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Quels sont les effets du programme de transfert de technologie aux agriculteurs sur les fournisseurs de biens et services agricoles et leur offre dans des communes du nord et du nord est d'Haà¯ti ?

( Télécharger le fichier original )
par Bruno Pech
Montpellier Supagro - Ingénieur agronome 2015
  

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AGROCAMPUS OUEST

 
 
 

Les analyses et les conclusions de ce travail d'étudiant n'engagent que la responsabilité de son auteur et non celle d'AGROCAMPUS OUEST

Année universitaire : 2014-2015 Mémoire de Fin d'Études

Spécialité:

Développement Agricole et Rural au Sud (DARS)

Spécialisation:

Marchés, Organisation, Qualité, Services dans les Agricultures du Sud (MOQUAS)

Quels sont les effets du Programme de Transfert de

Technologie aux Agriculteurs sur les fournisseurs de

biens et services agricoles et leur offre dans des

communes du Nord et du Nord Est d'Haïti ?

Par : Bruno PECH

Soutenu à Montpellier le 27 octobre 2015

Devant le jury composé de :

Président : Elisabeth RASSE-MERCAT, IRC Autres membres du jury

Maître de stage : Bruno JACQUET, BID Michel BROCHET, retraité

Enseignant référent : Christian BARANGER, IRC

Banque Interaméricaine de Développement 2015

Mémoire de fin d'études

Présenté pour l'obtention du diplôme d'ingénieur agronome, option Développement Agricole Rural au Sud (DARS), parcours Marchés, Organisations, Qualités et Services dans les Agricultures du Sud (MOQUAS)

Quels sont les effets du Programme de Transfert de

Technologies aux Agriculteurs sur les fournisseurs de

biens et services agricoles et leur offre dans des

communes du Nord et du Nord Est d Haïti ?

par Bruno PECH

3

Mémoire de fin d'études

Présenté pour l'obtention du diplôme d'ingénieur agronome, option
Développement Agricole Rural au Sud (DARS), parcours Marchés,
Organisations, Qualités et Services dans les Agricultures du Sud
(MOQUAS)

Quels sont les effets du Programme de

Transfert de Technologies aux Agriculteurs

sur les fournisseurs de biens et services

agricoles et leur offre dans des communes

du Nord et du Nord Est d Haïti?

par Bruno PECH

Octobre 2015

Mémoire préparé sous la direction de : Christian BARANGER (IRC)
Maître de stage
Bruno JACQUET

Membres du jury

Elisabeth RASSE-MERCAT (IRC)
Bruno Jacquet (BID)
Christian BARANGER (IRC)
Michel BROCHET (consultant)

Organisme d'accueil : Banque Interaméricaine de Développement

4

RESUME

Dans le cadre de la réforme de l'appui au secteur agricole, voulue par l'état haïtien, la Banque Interaméricaine de Développement finance le Programme de Transfert de Technologie dans les départements du Nord et du Nord Est d'Haïti (PTTA). Ce programme se base sur l'utilisation de coupons « vouchers » correspondant à des subventions adaptées à chaque agriculteur participant. En échange de ces coupons, les bénéficiaires reçoivent des biens et services agricoles auprès de fournisseurs agréés. Le but de cette étude est de comprendre si les actions menées dans le cadre du PTTA permettent de développer une offre de biens et services durable.

Dans cet objectif, l'évaluation des composantes économique, technique, juridique, organisationnelle, environnementale et sociale de la durabilité permet d'analyser les contraintes au développement et proposer des actions de renforcement des fournisseurs de biens et services agricoles.

En l'absence d'appui financier officiel, les fournisseurs ont recours massivement à l'usure ou à des emprunts inadaptés qui impactent fortement leurs finances et limitent leur capacité d'investissement. Pour être adaptée aux besoins des producteurs, l'offre de service doit également être renforcée techniquement. Des fournisseurs déjà présents avant le programme ont été renforcés et d'autres émergent, mais des outils sont nécessaire pour consolider l'offre de biens et services dans un objectif de durabilité. La constitution d'un fond de garantie et la mise en place d'un système d'accompagnement des fournisseurs font partie des pistes explorées.

Mots clés

Haïti, Programme de Transfert de Technologies aux Agriculteurs, analyse de la durabilité, fournisseurs de biens et services, renforcement de l'offre de biens et services agricoles

5

ABSTRACT

Which effects on agricultural goods and services suppliers does the Transfer Technology Program to smallholder's farmers have in North and North-Eastern Haiti?

Agriculture is essential for the Haitian economy. Over 66% of employment in rural areas is linked with agricultural production while 59% of the rural population lives with less than 1 USD$ per day (MARNDR-PNIA, 2010). The InterAmerican Development Bank (IADB) gives support to the Haitian Agriculture Ministry (MARNDR) in order to strengthen smallholder's farmers in the North and North Earthen Departments. Through targeted subsidies on special crops and farming techniques, the «Technology Transfer to Small Farmers» program is providing non-reimbursable financial support for eligible farmers. The «smart subsidy» scheme includes the participation of the private sector involved as «agro-dealers»

or «agro-suppliers». Those agro-suppliers must provide agricultural services for the program
beneficiaries although being able to pursue the services delivery after the program.

The aim of this study is to assess the sustainability of agro-suppliers in order to suggest enhancements during the program as well as helping IADB developing tools for medium and long-run sustainability. The assessment is implemented through an analytical framework considering various pillars of sustainability. The study shows that many agro-suppliers are able to supply some goods and services subsidized by the program, but without financial and technical support, the goods and services offer risk to disappear after the project or to go back to its baseline. Most of agro-suppliers use formal or informal credit with high rates in both cases and inappropriate line of credits which results in weak economic efficiency. The technical skills are linked with local technicians and suppliers need more training to add a real value to their practices.

A credit guarantee fund would be an interesting option to give credit access to agro-suppliers. Moreover other tools could be implemented to ensure that the effects of the program pursue after its closure.

Key words

Agro-dealers, suppliers, agricultural goods and services, sustainability, Interamerican Development Bank, Haiti, PTTA, Technology Transfer to Small Farmers» program

6

Remerciements

Je tiens à remercier l'ensemble des personnes enquêtées : agriculteurs, entrepreneurs, fournisseurs, cadres des OPS et du Ministère cadres pour leur patience, leur disponibilité et leur coopération au travail de mémoire.

Merci

À James Merrinvil, mon binôme, sans qui ce travail n'aurait pu aboutir. A Manon et Xuan pour l'aventure vécue ensemble.

Aux familles Pregina et Boullin pour leur accueil et la leçon de vie.

À Christian Baranger qui a su m'accompagner tout au long du mémoire et sans qui je n'aurai pu avancer.

À Bruno Jacquet pour cette opportunité de stage, ses conseils et son suivi au cours du travail. À Elisabeth Rasse-Mercat.

À Apolline Gamet pour la relecture, les conseils et son aide au retour !

À la chorale de Fort Saint Michel du Cap Haïtien, notamment Patrick et Mackenson, Mesi anpil pou tout bèl bagay ke nou te fe ansamn !

A mes grands-parents, pour leur présence à mes côtés et pour les valeurs qu'ils défendent.

A tout ceux que je ne cite pas ici mais que je n'oublie pas...

7

Glossaire

Carreau : unité de surface, un carreau correspond à 1.29 ha

Extensioniste : agriculteur membre d'une coopérative formé pour accompagner techniquement d'autres membres

Global Agriculture and Food Security Program :programme de financement multilatéral administré par la Banque Mondiale)

Gobelet : sous-unité de mesure, une marmite correspond à 5 ou 7 gobelets

Kombite : groupe de travail assurant des tâches agricoles en l'échange de nourriture ou d'une aide pour d'autres travaux agricoles

Manuel d'incitation : document rédigé par le Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural Haïtien pour capitaliser les leçons tirées des programmes pilotes d'incitation par la demande et proposer des règles de mise en place de ces programmes.

Marmite : unité de mesure, une marmite frappée correspond environ à 3kg de céréales (variation selon les communes)

Plan d'ajustement structurel : mesure de politique économique qui vise à améliorer le fonctionnement économique d'un pays

Rampono : groupe de travail assurant des tâches agricoles en l'échange d'argent ou d'une aide pour d'autres travaux agricoles

Scolyte : insecte ravageur du café

Talet : unité de surface utilisée dans le Nord-Est, 1 talet est un seizième de carreau

Trouaison : technique de plantation d'arbustes et de plants qui cherche à faciliter l'accumulation d'eau et de matière organique au niveau des racines du jeune plant

Zone agro écologique : zone homogène du point de vue de la géomorphologie, du climat, des caractéristiques de sol et caractérisée par une combinaison de contraintes et de potentiels pour l'exploitation des terres (FAO)

8

Liste des abréviations

BAC : bureau agricole communal

BID : Banque Interaméricaine de Développement

BM : Banque Mondiale

FECCANO : Fédération des Coopératives Cacaoyères du Nord d'Haïti

GAFSP : Global Agriculture and Food Security Program

MARNDR : Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural

OPS : Opérateur de Service

PMDN : Programme de Mitigation des Désastres Naturels

PTTA : Programme de Transfert de Technologies aux Agriculteurs

RECOCARNO : Réseau des Coopératives Caféières de la Région Nord

RESEPAG 2 : projet de Renforcement des Services Publics Agricoles du Ministère de l`Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural, deuxième volet

9

Sommaire

1. Introduction 16

2. Haïti : un pays des Caraïbes lié à l'agriculture 17

2.1. Un pays de montagnes 17

2.2. Lié à l'agriculture 17

2.3. Le Programme de Transfert de Technologie aux Agriculteurs : un programme de

relance de la production agricole dans le cadre d'une réforme de l'état haïtien 19

2.3.1. Le PTTA s'inscrit dans une réforme de l'appui au secteur agricole 19

2.3.2. Le programme PTTA a pour objectif d'augmenter durablement la production agricole en lien avec l'émergence d'un marché des biens et services structuré par des

fournisseurs. 21

2.3.3. La mise en oeuvre du programme est réalisée par un ensemble d'acteurs

interdépendants 21

3. Problématique et méthodologie de travail 23

3.1. Formulation de la problématique 23

3.2. Les questions et hypothèses liées 25

3.3. Méthodologie 26

3.3.1. Etapes de travail et résultats 26

3.3.2. Limites de l'étude 28

4. Quels biens et services choisis et pour quelles zones ? 29

4.1. Un choix de subventions effectué par des groupes de producteurs et de

fournisseurs.. 29

4.2. Les variations dans la mise en oeuvre du programme entrainent une première

différenciation des fournisseurs 29

4.3. Quels biens et services dans les zones d'étude ? 30

5. Les zones forestières 31

5.1. Dondon 31

10

5.1.1. Une commune liée à la production caféiere 31

5.1.2. L'offre de biens et services est assurée entre agriculteurs et par les coopératives

avant le PTTA 32

5.1.3. Le PTTA renforce les coopératives et favorise l'émergence de nouveaux

fournisseurs locaux 33

5.1.4. Les structures non retenues approvisionnent les fournisseurs en plantules 41

5.2. Milot 42

5.2.1. Présentation de la commune 42

5.2.2. L'offre de biens et services est assurée essentiellement entre agriculteurs avant

le PTTA.. 42

5.2.3. L'offre en biens et services est assurée principalement par des fournisseurs

extérieurs à Milot pendant le PTTA 44

5.2.4. Des techniques maitrisées par les pépiniéristes du Cap et les techniciens locaux .

49

5.2.5. Structures non retenues 50

5.3. Durabilité des fournisseurs en zones agroforestières 51

5.3.1. Rappel du contexte 51

5.3.2. Durabilité économique 51

5.3.3. Durabilité environnementale 52

5.3.4. Durabilité sociale 52

5.3.5. Durabilité juridique 52

5.3.6. Durabilité organisationnelle 53

5.3.7. Durabilité technique 53

5.3.8. Quels fournisseurs après le PTTA ? 55

6. Les zones irriguées 56

6.1. Saint Raphaël 56

6.1.1. Présentation de la commune 56

6.1.2. Des services assurés entre agriculteurs et des biens vendus par une diversité

d'acteurs avant le PTTA 56

6.1.3. Les biens et services subventionnés par le PTTA ne sont pas délivrés par les

fournisseurs présents avant le programme 58

11

6.1.4. Les structures non retenues : acteurs clés de l'approvisionnement des

fournisseurs officiels 65

6.2. Le Nord Est rizicole 66

6.2.1. Des périmètres irrigués spécialisés dans la culture du riz et en manque

d'infrastructures de gestion de l'eau 66

6.2.2. Une offre de biens et services préexistante au programme PTTA et une expertise

technique apportée par la République Dominicaine 67

6.2.3. Les intrants ont été vendus principalement par des boutiques spécialisés et

l'offre de services a été modifiée par le PTTA 69

6.2.4. Les structures non retenues 75

6.3. Durabilité des fournisseurs en zones irriguées 77

6.3.1. Rappel du contexte 77

6.3.2. Durabilité économique : des stratégies économiques basées sur l'emprunt et

dépendantes des prix de l'engrais 77

6.3.3. Durabilité environnementale 78

6.3.4. Durabilité sociale 78

6.3.5. Durabilité juridique 78

6.3.6. Durabilité organisationnelle - gouvernance 79

6.3.7. Durabilité technique 79

6.3.8. Quels fournisseurs susceptibles de rester après le PTTA ' 80

7. Les biens et services sont-ils adaptés aux besoins des producteurs ' 81

7.1. Le rôle clé des techniciens dans le montage des incitations 81

7.2. Sont-ils adaptés aux attentes des bénéficiaires ' 81

7.2.1. L'assistance technique 81

7.2.2. La préparation du sol 82

7.2.3. Les semences 84

7.2.4. Les engrais 85

7.2.5. Les plantules 86

7.3. Conséquences du PTTA sur les filières (approvisionnement et aval) 87

8. Quelles durabilités pour les fournisseurs du PTTA ' 88

9. 12

Quels outils d'appuis aux fournisseurs ? Quelles pistes d'amélioration du programme ? ...

90

9.1. Améliorer la communication autour du PTTA pour améliorer la durabilité des effets ..

90

9.1.1. Annoncer la durée et la stratégie de sortie du programme 90

9.1.2. Clarifier le rôle des techniciens sur le terrain et mieux encadrer leurs actions 90

9.2. Pistes de renforcement économique 90

9.2.1. Diminuer les retards de la BNC en innovant 90

9.2.2. La constitution d'un fonds de garantie générant des bénéfices au service du

développement agricole 91

9.2.3. Des formations en comptabilité-gestion 92

9.2.4. Un appui au crédit intrant 92

9.2.5. La mise en place d'un système d'information de marché performant 92

9.3. Pistes de renforcement technique 93

9.3.1. Des formations techniques de base pour renforcer directement les compétences

des agriculteurs 93

9.3.2. Appuyer l'accès à du matériel et des structures de qualité 93

9.4. Un appui aux organisations agricoles pour renforcer leurs durabilités 94

10. Conclusion 95
Annexes

13

Tableau des figures

Figure 1 Carte d'Haïti 17

Figure 2 Fonctionnement opérationnel du PTTA 22

Figure 3 Système d'acteurs autour des fournisseurs du PTTA 23

Figure 4 Zones choisies pour l'étude 30

Figure 5 Dondon 31

Figure 6 Paquets techniques mis en place par le PTTA à Dondon 34

Figure 7 PB et MB dégagés pour les biens et services,campagne café nouvelle plantation à Dondon en 2014 37

Figure 8 Dépenses, chiffre d'affaires et MB réalisées en moyenne par bénéficiaire approvisionné à Dondon 38

Figure 9 Milot 42

Figure 10 Paquets techniques mis en place par le PTTA à Milot 45

Figure 11 PB et MB dégagés pour les biens et services , campagne cacao nouvelle plantation à Milot en 2014 47

Figure 12 Dépenses, chiffre d'affaires et MB réalisées en moyenne par bénéficiaire approvisionné à Milot 47

Figure 13 Evolution des bénéfices d'un fournisseur de Milot 48

Figure 14 Pépinière à Dondon 52

Figure 15 Rampes de conservation du sol 53

Figure 16 Fournisseurs susceptibles de perdurer après le programme PTTA dans les zones agroforestières 55

Figure 17 Paquets techniques mis en place par le PTTA à Saint Raphaël 58

Figure 18 PB et MB dégagés pour les biens et services de la campagne de riz en 2014 à Saint Raphaël 61

Figure 19 Dépenses, chiffre d'affaires et MB réalisées en moyenne par bénéf.approvisionné à Saint Raphaël 61

Figure 20 Evolution de la marge nette du fournisseur GAPA à Saint Raphaël 62

Figure 21 Périmètre irrigué de Couacou 1 66

Figure 22 Paquets techniques rizicoles mis en place par le PTTA dans le Nord Est 70

Figure 23 Fournisseurs susceptibles de perdurer après le programme PTTA dans les zones irriguées 80

Figure 24 Périmètre irrigué de Saint Raphaël 76

Figure 1 Fournisseurs susceptibles de perdurer après le programme PTTA dans les zones irriguées 80

14

Liste des Tableaux

Tableau 1 Liste des programmes d'incitation par la demande en Haïti 20

Tableau 2Questions et hypothèses liées pour chaque pilier de la durabilité 25

Tableau 3 Dépenses du PTTA en zones irriguées 30

Tableau 4 Dépenses du PTTA en zones agroforestières 30

Tableau 5 Présentation des coopératives caféières de Dondon 31

Tableau 6 Offre de Biens et Services avant le PTTA à Dondon 32

Tableau 7 Biens et services subventionnés par le PTTA à Dondon 34

Tableau 8 Typologie des fournisseurs PTTA à Dondon 36

Tableau 9 Taux de rentabilité de l'activité économique de fournisseurs à Dondon 38

Tableau 10 Biens et services agricoles vendus avant le PTTA à Milot 42

Tableau 11 Biens et services subventionnés par le PTTA à Milot 44

Tableau 12 Typologie des fournisseurs de Milot 46

Tableau 13 Taux de rentabilité de l'activité de certains fournisseurs de Milot 47

Tableau 14 Offre de biens et services avant le PTTA à Saint Raphaël avant le programme PTTA 56

Tableau 15 Biens et services subventionnés par le PTTA 58

Tableau 16 Typologie des fournisseurs de biens et services à Saint Raphaël pendant le PTTA 60

Tableau 17 Taux de rentabilité de l'activité de certains fournisseurs de Saint Raphaël 61

Tableau 18 Offre de biens et services dans le Nord Est rizicole avant le programme PTTA 67

Tableau 19 Biens et services subventionnés par le PTTA 69

Tableau 20Typologie de fournisseurs de biens et services du PTTA dans le Nord Est rizicole 71

Tableau 21 Evaluation globale de la durabilite des fournisseurs - synthese 89

15

Liste des annexes

Annexe 1 Exemples d'indicateurs de suivi-évaluation des fournisseurs 99

Annexe 2 Coûts de production des plantules de café, exemple d'un fournisseur de Dondon 100

Annexe 3 Calculs des couts de production des semences d'igname minisett 102

Annexe 4 Calculs des coûts de fonctionnement d'un fournisseur de repiquage et de labour dans le Nord-Est 103

Annexe 5 V.1. Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagne riz 2014 Saint Raphaël 104

Annexe 6 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagne maraîchage 2014 Saint Raphaël 105

Annexe 7 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagne riz 2015 Saint Raphaël 106

Annexe 8 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire.Campagnes café 2014 Dondon 107

Annexe 9 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagne J.Créole et café 2015 Dondon 108

Annexe 10 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagnes cacao 2014 Milot 109

Annexe 11 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagnes J. Créole et cacao 2015 Milot 110

Annexe 12 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagnes riz Nord Est 111

Annexe 13 Mod. des dépenses et des recettes d'un four. d'intrants de Saint Raphael appro. 100 bénéficiaire 112

Annexe 14 Etapes de travail. Méthodologie 113

Annexe 15 Grilles d'enquêtes. Grille enquêtes qualitatives fournisseurs 116

Annexe 16 Grilles d'enquêtes. Grille enquêtes producteurs (a) et (b) 117

Annexe 17 Liste des fournisseurs enquêtés 122

Annexe 18 Rappel bibliographique sur les Objectifs et le fonctionnement des programmes d'incitations -

programmes vouchers 124

16

1. Introduction

Dans le cadre de son appui à l'état haïtien, la Banque Interaméricaine de Développement finance le Programme de Transfert de Technologie aux Agriculteurs (PTTA). Ce programme a pour objectif d'augmenter durablement le revenu agricole et la sécurité alimentaire de 30 000 agriculteurs du Nord et du Nord-Est d'Haïti. Le système de subvention mis en place est un système dit de « smart subsidies » ou de subventions intelligentes. Les agriculteurs bénéficiaires du programme reçoivent des bons d'achat ou « vouchers » qui leur permettent d'acquérir des biens et services agricoles auprès de fournisseurs agréés. Ces fournisseurs référencés sont environ deux cent.

Pour comprendre le fonctionnement de ces fournisseurs et chercher des pistes de renforcement, la Banque Interaméricaine de Développement a commandité une étude entre avril et septembre 2015. Ce travail a été l'opportunité de réaliser un travail de recherche correspondant au mémoire de fin d'étude d'ingénieur agronome Agrocampus-Ouest au sein de l'option Marché Organisation Qualité et Services (MOQUAS) de Montpellier Supagro.

La problématique d'étude choisie est celle de l'évaluation de la durabilité des biens et services subventionnés par le PTTA et des fournisseurs impliqués directement ou indirectement dans le programme. Analyser les différentes composantes de la durabilité permet de caractériser et analyser les fournisseurs dans l'objectif de mettre en oeuvre des actions de renforcement.

Après un rappel sur le contexte haïtien et les biens et services appuyés par le PTTA, une évaluation de la durabilité des fournisseurs est présentée pour 4 communes regroupées en 2 grandes zones agro-écologiques. Pour chaque commune, une typologie dynamique des fournisseurs et de l'offre de biens et services est établies et les stratégies technico-économiques des fournisseurs sont questionnées et modélisées pour en évaluer la durabilité. Une analyse globale de la durabilité par zone agro écologique est ensuite proposée avant de vérifier l'adéquation de l'offre de Biens et Services aux besoins des producteurs. Ces différentes étapes points sont enfin complétées par une analyse transversale de la durabilité qui reprend les questions posées et l'ensemble des piliers de la durabilité avant de s'intéresser aux pistes de renforcement des fournisseurs.

17

2. Haïti : un pays des Caraïbes lié à l'agriculture 2.1. Un pays de montagnes

La République d'Haïti est située sur la partie Ouest de l'île d'Hispaniola, partagée avec la République Dominicaine qui en occupe les deux tiers Est. Haïti est entouré par l'île de Cuba au Nord-Ouest, la Jamaïque à l'Ouest, et le Venezuela au Sud. La superficie totale est de 27 750 km2 et la population compte 10,10 millions d'habitants dont 2 millions résident à Port au Prince, pour une densité démographique hors capitale d'environ 360 habitants/km2. Les principales zones agro-écologiques sont les zones de Mornes (zones montagneuses couvrant plus de 60% de la superficie du pays), les zones de piémont et les zones de plaines.

Figure 2 Carte d'Haïti source : http://www.ezilon.com/

2.2. Lié à l'agriculture

Premier pays indépendant des Caraïbes en 1804, Haïti a connu de nombreuses périodes d'instabilité économique et politique aggravées par des catastrophes naturelles dont les plus récentes sont le séisme de 2010 et les cyclones de 2008 et 2012. Les indicateurs socio-économiques classent actuellement Haïti parmi les pays les plus pauvres de l'hémisphère Nord avec un PIB estimé en 2014 à 18.31 milliards de dollars US et 58,5% de la population vivant sous le seuil de pauvreté (CIA World Factbook, 2014).

Après avoir été le moteur de l'économie nationale pendant les périodes coloniales et postcoloniales avec les exportations de sucre de café, d'indigo puis de bois [19], le secteur agricole a connu plusieurs grandes transformations qui ont permis l'émergence d'une véritable économie paysanne haïtienne. L'agriculture joue encore un rôle important dans l économie (24.7% du PIB en

18

2014) et la stabilité du pays: 41% de la population vit en milieu rural et dépend en partie de la production agricole pour vivre. Malgré les importations massives d'aliments et l'aide internationale, 46% de la population est encore sous-alimentée (PNUD, 2006)

L'essentiel de la production est assuré par des exploitations familiales qui possèdent en majorité moins de 5 carreaux de terre (6.15 hectares). Ces exploitations produisent des denrées alimentaires (haricots, maïs, tubercules...) et commercialisent les surplus ainsi que des cultures dites de rente (café, cacao, tabac...) quand elles en ont la possibilité. En termes de volumes produits, les trois cultures les plus importantes sont la canne à sucre, le manioc (à égalité avec l'igname) et les patates douces. Ces cultures sont vitales pour les producteurs mais sont en concurrence directe avec des produits d'importation, notamment le riz.

Les agriculteurs font face à de nombreuses difficultés pour augmenter leur productivité et vendre leurs productions à des prix leur permettant de dégager des revenus suffisants. L'accès aux intrants (engrais, semences...) et à l'outillage reste très inégal selon les régions du pays et les années. L'encadrement technique des agriculteurs est assuré en théorie par les Services Déconcentrés de l'Etat sous la forme de Bureaux Agricoles Communaux (BAC) mais ne disposant pour la plupart que de moyens très limités. Les nombreux projets internationaux de développement agricole se succédant en zone rurale proposent un accompagnement technique et ou financier pour les producteurs ou leurs organisations mais pendant une durée généralement courte, ce qui limite leurs impacts à moyen et long terme. L'accès aux marchés est limité par la faiblesse des réseaux et infrastructures de transports ainsi que par la présence de nombreux intermédiaires commerciaux. Enfin, les zones rurales haïtiennes font face à un exode rural qui entraine un manque en force de travail et une augmentation du coût de la main d'oeuvre pour les travaux agricoles.

L'abaissement des tarifs douaniers et la libéralisation de l'économie à partir de 1980 lors des plans d'ajustement structurel, associés aux facteurs cités, ont entrainé la chute de la production agricole et une paupérisation croissante des zones rurales. Cette augmentation de la pauvreté entraine un exode rural vers les principales villes du pays, mais ces dernières ne sont plus en mesure de fournir du travail et des conditions de vie décentes à leurs populations.

Après une période d'abandon du soutien à l'agriculture, l'état haïtien a progressivement pris conscience de l'urgence d'un appui fort au secteur agricole et a décidé d'appuyer sa relance avec l'aide des principaux financeurs internationaux.

? L'agriculture haïtienne a su s'adapter et évoluer face de nombreuses contraintes internes et externes en

développant une véritable économie paysanne.

? Avec les transformations rapides de l'économie nationale et internationale, le secteur agricole n'est plus
capable d'assurer ses rôles de maintien de l'emploi en zone rurale et de sécurité alimentaire.

? Une part importante de la population dépend toujours d'une agriculture qui n'est plus compétitive face
aux importations massives de produits alimentaires et dont la productivité est limitée par : le manque d'investissement et d'accès au matériel, les problèmes de gestion du foncier, le faible d'encadrement technique et son inadéquation aux besoins, le manque d'accès à des marchés rémunérateurs.

19

2.3. Le Programme de Transfert de Technologie aux Agriculteurs : un programme de relance de la production agricole dans le cadre d'une réforme de l'état haïtien

2.3.1. Le PTTA s'inscrit dans une réforme de l'appui au secteur agricole

Le secteur des intrants agricoles est l'un des sous-secteurs agricoles traditionnellement appuyé par l'état haïtien. L'état subventionne actuellement le prix du sac d'engrais en fixant un prix de référence pour les consommateurs et en payant le différentiel avec le marché international aux importateurs. Ce système a permis d'assurer des livraisons d'engrais aux agriculteurs mais est critiqué pour sa lourdeur administrative, son manque de transparence, ses effets sur le secteur privé et son coût élevé pour l'état haïtien.

Dans ce contexte, un changement de stratégie d'appui au secteur agricole est souhaité par l'état haïtien avec l'aval des principaux bailleurs. Comme pour les pays qui ont abandonné les systèmes de subventions universelles (Annexe 18), Haïti veut passer d'une subvention de l'offre (subvention directe du produit ou du service vendu) à une subvention de la demande (renforcement des capacités de producteurs à acheter le bien ou le service). Dans le Plan National d'Investissement agricole pour Haïti (PNIA) rédigé en 2010 pour la période 2010-2016, il est indiqué que « La stratégie à mettre en oeuvre vise à une réduction progressive des subventions et le retrait du secteur public de la distribution, tout en s'assurant d'une augmentation et optimisation technique et économique de l'usage des engrais par les agriculteurs » (PNIA, 2010).

Pour accompagner cette transition, différents bailleurs de fonds appuient le déploiement de programmes pilotes visant à tester des subventions se basant sur des coupons ou « vouchers ». L'objectif affiché étant que « le Programme de Coupons Productifs prenant ainsi la relève de la gestion des subventions publiques au secteur agricole » (Programme Triennal d'appui à la Relance Agricole 2012-2015).

Avec les coupons imprimés, les agriculteurs ont accès à des biens et services agricoles partiellement ou entièrement subventionnés selon les programmes. Les biens et services agricoles sont inclus dans des paquets techniques qui correspondent à un ensemble de pratiques, de biens et de services visant à améliorer la productivité agricole. Ces paquets sont définis lors de la conception des programmes et ciblent des productions particulières. Le terme « incitation » peut être utilisé pour désigner les vouchers. Cette dénomination renvoie à la nature des programmes qui veulent appuyer les productions agricoles en favorisant l'implication de l'agriculteur dans le système de subvention.

20

Voici les différents programmes mis en oeuvre pour tester la stratégie de sortie d'une subvention de l'offre vers une subvention de la demande.

Nom du programme

Financeur

Montant total

Départements

Durée

 
 
 

5 M USD

 

2010-2014

 
 

BID

30 M USD

 

2009-2014

 
 
 

12 M USD

Sud

2013-2016

Maitre

Programme de

Renforcement des

Services Publics

Banque

Mondiale

40 M USD

Sud

Sud Est

2011-2016

d'oeuvre

MARDNDR

Agricoles (RESEPAG I)

Programme de

AVANSE

USAID

80 M USD

Sud

Nord

2013-2018

 

Mitigation des

Désastres Naturels

(PMDN)

Nord

Programme de

Transfert de

Technologies aux

Agriculteurs (PTTA)

BID-

GAFSP

Nord

Nord Est

Tableau1 : liste des programmes d'incitation par la demande en Haïti (source: auteur)

MARNDR

Projet de Sécurité

Alimentaire en Haïti

(SECAL)

AFD - UE

MARNDR

MARNDR

USAID-DAI

Ces programmes ont vocation à être comparés et leurs résultats analysés pour permettre au

Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) de définir

une Politique de subvention des intrants agricoles appuyant la relance du secteur agricole.

? L'état haïtien passe d'un système de subvention de l'offre à un système de subvention de la demande pour appuyer le secteur agricole

? Ce système de subvention se base sur l'attribution de coupons « vouchers » qui permettent aux agriculteurs d'acquérir des intrants à prix subventionné

? Pour tester les modalités optimales de mise en oeuvre et de subvention, différents programmes pilotes sont mis en place. Ils doivent permettre de concevoir une nouvelle politique d'appui à l'agriculture

21

2.3.2. Le programme PTTA a pour objectif d'augmenter durablement la production agricole en lien avec l'émergence d'un marché des biens et services structuré par des fournisseurs.

Le Programme de Transfert de Technologie aux Agriculteurs (PTTA) est financé par la Banque Interaméricaine de Développement et le GAFSP, et mis en oeuvre par le MARNDR d'octobre 2011 à octobre 2016. Ses deux grandes composantes sont la promotion et l'adoption de technologies agricoles durables et adaptées et le renforcement du Service National Semencier. Ses objectifs sont :

? l'augmentation de la productivité et du revenu agricoles

? l'adoption de nouvelles pratiques

? l'émergence et développement d'un marché des biens et services agricoles ? le renforcement du service national semencier

Au travers de coupons ou « vouchers », les agriculteurs ont accès à des biens et services auprès de fournisseurs agréés qui sont définis comme « un individu, d'une entreprise privée ou toutes autres organisations capables de fournir les intrants ou services nécessaires à la mise en oeuvre des paquets techniques proposés » (Manuel d'incitations actualisé des projets du MARNDR, avril 2015). En plus de l'appui aux agriculteurs, le PTTA souhaite aider à la constitution d'un registre national d'agriculteurs, ainsi qu'un registre de fournisseurs d'intrants et de services agricoles. Les producteurs éligibles au programme ne le sont qu'une seule fois. L'objectif du programme étant que l'augmentation du revenu agricole permise grâce à l'adoption du paquet technique soit réinvestie dans l'achat de biens et services agricoles.

Les filières et productions agricoles ciblées initialement sont variées : café, cacao, noix de cajou, céréales (riz et maïs), tubercules (igname, manioc et patate), cultures maraîchères (oignon, tomate, piment, carotte et betterave), des fruits (citrus, ananas et figue-banane), la banane plantain et élevage. Initialement le projet PTTA devait intégrer la partie aval de la production en plus de renforcer la productivité agricole. Pour des raisons d'organisation entre bailleurs le PTTA a été scindé en deux et la partie d'appui aux filières est devenue le projet RESEPAG 2 financé par la Banque Mondiale. Nous aborderons en partie7 et 8 les conséquences négatives de cette scission.

2.3.3. La mise en oeuvre du programme est réalisée par un ensemble d'acteurs interdépendants

Les départements du Nord et du Nord Est ont été choisis pour la mise en oeuvre du programme car ils présentent un potentiel agricole important et sont proches de marchés économiques en croissance. L'ensemble du territoire couvert par le programme a été divisé en trois zones opérationnelles ou « lots » gérés chacun par une organisation non gouvernementale ou des consultants contractualisés par le MARNDR appelés opérateurs de services (OPS). Ce sont ces OPS qui gèrent la mise en oeuvre opérationnelle du programme et son application. Les communes couvertes par le PTTA et les zones gérées par les OPS sont rappelées en annexe.

BID

PTTA

MARNDN

OPS

Agriculteurs

1

BAC

1 $

2

Fournisseurs

2

BNC

3

Contrôle Supervision Coordination

Décaissement

Circulation du voucher

Vente de Biens ou Services

d'approvisionnement

SNS

Figure 3 Fonctionnement opérationnel du PTTA (source : auteur)

On peut résumer le fonctionnement théorique du programme en trois grandes étapes.

1) La Banque Nationale de Crédit émet les coupons donnant accès au bien ou au service. L OPS distribue les coupons aux bénéficiaires

2) Les agriculteurs bénéficiaires échangent les coupons contre le bien ou le service indiqué et le signent. Le fournisseur apporte le coupon à l OPS qui contrôle le travail du fournisseur

3) Après validation du coupon par l OPS, celui-ci est envoyé a la BNC qui décaisse la valeur du coupon au fournisseur

22

Unité R d'exécution

Coordination

régionale PTTA

La coordination entre OPS et le suivi de la mise en oeuvre du programme sont assurés par des cadres du MARNDR engagés exclusivement pour le PTTA au sein de la Coordination Régionale du PTTA. Le suivi national et le relais avec les acteurs liés (BNC, BID, autres programmes...) est effectué par l'Unité d'Exécution du Programme basée à Port au Prince.

La BNC a été choisie comme opérateur pour gérer les flux financiers liés aux coupons. Elle reçoit les demandes d'impression de coupons envoyées par les OPS, les imprime et les renvoie. Une fois les coupons utilisés, la BNC est en charge de payer les fournisseurs. La vitesse de paiement des fournisseurs est donc dépendante de sa capacité à gérer le système d'incitation.

Filières

Les fournisseurs occupent une place centrale dans l'exécution du programme. S'assurer de leur bon fonctionnement et de la pertinence des biens et services proposés est donc fondamental pour la réussite ou du programme. La Banque Interaméricaine de Développement et le MARNDR ont donc sollicité un travail d'analyse et d'évaluation des fournisseurs dans le but de « caractériser, analyser les contraintes au développement et proposer des actions de renforcement des fournisseurs de biens et services agricoles. » (TDR stage BID)

? Le PTTA est un programme pilote de subvention par la demande et se base sur l'utilisation d'incitations sous formes de coupons

? Au travers de la subvention de biens et services agricoles il vise le transfert de technologies et de techniques agricoles «durables»

? Les biens et services subventionnés sont délivrés par des fournisseurs

? La Banque Interamericaine de Développement et le Ministère de l'Agriculture Haïtien ont sollicité un travail d'analyse de ces fournisseurs

23

3. Problématique et méthodologie de travail 3.1. Formulation de la problématique

La composante 1 du PTTA correspond à la « Promotion de l'adoption de technologies agricoles améliorées et durables », notamment via des fournisseurs de biens et de services qui doivent être capable de proposer aux producteurs bénéficiaires les différents éléments techniques identifiés par le programme.

Les fournisseurs de Biens et Services s'insèrent dans un système d'acteurs, ou mésosystème plus ou moins influencé par la présence de programmes de soutien au développement de l'agriculture. Un mésosystème peut être défini comme « « un ensemble organisé et finalisé de relations qui est doté d'une dynamique autonome, mais qui n'en est pas moins ouvert sur et en interaction avec, d'autres sous-systèmes (De Bandt, 1988).

Services

publiques

de fond

SNS

Programmes de développement

Fournisseurs

BNC

Filières

commerciales

Agriculteurs

intrants

Figure 4 Système d'acteurs autour des fournisseurs du PTTA (source : auteur)

Bailleurs

Filières

L'observation du système autour des fournisseurs et de leurs rôles dans le programme PTTA

permet de poser la problématique de l'étude en formulant la question suivante :

« Les actions menées dans le cadre du PTTA auprès des bénéficiaires via des fournisseurs

permettent-elles de développer une offre de biens et services durable ? »

Plusieurs hypothèses structurent le travail d'analyse :

Pour être durable, l'offre de biens et services impulsée par le PTTA doit être à la fois :

24

Hypothèse 1 : une activité bien gérée par les fournisseurs, viable économiquement pour ces derniers (durabilité des structures)

Hypothèse 2 : et adaptée aux besoins des producteurs (durabilité des services rendus)

Si les hypothèses 1 et 2 ne peuvent être complètement vérifiées, il conviendra de répondre à la dernière hypothèse :

Hypothèse 3 : les actions développées dans le cadre du PTTA ne permettent pas actuellement d'assurer la durabilité des biens et des services aux producteurs bénéficiaires, des actions spécifiques peuvent être identifiées afin d'améliorer les impacts du programme pour développer des services plus durables.

Les questions liées à la durabilité renvoient à différents concepts et référentiels. L'analyse de la durabilité des fournisseurs peut être décomposée en 6 piliers : Technique, Economique et Financier, Social, Environnemental, Organisationnel, Juridique et Institutionnel. Cette approche transversale et structurée en grands points d'analyse parait pertinente dans le cas d'un travail de compréhension et d'évaluation. Dans le cas de l'étude commanditée, un fournisseur doit obtenir des résultats dans tous les champs de la durabilité pour considérer que son fonctionnement et son offre de service sont durables.

La durabilité technique, économique et financière des fournisseurs priment sur les autres car sans ces durabilités, aucun autre pilier de durabilité ne peut être atteint. Nous voulons savoir en priorité si l'offre de biens et services est adaptée aux besoins des agriculteurs (durabilité technique), notamment sa composante de suivi-conseil ; et si cette offre est viable économiquement et dans quelles conditions (durabilité économique et financière). Au travers de ces deux composantes nous allons donc nous intéresser en particulier à l'adaptation des services à la demande et à leur gestion.

A chaque pilier de la durabilité correspondent une ou plusieurs questions et des sous hypothèses liées. Chaque question principale est ensuite divisée en questions secondaires puis sous-questions. Ce sont ces sous-questions structurées et adaptées qui donne une grille d'analyse de la durabilité des fournisseurs du PTTA. Cette grille est ensuite adaptée dans les questionnaires utilisés lors du recueil de données.

25

3.2. Les questions et hypothèses liées

Durabilité technique

L'offre de services (intrants, équipements

et prestations de service) accompagnée par le PTTA est-elle adaptée aux besoins des producteurs ?

· Le PTTA a permis de développer une offre de service diversifiée
sur le territoire

· la qualité de l'offre de service est fonction des compétences
techniques des fournisseurs et de leur accès à des moyens et des dispositifs adaptés

· l'offre de service est durable si elle est de qualité et si elle s'insère
dans un dispositif de soutien aux services

· Les agriculteurs désirent des intrants adaptés aux spéculations,
livrés au bon moment et de qualité

· En l'absence de compétences techniques cohérentes l'offre n'est
pas adaptée donc non durable

· Le service de conseil est inclus dans une offre de service plus

large, il n'est pas forcément rémunéré mais fait partie des
services associés aux services principaux

Durabilité économique

Quelles sont les performances

économiques et financières des
fournisseurs ?

· la qualité et la durabilité d'un service est liée aux performances

économiques de l'activité et aux capacités de gestion du
fournisseur

· le projet PTTA modifie la gestion de la trésorerie et les stratégies
économiques des fournisseurs

Durabilité juridique

Quel est le statut du fournisseur par

rapport à ses clients (particuliers, OP...) ?

· La nature du contrat influence la dépendance du fournisseur au
système d'approvisionnement

· L'environnement juridique peut appuyer ou limiter le
développement des fournisseurs

Durabilité sociale

Quelles sont les retombées économiques et sociales des activités de services agricoles?

· les services appuyés par le PTTA ont permis une augmentation
des rendements agricoles

· un marché des biens et services agricoles est en émergence grâce
aux systèmes de coupons subventionnés et doit être soutenu jusqu'à son autonomie

Durabilité environnementale

Quelles sont les conséquences pour la santé humaine et l'environnement des activités de l'agriculteur et du fournisseur ?

· Les intrants délivrés peuvent impacter les cultures environnantes
et l'environnement

· Les doses d'intrants prescrites dans les paquets techniques ne
sont pas respectées

· Les producteurs et les fournisseurs ne sont pas protégés contre
les produits chimiques

Durabilité organisationnelle et gouvernance

· Comment les fournisseurs
s'organisent-ils pour répondre à la demande?

· Dans le cas des fournisseurs liés à
des organisations de producteurs : comment s'organise le travail?

· Les groupements d'agriculteurs sont une force pour attirer une
offre de service de qualité

· Les compétences techniques sont détenues par les employés plus
que par les dirigeants des entreprises

· La coordination du travail des fournisseurs est liée à l'ancrage
territorial

 

Tableau 2 Questions et hypothèses liées pour chaque pilier de la durabilité (source : CB, auteur)

26

C'est donc en cherchant à répondre à l'ensemble de ces questions et en évaluant l'état d'avancement des fournisseurs par rapport à ces thématiques qu'il va être possible de proposer une analyse de la durabilité des fournisseurs de biens et services dans le cadre du PTTA.

Répondre à ces questions nécessite une méthodologie de travail associant enquêtes de terrain, analyses de données et restitutions aux acteurs concernés.

? Le but de l'étude est de comprendre les structures appelées fournisseurs et d'analyser leur

fonctionnement en lien avec leur mésosystème

? Suivant les objectifs du programme PTTA, l'analyse proposée est une analyse de la durabilité des
fournisseurs et de l'offre de biens et services

? Cette analyse est structurée en 6 points : Technique, Economique et Financier, Social, Environnemental,
Organisationnel, Juridique et Institutionnel

? Après structuration des questions et des hypothèses, la problématique est résumée avec la question suivante « Les actions menées dans le cadre du PTTA auprès des bénéficiaires via des fournisseurs permettent-elles de développer une offre de biens et services durable ? »

3.3. Méthodologie

3.3.1. Etapes de travail et résultats

Par définition, il existe de nombreux types de fournisseurs. Il est donc nécessaire d'appréhender

leur diversité, de la comprendre et de l'évaluer selon les différents critères de la durabilité. Cela a fait l'objet d'un travail qui s'est décomposé en 7 phases (Annexe 14).

La première étape a permis la compréhension du mésosystème autour des fournisseurs,

d'appréhender leur diversité et de raisonner le choix des zones d'enquêtes. Les critères de sélection de ces zones sont :

o L'application du PTTA depuis au moins un cycle de subvention. Le but est d'avoir une première évaluation des effets du programme sur l'offre de biens et services dans le temps ;

o La mise en oeuvre de diagnostics agraires. Cette méthodologie permet d'avoir une analyse des effets du programme sur les systèmes de production ce qui facilite l'analyse

27

de la pertinence des paquets techniques et de leur adaptation aux besoins des agriculteurs ;

o Les paquets techniques des zones étudiées couvrent l'ensemble des productions agricoles renforcées par le PTTA. Ce critère permet d'avoir un regard global sur les effets du PTTA ;

o Les fournisseurs semblent en partie issus de la zone. Ce lien initial à la zone est choisi comme un facteur de durabilité du fournisseur. L'origine des fournisseurs est vérifiée avec les listes fournies par les OPS.

Au regard des ces critères les zones d'enquêtes retenues sont :

? Milot

? Dondon

? Saint Raphael

? Le Nord-Est Rizicole : Fort-Liberté, Ferrier, Ouanaminthe

Ces communes peuvent être regroupées en deux grandes zones agro-écologiques : les zones agroforestières (Milot, Dondon) et les zones irriguées(Saint Raphael et le Nord-Est rizicole).

La deuxième phase du travail a consisté à réaliser un total de 90 enquêtes qualitatives auprès des fournisseurs des zones retenues (200 fournisseurs ont été référencé par le PTTA au total). L'échantillon a été raisonné pour enquêter l'ensemble des fournisseurs officiels et des individus ou structures non fournisseurs officiels mais liés à l'approvisionnement des fournisseurs. Cette phase a permis de comprendre les trajectoires et les types de fournisseurs présents pendant le programme PTTA.

Pour vérifier si l'offre de biens et services est adaptée à la demande des agriculteurs, 50 enquêtes ont été réalisée en phase 3. Ces enquêtes ont été menées auprès des producteurs et des acteurs des principales filières agricoles concernées par le PTTA. Les producteurs enquêtés ont été choisis de manière à couvrir l'ensemble des campagnes PTTA pour chaque zone ainsi que des producteurs non bénéficiaires. Les diagnostics agraires réalisés sur ces mêmes zones sont fondamentaux pour comprendre le fonctionnement des systèmes de productions agricoles et les effets ou non du PTTA sur ces systèmes.

Après une phase d'analyse des résultats (phase 4), 20 enquêtes technico-économiques quantitatives détaillées (phase 5) ont été réalisées pour permettre un approfondissement des stratégies économiques les plus représentatives des types de fournisseurs observés. Les phases 6 et 7 ont été consacrées à l'analyse transversale des durabilités et à la rédaction du mémoire en lien avec la recherche de pistes d'amélioration et de renforcement des fournisseurs comme de leur offre.

28

3.3.2. Limites de l'étude

La récolte de données qualitatives a pu être gênée en début de travail par une méfiance des fournisseurs comme des agriculteurs vis-à-vis des enquêteurs. Certains acteurs ont pensé que nous étions dans la conception d'un nouveau programme de développement, ce qui a pu biaiser certaines enquêtes.

Au niveau économique le calcul des marges dégagées est complexifié par la sous-traitance de certains services par les fournisseurs. Le prix des services sous-traités est très variable au sein d'une même commune selon les secteurs, la disponibilité du service au moment du besoin et les relations entre vendeurs de service, fournisseur et agriculteur bénéficiaire, ce qui limite les possibilités d'évaluer correctement l'argent gagné par les fournisseurs sur ces opérations.

De plus, l'analyse des paiements réalisés par la BNC aux fournisseurs est freinée par l'absence d'harmonisation dans les noms des coupons imprimés entre campagnes. De même, les retards d'impression comme de paiement des incitations entrainent un chevauchement des décaissements dans le temps.

Enfin, les modalités d'exécution du PTTA peuvent varier entre OPS ce qui peut entraver la compréhension du fonctionnement du programme mais un des résultats de l'étude est la clarification de la mise en oeuvre du PTTA dans les différentes zones, sa compréhension et sa comparaison.

Avant de décrire l'évolution des fournisseurs dans chaque commune retenue, la description des principaux chiffres par zone permet d'avoir une vision globale des dépenses du programme.

? L'analyse des fournisseurs est divisée en 7 étapes de travail

? Les enquêtes ont été menées sur 4 communes où le PTTA est en cours d'application et qui correspondent à deux grandes zones agro-écologiques :

o Zones agroforestières : Milot, Dondon

o Zones irriguées : Saint Raphaël, Fort Liberté, Ferrier, Ouanaminthe

? L'objectif final de l'analyse est :

o Comprendre les effets du PTTA sur les fournisseurs

o Vérifier si l'offre de biens et services est adaptée

o Proposer un bilan global du PTTA en lien avec des pistes d'amélioration de l'offre de biens et services et de renforcement des fournisseurs

29

4. Quels biens et services choisis et pour quelles zones ?

4.1. Un choix de subventions effectué par des groupes de producteurs et de fournisseurs

Deux phases clés ont lieu avant la distribution des coupons: l'adaptation des paquets techniques et l'enregistrement des fournisseurs et des bénéficiaires. Le choix des biens et services délivrés par zone agro-écologique est défini dans le Manuel d'incitation. L'OPS adapte les paquets techniques prédéfinis aux conditions locales en lien avec les BACs et les acteurs agricoles locaux au cours d'au moins deux rencontres :

· la première avec des agriculteurs sélectionnés par l'OPS avec l'appui du BAC

· la deuxième avec des fournisseurs

Après ces rencontres, le paquet est défini et la valeur de chaque bien et service est fixée. Les prix fixés par le projet doivent ne pas provoquer une distorsion sur les marchés locaux pendant et après le projet tout en permettant aux fournisseurs de dégager une marge suffisante.

4.2. Les variations dans la mise en oeuvre du programme entrainent une première différenciation des fournisseurs

L'ensemble des biens et services subventionné a été délivré par des fournisseurs enregistrés par les opérateurs de service CA17 (communes de Fort Liberté, Ferrier, Ouanaminthe) et CECI-AAI(communes de Dondon, Milot, Saint Raphaël). Sur l'ensemble des communes étudiées plus de 122 fournisseurs ont participé au programme.

Les fournisseurs des zones gérées par CECI délivrent l'ensemble des biens et services indiqués dans le paquet technique. Cela signifie que si un fournisseur ne réalise pas toutes les activités lui-même, il va sous-traiter les autres à des fournisseurs et vendeurs non officiels. Il reste néanmoins le fournisseur de référence et récupère l'argent décaissé par la BNC.

Les fournisseurs des zones gérées par CA17 sont plus spécialisés par grande catégorie de biens (vente d'intrants...) ou service (labour, assistance technique...), la sous-traitance des activités est donc moins importante.

· Les biens et services subventionnés appuient des productions cibles par zone agro-écologique

· Les zones agro forestières ont reçu plus d'argent que les zones irriguées malgré un nombre de bénéficiaires moindre, car le PTTA dépense plus par producteur en zone agroforestière

· Cette différence d'investissement sous-entend une augmentation de production espérée rapide dans les zones irriguées et à moyen et long terme dans les zones de Mornes

· Les fournisseurs peuvent être en charge de la totalité du paquet technique ou juste de quelques biens ou services suivant l'opérateur de service

Zones irriguées 6890 bénéficiaires 2 259 455 USD

Figure 5 Zones choisies pour l'étude (source : Google Earth_)

Zones agroforestières 4337 bénéficiaires

4 309 209 USD

Bien ou service

Dépenses du PTTA (USD)

%

Préparation de sol

620896

27

Semence Riz

172515

8

Semence Piment

89735

4

Semence Carotte

4612

0.20

Semence Tomate

1472

0.07

Semence Oignon

95106

4

Semence Poireau

185075

8

Application phyto.

13365

1

Produits phytosanitaires

113087

5

Repiquage

170250

8

Engrais

653950

29

Asst. Tech.

139534

6

Tableau 3 Dépenses du PTTA en zones irriguées (source : auteur)

Bien ou service

Dépenses du PTTA (USD)

%

Préparation du sol

1168796

27

Arbres de couverture

118462

3

Plantules Café

981269

23

Plantules cacao

201698

5

Semences igname

1086370

25

Drageons Banane

254900

6

Taille

20588

0

Contrôle scolytes

91264

2

Sac de compost/fumier

250927

6

Boutures de canne

9385

0

Cayeux d'ananas

7319

0

Asst. Tech.

118232

3

Tableau 4 Dépenses du PTTA en zones agroforestières (source : auteur)

30

4.3. Quels biens et services dans les zones d'étude ?

31

5. Les zones forestières

5.1. Dondon

5.1.1. Une commune liée à la production caféiere

Figure Figure 6 6 Dondon Dondon (photo (photo: : auteur)auteu

Dondon est une commune du département

du Nord située en zone de montagnes (Mornes)

semi-humides à humides. Plus de 27 322 habitants

(IHSI, 2005) y sont répartis dans 5 sections

communales : Matador, Brostage, Laguille, Haut du

Trou, Bassin Caïman. Les systèmes de productions

actuels sont principalement de type agro-forestier

avec des associations de cultures vivrières (banane,

maïs, pois, igname, arbre à pain, manguier, arbre véritable...) et de rente (café). La caféiculture y est pratiquée depuis le XVIIIe siècle et le secteur agricole s'est progressivement restructuré à partir des années 1970 avec l'émergence de différentes coopératives caféières en réaction à la monopolisation de la transformation et de la vente du café par de grandes compagnies exportatrices. Les filières dominantes à Dondon sont le café avec des organisations bien structurées et la filière fruits avec deux organisations fonctionnant en coopératives. La production de café a chuté depuis une dizaine d'année suite à la cumulation de plusieurs facteurs : exode de la main d'oeuvre en République Dominicaine, développement de ravageurs du café (nématodes, pourridiés, scolytes), vieillissement des parcelles et leur non-renouvellement. Les acteurs économiques clés de Dondon sont les quatre 4 principales coopératives caféières :

Coopérative agricole Vincent Ogé (COPAGVOD)

860 membres

Coopérative des Productions Agricoles de Dondon (COPROCAD)

400 membres

Coopérative Agricole Capois la Mort (KKKLD)

430 membres

Coopérative Agricole Gabard Levaillant (CACGAVA)

900 membres

Tableau 5 Présentation des coopératives caféières de Dondon (source : auteur)

La KKKLD et CAGGAVA sont membres du réseau RECOCARNO qui est un réseau de coopératives caféières permettant de mutualiser les productions pour vendre des volumes plus importants. Pour ces deux coopératives, les producteurs sont organisés en groupe de 10 individus pour toutes les activités liées à la coopérative. Avant le PTTA ces groupes étaient également responsables de petites pépinières de production de plantules de café réparties sur l'ensemble de la commune.

Les organisations présentes sur la zone avant l'arrivée du programme peuvent être classées en deux catégories : organisations agricoles ou organisations sociales avec activités agricoles.

32

Les organisations agricoles ont été créées par des techniciens agricoles et ont des objectifs de production voire de formation technique.

Les organisations sociales avec activités agricoles sont des organisations de jeunes ou de quartier qui intègrent une composante agricole (production de plantules) en plus des autres activités (nettoyage des rues, activités culturelles, activités sportives...).

5.1.2. L'offre de biens et services est assurée entre agriculteurs et par les coopératives avant le PTTA

Biens et

Plantules de café

Plantules d'arbres de couverture

Assistance technique Commercialisation

Transformation

Travail du sol -Sarclage

Semences de cultures annuelles

Semences d'igname Drageons de banane Cailleux d'ananas Boutures de canne Compost

Outils

Services

Fournisseurs

Agriculteurs

X

X

 
 
 

X

X

X

X

X

X

 
 

Coopératives

X

X

X

X

X

 
 
 
 
 
 

X

X

Organisations sociales

 

X

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Organisations agricoles

 

X

 
 
 
 
 
 
 
 
 

X

 

Pépiniéristes

X

X

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Tableau 6 Offre de Biens et Services avant le PTTA à Dondon (source : auteur)

La production de plantules de café, était assurée principalement par les coopératives (avec des appuis financiers internationaux pour la COPAGVOD et le soutien du réseau RECOCARNO pour la CACGAVA et KKKLD). Des pépiniéristes locaux avaient également une production à très petite échelle.

L'assistance technique n'est pas un service payé par les agriculteurs et les moyens du Bureau Agricole Communal sont très limités. Seuls les producteurs membres des coopératives bénéficient d'un accompagnement technique délivré par des techniciens ou de membres (appelés extensionistes) formés par des programmes d'aides et d'appui au secteur caféier. Cet appui technique concerne la culture du café : suivi des parcelles de membres, formations sur la taille, lutte contre le scolyte.

Les coopératives caféières fournissent enfin un service de transformation et de commercialisation du café à leurs membres. Selon les appuis internationaux reçus, certaines d'entre elles ont pu développer des services annexes diversifiés comme le microcrédit, l'appui à la production maraichère, la formation des enfants des membres.

Les agriculteurs ont l'habitude de produire eux-mêmes les plants d'arbres fruitiers ou forestiers en récupérant les pousses spontanées ou en ressemant les graines des fruits consommés. Selon les

33

appuis internationaux, les coopératives peuvent en produire pour fournir des arbres de couverture aux parcelles caféières. Quelques organisations locales en produisent également de manière régulière ou ponctuelle pour des événements comme la fête de l'agriculture.

Les services de labour et de sarclage sont effectués par les agriculteurs eux-mêmes, souvent sous forme d'échange de main d'oeuvre rémunérée (rampono) ou non (kombite). Des techniciens ont été formés par des projets de développement aux techniques de conservation du sol (rampes végétalisées, cordons de pierre..) mais ces techniques ne sont pas reproduites par les paysans en dehors des projets financés en raison de leur cout élevé en main d'oeuvre et en entretien.

Les semences d'igname, de banane (drageons), d'ananas (cailleux) et canne (boutures) sont produites sur l'exploitation agricole ou achetées auprès d'autres agriculteurs de la zone. Les semences de maïs, de haricot et de pois sont achetées sur les marchés locaux.

Du compost est produit par les coopératives à partir des résidus de transformation (lavage et dépulpage) et une organisation de techniciens propose des formations sur les techniques de compostage. Au niveau des exploitations agricoles, les agriculteurs n'achètent pas de compost et le compostage en fosse ou en andain n'est pas utilisé. Un compostage des adventices sarclées et des feuilles des arbres est fait naturellement en surface.

Les outils sont peu renouvelés. Ils peuvent être achetés auprès des boutiques des coopératives COPFAD et CAGGAVA ainsi qu'auprès de marchandes ambulantes ou au Cap Haïtien.

? Les agriculteurs produisent et achètent entre eux la majorité des semences et du matériel végétal ainsi que les services de travail du sol

? Les biens et services liés à la production caféière sont fournis par les coopératives caféières et les autres coopératives : plantules de café, appui technique à la taille, lutte contre les ravageurs.

? Quelques organisations locales et des pépiniéristes produisent des plantules de fruitiers et forestiers à petite échelle ou ponctuellement.

5.1.3. Le PTTA renforce les coopératives et favorise l'émergence de nouveaux fournisseurs locaux

a. Le paquet technique « Café en agroforesterie »

Le choix a été fait par les groupes de montage des incitations d'axer les paquets techniques sur la production caféière et sa relance. L'application du programme a été divisée en trois campagnes : Café 2014,Nouvelle plantation et Régénération (427 et 217 bénéficiaires), Jardin Créole 2014-2015 (660

34

bénéficiaires), Café 2015 (1193 bénéficiaires).Les biens et services choisis (initialement) au cours des trois campagnes sont les suivants :

Bien ou Service

Justification

Plantules de café

Augmenter la densité en caféiers Relancer la production caféière

Igname

Semences minisett pour transférer cette technologie aux agriculteurs. Augmentation de la sécurité alimentaire Incitation à étendre les couverts forestiers

Drageons Banane

Donner une couverture végétale temporaire aux plantules Compenser les pertes dues à la taille des cacaoyers

Arbres de

couverture

Régénération du couvert végétal au dessus des cacaoyers

Préparation sol:

sarclage

conservation

Paiement du labour ou sarclage pour inciter l'agriculture à entretenir la parcelle Mise en place de structures de conservation du sol pour transférer des technologies de lutte contre l'érosion et préserver la fertilité des jardins

Compost

Améliorer la fertilité des sols et favoriser la croissance des plantules mis en terre

Assistance technique : piquetage

Etablir les distances de plantation préconisées dans le paquet technique (piquetage) Montrer la technique de trouaison pour préparer les plantations

Contrôle scolytes

Au travers de la mise en place de pièges à hormones et du nettoyage des parcelles (ramassage des baies au sol, sarclage...)

Taille

Taille de régénération des anciens caféiers pour relancer la production

Tableau 7 Biens et services subventionnés par le PTTA à Dondon (sources : CECI, coordination PTTA, Manuel d'incitation)

La composition des paquets techniques a évolué au cours des campagnes

.

Régénération

? Plantules café

? Drageons banane ? Arbres de

couverture

? Contrôle des

scolytes

? Taille

Figure 7 Paquets techniques mis en place par le PTTA à Dondon (source : auteur)

35

b. Typologie des fournisseurs : des coopératives acteurs essentiels de la

fourniture d'intrants pendant le programme

Les fournisseurs du PTTA à Dondon ont été en charge de l'application de la totalité du paquet technique sauf du coupon assistance technique. Il n'y a donc pas de spécialisation des fournisseurs pour des biens ou des services particuliers mais une sous-traitance de certains achats à l'agriculteur directement ou à une autre personne.

La quantité de bénéficiaires par fournisseur a été attribuée par l'OPS, après évaluation des capacités financières et des visites de contrôle des infrastructures (pépinières...). Selon ces critères le nombre de bénéficiaires attribués devrait donc en partie refléter la capacité économique du fournisseur à délivrer des biens et services.

Après une phase de méfiance par rapport au programme, beaucoup d'acteurs locaux ont réalisé les bénéfices que le PTTA pouvait potentiellement rapporter. La présence de structures extérieures (32% des bénéficiaires) s'explique par la sollicitation de fournisseurs extérieurs par l'OPS pour couvrir les besoins générés par le programme.

Les coopératives ont approvisionné le plus grand nombre de bénéficiaires. Présentes depuis longtemps sur la commune, elles ont utilisé le programme PTTA comme une opportunité de développement. Elles disposaient déjà des infrastructures de production de plantules et sont liées à de nombreux producteurs, ce qui a facilité leurs achats en matériel végétal.

Les entreprises locales ont fourni presque autant de bénéficiaires que les entreprises extérieures. Ces deux types de fournisseurs se sont renforcés au cours des campagnes et leur nombre a augmenté. L'émergence de ces entreprises est liée à l'augmentation de la confiance des différents acteurs économiques dans le PTTA

Les organisations locales agricoles ont également joué un rôle important dans l'approvisionnement des agriculteurs bénéficiaires. Bien que ne disposant que de peu de pépinières en début de programme, elles se sont renforcées progressivement et ont participé activement au

programme. Les organisations locales sociales n'ont eu qu'une participation fluctuante au
programme. Leur implication était souvent dépendante de l'engagement des dirigeants et leur capacité de production ou d'achat limitée par leur faible trésorerie.

? Les coopératives agricoles ont été les fournisseurs principaux lors des campagnes du PTTA

? Des techniciens locaux ont souhaité également démarrer une activité économique et ont

progressivement pris confiance dans le programme

? Pour compenser le manque de fournisseurs locaux, l'OPS a eu recours à quelques fournisseurs
extérieurs en début de programme

? L'intérêt pour le programme PTTA a ensuite attiré de nouveaux investisseurs extérieurs

36

Type de fournisseur

 

Sous-types

Description

Noms

Pourcentage de
bénéficiaires
accompagnés

Coopératives

Coopératives caféières ou d'autres filières (fruits et

légumes)

CACGAVA, KKKLD, COPROCAD, COPAGVOD, COPFAD

32%

Organisations
locales

Agricoles

Les organisations agricoles à Dondon sont essentiellement

des organisations de techniciens. Ce sous-type de
fournisseur n'avait pas d'activité de production importante

et vendait quelques biens (semences maraichères) et
services (formation en compostage) avant le programme.

ATAD, IRFODA

13%

à but social

avec activités agricoles

Organisations de jeunes ou de quartier qui intègrent une composante agricole en plus d'autres activités

ATD, ODCOB,

MORUJPAD

4%

Entreprises à
Dondon créées

pendant le

programme

pépiniériste
déjà existant

Existait avant le programme mais patente acquis pour être fournisseur officiel

Pierre Jacquecius

3%

techniciens agricoles qui démarrent une activité économique

Techniciens au sein des coopératives ou d'organisations qui utilisent le PTTA comme opportunité d'investissement

Lindor Wisly,

Jesper Dorsinville,

Jardin des Trois
Rois Mages, Vision Verte, AgriH.Vert, CEPROSA

16%

Fournisseurs
extérieurs

organisations agricoles

Organisations extérieures à Dondon qui utilisent les

programmes d'aide pour se développer économiquement

OPNP, OPDS,

AJTDN

16%

entreprises extérieures

Entrepreneurs spécialisés ou non dans la production

agricole investissant dans le PTTA

Jardin Fleuri

Etech,

ProconsaMutation

Entreprise, ISA,
Belle Plantule

15%

Tableau 8 Typologie des fournisseurs PTTA à Dondon (source : auteur)

c. Analyse de la durabilité économique : l'activité de fournisseur est rentable

pendant le programme mais valorisée différemment selon les stratégies des fournisseurs

La marge brute est le premier résultat économique d'une activité. Pour la calculer, il faut faire la différence entre la richesse créée par l'activité (produits) et la valeur des biens et services consommés pour arriver (charges ou consommations). Dans le cadre du PTTA, le produit brut correspond au montant de la subvention décaissée par la BNC (le fournisseur reçoit la totalité de la valeur du coupon) et les charges sont l'ensemble des coûts de production ou d'achat des biens et services délivrés par le fournisseur.

L'étude des marges brutes permet d'analyser quels biens ou services permettent aux fournisseurs de gagner le plus d'argent.

 
 

USD

37

Figure 8 PB et MB dégagés pour les biens et services de la campagne de café nouvelle plantation à Dondon en 2014 (source : auteur)

Pour toutes les campagnes de café, la marge brute la plus élevée est celle des plantules de café qui constituent plus de 60% de la marge finale. Pour la campagne de Jardin Créole, la marge brute la plus importante est celle des semences d'igname avec environ 60% de la marge finale. La marge brute du travail du sol est très variable car les fournisseurs s'arrangent avec les bénéficiaires sur le pourcentage du coupon laissé au bénéficiaire. Les fournisseurs prélèvent en moyenne 30% de la valeur du coupon de préparation du sol.

La marge brute, le chiffre d'affaire et les dépenses sont ramenées par bénéficiaire (Annexe 8). Cela signifie que par bénéficiaire approvisionné, sur les trois campagnes, un fournisseur réalise en moyenne les performances suivantes :

Dépenses du fourniseur
448 USD

Chiffre d'affaires
729 USD

Marge Brute
323 USD

38

Figure 9 Dépenses, chiffre d'affaires et MB réalisées en moyenne par bénéficiaire approvisionné Dondon

Le taux de rentabilité a été calculé pour vérifier si le PTTA permet aux fournisseurs de réellement dégager des revenus pendant le programme. Il correspond au bénéfice (ou marge nette) divisé par la somme de l'investissement et des dépenses (charges).

Fournisseur

ATAD

CASSEUS

CEPROSA

COPAGVOD

Pierre Jacquecius

Taux de

rentabilité

0.31

0.46

0.64

1

0.2

Tableau 9 Taux de rentabilité de l'activité économique de fournisseurs à Dondon (source : auteur)

Ces calculs ne sont pas représentatif statistiquement mais indiquent néanmoins que l'activité de fournisseur dans le cadre du PTTA est rentable. Selon les compétences en gestion, l'accès au crédit et la vision de l'activité à moyen et long terme, les fournisseurs développent des stratégies économiques. Ce sont ces stratégies qui vont influencer le bénéfice final ou marge nette. Ces différentes stratégies expliquent les différences de taux de rentabilité.

A. Un investissement économique dès le début du programme avec les fonds propres de la structure et des apports des cadres dirigeants.

Cette stratégie concerne les quatre coopératives fournisseurs du PTTA dès la première campagne. Les coûts de production sont diminués par le travail non rémunéré des membres.

Cette stratégie peut être source de tensions et de confusions lors de la redistribution des bénéfices car les cadres dirigeants ont également investi et contrôlent l'organisation du travail. Ces tensions ont provoqué le départ du directeur d'une de coopérative et l'arrêt de l'activité comme fournisseur lors de la deuxième campagne.

Une part des bénéfices des coopératives a été utilisée pour fournir les membres non bénéficiaires en plantules de café et d'arbres de couverture.

B. La constitution progressive d'un fonds de trésorerie suffisant avant l'investissement dans l'activité de fournisseur PTTA.

Différents types de fournisseurs ont attendu d'avoir des fonds suffisants avant de démarrer leur activité au sein du PTTA. L'apport de fonds est complété dans certains cas par un emprunt unique en début d'activité.

La bonne gestion des bénéfices permet de ne pas avoir à recourir à d'autres emprunts ou apports de fonds par la suite. Cette stratégie est la plus transversale et employée par plusieurs types de

39

fournisseurs : coopérative, techniciens agricoles qui démarrent une activité économique, organisation locale et entreprise extérieure.

C. Un investissement massif dans le programme avec le recours à des emprunts importants à chaque campagne.

Une organisation de techniciens et un technicien agricole ont eu recours à des emprunts à chaque campagne malgré un investissement conséquent en début de programme. Les bénéfices sont peu réinvestis pour augmenter la capacité de production et surtout utilisés à des fins personnelles.

D. Un investissement partagé entre les membres de l'organisation

Cette stratégie concerne des organisations qui approvisionnent régulièrement des projets de développement agricoles ou démarrent une activité. Les bénéfices servent à financer leurs projets internes et à constituer un fonds de trésorerie pour approvisionner de nouveaux programmes. Une part des gains a été également répartie entre les membres et réinvestis après chaque campagne dans la production de plantules, ce qui a permis d'augmenter les capacités de production sans avoir recours à des emprunts.

E. Le projet est porté par un leader de l'organisation mais la participation au PTTA n'est pas constante

Hormis les dirigeants de l'organisation, le reste des membres semble peu impliqué ou est juste contractualisé pour travailler lors du programme. Cette gestion exclusive par les dirigeants pose la question de la répartition des bénéfices et de leur réinvestissement. Par exemple, un cadre d'une organisation sociale a incité l'organisation à se proposer comme fournisseur en début de programme mais a quitté la structure et monté son entreprise pour les campagnes suivantes.

? L'activité de fournisseur PTTA à Dondon est rentable économiquement

? Mais une part importante de cette rentabilité repose sur la vente de plantules de café au programme

? La marge brute dégagée par l'activité des fournisseurs est valorisée de manière différente selon les stratégies économiques mises en place par les fournisseurs

? Ces stratégies sont également des indicateurs de la durabilité économique des fournisseurs

40

Montée en puissance d'un fournisseur de Dondon : l'exemple de Pierre Jacquecius

MB Emprunt MN

20000

15000

10000

5000

0

 
 

Café 1 JK Café 2

Pépiniériste en activité avant le programme, Pierre Jacquecius a profité du PTTA pour acquérir un statut légal et se proposer comme fournisseur. Seulement 7 bénéficiaires lui ont été attribués lors de la première campagne. Cette campagne a été financée grâce à un emprunt commercial de faible montant au taux de 6% par mois. Ne pouvant emprunter plus auprès de l'institution financière, il a emprunté des sommes importantes à des amis au taux de 3% par mois. Ces emprunts lui ont permis d'augmenter la taille de sa pépinière et d'approvisionner un nombre plus important de bénéficiaires. Les bénéfices dégagés n'ont pas été réinvesti dans la production ou l'achat de matériel végétal. Cette stratégie correspond à celle décrite au point B.

Encadre 1 : Montée en puissance d'un fournisseur de Dondon : l'exemple de Pierre Jacquecius

d. Des compétences techniques peu différenciées qui dépendent fortement de

celles des techniciens employés

La majorité des techniciens agricoles de Dondon ont reçu une formation au sein de structures techniques (Ecoles moyennes d'agriculture, centres spécialisés).Certains d'entre eux ont complété leurs compétences avec différents projets internationaux intervenus sur la zone (PADF, PADF+,...).

Ils connaissent les techniques de base en construction de pépinières, conservation du sol et entretien de parcelles agroforestières ; mais peu maitrisent les techniques de production de semences d'igname sous forme minisett ainsi que les principes de protection phytosanitaire du matériel végétal.

Ces techniciens sont employés par les fournisseurs ou sont eux-mêmes fournisseurs du PTTA. Par conséquent il y a peu de différences de compétences techniques entre fournisseurs sauf dans le cas des coopératives caféières. Ces dernières ont un service d'accompagnement technique de base, appuyé ou non par une structure faitière (RECOCARNO). Leurs techniciens sont régulièrement au contact des producteurs et reçoivent des formations en lien avec la relance de la production caféière.

41

L'assistance technique (coupon « assistance technique ») proposée dans le paquet technique n'a pas été délivrée par les fournisseurs lors des deux premières campagnes. Des techniciens agricoles ont été sélectionnés directement par l'OPS avec l'appui du bureau agricole communal. Ces techniciens ont été chargés du piquetage et de la trouaison. Pour la troisième campagne, deux coopératives et une organisation de techniciens ont été chargées de gérer l'assistance technique. Les raisons de cette évolution sont décris en 4.3.

· Les techniques agricoles de base sont maitrisées par les fournisseurs, les agriculteurs et les techniciens employés

· L'assistance technique mis en place par le programme repose sur des techniciens locaux

 

5.1.4. Les structures non retenues approvisionnent les fournisseurs en plantules

Lors de la première campagne, les fournisseurs se sont approvisionnés en priorité auprès des producteurs ou dans les pépinières présentes avant le PTTA. Ces achats ont renforcé ponctuellement des petites structures ou des agriculteurs qui n'étaient pas fournisseurs officiels.

A partir de la deuxième campagne, beaucoup de fournisseurs ont mis en place leurs propres pépinières pour être capable de fournir un plus grand nombre de bénéficiaires car la quantité de bénéficiaires attribués est en partie liée à la taille de pépinières. Les petits producteurs qui avaient approvisionné les fournisseurs ont pensé pouvoir vendre de nouveau leurs productions, et ont produit de grandes quantités de plantules.

Il y a donc eu une production très importante de plantules de café à Dondon sans assurance de ventes ni analyse de marché préalable. Certains de ces petits producteurs cherchent des débouchés dans d'autres zones appuyées par le PTTA ou dans d'autres programmes.

· Malgré l'importance des coopératives, de nombreux nouveaux fournisseurs sont apparus progressivement pour approvisionner le programme

· L'activité de fournisseur est rentable pendant le PTTA mais le bénéfice final reste dépendant des compétences en gestion, de la capacité d'investissement et de l'accès au crédit

· Peu de fournisseurs ont de vrais projets d'investissements hormis augmenter leur capacité de productions de plantules

· Seules les coopératives et quelques entreprises locales ont actuellement une vision de leur activité dans la zone sur le moyen et long terme

· Les compétences techniques des fournisseurs sont celles des techniciens de Dondon

· Ces compétences n'ont pas été renforcées et peuvent varier d'un individu à l'autre

42

5.2. Milot

5.2.1. Présentation de la commune

Figure 10 Milot (photo : auteur)

Milot compte 29 000 habitants répartis en 3 sections communales : Perche du bonnet, Genipaille et Bonnet a l'Evêque. Les systèmes de production agricoles occupent trois grandes classes de zones agro-écologiques : plaine, piémont et mornes. La culture de la canne est dominante dans les zones de plaine. Les zones de piémont et de Mornes sont caractérisées par des systèmes de production agro-forestiers diversifiés qui ont connu différentes crises : diminution importante de la culture du café, mortalité des agrumes (Dao, 2015). La ville du Cap Haïtien est proche et permet d'avoir accès à un marché pour la vente des

productions et l'approvisionnement en denrées de base et outils agricoles. Une seule coopérative de

collecte de café et de cacao est présente sur la zone.

5.2.2. L'offre de biens et services est assurée essentiellement entre agriculteurs avant le PTTA

Comme pour la commune de Dondon, la notion de fournisseur n'existait pas avant le programme et l'approvisionnement en biens et services était assuré avant tout par les agriculteurs eux-mêmes.

Biens et

Plantules de cacao

Plantules d'arbres de couverture

Techniques d élagage et de régénération

Commercialisation

Transformation

Travail du sol -Sarclage

Semences de cultures annuelles

Semences d'igname, Drageons de banane Cailleux d'ananas Boutures de canne Compost

Outils

Services

Fournisseurs

Agriculteurs

X

X

 
 
 

X

 

X

X

X

X

 
 

Organisations agricoles

X

X

 
 
 
 
 
 
 
 
 

X

 

Coopérative

 
 

X

X

X

 
 
 
 
 
 
 
 

Marchés

 
 
 
 
 
 

X

 
 
 
 
 
 

Vendeurs ambulants

 
 
 

X

 
 
 
 
 
 
 
 

X

Particuliers

 
 
 
 

X

 
 
 
 
 
 
 
 

Tableau 10 Biens et services agricoles vendus avant le PTTA à Milot (source: auteur)

43

Les plantules de cacao et d'arbres de couverture (saaman, sucrin principalement) ne sont quasiment pas produits pas les agriculteurs. Ceux-ci transplantent des pousses développées au sol ou en sèment directement des graines dans leurs parcelles. Quelques agriculteurs réalisent des pépinières pour leur organisation agricole ou la vente. Les achats massifs de plantules sont rares ou concernent des grands propriétaires voulant replanter une parcelle.

La fédération des coopératives cacaoyères du Nord (FECCANO) a démarré un projet de formation technique des coopérateurs aux techniques d'élagage et de régénération des cacaoyères anciennes. Les membres de la coopérative SOCAT sont organisés en groupement de base et reçoivent un appui technique régulier. Le projet DEED de l USAID a également formé des agriculteurs et des techniciens aux techniques de taille au travers de champs écoles et de sessions de formation.

Concernant la commercialisation, le cacao et le café sont principalement achetés par des « voltigeurs » ou intermédiaires commerciaux de grandes compagnies exportatrices disposant de trésorerie et capables de payer directement les planteurs. Les cultures annuelles sont vendues au Cap, localement ou à Milot. Les plus grands producteurs de banane peuvent vendre à Port au Prince.

Le travail du sol est effectué manuellement par les agriculteurs eux-mêmes en zone de piémont et montagne avec recours à de la main d'oeuvre salariée (rampono) ou volontaire (kombite). En zone de plaine et piémont quelques bouviers peuvent donner du service de labour. Lors des saisons de plantation (pluie de juin-juillet et octobre environ) des bouviers viennent également de Saint Raphael et Saint Michel de l Attalaye. Le labour mécanisé est peu répandu : entre deux et trois tracteurs ont été signalés dans la plaine au niveau de Quartier Morin. L'organisation If propose également du labour avec un tracteur.

Le sarclage est réalisé par l'agriculteur ou sous-traité s'il dispose de trésorerie.

Les semences de cultures annuelles (maïs, pois, haricots) sont rachetées faute de systèmes de stockage et de conservation des cultures. Les lieux d approvisionnement sont les marchés du Cap Haïtien et de Milot ainsi que les marchandes ambulantes. Les semences sont également acquises lors de campagnes de distribution du MARNDR et de l'USAID. Il n'y a pas de boutiques d'intrants à Milot. Les semences d'igname, de banane (drageons), d'ananas (cailleux) et canne (boutures) sont produites sur l'exploitation agricole ou achetées auprès d'autres agriculteurs de la zone

Le compost est produit avec de la bagasse récupérée dans les guildives en zone de plaine. Les

agriculteurs en zone de piémont et mornes ne pratiquent pas les techniques de compostage. Les
outils
utilisés sont achetés auprès de vendeurs ambulants ou au Cap. Il n y a pas de boutique d intrants dans la zone de Milot. La coopérative SOCAT, reliée au réseau FECCANO met des outils d élagage des cacaoyers à disposition des membres.

? Les productions de café, cacao et agrumes ont connu des crises économiques et écologiques provoquant la quasi-disparition de ces cultures dans les parcelles agroforestières

? Les biens et services agricoles sont achetés ou échangés majoritairement entre agriculteurs

? Quelques organisations agricoles sont dans une démarche de construction de services aux planteurs de la

commune

44

5.2.3. L'offre en biens et services est assurée principalement par des fournisseurs extérieurs à Milot pendant le PTTA

a. Choix du paquet technique « Cacao en agroforesterie »

L'objectif de ce paquet est de renforcer les jardins agro-forestiers des bénéficiaires en appuyant les productions existantes et en augmentant la densité en cacaoyers. Les biens et services subventionnés sont présentés dans le Tableau.

Bien ou Service

Justification

Cacao

Augmenter la densité en cacaoyers Relancer la production

Igname

Semences minisett pour transférer cette

technologie aux agriculteurs (encadré).

Augmentation de la sécurité alimentaire
Incitation à étendre les couverts forestiers

Banane

Couverture végétale temporaire aux plantules

Arbres de couverture

Régénération du couvert végétal au dessus des cacaoyers

Préparation sol : sarclage + conservation

Paiement du labour ou sarclage pour inciter l'agriculture à entretenir la parcelle

Mise en place de structures de conservation du sol pour transférer des technologies de lutte contre l'érosion et préserver la fertilité des jardins

Compost

Améliorer la fertilité des sols et favoriser la croissance des plantules mis en terre

Assistance technique : piquetage

Etablir les distances de plantation préconisées dans le paquet technique (piquetage)

Montrer la technique de trouaison pour
préparer les plantations

Emondage des abris et des cacaoyers

Taille d'entretien des anciens cacaoyers pour relancer la production des vieux arbres

Nettoyage parcelle

Elimination des anciennes cabosses et

entretien des anciennes parcelles cacaoyères

Tableau 11 Biens et services subventionnés par le PTTA à Milot (source: Coordination Régionale, CECI, auteur)

45

Voici l'évolution des paquets techniques au cours des campagnes.

Cacao 2014

"Nouvelle plantation" et Regeneration"

· Nouvelle Plantation

· Plantules cacao

· Igname miniset

· Drageons banane

· Arbres de couverture

· Preparation sol : sarclage +

conservation

· Compost

· Assistance technique : piquetage

Régénération

· Plantules cacao

· Igname minisett

· Drageons banane

· Emondage abris + cacaoyers

· Nettoyage parcelle

· Assistance technique : piquetage

· Compost

Jardin Creole 20142015

· Igname Miniset (50%) et traditionnel (50%)

· Drageons banane

· Fruitiers-forestiers

· Préparation sol :

avec vegetalisation des rampes (canne + ananas)

· Compost

sarclage + conservation so

l

Cacao 2015

· Cacao

· Igname traditionnel

· Drageons banane

· Arbres de couverture

· Preparation sol : sarclage + conservation

· Compost

· Assistance technique : piquetage et suivi

Figure 11 Paquets techniques mis en place par le PTTA à Milot (source : auteur)

Le paquet régénération a été délivré par trois types de fournisseurs différents choisis par l'OPS: une organisation agricole, un pépiniériste du Cap Haïtien et une entreprise de Milot choisis par l'OPS.

b. Typologie des fournisseurs : des fournisseurs du Cap Haïtien majoritaires et

des organisations agricoles locales en croissance

Nous avons vu en 4.2.1. que les fournisseurs présents à Milot avant le programme étaient des agriculteurs, des organisations agricoles et une coopérative mais qu'aucuns ne fournissaient de manière régulière et en volume des biens et services. Comme pour Dondon les fournisseurs devaient délivrer l'ensemble des biens et services subventionnés sauf le compost. CECI a fait le choix de faire appel à des fournisseurs spécialisés dans la production de compost pour assurer une livraison dans les délais impartis. Après enquêtes, voici les types et sous-types de fournisseurs présents a Dondon pour le programme PTTA.

46

Type de
fournisseur

Sous-types

Description

Noms

Pourcentage de bénéficiaires accompagnés

Entreprises
extérieures à
Milot

Pépiniéristes du Cap

Installés au Cap depuis longtemps

avec activités de production de
plantes ornementales, fruitiers

« spécialisés » dans l
approvisionnement de programmes internationaux

Agendel, Agrida, PCN,

Pepdiplan, PME,

AGRISOL, AJTDN,

CADPANH, CEPREVA,

ISA, JARDIN DE
BETHEL

47%

Entrepreneurs ponctuels

Sont apparus avec le PTTA, ne

disposent pas forcement de
compétences en agriculture mais se

basent sur des agriculteurs et
techniciens de Milot comme relais

Le Fermier, PVN,

EPRINASA, Jardin
Fleuri, AJEPDA

32%

Organisation locale

agricole

Organisation proposant des activités agricoles à ses membres

JEAN, MPPT, OPM,

OPPBP, RPM

9%

Entreprises
agricoles de
Milot

 

Techniciens agricoles ou

pépiniéristes qui se sont lances dans l activité de production de plantules a plus grande échelle.

DENA, PCF, Sans

Soucis Agroentreprise

12%

Tableau 12 Typologie des fournisseurs de Milot (source : auteur)

L'opérateur de service et la coordination régionale du PTTA ont eu des difficultés à trouver suffisamment de fournisseurs pour couvrir les besoins en biens (plantules, semences et drageons) générés par le programme. Le choix a été fait de faire appel à des pépiniéristes établis au Cap Haïtien, notamment dans la zone de Madeline. Ces fournisseurs sont pépiniéristes de métier et plusieurs se sont spécialisés dans l'approvisionnement des projets de développement agricole. A ces fournisseurs se sont ajoutés des entrepreneurs souhaitant investir dans le PTTA. Ces deux types ont fourni 79 % des bénéficiaires du PTTA. Parmi les fournisseurs issus de Milot, les organisations locales agricoles sont les fournisseurs qui sont restés présents tout au long du programme. Deux entreprises fondées par les techniciens agricoles ont été exclues du programme pour fraude.

La seule coopérative cacaoyère de Milot ne s'est pas proposée comme fournisseur du PTTA car elle ne disposait pas de fonds suffisants pour investir dans la production de plantules ou l'achat de matériel végétal. Parmi tous les fournisseurs officiels du programme à Milot, seule l'organisation RPM a une activité de transformation de cacao.

c. Analyse de la durabilité économique : des profits réalisés avec la vente de

biens et services traditionnellement achetés entre planteurs

La marge brute des fournisseurs à Milot est principalement constituée des marges réalisées avec la vente des plantules de cacao (env.30%), de la préparation du sol (env. 27%) et des drageons de banane (env.23%). Lors de la campagne de Jardin Créole, les fournisseurs ont réalisé la marge la plus importante avec la vente des semences d'igname traditionnelles Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagnes cacao 2014 Milot(Annexe 10).

MB totale Taille Banane Semences Igname miniset Plantules Cacao Arbres de couverture Preparation du sol

 

PB

MB

0 50 100 150 200

Figure 12 PB et MB dégagés pour les biens et services de la campagne de cacao nouvelle plantation à Milot en 2014 (source : auteur)

Dépenses du fourniseur
325 USD

Chiffre d'affaires
534 USD

Marge Brute
212 USD

47

Figure 13 Dépenses, chiffre d'affaires et MB réalisées en moyenne par bénéficiaire approvisionné à Milot

JEAN

AJTDN

PEPDIPLAN

PME

0.65

0.75

0.07

0.87

Tableau 13 Taux de rentabilité de l'activité de certains fournisseurs de Milot (source : auteur)

.L'activité de fournisseur à Milot est rentable. Cette rentabilité est valorisée différemment suivant des stratégies économiques transversales aux différents types de fournisseurs

A. L'utilisation des fonds propres sans recours aux emprunts

Les pépiniéristes installés au Cap depuis longtemps (activité de production de plantes ornementales et de fruitiers) utilisent en priorité leurs fonds propres sans avoir à emprunter. Les bénéfices générés par les projets précédemment exécutés ou en cours d'exécution (PMDN, DEED, AVANSE, ...)permettent de financer l'investissement dans le programme.

B. 48

Le recours à des emprunts pour financer la première campagne

Les entrepreneurs du Cap Haïtien ou d'autres zones ont accès à des emprunts importants grâce à l'usure et réutilisent les bénéfices dégagés lors de la première campagne pour financer les suivantes. Le recours à l'usure implique des taux d'intérêts élevés qui diminuent la marge nette en fin d'exercice. Ces fournisseurs n'ont pas forcément de compétences en agriculture mais utilisent le PTTA comme opportunité d'investissement. Ils se basent sur des relais locaux pour produire les plantules et coordonner les distributions.

Les bénéfices dégagés grâce au PTTA sont utilisés en partie pour agrandir les pépinières et fournir plus de bénéficiaires lors des campagnes suivantes ou pour d'autres programmes. Deux entreprises ont fait part de leur intérêt pour investir dans l'agro-transformation.

Cette même stratégie a été employée par des entreprises de Milot. Trois agriculteurs de Milot ayant créés leur entreprise ont été fournisseur au cours du PTTA. Deux de ces entreprises n'existaient pas avant le programme et le 3e est celle d'un pépiniériste qui avait une petite activité avant le lancement du programme.

25000

 

USD

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Cacao 1 Jardin Creole Café 2

20000

15000

10000

5000

MB

MN

Emprunt

0

Figure 14 Evolution des bénéfices d'un fournisseur de Milot (source : auteur)

La figure 15 illustre cette stratégie. Après un emprunt pour financer la première campagne, le fournisseur a utilisé les bénéfices dégagés pour agrandir sa pépinière et approvisionner un nombre plus importants de bénéficiaires.

C. Le décalage des paiements en jouant sur les dates de décaissement des coupons

Plusieurs fournisseurs n'ont pas de réserves financières ni d'accès aux systèmes de crédit formel ou informel. Faute de trésorerie suffisante, le fournisseur ne paye pas tout de suite ses sources d'approvisionnement. Une fois les premiers coupons décaissés par la BNC, le fournisseur rembourse ses dettes et achète les biens et services qu'il lui reste à livrer.

Si la BNC tarde à décaisser les coupons rendus, les fournisseurs ne pourront pas délivrer la totalité du paquet dans les temps. Les problèmes de versement de la BNC en début de programme ont

49

provoqué des retards importants de la part des fournisseurs. Ce sont souvent de petits fournisseurs

sans compétences comptables ou d'entrepreneuriat qui ont eu recours à cette stratégie.

D. Un investissement partagé entre les membres de l'organisation

Cette stratégie concerne deux organisations agricoles de Milot. L'ensemble de l'organisation est impliquée et participe à l'activité. Des emprunts peuvent être effectués au nom de l'organisation pour financer les investissements.

Les coûts de production sont diminués grâce au travail collectif non rémunéré des membres et une partie des bénéfices est mis dans la caisse de l organisation pour financer des projets communs : nouvelles parcelles, animaux, caisse de crédit commercial. Un exemple intéressant de gestion partagée de l'activité de fournisseur est présente dans l'encadre 2.

5.2.4. Des techniques maitrisées par les pépiniéristes du Cap et les techniciens locaux

Des techniciens sont souvent à l'origine de la création des organisations agricoles de Milot ou sont inclus dans la structure. Ils maitrisent les techniques de production de plantules, de compostage et de conservation du sol. Certains d'entre eux ont acquis des compétences supplémentaires lors de projets donnant une formation technique sur les tailles des cacaoyers (DEED USAID) ou le compostage. Les techniques de production de semences d'igname minisett sont connues par quelques techniciens

Les pépiniéristes du Cap ont de vraies compétences en production de plantules mais ont acheté la plupart des autres biens vendus sans chercher à en contrôler la qualité. Le projet PTTA est pour eux un investissement temporaire et ils ne pensent pas garder un lien à long terme avec la zone en l'absence de projet de développement.

D'une manière générale, la qualité et le soin donnés aux plantules comme aux autres biens sont liés aux projets de développement des fournisseurs. Quand l'objectif est de produire des plantules sur le moyen et long terme, ils investissent dans du matériel d'irrigation et de protection des plantules contre le soleil (ombragère ou tulle). Mais si la production est temporaire et s'ils ne souhaitent pas dépenser trop dans ces infrastructures, ils assurent la protection des plantules en les plaçant sous des arbres ou en couvrant les pépinières de feuilles de cocotier. Ce type de protection peut poser des problèmes de transmission de maladies.

· Le paquet technique a été choisi pour appuyer la relance de la production cacaoyère

· Mais un seul fournisseur est en lien direct avec la filière cacao

· Peu de fournisseurs étaient présents sur la zone de Milot avant le projet PTTA

· L'OPS a fait appel à des fournisseurs sans lien au territoire pour combler les déficits d'approvisionnement

· Au cours des campagnes des fournisseurs locaux ont su profiter du PTTA pour se renforcer mais n'ont pas amélioré l'offre en elle-même

· L'activité comme fournisseur à Milot est rentable mais liée à des biens que les agriculteurs n'achètent pas en dehors du programme

· Les pépiniéristes du Cap et les techniciens locaux ont des compétences techniques de base mais n'ont pas été en mesure de produire des semences d'igname minisett de qualité

 

50

5.2.5. Structures non retenues

A la différence de Dondon, les fournisseurs ont pris en charge eux-mêmes la production de plantules dès le début du programme et ont acheté le reste des matériels végétaux. Les effets du PTTA sur les filières d'approvisionnement sont analysés en 7.3. . L'approvisionnement en biens étant géré en majorité par des pépiniéristes professionnels et spécialisés dans la fourniture de programmes de développement, peu de structures parallèles ont émergées.

Un exemple de gestion partagée de l'activité : l'organisation JEAN

L'organisation agricole JEAN a été créée en 2009 suite au sous-projet de renforcement des filières agricoles porteuses par l'appui à de jeunes agriculteurs. Ce sous-projet était inclus dans la composante II du Projet de Transport et Développement Territorial (PTDT) financé par la Banque Mondiale et mis en oeuvre par CECI dans le département du Nord.

Des jeunes agriculteurs ont reçu une formation technique complète par CECI dans des domaines variés ainsi qu'une formation en gestion-entrepreneuriat. Les jeunes agriculteurs formés se sont rassemblés en une association pour continuer à travailler ensemble et garder la dynamique impulsée par le projet. L'organisation a été suivie par CECI et a créée une entreprise prestataire de services (vétérinaires, appui technique...) et capable de vendre différents biens (miel, ananas, plantules...).

Mise en commun des productions

Membre Membre Membre Membre Membre

Redistribution

$

Vente

Caisse commune

La production des biens est répartie entre les membres et une partie des bénéfices (10% environ) est versée dans une caisse de crédit commune. Le reste est partagé enter les membres selon la production de chacun. Ces jeunes agriculteurs sont dans une logique de diversification de leurs activités et utilisent les bénéfices dégagés par l'approvisionnement des projets de développement pour financer leurs propres objectifs : caisse de crédit agricole, agro-transformation, commercialisation....

Encadre 2 L'organisation JEAN, un exemple de gestion partagée de l'activité de production

51

5.3. Durabilité des fournisseurs en zones agroforestières

5.3.1. Rappel du contexte

Deux facteurs peuvent expliquer les difficultés de l'opérateur de service et de la coordination régionale à mobiliser les fournisseurs en début de programme. En premier lieu, le contexte de méfiance des agriculteurs et des acteurs économiques concernant les projets menés par le gouvernement dans le secteur agricole. En second lieu, le fonctionnement même du PTTA demande aux fournisseurs de d'abord dépenser avant de recevoir les paiements, ce qui pour eux peut être une difficulté s'ils n'ont pas accès à des systèmes de financement.

Les premières campagnes ont été approvisionnées en grande partie par des fournisseurs extérieurs aux zones d'étude. Pour inciter ces fournisseurs à investir et face à l'absence de marchés préexistant au PTTA, les fournisseurs ont reçus des listes de bénéficiaires et n'ont pas eu à se démarquer de leurs concurrents.

En parallèle d`une adhésion croissante des agriculteurs au programme, le nombre de fournisseurs locaux a considérablement augmenté une fois la rentabilité du programme constatée. Cette augmentation généralisée des fournisseurs locaux a favorisé dans certains cas une surproduction de plantules et une participation au PTTA de fournisseurs ne cherchant pas forcément à pérenniser leurs actions dans les communes.

5.3.2. Durabilité économique

Les fournisseurs des deux communes étudiées ont eu recours à des emprunts pour financer leurs activités. Les taux élevés des emprunts combinés aux retards de paiement de la BNC ont un effet important sur le bénéfice final dégagé par les fournisseurs.

L'étude des stratégies économiques révèle de grandes différences dans les capacités de gestion et de comptabilité au sein même des types de fournisseurs. Certains utilisent le PTTA comme une opportunité pour appuyer leurs activités agricoles existantes ou à venir. D'autres voient dans ce programme un moyen de gagner rapidement de l'argent et ne portent pas de projets de développement local à moyen et long terme.

Le programme PTTA a permis de renforcer des structures déjà existantes dans les deux zones et a aussi favorisé l'émergence de nouveaux acteurs qui pourraient jouer un rôle intéressant dans le développement des productions agricoles. A Dondon, les coopératives restent des acteurs économiques clés mais des entrepreneurs locaux sont en recherche d'opportunités d'investissement et semblent disposer de compétences pour développer des activités à moyen et long terme. A Milot, des organisations agricoles dynamiques avec de vrais projets de développement agricole pour leurs membres et leur commune se sont renforcées grâce au programme.

52

5.3.3. Durabilité environnementale

Les fournisseurs ne produisent qu'une partie du matériel végétal délivré et achètent l'autre à des intermédiaires ou directement au bénéficiaire(semences d'igname, drageons de banane). Cette sous-traitance ne permet pas les contrôles phytosanitaires ni la maitrise des variétés diffusées.

Ce manque de contrôle peut favoriser la diffusion de nématodes et d'autres ravageurs des cultures entre parcelles. De plus, les techniciens réalisant les traitements ne sont pas forcément équipés et protégés correctement lors des traitements insecticides et fongicides.

En délivrant des plantules d'arbres sans ni contrôle du substrat, le PTTA participe à la diffusion potentielle de maladies telluriques. La grande quantité de sachets livrés aux planteurs pose également la question de la gestion des déchets plastiques.

5.3.4. Durabilité sociale

La production massive de plantules toutes zones confondues a permis d'employer ponctuellement une main d'oeuvre importante. A chaque étape de la production, du personnel a été employé ce qui a permis un apport ponctuel d'argent dans l'économie locale.

 

Sur le long terme cette production n'est pas assurée en l'absence de débouchés et il n'existe pas encore de marché réel pour la plupart des biens subventionnés. Le nombre de bénéficiaires est attribué pour chaque fournisseur après évaluation de sa pépinière par l'OPS. Les fournisseurs ont donc produit une grande quantité de plantules dans l'espoir de recevoir des listes importantes de bénéficiaires mais la quantité actuelle de plantules dépasse les besoins du programme (source : BAC , OPS). Néanmoins des fournisseurs d'autres programmes seraient venus s'approvisionner en plantules à Dondon.

Figure 15 Pépinière à Dondon (photo : auteur)

 

Des agriculteurs accusent certains fournisseurs de s'être enrichis au détriment de la qualité des biens et services délivrés ce qui peut remettre en question l'intégration locale sur le moyen terme de ces fournisseurs.

5.3.5. Durabilité juridique

Il n'y a pas eu de contraintes juridiques particulières sur les fournisseurs agro-forestiers.

53

La principale limite de durabilité juridique est liée à la gouvernance de certaines organisations. Un ou quelques membres d'une organisation utilisent la reconnaissance légale de la structure pour s'enrichir personnellement. Les bénéfices ne sont alors pas forcement réutilisés pour la croissance du fournisseur ou sa diversification. Ces cas remettent également en question la durabilité de la gouvernance de ces fournisseurs.

5.3.6. Durabilité organisationnelle

Le PTTA n'impose pas de règles sur les modes de gestion et la gouvernance des fournisseurs. Cependant, certains cas d'organisations agricoles et de coopératives risquent de poser problème sur le moyen et long terme. Les confusions entre participations des cadres dirigeants, apports des membres et utilisation des réserves de l'organisation agricole peuvent engendrer des tensions au sein même des structures et mettre en péril la confiance des membres envers leur organisation.

Le lien aux filières devait être un volet du PTTA (2.3.2) mais n'a finalement pas été intégré. Malgré la mise en place du programme RESEPAG2 sur les mêmes zones, il n'y a pas eu de coordination suffisante entre l'appui aux productions agricoles et leur commercialisation et transformation.

De même, les OP faitières des principales filières : RECOCARNO pour le café et FECCANO pour le cacao ne se sont pas assez ou n'ont pas été assez impliquées dans la mise en oeuvre du programme. Ces structures disposent d'une expertise technique pour l'entretien des parcelles caféières ou cacaoyères, mais la composante d'appui technique n'a pas été développée en lien avec ces organisations. L'enrichissement de certaines coopératives sans implication de la structure faitière entraine également des tensions entre coopératives membres d'une même structure.

5.3.7. Durabilité technique

Les compétences techniques des fournisseurs sont plus liées aux compétences de chaque individu qu'au type de fournisseur. Pour les zones agroforestières étudiées, les techniciens locaux sont des composantes essentielles de la durabilité technique du programme. Ils sont eux-mêmes fournisseurs ou employés par les fournisseurs et de leurs compétences dépend la qualité des biens produits (plantules, semences...) ainsi que l'application des traitements phytosanitaires.

 

Le choix de laisser les fournisseurs gérer l'ensemble des biens et des services n'a pas permis le développement de vrais services de préparation et de conservation du sol. La préparation a été sous-traitée au bénéficiaire sous forme de transferts d'argent et la conservation a été réalisée par des techniciens sans présence obligatoire du propriétaire de la parcelle. Il n'y a donc pas eu de transfert de technologies liées à ces services.

Figure 16 Rampes de conservation du sol (photo : auteur)

 
 

54

Pour les deux communes étudiées, l'assistance technique a d'abord pris la forme d'un piquetage. Les techniciens recrutés par le bureau agricole communal et l'OPS n'ont été engagés que pour marquer les distances de plantation et montrer la technique de trouaison. Pour la troisième campagne, des fournisseurs ont été chargés de gérer le recrutement des techniciens et d'organiser le suivi technique des parcelles bénéficiaires. Les techniques promues restent le piquetage et de la trouaison avec l'obligation pour chaque technicien de réaliser un suivi des parcelles encadrées.

La coordination régionale a rédigé un Manuel des standards de qualité pour guider les fournisseurs lors de la production des biens ou la réalisation des services. Ces standards sont une première étape pour encadrer les biens et services délivrés par le PTTA mais les techniques de traitements phytosanitaires comme de désinfection du substrat ne sont pas maîtrisées par les fournisseurs hormis quelques coopératives.

Une forme intéressante d'appui technique pour la culture de l'igname a été testée par l'OPS CECI dans les zones de Ranquitte et La Victoire. Cet appui se base sur une formation préalable des techniciens à un itinéraire technique précis puis un suivi rapproché des bénéficiaires. Cette approche semble correspondre aux attentes des producteurs qui acceptent de suivre les itinéraires techniques proposés par les techniciens.

· En zone agro-forestière, les biens et services choisis par le PTTA étaient vendus ou échangés entre agriculteurs avant le programme, le PTTA a donc créé un marché artificiel

· Après une période d'observation, de nombreux fournisseurs ont émergé

· Ces fournisseurs ont des compétences techniques de base mais peu ont une stratégie de développement économique sur le moyen et long terme

· Les fournisseurs les plus durables sont principalement ceux présents avant le programme car ils sont liés aux filières de commercialisation ou ont une vraie stratégie de développement

· Des fournisseurs émergents ont également des compétences en entrepreneuriat mais ils manquent d'opportunités pour investir et ne sont pas accompagnés pour se renforcer techniquement

· L'offre de biens et services ne s'est pas diversifiée au cours du PTTA

· L'assistance technique s'est progressivement structurée et des formes de suivi-conseil plus proches des attentes des producteurs sont proposées

55

5.3.8. Quels fournisseurs après le PTTA ?

Dans les conditions actuelles, il est probable que les fournisseurs restant sur les zones après le PTTA soient les mêmes que ceux présents avant. Les planteurs n'ont pas l'habitude d'acheter des plantules de café et de caco au prix payé par le programme et font eux-mêmes leur pépinière en cas de besoin ou récupèrent des graines. Les autres biens proposés : igname, plantules de fruitiers et forestiers, drageons de banane sont traditionnellement achetés entre planteurs et le PTTA n'a pas réussi à donner une plus-value technique à ces biens au travers des fournisseurs.

Figure 17 Fournisseurs susceptibles de perdurer après le programme PTTA dans les zones agroforestières (source : auteur)

56

6. Les zones irriguées 6.1. Saint Raphaël

6.1.1. Présentation de la commune

Saint Raphaël est une commune située en zone de plateau entre Dondon et Saint Michel de l'Attalaye. Les productions agricoles sont reparties entre zones sèches et zones irriguées. En zone sèche les cultures principales sont les céréales (maïs, sorgho), les pois et les haricots, les tubercules et la canne à sucre. En zone irriguée, trois périmètres permettent d'alimenter en eau plus de 1200 hectares. Les systèmes de cultures sont complexes avec des associations maraichères et du riz. La culture du riz se pratique toute l'année et le maraichage de septembre à février avec trois grands types d'association (Ruffy, 2015)

6.1.2. Des services assurés entre agriculteurs et des biens vendus par une diversité d'acteurs avant le PTTA

Le développement des cultures irriguées avec la construction puis le bétonnage du périmètre irrigué a favorisé la demande en intrants de base (Ruffy, 2015) : engrais, semences, outils, ainsi que le développement de certains services propres aux cultures locales : repiquage, transplantation, labour. Voici les principaux biens et services vendus aux agriculteurs de Saint Raphaël avant le PTTA.

Biens et Services

Engrais

Semences de riz

Semences maraichères

Produits phytosanitaires

Outils

Labour à traction animale

Labour motorisé

Repiquage - transplantation

Traitements phytosanitaires

Conseil technique

Transformation

Commercialisation

Vente à Crédit ?

Fournisseurs

Importateurs

X

X

X

X

X

 
 
 
 

X

 
 

N

Boutiques pluriactives

X

X

X

X

 
 
 
 
 

X

 
 

O

Boutiques d'intrants

X

X

X

X

X

 
 
 

X

X

 
 

O

Vendeurs de rue

 
 

X

X

 
 
 
 

X

 
 
 

O

Agriculteurs

 

X

 
 
 

X

 

X

X

X

X

 

O

Services de l'état

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

N

Organisations agricoles

 
 
 
 
 
 

X

 
 
 

X

 

N

Vendeuses ambulantes

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

X

O

Tableau 14 Offre de biens et services avant le PTTA à Saint Raphaël avant le programme PTTA

57

Avant l'arrivée du PTTA, le marché des intrants agricoles est dominé par deux importateurs, quatre à cinq grandes boutiques d'intrants, et des boutiques pluriactives qui ont une autre activité commerciale en plus de l'activité de vente d'intrants. Ces grands vendeurs disposent de fonds importants et de contacts dans l'Artibonite, en République Dominicaine et au sein du ministère.

Trois organisations agricoles ont reçu un appui de l'AgroAction Allemande au début des années 2000 pour développer un service de vente d'intrants. Ces organisations sont autorisées à acheter l'engrais subventionné par l'état haïtien et ont géré des boutiques jusqu'à 2006 où plusieurs problèmes de sécheresses et des défauts d'approvisionnement ont provoqué l'arrêt des ventes.

Les deux importateurs d'engrais présents à Saint Raphaël jouent donc un rôle clé dans l'acquisition et la distribution d'intrants. La majorité des boutiques et des agriculteurs s'approvisionnent auprès d'eux pour les engrais, les semences maraichères et les produits phytosanitaires. Les importateurs ne pratiquent pas la vente à crédit. Les agriculteurs ayant besoin de s'approvisionner en intrants peuvent acheter les semences, les produits phytosanitaires et les engrais à crédit auprès des boutiques ou des vendeurs de rue.

Les semences de riz sont principalement achetées entre agriculteurs qui gardent une partie de leurs récoltes. Les outils agricoles de base (machette, houe...) sont vendus au marché de Saint Raphaël, du Cap Haïtien et dans les boutiques pluriactives. Des pulvérisateurs sont vendus dans les magasins des importateurs et quelques grandes boutiques. Le service de pulvérisation et de traitement phytosanitaire est généralement vendu par un agriculteur possédant un pulvérisateur manuel ou par un vendeur d'intrants possédant un pulvérisateur.

Le service d'assistance technique et de suivi-conseil n'existent pas. Les conseils d'utilisation des produits sont délivrés à l'achat dans les boutiques et entre agriculteurs. L'appui technique reçu au cours d'autres programmes a permis de former des techniciens agricoles au sein de certaines organisations mais les acteurs rencontrés n'ont pas signalé une activité de suivi-conseil technique en dehors de celui financé par le PTTA.

Les agriculteurs possédant un attelage vendent du service de labour mais l'offre en labour à traction animale est insuffisante pour couvrir la demande lors des campagnes rizicoles malgré la venue ponctuelle de bouviers des zones environnantes lors des pics de travail. Le labour motorisé est quasiment inexistant hormis quelques tracteurs mis à disposition par le ministère lors des campagnes et deux agriculteurs possédant leurs propres tracteurs.

? L'offre en biens est dominée par les importateurs et des grandes boutiques

? Les boutiques et les revendeurs d'intrant sont toujours sollicités par les agriculteurs car ils pratiquent la

vente à crédit de petites quantités d'intrants et la location ou le prêt de pulvérisateurs

? Les services agricoles de base (repiquage, labour...) sont gérés par et entre agriculteurs

? La seule assistance technique est celle donnée sous la forme de conseils sur l'utilisation des intrants par

les vendeurs

? L'offre en service de labour est faible et n'a pas fait l'objet d'un renforcement par des programmes de
développement depuis la fin de l'ODN

58

6.1.3. Les biens et services subventionnés par le PTTA ne sont pas délivrés par les fournisseurs présents avant le programme

a. Choix des paquets techniques riz et maraîchage

Les paquets techniques mis en oeuvre à Saint Raphaël ont également été conçus pour appuyer les principales productions annuelles locales.

Bien ou Service

Justification

Semences de riz améliorées

Permettre l'accès à des semences de qualité et à des variétés améliorées

Semences maraichères : oignon, poireau, piment, carotte

Permettre l'accès à des semences de qualité et à des variétés améliorées

Engrais : complet, urée, sulfate

Permettre aux agriculteurs de réaliser toutes les fertilisations préconisées sur la parcelle subventionnée

Produits phytosanitaires

Assurer le contrôle phytosanitaire en cas de besoin

Préparation du sol : Labourage, Hersage,

Nivellement et planage ou Préparation des
planches)

Aider l'agriculteur bénéficiaire à avoir accès à ce service dans les délais impartis par les calendriers culturaux

Repiquage

Favoriser le transfert de la technique du repiquage en ligne et 3 brins par poquet. Alléger le coût de cette opération.

Assistance technique

Accompagner l'agriculteur dans le suivi de sa parcelle et transférer les recommandations du paquet technique sur le repiquage, la fertilisation et la phytosanitation

Tableau 15 Biens et services subventionnés par le PTTA (Source : Manuel d'incitations, Entretiens CECI, Coordination Régionale, BAC Saint Raphaël)

· Préparation sol

· Semences riz

· Engrais

· Repiquage

· Assistance technique

Riz 2014

Maraîchage

2014

· Préparation sol

· Semences

· Engrais

· Contrôle phytosanitaire

Riz 2015

· Préparation sol

· Semences riz

· Engrais

· Repiquage

· Assistance technique

Maraîchage 2015

· Préparation sol

· Semences

· Engrais

· Contrôle phytosanitaire

· Assistance technique

Figure 18 Paquets techniques mis en place par le PTTA à Saint Raphaël (source : auteur)

Pour des raisons de budget alloué par agriculteur et de choix technique, les traitements phytosanitaires ne sont subventionnés que pour le maraichage et le repiquage n'est payé que pour le riz. L'OPS et la coordination régionale n'ont également pas gardé le coupon assistance technique lors de la campagne de maraichage. Ce coupon a été rétabli pour les campagnes de riz et maraichage 2015.

59

Les campagnes PTTA suivent le cycle des cultures a Saint Raphaël, elles ont débuté avec le riz en avril-mai 2014 et se terminent avec le maraîchage de septembre à janvier 2015 environ.

b. Typologie des fournisseurs : des structures étrangères à Saint Raphaël ou

apparues pendant le programme approvisionnent les bénéficiaires

Les planteurs avaient déjà accès à une offre de biens et services avant le PTTA mais malgré leur rôle fondamental dans l'approvisionnement des agriculteurs, la majorité des vendeurs d'intrants de Saint Raphaël ne sont pas fournisseurs officiels du programme.

D'après les enquêtes effectuées, l'OPS et la coordination régionale ont eu de grandes difficultés à mobiliser ces vendeurs et peu de vendeurs présents avant le programme ont participé. Les principales raisons évoquées sont le manque de confiance dans le programme et le besoin trop important en liquidités en début d'activité.

Il apparait clairement que les structures qui n'avaient aucune activité de vente avant le PTTA avant le programme ont reçu le plus grand nombre de bénéficiaires. Le fait que les deux types de fournisseur principaux ne soient pas des acteurs importants de la vente d'intrants soulève des interrogations quant à la gestion des listes de bénéficiaires, et pose l'hypothèse d'une sélection opérée par des réseaux proches du bureau agricole communal.

Les organisations agricoles de Saint Raphaël ont également approvisionné un nombre important de bénéficiaires (28%), et leur implantation locale leur a permis de d'avoir accès à de l'engrais auprès des grossistes et des boutiques au moment des pénuries. La seule boutique d'intrants inscrite comme fournisseur a délivré à elle seule des biens et services à 14% des bénéficiaires, ce qui témoigne de sa volonté à s'engager dans le programme.

Les vendeurs de labour n'ont pas été retenus ni mobilisés pour être fournisseurs directs de labour, de même que les agriculteurs pratiquant le repiquage. Ces choix sont justifiés par une application stricte des critères de sélection des fournisseurs qui demandent des documents autorisant l'exercice légal de l'activité, or ces documents ne sont pas possédés par les bouviers et les agriculteurs.

Il y a donc eu sous-traitance des services de labour et de repiquage par les fournisseurs. Cette sous-traitance a pris la forme de transferts d'argents entre le fournisseur et le bénéficiaire, ou d'emploi du vendeur de service par le fournisseur.

60

Type de
fournisseur

 

Sous-types

Description

Noms

Pourcentage de
bénéficiaires
accompagnés

Boutiques d'intrants présentes avant le
programme

Boutiques spécialisées dans la vente d'intrants. Gérées par des agronomes ou des techniciens. Une seule de ces boutiques s'est proposée comme fournisseur

Agwo Lakay

13%

Organisations
agricoles de Saint
Raphael

Qui ont ou ont eu une boutique d'intrants

Organisations qui ont reçues un appui de l'Agro Action

Allemande pour développer un service de vente
d'intrants

CCISR, OD4SS, AIB

22%

Qui n'avaient pas de

boutiques d'intrants

Organisations sans activités de vente avant le

programme. Elles ont saisies l'opportunité du PTTA pour générer des revenus.

OASR, RERAS

6%

Organisations de techniciens

Ces organisations ne sont intervenues qu'à partir de la troisième campagne. Elles sont en charge de gérer l'assistance technique. Chacune coordonne le travail de ses techniciens.

OTADAS, ATADS, Agro Lumière

 

Entrepreneurs de Saint Raphael

Ces structures et individus ne vendaient pas de biens et

services agricoles avant le PTTA. Deux fournisseurs
avaient gérés des boutiques agricoles dans le passé mais

avaient d'autres activités à l'arrivée du programme
(politique, investissements au Cap Haïtien). Le troisième fournisseur est une structure incorporant des cadres du bureau agricole communal et des techniciens locaux.

BIAS, GPR, Jardin Fleuri

50%

Fournisseurs
extérieurs à Saint
Raphael

Organisation de
techniciens

Organisation de techniciens de Dondon qui génère des

profits en participant à différents programmes de
développement

ATAD

5%

Entreprise en nom
collectif

Groupement d'agronomes et de techniciens. Participe à différents projets de développement et à une activité de productions de semences.

GAPA

4%

Tableau 16 Typologie des fournisseurs de biens et services à Saint Raphaël pendant le PTTA (source : auteur)

c. Durabilité économique : une activité rentable grâce à la vente d'un service

non délivré directement par les fournisseurs

Les paquets techniques en riz et maraîchage ne nécessitent pas une activité de production de la part du fournisseur car il achète et revend les biens. De plus, il sous-traite les services de labour et de repiquage sans y participer.

MB totale

Engrais (sac)

Repiquage (hj)

(marmites)

Preparation de sol

 
 

PB

MB

 
 

USD

0 50 100 150 200

Figure 19 PB et MB dégagés pour les biens et services de la campagne de riz en 2014 à Saint Raphaël (source : auteur)

Semence Riz

L'étude des marges brutes par biens et services révèle que la marge brute des fournisseurs dépend essentiellement du labour (75%), alors même qu'ils ne délivrent pas eux-mêmes ce service. Pour la campagne de maraichage, le labour et la vente de produits phytosanitaires sont les deux services rapportant le plus d'argent aux fournisseurs.

Fournisseurs

BIAS

GAPA

Jardin Fleuri

Agwo Lakay

Taux de rentabilité

0.08

0.05

0.27

0.09

Tableau 17 Taux de rentabilité de l'activité de certains fournisseurs de Saint Raphaël (source : auteur)

Les taux de rentabilité calculés montrent que l'activité est rentable mais que cette rentabilité est très variable selon les fournisseurs.

61

Figure 20 Dépenses, chiffre d'affaires et MB réalisées en moyenne par bénéficiaire approvisionné à Saint Raphaël

Quel que soit le type ou le sous-type de fournisseur, les stratégies économiques mises en oeuvre présentent des similitudes.

Tout d'abord, tous les fournisseurs ont recours au crédit commercial ou à l'usure car l'investissement initial est important à cause du prix des intrants et des avances de trésorerie pour la préparation du sol. Ensuite, la fluctuation des prix de l'engrais impacte la trésorerie des fournisseurs qui ont du payer plus cher les fertilisants par rapport au prix considéré lors de la conception des paquets. Enfin ces deux effets sont renforcés par les retards de paiement de la BNC qui entrainent une augmentation des pénalités de paiement auprès des structures d'emprunt.

Voici les principales stratégies :

A. Le recours à des emprunts très importants (commerciaux ou informels), tout au long du programme

Principalement utilisée par les entrepreneurs internes à Saint Raphaël et une organisation agricole extérieure, cette stratégie a permis de vendre des biens et services à un grand nombre de bénéficiaires mais les taux d'intérêts élevés associés aux retards de paiement de la BNC ont impactés les bénéfices finaux (marge nette) qui sont moindre qu'espérés.

Les bénéfices obtenus ont peu été réinvesti dans les campagnes suivantes et des emprunts ont été réalisés à chaque campagne. Des investissements locaux sont prévus pour un seul de ces fournisseurs qui souhaite poursuivre la vente d'intrants après le programme et s'engager en politique.

800000 HTG

700000

 
 
 

600000 500000 400000 300000 200000 100000

0

 

MB

Emprunts MN

 
 
 

Maraichage

2014

Riz 2015

Dans cet exemple, le fournisseur GAPA a eu recours à des emprunts très important pour financer l'achat des biens lors du PTTA. En approvisionnant de nombreux bénéficiaires il réussit a dégager une marge nette intéressante en fin de troisième campagne mais les sommes récupérées par les usuriers sont très importantes (taux de 9 et 10% par mois).

62

Figure 21 Evolution de la marge nette du fournisseur GAPA à Saint Raphaël (source : auteur)

B. L'utilisation de réserves de trésorerie associées à des emprunts réalisés dans des banques commerciales ou des caisses populaires

Les organisations agricoles de Saint Raphaël qui avaient été appuyées par l'Agro Action Allemande avaient constituées des réserves de trésorerie et les ont été réutilisées pour financer

63

l'investissement dans le PTTA. Pour compléter l'investissement, des emprunts ont été effectués. Deux organisations ont indiqué avoir sollicité une participation des membres.

Une partie de l'argent gagné à chaque campagne a permis de financer la campagne suivante et le reste a été affecté aux activités de l'organisation. Ces activités peuvent être agricoles (relance de la boutique d'intrants, construction prévue d'un entrepôt de stockage) ou autres (achats de médicaments pour les membres...). Une de ces organisations est en charge de coordonner le curage des canaux du périmètre irrigué principal, les bénéfices de la participation au PTTA devaient être utilisés pour financer ce curage, à date il n'a pas été fait.

L'analyse des organisations ne possédant pas de boutique avant le programme est compliquée. Une de ces organisations a connu des dissensions internes après la répartition de l'argent en fin de première campagne et a cessé son activité. Pour une autre, les bénéfices dégagés auraient servi à développer une caisse de crédit commercial pour les membres, mais les données exactes sur l'organisation du système de crédit n'ont pas pu être consultées. Le dirigeant est le même qu'une autre organisation agricole présente avant le programme et les membres semblent peu impliqués dans la gestion de l'activité.

C. Le recours ponctuel à des emprunts inclus dans une stratégie d'investissement et de développement à moyen et long terme.

La boutique d'intrants présentes avant le programme et une entreprise extérieure à Saint Raphaël se caractérisent par leurs bonnes capacités de gestion et la vision de développement à long terme de leur activité. Ces entreprises sont gérées par plusieurs associés mutualisant leurs dépenses. Des crédits commerciaux et informels ont été utilisés tout au long du programme PTTA mais une bonne anticipation des dépenses et un recours raisonné à l'usure ont permis de dégager une marge nette conséquente.

Les bénéfices sont répartis entre les membres et dans d'autres activités (autres programmes, dépenses personnelles...). Un des fournisseurs a investi à Saint Raphaël en faisant l'acquisition d'un local et souhaite pérenniser son activité de vente d'intrants en l'associant à du conseil technique et à de la production de semences. L'argent gagné par un autre va permettre d'investir dans un tracteur et d'augmenter les stocks d'intrants disponibles

? L'activité de fournisseur PTTA à Saint Raphaël est rentable économiquement

? Cette rentabilité est obtenue grâce à l'argent gagné avec le coupon de préparation du sol

? Mais ce service n'est pas délivré par les fournisseurs d'intrants en dehors du PTTA

? L'étude des stratégies économiques montre un recours systématique à l'emprunt et des visions de

l'activité à moyen et long terme variées

d. 64

Organisations de techniciens - émergence d'une offre technique structurée

Lors des deux premières campagnes, l'assistance technique était réalisée par les techniciens employés par les fournisseurs officiels. En l'absence de cahier des charges clair et d'indications explicites sur le rôle des techniciens en riziculture et maraichage, le mode de suivi des bénéficiaires a été laissé à l'appréciation de chaque fournisseur et de chaque technicien sans outils de contrôle et d'évaluation. Il en a résulté une grande confusion quant au rôle de chaque acteur et une faible présence des techniciens sur les parcelles subventionnées.

Des bénéficiaires et des techniciens n'ont pas compris si le coupon de contrôle phytosanitaire en maraîchage couvrait les dépenses d'achats des produits, leur application ou les deux. La coordination, l'animation et le suivi des équipes n'étaient pas compris dans le prix de la subvention (1000HTG par bénéficiaire accompagné) et peu de moyens logistiques ont été mis à disposition des techniciens qui se sont souvent déplacés à leurs frais. Enfin, la répartition du nombre de bénéficiaires par technicien était gérée par le fournisseur ce qui a généré des inégalités entre techniciens.

A partir de 2015 de nouvelles structures ont émergées à Saint Raphaël. Des techniciens agricoles se sont rassemblés en organisations et ont demandé à l'OPS l`exclusivité de la gestion de l'assistance technique. Ces techniciens s'estimaient spoliés par les fournisseurs officiels et ont souhaité récupérer pour eux la marge gardée auparavant par les fournisseurs. Trois organisations se sont positionnées pour fournir du conseil technique de proximité aux agriculteurs tout au long du cycle de culture. Les frais de fonctionnement des organisations sont couverts par une participation des membres et des formations ont été planifiées pour améliorer les compétences des techniciens. Les bénéfices seront partagés entre membres et ces organisations souhaitent devenir des interlocuteurs privilégiés en cas de nouveaux projets de développement financés sur la commune.

e. Labour : de l'argent investi par le programme sans effets sur l'offre

Le choix ne pas laisser les bouviers ou les propriétaires d'attelage être directement fournisseurs de labour semble avoir limité l'évolution du service et des structures pendant le programme. Avec l'argent donné par les fournisseurs, les agriculteurs bénéficiaires sont passés par leurs interlocuteurs habituels : amis, voisins ou bouviers des zones environnantes.

Ces vendeurs temporaires de labour ont réalisé le travail mais n'ont pas réinvesti les gains dans de nouveaux attelages en l'absence de formation et d'opportunités d'investissement. De plus, un prélèvement a été parfois réalisé par le fournisseur sur le coupon labour, mais ce prélèvement n'a pas été réinvesti dans l'offre de labour.

65

6.1.4. Les structures non retenues : acteurs clés de l'approvisionnement des

fournisseurs officiels

La majorité des structures décrites en 6.1.2.hormis deux boutiques d'intrants ont bénéficié du programme PTTA de manière indirecte. En premier lieu elles ont continué à approvisionner les agriculteurs non bénéficiaires du programme alors que les fournisseurs officiels se sont concentrés prioritairement sur leurs listes de bénéficiaires.

En second lieu les importateurs et les grandes boutiques d'intrants ont approvisionnés les fournisseurs officiels en intrants. De part leurs réseaux et leur expérience ces vendeurs ont été capable d'avoir des semences et des engrais à revendre tout au long du programme. Alors même que le contrat passé entre le ministère de l'agriculture et un importateur d'engrais devait assurer la livraison d'engrais spécialement pour les bénéficiaires du PTTA, les retards importants ont permis aux revendeurs de continuer a vendre de l'engrais non contrôlé aux fournisseurs.

Pour conclure, les agriculteurs qui ont été bénéficiaires reviennent acheter leurs intrants dans les structures présentes avant le programme et ne pensent pas retourner s'approvisionner chez les fournisseurs officiels du PTTA (Ruffy, 2015).

L'analyse des fournisseurs de Biens et Services dans les périmètres rizicoles du Nord Est permet de comparer les effets du PTTA sur l'offre de biens et services et de comprendre les facteurs pouvant faciliter l'émergence d'une offre durable.

? Les vendeurs d'intrants historiques de Saint Raphaël n'ont pas participé au programme directement

et leur absence remet en question la gestion de la sélection des fournisseurs dans cette zone

? Malgré leur non implication directe, ces vendeurs ont joué et jouent un rôle essentiel dans
l'approvisionnement du PTTA

? Les services de labour et de repiquage n'ont pas été considérés comme des services à part entière,
ils n'ont donc pas évolué grâce au PTTA

? L'assistance technique a progressivement évoluée pour se structurer et se professionnaliser mais la

pérennité du service n'est pas assurée en l'absence de programme de développement à Saint

66

6.2. Le Nord Est rizicole

6.2.1. Des périmètres irrigués spécialisés dans la culture du riz et en manque d'infrastructures de gestion de l'eau

 

Le département du Nord-Est est structuré en 13 communes et 4 arrondissements : Fort-Liberté, Ouanaminthe, Trou du Nord et Vallières. (LAINE M. et al. 2004). Trois grands types de zones agro-écologiques sont identifiables : les plateaux d'altitude, la zone de piémont et les zones de plaine. Les zones de plaine sont divisées en plaines sèches et plaines humides. Les communes de l'étude sont Ouanaminthe, Ferrier et Fort Liberté, elles sont situées en zone de plaine. Les cultures sont partagées entre cultures de zone sèche : arachide, maïs, manioc, pois nègre, banane... et cultures irriguées ou

Figure 22 Périmètre irrigué de Couacou 1 (photo : auteur)

la riziculture est dominante.

L'accès à l'eau et la présence d'infrastructures adaptées est déterminant pour mettre en place des systèmes de cultures irrigués. Quelques périmètres irrigués ont été bétonné près de Ouanaminthe ou de Fort Liberté (Couacou) mais la majorité des canaux sont encore en terre et l'eau est dirigée grâce à des aménagements de fortune (Rambao, 2014).

La proximité avec la frontière dominicaine est un facteur déterminant pour l'économie locale. Les flux migratoires journaliers ou saisonniers sont très importants. Beaucoup d'Haïtiens sont employés dans les exploitations agricoles dominicaines comme main d'oeuvre. Ces échanges réguliers favorisent la transmission de techniques agricoles, de produits phytosanitaires et de nouvelles variétés de riz employés en République Dominicaine.

La zone de Maribahoux se caractérise également par la présence de nombreuses organisations agricoles et la superposition de projets d'appui au développement (agricole, sociale, éducatif...). Ces organisations ont rarement une activité continue et se mobilisent en présence de nouveaux projets.

6.2.2. Une offre de biens et services préexistante au programme PTTA et une expertise technique apportée par la République Dominicaine

X X X X X

X X X X X

X X X X

X X X (X)

X X X X

X X X X

X

X X X

Labour à traction animale

Labou r motorisé

Récolte mécanisée

Repiquage - trans plantation

Engrais

Produits p hytosan itaires

Transformation

Conseil technique

Traitements phytosanitaires

Semences de riz

Commercialisation

Outils

Vente à Crédit ?

Vendeurs dominicains

Vendeuses ambulantes

Agriculteurs

Boutiques d'intrants

Organisations agricoles

Prestataires dominicains

Fournisseurs

Boutiques d'OP

Bouviers*

Biens et Services

X

X

X

67

Tableau 18 Offre de biens et services dans le Nord Est rizicole avant le programme PTTA (* regroupe différents sous-types)

La vente d'engrais est assurée principalement par des boutiques d'intrants spécialisées dans l'agriculture et quelques boutiques pluriactives. Les boutiques d'intrants sont reliées entre elles par des liens d'amitié et professionnels entre cadres dirigeant. Elles sont présentes dans tous les centres urbains de la zone d'étude. Quelques organisations agricoles ont reçu un appui du programme PPID du Ministère de l'Agriculture haïtien et ont pu mettre en place un service de vente d'intrants. Lors des migrations périodiques, les travailleurs haïtiens profitent de leur passage en République Dominicaine pour acheter des intrants également.

Les semences de riz sont multipliées et vendues entre agriculteurs qui en achètent en République Dominicaine. Les principales boutiques d'intrants et celles des organisations agricoles proposent également des semences.

Les produits phytosanitaires sont vendus également dans les boutiques mais de nombreux agriculteurs en achètent directement en République Dominicaine. En plus de prix avantageux, les vendeurs dominicains sont reconnus pour avoir des produits adaptés aux besoins des planteurs et sont capables de délivrer des conseils personnalisés d'utilisation. Certains vendeurs dominicains proposent même un service d'expertise technico-commercial. Un technicien visite les parcelles du client haïtien et

68

lui propose des produits adaptés issus de son magasin. L'application des produits phytosanitaires est souvent réalisée par les agriculteurs eux-mêmes ou sous-traitée à un agriculteur possédant un pulvérisateur.

Les outils sont achetés dans les centres urbains et en République Dominicaine.

Le service de labour à traction animale est assuré par des bouviers spécialisés dans ce travail. Ils sont employés par les propriétaires de l'attelage ou possèdent eux-mêmes une ou plusieurs paires de boeufs. Différents projets de développement ont renforcé ce service. Des agriculteurs ont eu l'opportunité d'investir dans des attelages et ont reçu une formation technique en dressage et labour. La culture du riz toute l'année explique également la présence de bouviers en permanence sur les zones de culture.

Le labour mécanisé est délivré par quelques agriculteurs et une ONG possédant des tracteurs mais est peu développé actuellement. Ce sont surtout des prestataires de service dominicains qui passent la frontière pour vendre des services de labour et de récolte mécanisée du riz (moissonneuse-batteuse).

Le repiquage est un service vendu entre agriculteurs et effectué par des individus ou des groupes de travail spécialisés.

L'assistance technique est délivrée sous la forme de conseils d'utilisation des produits phytosanitaires et des semences. Ces conseils sont donnés par les techniciens des boutiques d'intrants haïtiennes ou les vendeurs dominicains lors des achats. Des programmes de développement ont appuyé la diffusion des techniques de repiquage du riz en ligne avec une faible densité par poquet, l'absence de maitrise de l'eau et la pression des ravageurs du riz (caracole) a limité l'adoption de ces pratiques.

Les services de transformation sont surtout des moulins de décorticage du riz possédés par des organisations agricoles (Ferrier) ou des vendeuses ambulantes (Madam Sara). Ces vendeuses gèrent également l'achat des récoltes, souvent sur pied, et leur commercialisation.

? Un groupe de boutiques d'intrants dynamiques approvisionnent les agriculteurs et les autres vendeurs

de la zone

? Le service de labour est vendu par des opérateurs spécialisés

? La traction animale est dominante sauf à Ferrier ou des propriétaires de tracteurs fournissent un

service de labour mécanisé

? La proximité avec la République Dominicaine facilite l'approvisionnement en engrais et phytosanitaires

? Les conseils pour l'utilisation des intrants sont délivrés principalement dans les boutiques, entre

agriculteurs et en République Dominicaine

69

6.2.3. Les intrants ont été vendus principalement par des boutiques spécialisés et l'offre de services a été modifiée par le PTTA

a. Des paquets techniques rizicoles

Les paquets choisis pour les zones irriguées du Nord Est sont tous des paquets appuyant la riziculture. Les biens et services subventionnés sont donc quasiment les mêmes qu'à Saint Raphaël.

Bien ou Service

Justification

Semences de riz améliorées

Permettre l'accès à des semences de qualité et à des variétés améliorées

Engrais : complet, urée,

sulfate

Permettre aux agriculteurs de réaliser toutes les fertilisations préconisées sur la parcelle subventionnée

Produits phytosanitaires

Assurer le contrôle phytosanitaire en cas de besoin

Application phytosanitaires

Payer à l'agriculteur un service d'appui technique pour

l'utilisation de pesticides. Avec ce coupon l'agriculteur peut payer un prestataire pour réaliser les traitements phytosanitaires.

Préparation du sol :

Labourage, Hersage,

Nivellement et planage ou
Préparation des planches)

Aider l'agriculteur bénéficiaire à avoir accès à ce service dans les délais impartis par les calendriers culturaux

Repiquage

Favoriser le transfert de la technique du repiquage en ligne et 3 brins par poquet. Alléger le coût de cette opération.

Assistance technique

Accompagner l'agriculteur dans le suivi de sa parcelle et transférer les recommandations du paquet technique sur le repiquage, la fertilisation et la phytosanitation

Tableau 19 Biens et services subventionnés par le PTTA (source : CECI, Coordination Régionale, auteur)

La principale évolution des paquets techniques consiste dans l'apparition d'un coupon assistance technique visant à donner l'accès à un suivi technique aux bénéficiaires du programme.

Les bénéficiaires ont eu le choix entre le labour à traction animale ou mécanisé (motoculteur ou tracteur). Le choix était également possible entre la subvention du repiquage ou celle de l'application des produits phytosanitaires puis entre la subvention du repiquage et l'acquisition des pesticides. Ce changement s'explique par la nécessite d'intégrer l'application des produits phytosanitaires dans l'assistance technique.

· Préparation sol : labour à traction bovine ou mécanisé

· Semences riz

· Engrais

· Acquisition de pesticides

· Repiquage ou application pesticide

Riz d'hiver 2013-2014

· Préparation sol : labour à traction bovine ou mécanisé

· Semences riz

· Engrais

· Acquisition de pesticide ou Repiquage

· Assistance technique

Riz d'été 2014

· Préparation sol : labour à traction bovine ou mécanisé

· Semences riz

· Engrais

· Acquisition de pesticides ou Repiquage

· Assistance technique

Riz 2015

70

Figure 23 Paquets techniques rizicoles mis en place par le PTTA dans le Nord Est (source : auteur)

b. Une première spécialisation des fournisseurs par biens ou services vendus

puis une intégration des vendeurs de services au sein d'autres structures

A la différence des zones décrites précédemment, il y a eu dans le Nord Est rizicole une organisation des fournisseurs par service. L'opérateur de service CA17 a laissé les structures et individus qui le souhaitaient s'inscrire comme fournisseurs et a laissé le marché des biens et services « libre ». Par conséquent, tous les fournisseurs qui le souhaitaient ont pu s'inscrire et proposer les biens et services dont ils disposaient. Les bénéficiaires ont ensuite eu le choix de leur fournisseur pour chaque bien ou service. Lors de la troisième des listes de bénéficiaires ont été attribuées par fournisseur suite à une décision de la coordination régionale du PTTA.

Au cours des campagnes successives les bénéficiaires se sont orientés principalement vers les boutiques spécialisées dans la vente d'intrants agricoles. Les boutiques d'organisations agricoles ont permis un approvisionnement de certaines zones reculées mais n'ont pas continuées à approvisionner le programme après la première campagne. Quelques boutiques pluriactives et des vendeurs isolés ont également participé au programme mais leurs activités ont diminuées au cours des campagnes. Les principaux volumes ont donc été vendus par des grandes boutiques spécialisées. Ces boutiques investissent également dans le labour et sont prêtes à développer une offre de conseil technique.

Les bouviers qui souhaitaient s'inscrire comme fournisseurs de labour l'ont fait et différents types de fournisseurs ont eu à charge la gestion de la préparation du sol. L'application stricte des règles de sélection légale des fournisseurs (obligation de posséder un patente ou un document du ministère des affaires sociales) à partir de la troisième campagne (riz 2015) a poussé certains bouviers à intégrer des organisations agricoles disposant de la reconnaissance du Ministère des Affaires sociales, ou de travailler pour des boutiques d'intrants disposant d'un patente.

71

Type de
fournisseur

Description

Noms

Pourcentage
de
bénéficiaires
accompagnés

Vente d'intrants : semences, engrais, pesticides

Boutiques d'intrants

Entreprises dynamiques créées par des agronomes

haïtiens. Elles approvisionnent les autres vendeurs
d'intrants de la zone.

Jardin Lakay, Kay Ti

Plante, Tout Sezon
Boutik Agricole, Bej Jardin G & G, Bolivar Erilien, Jaden Peyzan

82%

Boutiques pluriactives

Magasins de matériaux de construction ou autre qui ont une activité de vente d'intrants

Confiance en Dieu

1%

Boutiques d'OP

Boutiques mises en place avec l'appui du

programme PPID.

OPD, APDB

10%

Vendeurs isolés

agriculteurs possédant suffisamment de trésorerie pour acheter des intrants et en revendre

Victor Jeanty,

Brenord Deles,

Etienne Jocelin,

Michel Raoul, Norvin

Pierrelus, Victor
Jodney

7%

Service de labour

Propriétaire d'attelage (s) réalisant rarement le service lui-même

Possède plusieurs attelages et lui-même grand propriétaire terrien, ce fournisseur emploie plusieurs bouviers

Possède un seul attelage et a été formé par un programme de développement. Emploie un bouvier ou fait le travail lui-même.

Agriculteur ou entrepreneur investissant dans le labour

Achète un attelage juste avant le programme ou au début pour fournir du service de labour

Organisation agricole

Des organisations possèdent un ou plusieurs attelages et différents operateurs travaillent pour l'organisation ou sont membres

Sous-traitance du service par des boutiques

Les attelages sont possédés par la boutique d'intrant ou elle paye un bouvier (sous-traitance à des propriétaires d attelages)

Labour mécanisé

Ce labour a été proposé par des propriétaires de tracteurs à Fort Liberté, Ferrier et Ouanaminthe

Tableau 20 Typologie de fournisseurs de biens et services du PTTA dans le Nord Est rizicole (source : auteur)

72

c. Analyse de la durabilité économique : les marges brutes des vendeurs

d'intrants sont liées essentiellement à la vente d'engrais donc sensibles aux fluctuations du marché

Engrais

Produits

phytosanitaires Application produits phytosanitaires Semence Riz

(marmites)

 

PB USD MB USD

USD

0 50 100

Figure 24 PB et MB dégagés pour les biens de la campagne riz d'hiver 2013-2014 dans le Nord-Est

A la différence de Saint Raphael, les vendeurs d'intrants ont peu vendu de services de labour. La marge brute dégagée par les fournisseurs d'intrants (pesticides, semences, engrais) est due à 60% à la vente d'engrais dans le cas des campagnes de riz d'hiver 2013-2014 et riz d'été 2014. Néanmoins cette marge brute pour l'engrais est très variable selon les sources d'approvisionnement des fournisseurs. Les boutiques spécialisées ont pu s'approvisionner plus rapidement et à meilleur marché que d'autres types de fournisseurs ce qui à contribuer à les renforcer. De plus, le marché des fertilisants a connu de grandes fluctuations qui ont été compensée en partie par un accord entre le MARNDR et l'importateur d'engrais COMAG en août 2014.

Les marges par bien vendu et les calculs pour les services de repiquage et de labour sont présentés en Annexe 4 et en Annexe 12.

Le fait que les bénéficiaires puissent s'approvisionner pour chaque bien ou service auprès du fournisseur de leur choix rend difficile l'estimation de la rentabilité de l'activité pendant le PTTA. De plus, beaucoup de vendeurs ont d'autres clients en plus des bénéficiaires du programme et le PTTA s'inscrit dans leurs activités sans comptabilité différenciée. Les fournisseurs enquêtés ont tous indiqués que l'activité de fourniture d'intrants ou de services au PTTA est rentable mais fortement impactée par les fluctuations des prix de l'engrais et les retards de décaissement de la BNC.

Les fournisseurs utilisent trois grandes stratégies économiques.

A. Le recours à des emprunts importants auprès de structures officielles ou d'usuriers

Pour être capable d'approvisionner de grandes quantités de bénéficiaires, ces boutiques ont eu recours à des emprunts très importants pour acheter de l'engrais et des semences.

Ces emprunts ont été effectués auprès d'institutions financières classiques (banques commerciales) ou auprès de particuliers pratiquant l'usure. L'accès au crédit commercial est facilité par

73

la présence relativement ancienne des boutiques dans la zone. Cependant les durées fixées des prêts sont trop courtes par rapport aux délais de décaissement de la BNC.

Les fournisseurs ont géré leurs investissements pour que leur bénéfice final ne soit pas trop diminué par les pénalités de retards de remboursement des emprunts. Les liens entre boutiques d'intrants leurs permettent également de pouvoir utiliser les stocks d'une autre boutique en cas de problème d'approvisionnement.

B. L'utilisation des réserves de trésorerie de l'entreprise sans recours à l'emprunt

Ces entreprises avaient des réserves de trésorerie suffisante pour investir dans l'achat d'intrants qu'elles ont revendues au programme. Les bénéfices dégagés ont été réinvestis dans les campagnes suivantes dans l'objectif de fournir un nombre plus important de bénéficiaires et de non bénéficiaires.

Dans le cas des boutiques d'organisations agricoles, les réserves de trésorerie correspondaient aux fonds laissés par le projet PPID. Ces fonds ont permis d'acheter des intrants dans le but de les revendre au PTTA. La concurrence des boutiques d'intrants localisées dans les centres urbains et plus connues des bénéficiaires a impacté les ventes de ces boutiques à partir de la deuxième campagne. Les boutiques pluriactives ont également eu peu recours aux emprunts mais les bénéficiaires n'ont pas privilégiés ce type de fournisseurs.

C. Un faible recours à l'emprunt mais l'utilisation importante de la trésorerie personnelle associée aux décalages de paiement

Cette stratégie concerne essentiellement les fournisseurs de service de labour et de repiquage. Ces fournisseurs sont généralement des individus disposant de peu de trésorerie et n'ayant pas accès aux services financiers classiques ou informels. S'ils doivent payer des associés dans le cas du repiquage ou un opérateur dans le cas du labour, ils utiliseront leurs réserves financières en attendant de recevoir le paiement de la BNC. S'ils ne disposent pas de réserves, ils ne paieront leurs collaborateurs qu'une fois les coupons décaissés.

Les retards de paiement de la BNC ont donc une influence très forte sur la trésorerie de ces fournisseurs. Des cas de décapitalisation-capitalisation ont été observés : suite aux retards, des fournisseurs ont du vendre des animaux pour payer leurs associés et une fois les coupons décaissés ils ont pu racheter leurs bêtes.

Les stratégies économiques des fournisseurs sont donc liées en grande partie à l'utilisation d'emprunts. Mais le marché libre laisse la responsabilité à chaque fournisseur d'emprunter selon ses besoins pour approvisionner les bénéficiaires qui viennent le voir. Beaucoup de fournisseurs d'intrants sont déjà des acteurs professionnels et savent gérer leurs investissements. La présence du projet AVANSE dans la zone a encouragé également plusieurs boutiques à renforcer leurs capacités pour fournir plus d'engrais.

74

Encadre 3 Des montages financiers pour appuyer l'équipement agricole : avantages et limites (source : auteur)

Des montages financiers pour appuyer l'équipement agricole : avantages et limites

Le fonds d'assistance économique et social (FAES) et des caisses populaires du Nord Est ont mis en place différents programmes d'appui à l'équipement agricole.

Des agriculteurs peuvent acheter un attelage complet (paire de boeufs, charrue, matériel complémentaire...) à un prix subventionné. L'achat se fait à crédit et doit être remboursé en plusieurs tranches. En plus du crédit contracté auprès d'une caisse populaire, l'agriculteur reçoit une formation en labour et dressage de boeufs auprès de l'ONG GRADES située au Cap Haïtien.

Ce système a permis à de nombreux agriculteurs de s'équiper mais sa limite reste le taux de recouvrement insuffisant des emprunts. Beaucoup d'agriculteurs voient dans le système un don de la part du FAES et ne remboursent pas l'emprunt contracté auprès de la caisse populaire.

FAES

Formation

Prêt

Agriculteur

Caisse populaire

Achat attelage

GRADES

Prêt

d. Des compétences techniques liées à la République Dominicaine

Comme indiqué en6.2.1le travail saisonnier de nombreux agriculteurs en République Dominicaine permet le transfert de certaines techniques et de nouveaux intrants. Cependant, beaucoup de planteurs n'ont pas de formation de base concernant l'utilisation des produits phytosanitaires et peu ont la trésorerie nécessaire pour investir dans du matériel de protection.

Les fournisseurs d'intrants délivrent des conseils d'utilisation des produits, conseils qu'ils ont eux-mêmes souvent reçus en République Dominicaine lors de l'achat de leurs stocks. Le service d'application de produits phytosanitaires est encore effectué par les planteurs eux-mêmes sans protections adéquates et beaucoup préfèrent demander des conseils aux vendeurs dominicains plutôt qu'aux fournisseurs haïtiens.

75

Lors du PTTA, l'assistance technique a été délivrée par des fournisseurs spécialisés dans ce service. Ces fournisseurs d'assistance technique ont été choisis par l'OPS après un appel à manifestation d'intérêt restreint et une sélection. Pour la deuxième et troisième campagne, trois fournisseurs ont été en charge de délivrer des formations et des démonstrations à des groupes de bénéficiaires.

Le PTTA a permis l'émergence d'un service d'assistance technique structuré mais les techniques proposées, bien que potentiellement très performantes, ne sont pas adaptées aux conditions de pression phytosanitaires locales (caracole) et à l'absence de maitrise de la lame d'eau. Il existe enfin un besoin de formation et d'appui technique en réparation mécanique pour assurer le fonctionnement des tracteurs et motoculteurs.

L'assistance technique dans le Nord Est : du champ école aux formations théoriques

Les trois fournisseurs retenus lors des campagnes riz d'été 2014 et riz 2015 ont proposé chacun une forme différente de mise en oeuvre de l'assistance technique.

L'OPDS a mise oeuvre un appui technique en 4 grandes étapes : Formation théorique, formation pratique, suivi parcellaire, contrôle phytosanitaire. Les formations associent cours en salle donnés par un intervenant externe, champs de démonstrations, suivi de parcelles d'agriculteurs et renforcement des compétences de certains agriculteurs leaders. Cette approche du suivi-conseil est intéressante car elle est gérée par une organisation de paysans et cherche à transférer des compétences concrètes.

Le travail de l'organisation a été limité par le détournement de certains coupons et les retards de livraison. « Certains agriculteurs attendaient de faire monnayer le BA et cela semble une habitude pour une proportion importante » (Rapport d'avancement d'activités# 2 OPDS campagne riz d'été)

Les deux autres fournisseurs ont mis en place des formations plus courtes. Les techniciens embauchés ont donné des informations sur la culture du riz et l'itinéraire technique préconisé par le PTTA. Les agriculteurs présents ont peu également assister à des démonstrations de repiquage et de traitements phytosanitaires.

Encadre 4 L'assistance technique dans le Nord Est : du champ école aux formations théoriques (source : CA17, auteur)

6.2.4. Les structures non retenues

La possibilité était offerte à toutes les structures volontaires de s'inscrire comme fournisseur lors des premières campagnes. De ce fait aucune structure n'a été rejetée initialement. Pendant le PTTA, les bénéficiaires ont choisis en priorité les fournisseurs qu'ils connaissaient et les fournisseurs occasionnels ont été en grande partie écartés. Lors des campagnes suivantes l'OPS a vérifié les activités des organisations agricoles souhaitant intégrer le programme et a écarté celles n'ayant aucune expérience dans la vente d'intrants ou n'étant pas capable de présenter clairement leur trésorerie.

La proximité avec la frontière dominicaine permet aux fournisseurs d'aller constituer leurs stocks sans passer par des intermédiaires. Les phénomènes de marché secondaire semblent donc avoir été moins important qu'à Saint Raphaël.

· Un réseau professionnel de vente d'intrants était en place avant le PTTA et a su tirer partie de l'opportunité de développement offerte par le programme

· Le recours à l'emprunt reste une stratégie économique employée par tous les types de fournisseur

· Les emprunts sont souvent informels ou sur des durées inadaptées aux délais de paiement de la BNC

· Le service de labour a été renforcé mais les contraintes juridiques à venir pourraient créer des problèmes pour gérer la répartition des bénéfices

· L'assistance technique s'est progressivement structurée et professionnalisée autour de fournisseurs spécialisés dans ce service

· Les techniques à transmettre et les modalités de transmission ne sont pas adaptées aux pratiques réelles des agriculteurs et à leurs conditions de production

76

Figure 25 Périmètre irrigué de Saint Raphaël (photo : auteur)

77

6.3. Durabilité des fournisseurs en zones irriguées

6.3.1. Rappel du contexte

Les deux zones d'études considérées sont à différencier selon plusieurs grands facteurs.

De part sa proximité avec la frontière dominicaine, le Nord Est rizicole est moins dépendant de certains grands importateurs ou boutiques d'intrants, les planteurs ont accès à une gamme élargie de produits agricoles et il existe une vraie expertise agronomique dominicaine. Saint Raphaël est encore enclavé et il y a peu de transferts de connaissances ou de technologies avec les zones limitrophes. La riziculture y est intégrée dans des systèmes de cultures plus complexes alliant maraîchage, autres cultures et jachère.

De plus, le programme PTTA a été implémenté différemment dans ces deux zones. Les fournisseurs à Saint Raphaël ont reçu des listes de bénéficiaires alors que le « marché libre » a été appliqué dans le Nord-Est : les bénéficiaires ont pu aller s'approvisionner chez le fournisseur de leur choix.

Les deux zones d'études ont néanmoins plusieurs points communs importants : au cours du programme PTTA, l'assistance technique s'est structurée et professionnalisée autour de fournisseurs spécialisés et les agriculteurs et fournisseurs des périmètres irrigués ont subi de plein fouet les fluctuations importantes du prix de l'engrais comme les retards de livraison de l'importateur contractualisé par le MARNDR.

6.3.2. Durabilité économique : des stratégies économiques basées sur l'emprunt et dépendantes des prix de l'engrais

Dans les deux zones les fournisseurs ont eu recours massivement à l'emprunt formel ou informel. Les crédits utilisés étaient souvent des crédits commerciaux dont la durée ne correspondait pas à la durée de décaissement de la BNC, ou de l'usure dont les taux sont plus élevés (5 à 10% par mois contre 1 à 3% par mois dans les institutions classiques). Les retards de la BNC ont impacté fortement les résultats des fournisseurs et ont mis en danger la trésorerie des plus faibles économiquement.

Des fournisseurs disposent de vraies compétences en gestion et en entrepreneuriat. Ils ont su utiliser le PTTA pour augmenter leurs stocks et parfois diversifier leurs activités. Néanmoins une grande partie d'entre eux ne possède encore pas de notions solides en comptabilité et ne suit pas ses dépenses sur le long terme.

A cause de la pénurie d'engrais au niveau national et les fortes fluctuations de prix, les fournisseurs de Saint Raphaël ont acheté leurs stocks auprès de boutiques locales et les fournisseurs du Nord-Est se sont approvisionnés en République Dominicaine. Ces stratégies d'adaptation permettent de

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disposer d'engrais dans les délais impartis mais ne permettent ni le contrôle de la qualité des intrants ni la mise en place de vrais filières d'approvisionnement. En l'absence de service de labour réellement intégré à l'offre du fournisseur, les bénéfices de ce dernier sont très liés aux marges dégagées par la vente d'engrais.

6.3.3. Durabilité environnementale

Les règles de protection et d'utilisation des produits phytosanitaires sont mal maitrisées par les agriculteurs et les fournisseurs. Les connaissances en protection des plantes sont limitées et peu de techniciens sont capables de délivrer du conseil agronomique pertinent et adapté.

6.3.4. Durabilité sociale

Les fournisseurs de Saint Raphaël ont été considérés comme des vendeurs temporaires par les bénéficiaires. Les agriculteurs retournent voir les fournisseurs présents avant le PTTA ce qui montre que l'implantation locale des fournisseurs apparus avec le programme n'est pas encore assurée. Dans le Nord-Est la situation est différente : les boutiques d'intrants spécialisées ont su montrer aux bénéficiaires leur capacité à délivrer des intrants, l'effet conjoint du programme AVANSE et du PTTA a incité ces boutiques à élargir leur champ d'action et ouvrir des succursales.

Les petits fournisseurs d'intrants ou de labour jouent un rôle important pour permettre aux bénéficiaires des zones reculées d'avoir accès au bon moment aux biens ou services subventionnés. Dans un souci d'efficacité le PTTA peut être tenté de ne garder que les fournisseurs capables d'approvisionner un volume important de bénéficiaires mais ces fournisseurs n'iront pas délivrer des biens et services en priorité dans les zones les plus éloignées des centres urbains, notamment dans le Nord-Est.

A Saint Raphaël, les services ont été sous-traités par les fournisseurs. Les bénéficiaires ont utilisé l'argent pour acheter les services à leurs amis ou voisins et il n'y a pas eu de structuration ou d'amélioration des services.

6.3.5. Durabilité juridique

Les fournisseurs de labour et de repiquage dans le Nord Est sont souvent des individus ne disposant pas de statut légal. Le durcissement des normes d'enregistrement auprès des OPS (obligation de patente ou `inscription aux affaires sociales) pousse ces petits fournisseurs à intégrer une organisation ou une boutique disposant d'un statut légal.

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Lorsque cette intégration est volontaire elle peut être bénéfique car les différents fournisseurs au sein d'une organisation peuvent coordonner leurs actions. Mais pour beaucoup de fournisseur ce durcissement ne fait qu'ajouter un intermédiaire dans la gestion du coupon sans apporter de valeur ajoutée.

6.3.6. Durabilité organisationnelle - gouvernance

Le problème de la gestion de la trésorerie des organisations agricoles des zones irriguées est le même que pour celles zones agroforestières. Les confusions entre participation des cadres dirigeants, apports des membres, et utilisation des réserves de l'organisation agricole peuvent engendrer des tensions au sein même des structures et mettre en péril la confiance des membres envers leur organisation. L'utilisation des bénéfices n'est parfois pas claire et l'argent gagné grâce au programme n'est pas réinvesti dans l'activité agricole de la commune.

6.3.7. Durabilité technique

Le PTTA visait à transférer des technologies durables aux producteurs mais il n'y a aucune plus-value technique à faire sous-traiter les opérations habituellement gérées par les agriculteurs en l'absence d'accompagnement et de formation des fournisseurs. Les marges prélevées sur les coupons « Préparation du sol » et « Repiquage » ont permis d'amortir les fluctuations du prix de l'engrais acheté par les fournisseurs lors des deux premières campagnes mais n'ont pas servi à améliorer ou développer le service distribué.

Une offre d'assistance technique a émergé dans les deux zones. Les associations de techniciens à Saint Raphaël et les fournisseurs sélectionnés par l'OPS font des propositions pertinentes de suivi-conseil aux producteurs mais ne disposent pas encore de vrais référentiels techniques adaptés aux situations locales. Les référentiels techniques en riziculture et maraîchage sont ceux de la FAO testés en conditions maitrisés dans la plaine de l'Artibonite. Enfin, les riziculteurs du Nord-Est et en partie ceux de Saint Raphaël n'ont pas la maîtrise totale de la lame d'eau.

La pérennité du service d'assistance n'est pas assurée en l'absence de programme de développement et les agriculteurs retourneront chercher des conseils auprès des principaux vendeurs d'intrants.

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6.3.8. Quels fournisseurs susceptibles de rester après le PTTA ?

Le PTTA a permis le renforcement direct ou indirect des principales boutiques d'intrants dans chaque commune. Les organisations agricoles qui ont participé au programme ont eu des problèmes de gouvernance ou ont du mal à définir une stratégie de développement à moye terme de leur service de vente d'intrants. Les vendeurs et revendeurs locaux restent sollicités par les agriculteurs car ils délivrent de petites doses d'intrants souvent à crédit. Les fournisseurs qui vont potentiellement rester dans chaque zone après le programme sont donc ceux présents avant.

Figure 26 Fournisseurs susceptibles de perdurer après le programme PTTA dans les zones irriguées (source : auteur)

? Les zones irriguées se différencient par le choix des fournisseurs, laissé libre ou non aux bénéficiaires

? En plus de cette différence d'implémentation, le Nord-Est présente un contexte plus favorable à l'émergence et au renforcement de vrais professionnels de l'agrofourniture

? L'assistance technique s'est structurée au tour de fournisseurs spécialisés au cours du PTTA mais les vendeurs d'intrants et des agriculteurs qualifiés restent les références techniques des planteurs en post-programme

? Le recours au crédit est une stratégie partagée par tous les fournisseurs d'intrants
? Le cadre juridique favorise l'émergence d'intermédiaires dans la vente des services

L'étude de la durabilité technique est complétée en vérifiant si l'offre de service est adaptée et pertinente par rapport aux besoins des bénéficiaires.

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7. Les biens et services sont-ils adaptés aux besoins des producteurs ? 7.1. Le rôle clé des techniciens dans le montage des incitations

Les biens et services subventionnés ainsi que leurs prix sont inscrits dans le dossier d'incitation de chaque bénéficiaire du programme. Ce dossier est rédigé par l'OPS après géo-référencement de la parcelle choisie pour être subventionnée.

Comme indiqué en 1. les techniciens chargés du référencement jouent un rôle essentiel dans la préparation du dossier de subvention et le choix des bénéficiaires. La subvention est liée à la surface pour les zones irriguées, et à la surface ainsi qu'à l'évaluation du technicien pour les zones agroforestières. Selon l'opérateur de service, ces techniciens sont des techniciens locaux employés ponctuellement (CECI) ou des techniciens internes à l'équipe de l'opérateur (CA17).

Dans les zones agroforestières ces techniciens réalisent également les travaux de conservation du sol pour les fournisseurs et le piquetage (« assistance technique ») lors des premières campagnes. Les techniciens qui montent les dossiers de subventions sont donc ceux qui appliquent le programme sur le terrain et y travaillent...ce mélange des rôles peut prêter à confusion. Certains agriculteurs se plaignent de partialité dans le choix des parcelles subventionnées et dans le choix des bénéficiaires.

7.2. Sont-ils adaptés aux attentes des bénéficiaires ?

En lien avec les diagnostics agraires réalisés sur les zones d'étude, des enquêtes auprès des agriculteurs bénéficiaires et non-bénéficiaires du PTTA ont été réalisées. L'objectif de ces enquêtes est de compléter l'analyse de la durabilité technique en vérifiant si les biens et services délivrés par le PTTA sont adaptés aux besoins des bénéficiaires. Un bien ou un service est adapté si sa disponibilité, son accessibilité et sa qualité sont suffisantes. La subvention choisie par le PTTA doit également être pertinente par rapport aux besoins et à la situation du producteur. L'étude de la pertinence des paquets techniques est détaillée dans les travaux de diagnostics agraires de Jery Rambao (2014) dans le Nord Est rizicole, Manon Ruffy à Saint Raphaël (2015), Xuan Lai Dao à Milot (2015)

7.2.1. L'assistance technique

Le PTTA a permis l'émergence d'une offre d'assistance technique. Dans les périmètres irrigués, les techniques proposées sont connues de la plupart des agriculteurs (repiquage en ligne, repiquage trois brins par poquet...) mais elles nécessitent de prendre plus de risques dans un contexte de sécheresse récurrente, de non-maitrise de la lame d'eau et de pression des ravageurs (Ruffy, 2015 et Rambao, 2014).

Après le programme les agriculteurs n'auront pas les moyens de payer une assistance technique personnalisée. Les conseils seront de nouveau délivrés par les agriculteurs les plus compétents et les

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vendeurs d'intrants. L'efficacité des techniques proposées n'a pas encore été démontrée aux agriculteurs et il faut attendre les résultats des parcelles de démonstration mises en place pour vérifier si les agriculteurs auront des exemples concrets de réussites dans leurs conditions de culture.

Dans les zones agroforestières, le conseil technique n'existait qu'au travers des coopératives et des programmes d'aide au développement. Il n'a jamais été payé par les producteurs. Le suivi des parcelles des membres des coopératives par des techniciens formés permet un conseil de proximité mais il concerne essentiellement la relance des productions cacaoyères et caféières.

Les distances choisies par les paquets techniques du PTTA correspondent à des stratégies d'optimisation des cultures caféières et cacaoyères qui ne sont pas celles des agriculteurs. Ces derniers ont une logique de diversification maximale des cultures au sein des parcelles et cherchent à optimiser tout l'espace disponible en mettant des cultures comme la banane ou l'igname entre les pieds de café ou de cacao.

En post-programme ce sont de nouveaux les coopératives ou les structures ayant un lien avec les filières de vente qui délivreront du conseil technique. C'est donc en mettant en lien les productions et les filières qu'un conseil pertinent peut émerger mais aucun projet de vulgarisation agricole intégré à une filière n'a été financé par le RESEPAG 2.

? L'efficacité des techniques promues par le PTTA n'a pas été démontrée aux agriculteurs dans

chaque zone

? Les freins à l'adoption de nouvelles pratiques sont liés aussi au manque d'infrastructures
agricoles

? L'offre d'assistance technique s'est progressivement structurée dans toutes les zones mais sa
qualité a peu évolué en l'absence de référentiels adaptés

? Les agriculteurs vont chercher des conseils auprès de leurs pairs les plus expérimentés

? Les organisations agricoles peuvent délivrer un appui technique sur le long terme grâce à leur

ancrage territorial mais leurs compétences ont besoin d'être renforcées

7.2.2. La préparation du sol

a. Labour à traction animale et motorisé

Pour les agriculteurs, ces deux types de labour sont complémentaires. Le labour mécanisé permet de réaliser les deux premières opérations de travail du sol rapidement et sur des surfaces importantes. Le labour à traction animale permet la dernière opération dite de tablage ou de planage en riziculture. De plus, les boeufs peuvent circuler dans les petites parcelles et accéder aux zones reculées.

La fenêtre de temps étroite pour préparer les parcelles avant le repiquage du riz nécessite une grande disponibilité en bouviers ou tracteur. Pour les deux zones étudiées l'offre en service de labour était insuffisante avant le PTTA. La qualité était fonction des compétences de l'opérateur. Certains opérateurs du Nord-Est avaient reçu une formation en labour et dressage de boeuf. Pour le labour

83

mécanisé très peu de tracteurs sont présents dans les zones irriguées et il n'y a pas assez de mécaniciens compétents pour les réparer en cas de panne.

Le PTTA a permis une augmentation de l'accessibilité du service de labour par traction animale grâce à la subvention. La disponibilité ne s'est améliorée que pour le Nord Est où le contexte et les conditions de mises en oeuvre du programme étaient favorables (6.2) La qualité des services reste liée aux compétences des opérateurs.

Le service de labour mécanisé est en cours de structuration dans le Nord Est où différents fournisseurs d'intrants investissent dans des tracteurs. Une organisation a également pour projet de former des femmes agricultrices au labour et à la maintenance technique des machines.

En post-programme, l'offre va donc évoluer dans le Nord Est mais très peu à Saint Raphaël où seuls quelques agriculteurs ont profité des bénéfices dégagés par la campagne de maraîchage pour investir dans des boeufs.

b. Préparation et conservation du sol en zone agroforestières

La disponibilité de ce service est liée à celle de la main d'oeuvre et son accessibilité dépend des capacités financières de l'agriculteur.

Les techniques de conservation du sol sont connues par quelques agriculteurs et par des techniciens agricoles. L'efficacité de certaines techniques est reconnue et quand les rampes de conservation du sol sont renforcées par du matériel végétal (canne, ananas...), elles peuvent présenter un intérêt économique. Les agriculteurs les utilisent peu car elles demandent un investissement en main d'oeuvre qui n'est amorti que si la réalisation des rampes a été collective (kombite) ou si les cultures de conservation (cultures de rente, annuelles, fourrage...) permettent de compenser l'investissement, ce qui n'a pas encore été prouvé aux paysans.

En subventionnant la préparation du sol et le sarclage le PTTA rend ces services plus accessibles. Comme il s'agit d'un transfert d'argent du fournisseur au bénéficiaire, celui-ci a recours aux pratiques habituelles. La disponibilité et la qualité du service ne sont donc pas changées.

Les rampes de conservation du sol ont été réalisées sans matériel végétal lors des premières campagnes café et cacao, puis renforcées avec de la canne à sucre et de l'ananas pour les campagnes de jardin créole. Les structures végétales améliorent la qualité des rampes mais en l'absence de débouchés pour ces productions les planteurs ne sont pas intéressés à entretenir les systèmes de conservation. Le prix de la main d'oeuvre et le temps nécessaire à la réalisation des structures de protection sont également des facteurs limitant l'application de ces techniques.

? Le labour mécanisé et celui à traction animale sont complémentaires

? L'accès à un service de labour de proximité est insuffisant

? Les systèmes de conservation du sol demandent un investissement en temps et en argent important aux agriculteurs

? En dehors du programme, la rentabilité de cet investissement n'est pas démontrée

84

7.2.3. Les semences

a. Riz - Maraichères

A Saint Raphaël comme dans le Nord Est, les agriculteurs échangent et achètent principalement les semences de riz entre eux. Ces semences sont disponibles et accessibles. La qualité est cependant très variable selon les sources d'achat et ceux qui en ont les moyens préfèrent acheter des semences en République Dominicaine ou en Artibonite. Les variétés changent selon les zones. Les planteurs de Saint Raphaël utilisent les variétés : TCS, Taichen, IPSA 40, SICA selon la localisation de la parcelle dans le périmètre et l'époque de plantation. Les variétés les plus utilisées dans le Nord Est sont Room, TCS et Alagua.

Le programme PTTA a permis d'améliorer l'accès aux semences en subventionnant leur acquisition. La disponibilité a peu variée mais dans l'ensemble les planteurs ont pu recevoir la variété qu'ils souhaitaient. La variété Alagua était en cours de diffusion dans le Nord Est avant le programme. Il est possible que le PTTA ait favorisé sa diffusion et son adoption par les planteurs qui n'y avaient pas encore accès. Les techniciens agricoles de Saint Raphaël ont donné des formations sur le tri de semences, ce qui a permis d'améliorer la qualité du matériel végétal mis en pépinière (moins de paille).

La qualité des semences maraichères était un problème récurrent à Saint Raphaël avant le PTTA. Les sources d'approvisionnement des fournisseurs en semences maraichères n'ont pas changé pendant le programme. Cependant, la demande importante en semences par les bénéficiaires aurait permis une rotation et un renouvellement des stocks qui a profité aux bénéficiaires. Les variétés proposées par les fournisseurs correspondaient à celles demandées par les bénéficiaires.

b. Igname

La culture de l'igname est déterminante pour la sécurité alimentaire des ménages en zones de Mornes. La disponibilité et l'accessibilité varient selon les saisons. Le principal critère de qualité est la présence ou non de marques d'attaques de ravageurs sur le tubercule (insecte Marioka).

L'échec de la diffusion de la technique de semences minisett est dû au manque de formation des fournisseurs et des agriculteurs. Ne connaissant pas la technique beaucoup d'agriculteurs ont refusé les semences, jugées trop petites, ou les ont mis en terre dans des zones ombragées. La taille trop petite cumulée à la sécheresse pendant l'été 2014 a entrainé une mortalité très importante des semences mises en terre.

Le retour aux semences traditionnelles à partir des campagnes jardin créole ont permis aux planteurs d'avoir de nouveau accès à des semences adaptées. La distribution importante de semences par le PTTA va permettre d'augmenter la production locale au cours des prochaines années. La qualité des semences est fonction des traitements insecticides réalisés par les fournisseurs. En cas d'achat direct de semences dans les mains du bénéficiaire, ces traitements ne sont pas garantis.

c. Banane

Les agriculteurs produisent eux-mêmes les drageons et le marché n'existait pas avant le programme. Le PTTA n'a pas changé la disponibilité en drageons. L'accessibilité a été améliorée temporairement grâce à la subvention mais la qualité n'a pas changé car beaucoup de fournisseurs ont acheté les drageons directement auprès des bénéficiaires sans réaliser les traitements phytosanitaires prescrits. En début de programme les fournisseurs ont donné des variétés inadaptées aux conditions de cultures en zones agroforestières (variété musquée au lieu de jedinette). Après renforcement des contrôles par l'OPS, les fournisseurs ont délivré les variétés demandées par les bénéficiaires.

· L'accessibilité en semences a augmenté temporairement grâce au programme

· La qualité des principaux intrants a progressivement augmentée avec la mise en place de standards de qualité par la Coordination

· Cette qualité est encore très variable selon les fournisseurs et leurs sources d'approvisionnement

· Les achats directs de biens entre bénéficiaires et fournisseurs ne facilitent pas le contrôle phytosanitaire et l'amélioration variétale.

 

7.2.4. Les engrais

Les paquets techniques en zone agroforestière ont prévu du compost pour fertiliser les plantations d'arbres. L'opérateur de service a demandé à des fournisseurs de se spécialiser dans la production et la distribution de ce bien. Les bénéficiaires n'ont donc pas été formés à la production d'engrais organique et le faible ancrage territorial de certains fournisseurs de compost ne les a pas encouragés à délivrer du matériel de qualité dans les délais impartis.

La disponibilité et l'accessibilité en engrais chimique sont très variables selon les années et les appuis de l'état haïtien aux importateurs. Au niveau des zones irriguées, la disponibilité dépend des approvisionnements des grossistes importateurs et des stocks des principales boutiques d'intrants. L'accessibilité est liée aux prix du marché donc n'est pas assurée. La qualité des engrais n'est pas contrôlée et dépendante des produits importés. Les premières campagnes du PTTA ont été marquées par de grands disfonctionnement dans la chaîne d'approvisionnement et des prix très élevés. Les fournisseurs ont fractionné dans le temps les livraisons aux bénéficiaires ou n'ont pas livré les quantités demandées. Un accord a ensuite été conclu entre le MARNDR et un importateur d'engrais. Cet accord a permis la livraison d'engrais à temps pour les planteurs pour la seconde campagne mais de nouveaux retards ont impacté la troisième campagne.

· La disponibilité et l'accessibilité des engrais chimique est insuffisante malgré les partenariats entre le MARNDR et un importateur

· La distribution d'engrais organiques est effectuée par quelques fournisseurs

· La qualité des engrais organiques n'est pas contrôlée et les bénéficiaires n'ont pas été formés à la 85

production de compost ni à son utilisation

 

86

7.2.5. Les plantules

Comme indiqué en 4. les agriculteurs des zones agroforestières n'avaient pas l'habitude d'acheter ou de recevoir des plantules, sauf pour les membres d'une coopérative. La qualité des plantules était contrôlée dans les coopératives mais peu voire pas dans les autres structures. Les semences de cacao, café et des arbres de couverture étaient disponibles gratuitement ou accessibles facilement. Les semences d'agrumes étaient rares et à des prix élevés.

Au cours des campagnes PTTA, la qualité des plantules s'est améliorée. Les fournisseurs achetaient initialement les plantules auprès de petits pépiniéristes et de producteurs ne contrôlant pas les conditions de production. La mise en place de nouvelles pépinières par les fournisseurs a diminué la sous-traitance de la production et a amélioré la qualité et le contrôle du matériel produit.

La disponibilité en certaines variétés ou espèces n'a pas été suffisante au cours du programme. Concernant les arbres de couverture, les fournisseurs ont privilégiés les espèces les plus faciles à produire sucrin, saaman...et n'ont pas diversifié leur offre. Au regard du coût d'acquisition des semences et de la technicité requise, peu de fournisseurs ont produits des plantules d'agrumes alors même que les bénéficiaires auraient aimés relancer cette production.

Les différentes variétés de cacao ne sont pas forcément connues des fournisseurs qui ont donc produits des plantules en fonction des semences dont ils disposaient. La variété Forastero a été majoritairement distribuée alors que le Criollo peut mieux se commercialiser (source : entretien FECCANO, AVSF).

? En subventionnant des biens et services, le PTTA a amélioré temporairement leur accessibilité

? La disponibilité reste dépendante du contexte et des modalités de mise en oeuvre du

programme selon les zones

? La qualité de certains biens s'est améliorée mais un travail d'encadrement et de formation doit
être mené pour que ces effets perdurent

? L'appui du PTTA était pertinent sur la plupart des intrants et services subventionnés en zones
irriguées

? Sans renforcement des capacités techniques des fournisseurs, cet appui est moins pertinent en
zones agroforestières car aucune plus-value n'est ajoutée au matériel végétal

La variété de café Blue Mountain a été largement diffusée par le PTTA. Cette variété a été introduite en Haïti par la coopérative Vincent Ogé (COPAGVOD). Les fournisseurs et les autres coopératives se sont approvisionnés principalement auprès de la COPAGVOD en semences. Le Blue Moutain semble présenter une tolérance à la rouille plus élevée que les variétés traditionnelles mais sa durée de vie est inférieure à celle des autres variétés, les agriculteurs vont donc nécessiter un approvisionnement régulier en plantules.

87

7.3. Conséquences du PTTA sur les filières (approvisionnement et aval)

Avec au moins 441025 plantules de café distribués à Dondon, le PTTA va contribuer à relancer la production caféière de la zone. Certaines coopératives espèrent au moins doubler leur volume d'exportation au cours des 6 prochaines années. Cette augmentation se fera sous réserve d'un bon taux de survie des plantules et d'un suivi rapproché des parcelles.

Pour Milot, la relance de la production cacaoyère n'est pas assurée. Beaucoup de plantules sont morts lors des premières campagnes et la filière cacao n'a pas été impliquée dans le programme. Il faudrait vérifier les effets du PTTA dans les zones où d'autres paquets techniques liés au cacao étaient délivrés.

Les achats de semences d'igname par les fournisseurs ont augmenté sous l'effet conjoint du PTTA, du programme PMDN et du programme AVANSE, dans un contexte de faiblesse de la gourde haïtienne face au dollar américain (qui entraine une hausse des prix alimentaires). Les prix de vente des paniers de semences ont augmenté depuis 3 ans. Néanmoins, les zones traditionnellement productrices ont augmenté les quantités cultivées pour approvisionner les fournisseurs. Les zones bénéficiaires pourront être également des zones de production de semences au cours des prochaines années. Cette augmentation de la production peut avoir des conséquences positives sur la sécurité alimentaire.

L'analyse de l'adaptation de l'offre aux attentes des agriculteurs a permis de compléter l'évaluation de la durabilité technique. Une synthèse globale permet de mettre en évidence les points principaux de l'analyse des piliers de la durabilité avant de proposer des pistes d'amélioration et de renforcement des fournisseurs.

? L'accumulation de projets subventionnant l'igname pourrait avoir entrainé une hausse

ponctuelle du prix des semences

? Les productions locales de café et d'igname vont sûrement augmenter grâce au PTTA à moyen et long terme

? Ces augmentations sont des opportunités pour les filières de commercialisation et de
transformation

? Le manque de lien avec le programme RESEPAG 2 limite l'intégration entre l'augmentation de la
production et la commercialisation-transformation

 

88

8. Quelles durabilités pour les fournisseurs du PTTA ?

DURABILITE TECHNIQUE

 

L'offre de services (intrants, équipements et prestations de service) accompagnée par le PTTA est-elle adaptée aux besoins des producteurs ?

· En plus des biens et services subventionnés par le programme peu de fournisseurs ont diversifié leur offre.

· Leurs compétences techniques sont fortement liées à celles des techniciens de chaque zone. Malgré quelques formations données sur les standards de qualité requis par le programme, le niveau technique des fournisseurs ne s'est pas amélioré.

· Le PTTA ne propose pas de dispositif global ni de stratégie de renforcement technique des fournisseurs

· La qualité des intrants s'est améliorée au cours du programme mais les livraisons ne sont pas encore assez coordonnées avec les calendriers culturaux

· Le service d'assistance technique implique différents fournisseurs de manière ponctuelle mais le PTTA n'a pas fait émerger une vision à long terme de la structuration de ce service ni du type de compétences ou connaissances à transférer

· L'absence de système de certification ou d'encadrement des approvisionnements rend difficile le contrôle de la qualité des intrants vendus. Beaucoup de fournisseurs ont encore recours au secteur informel pour s'approvisionner.

 

DURABILITE ECONOMIQUE

 

Quelles sont les

performances économiques

et financières des
fournisseurs ?

· Etre fournisseur PTTA est une activité économique rentable mais cette rentabilité n'est pas gage de durabilité

· Les performances économiques et financières des fournisseurs ne sont pas suffisantes au regard de l'argent investi et des objectifs du PTTA. Les emprunts informels ou les crédits commerciaux inadaptés diminuent fortement la marge nette, ou bénéfice final, dégagée par les fournisseurs. De plus, les intérêts payés aux usuriers et aux banques commerciales ne sont pas réinvestis dans le secteur agricole ce qui représente un manque à gagner pour l'économie locale. Enfin, peu de fournisseurs ont une vision à moyen et long terme de leur activité par manque de compétences en gestion-entrepreneuriat.

· Le PTTA modifie la gestion de la trésorerie et les stratégies économiques des fournisseurs. Ces derniers sont très dépendants des décaissements de la Banque Nationale de Crédit et tout retard impacte fortement leur activité.

· Certaines chaines d'approvisionnement, comme celle des engrais, sont encore trop faibles pour permettre aux fournisseurs d'avoir des stocks de qualité aux périodes clés pour les agriculteurs.

 

89

DURABILITE JURIDIQUE

Quel est le statut du


·

L'environnement juridique peut limiter le développement des

fournisseur par rapport à ses

 

fournisseurs en favorisant l'émergence d'intermédiaires

clients (particuliers, OP...) ?

n'apportant aucune plus-value à la qualité de l'offre.

DURABILITE SOCIALE

Quelles sont les retombées


·

L'augmentation du rendement puis du revenu agricole n'est pas

économiques et sociales des

 

assurée pour tous les types de producteurs. L'appui ponctuel du

activités de services

 

PTTA permet de limiter l'endettement des agriculteurs mais les

agricoles?

 

performances des systèmes de productions ne semblent pas modifiées.

 


·

Le marché des biens et services, en dehors de ceux échangés entre

agriculteurs, est virtuel en zone agro-forestière et commence à
émerger dans une des zones irriguées.

DURABILITE ENVIRONNEMENTALE

Quelles sont les


·

Les intrants délivrés peuvent impacter les cultures environnantes et

conséquences pour la santé

 

l'environnement sans formation suffisante des fournisseurs et des

humaine et l'environnement

 

agriculteurs.

des activités de l'agriculteur


·

Les doses d'intrants prescrites dans les paquets techniques ne sont

et du fournisseur ?

 

pas respectées ou mal connues.

 


·

Les producteurs et les fournisseurs ne sont pas assez protégés contre les produits chimiques.

DURABILITE ORGANISATIONNELLE ET GOUVERNANCE

· Comment les


·

Les organisations agricoles (coopératives comprises) peuvent être

fournisseurs

 

une force pour attirer une offre de service de qualité car elles

s'organisent-ils pour

 

structurent l'économie des zones agroforestières et sont les

répondre à la

 

principaux liens aux filières. Ces groupements ont encore besoin

demande?

 

d'être accompagnés et encadrés pour limiter le détournement des

· Dans le cas des

 

ressources ou le contrôle de l'organisation par quelques membres.

 

fournisseurs liés à


·

Les fournisseurs capables de délivrer le service d'assistance

des organisations de

 

technique après le programme sont actuellement les vendeurs

producteurs :

 

d'intrants, dans les périmètres irrigués, et les organisations de

comment s'organise

 

producteurs avec vraie stratégie de développement, dans les zones

le travail?

 

agroforestières.

Tableau 21 Evaluation globale de la durabilité des fournisseurs - synthese

90

9. Quels outils d'appuis aux fournisseurs ? Quelles pistes d'amélioration du programme ?

9.1. Améliorer la communication autour du PTTA pour améliorer la durabilité des effets

9.1.1. Annoncer la durée et la stratégie de sortie du programme

La méfiance des agriculteurs et des fournisseurs par rapport aux programmes gouvernementaux a freiné sa mise en oeuvre. Malgré le travail de sensibilisation de la Coordination et des OPS, certains acteurs n'ont pas compris le fonctionnement et les objectifs du programme. Beaucoup d'acteurs considèrent donc le PTTA comme une intervention ponctuelle de l'état haïtien.

Ainsi, améliorer la communication sur la durée d'exécution du PTTA et sa stratégie de sortie est nécessaire. Les fournisseurs comme les bénéficiaires ont besoin d'être informés de la durée du programme et de son lien avec d'autres programmes. Le manque d'investissement pourrait-être diminué en améliorant la visibilité des acteurs sur le moyen et long terme.

9.1.2. Clarifier le rôle des techniciens sur le terrain et mieux encadrer leurs actions

Le rôle des techniciens engagés par les OPS comme prestataires externes ou salariés permanents doit être clarifié et coordonné entre les zones d'intervention du PTTA. Des techniciens sont responsables du géo-référencement pour l'OPS mais ils délivrent également des services aux agriculteurs pour les fournisseurs ou sont eux-mêmes fournisseurs. Sans cette clarification et coordination du rôle de chaque intervenant, le programme ne pourra pas gagner la confiance des bénéficiaires.

9.2. Pistes de renforcement économique

9.2.1. Diminuer les retards de la BNC en innovant

Les retards de paiement de la Banque Nationale de Crédit ont fortement impacté la réussite du programme dans certaines zones ainsi que la durabilité économique des fournisseurs. Différentes pistes sont envisageables pour réduire les délais de décaissement.

Recourir à plusieurs institutions financières au lieu d'une seule grande. Cette stratégie a été employée par le projet AVANSE de l'USAID. Les fournisseurs peuvent échanger les vouchers contre les paiements dans l'institution de micro-finance de leur choix, sous réserve de l'éligibilité de celle-ci au programme. L'intérêt de cette piste étant de renforcer également des institutions de micro-finance locales.

91

Automatiser le traitement des vouchers. L'informatisation du système d'incitation pourrait améliorer son efficacité. Cette analyse est partagée par la littérature sur les programmes « vouchers » qui insiste sur la nécessité d'être efficace dans le traitement des données. Le projet AVANSE a également développé un système de suivi informatisé des vouchers : chaque coupon possède un code QR qui permet au fournisseur d'indiquer en temps réel au programme qu'il a reçu un coupon et qu'il sollicite un décaissement.

Mettre en place des pénalités en cas de retards trop importants de la part de la BNC. Dans le cadre de son contrat avec la BID, la Banque Nationale de Crédit Haïtienne est prestataire de service externe. Si son contrat n'est pas rempli dans les délais impartis, le Ministère de l'Agriculture haïtien et la BID pourraient la pénaliser.

9.2.2. La constitution d'un fonds de garantie générant des bénéfices au service du développement agricole

La constitution d'un fonds de garantie en collaboration avec une ou plusieurs institutions financières pourrait faciliter le financement des fournisseurs. L'objectif est d'assurer des liquidités aux fournisseurs pour qu'ils soient capables d'avoir des stocks suffisants, dans les fenêtres de temps correctes, pour répondre aux besoins des producteurs.

La Banque Interaméricaine(BID) ou un autre bailleur pourrait couvrir un pourcentage du risque de non-recouvrement et le reste serait couvert par l'institution financière. La BID dispose d'outils déjà en place comme le Fond Multilatéral d'Investissement ou les « Private Sector Guarantees » qui peuvent appuyer les petites et micro-entreprises dans les pays partenaires. Un programme de fonds de garantie partielle de crédit est déjà mis en oeuvre par le Fond de Développement Industriel Haïtien (projet HA-L1050)avec un appui financier de la BID. En cas d'emprunt, le fournisseur recevrait en plus une formation en comptabilité voire un accompagnement en gestion personnalisé par des salariés de l'institution financière.

Ce type de montage financier a été utilisé en Tanzanie sous le nom de « The Agro-dealers guarantee scheme project » pour faciliter l'accès au crédit aux vendeurs d'intrants impliqués dans un programme national de subvention par la demande.

Les intérêts des emprunts réalisés dans une institution financière accréditée pourraient appuyer le financement d'autres microprojets, liés à l'agro-transformation ou la commercialisation. Ces projets pourraient eux-aussi recevoir un appui de la BID et du FAES en lien avec leurs programmes de soutien à l'entrepreneuriat.

92

9.2.3. Des formations en comptabilité-gestion

La participation comme fournisseur au programme PTTA devrait être accompagnée de formations en gestion-comptabilité. Voici quelques exemples de capacités à renforcer (issues en partie du document « Orientations pour la construction de programmes de renforcement des capacités des organisations de producteurs », [23]) :

? Maitriser les outils de gestion commerciale : calculs des coûts de production, des coûts de revient, savoir réaliser une étude de marché, monter un plan d'affaires, plans et bilans de campagne, marketing

? Maitriser les outils de gestion financière et comptable : flux de trésorerie, plan comptable, compte d'exploitation, bilans,

Un appui à l'équipement informatique pourrait être envisagé dans les zones où l'approvisionnement en énergie est assuré.

Dans le cas des programmes de subvention par la demande en Afrique, des formations techniques et économiques ont été délivrés aux « agro-dealers ». L'objectif était d'améliorer les compétences comptables et commerciales de ces entreprises tout en facilitant l'établissement de liens avec des filières d'intrants voire de commercialisation [20].

9.2.4. Un appui au crédit intrant

Appuyer la mise en place d'un marché des biens et services agricoles nécessite d'avoir une demande soutenue. Dans les zones irriguées, les agriculteurs n'ont pas accès à des crédits d'une durée suffisante pour couvrir toute la campagne agricole et les taux d'intérêts sont trop élevés. Un appui au crédit intrant, éventuellement sous la forme de vouchers pour limiter les détournements, devrait être envisagé.

9.2.5. La mise en place d'un système d'information de marché performant

Les importateurs d'engrais et les grossistes ont besoin de connaitre les besoins du marché en avance pour investir dans un contexte d'instabilité économique et politique. Des services d'approvisionnement groupés pourraient être mis en place au travers des organisations agricoles et des principales boutiques d'intrants. Ces organisations agricoles et ces boutiques devraient pouvoir transmettre facilement leurs demandes en engrais aux principaux importateurs.

93

9.3. Pistes de renforcement technique

9.3.1. Des formations techniques de base pour renforcer directement les compétences des agriculteurs

La typologie dynamique des fournisseurs en zone agro-forestière montre que des techniciens et des agriculteurs formés sont à la recherche d'opportunités de développement.

Concernant les productions agroforestières : les fournisseurs voire les agriculteurs pourraient recevoir un appui à la production de semences d'igname minisett et la multiplication de drageons de banane avec la technique PIF (plants issus de fragments de tiges). Les techniques de sur-greffage pourraient également présenter un intérêt pour les arbres fruitiers. En zones irriguées, les formations techniques prioritaires dans les zones irriguées concernent l'utilisation des produits phytosanitaire et l'amélioration de la gestion de la fertilité en lien avec des analyses de sol (Ruffy, 2015).

Ces techniques ne peuvent être diffusées auprès des agriculteurs sans deux composantes essentielles. Un suivi-accompagnement des producteurs et de leurs organisations pour comprendre les freins à l'adoption de ces pratiques. Un appui à l'accès au marché pour assurer la vente des productions.

Pour chaque formation délivrée et validée, une certification reconnue par les principaux bailleurs et l'état haïtien pourrait être proposée. Cette certification renverrait à un référentiel des compétences nécessaires à tout technicien agricole souhaitant participer à un programme comme prestataire d'assistance technique. Le PTTA pourrait alors s'appuyer sur ces agriculteurs formés comme paysans relais dans les zones du projet.

Les exemples de l'organisation JEAN (4.2) et des anciens techniciens du programme DEED montrent qu'une formation technique et économique auprès d'agriculteurs ou de groupes bien ciblés continue à avoir des effets positifs après le projet. Une fois les compétences maitrisées, les agriculteurs peuvent s'en servir dans leurs parcelles voire vendre de la prestation de service à d'autres planteurs ou d'autres programmes. Des voyages d'études entre groupes de paysans relais pourraient faciliter la diffusion des techniques minisett ou PIF. L'organisation RPM a d'elle-même choisi de contacter des organisations d'autres zones pour se former à ces techniques.

9.3.2. Appuyer l'accès à du matériel et des structures de qualité

Dans un contexte de réchauffement climatique, différentes initiatives techniques pourraient faciliter la survie du matériel végétal mis en terre.

L'aménagement de ravines avec des retenues collinaires. Ces retenues reliées à des citernes pourraient différer l'utilisation des eaux pluviales. Ces citernes permettraient aux agriculteurs d'irriguer les plantations prioritaires en cas de sécheresse et d'abreuver le bétail. Ces aménagements pourraient être associés à des rampes antiérosives. Celles actuellement financées par le PTTA ne permettent pas de retenir l'eau sur le moyen et long terme.

94

L'intégration de cristaux polymères gonflants dans le terreau de préparation des plantules. La survie des premiers plantules est essentielle pour le reboisement et la mise en place de nouvelles plantations agroforestières. « Les hydro-rétenteurs à membrane polymérique sont de petites granules qui, incorporées à la terre, gonflent avec la pluie ou l`arrosage et retiennent l'eau. » (Wikiwater). Intégrer cette technologie au moins dans les plantules délivrés par les fournisseurs pourraient améliorer la survie des plantules mis en terre pendant le programme.

9.4. Un appui aux organisations agricoles pour renforcer leurs durabilités

Les organisations agricoles sont des interlocuteurs importants pour les programmes de développement. Ce sont également les types de fournisseurs qui peuvent rester dans les zones d'intervention en post-projet et continuer un encadrement technique des agriculteurs.

Lors de l'inscription des organisations agricoles comme fournisseurs du PTTA, un certain nombre d'indicateurs pourraient être vérifiés et un suivi de l'organisation mis en place à moyen terme. Ce système permettrait un suivi-évaluation des organisations au cours du programme et faciliter la transition avec d'autres projets.

La première étape serait de poser un diagnostic des besoins en renforcement de compétences de l'organisation. Ce diagnostic a pour but d'écarter les organisations dont la gouvernance et la stratégie de développement ne sont pas claires ou explicitées. Sans ces contrôles, les risques de détournement de fonds ou de mauvaise gestion sont élevés. Une grille de suivi avec différents indicateurs qualitatifs ou quantitatifs pour identifier les compétences prioritaires à renforcer est présentée en annexe.

Sous réserve d'avancement des indicateurs, une OP serait alors éligible aux programmes suivants. Les indicateurs permettraient également de cibler les formations prioritaires pour les organisations rattachées au programme. Dans le cas des programmes PTTA et RESEPAG 2, seule une organisation ayant obtenue des résultats de suivi suffisants lors du PTTA serait éligible au RESEPAG 2, ou du moins des outils de renforcement adaptés pourraient être proposés. Ce système de suivi est également applicable aux autres types de fournisseurs.

Ce travail de suivi et d'accompagnement nécessite d'une part de former les cadres du ministère et des bureaux agricoles communaux. Mais également de pouvoir compter sur des personnes connaissant en détails le fonctionnement et les dynamiques des organisations agricoles locales.

95

10. Conclusion

L'objectif de l'étude était l'analyse de la durabilité des fournisseurs et de l'offre de biens et services dans différentes zones concernées par le programme PTTA.

Le marché des biens et services n'existait pas dans les zones agroforestières avant le programme. Le système de subventions a créé un marché temporaire et différents types de fournisseurs ont saisi l'opportunité offerte pour se développer. Comme l'explique un des cadres du MARDNR : « Le métier de fournisseur n'existait pas, c'est le programme qui les a créé ». Ces derniers gèrent l'activité avec des performances économiques variables et la rentabilité ponctuelle de la vente de biens et services au PTTA n'est pas valorisée pour renforcer et diversifier l'offre. Certains fournisseurs ont néanmoins une vraie vision de leur activité ainsi que des projets de développement à moyen et long terme. Des organisations agricoles et les coopératives sont des types de fournisseurs à même de développer des services de soutien aux producteurs après le programme sous réserves d'être accompagnés et soutenus.

Dans les zones irriguées un marché préexistait à la venue du PTTA et l'offre de biens et services était portée par une diversité de fournisseurs. Les effets du PTTA dépendent du contexte de chaque commune. A Saint Raphaël, les services ne se sont pas améliorés avec le programme à cause de l'absence d'une offre structurée en service de labour, et de la gestion par sous-traitance des services par les vendeurs d'intrants. Dans le Nord-Est, des fournisseurs de labour et de repiquage ont pu être ponctuellement renforcé grâce au programme mais leur durabilité dépend de l'évolution des contraintes juridiques sur leur activité. Les boutiques spécialisées dans la vente d'intrants ont été renforcées et une vraie offre de biens est en structuration.

L'évaluation des fournisseurs a été mise en miroir avec une étude de la durabilité de l'offre proposée. Cette offre de biens et services subventionnés est partiellement adaptée aux besoins de producteurs. La qualité de certains biens s'est améliorée temporairement et le programme a pu répondre à certaines attentes des producteurs en leur permettant d'avoir accès à des engrais et des intrants qu'ils ne pouvaient acheter faute de trésorerie (Rambao, 2014). Mais l'augmentation du revenu agricole n'a pas été démontrée pour une grande majorité des systèmes de production concernés par le PTTA (Ruffy, 2015 ; Dao, 2015, Rambao, 2014). Enfin, en l'absence d'un revenu stable ou d'un accès au crédit agricole, à des taux corrects, la demande en biens et service restera limitée.

Les actions développées dans le cadre du PTTA ne permettent pas actuellement d'assurer la durabilité des biens et des services aux producteurs bénéficiaires mais des actions spécifiques peuvent être identifiées afin d'améliorer les impacts du programme à la fois lors de sa mise en place et après sa clôture. Le secteur agricole haïtien a également besoin d'un appui technique adapté et maintenu dans la durée. Ce sont les agriculteurs qui sont à même d'acquérir des compétences nouvelles et de les appliquer si elles apportent un plus-value réelle à leurs pratiques. C'est pourquoi adapter le pas de temps des programmes sur des cycles plus long ou du moins améliorer le suivi et la coordination entre programmes de développement est essentiel pour accompagner les agriculteurs du mieux possible.

96

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10. MARNDR, GAFSP. 2010. Politique de développement agricole 2010-2025. https://www.gafspfund.org/sites/gafspfund.org/files/Documents/Haiti NationalAgriculturePolicyi nFrench.pdf.

11. Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural Haïti. 2015. Manuel d'Incitation Applicable aux: Programme de Mitigation des Désastres Naturels (PMDN) Programme de Renforcement des Services Publics Agricoles (RESEPAG) Programme de Transfert de Technologies aux Agriculteurs (PTTA) Projet de Sécurité Alimentaire en Haïti (SECAL).

12. Mazoyer M. 1984. CRISE ET CONDITIONS DE DEVELOPPEMENT DE L'ECONOMIE PAYSANNE HAÏTIENNE. Banque Mondiale.

13.

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14. M. Mugisha V. 2011. Livelihoods in Northern Haiti. Catholic Relief Society.

15. OXFAM. 2012. PLANTER MAINTENANT (2 EME ÉDITION) Revitaliser l'agriculture pour la reconstruction et le développement d'Haïti DOCUMENT D'INFORMATION D?OXFAM-162.

16. Paul G. 2011. Les filières agricoles de la région nord Diagnostic et potentiel de développement. USAID: Haïti http://idbdocs.iadb.org/wsdocs/getdocument.aspx?docnum=36234166.

17. Rambao J. 2014. Quels Systèmes de Production susceptibles de s'approprier l'offre de PTTA pour transformer durablement leurs pratiques? Quel dispositif opérationnel pour mesurer de façon compréhensive l'impact sur les revenus? Banque Interaméricaine de Développement: Institut des Régions Chaudes.

18. S.A.C.A.D., F.A.M.V. 1993a. Paysans, Systèmes et Crise Travaux sur l'agraire haïtien Tome 1 . Histoire Agraire et Développement.

19. S.A.C.A.D., F.A.M.V. 1993b. Paysans, Systèmes et Crise Travaux sur l'agraire haïtien Tome 2 . Strategies et logiques sociales.

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23. Valleur R. 2014. Orientations pour la construction de programmes de renforcement des capacités des organisations de producteurs.

24. Waldorf A. 2013. Can «smart» subsidies save African agriculture?

25. Wampfler B. 2014. Une grille d'analyse des organisations paysannes.

26. Wiggins S, Brooks J. 2010. The Use of Input Subsidies in Developing Countries. http://www.oecd.org/tad/agricultural-policies/46340359.pdf.

Annexes

98

99

Annexe 1 Exemples d'indicateurs de suivi-évaluation des fournisseurs

Ces indicateurs sont en partis issus de deux documents : « Orientations pour la construction de programmes de renforcement des capacités des organisations de producteurs. )) ( Valleur R. 2014) et « Une grille d'analyse des organisations paysannes. )) (Wampfler B. 2014)

Durabilité

Durabilité

organisationnelle

Durabilité économique

Durabilité sociale

Durabilité technique

Indicateurs de suivi

Existence de statuts

Système de gestion :

Comptabilité, bilan,
comptes

d'exploitation

gestion

Diffusion des

techniques à d'autres membres

de l'organisation

Maitrise des

techniques de

productions de

semences minisett

par des membres de l'organisation

Règlement intérieur

Maitrise du système

de gestion par les
cadres

Formations sociales

et économiques

organisées par

l'organisation

Maitrise des

techniques de la
technique PIF par des

membres de
l'organisation

Nombre de membres actifs

Volumes gérés

connus et anticipés

L'organisation

participe à des

réunions du
Ministère

L'organisation participe régulièrement à des formations

Modalités d'adhésion

Transparence dans la gestion

 

Des journées

d'échange sont

organisées avec

d'autres organisations

Plan stratégique

institutionnel

Suivi-contrôle des

gestionnaires

 

L'organisation développe une filière de production

Procès-verbaux

Contrôle externe de gestion

 

L'organisation est

capable de mobiliser

des compétences
techniques externes

% de membres

payant leur
cotisation

En cas d'activité de

production : calculs

des coûts de
production, des coûts de revient,

 
 

Système d'élection

des dirigeants

Intégration d'un

système de crédit ou

lien avec une
structure extérieure

 
 

La rémunération des

dirigeants est
transparente

Annexe 2 Coûts de production des plantules de café, exemple d'un fournisseur de Dondon

Coût de production plantules café

Total couts de prod. (HTG) 590600

Coutprod/plantule 9.37

Dans cet exemple, le fournisseur a employé plusieurs techniciens, ce qui est le cas le plus fréquent à Dondon.

La totalité des sachets ne sera pas vendu, la quantité de plantules produite permet de faire face aux risques de maladies ou de sécheresse. La surproduction de plantules peut être vendue à d'autres fournisseurs et le prix du marché est à 15HTG le plantule. C'est cette valeur qui servi de référence pour les calculs des marges brutes.

100

Charges

Main OEuvre production des plantules

 

Unite

quantite

prix unit.

Total

melange substrat

4 personnes pendant un

mois, payees 500
HTG/operation

120

500

60000

remplissage sachet

Sachet

63000

0.5

31500

preparation plate

bande/germoir

par le technician

 
 

0

transplantation -

mise en sachet

depense totale

1

25000

25000

technicien

salaire pour la duree du

cycle

1

50000

50000

pepinieriste

salaire pour la duree du

cycle

1

50000

50000

personnel d'entretien

passage chaque jour pour

ramasser les feuilles et
desherber si necessaire

180

200

36000

Mise en place de la pépinière

Installation

Preparation du

terrain

sarclage, applanissement

1

10000

10000

Bambou

saaman + bamboo

1

11000

11000

Ombragere

 

1

40000

40000

101

Main Oeuvre

installation

 

1

20000

20000

Nourriture Ouvriers

au moins 2 repas

1

5000

5000

batiment

location maison pour

stocker les intrants : 15 000 HTG /an

1

15000

15000

Intrants production de plantules

eau

 
 
 

0

sachets

 

63000

2

126000

compost-fumier

5 camions de fumier a 4000 HTG de location / camion +

1500HTG pour achat du
fumier= 5500G/camion

5

5500

27500

sable

2 camions de sable a

500HTG /camion

2

5000

10000

terre

achat aux environs : 30

000HTG

1

30000

30000

semences café

Total

1

35000

35000

TOTAL CHARGES 582000

Investissements

 

Outils

Pelle

4

1500

6000

Dure vie

Taux d'amortissement

Amortissement

pompe+rose

1

50000

50000

10

0.1

5000

Brouette

2

7000

14000

20

0.05

700

Doum

4

2000

8000

10

0.1

800

Pulverisateur

1

7500

7500

10

0.1

750

Piquoir

3

1000

3000

20

0.05

150

Arrosoir

4

1500

6000

5

0.2

1200

 

TOTAL

INVESTISSEMENTS

94500

TOTAL AMORTISSEMENT

8600

102

Annexe 3 Calculs des couts de production des semences d'igname minisett

Charges

Operation

Unite

Cout unit

(HTG)

Quantite

Total

Achat tete igname

Tete d une livre

50

300

15000

Intermediaire achat

hj

200

1

200

Transport

camion

1500

1

1500

Decoupe

hj

300

4

1200

Achat insecticide

flacon

1500

1

1500

Traitement insecticide

hj

300

2

600

Mise au soleil

hj

 
 

0

Fabrication du germoir

hj

200

1

200

Mise en germoir

hj

200

2

400

Arrosage et entretien germoir

 
 
 

0

Preparation du plant

hj

200

3

600

Transport

 

1500

1

1500

Manutention

 
 
 

0

Total charges (HTG)

22700

Produits

Nombre de plants, 5 plants/livre de semence traditionnelle (HTG)

1500

Prix de vente PTTA (HTG)

 

20

Total (HTG)

 

30000

Cout de production/plant

(HTG)

miniset

15.13

Les coûts de production des semences d'igname minisett sont très variables selon les compétences techniques du fournisseur ou du technicien embauché. Une personne expérimentée pourra découper une plus grande quantité de semences et les traiter plus rapidement.

103

Annexe 4 Calculs des coûts de fonctionnement d'un fournisseur de repiquage et de labour dans le Nord-Est

 

Campagne 1 riz d'hiver

Campagne 2 riz d'été

Nombre de coupons

53

38

Surface moyenne/beneficaire

(talet)

5.76

5.6

Valeur des coupons

1 500 HTG (moins de 8 talets) ; 3 000 HTG (8 talets et plus)

1 500 HTG (moins de 8 talets) ; 3 000 HTG (8 talets et plus)

Nombre de sous-contractés

5 à 8 dépendant de la superficie

5 à 8 dépendant de la superficie

Salaire d'un sous contracté

300HTG/talet

300HTG/ talet

Location de chevaux

750 HTG 4 fois

750 HTG 6 fois

Carte de recharge

250 HTG

150 HTG

Déplacement

900 HTG

750 HTG

Combite/Nourriture

7 000 HTG

5 000 HTG

TOTAL CHARGES

101 834 HTG

85 500HTG

TOTAL PRODUITS

119 250 HTG

85 500 HTG

MB

17 416 HTG

11 260 HTG

MB moyenne/talet

57.04 HTG

52.9 HTG

Calculs des couts d`investissement dans un attelage dans le Nord-Est

Investissement

prix unit. (HTG)

quantite

total (HTG)

Boeuf

25000

2

50000

charrue

40000

1

40000

Herse

Chaine

Joug

bague de nez

500

2

1000

vaccination

25

2

50

Total investissement

91050

Si le propriétaire des boeufs emploie un opérateur les bénéfices sont partagés. Entre 60 et 70 % va à l'employé, le reste au propriétaire. Au moment des enquêtes, le service de labour était facturé environ 2400 HTG par demi-carreau (soit 350 HTG/talet). Le PTTA subventionne le labour à hauteur de 5000 HTG/0.5c. La surface moyenne par bénéficiaire étant de 0.35c, un fournisseur de labour doit fournir du service à environ 50 personnes pour rembourser son investissement. Cette quantité de service à fournir est généralement possible sur deux ou trois années voire une seule si les conditions sont réunies (source : enquetes bouviers BP, JM). Actuellement le travail des opérateurs de labour est limité par le contexte de sécheresse.

104

Annexe 5 V.1. Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagne riz 2014 Saint Raphaël.

Saint Raphael Riz 1

quantitee moyenne

d'intrants delivree par beneficiaire

prix achat unit.

prix unit.

PTTA

Depense moyenne

du PTTA /
beneficiaire = PB

Total des

depenses fournisseur

MB

MB USD

PB USD

% MB

Nombre de

beneficiaires

1680

 
 
 
 
 
 
 
 

Preparation de sol

3718.6

1.5

2.109

7842.530023

5577.9

2265

45.293

157

0.7

589

Semence Riz (marmites)

14.87

80

100

1487.413579

1189.6

297.5

5.9497

29.7

0.0

997

Repiquage (hj)

21.99

200

200

4398.278168

4398

0

0

88

0

Engrais (sac)

4.22

800

900

3796.590989

3376

421.8

8.4369

75.9

0.1

414

TOTAL depense PTTA

HTG

17524.81

Les enquêtes technico-économiques approfondies ont permis de déterminer les différents coûts de production et d'achat des biens et services

TOTAL depense PTTA

USD

350.5

TOTAL depense

fournisseur HTG

14540.86

TOTAL depense USD

290.82

TOTAL MB HTG

2983.954316

TOTAL MB USD

59.67908633

105

Saint Raphael Maraichage 1

quantitee
moyenne
d'intrants

delivree par
beneficiaire

prix achat unit.

prix
unit.
PTTA

Depense

moyenne du

PTTA /

beneficiaire =

PB

Total des

depenses fournisseur

MB

MB USD

PB USD

% MB

Nombre de beneficiaires

1271

 
 
 
 
 

0

 
 

Preparation de sol HTG

3891.26631

1.5

1.65

6420.589411

5836.899465

583.6

11.67

128

0.1555

Semence Piment (livre)

0.70601825

3000

5000

3530.091251

2118.054751

1412

28.24

70.6

0.3762

Semence Carotte (livre)

0.241

750

750

181.421

181.42

0

0

3.63

0

Semence Tomate (livre)

0.038600283

1200

1500

57.90042486

46.32033989

11.58

0.231

1.16

0.0030

Semence Oignon (livre)

1.360505191

2700

2750

3741.389274

3673.364015

68.02

1.360

74.8

0.0181

Semence Poireau (livre)

5.8245422

1200

1250

7280.67775

6989.45064

291.2

5.824

146

0.0776

Produits phytosanitaires

(aspersions)

3.502139679

300

550

1926.176823

1050.641904

875.5

17.51

38.5

0.2333 05

Engrais (sac)

4.5

1179

1290

5902

5391

510.6

10.21

118

0.13

TOTAL depense PTTA HTG

29040.57403

Annexe 6 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagne maraîchage 2014 Saint Raphaël.

TOTAL depense PTTA USD

580.8114807

TOTAL depense HTG

25287.81911

TOTAL depense USD

505.7563821

TOTAL MB HTG

3752.754927

TOTAL MB USD

75.05509854

Saint Raphaël Riz 2

quantitee moyenne

d'intrants delivree par
beneficiaire

prix achat

unit.

prix unit. PTTA

Depense

moyenne/beneficiaire

Total des

depenses

MB

Nombre de beneficiaires

911

 
 
 
 
 

Surface totale

3134.528601

1.5

1.8

5642.151482

5140000

940.3 6

Preparation de sol

 
 
 
 
 

0

Semence Riz (marmite)

22.60109538

100

130

2938.1424

2676647.726

678.0 3

Repiquage (hj)

nc

 

200

nc

nc

 

Engrais (sac)

5.676867395

1400

1948.33

11060.41105

10076034.47

3112. 8

TOTAL depense PTTA

HTG

19640.70493

 

TOTAL depense PTTA

USD

392.8140987

TOTAL depense HTG

14909.51679

TOTAL depense USD

298.1903359

TOTAL MB HTG

4731.188141

TOTAL MB USD

94.62376281

106

Annexe 7Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagne riz 2015 Saint Raphaël

107

Annexe 8Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagnes café 2014 Dondon

NP Dondon 2014

 

B/S

Quantite

moyenne/beneficiaire

prix vente PTTA

prix achat/cout prod.

MB

PB

MB USD

PB USD

Travail du sol

4131

2

1

2479

8263

50

165

Arbres de couverture

41

25

15

413

1033

8

21

Plantules Café

1033

25

15

10328

25821

207

516

Semences Igname

miniset

124

20

15

620

2479

12

50

Drageons Banane

83

20

12

661

1653

13

33

Taille

 
 
 
 

0

0

0

Controle scolytes

 
 
 
 

0

0

0

 

TOTAL depense PTTA HTG

39247.8

TOTAL depense fourn. HTG

24746.7

TOTAL MB HTG

14501

 

TOTAL depense PTTA USD

784.955

TOTAL depense fourn. USD

494.935

TOTAL MB USD

290

RE Dondon 2014

B/S

Quantite

moyenne/beneficiaire

prix vente PTTA

prix achat/cout prod.

MB

PB

MB USD

PB USD

Travail du sol

4673

2

1

2804

9346

56

187

Arbres de couverture

14

25

15

140

350

3

7

Plantules Café

290

25

15

2900

7250

58

145

Semences Igname

miniset

0

20

15

0

0

0

0

Drageons Banane

23

20

12

187

467

4

9

Taille

 
 

4164

2082

0

42

0

Controle scolytes

 
 

21029

6309

0

126

0

TOTAL depense PTTA HTG

17413.5

TOTAL depense fourn. HTG

11382.7

TOTAL MB HTG

14421

TOTAL depense PTTA USD

348.271

TOTAL depense fourn. USD

227.654

TOTAL MB USD

288.4

108

Annexe 9 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagne J.Créole et café 2015 Dondon

Jardin Creole Dondon

B/S

Quantite

moyenne/beneficiaire

prix vente PTTA

prix achat/cout prod.

MB

PB

MB USD

PB USD

Travail du sol

4438

2

1

3106

9319

62

186

Arbres de couverture

102

25

15

1016

2540

20

51

Semences Igname

miniset

139

20

15

693

2773

14

55

Semences Igname

139

150

60

12481

20802

250

416

Drageons Banane

70

20

12

560

1400

11

28

Sac de Compost/fumier

9

250

200

444

2219

9

44

Boutures de canne a

sucre

104

3

1

207

311

4

6

Cayeux d'ananas

45

7

5

90

315

2

6

TOTAL depense PTTA HTG

39679

TOTAL depense fourn. HTG

21081

TOTAL MB HTG

18598

TOTAL depense PTTA USD

793.58

TOTAL depense fourn. USD

421.62

TOTAL MB USD

371.95

Café Dondon 2015

B/S

Quantite

moyenne/beneficiaire

prix vente PTTA

prix achat/cout prod.

MB

PB

MB USD

PB USD

Travail du sol

4637

2

1

2782

9275

56

185

Arbres de couverture

32

25

15

323

808

6

16

Plantules Café

1159

25

15

11594

28984

232

580

Semences Igname trad.

139

50

40

1391

6956

28

139

Drageons Banane

80

20

12

644

1609

13

32

Sac de compost

7

250

200

371

1855

7

37

TOTAL depense PTTA HTG TOTAL depense PTTA USD

494868

989.737

TOTAL depense fourn. HTG TOTAL depense fourn. USD

323818

647.636

TOTAL MB HTG TOTAL MB USD

17105

342.10

NP Cacao 2014

 

B/S

Quantite moyenne/beneficiaire

prix vente PTTA

prix achat/cout prod.

MB

MB USD

PB USD

Preparation du sol

4223

2

1

2160

43

144

Arbres de couverture

42

25

15

422

8

21

Plantules Cacao

263

25

15

2631

53

132

Semences Igname miniset

127

20

10

1265

25

51

Banane

263

20

12

2105

42

105

Taille

 
 
 
 

0

0

 

TOTAL depenses PTTA HTG

22626.03296

TOTAL depenses HTG

14043

TOTAL MB

HTG

8583

TOTAL depenses PTTA USD

452.5206593

TOTAL depenses USD

280.9

TOTAL MBUSD

171.7

RE Cacao 2014

 

B/S

Quantite moyenne/beneficiaire

prix vente PTTA

prix achat/cout prod.

MB

MB USD

PB USD

Preparation du sol

4735

2

1

2422

48

161

Arbres de couverture

12

25

15

118

2

6

Plantules Cacao

74

25

15

741

15

37

Semences Igname miniset

36

20

10

355

7

14

Banane

74

20

12

593

12

30

Taille

 
 

2569

771

15

0

 

TOTAL depenses PTTA HTG

12415

TOTAL depenses HTG

8185

TOTAL MB

HTG

5000

TOTAL depenses PTTA USD

248

TOTAL depenses USD

164

TOTAL MB

USD

100

109

Annexe 10Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagnes cacao 2014 Milot

110

Annexe 11 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagnes J. Créole et cacao 2015 Milot

Jardin Creole Milot

 

B/S

Quantite moyenne/beneficiaire

prix vente

PTTA

achat/cout prod.

MB

PBprix

MB USD

USD

Preparation du sol

3936

2

1

2755

55

165

Arbres de couverture

87

25

15

870

17

44

Semences Igname miniset

123

20

10

1230

25

49

Semences Igname

123

150

60

11071

221

369

Drageons Banane

73

20

12

583

12

29

Sac de Compost/fumier

8

250

200

394

8

39

Boutures de canne a

sucre

95

3

1

190

4

6

Cayeux d'ananas

33

7

5

66

1

5

 

TOTAL depenses PTTA HTG

35297

TOTAL depenses HTG

18137

TOTAL MB

HTG

17160

TOTAL depenses PTTA USD

706

TOTAL depenses USD

363

TOTAL MB

USD

343

Cacao Milot 2015

 

B/S

Quantite moyenne/beneficiaire

prix ventePTTA

prix achat/cout prod.

MB

MB USD

PB USD

Preparation du sol

5607

2

1

3364

67

224

Arbres de couverture

46

25

15

465

9

23

Cacaoyer

350

25

15

3505

70

175

Plants d'igname

168

50

40

1682

34

168

Drageons de banane

349

20

12

2790

56

140

 

TOTAL depenses PTTA HTG

36525

TOTAL depenses HTG

24718

TOTAL MB

HTG

11806

TOTAL depenses PTTA USD

730

TOTAL depenses USD

494

TOTAL MB

USD

236

111

Annexe 12 Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire. Campagnes riz Nord Est

Riz Hiver NE 2013-2014

 

B/S

Quantite moyenne /beneficiaire

prix unit. PTTA

prix achat unit.

MB

Nombre de beneficiaires

 
 
 
 

Semence Riz (marmites)

5.61

250.00

200.00

281

Application p.phyto.

2.54

300.00

250.00

127

Produits phytosanitaires

0.84

2000.00

1500.00

422

Engrais

2.82

1500.00

1000.00

1408

TOTAL depense HTG

9187.0

 

TOTAL depense USD

183.7

TOTAL MB HTG

3872.683

TOTAL MB USD

77.454

Riz ete NE 2014

 

B/S

Quantite moyenne /beneficiaire

prix unit. PTTA

prix achat unit.

MB

Nombre de beneficiaires

 
 
 
 

Semence Riz

7.2

250.0

200.0

357.8

Produits phytosanitaires

0.7

2000.0

1500.0

347.9

Engrais

2.7

1500

1000

1354.1

TOTAL depense HTG

8707.5

 

TOTAL depense USD

174.1

TOTAL MB HTG

3742.8

TOTAL MB USD

74.9

112

Annexe 13 Modélisation des dépenses et des recettes d'un fournisseur d'intrants de Saint Raphael approvisionnant 100 bénéficiaire

Besoin de recourir à l'emprunt en l'absence de fonds propres suffisants

Cette modélisation est basée sur les délais de décaissement de la BNC lors des deux premières campagnes à Saint Raphaël et les calculs de dépenses par bénéficiaire en annexe V. Le décaissement du coupon préparation de sol a lieu 3 mois après la dépense alors que les fournisseurs ont besoin de liquidités pour payer le repiquage, les engrais et la suite de la préparation de sol. Les fournisseurs ont aussi besoin d'anticiper la campagne de maraichage et tout retard de paiement va limiter leurs investissements. Comme le montre le graphique, l'activité de fournisseur nécessite un investissement initial important. En raison de ce besoin, beaucoup de fournisseurs ont recours à l'usure ou à des crédits commerciaux. La durée des crédits commerciaux est trop courte (3 mois en moyenne) et tout retard de décaissement entraine des pénalités qui impacteront le résultat final.

Bilan

4

T1

T2

T3

l'adaptation

thématique avant

renforcement

...

5

Approfondissement

thématiques

6

Rédaction

Annexe 14Etapes de travail. Méthodologie

Env Juri Soc Eco

Evaluation de la durabilité

F1

F2

F3

F4

Tec

...

Quelle thématique

1 2

Focus sur les piliers

techniques et

économiques

Approfondissement

de la thématique

dans les enquêtes

Pré-typologie

des fournisseurs

Compréhension

mésosystème

3

Evaluation

attentes

Attentes des producteurs

Approfondissement

de la thématique

dans les enquêtes

Figure 27 Etapes du travail d'évaluation (schéma CB, auteur)

d'étude privilégier?

Phase 1 : Compréhension du mésosystème autour des fournisseurs, de leur diversité et choix des zones d'enquêtes

113

Etude perception sur les services /

des

Analyse de

Offre/Demande

Etat des lieux de la

propositions de

Durée : 11 avril au 8 mai

Lieu : Cap-Haïtien - Fort Liberté

La première phase du travail a eu lieu au Cap-Haïtien et à Fort-Liberté. Au cours de cette étape

des enquêtes auprès des trois opérateurs de services (OPS), des cadres de la coordination régionale du

PTTA et d'acteurs clés des structures d'aide au développement de la zone. A partir de ces entretiens et

de l'analyse des listes de fournisseurs officiels du PTTA donnés par les OPS, le mise en place du PTTA sur

le terrain a été mieux appréhendée, la compréhension du mésosystème autour des fournisseurs a été

améliorée et le choix des zones d'enquêtes a été raisonné.

A partir du choix des zones, une pré-typologie des fournisseurs et des grilles d'enquêtes ont été

préparées.

Outils mobilisés : entretiens de compréhension semi directifs avec personnes ressources, recherche

bibliographique, grilles d'analyse : d'une politique publique, d'une filière, d'une organisation de

producteurs, de la durabilité d'un service.

Phase 2 : Enquêtes qualitatives auprès des fournisseurs

Durée : 9 mai au 19 juin 2015

Lieu : Saint Raphaël, Milot, Dondon, Ouanaminthe, Ferrier, Fort Liberté

L'objectif de cette phase était de comprendre les biens et services délivrés par les fournisseurs, qu'ils soient ou non intégrés dans le programme PTTA, puis d'appréhender les dynamiques d'émergence des fournisseurs dans chaque zone. Au total 90 enquêtes qualitatives ont été réalisées a l'aide de guides d'entretiens adaptes a chaque pré-type de fournisseurs. La compréhension de l'offre de Biens et Services s'est faite par zone et par service : pour chaque zone étudiée, un repérage de l'ensemble des services aux agriculteurs en place liés ou non au PTTA a été effectué. Une typologie dynamique des

114

services aux agriculteurs pour les départements du Nord et du Nord Est a été progressivement construite. Cette typologie est présentée en partie 5.

Outils : Entrée par zone et par services, Enquêtes semi-directives approfondies à l'aide de guides d'entretien (annexe).

Phase 2b : Mission de suivi

Durée : du 22 au 26 juin 2015

En fin de phase deux, une mission de suivi de stage a été réalisée par les enseignants tuteurs de l'Institut des Régions Chaudes dans le but d'appuyer le travail des étudiants sur le terrain. Cette mission a permis de valider les premiers résultats d'enquêtes, de restituer des analyses sur l'offre de Biens et Services au commanditaire et de préparer la suite du stage.

Phase 3 Enquêtes auprès des producteurs et des acteurs des principales filières agricoles

Durée : 29 juin au 31 juillet

Lieux : Dondon, Milot, Saint Raphael, Ouanaminthe, Ferrier, Fort Liberté

L'enjeu de cette phase était de comprendre la perception des services par les agriculteurs, leurs attentes et leurs besoins par rapport aux fournisseurs. Au cours d'enquêtes qualitatives ciblées, la pertinence de l'offre des services proposés et les effets du PTTA sur l'offre de services aux agriculteurs ont été évalués. Une grille d'enquête recherchant l'évolution de la disponibilité, de la qualité, et du prix-accessibilité de chaque bien et service a été rédigée. Cette phase a permis de bien comprendre le système de services (formels et informels) autour des ménages ruraux, son évolution et comment le conseil agricole s'insère dans ce système.

Outils : Enquêtes qualitatives, analyse bibliographique, liens aux enquêtes qualitatives des diagnostics agraires réalisés sur les zones.

Phase 4 Analyse - préparation des dernières enquêtes

Durée : 3 au 10 août

Lieu : Cap Haïtien

Cette phase a permis de vérifier les données acquises depuis le début du stage, vérifier les informations manquantes et planifier leur récupération. En comparant les types de fournisseurs caractérisés en phase 2 et les attentes des producteurs analysées en phase 3, un échantillon de fournisseurs « types » a été retenu pour être évalué économiquement et techniquement en détails. L'objectif étant de faire ressortir des stratégies économiques types pouvant illustrer les différents effets du PTTA sur la durabilité économique et technique des fournisseurs.

115

Phase 5 : enquêtes technico-économiques - évaluations

Durée : 11 au 28 août 2015

Lieux : Dondon, Milot, Saint Raphael, Ouanaminthe, Ferrier, Fort Liberté

Les enquêtes approfondies ont été menées auprès des fournisseurs retenus comme types. Les stratégies technico-économiques les plus durables au regard des grilles d analyse ont été relevées et les effets du PTTA sur les stratégies des fournisseurs ont été modélisés.

Outils : Enquêtes approfondies à l'aide de guides d'entretien, groupes de travail

Phases 6 et 7: Analyse des durabilités et rédaction du mémoire

Durée : 12 septembre au 21 octobre 2015

Cette phase de travail a permis la fin de l'analyse des données récoltées sur le terrain, leur mise en forme par rapport aux attentes du commanditaire ainsi que la recherche d'outils et de solutions pour améliorer la durabilité des fournisseurs lies au programme PTTA. Un compte rendu du travail est présenté au commanditaire avec les différents types de fournisseurs, l'analyse de leur durabilité et la piste de renforcement approfondie sur des thèmes prioritaires identifiés. Des propositions concrètes de renforcement d'une offre de service durable sont formulées.

Outils : Enquêtes, production d'un bilan sous forme écrite, analyse des résultats avec des personnes ressources et le tuteur de stage.

Annexe 15 Grilles d'enquêtes. Grille enquêtes qualitatives fournisseurs

Date Lieu Heure

Nom Telephone

1. Presentation du fournisseur

2. Structure

3. Nom de la structure

4. Date de création

5. Type de structure

6. Ville d origine

7. Statut

8. A quel nom est le patente ?

9. Capital initial

10. Activités initiales - liste sources de financement, objectifs a la création

11. Succursales

12. Nombre d employés

13. Nombre de membres

14. Si coopérative : nombres de comites et listes des services - schéma + origine du financement des services

15. Techniciens

16. nombre employes par la structure

17. roles

18. anciennete

19. embauches pour PTTA

20. critères de sélection

21. Activité de vente, pour chaque activite (semences, engrais, phytos,

ATK, labour):

22. Date début activité

23. Nombre de clients avant PTTA

24. Type de clients

25. Vente a crédit

26. Prêt de materiel : pulverisateur, outils...

27. Approvisionnement

28. PTTA

29. Information du projet - mode de recrutement-etapes d informations - pieces fournies

30. Campagnes PTTA

31. Nombre de bénéficiaires

32. Autres campagnes//autres programmes

116

33. Intrants consommes- Approvisionnement-Volume

34. Nombre clients pendant PTTA hors bénéficiaires

35. Equipement

1. Entrepots, magasin, vehicules

2. équipement de labour (type, lieux d achat, formation, entretien)

36. Financement

37. Type d emprunts (usure, amis, imf/B)

38. Nom utilise pour l emprunt

39. Montants

40. Taux/mois

41. Gestion

42. système de gestion cahier comptable ou non

43. saisonnalités des activités donner les moments

chauds/froids

44. Benefices degages avant PTTA - CA

45. Investissements realises avec benefices avant PTTA

46. Benefices degages par PTTA - CA

47. Investissements realises avec benefices PTTA

48. Investissements prevus

49. Vision

50. Projets post-PTTA

51. Stratégie pour attirer des clients

52. Vision de l assistance technique - rôle dans l activite

53. Contacts bouviers- contacts techniciens

Annexe 16 Grilles d'enquêtes. Grille enquêtes producteurs (a) et (b)

Nom

Prénom

Téléphone

Age

Présentation de l exploitation

Localisation de l habitation : commune, section communale Parcellaire : nombre de parcelles : localisation, surface, statut

Avant PTTA

Biens

Semences

/espèce :

1. variété, lieu d approvisionnement, date-époque d achat, facilité à en obtenir, quantité achetée, contenant, système de stockage

2. époque de plantation, densité/carreau, justification de la densité de semis

3. taux de germination, appréciation de la qualité, variations repérées dans la qualité

4. prix d achat, crédit a l achat, transport, prix du transport

5. choix de la source d approvisionnement : justification

Engrais

6. type, lieu d approvisionnement, date d achat, facilité à en obtenir, quantité achetée, contenant, système de stockage

7. époque d utilisation, densite/carreau, appréciation de la qualité, variations repérées dans la qualité

8. prix d achat, crédit a l achat, transport, prix du transport

9. choix de la source d approvisionnement : justification

Phytosanitaires

10. classes principales, lieu d approvisionnement, date d achat, facilité à en obtenir, quantité achetée, contenant, système de stockage

11. époque d utilisation, densite/carreau, appréciation de la qualité, variations repérées dans la qualité

12. prix d achat, crédit a l achat, transport, prix du transport

13. choix de la source d approvisionnement : justification

14. produit le plus acheté

15. qui fait la pulverisation ? prix

Compost

16.

117

fabrication personnelle ?

17. époques de fabrication

18. sources d approvisionnement en fumier

19. mode d utilisation

Plantules

/espèce

20. variété, lieu d approvisionnement, date-époque d achat, facilité à en obtenir, quantité achetée, contenant,

21. époque de transplantation, densité, justification de la densité de plantation

22. taux de réussite, appréciation de la qualité, variations repérées dans la qualité

23. prix d achat, crédit a l achat, transport, prix du transport

24. choix de la source d approvisionnement : justification

25. quelle usage a venir des arbres plantés ?

Services

Préparation du sol

26. époques, type de labour, pour quelles cultures ?

27. labour a temps ? temps d attente avant labour, toutes les

parcelles ont-elles pu être labourées,nombre de

passage/parcelle

28. satisfaction, définition d un labour de qualité ?

29. prix, nombre de jours (ou d heures) de travail/parcelle,

recours au crédit

30. type de relation avec le bouvier (famille, autre ?)

Plantation-piquetage

31. MO : facilite a mobiliser,supervision du travail, prix

Repiquage

32. Qui fait le travail ? Disponibilité de la MO

34. Cout - mode de paiement : cash, échange MO, avance...

33. Distances

Conservation du sol

35. Technique utilisée

36. Parcelles concernées

Grilles d'enquêtes. Grille enquêtes producteurs (b).

1. Organisation du travail : époque, main oeuvre, supervision, cout

Taille

2. Est-elle pratiquée ? pour quels arbres ? Si non : pourquoi ? Par qui ?

3. type de taille (recepage ou émondage), époque

4. lieu d apprentissage, outils

Greffe

5. Est-elle pratiquée ? Par qui ?

6. Type de greffe, époque

7. lieu d apprentissage, outils

Assistance technique

8. il y a-t-il un encadrement technique propose dans la zone ?

9. formations reçues, programmes passés

Bénéficiaire PTTA

10. Nom du fournisseur

11. Si choix du fournisseur : justification/intrant

12. Nombre de campagnes PTTA

13. En fonction du paquet : faire la liste des intrants théoriques

/intrant

14. La-t-il reçu ?

15. Espèces, variétés, type (si engrais) choix possible ?, si o : justification, quantité (respectée ?)

16. Livraison : époque, adéquation avec les besoins,temps d attente, lieu de livraison,

17. Qualité : observations sur l intrant, satisfaction du bénéficiaire, comparaison qualité avant-avec PTTA, taux de germination-survie, recours possible pour refuser l intrant ?

18. Prix : coupon remis ala livraison ou en avance ? Achat du même intrant en plus ?

Préparation du sol

19. Si choix du fournisseur : justification

20. Type de labour, labour a temps ? temps d attente avant labour, surface labourée ? Nombre de passage/parcelle, durée labour.

21. satisfaction

22. prix : paiement a l avance ou après labour ?, a qui le coupon a-t-il été remis ?

Conservation du sol

23. Structures mises en place, Par qui ? Quand ? Comment (seul, equipe, achat de MO). Durée

24. Techniques maitrisées avant PTTA ?

Taille

25.

118

Qui a fait la taille, type de taille (recepage ou émondage),

26. Epoque, encadrement technique, outils, techniques transmises

Assistance technique

27. Visites d un technicien : nombre, époques, durée, dans quel but ?

28. Opérations exercées par le technicien

29. Si formations : lieu, duree, demander de decrire la formation, expliquer es sujets abordés et les enseignements reçus

30. Point de vue sur la formation : utilite, mise en oeuvre des techniques

31. A-t-il du payer pour venir ou assister a la formation ?

Post PTTA

/intrant délivré pendant PTTA

· Source d approvisionnement, justification

· Disponibilité : (facilité d acquisition),Qualité

· Volumes achetés, prix Labour

· Type de labour, disponibilité, prix,

Système d acteurs

· Appartenance a une OP

· Si cooperative : services fournis par la cooperative.

· Participation a d autres programmes

Commercialisation

/production

· Lieux de vente, type de vente (sur pied, cash, crédit...)

· Rapports avec le client : crédit, conseils techniques, fourniture d intrants

Transformation

· Utilisation/participationa un système de transformation (moulin, guildive...), prix

119

Annexe 17 Liste des fournisseurs enquêtés

Dondon

Agri H Vert

Coopérative Agricole Vincent Ogé de Dondon (COPAGVOD)

Coopérative Agricole Caféière Gabart Levaillant (CACGAVA)

Institut de recherche et de formation pour l'orientation du

développement agricole (IRFODA)

Jesper Dorsinville

Organisation pour le développement communautaire de Brostage

(ODCOB)

Lindor Wisly

Mouvement Rural des Jeunes Professionnels Actifs (MORUJPAD)

Association des Femmes pour le développement Dondon (AFAD)

Association des Techniciens Agricoles de Dondon (ATAD)

Centre de produits et de services agricoles (CEPROSA)

Coopérative Agricole Caféière Capois la Mort (KKKLD)

Cooperative des filieres agricoles de Dondon (COPFAD)

Cooperative de Production et de Commercialisation Agricole de Dondon

(COPROCAD)

Jaden Fleri Etech

Jardin des trois rois mages

Jesper Dorsinville

Lindor Wisly - entreprise Jardin Producteur Haitien

Mouvement Rural des Jeunes ProActifs (MORUJPAD)

ODCOB (Organisation pour le Developpement Communautare de

Bostage)

Organisation pour le Developpement de Sarrazin (OPDS)

Vision verte

Organisation des Femmes de Bassin Caiman (OFBK/OFBRD)

Jacquecius Pépinière

Milot

Agendel

Agrida

AGRISOL PEPINIERE

Association des Jeunes pour le Développement de l'Agriculture (AJEPDA)

Centre Agricole pour le Développement des Paysans du Nord (CADPAN)

CEPREVA

DENA

EPRINA SA

GAELV

ISA

JARDIN DE BETHEL PEPINIERE

120

Jardin Fleuri

Jeune Entrepreneur Agricole du Nord (JEAN)

Le Fermier

Jardin La Ferriere (Mouvement Planteur Thibau MPPT)

Organisation des Paysans de Milot (OPM)

Organisation pour la terre pour la protection des bassins versants Perche

Bonnet (OPPBP)

Pepdiplan

Pepiniere Centrale du Nord (PCN)

PROCONSA MUTATION ENTREPRISE

PVN

Rassemblement Paysan Milot (RPM)

Sans Soucis Agro Entreprise

Nord-Est

AgroPam

APDB

Bel Jaden Ferrier

Beljaden G et G

Beljardinsica (Bayaha)

Bolivar Erilien

CLES - Collectif de lutte contre l exclusion sociale

Confiance en Dieu

confiance en dieu

Daddy Ferme - La valle de Berraca Ferme

Erilien Bolivar

Jaden Lakay

Jaden Peyzan

Kay ti Plante

Norvin pierrelus

Organisation Planteurs Dumas (OPD )

Saint Francois

ToutSezonBoutikAgricole

Victor Jeanty

Vincent Jocelyn

Saint Raphaël

Agroservice

AgwoLakay

Association des Irrigants de Buenabithe (AIB)

Association des Techniciens Agricoles de Saint Raphael (ATADS)

Boutique Intrants de Saint Raphael (BIAS)

Brodelin

COMAG sa

Comite Central d'Irrigation de Saint Raphael (CCISR)

Groupement d'appui a la production Agricole (GAPA)

Groupement des Professionnels Reunis (GPR)

Jardin Fleury

Jean

Jean Yves

Lakay Boutik

Mesidor

Organisation des Agriculteurs de Saint Raphael (OASR)

Organisation des Techniciens Agricoles de Saint Raphael (OTADAS)

Organisation pour le Developpement de Sanyago (OD4SS)

Saintamene

Timinouse

121

Ce tableau ne présente pas les bouviers enquêtés.

122

Annexe 18 Rappel bibliographique sur les Objectifs et le fonctionnement des programmes d'incitations - programmes vouchers

Le secteur des engrais agricoles a été un secteur largement subventionné et appuyé par les états (africains notamment) jusqu' aux années 1980. Cet appui se faisait au travers de magasins d'état ou par l'intermédiaire des grandes filières exportatrices (coton...). Ces systèmes de subventions dits « universels » réduisaient le coût des engrais pour l'ensemble de la population ou pour des productions données et en théorie sur tout le territoire national. Critiqués à cause de leur coût élevé pour l'état, leurs détournements ainsi que pour leurs effets négatifs sur le secteur privé, ces systèmes de subventions ont été arrêtés dans la plupart des pays lors des Plans d'Ajustements Structurels (PAS) des années 1980 à 1990.

A la fin des années 1990 différents gouvernements ont souhaité aider de nouveau la production agricole nationale en facilitant l'accès aux intrants. Le postulat de cet appui est que l'augmentation de la productivité agricole puis de la sécurité alimentaire est corrélée à une augmentation de l'utilisation d'engrais et de semences améliorées. Le gouvernement du Malawi a été pionnier pour le retour des subventions aux engrais en 1998 après l'arrêt d'autres programmes au début des années 1990. D'autres pays ont suivi cette stratégie jusqu'en 2008. Après les émeutes de la faim, les institutions internationales, les gouvernements et les principaux bailleurs de fonds ont décidé d'appuyer le recours aux intrants pour éviter que les productions nationales ne chutent de nouveau.

Les programmes de subvention peuvent être classés en trois catégories : des programmes de démonstration mis en place peu de temps et concernant un petit nombre de bénéficiaires, des programmes de subvention sur plusieurs années qui peuvent être ciblés, c'est à dire qu'ils visent des catégories de producteurs ou des productions agricoles choisies, ou être universels. Dans tous les cas ces programmes de subvention peuvent s'appuyer sur un système de coupons ou « vouchers » donnant l'accès aux intrants subventionnés dans des structures reliées au programme. Ce système a pour but d améliorer le suivi de la subvention, limiter les fraudes et dans certains cas favoriser le renforcement du secteur prive de vente d intrants en l incorporant dans le réseau des structures distribuant l engrais en échange des coupons.

Dans le cas des programmes de subventions dits « ciblés », la littérature parle de subventions intelligentes ou « Smart subsidies ». En plus d'avoir recours à des coupons, ces programmes se fixent des objectifs spécifiques particuliers. L'acronyme SMART renvoie à :Specific targeting, Measurable impacts, Achievable goals, Results orientation, Timely duration of implementation. Ce qui correspond à :

? Un ciblage spécifique des agriculteurs qui utilisent d'ordinaire peu d'intrants, ou un choix de

zones où l'utilisation d'engrais peut réellement contribuer à augmenter le rendement

? Etre capable de mesurer les impacts du programme au travers d'indicateurs

? Avoir des objectifs atteignables et réalistes

? Orienter le programme vers des résultats concrets

? Limiter le programme dans le temps tout en incluant une stratégie de sortie réalisable

Il y a dans ce cas un double objectif : améliorer le système de subventions en utilisant des coupons, chercher un impact spécifique sur le milieu rural et des productions agricoles en intégrant la subvention dans une stratégie plus large.

Diplôme : Ingénieur agronome

Spécialité : Développement Agricole et Rural au Sud

Spécialisation / option : Marchés, Organisation, Qualité, Services dans les Agricultures du Sud (MOQUAS)

Enseignant référent : Christian Baranger

Auteur(s) : Bruno Pech

Date de naissance* : 13/05/1991

Nb pages : 80 Annexe(s) : 18

Année de soutenance : 2015

Organisme d'accueil : Banque Interaméricaine de Développement

Adresse :

Bourdon 389

Port-au-Prince, Haiti

Maître de stage : Bruno Jacquet

Titre français : Quels sont les effets du Programme de Transfert de Technologie aux Agriculteurs sur les fournisseurs de biens et services agricoles et leur offre dans des communes du Nord et du Nord Est d'Haïti ?

Titre anglais : Which effects on agricultural goods and services suppliers does the Transfer Technology Program to smallholder's farmers have in North and North-Eastern Haïti ?

Résumé (1600 caractères maximum) :

Dans le cadre de la réforme de l'appui au secteur agricole, voulue par l'état haïtien, la Banque Interaméricaine de Développement finance le Programme de Transfert de Technologie dans les départements du Nord et du Nord Est d'Haïti (PTTA). Ce programme se base sur l'utilisation de coupons « vouchers » correspondant à des subventions adaptées à chaque agriculteur participant. En échange de ces coupons, les bénéficiaires reçoivent des biens et services agricoles auprès de fournisseurs agréés. Le but de cette étude est de comprendre si les actions menées dans le cadre du PTTA permettent de développer une offre de biens et services durable. Dans cet objectif, l'évaluation des composantes économique, technique, juridique, organisationnelle, environnementale et sociale de la durabilité permet d'analyser les contraintes au développement et proposer des actions de renforcement des fournisseurs de biens et services agricoles. En l'absence d'appui financier officiel, les fournisseurs ont recours massivement à l'usure ou à des emprunts inadaptés qui impactent fortement leurs finances et limitent leur capacité d'investissement. Pour être adaptée aux besoins des producteurs, l'offre de service doit également être renforcée techniquement. Des fournisseurs déjà présents avant le programme ont été renforcés et d'autres émergent, mais des outils sont nécessaire pour consolider l'offre de biens et services dans un objectif de durabilité. La constitution d'un fond de garantie et la mise en place d'un système d'accompagnement des fournisseurs font partie des pistes explorées.

123

Abstract (1600 caractères maximum) :

Which effects on agricultural goods and services suppliers does the Transfer Technology Program to smallholder's farmers have in North and North-Eastern Haïti ?

Agriculture is essential for the Haitian economy. Over 66% of employment in rural areas is linked with agricultural production while 59% of the rural population lives with less than 1 USD$ per day (MARNDR-PNIA, 2010). The InterAmerican Development Bank (IADB) gives support to the Haitian Agriculture Ministry (MARNDR) in order to strengthen smallholder's farmers in the North and North Earthen Departments. Through targeted subsidies on special crops and farming techniques, the «Technology Transfer to Small Farmers» program is providing non-reimbursable financial support for eligible farmers. The «smart subsidy» scheme includes the participation of the private sector involved as «agro-dealers» or «suppliers». Those agro-dealers must provide agricultural services for the program beneficiaries although being able to pursue the services delivery after the program.

The aim of this study is to assess the sustainability of agro-dealers in order to suggest enhancements during the program as well as helping IADB developing tools for medium and long-run sustainability. The assessment is implemented through an analytical framework considering various pillars of sustainability. The study shows that many agro-dealers are able to supply some goods and services subsidized by the program, but without financial and technical support, the goods and services offer risk to disappear after the project or to go back to its baseline. Most of agro-dealers use formal or informal credit with high rates in both cases and inappropriate line of credits which results in weak economic efficiency. The technical skills are linked with local technicians and suppliers need more training to add a real value to their practices.

A credit guarantee fund would be an interesting option to give credit access to agro-dealers. Moreover other tools could be implemented to ensure that the effects of the program pursue after its closure.

124

Mots-clés :

Haïti, Programme de Transfert de Technologies aux Agriculteurs, analyse de la durabilité, fournisseurs de biens et services, renforcement de l'offre de biens et services agricoles

Key Words: Agro-dealers, suppliers, agricultural goods and services, sustainability, Interamerican Development Bank, Haiti, PTTA, Technology Transfer to Small Farmers» program

* Elément qui permet d'enregistrer les notices auteurs dans le catalogue des bibliothèques universitaires






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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard