« action [des
collectivités publiques] en matière d'urbanisme contribue
à la lutte contre le changement climatique et à l'adaptation
à ce changement. » (article L110).
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