WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La vente à  l'essai face au régime juridique des contrats à  distance

( Télécharger le fichier original )
par Florent SUXE
Université Panthéon-Sorbonne Paris 1  - Master 2 droit du commerce électronique et de l'économie numérique  2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PARTIE 2 : LE DROIT DE RÉTRACTATION APPLIQUÉ À LA VENTE « SURPRISE » À

L'ESSAI

Comme nous l'avons déjà évoqué, la vente à l'essai est prévue par l'article 1588 du Code civil, qui prévoit en substance que celle-ci n'est formée que sous la condition suspensive de la réussite de l'essai.

Cette disposition n'est pas sans poser beaucoup de difficultés, en particulier au regard de notre espèce, dans la mesure où la frontière entre la faculté qui est donnée à l'acheteur de faire échec à l'essai et le droit de rétractation qui est attribué à ce dernier lorsque la vente est conclue à distance, est ténue, voire, inexistante.

Ainsi, il s'agit de se demander dans un premier temps si, la circonstance selon laquelle la vente est conclue à distance, fait obstacle à la qualification de vente à l'essai, dans la mesure où le cyberacheteur dispose déjà au travers de son droit de rétractation, des mêmes avantages que ceux qui lui seraient offerts par la faculté de faire échec à l'essai (Chapitre 1).

En second lieu, il s'agira cependant d'envisager l'articulation de la faculté de faire échec à l'essai et du droit de rétractation, au cas où l'on devrait considérer que ces deux droits se distinguent et se cumulent (Chapitre 2).

CHAPITRE 1 : L'autonomie de la faculté d'essai vis-à-vis du droit de rétractation

Loin de se substituer à la qualification de vente à l'essai, la qualification de vente à distance semble s'y superposer. En effet, nous tâcherons de démontrer que la première de ces qualifications, consacrée par les rédacteurs du Code, à une époque où le droit de rétractation n'avait pas été inventé, survit à la seconde (section 1).

Il n'en reste pas moins qu'en raison de ses similitudes avec la faculté de faire échec à l'essai, on peut s'interroger sur la capacité du droit de rétractation à survivre à la réalisation de l'essai et envisager son éventuelle disparition au stade de l'exécution du contrat, malgré son existence au stade de la conclusion (section 2).

68

SECTION 1 : La survivance de la vente à l'essai lorsque celle-ci est conclue à distance

Comme nous le verrons, il semble que des similitudes évidentes existent entre le droit de rétractation et la faculté de faire échec à l'essai, de sorte qu'il est tout naturel de se demander si le droit de rétractation ne se substitue pas à la faculté de faire échec à l'essai lorsque la vente est conclue à distance (§1).

Cependant, en dépit de ces similitudes, il nous semble qu'il faille considérer que le droit de rétractation s'ajoute à la faculté de faire échec à l'essai sans s'y substituer, dans la mesure où sa consécration en droit de la consommation n'apparaît pas incompatible avec le droit commun du code civil (§2).

§ 1 Les similitudes entre la faculté d'essai et le droit de rétractation

La vente à l'essai doit être qualifiée comme telle lorsque le vendeur offre à l'acheteur la possibilité d'essayer, de tester et d'apprécier le bien dont il fait l'acquisition.

Deux possibilités découlent alors d'une telle circonstance. En effet, si l'article 1588 du Code civil présume que la vente faite à l'essai est conclue sous la condition suspensive que l'essai soit réussi, les parties peuvent néanmoins décider que la vente soit conclue sous la condition résolutoire de l'échec de l'essai.

Ainsi, dans le premier cas, la réalisation de la condition emporte la formation définitive du contrat, rétroactivement au jour de sa conclusion, tandis que dans le second, elle emporte l'anéantissement rétroactif du conclu qui était définitivement formé au moment de sa conclusion.

Si les parties ont parfois totalement conscience que leur contrat correspond à la qualification de vente à l'essai et qu'ils ont une connaissance parfaite des conséquences qui en découlent, cette qualification est parfois découverte par les parties au cours d'un

69

litige lorsque le juge interprète une clause au terme de laquelle il est possible de déduire que le bien n'était acquis que sous réserve qu'il corresponde à certains critères83.

Cependant, la question est de savoir si une vente peut être qualifiée de « vente à l'essai » et être présumée faite sous condition suspensive, si les parties ne stipulent pas une condition résolutoire, lorsque la vente est conclue à distance. En effet, auquel cas, l'article L 121-20 du Code de la consommation offre déjà un droit de rétractation à l'acheteur, de sorte qu'en stipulant une clause au terme de laquelle le vendeur fait savoir à l'acheteur qu'il a la possibilité de retourner la chose s'il n'est pas satisfait, le vendeur ne fait qu'informer l'acheteur qu'il dispose d'un droit de rétractation qui lui est offert par la loi.

On peut ainsi se demander si la qualification de vente à l'essai n'est pas uniquement réservée aux contrats dans lesquels un droit de rétractation légal n'existe pas, ainsi des ventes à distance dont il est question aux articles L 121-20-2 et L 121-20-4 du Code de la consommation où il est fait exception à l'existence d'un droit de rétractation, ou des ventes qui ne sont pas conclues à distance et qui sont conclues dans le monde physique, ainsi des ventes de vêtements qui ont lieu en magasin lorsque l'enseigne offre à l'acheteur la possibilité d'obtenir le remboursement du prix qu'il a payé en restituant les vêtements dont il n'était pas satisfait.

La vente à distance où un droit de rétractation existe au profit de l'acheteur, apparaît telle une variété légale de vente à l'essai. Ainsi, la vente à l'essai prévue par l'article 1588 du Code civil est qualifiée comme telle lorsque la faculté d'essai dont bénéficie l'acheteur n'existe que par la volonté des parties, ce qui n'est pas le cas de notre espèce. En effet, même si le vendeur déclare à l'acheteur qu'il a la possibilité de retourner les vêtements dont il n'est pas satisfait, il n'en reste pas moins que l'acheteur bénéficie de cette faculté au regard de la loi, et qu'il serait déroutant d'imposer au vendeur qu'il informe l'acheteur de son droit de rétractation tout en interprétant cette information comme la volonté de lui offrir une faculté supplémentaire que lui offre déjà la loi. Les similitudes entre le droit de rétractation et la faculté de faire échouer l'essai se déduisent d'ailleurs des ressemblances entre le mécanisme de la condition dans la vente à l'essai

83 C. Cass. Civ 1ère 13 Octobre 1998, à propos d'une vente de chevaux, le contrat mentionnant « si la jument fait l'affaire » et « si elle est qualifiée pour le central classique de 1993 ».

70

et le débat sur les effets du droit de rétractation. En effet, la doctrine s'est longtemps divisée sur les effets du Droit de rétractation84.

Tandis qu'une partie d'entre elle considérait que l'existence d'un tel droit avait pour effet d'anéantir un contrat déjà formé, le reste de la doctrine considérait au contraire le non exercice du droit de rétractation comme une étape dans le processus de formation du contrat, venant parfaire l'effectivité de l'acceptation.

Dans le premier cas, le droit de rétractation opérait donc telle une condition résolutoire tandis qu'il opérait plutôt telle une condition suspensive dans le second. On le voit, ces deux mécanismes renvoient à ceux qui peuvent être mis en oeuvre dans le cadre d'une vente à l'essai.

Le Droit des contrats à distance semble cependant plutôt pencher pour la première interprétation.

En effet, l'article 12 a) de la directive du 25 Octobre 2011 dispose que

L'exercice du droit de rétractation a pour effet d'éteindre l'obligation des parties :

D'exécuter le contrat à distance ou le contrat hors établissement.

Ainsi, en considérant que les parties avaient l'obligation d'exécuter le contrat à l'égard duquel le droit de rétractation est exercé, il paraît clair que législateur européen considère que l'exercice de ce droit met fin au contrat qui avait été formé, de sorte que l'exercice du droit de rétractation se rapprocherait de la réalisation d'une condition résolutoire.

Cependant, comme nous allons le voir, le Code de la consommation ne consacre pas un Droit dérogatoire sur ce point de sorte qu'il y a tout lieu de considérer que la figure de vente à l'essai semble se superposer à la figure spéciale de la vente à distance et que les

84 V. sur ce débat, E. Poillot, et E.Bazin, « La droit de repentir en droit de la consommation », D. 2008, p. 3028, spéc. n° 1.

71

régimes juridiques qui leur sont propres se cumulent lorsque le vendeur offre à l'acheteur un allongement du délai légal de rétractation.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld