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La vulnérabilté de la commune d'arrondissement de Thiès-nord (ville de Thiès) aux inondations

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par Saturnin Bonaventure Ngathie NGOM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 2013
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE MASTER II

RESSOURCES ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT (RED)

PARCOURS : CLIMATOLOGIE

Sujet : LA VULNERABILITE DE LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE THIES-NORD (VILLE DE THIES) AUX INONDATIONS

Présenté par : Sous la direction de :

Saturnin Bonaventure Ngathie NGOM M. Jean Baptiste NDONG

Maître de conférences

Année universitaire 2012-2013

AVANT PROPOS

Les villes du Sénégal sont aujourd'hui en proie à des problèmes environnementaux que leur évolution induit dans un contexte climatique en pleine mutation. Parmi ces problèmes, les inondations occupent une place importante du fait des nombreux dégâts et dommages qu'elles créent pour les territoires urbains.

Dans un souci de comprendre le phénomène, j'ai envisagé ce travail, inscrit dans une discipline de la géographie qu'est la climatologie, afin d'apporter ma modeste contribution aux efforts scientifiques en cours. C'est ce qui justifie le sujet de ce mémoire qui s'intitule : La vulnérabilité de la commune d'arrondissement de Thiès-nord (ville de Thiès) face aux inondations.

Ce travail n'aurait pas été possible sans l'apport et le soutien de mon directeur de mémoire, monsieur Jean Baptiste NDONG. Il a conduit ce travail avec rigueur, disponibilité, compréhension. Je tiens à le remercier du fond du coeur.

Un grand merci également à Mme Ciss Jeanne Te-Moussé, secrétaire du département de géographie qui m'a beaucoup soutenu et facilité ma présence au département. Qu'elle reçoive ici mes sincères gratitudes.

Mes remerciements vont aussi à l'encontre du personnel de la Commune d'arrondissement de Thiès-nord et de la ville de Thiès qui m'ont ouvert leur porte, à Mr Gaye du service Cadastre de Thiès, à Mr Diakhaté de la commune d'arrondissement de Thiès-nord, Mr Abdoulaye Abou Ba de l'ANACIM, au doyen Diémé de l'ADT-GERT pour ses nombreuses informations et ses conseils, Mr Lô, délégué de quartier de Médina Fall, au vieux Serigne Gaye, délégué de quartier de Nguinth, à Mr Mbow, superviseur au district sanitaire de Thiès.

Je ne saurai terminer ces mots sans remercier mes parents sans qui, rien ne serait aujourd'hui. A ma mère Marie Thérèse Diouf et mon père Lucien. A mon grand frère David, mention spéciale à toi grand, à Aimé, Florence, Bernadette et Rosalie. Ce travail est le vôtre.

A ma tante, madame Ndiaye Marie Khémesse Ngom et sa famille, qui ont été sans façon. Vous m'avez reçu chez vous et m'avez mis dans les meilleures conditions de vie et de travail. Recevez ici mes sincères gratitudes.

Je ne saurais oublier madame Pouye Marie Thérèse Dioh et ses enfants particulièrement Prudence, qui m'ont accompagné dans mon cursus secondaire. Merci tata infiniment.

Je remercie également Anna Diop Thiaw, mes aînés et collègues au département de géographie notammenent Galine Yanon, Magatte Thiaw, Aliou Goudiaby, Théophile Badji, Romélie Diatta,

A mes amis de toujours, Babo, Raymond Borges, Yves Tine, Assirou, Raymond Faye, Mohamed Diouf, Pape Ndiaye, Odile Ndong, Salif Sarr, Gilles Mbaye. Merci pour vos soutiens et votre sincérité.

A tout ceux et celles qui n'ont pas vu leur nom et qui m'ont toujours soutenu, je vous dis merci.

LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS

ACMAD: African Center of Meteorological Applications for Development

ANACIM : Agence Nationale de l'Aviation Civile et de la Météorologie du Sénégal

ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

BPIT : Basses Pressions Intertropicales

CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques

CSE : Centre de Suivi Ecologique

DPC : Direction de la Protection Civile

EAA : Eau et Assainissement pour l'Afrique

EM: Equateur Météorologique

ENDA : Environmental, Development Actions

GES : Gaz à Effet de Serre

GIEC : Groupe Intergouvernemental des experts sur l'Evolution du Climat

GRC : Gestion des Risques et Catastrophes

HPT : Hautes Pressions Tropicales

IFAN: Institut Fondamental d'Afrique Noire

IREF/Thiès : Inspection Régionale des Eaux et Forêts de Thiès

JEAN : Jet d'Est Africain Nord

JET : Jet d'Est Tropical

OMM : Organisation Météorologique Mondiale

ONAS: Office National de l'Assainissement du Sénégal

PAER/THIES: Plan d'Action Environnemental Régional de Thiès

PANA : Plan National d'Adaptation aux changements climatiques

PAPI : Programme d'Action Prioritaire de Prévention des Inondations

PNAT : Plan National d'Aménagement du Territoire

PIGB : Programme International Géosphère Biosphère

PMRC : Programme Mondial de Recherche sur le Climat

RN : Route Nationale

SIG-P : Système d'Information Géographique Participatif

SPI: Standardized Precipitations Index

STEP: Station d'Epuration

UNACOOP: Union Nationale des Coopératives d'habitat

VCN : Voie de Contournement Nord

ZAC : Zone d'Aménagement Concerté

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 11

I/ PROBLEMATIQUE 13

II/ METHODOLOGIE 19

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE THIES-NORD 22

CHAPITRE I : SITE ET SITUATION 24

CHAPITRE II : LE CADRE CLIMATIQUE 30

CHAPITRE III : LA POPULATION ET LA MORPHOLOGIE URBAINE 47

DEUXIEME PARTIE : LA VULNERABILITE URBAINE FACE AUX INONDATIONS 53

CHAPITRE I : L'ALEA CLIMATIQUE 55

CHAPITRE II : LA VULNERABILITE BIOPHYSIQUE 64

CHAPITRE III : LA VULNERABILITE URBAINE 71

TROISIEME PARTIE : LA GESTION DU RISQUE D'INONDATION 86

CHAPITRE I : LA GESTION INSTITUTIONNELLE DU RISQUE D'INONDATION ET LES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION 88

CHAPITRE II : LES CONTRAINTES DANS LA GESTION DU RISQUE D'INONDATION A THIES-NORD 97

CONCLUSION GENERALE 103

INTRODUCTION GENERALE

Le changement climatique a fini de placer les villes au coeur des préoccupations environnementales et socio-économiques. Il suscite de nombreuses réflexions en termes de gestion des risques et des stratégies d'adaptation surtout dans les villes des pays en développement. Cela nécessite certes de renforcer les connaissances sur les aléas relatifs au climat, mais aussi et surtout de comprendre la vulnérabilité des milieux urbains, ce qui implique une approche pluridisciplinaire.

La dégradation du cadre de vie de beaucoup de citadins de ces pays est la résultante d'un contexte climatique instable caractérisé par une variabilité pluviométrique forte et une recrudescence des événements pluvieux, mais aussi d'un aménagement précaire lié à des insuffisances dans la gestion de l'urbanisation.

En effet, zone stratégique de par sa situation géographique, la commune d'arrondissement de Thiès-nord se développe d'une manière exponentielle. Ce développement sur un site relativement exposé suit lentement les logiques d'aménagement urbain qui veulent que la planification précède l'occupation du sol. En plus, la dégradation de tout un ensemble socio-naturel de la ville de Thiès que subit la commune d'arrondissement montre bien le retard dans la quête d'une urbanisation durable.

Ainsi la commune d'arrondissement est affectée de plus en plus par des inondations qui résultent des insuffisances dans la gestion des eaux pluviales à un moment où les contraintes climatiques et le cadre physique sont sensibles. Même si la zone dispose de réseaux d'assainissement pluvial, leur mauvais fonctionnement et l'insuffisance de politiques urbaines cohérentes constituent des facteurs aggravants du risque d'inondation.

Aujourd'hui comme pour le futur, il devient impérieux d'anticiper le changement climatique à travers l'intégration de la dimension risque dans les politiques urbaines, eu égard aux conditions d'évolution des sociétés et du climat et celui-ci pourrait passer par une compréhension de la vulnérabilité de la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

L'ambition étant de participer à l'avancée de la recherche scientifique sur les inondations au Sénégal, ce mémoire constitue une esquisse dans l'analyse de ce phénomène, qui gagne de plus en plus de terrain. Il s'articule autour de trois parties. La première fait la présentation de la commune d'arrondissement de Thiès-nord. La détermination de la vulnérabilité face aux inondations constituera la deuxième partie de ce travail. La dernière partie s'intéressera à l'analyse de la gestion du risque.

I/PROBLEMATIQUE

1.1/ Contexte

Le changement climatique, constitue l'un des problèmes les plus actuels de la planète. Il pose de nombreux défis aux communautés humaines en quête du développement durable.

Le changement climatique serait la conséquence du réchauffement de la Terre lié à l'augmentation de la concentration de Gaz à Effet de Serre (GES) dans l'atmosphère (GIEC1(*), 2007), dont l'origine serait anthropique. Selon la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), les GES additionnels constituent la cause première du changement climatique. A ce facteur, il faut ajouter la variabilité naturelle du climat liée aux paramètres orbitaux et à l'activité solaire.

En Afrique de l'Ouest, il est marqué par une  forte variabilité pluviométrique ponctuée par une recrudescence des événements météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations. 

Ces événements extrêmes parmi lesquels, les inondations, semblent être désastreux pour des communautés urbaines dépourvues de solutions durables de lutte contre ces phénomènes (Gaye, 2009). Les populations pauvres de cette contrée sont les plus touchées. Pour la seule année 2012, 2,2 millions de personnes ont été affectées par les inondations2(*).

La configuration socio-spatiale des villes ouest africaines notamment la croissance démographique, l'urbanisation et la gestion urbaine constituent des facteurs aggravants de la vulnérabilité de ces zones urbaines. A cette dynamique se greffe une faible perception du risque liée à l'insuffisance d'informations environnementales.

Les territoires urbains sembleraient aujourd'hui très exposés au changement climatique en Afrique de l'ouest dont la dynamique urbaine est l'une des plus importantes au monde.

Ces différents problèmes induits par le changement climatique touchent le Sénégal, si l'on sait que les villes ouest africaines gardent des caractéristiques assez similaires pour leur urbanisation et leurs structures socio-économiques.

Les inondations se manifestent de plus en plus dans les villes sénégalaises et elles coïncident avec un  retour sporadique  des pluies, notées ces dernières années. Elles ont affecté des villes comme Dakar depuis 2005, Kaolack en 2009, Thiès en 2007 et en 2011.

Ces dix dernières années ont été marquées par une recrudescence de ce phénomène qui affecte les villes du littoral et récemment les villes continentales du pays. Elles ont causé rien que pour l'année 2012, 16 morts au Sénégal3(*) sans compter les nombreuses plaies qu'elles laissent à des sociétés urbaines fragiles.

La tendance pluviométrique observée ces dernières années et qui est concomitante à la longue baisse de la pluviométrie entamée depuis 1970, trouve une situation socio-économique des villes, caractérisée par des sites très sensibles aux eaux, une mal gouvernance et une croissance urbaine sans précédent.

Cette configuration urbaine traduit des niveaux d'exposition aux risques d'inondation des milieux urbains sénégalais, urbanisés dans un contexte de baisse de la pluviométrie et qui, aujourd'hui doivent résister au « retour des pluies » de ces dernières années. Les villes du Sénégal subissent les inondations qui de nos jours semblent épouser les contours d'une récurrence (Thiam, 2011).

Peut-on lier ces inondations à cette tendance pluviométrique ?

Le mode d'aménagement de ces espaces urbains n'a-t-il pas également favorisé leurs inondations ?

Parmi ces espaces urbains, notre étude porte sur celle de la commune d'arrondissement de Thiès-Nord dans la ville de Thiès, qui est une ville continentale et dont l'urbanisation prend des proportions inquiétantes dans un contexte de variabilité pluviométrique importante. Le développement urbain de Thiès sur ce site sensible et la croissance démographique qui s'ajoute à des capacités d'adaptation faibles présentent un enjeu majeur du changement climatique à travers l'exposition des systèmes naturels et socio-économiques aux inondations.

1.2/ Justification

Les pluies diluviennes qui se sont abattues dans la ville de Thiès durant le mois d'août 2012 ont provoqué des inondations importantes dans la commune d'arrondissement de Thiès-Nord. Cette même situation a été observée en août 2011 où 53 mm enregistrés le 02 août, ont provoqué des sinistres importants et touché plus de 150 familles (Thiès info, 2011), notamment dans les quartiers de la commune d'arrondissement situés dans des zones basses comme à Nguinth et Médina Fall. Ces pluies importantes qui succèdent aujourd'hui aux épisodes secs que connaissait la zone (Gueye, 2006), interviennent dans un contexte urbain très précaire à l'instar de beaucoup d'autres milieux urbains du pays.

Ces évènements pluvieux accompagnent un contexte pluviométrique marqué par des années de plus en plus humides mais trouvent une commune d'arrondissement qui fait face à une dynamique urbaine très importante comme la ville de Thiès de manière générale. Cette tendance urbaine expose la zone aux inondations car il faut reconnaître que « le milieu urbain majore très souvent les risques climatiques liés à des types de temps exceptionnels » (Besancenot, 1997).

Ainsi la vulnérabilité de la commune d'arrondissement de Thiès-Nord aux inondations semblerait augmenter du fait de la croissance démographique, d'une urbanisation rapide et mal contrôlée, un système d'assainissement faible (Fall et Gaye, 2009) et une absence de perception des aléas climatiques par les populations.

Ces caractéristiques s'ajoutent à un site de la commune d'arrondissement relativement exposé et affecté en amont par une dégradation sans précédent de la couverture végétale qui servait de frein à l'effet cinétique des eaux de ruissellement (PAER, 2007)4(*).

Le risque d'inondation ne pourrait être uniquement envisagé sous l'angle d'évènements pluvieux observés dans la zone, mais serait surtout déterminé par sa configuration socio-spatiale. Car l'ampleur d'un événement climatique est fonction des sociétés et de leur mode d'organisation (Lamarre et Pagney, 1999).

Ainsi se justifie le cadre choisi et le thème de notre étude car la compréhension des enjeux du changement climatique passe par la connaissance de la vulnérabilité qui constitue « une composante déterminante du risque qu'il soit naturel ou d'origine anthropique » (Sané et al, 2011).

1.3/ Objectifs et hypothèses de l'étude

Pour réaliser ce travail de recherche, nous nous sommes fixés des objectifs clairs et précis et des hypothèses qui nous permettront de mieux aborder la question de recherche.

1.3.1/ Objectif général

L'objectif général de cette étude consiste à la caractérisation de la vulnérabilité de la commune d'arrondissement de Thiès-nord face aux inondations.

1.3.2/ Objectifs spécifiques

Pour répondre à cet objectif général, nous nous sommes fixés des objectifs spécifiques qui s'articulent autour de trois axes :

-Le premier consiste à déterminer les aléas climatiques à travers l'analyse de la variabilité pluviométrique.

-Le deuxième objectif consiste à identifier des facteurs d'exposition aux inondations dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord

- Le dernier objectif est d'analyser la gestion du risque d'inondation pour l'aide à la décision.

1.3.3 Hypothèses

Pour atteindre ces objectifs de recherche, nous avons envisagé des hypothèses sur lesquelles ce travail repose. De là nous supposons en premier lieu que :

-l'évolution du climat à Thiès-nord est caractérisée par la variabilité pluviométrique et un retour des pluies excédentaires.

- la dynamique urbaine augmente sa vulnérabilité aux inondations

-la gestion efficace du risque d'inondation permet d'anticiper et de résister au changement climatique.

1-4/ Le cadre conceptuel

Après la définition de ces objectifs, nous avons essayé une élucidation conceptuelle afin de bien déterminer le cadre théorique de notre travail. Le choix des concepts n'est pas anodin et répond à l'objectif de notre travail même si d'autres concepts peuvent trouver leur pertinence dans ce cadre, mais nous nous efforcerons au cours de notre propos d'apporter des éclairages nécessaires.

Changement climatique

Ce concept est analysé selon la définition du GIEC, c'est-à-dire comme « toute évolution du climat qui se caractérise par une modification significative de la moyenne et /ou variabilité de ses propriétés pendant des décennies5(*) ». Cette définition semblerait plus large car elle englobe les modifications du climat dues à la variabilité naturelle et aux activités anthropiques. La responsabilité de l'homme dans le changement climatique a généré des inquiétudes au plan international. Cela a suscité la mise en place à Rio de Janeiro au Brésil, d'une convention dite du climat ratifiée par 159 pays et qui a trouvé son prolongement dans le Protocole de Kyoto en 1997.

Pour (Arlery et al, 1973), en citant l'OMM, le changement climatique est un terme général qui englobe « toutes les formes d'inconstances climatiques quelle que soit leur nature statistique ». A l'échelle du Sahel (notre zone d'étude y comprise), on peut parler de changement climatique car la modification des précipitations ne peut pas être comparée à « une crise passagère et limitée dans l'espace » (Leroux, 2000) mais s'inscrit dans le cadre d'un « réel » changement.

Risque

Le risque est synonyme de danger dans sa conception commune. Mais cette définition peut paraitre un peu réductrice car le risque est envisagé dès lors que sous l'aspect d'un danger qui survient. Dans la discipline climatologique, le concept de risque pourrait contenir une double idée, celle de danger et d'exposition au danger (Vigneau, 2000).

Autrement dit, le risque constitue une jonction entre la survenue d'un phénomène, par exemple les fortes pluies, les cyclones tropicaux, les vagues de chaleur, et la manière dont les systèmes socio-naturels font face à ses phénomènes. Il se définit dans cette équation ci-dessous : RISQUE = ALEA + VULNERABILITE

Aléa

Le terme signifie la « probabilité d'occurrence d'un phénomène susceptible d'entrainer des dommages »6(*). En d'autres termes, il représente un potentiel pour un événement de se produire et ayant des conséquences qui peuvent être négatives. Le terme aléa renvoie pour cette étude aux modifications notées sur le climat et qui sont susceptibles de déclencher un danger, mais ne représente pas réellement le risque.

Vulnérabilité

Le terme de vulnérabilité peut être défini comme une fragilité aux agressions de l'extérieur. Une fragilité qui peut être liée à certaines caractéristiques ou circonstances qui rendent un système susceptible de subir l'effet d'un danger. Elle est corollaire au type d'aléa, à son intensité et à la nature des enjeux (maison, usine, population, établissement humain...) en question.

Le GIEC définit en revanche, la vulnérabilité comme un niveau selon lequel « un système est susceptible ou incapable de faire face au changement climatique », Autrement dit, elle est fonction de l'exposition et de la sensibilité des systèmes aux effets de l'aléa mais aussi la capacité d'y faire face (GIEC, ibid).

Inondation

Une inondation peut être définie comme un envahissement des lieux habituellement émergés par l'eau. Elle peut résulter de facteurs géomorphologiques, hydrologiques, climatologiques, anthropiques et dépend, dans une certaine mesure, du contexte spatial, (Wallez, 2010), défini dans notre étude comme la ville, et des dispositions des populations, comprenons ici la dynamique urbaine.

Il existe plusieurs types d'inondation :

Elles peuvent être liées à un débordement d'un cours d'eau de son lit mineur pour occuper le lit majeur.

Elles peuvent aussi être le résultat d'une accumulation d'eau ruisselée au cours ou après une averse, quand il y a incapacité d'infiltration ou un faible système d'évacuation des eaux. C'est ce type d'inondation qu'on voit souvent en milieu urbain et qui est évoqué dans ce travail.

II/ METHODOLOGIE

La plupart des approches de la vulnérabilité consiste à évaluer avec des matrices, les éléments exposés et sensibles aux risques. Dans ce travail, nous envisageons une approche moins quantitative mais assez complémentaire en analysant de manière qualitative les facteurs de vulnérabilité de la commune d'arrondissement de Thiès-nord aux inondations. Autrement dit, il s'agit de déterminer une co-occurrence entre un aléa et la vulnérabilité d'un lieu donné.

Ainsi nous avons adopté une méthodologie qui tourne autour de trois axes. Il s'agit de la revue documentaire, de la collecte des données et de l'analyse des données.

2-1/ La revue documentaire

La connaissance du thème et de la zone d'étude passe nécessairement par une revue documentaire. Cette approche méthodologique nous a permis d'envisager une analyse critique et une synthèse de l'état de la question.

Elle nous a conduit dans différents centres de recherche et structures universitaires tels que la bibliothèque centrale de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, celle du département de Géographie de la dite université, Enda Tiers-monde, IFAN, le Centre de Suivi Ecologique (CSE),

Dans ces structures, nous avons consulté des ouvrages généraux, spécifiques, des thèses et des mémoires et aussi certaines revues.

Nous avons également beaucoup utilisé l'internet, outil indispensable de nos jours dans la recherche scientifique, car cela nous a beaucoup facilité l'accès à certaines publications.

2-2/ La collecte des données

Cette phase correspond à notre contact avec le terrain. Elle nous a permis de recueillir des informations essentielles sur notre zone d'étude. Elle s'est faite en deux parties :

La première partie nous a menés dans plusieurs structures pour obtenir les données de cette étude.

Les données climatiques utilisées sont issues de l'Agence Nationale de l'Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM). Elles concernent les vents, l'insolation, les températures, l'humidité relative et la pluviométrie.

Celles relatives à la démographie et à l'évolution socio-économique sont tirées de différentes structures telles que l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), la commune d'arrondissement de Thiès-nord, la Ville de Thiès et les autres services déconcentrés de la ville de Thiès.

La deuxième partie s'est faite en trois étapes :

-Une première qui a consisté à une enquête auprès des ménages. C'est une enquête ciblée qui ne concerne que les ménages affectés par les inondations que nous avons répertoriés dans la zone. Elle est orientée sur la perception du changement climatique par les populations sinistrées dans la commune d'arrondissement.

L'échantillon porte sur un effectif de 69 ménages répartis entre les quartiers de Nguinth, de Médina Fall, de Keur Mame El Hadj et de Thialy. Sur les 69 ménages ciblés, 76,8% ont été effectivement enquêtés (Tableau 1).

Tableau 1: Echantillonnage pour les enquêtes par quartier

Localité

Quartiers

Nombre de ménages ciblés

Nombre de ménages enquêtés

 

 

Thiès-nord

 

 

 

Nguinth

30

 

27

 

Médina Fall

17

 

13

 

Thialy

12

 

8

 

K.M.El Hadj

10

 

5

 

Total

69

 

53

 

Fréquence

100%

 

76,80%

 

Source : S.B.NGOM, 2013

Les autres ménages restants soit 23,2% ont refusé l'enquête pour plusieurs raisons que nous avons comprises.

-Ensuite il a été procédé à l'élaboration d'un guide d'entretien pour interroger des personnes ressources de la ville de Thiès et de la commune d'arrondissement de Thiès-nord. Cette étape nous a permis d'obtenir un certain nombre d'informations pour cette étude.

-La dernière étape s'est réalisée à travers des visites sur le site de la zone d'étude. Elles ont principalement ciblé les quartiers inondés dans la zone d'étude. Nous les avons effectuées à l'aide d'un appareil numérique qui nous a permis d'obtenir des informations plus claires pour illustrer nos propos. Les observations qui y ont été faites nous ont permis de compléter notre analyse.

Ces différentes phases ont été déterminantes dans l'étude car elles nous ont permis d'avoir des informations assez fournies et illustrées.

2-3/ L'analyse des données

Cette partie sera consacrée au traitement et à l'analyse des données acquises lors de notre travail de terrain. Elle a été réalisée grâce à divers logiciels de traitement et d'analyse de données.

Les différentes cartes présentées dans ce travail sont élaborées avec le logiciel Arc Gis version 9.3.

Nous avons utilisé Excel pour le traitement des informations climatologiques, socio-démographiques et l'élaboration de graphiques et tableaux.

Le logiciel Sphinx Plus² nous a servi pour le dépouillement des informations obtenues lors de nos enquêtes.

La démarche adoptée dans cette étude consiste en une approche intégrée de la vulnérabilité axée sur le critère d'exposition. Cette approche met en relation la ville de Thiès et la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

L'objectif visé à travers cette approche est de fournir une aide à la décision aussi bien pour les pouvoirs publics que pour les acteurs locaux. S'il est vrai qu'il y a des outils qui permettent de quantifier la vulnérabilité et ses indicateurs, ils n'ont pas été utilisés ici. Toutefois, l'approche qualitative peut permettre de mettre à la disposition des décideurs, des éléments assez fournis pour les politiques et les stratégies de gestion du risque.

PREMIERE PARTIE: PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

La commune d'arrondissement de Thiès-nord a été créée en 2008 par le Décret numéro 2008-1344 du 20 novembre 20087(*) portant sur le découpage administratif du Sénégal. Elle constitue avec la commune d'arrondissement de Thiès-ouest et Thiès-est, les trois collectivités locales qui composent la ville de Thiès.

Cette dernière située à 70 km de Dakar, la capitale du Sénégal et à moins de 50 km de la commune de Mbour, constitue le chef-lieu de la région de Thiès. Elle s'étire sur une superficie de 6882 hectares. Sa partie nord est constituée par la commune d'arrondissement de Thiès-nord qui constitue la deuxième collectivité la plus peuplée après celle de Thiès-est.

La commune d'arrondissement de Thiès-nord constituée par les quartiers de ce qui était considéré jadis comme la zone nord de la commune de Thiès, est limitée au nord par la communauté rurale de Fandène, au Sud par la commune d'arrondissement de Thiès ouest et celle de Thiès-est, à l'ouest par la Voie de Contournement Nord (VCN) et à l'est par Thiès-est.

Dans le souci d'étayer nos propos, nous allons définir le cadre de l'étude au travers d'une présentation de la zone.

D'abord, nous allons déterminer le cadre physique de la commune d'arrondissement de Thiès-nord en étudiant le site de la zone et sa situation.

Ensuite il s'agira d'étudier le climat de la ville de Thiès qui nous permettra de comprendre la dynamique et les paramètres climatiques de la zone.

Enfin, nous tenterons de déterminer une géographie humaine de la commune d'arrondissement de Thiès-nord au travers d'une étude de sa population et de la morphologie urbaine.

Chapitre 1 : SITE ET SITUATION DE THIES-NORD

1-1 Le relief et la morphologie de Thiès-nord

La ville de Thiès appartient à l'ensemble géologique constitué par le bassin sédimentaire Sénégalo-mauritanien. Son relief est marqué par le Plateau de Thiès, sur lequel est érigée la ville.

Ce Plateau d'une altitude d'environ 130 m repose sur un substrat composé de dépôts du crétacé et du Tertiaire (PAER, 2007). Il s'incline en direction du centre du pays décrivant une étroite échancrure dite du « Ravin des voleurs » dont la ville se trouve dans son prolongement vers l'est.

Figure 1: Modèle numérique de terrain de la ville de Thiès (Source, ONAS)

La ville est dans l'ensemble plate avec une altitude moyenne qui varie entre 40 m et 80 m (Figure 1). Les altitudes maximales s'observent dans la partie Sud et Ouest de la ville. Cette zone s'étire vers les pentes maximales du plateau et font de la ville une zone de déversoir des eaux de ruissellement du plateau. Les parties les plus basses de la ville sont situées au nord et à l'est de la ville.

Le plateau de Thiès repose sur un substrat composé de dépôts du crétacé et du Tertiaire avec la présence de marne et de calcaire, Il est par endroit composé de couches phosphatées dans la partie ouest de la ville. On note la présence d'alumine sur une partie de ces couches formant des cuirasses blanchâtres. Ces cuirasses compactes sont couvertes par endroit par des cuirasses ferrugineuses.

La commune d'arrondissement de Thiès-nord, localisée au nord de la ville, est située dans la partie basse, au coeur de la cuvette décrite sur le plateau de Thiès.

L'unité morphologique caractéristique de cette zone est la dépression qui prolonge la ville vers Fandène.

En effet, cette dépression résulte de l'inclinaison du plateau en direction du centre du pays. Elle est formée par une cuvette orientée Sud-ouest, nord-est et constituée d'un épais manteau de sable qui masque l'affleurement de la marne et du calcaire observé sur le plateau. C'est une zone de transition car s'inscrivant dans une discontinuité morphologique et pédologique (Pélissier, 2008) entre les élévations de l'ouest du pays et les zones basses du centre occupées par la région naturelle du Bassin arachidier.

D'ailleurs la distribution géographique des collectivités locales inscrit cette zone dans le centre-ouest du pays. On retrouve dans cette partie nord de la ville des faciès fortement influencés par le contraste topographique.

Aux formations sableuses du Bassin arachidier s'ajoutent des formations argileuses et des sols compacts et durs « en raison de la présence, en surface, de calcaire et de marne »8(*).

Cette configuration topographique et morphologique de la commune d'arrondissement de Thiès-nord demeure essentielle à prendre en compte dans les aménagements eu égard à sa fragilité face aux pluies.

1-2 La pédologie

De manière générale, les types de sols que l'on rencontre dans notre zone d'étude sont ceux observés dans la ville de Thiès (Figure 2). La commune d'arrondissement de Thiès-nord est caractérisée par les sols de type ferrugineux tropicaux qui se répartissent en sols « diors», sols decks et les sols de bas-fond.

Figure 2: Situation pédologique de Thiès (Source CSE, 2013)

Les sols ferrugineux tropicaux lessivés constituent 70% des sols de la région (PAER, 2007). On les rencontre sur une bonne partie de la zone d'étude. Ces sols sont élaborés à partir des sables quartzeux du Quaternaire. Ils sont de textures grossières, sablonneuses et pauvres en matières organiques. On les rencontre presque partout dans la zone Ces sols sont favorables à l'agriculture, leur texture sablonneuse les rend «  meubles et perméables mais instable ce qui les rend fragiles et limite leur capacité de rétention en eau » (Pélissier, 2008).

Nous avons les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés à texture argilo-sablonneuse appelés sols « decks » et « deck-diors ». Ce sont des sols limono-argileux, voire argileux, assez souvent hydromorphes. On les rencontre dans les bas-fonds et les zones de réceptacle des eaux de ruissellements du plateau. Ces sols sont plus compacts et plus imperméables que les précédents et leur teneur en argiles importante en fonction de la situation topographique.

Ces sols caractéristiques du bassin-versant de Fandène sont très présents dans notre zone d'étude. Ils sont favorables à l'arboriculture fruitière et au maraîchage, leur localisation à Nguinth explique aisément la présence dans ce quartier de la Maison Horticole. Ces sols sont sensibles aux inondations.

1-3 Le réseau hydrographique

Nous ne tentons pas de faire une étude exhaustive de l'hydrologie de Thiès-nord et en général de la ville, celle-ci ayant déjà fait l'objet de travaux (Sylla, 2004 ; Ba, 2006). Toutefois, il nous paraît important pour toute étude sur les inondations de montrer quelques grands traits qui méritent notre attention dans un contexte de modification du climat.

La ville de Thiès est située dans la deuxième zone d'influence directe du Plateau de Thiès constituée par le bassin versant de Fandène. En effet, la ville constitue l'aval-pendage de la cuesta qui porte le même nom.

Le réseau hydrographique s'organise à partir du plateau comme dans l'ensemble du réseau hydrographique de la région. Il est actuellement pauvre et dépourvu de ressources superficielles. On ne rencontre presque plus de cours d'eau à l'exception de certains marigots qui ont tendance à «  régresser suite aux baisses de la pluviométrie depuis 1972 »9(*).

En saison des pluies, le ruissellement sur les pentes du plateau, situé à l'ouest et au Sud de la ville, se dirige vers la partie nord qui prolonge la cuvette de Thiès vers la dépression de Fandène. La commune d'arrondissement est marquée par un écoulement qui ne se manifeste qu'en saison des pluies et qui peut être souvent très important occasionnant ainsi des inondations.

Du point de vue hydrogéologique, notre zone est constituée par deux grands systèmes aquifères composés du système aquifère profond et celui dit intermédiaire (CSE, 2010).

Le système aquifère profond est marqué à Thiès par la nappe des sables aquifères du Maestrichtien et une nappe importante au niveau des bassins sédimentaires10(*). Sa profondeur varie de 100 à 400 m et connait par endroit des remontées vers la surface.

Le système aquifère intermédiaire qui est caractérisé par les nappes du réseau calcaire de l'Eocène, moins importantes, sont exploitées par des puits. Les profondeurs varient de 20 à 50 m.

En somme il faut dire que les caractéristiques physiques des milieux urbains sont souvent mal connues ou du moins ne font pas souvent l'objet d'étude assez profonde. Pourtant ils le nécessitent car les sites urbains hébergent des populations et des activités qui influencent le relief, les sols, le réseau hydrographique posant souvent des dysfonctionnements dans l'aménagement urbain.

1-4 La situation : un atout pour la commune d'arrondissement de Thiès-nord

La situation géographique de Thiès-nord au niveau national et local constitue un enjeu urbain très important dans un contexte d'urbanisation de tout un ensemble allant de Dakar à Thiès avec la construction de l'aéroport de Diass et l'autoroute à péage Dakar-Thiès-Touba.

Au niveau national, la commune d'arrondissement est traversée par la Route Nationale 2 (RN2) (Figure 3) qui ouvre le pays vers le nord et constitue un relais important de la migration vers Dakar, la capitale du Sénégal. La construction de la Voie de Contournement Nord (VCN) a beaucoup participé au désenclavement de la zone et augmenté les opportunités des échanges entre populations autochtones et passagers des routes.

Par ailleurs, la construction de l'aéroport de Diass et de l'autoroute à péage induira certainement des fonctions urbaines nouvelles pour cette zone très stratégique dans la mobilité au Sénégal.

Figure 3: Localisation de la commune d'arrondissement de Thiès-nord

A l'échelle locale, la commune d'arrondissement de Thiès-nord est très liée à la communauté rurale de Fandène. Cette proximité spatiale a beaucoup participé à la migration de beaucoup de ruraux dans la zone de Thiès, surtout au niveau de notre zone d'étude.

Elle est aussi à l'origine des liens culturels entre ces communautés urbaines et leurs soeurs rurales. Cela est d'autant plus vrai qu'au cours de notre travail de terrain, nous avons observé que certains ménages gardent les modes de vies épousés ou hérités du monde rural. C'est le cas dans certains quartiers comme Thialy, Nguinth et certains quartiers rattachés récemment à la commune d'arrondissement. On peut citer entre autres, Pognène, Keur Issa, Diassap.

Cependant, cet atout spatial semble de nos jours pris en otage par des rivalités dues au foncier et aux limites communales. L'étirement de la commune d'arrondissement, au détriment de ces communautés rurales, crée souvent des conflits d'usage de la terre particulièrement avec celle de Fandène.

Chapitre 2 : LE CADRE CLIMATIQUE

La ville de Thiès appartient au domaine soudano-sahélien, domaine climatique appartenant à la zone tropicale, qui « caractérise la zone Centre-Ouest du Sénégal »11(*). Son régime climatique est déterminé comme dans toute l'Afrique de l'Ouest par le régime des précipitations.

L'étude du climat d'une zone reviendrait à l'analyser en termes d'apport et de réponse. Le premier s'appuie sur l'analyse de la circulation atmosphérique et le second sur les éléments mesurables du climat et résultant du jeu des facteurs du premier.

Nous allons déterminer, dans un premier temps, la dynamique aérologique qui régit l'évolution du temps dans notre zone d'étude à travers l'étude de la circulation atmosphérique tropicale, les discontinuités qui interrompent cette circulation et les phénomènes qui la perturbent. Dans un second temps, nous allons étudier les caractères moyens du climat de Thiès.

2-1/ La circulation atmosphérique tropicale

La zone tropicale, dans laquelle s'intègre la ville de Thiès, constitue la zone limitée, du point de vue climatologique, par les Hautes Pressions Tropicales (HPT) qui enserrent les Basses Pressions Intertropicales (BPIT) situées près de l'équateur. Ces individus isobariques forment une double ceinture de hautes pressions située de part et d'autre de l'équateur et localisée vers 30° de latitude nord et sud. Dans ce cadre aérologique, on distingue deux types de circulation. Une circulation en surface et une circulation en altitude.

2-1-1/ La circulation en surface

La circulation en surface est contrôlée par l'anticyclone des Açores, l'anticyclone Saharo-libyen dans l'hémisphère nord et l'anticyclone de Sainte-Hélène dans l'hémisphère sud. Cette circulation connaît des variations saisonnières et se caractérise par l'existence de deux flux, l'alizé et la mousson (Figure 4).

2-1-1-1/ L'alizé

L'alizé est le nom donné au flux issu des hautes pressions tropicales et qui se dirige vers l'équateur, un flux dont la force de Coriolis imprime une composante est (Le Borgne, 1988). Il est entièrement compris dans un hémisphère, donc ne traverse pas l'équateur géographique.

La circulation d'alizé dans notre zone d'étude s'effectue en période hivernale qui coïncide avec la saison sèche. Elle est contrôlée comme dans toute l'Afrique de l'ouest par l'anticyclone des Açores localisé dans l'océan Atlantique et l'anticyclone Saharo-libyen. L'alizé se caractérise par sa vitesse, sa direction, son épaisseur et sa trajectoire.

La vitesse de l'alizé dépend de la puissance de l'anticyclone qui lui a donné naissance. Elle dépend aussi de la saison. Les vitesses sont plus fortes en hiver en raison du renforcement des hautes pressions tropicales.

Sa direction est variable et dépend de la position des cellules qui le dirigent. La direction dominante est de nord-est dans la ville de Thiès. Son épaisseur varie en fonction de la saison, de la latitude et de l'inclinaison de l'axe vertical des cellules12(*).

En fonction de sa trajectoire, nous avons :

- L'alizé maritime de direction nord et venant de l'océan. Il couvre le plus d'espace tropical en raison de l'extension des surfaces maritimes et aussi de la permanence des agglutinations anticycloniques. Il est émis par l'anticyclone des Açores et pénètre progressivement à l'intérieur du continent. Vers la ville de Thiès, il perd ses caractères.

En effet, lorsque l'alizé maritime pénètre à l'intérieur des terres, il perd ses caractères hygrométriques de départ et épouse ceux de sa trajectoire. Au niveau de la ville de Thiès, il devient un alizé maritime stable (Sylla, 2004) du fait de la situation de la ville et est dominé par la subsidence, ce qui le rend inapte à générer des précipitations. La ville de Thiès reçoit peu l'influence de l'alizé maritime qui intéresse plutôt la partie nord-ouest de la région qui porte le même nom.

-L'alizé continental est issu de la cellule Saharo-libyenne et est caractérisé par ses températures élevées. Son influence est très marquée dans la ville et il est à l'origine des fortes températures observées dans la ville en saison sèche. Il est nommé harmattan, vent chaud et sec qui transporte souvent des particules de sables et de poussières en raison de sa trajectoire continentale, d'où l'appellation de « brume sèche ».

Figure 4: Circulation moyenne en surface en Afrique de l'ouest (Source : Sagna, 2011)

2-1-1-2/ La mousson

Le mot mousson vient de l'arabe maussin qui signifie « saison ». Sa circulation n'existe pas partout dans le globe mais une bonne partie de la population mondiale vit sous son influence.

C'est un flux issu d'un hémisphère et qui s'intègre dans la circulation de l'autre hémisphère. Il s'inscrit dans une déclivité transéquatoriale et peut être associée à une différence de pressions entre un anticyclone dans un hémisphère et une dépression thermique dans l'autre.

Dans le cas de la mousson africaine, cette configuration oppose l'anticyclone de Sainte-Hélène dans l'Atlantique Sud à la dépression saharienne (Leroux, 1983). Cette dernière fait appel à l'alizé austral issu de l'anticyclone de Sainte-Hélène et circulant dans l'océan voisin.

Ce flux traverse l'équateur géographique et la force de Coriolis lui imprime une composante ouest13(*). Elle constitue le prolongement, dans l'hémisphère nord, de l'alizé austral.

La mousson se caractérise par ses apports en termes de potentiel d'eau précipitable. C'est le cas au niveau du continent africain où en raison de l'attraction de la dépression thermique centrée sur le Sahara, la mousson atteint sa plus grande extension avec pour effet de transférer l'humidité océanique d'origine lointaine vers l'intérieur du continent.

La mousson intéresse la ville de Thiès à partir du mois de juin, mois où le Front Intertropical (FIT) a atteint le nord du Sénégal. C'est la période où la ville enregistre ses premières pluies.

La mousson est le flux qui apporte l'essentiel du potentiel d'eau précipitable dans notre zone d'étude et la variabilité qui la caractérise constitue un enjeu important pour l'ensemble de l'Afrique de l'ouest, ce qui d'ailleurs justifie l'importance qui lui est accordée aussi bien par le monde scientifique que par la sphère socio-économique.

2-1-2/ La circulation en altitude

Cette circulation est caractérisée par l'existence de jets qui sont des noyaux de vents d'est forts. Il s'agit du Jet d'Est Tropical (J.E.T) et du Jet d'Est Africain Nord (J.E.A.N).

Le J.E.T est localisé dans la haute troposphère, il peut être compris entre les longitudes 120° E et 10-15° W, ce qui fait qu'il peut intéresser une partie importante du globe. Il peut être lié à des « anomalies de températures » et son énergie est tirée de la chaleur latente emmagasinée par la vapeur d'eau de la mousson et libérée en altitude par convection. Ce flux revêt des caractères intéressants pour la météorologie, mais l'influence qu'il exerce sur la pluviométrie demeure toujours incertain.

Le J.E.A.N est un noyau de vents d'est situé dans les couches moyennes. Il résulte du  renforcement de vent dans ces couches « lié en partie, à une alimentation de la circulation tropicale par des vents provenant des moyennes latitudes » (Sagna, 1988). Son caractère réside dans les variations de sa vitesse. Ces courants jets intéressent notre zone d'étude à travers le rôle qu'ils jouent dans les perturbations pluvieuses comme les lignes de grains.

2-2/ Les discontinuités du domaine tropical

La discontinuité marque une rupture dans la circulation. Elle marque « une rupture de circulation entre flux ayant une origine et des caractères éventuellement différents »14(*). A l'intérieur du domaine tropical, on distingue plusieurs discontinuités.

2-2-1/ L'axe des Hautes Pressions Tropicales

Il sépare la circulation d'ouest appartenant aux moyennes latitudes et celle d'est des basses latitudes. Cette discontinuité constitue un relais et une limite dans la circulation générale de l'atmosphère. Il constitue une frontière entre la circulation des moyennes latitudes et celle des basses latitudes. Il empêche la possibilité d'un développement nuageux d'où la nébulosité faible.

2-2-2/ La discontinuité d'alizé

En Afrique de l'ouest, cette discontinuité sépare en surface (Figure 4), l'alizé maritime issu de l'anticyclone des Açores et l'alizé continental issu de la cellule anticyclonique de l'Afrique septentrionale (anticyclone Saharo-Libyen).

En effet entre deux cellules anticycloniques de basses couches existe une discontinuité qui sépare les flux issus de la face orientale d'une cellule et ceux originaires de la partie occidentale de la cellule voisine15(*). Leur limite se manifeste en surface et est relayée en altitude par l'inversion d'alizé.

2-2-3/ L'Inversion d'alizé

Elle limite en altitude, deux flux d'alizé qui ont un séjour variable à l'intérieur des basses couches. C'est une inversion de température, provoquant une rupture dans le gradient thermique d'altitude. C'est aussi une discontinuité de formations nuageuses car la vapeur d'eau se trouve dans la couche inférieure alors qu'au-delà de cette couche, le ciel est dégagé (Le Borgne, 1988). Elle constitue aussi une discontinuité de vents du fait du cisaillement des vents de part et d'autre de l'inversion.

2-2-4/ L'équateur météorologique

Il s'agit de la discontinuité la plus importante du domaine tropical et sépare la planète en deux hémisphères météorologiques. Cette zone de basses pressions constitue le lieu de rencontre des flux issus des deux ceintures anticycloniques de hautes pressions (Leroux, 1983). Ces flux, l'alizé et la mousson, véhiculent d'énormes quantités de vapeur d'eau dont l'accumulation au niveau de la zone, donne naissance à de puissants mouvements convectifs générateurs de gigantesques masses nuageuses et des précipitations considérables (Le Borgne, ibid).

L'équateur météorologique (EM) connaît des migrations saisonnières liées au mouvement apparent du soleil avec un décalage de quelques semaines. L'amplitude de ces migrations varie en fonction du substratum.

Elle est plus importante sur les continents que sur les océans en raison de l'inertie thermique de l'eau alors que sur les continents, en été, on note l'existence de dépressions qui attirent l'équateur météorologique. En Afrique de l'ouest, il se déplace de Janvier, où il est centré sur le Golfe de Guinée, à juillet où il atteint sa position la plus septentrionale au sud de l'Algérie (Figure 5).

Figure 5 : Migrations de l'Equateur météorologique en surface en Afrique de l'Ouest (source : Sagna, adaptée de Leroux, 1983)

Ce qu'il faut retenir est que le domaine tropical est bien stratifié avec en surface une couche d'air humide soumise à l'influence du substratum et animée par des ascendances et en altitude, une couche d'air sec qui est subsidient et résultant de la circulation générale de l'atmosphère.

2-3/ Les perturbations du domaine tropical

Une perturbation est une modification significative des éléments du temps. Deux types de perturbations peuvent intéresser le domaine tropical. Il s'agit des perturbations pluvieuses et des perturbations non pluvieuses.

Dans cette étude, nous nous intéresserons qu'aux perturbations pluvieuses puisque ce travail porte sur les inondations.

2-3-1/ Les incursions polaires

Elles sont à l'origine des précipitations observées souvent en période hivernale. Les incursions polaires se manifestent par une descente d'air froid des moyennes latitudes à l'intérieur des basses latitudes où, il rencontre un air chaud et humide provenant de l'océan et véhiculé vers le continent par le Jet subtropical (Sagna, 2005).

La rencontre entre les deux se traduit par de la condensation, de la formation de nuages appartenant à l'étage moyen (altocumulus et altostratus). En fonction de l'importance de la condensation et des caractères thermiques et hygrométriques, on peut enregistrer des précipitations. Elles sont dénommées « Heug » ou « pluie des mangues » qui sont en général faibles mais peuvent souvent être exceptionnelles.

2-3-2/ Les lignes de grain

Selon l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) cité par Sagna, une ligne de grains est « une ligne fictive, étendue, mobile, d'extension parfois considérable le long de laquelle se produit le phénomène de grains... ». Un grain est « un coup de vent accompagné d'éclairs, d'orage, de tonnerre et de pluie ».

La ligne de grain (LG) est donc un alignement de cumulonimbus, qui sont des nuages à grand développement vertical, accompagné de vent d'Est très rapide. Le processus de formation des lignes de grains s'établit à travers un processus en surface et un processus en altitude.

Le premier processus met en relation un alizé et une mousson16(*) (Figure 6). Il se manifeste par :

-une augmentation de la puissance des vents au nord de la trace au sol de l'équateur météorologique, donc un renforcement de la circulation d'alizé ;

- un recul de la trace au sol de l'équateur météorologique au niveau de la zone d'accélération ;

- une pénétration de l'alizé dans la zone couverte par la mousson. Celle-ci plus humide se soulève et c'est le début de la formation des nuages ;

- l'ascendance de la mousson, liée à l'incursion de l'alizé, favorise des formations nuageuses de plus en plus abondantes. On observe des nuages de type cumulus qui, en raison de l'importance des ascendances, évoluent en nuages de type cumulo-nimbus et des pluies orageuses accompagnées de phénomènes électriques (tonnerre et foudre) tombent.

Le second processus se manifeste par une accélération du J.E.A.N. Ce dernier renforce le flux d'est supérieur, il s'en suit une compression de la mousson et une réduction de son épaisseur. Le flux augmente de vitesse et se rapproche de plus en plus du sol. Cela s'accompagne d'un développement de nuages cumulus (Cu) qui évoluent en cumulonimbus (Cb). Le flux d'Est accompagne une perturbation avec des manifestations orageuses.

Les perturbations revêtent une grande importance dans ce travail de recherche. Leurs manifestations provoquent souvent des précipitations exceptionnelles comme les lignes de grains. Cette perturbation est considérée comme « le phénomène le plus violent en Afrique où les cyclones tropicaux sont inconnus » (Gaye et al, 2004).

Figure 6 : Déplacement d'une ligne de grain en Afrique de l'ouest (source : Sagna, 2011)

2-4/ LES CARACTERES MOYENS DU CLIMAT A THIES

L'analyse des caractères moyens du climat à Thiès, qui constituent la réponse à l'apport de la circulation atmosphérique, portera sur les paramètres météorologiques suivants : vents, insolation, température, humidité relative, pluviométrie.

Pour réaliser cette étude nous nous sommes rendus à l'ANACIM pour recueillir les données climatiques à la station de Thiès.

Cette partie de notre travail d'étude et de recherche nous a posé beaucoup de problèmes liés aux lacunes rencontrées dans les données climatiques. Ainsi nos séries de données comportent des lacunes pour l'ensemble des paramètres recueillis à l'exception de la pluviométrie.

Ces lacunes concernent les années 2003, 2004, 2005, 2006 où notre station n'a pas enregistré de valeurs. Cette situation s'explique selon l'ANACIM par la non réception de données venant de la station de Thiès.

2-4-1/ Le régime des vents

L'analyse des vents à la station de Thiès porte sur la période de 1990 à 2012. Cette période comporte quelques lacunes (2003,2004, 2005, 2006). Le régime des vents est marqué par une variation saisonnière de la direction et de la vitesse des vents.

La direction des vents met en évidence deux saisons éoliennes caractérisées par les différences d'apport de la circulation atmosphérique (Figure 7).

De Novembre à Mai, les vents à Thiès sont dominés par des vents de Nord et surtout de Nord-est, ce sont les alizés. A partir du mois de Juin, s'installe des vents de direction ouest qui sont régis par la circulation de la mousson. Ces vents s'observent particulièrement en saison des pluies et sont caractérisés par leur faiblesse et surtout par leur humidité en raison de leur long séjour océanique.

L'évolution de la vitesse moyenne mensuelle est caractérisée par 2 périodes (Figure 8). Une période sèche caractérisée par des vitesses élevées et dominée par la circulation d'alizé. Elle va de Février à Juin avec un maximum en Avril (3,6m/s).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 
 

Source : ANACIM

Figure 7 : Directions dominantes des vents à Thiès

La deuxième période va du mois de Juillet à Novembre avec un minimum en Septembre (2m/s). Cette période est surtout marquée par la saison des pluies caractérisée par des vents faibles. Ce sont les vents de mousson.

Source : ANACIM

Figure 8: Variations mensuelles de la vitesse moyenne des vents à Thiès

2-4-2/ L'insolation

L'insolation ou ensoleillement s'exprime généralement en heures et en minutes mais peut aussi être exprimée pour une période plus longue (mois, saisons, année) par addition. Dans ce travail, nous l'exprimons en heure par jour et les données couvrent la période 1977- 2012.

Les variations de l'insolation sont fonction des facteurs cosmiques (heure de lever et de coucher du soleil), de facteurs géographiques (topographie) et des facteurs météorologiques (nébulosité). La position en latitude de la zone très exposée au soleil (Zone intertropicale) fait que l'insolation est importante à Thiès mais d'autres facteurs tels que la nébulosité peuvent réduire l'insolation.

Source : ANACIM

Figure 9: Variations moyennes mensuelles de l'insolation à Thiès de 1977 à 2012

Ainsi l'évolution de l'insolation à Thiès est bimodale avec deux maximas et deux minimas (Figure 9).

Le maximum principal est observé au mois de mai où on enregistre les journées les plus ensoleillées avec une moyenne de 13h/j. Le maximum secondaire est enregistré au mois de novembre avec une moyenne de 11h/j. Ces maximas s'observent avant et après la saison des pluies et correspondent à la saison sèche où le ciel est dégagé.

Le minimum principal est observé en janvier avec 8h/j et qui correspond à l'hiver où les rayons solaires tapent plus à l'hémisphère sud. Le minimum secondaire est observé au mois d'août avec une moyenne de 8h/j au coeur de l'hivernage où le ciel est toujours couvert de nuage. Ces minimas correspondent à des températures faibles.

2-4-3/ Le régime des températures

La température constitue la mesure de la réponse du substratum à la radiation solaire. La température connaît des variations journalières, saisonnières et mensuelles. Notre analyse porte sur l'évolution des températures moyennes mensuelles.

Les températures à Thiès sont en général élevées à l'instar des régions tropicales. Mais à l'échelle annuelle ces températures connaissent des variations qui sont liées aux facteurs cosmiques et aux facteurs météorologiques.

L'évolution des températures moyennes mensuelles est illustrée par la figure 10. La station de Thiès est marquée par une évolution bimodale de ses températures.

Source : ANACIM

Figure 10: Evolution des températures moyennes mensuelles à Thiès de 1977 à 2010. Tx=Température maximale ; Tn= Température minimale ; Tm=Température moyenne

Le maximum principal s'observe au mois de juin avec 28°C et s'explique par l'évolution cosmique. Il correspond à l'été dans l'hémisphère nord. Le maximum secondaire s'observe en octobre (27,9°C). Cela est lié à la fin de l'hivernage où les températures commencent à se relever.

Le minimum principal est enregistré au mois de Janvier qui correspond à l'hiver de l'hémisphère nord avec 24,3°C et le minimum secondaire correspond au mois d'août avec une moyenne de 27,6°C. Ce mois correspond au maximum des précipitations qui abaissent les températures.

2-4-4/ L'humidité relative

L'humidité relative peut être définie comme le rapport de la quantité d'eau effectivement contenue dans l'air et la capacité d'absorption à une température donnée. Elle dépend de la température et varie en fonction des saisons.

L'humidité relative moyenne de la ville de Thiès est de 63% mais varie relativement au cours de l'année (Figure 11). Les variations de l'humidité relative dépendent en grande partie de la température mais aussi des caractéristiques hygrométriques des masses d'air.

Source : ANACIM

Figure 11: Variations moyennes mensuelles de l'humidité relative à la station de Thiès de 1977 à 2012

Thiès étant une station continentale ne bénéficie pas directement du potentiel hygrométrique de l'alizé maritime. Les valeurs les plus élevées sont enregistrées au cours de la saison des pluies avec un maximum en septembre 79% et les humidités relatives les plus faibles s'observent en avril-mai et d'octobre à mars avec un minimum enregistré au mois de février 49%.

2-4-5/ Le régime pluviométrique

Le régime climatique de notre zone d'étude est déterminé comme toute l'Afrique de l'ouest par le régime des précipitations. Celles-ci dépendent de l'apport de la mousson et sa répartition au cours des années est marquée par une grande variabilité.

Notre station appartient du point de vue climatique au domaine soudano-sahélien avec une période marquée par une saison sèche de novembre à mai et une saison des pluies de juin à Octobre.

L'analyse de l'évolution mensuelle de la pluviométrie à Thiès montre une évolution unimodale (Figure 12).

Source : ANACIM

Figure 12: Régime pluviométrique de Thiès

La saison des pluies démarre en moyenne au mois de juin, mois où la mousson envahit la ville. Les pluies augmentent à partir de juillet et culminent au mois d'août, mois le plus pluvieux de la ville de Thiès.

A partir de Septembre, les pluies commencent à diminuer avant de s'estomper au mois d'octobre qui enregistre des valeurs faibles. Cette dynamique des pluies s'explique par les migrations sud-nord de l'équateur météorologique (Leroux, op cit).

Chapitre 3 : LA POPULATION ET LA MORPHOLOGIE URBAINE DE THIES-NORD

L'évolution de la population du Sénégal et les connaissances tirées de sa démographie, sont fondées sur les différents recensements de population dont le premier a eu lieu en 1976. A cette date, la commune d'arrondissement de Thiès-Nord n'existait pas et les données concernaient la population de la commune de Thiès.

3-1 La population

Les premières données de population pour la commune d'arrondissement que nous avons obtenues, datent de 2008, année de la création de la commune d'arrondissement. A cette date, la commune d'arrondissement comptait 90853 habitants soit 34% de la population de la ville de Thiès.

Source : ANSD, 2008

Figure 13: Estimations et projections de la population de la commune d'arrondissement de Thiès-Nord.

L'accroissement démographique de la ville de Thiès n'a pas laissé de marbre Thiès-Nord qui atteint en 2010, 95962 habitants et 100895 habitants en 2012. Cette croissance est loin de s'estomper et les projections montrent une tendance à la hausse comme l'illustre la figure 13.

Toutefois on note une inégale répartition de cette population entre les différents quartiers. Les quartiers les plus peuplés sont Médina Fall (27598 habitants), Diakhao (18784 habitants), Takhikao (17676 habitants) et Nguinth (8910 habitants) (Figure 14).

Figure 14 : Répartition de la population par quartier de la commune d'arrondissement de Thiès-nord (S.B.NGOM, 2013)

Ces quartiers regroupent des densités de population relativement élevées comme Médina Fall avec 239 hbts/ha et qui est par ailleurs le quartier le plus peuplé de la ville de Thiès. Il est suivi par d'autres quartiers tels Takhikao avec 192hbts/ha et Nguinth avec 90 hbts/ha

Ce qu'il faut retenir est que l'évolution démographique de la commune d'arrondissement de Thiès-Nord peut résulter d'une part de l'ancienneté de son occupation induite par la création du chemin de fer en 1885, du camp militaire en 1886, de la mission catholique en 1894 et de l'avènement de la Zone d'Aménagement Concertée (ZAC) en 2004 et d'autre part de l'exode rural.

3-2 Morphologie urbaine

3-2-1/ La structure des quartiers

La morphologie de la commune d'arrondissement montre une zone espacée avec des rues ombragées mais qui tend aujourd'hui à s'étouffer en raison d'une urbanisation anarchique et un site plus ou moins sensible.

La commune d'arrondissement compte 21 quartiers assez monotones. On note des quartiers anciens qui témoignent de l'époque coloniale comme Escale nord où se localise une partie du pôle administratif de la ville de Thiès. Ce quartier concentre une bonne partie des fonctions urbaines de la ville (administration, finances, industrie, commerce, culture).

Au Nord et à l'ouest de ce quartier, qui regroupe le marché central de la ville, se dessine une couronne de quartiers qu'on pourrait qualifier de périurbains en raison de la ceinture qu'ils forment autour de ce quartier central.

Cependant, ces quartiers ne cessent d'augmenter en raison d'une part de la croissance démographique de la ville et d'autre part de l'absorption des villages environnants. C'est le cas de Pognène, Keur Saïb Ndoye, Diassap, Keur Issa, rattachés aujourd'hui à la commune d'arrondissement.

Dans la compréhension du dynamisme urbain de notre zone d'étude, nous avons senti l'opportunité de présenter quatre quartiers de la commune d'arrondissement à savoir Médina Fall, Nguinth, Diakhao et Escale nord (Figure 15). Le choix n'est pas anodin et répond à la problématique de ce travail d'étude et de recherche car ces quartiers sont les plus affectés par les inondations.

Le quartier de Médina Fall

Médina Fall est un quartier situé à l'est de la commune d'arrondissement. Il est crée en 1951 à la suite de l'installation de l'atelier de réparation des chemins de fer en 1923 et constitue le quartier le plus peuplé de la commune d'arrondissement et de la ville de Thiès. Il est situé de part et d'autre de la voie ferrée en direction de Saint-Louis et est traversé par la RN2. Toutefois, ce quartier est localisé dans un site bas qui constitue le prolongement de la cuvette de Thiès en direction de Fandène.

C'est un quartier très dense, religieux et pauvre en termes de structures de base17(*). Les habitats sont faits en briques avec pour beaucoup des toits en zinc.

Le quartier de Nguinth

Ce quartier fait suite à l'installation de la Mission catholique et se situe à l'ouest de la route nationale 2. Il est localisé dans un site bas et constituait jadis une zone propice à la pêche continentale et à l'arboriculture en raison des points d'eau qu'il regorgeait et est aujourd'hui caractérisé par la présence d'une nappe moins profonde.

Figure 15: Répartition des quartiers de la commune d'arrondissement de Thiès-nord (S.B.NGOM, 2013)

L'installation des populations dans cette zone a été facilitée par la sécheresse qui a tari les marigots et abaissé la nappe. La morphologie de Nguinth laisse apparaître un quartier relativement pauvre. Selon le délégué de quartier, la zone de Nguinth n'était pas faite pour supporter cette population actuelle et les chantiers de Thiès sont venus renforcer les inquiétudes des populations, car la route qui coupe le quartier en deux, constitue plus une digue pour les eaux qu'une voie de dégagement.

Le quartier de Diakhao

Situé en bordure ouest de la commune d'arrondissement, il constitue le deuxième quartier le plus peuplé après Médina Fall. Sa création est liée à l'avènement du camp militaire qui limite son extension vers l'ouest en direction de Dakar. Réputé comme quartier populaire, il est caractérisé par une proportion assez importante d'habitations irrégulières contrairement aux chiffres énoncés par les autorités locales. La simple observation en donne la preuve. Ce quartier est traversé par le grand canal de drainage des eaux qui de nos jours est marqué par un ensablement très important limitant l'évacuation des eaux en saison pluviale.

Le quartier d'Escale Nord

Situé à l'est de la commune d'arrondissement, il constitue le centre ville de Thiès où sont localisés le marché central et certains bâtiments administratifs. C'est un quartier régulier en raison de la présence de nombreuses fonctions urbaines de la ville. Toutefois le système d'assainissement pose de sérieux problèmes aux activités socio-économiques en raison de la digue constitué par la voie ferrée située au coeur de la cuvette.

3-2-2 La structure de l'habitat

La structure de l'habitat dans la commune d'arrondissement fait ressortir des habitats équipés, sous-équipés et des habitats irréguliers. L'espace est dominé d'après les autorités municipales par les habitats équipés. Toutefois, dans les quartiers vulnérables, la pauvreté et l'absence de moyens justifient la floraison d'habitats sous-équipés et irréguliers (Annexe 1).

L'habitat reflète le niveau de vie en milieu urbain. Dans la majeure partie de la commune d'arrondissement, on ne note pas l'existence de construction en case, type de construction des milieux ruraux. En revanche, les habitats sont construits en briques avec pour certains, des toits en zinc comme Médina Fall, une certaine partie de Nguinth.

Par contre, dans le quartier d'Escale Nord, on rencontre des constructions en tuiles et l'existence d'habitats collectifs sous forme d'immeubles.

Conclusion partielle

En définitive, il faut retenir que la commune d'arrondissement de Thiès-nord, située dans le centre ouest du Sénégal, est caractérisée par un site propice aux inondations même si sa situation géographique au carrefour des grandes régions du pays lui confère certains avantages et est favorable aux échanges économiques et sociaux.

A cette caractéristique du site s'ajoute une croissance démographique importante qui est à l'origine d'une occupation anarchique de l'espace. Les éléments de la zone qui favorisent les inondations se résument ainsi :

-un relief qui fait de la zone un déversoir des eaux de ruissellement issues du plateau de Thiès  

-l'existence de sols peu perméables avec une infiltration réduite ;

-une croissance démographique importante qui induit une extension spatiale démesurée et une occupation anarchique de l'espace.

Tous ces facteurs participent à l'aggravation du phénomène d'inondation dans la ville car étant fragile devant l'aléa climatique constitué par la variabilité pluviométrique que nous tenterons de mettre en évidence dans la deuxième partie de ce travail d'étude et de recherche qui traite de la vulnérabilité de la commune d'arrondissement face aux inondations.

DEUXIEME PARTIE : LA VULNERABILITE FACE AUX INONDATIONS

La commune d'arrondissement de Thiès-nord, à l'instar de la ville de Thiès fait face à de nombreux défis liés au changement climatique particulièrement à travers les évènements extrêmes qui le ponctuent.

Parmi ceux-ci, les inondations constituent aujourd'hui l'élément le plus caractéristique de la dégradation de l'environnement. Ce phénomène a été longtemps abordé comme un phénomène purement hydrologique et les pluies ont toujours été au banc des accusés pour un phénomène « dont la complexité dépasse certainement le cadre climatique » (Sène et Ozer, 2002). Autrement dit, les pluies ne sont pas uniquement responsables des inondations mais d'autres facteurs entrent en jeu montrant la responsabilité humaine dans ce phénomène.

Nous allons, dans une perspective de déterminer le risque d'inondation dans notre zone d'étude, analyser les facteurs entrant en jeu dans la construction du risque qui ne peuvent se résumer aux éléments pluviométriques. C'est dans ce cadre que s'inscrit la deuxième partie de ce travail qui s'intéresse à la vulnérabilité aux inondations. L'approche de la vulnérabilité devrait passer avant tout par la compréhension de l'aléa climatique qui sera l'objet du premier chapitre qui s'intéresse à l'analyse de la pluviométrie de la zone.

Le deuxième chapitre s'intéresse aux facteurs physiques de la vulnérabilité c'est-à-dire à l'exposition du site de la zone d'étude à travers la mise en évidence des différentes contraintes qui le caractérisent.

Enfin, il s'agira de déterminer l'évolution de l'urbanisation dans la zone et ses impacts sur la perturbation des équilibres environnementaux qui aggrave l'exposition du site aux aléas pluviométriques.

Nous essayons à travers cette partie, de montrer les niveaux d'exposition qui définissent la vulnérabilité de ce milieu urbain aux inondations.

Chapitre 1 : L'ALEA CLIMATIQUE

L'aléa climatique sera analysé en fonction du paramètre pluviométrique. Ce choix répond à la problématique de ce travail portant sur les inondations. Les données qui seront traitées concernent la pluviométrie de Thiès. Dans notre zone d'étude, la pluie est liée, comme nous l'avons montré plus haut, à l'organisation du flux de mousson. Celle-ci se caractérise par une variabilité importante.

1-1 La variabilité pluviométrique

Pour déceler la tendance générale et récente de la pluviométrie, nous avons utilisé les données de la station de Thiès pour la période 1951-2012. Ces données ont été recueillies à l'ANACIM.

Pour déterminer les caractères de la distribution de la pluviométrie, nous avons adopté une analyse statistique sur la base d'indice. Pour ce faire, nous avons utilisé la méthode de l'Indice Standardisé des Précipitations ou SPI.

L'indice standardisé des précipitations (SPI)

L'indice standardisé des précipitations ou en anglais Standardized Précipitations Index (SPI) est un indice pluviométrique qui se caractérise par la simplicité de son utilisation et a l'avantage de mettre en évidence les années excédentaires et les années déficitaires.

Il s'écrit selon la formule suivante :

I = Pi -P/ó

Pi est le cumul pluviométrique d'une année i ;

P, la moyenne de la série ;

ó, l'écart-type de la série.

Cet indice est en général utilisé pour déterminer la sévérité de la sécheresse (Sarr, 2008). Nous l'avons utilisé dans ce travail pour déterminer aussi l'humidité car l'indice est un élément essentiel pour caractériser la nature et l'intensité de la pluviosité pour une station donnée (Annexe 2).

Les données pluviométriques de la période 1951-2012 caractérisent, sur la base des indices standardisés des précipitations, une station dominée majoritairement par une humidité modérée et dans une moindre mesure par une sécheresse modérée.

Tableau 2: Fréquence des années selon les classes de SPI

Station

Total années

HE

HF

HM

SM

SF

SE

Année HE ou HF

Année SE ou SF

Thiès

62 

5

5

225

20

7

0

 1954

 1972

HE : humidité extrême ; HF : humidité forte ; HM : humidité modérée ; SM : sécheresse modérée ; SF : sécheresse forte ; SE : sécheresse extrême

Notre station compte 40% d'années d'humidité modérée et 32% d'années de sécheresse modérée. Elle n'a pas enregistré de sécheresse extrême mais compte 5 années d'humidité extrême. La comparaison entre années d'humidité et années de sécheresse est à la faveur de l'humidité avec 35 années d'humidité contre 27 années de sécheresse (Tableau 2).

En effet, cette prédominance des années humides s'explique par les deux décennies d'avant 1970, année de référence du début de la sécheresse et ces dernières années. Notons que l'année 1968 avait annoncé le début de cette modification dans l'évolution pluviométrique. Avec une anomalie standardisée de -1,3, elle constitue la seule année déficitaire de la décennie 1961-1970. Sur la période 1951-1970, trois années seulement sont déficitaires dont deux caractérisées par des sécheresses modérées en l'occurrence 1959 et 1970 avec respectivement des anomalies standardisées de -0,3 et -0,2.

Sur toute la série couvrant la période 1951-2012 (Figure 16), les cinq années les plus humides sont enregistrées dans la période précédant la sécheresse avec un maximum en valeur absolue pour l'année 1954 qui a enregistré un cumul annuel de 996,9 mm. Ces années sont caractérisées par des humidités extrêmes. Elles ont été d'ailleurs les seules à avoir cette situation.

Figure 16 : Ecarts normalisés de la pluviométrie de 1951 à 2012 à Thiès

Les années de sécheresse sont plus marquées à partir de 1970 mais sont entrecoupées par des années excédentaires. En effet pour la période 1970-1980, dominée par des années déficitaires, on note des années d'humidité modérée (1971, 1974, 1975, 1978 et 1979) qui ne font que confirmer la grande variabilité pluviométrique de Thiès.

La véritable période sèche de notre station part de 1980 avec une succession régulière de huit années déficitaires de 1980 à 1987 avec un paroxysme de la sécheresse en 1983 qui a une anomalie standardisée de -1,3 (sécheresse forte).

Cette même tendance sèche a été observée dans les années 1990 avec une série d'année de sécheresse modérée de 1990 à 1994 et de 1996 à 1998. Seules deux années ont été excédentaires avec des humidités modérées. Il s'agit de 1995 et de 1999.

De cette évolution de la pluviométrie, nous considérons que la véritable période sèche de la ville de Thiès est constituée par la série 1980-2000 où 16 années sur 20 ont été déficitaires. Cette période est charnière dans l'évolution socio-démographique de notre zone d'étude car elle a quelque part influencé la croissance urbaine de la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

Concomitamment à cette baisse généralisée de la pluviométrie, une période d'humidité s'installe progressivement à partir de 2000 même si elle est entrecoupée par des années de sècheresses modérées en 2002, 2003, 2004, 2005.

Toutefois depuis 2006, notre station enregistre des années excédentaires avec une succession régulière de huit années excédentaires. Jamais depuis la décennie 1951-1960, Thiès n'a enregistré cette succession d'années d'humidité. Elles sont modérées certes mais indique une tendance à la hausse de la pluviométrie qui nous amène à penser à un retour sporadique des précipitations même s'il serait tôt de parler d'une normalisation de la pluviométrie.

La pluviométrie, par le biais de cet indice standardisé, est caractérisée par sa grande variabilité. Les écarts normalisés peuvent varier d'une année à une autre. Cette situation peut s'expliquer d'une part par le caractère variable de la mousson18(*) et d'autre part par l'apport des différentes perturbations telles que les lignes de grains développées dans la première partie de ce travail.

Par rapport aux années 1970 et 1980 caractérisées par la sécheresse au Sénégal (Ndong, 1995), nous constatons que ces dernières années sont marquées par une pluviosité assez importante comme l'atteste les écarts normalisés de la pluviométrie. Les sept dernières années de la série (de 2006 à 2012) ont enregistré des pluies supérieures à la moyenne.

Cette tendance s'exprime par les séquences d'années observées dans l'évolution de la pluviométrie. Les années 1980 et 1990 ont été caractérisées par une succession d'années sèches de 1981 à 1987 et de 1991 à 1994. Cependant, depuis ces dernières années, l'espoir de voir les pluies, revenir à la normale, semble nourri si l'on observe la séquence 2006 à 2012 caractérisée par une succession d'années humides.

Cet espoir est aussi confirmé par l'évolution décennale de la pluviométrie à Thiès.

Pour l'illustrer, nous avons fait une comparaison des moyennes décennales des précipitations à la normale 1961-1990.

L'analyse décennale de la pluviométrie montre une décennie 1951-1960 très pluvieuse avec un écart de 294,3 mm. Elle est suivie par une autre décennie 1961-1970 pluvieuse avec un écart de 96,8 mm (Figure 17). Ces deux décennies témoignent des périodes humides observées dans notre zone. A partir de 1970, date de référence du début de la sécheresse au Sénégal, notre station est caractérisée par une succession de périodes sèches. Les décennies 1971-1980, 1981-1990 et 1991-2000 ont chacune un écart négatif et illustrent la longueur de la sécheresse qui a caractérisé la ville de Thiès. En même temps ces périodes méritent notre attention en raison de l'influence qu'elles ont eue sur l'évolution socio-démographique de notre zone d'étude.

Figure 17: Ecarts des moyennes décennales par rapport à la normale 1961-1990

Cependant, depuis le début du siècle, on note un retour sporadique des précipitations comme l'atteste la décennie 2001-2010 qui compte un écart positif de 9,6 mm.

Certes cette valeur est loin d'atteindre celles observées avant la sécheresse, mais cette décennie plaide pour se différencier des trois précédentes et témoigne d'une tendance à la hausse de la pluviométrie qui caractérise la ville de Thiès. Elle coïncide aussi aux inondations enregistrées dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

Il serait très tôt de parler d'un retour à des conditions normales de la pluviométrie, c'est-à-dire aux conditions d'avant sècheresse. Toutefois, la tendance de la pluviométrie et les analyses décennales de la pluviométrie mériteraient une attention particulière notamment dans l'aménagement de la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

1-2 Les évènements pluvieux

Les pluies exceptionnelles définissent des évènements pluvieux. Ces pluies sont en général à l'origine des inondations observées dans les villes. Leur définition est subjective et dépend de l'auteur et des observations disponibles19(*).

Dans cette étude, nous avons choisi de nous consacrer aux données journalières du mois d'août de 2000 à 2012.

Le choix du mois d'août tient du fait qu'au Sénégal comme dans notre zone d'étude, les pluies les plus importantes sont observées durant ce mois et il correspond au maximum des pluies à Thiès (Figure 18). Il correspond aussi à la plupart des inondations notées au Sénégal comme dans notre zone d'étude.

Figure 18: Evolution des pluies du mois d'août de 2000 à 2011

La période de référence (2000-2011) que nous avons choisie n'est pas anodine, elle répond à la problématique de ce travail. Elle ne peut pas renseigner sur la nature des précipitations journalières de la station de Thiès car ne prend pas en compte la période d'avant sécheresse ni celle de la sécheresse.

Toutefois, nous avons jugé nécessaire de la choisir en fonction du point de départ des inondations à Thiès (2007) et de la caractéristique humide de cette période. D'aucuns choisiraient une période assez longue pour définir des périodes de retour des précipitations. Mais quoique courte, la période 2000-2011 renseignerait à plusieurs égards sur le contexte pluviométrique indexé dans les inondations.

Pour déterminer l'existence de pluies dites très fortes dans notre zone d'étude, nous avons défini des classes en fonction des précipitations journalières (Tableau 3). Depuis le début du siècle, le mois d'août enregistre des pluies importantes et coïncide avec les inondations dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

Tableau 3: Classes de précipitations journalières

Classes

 

signification

 

 

 

0,1 à 1mm

bruine

 

1,1 à 10mm

faible pluie

 

 

10,1 à 20mm

pluie modérée

 

20,1 à 50mm

forte pluie

 

>50mm

Très forte pluie

 

 

La répartition par classes des précipitations journalières permet de vérifier si les inondations observées dans la zone correspondent à des cumuls journaliers extrêmes ou bien s'il y a lieu de chercher la cause de ce phénomène dans les autres éléments qui caractérisent le milieu urbain.

L'analyse à partir de fréquences des classes de pluies journalières pour la période 2000 à 2011 à la station de Thiès montre nettement la prédominance des faibles pluies (Figure 19). Elles représentent 38,5% des pluies journalières observées pour la période 2000 à 2011.

Elles sont suivies par les fortes pluies qui représentent 26,7%. Les pluies modérées et les pluies fines ou bruines représentent respectivement 18,5 et 9,6 % des pluies.

Les pluies que nous qualifions de très fortes sont rares et représentent la plus faible fréquence sur l'ensemble des classes observées pour la période 2000-2011. Elles représentent 6,7% des pluies enregistrées au cours du mois d'août de la période considérée.

Figure 19: Fréquences des pluies journalières d'août selon les classes de 2000 à 2011

De cette analyse fréquentielle des pluies journalières, il ressort que les pluies observées à Thiès n'ont pas un caractère très fort à l'exception des quelques neuf jours répertoriés sur la période 2000-2011. De même, les pluies fortes n'ont pas une grande fréquence dans la ville de Thiès nonobstant la tendance à la hausse de la pluviométrie. Or nous notons que les inondations se suivent et prennent une tournure de récurrence.

Les pluies sont en général indexées lorsqu'il s'agit des inondations et même si elles ne sont pas exclues dans le phénomène, il demeure certain qu'elles accompagnent d'autres éléments inhérents aux milieux urbains. Des éléments, qui peuvent participer à la construction du risque d'inondation dans Thiès-nord.

Les pluies ne constituent qu'un aléa si l'on tient compte de l'analyse faite sur la pluviométrie dans notre zone d'étude. Elles n'ont pas un caractère de pluie très forte qui permet d'affirmer qu'elles sont à l'origine des inondations à Thiès-nord.

Donc, le problème ne pourrait pas être seulement lié à de fortes pluies et des pluies très fortes, car elles sont rares.

Ainsi, nous considérons les pluies comme une occurrence aux inondations mais elles ne peuvent, à elles seules, expliquer les inondations à Thiès-nord.

Que serait-il de cette zone si la station revenait aux pluies des années 1950 et 1960 ? Serait-elle inondée comme elle l'est aujourd'hui ?

L'analyse de la dynamique urbaine que nous envisageons sur ce qui suit, pourrait permettre de comprendre la vulnérabilité de Thiès-nord face aux inondations car elle est aussi, une occurrence au risque.

Chapitre 2 : LA VULNERABILITE BIOPHYSIQUE

Les milieux urbains sont caractérisés par des sites qui souvent, les prédestinent à des problèmes environnementaux liés à leur exposition aux « agressions extérieures », comme la pluie. Cette exposition résulterait d'une certaine disposition naturelle liée à la topographie, aux types de sols mais aussi d'une dégradation des milieux induits par le développement urbain.

Pour apprécier la vulnérabilité du milieu physique de la commune d'arrondissement, nous allons adopter une approche intégrée de l'exposition de la zone d'étude, c'est-à-dire de tenir compte des liens qui existent entre les éléments naturels qui caractérisent la commune d'arrondissement et ceux de la ville. Cette intégration spatiale obéit au fait que la configuration spatiale de notre zone d'étude est à lier à un contexte plus général du fait de l'existence d'une solidarité hydrologique et biogéographique entre amont et aval.

Il s'agira dans un premier temps d'étudier le relief de la zone d'étude en relation avec le Plateau de Thiès.

En second lieu, nous mettrons en exergue la dégradation du couvert végétal en amont de la zone d'étude.

Ces différentes contraintes du site participent à la construction du risque d'inondation en ce qu'elles représentent des indicateurs pertinents de l'exposition de la commune d'arrondissement de Thiès-nord aux inondations.

2-1- Une zone de réceptacle des eaux de ruissellement

Le site de la commune d'arrondissement de Thiès-nord, situé au nord de la ville de Thiès, bâti sur le pied du Plateau de Thiès, dans le prolongement de l'étroite échancrure du « Ravin des voleurs », constitue un  « déversoir des eaux pluviales du plateau » (A. Cissé, 2004).

La commune d'arrondissement de Thiès-nord est logée dans la deuxième zone d'influence directe du Plateau de Thiès constituée par le bassin versant de Fandène. Le ruissellement des eaux vers cette partie nord de la ville de Thiès pose de sérieux problèmes.

En effet, la situation topographique de notre zone d'étude fait qu'elle constitue un réceptacle naturel des eaux de ruissellement issues du plateau de Thiès dont une partie de la commune d'arrondissement y est localisée (figure 20).

Source : Thiès-Cergy, 2011

Figure 20: Schéma du Plateau de Thiès et du cycle hydrique

L'exposition est liée ici à deux éléments essentiels qui entrent dans le cadre général de toute la ville de Thiès. Le premier étant lié à la morphologie de la zone et le deuxième dû à la situation de la commune de Thiès-nord par rapport au Plateau de Thiès.

La commune d'arrondissement de Thiès-nord est localisée dans un site bas, au coeur de la cuvette de Thiès.

En effet, la voie ferrée qui longe toute la bordure est de la commune d'arrondissement est construite au coeur de la cuvette de Thiès (Photo 1). Cette voie ferrée constitue une digue des eaux de pluies qui inondent les parties située de part et d'autre de cette voie ferrée. Notre zone étant située dans une partie notamment la partie ouest du rail subit ces eaux qui inondent en saison pluviale des quartiers comme Escale-nord.


Photo 1: Voie ferrée située à l'est de la commune d'arrondissement de Thiès-nord (S.B.NGOM, 2013)

S'il est difficile d'observer ce fait en raison de l'urbanisation et de son contexte d'évolution, il demeure important de noter que ce site reste exposé aux inondations.

L'autre élément est à lier au rapport direct entre le Plateau de Thiès et la commune d'arrondissement de Thiès-nord. En effet, la dynamique démographique et l'urbanisation rapide ont modifié les rapports naturels entre le Plateau de Thiès et sa zone d'influence d'où les ruissellements de plus en plus importants vers cette partie nord de la ville de Thiès constituée par Thiès-nord.

Les visites de site que nous avons effectuées nous ont permis de confirmer cela en suivant la trajectoire des eaux lors des pluies. La majeure partie des quantités d'eau prennent une direction qui les conduit vers la zone de Thiès-nord.

D'ailleurs les témoignages qui ont été recueillis auprès des sages de la commune d'arrondissement ont justifié cela. Selon le délégué de quartier de Nguinth, qui est en fait une zone non aedificandi (Photo 2), ce quartier constituait jadis un lieu propice à la pêche continentale où les gens prenaient des poissons dits « koller », très connus dans la pêche continentale au Sénégal.

Photo 2: Rues inondées dans le quartier de Nguinth (NGOM, 2013)

Le contexte pluviométrique de l'époque caractérisé par des années excédentaires que nous avons mis en évidence dans l'analyse de la pluviométrie avait favorisé cela. La période d'avant sécheresse était, pour les premiers habitants de cette zone, une aubaine en raison des possibilités agricoles qu'elle offrait à une population minoritaire et un espace assez vaste.

La longue période sèche qui s'en suivit a favorisé l'occupation de cette zone en raison de la diminution des apports d'eau et du tarissement des points d'eau. Cette situation qui a évolué jusque dans les années 2000 et intensifiée par le développement des infrastructures à Thiès, a rendu la commune d'arrondissement « habitable » mais jusqu'à quand ?

Aujourd'hui, le contexte pluviométrique a changé, caractérisé par un retour sporadique des pluies dans la zone. Ce retour coïncide avec des inondations alors que la pluviométrie n'a même pas atteint son niveau d'avant sécheresse.

Que serait-il de la commune d'arrondissement si ces mêmes pluies reviennent avec la même intensité d'antan ?

2-2 Dégradation du couvert végétal en amont

La ville de Thiès comme il a été dit précédemment, est située au pied du plateau de Thiès. Cette zone était caractérisée par une couverture végétale très dense et faisait partie de la forêt classée de Thiès. Le plateau de Thiès constituait une zone riche en ressource végétales et un écosystème favorable à l'économie de toute une région.

Le département de Thiès qui couvrait une superficie importante de forêt est aujourd'hui dans une profonde dégradation. La productivité des formations forestières est d'ailleurs aujourd'hui mal connue (PAER, 2007). La réduction des surfaces forestières et leur densité à des incidences majeures sur l'environnement de la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

La destruction du couvert végétal, avec une déforestation à l'ouest et au sud de la ville de Thiès en bordure du plateau qui porte le même nom, augmente la vitesse et la force du ruissellement d'où les quantités importantes d'eau qui viennent dans les zones basses telles la commune d'arrondissement de Thiès-nord. Cette destruction serait liée à l'extension de la ville vers la crête du plateau et ses abords, jadis occupée par la forêt classée qui influait de manière significative sur l'effet cinétique des eaux.

L'étirement sans contrôle de la ville est fait de destruction des surfaces végétales. La conséquence directe est la mise à nu des terres et une accélération du ruissellement vers la commune d'arrondissement. La végétation joue un rôle déterminant dans les processus hydrologiques en ce qu'elle peut limiter ou réduire l'écoulement (cours d'hydrologie, Licence 3, 2011).

Figure 21: (Source, CSE, 2013)

La couverture végétale de la ville de Thiès dans la zone du Plateau de Thiès (Figure 21), en amont de la commune d'arrondissement, souffre de l'urbanisation galopante20(*) induite par l'extension de la ville de Thiès vers la crête du plateau notamment l'avènement des quartiers Grand-Standing, Mbour 3 et leur extension sans contrôle qui s'accompagne de destruction massive de surfaces forestières.

Ce qu'il faut retenir en définitive dans cette analyse du site de la commune d'arrondissement de Thiès-nord, c'est l'existence de conditions naturelles qui l'exposent aux inondations. Au travers d'une analyse intégrée qui met en relation directe le Plateau de Thiès et une de ses zones d'influence directe (Commune d'arrondissement de Thiès-nord), nous avons apprécié cette exposition qui s'explique de deux manières.

La première qui montre un relief en forme de cuvette, situé au pied du plateau de Thiès (130m) et qui fait de la commune d'arrondissement, une zone naturelle de réceptacle des eaux de ruissellement issues de ce plateau. Cette configuration topographique facilite ce que d'aucuns appellent la solidarité hydrologique entre amont et aval et qui, dans notre zone d'étude, participe aux facteurs des inondations à Thiès-nord.

La deuxième met en évidence une dégradation très avancée de la couverture végétale située sur le plateau. Au regard du rôle important de la végétation sur le ruissellement, il demeure évident qu'une dégradation de cette « protectrice » de la commune d'arrondissement l'exposerait davantage aux inondations car facilitera les conditions du ruissellement.

Nous avons constaté malheureusement que la dégradation est assez poussée et ne tend pas à s'estomper au regard des nombreux enjeux économiques que porte cette zone du Plateau de Thiès.

Les caractéristiques physiques de la commune d'arrondissement de Thiès-nord l'exposent à bien des égards aux inondations. Toutefois, cette exposition est surtout facilitée par la croissance urbaine qui aujourd'hui, est à un niveau assez élevée et mérite d'être régulée eu égard aux différentes contraintes qu'elle induit notamment les inondations.

Chapitre 3 : LA VULNERABILITE URBAINE AUX INONDATIONS

Les problèmes environnementaux auxquels les villes sénégalaises sont confrontées tiendraient pour la plupart à la sensibilité du tissu socio-économique aux aléas naturels. Les caractéristiques socio-économiques des villes regorgent d'une spécificité laquelle, en dehors de leurs composantes physiques (relief, hydrographie, etc.), en fait des zones propices à toutes les formes de perturbations environnementales. Dans le contexte actuel, le redressement pluviométrique trouvent une situation socio-économique fragile, augmentant la vulnérabilité des territoires urbains face aux inondations.

Cette réalité urbaine frappe la commune d'arrondissement de Thiès-nord qui a connu une évolution urbaine importante comme la ville de Thiès de manière générale. L'urbanisation accélérée ne suit pas l'évolution sociale mettant en péril des populations pauvres et dépourvues de capacités d'adaptation efficace pour faire face au contexte climatique en pleine mutation.

Ainsi se pose la question de la vulnérabilité urbaine de notre zone d'étude que nous tentons de mettre en évidence dans ce chapitre où il sera question de spécifier le cadre urbain de la vulnérabilité à travers la croissance démographique, l'urbanisation incontrôlée et le système d'assainissement.

L'objectif étant de voir si les dispositions de la commune d'arrondissement ne la rendent pas fragile à « l'agression extérieur », ici le climat.

3-1 La vulnérabilité urbaine spécifique

La ville est par nature un centre de gravité et un lieu d'attraction particulièrement pour les populations issues du monde rural. Or au Sénégal, ce dernier est marqué par un dépeuplement sans précédent induit par la sécheresse qui l'a durement affecté et a compromis les espoirs des ruraux. La « solution » a été un rush vers les villes comme ce fût le cas de Thiès.

Cette tendance migratoire pour la commune d'arrondissement de Thiès-nord a participé à renforcer les capacités démographiques (solde naturel) de la zone devenue incapable de supporter sa propre population à fortiori l'apport démographique constitué par le monde rural. A cette démographie galopante s'ajoute une urbanisation incontrôlée qui se caractérise par un étirement dans tous les sens.

3-1-1 La croissance démographique sur un site vulnérable

La croissance urbaine de la ville de Thiès se caractérise par une accélération de la croissance démographique (Figure 22). Cette démographie galopante est liée, d'une part à un croit naturel élevé et d'autre part au mouvement migratoire. Pour ce dernier, c'est la situation de « ville escale » (A. Cissé, 2004) ou plutôt de ville relais en raison de sa proximité avec la capitale Dakar, qui explique son importance.

En effet, la forte migration vers Dakar d'une frange importante de la population du Sénégal à cause de la Sécheresse s'est souvent faite d'escale dans la ville de Thiès. Cette croissance démographique s'est fortement manifestée dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord en raison aussi de sa situation au niveau local.

Source : ANSD, 2008

Figure 22: Evolution et projection de la population de la ville de Thiès

Comme nous l'avons montré dans la première partie, la démographie galopante de la zone se matérialise par une demande d'espace plus forte et une occupation anarchique de l'espace urbain particulièrement sur un site inondable. La conséquence directe de cet état de fait demeure l'occupation de zones inhabitables ou irrégulières mais qui hélas sont « régularisées » par les autorités locales.

A Nguinth, situé dans une dépression, la forte croissance démographique s'exprime souvent par des habitations précaires et est loin de connaître son épilogue en raison d'une part de la Zone d'Aménagement Concerté (ZAC) crée en 2004 et d'autre part du rattachement de certains villages tels Pognène, Thionah et Thiapon.

Cette occupation a été pourtant avalisée par les autorités locales qui peut-être n'avaient pas senti le retour vers des conditions normales de la pluviométrie.

Malheureusement, cette population vit depuis 2007 sous les eaux à chaque saison des pluies (Photo 3).

Photo 3: Maisons inondées en permanence à Thiès-nord (S.B.NGOM, 2013)

La commune d'arrondissement de Thiès-nord constituée par l'ancienne zone nord de la commune de Thiès devenue ville depuis 2008, a connu une évolution démographique qui a suivi le développement des infrastructures administratives et socio-économiques de la ville de Thiès et conditionnée dans une moindre mesure par la sécheresse des années 1970 et 1980.

La création de la mission catholique, de l'atelier du chemin de fer et de la base militaire ont favorisé la venue de populations qui occupaient les quartiers de Nguinth et de Diakhao. D'autres quartiers périphériques apparaissent tels Médina Fall, le plus peuplé de la commune d'arrondissement, Takhikao créé en 191021(*) etc.

Ces infrastructures ont participé à la mise en place de la population à Thiès et à l'émergence de beaucoup de quartiers mais la population n'était pas trop importante du point de vue de sa démographie. On voit par là que la croissance démographique sur le site de la commune ne pouvait pas être un facteur de vulnérabilité même si les pluies étaient beaucoup plus importantes à cette époque.

L'importance de la croissance démographique s'est beaucoup plus matérialisée à partir des années 1970 et 1980 qui coïncident au plus fort de la baisse de la pluviométrie. L'évolution comparée montre une accélération de la croissance démographique dans le contexte de sècheresse qui a marqué les années 1970 et 1980 dans la zone d'étude (Figure 23) Les populations rurales ont migré vers la ville augmentant de facto la population urbaine et encourageant l'occupation du sol dans un contexte de baisse des nappes, de rareté des marigots.

Aujourd'hui, l'augmentation de la population a suscité des besoins de plus en plus d'espace. Elle a même favorisé l'étirement de la commune d'arrondissement absorbant ainsi les villages comme Diassap, Pognène, Thionah qui sont devenus des quartiers à part entière de la commune d'arrondissement.

Des quartiers de la commune sont affectés par le phénomène des inondations (Figure 24) et depuis 2007, la tendance suit la hausse.

Figure 24: Zones inondables dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord (S.B.NGOM, 2013)

Si le contexte pluviométrique des années 1970 et 1980, caractérisé par la baisse assez importante des pluies, a participé à la croissance démographique de la zone, il n'avait pas permis une meilleure régulation de la croissance urbaine. Cela en raison des conditions favorables qu'il offrait à l'habitat.

En effet, le besoin d'espace induit par la croissance démographique a, dans une certaine mesure, poussé les populations à s'installer massivement dans des zones anciennement occupées par les eaux (Nguinth) ou situées sur les voies naturelles des eaux (Médina Fall, Escale nord).

A l'état actuel des choses, la population augmente en même temps que les besoin d'espaces. Or la commune d'arrondissement de Thiès nord est, dans ces caractéristiques physiques, assez limitée pour héberger cette population.

Face à ces indicateurs se trouvent une situation pluviométrique caractérisée par des apports de plus en plus importants d'eaux et qui fait ressortir les anciennes zones d'hébergement des eaux et les voies naturelles de ruissellement.

Le cas le plus frappant est le quartier de Nguinth où le développement actuel de la végétation (Photo 4) sur le quartier montre bien un rehaussement de la nappe qui était abaissée certainement en raison des périodes sèches des années 1970, 1980 et 1990.

Photo 4: Zone de remontée de la nappe de Nguinth et sa couverture végétale (S.B. NGOM, 2013)

Les conditions hydrogéologiques de ce quartier caractérisées aujourd'hui par un relèvement de la nappe font que les populations vivent dans les eaux durant presque toute l'année.

Si l'existence de ce quartier date de longtemps, (après la création de la mission catholique en 1886), son urbanisation s'est accélérée dans les conditions climatiques sèches des années 1970 et 1980. Les populations en venant n'ont pas trouvé cette zone dans l'état actuel qu'elle est. Elles ont pour la plupart trouvé une zone sèche et favorable à l'habitation.

Aujourd'hui, elles vivent avec les eaux qui, même en fin de saison pluvieuse, continuent de cohabiter avec elles.

La croissance démographique est un indicateur essentiel de la vulnérabilité des milieux urbains. Elle est souvent à l'origine de désarticulation des plans d'urbanisation des villes (difficulté de définir une limite communale), d'occupation de zone non ædificandi et le rythme de cette croissance « est sans rapport avec celui du développement des capacités de production économique » (ANSD, 2010).

Dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, elle est à l'origine de l'occupation, par les populations, de certaines zones situées sur les voies d'eau. Avec la rapidité de l'urbanisation, cette population devient de plus en plus vulnérable car l'urbanisation des villes sénégalaises en général et de Thiès en particulier ne suit pas ou n'accompagne pas les dynamiques démographiques posant ainsi de réels problèmes environnementaux dont les inondations.

3-1-2 L'urbanisation incontrôlée : facteur technique d'aggravation des inondations

Nous ne tentons pas ici de faire une étude de l'urbanisation de la commune d'arrondissement de Thiès-nord mais de montrer seulement les incidences qu'elle peut avoir sur l'environnement du site. En d'autres termes, il s'agira de voir en quoi ce phénomène peut perturber les processus hydrologiques dans la zone d'étude.

La tendance à l'urbanisation de la zone d'étude est un facteur essentiel d'exposition de la zone aux inondations. Elle est matérialisée d'une part par la construction de routes et l'extension rapide. Nous ne considérons pas ces deux éléments comme étant à l'origine des inondations mais le manque de suivi et d'entretien a sans doute un effet sur la récurrence du phénomène.

Le processus d'urbanisation de la ville de Thiès a connu un tournant important en 2004 avec les chantiers de Thiès22(*) dans le cadre du programme « Spéciale indépendance 2004 ».

La construction de nouvelles routes a certes permis d'améliorer la mobilité urbaine dans Thiès et l'ouverture de certaines zones assez enclavées mais elle a aussi été un facteur d'exposition de certains quartiers aux inondations.

Photo 5: Les 2 voies principales de Thiès-nord en direction de la VCN (S.B.NGOM, 2013)

En effet les deux voies de Nguinth (Photo 5) ont été un projet ambitieux car permettant une meilleure mobilité dans la ville de Thiès et une meilleure ouverture de la commune d'arrondissement de Thiès-nord. De nombreuses infrastructures et services naissent tout au long de cet axe routier et l'avènement de nouvelles zones d'habitation (ZAC, Nguinth Extension).

Toutefois, nous avons observé que de part et d'autre de cette route, beaucoup de maisons riveraines et des rues sont inondées. Cette route constitue une digue aux eaux de pluies qui s'installent sur les bords de la route et jusque dans les maisons.

Pour la majeure partie des personnes interrogées dans la localité, cette route participe pour beaucoup aux inondations de ce quartier.

Photo 6: Devanture de maisons inondées en face des 2 voies principales (S.B.NGOM, 2013)

Les deux voies sont construites de manière assez relevée par rapport aux maisons riveraines. Sur tout l'axe allant de la rocade de Nguinth sur la RN2 au village de Pognène, nous avons observé des stagnations importantes d'eau qui peinent à disparaître même après la fin de la saison pluvieuse (Photo 6).

Nous ne remettons pas en cause ce chantier puisqu'étant un atout pour la commune d'arrondissement de Thiès-nord, mais au regard de la dégradation du cadre de vie des populations riveraines qu'il induit, nous jugeons nécessaire, la mise en place des systèmes d'évacuation d'eau pertinents qui tiennent comptent de la topographie de la zone et de l'accroissement de la population.

Cette voie routière influence le ruissellement car étant perpendiculaire au sens du ruissellement des eaux venant du Plateau de Thiès.

L'autre problème lié à l'urbanisation est à mettre en relation avec l'extension de la ville de Thiès qui influence la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

En effet, cette extension se matérialise par les quartiers de la partie ouest et sud de la ville tels Grand Standing et Mbour 3, qui connaissent une dynamique urbaine assez importante (Ly, 2008). Elle est aussi due aux difficultés de maîtriser le front urbain qui s'étire de plus en plus vers l'ouest et le sud de la ville jadis caractérisés par une végétation assez importante.

Même s'il faut reconnaître l'existence de barrière naturelle à cet étirement, les grands chantiers nationaux en cours tels l'autoroute à péage Dakar-Thiès-Touba et l'aéroport de Diass, ajouté à l'industrialisation naissante sur le plateau de Thiès auront certainement un effet facilitateur à cette extension. Ils auraient aussi comme effet, une destruction encore plus poussée de la couverture végétale sur le plateau avec en corollaire une augmentation du ruissellement vers la ville de Thiès et par ricochet vers la commune d'arrondissement de Thiès-nord

Par ailleurs, il se pose un réel problème de prise en charge des infrastructures routières, particulièrement certaines routes qui ont précédé celles construites dans le cadre de cet ambitieux programme. Ces pistes sont aujourd'hui dans un état de délabrement avancé et participe à l'aggravation des inondations.

Photo 7 : Rue inondée dans le quartier de Médina Fall (Source, Thiès-Cergy, 2011)

C'est le cas dans le quartier de Médina Fall où l'une des rares routes à être goudronnée est dans un état de délabrement tel, qu'en saison des pluies, il est affecté par des inondations23(*) et pourtant il constitue le plus peuplé de toute notre zone d'étude. Cette situation est liée certes à la situation topographique du quartier mais aussi et surtout aux lacunes observées dans la prise en charge des routes détériorées. (Photo 7).

Autrement dit, l'urbanisation mal contrôlée fait que ces infrastructures délabrées augmentent de plus en plus dans un contexte d'évolution pluviométrique caractérisée par des pluies importantes. Cela expose davantage ces espaces aux inondations alors que ceux-ci pouvaient en être épargnés.

De cette analyse, nous avons retenu que l'urbanisation est un facteur technique de la vulnérabilité de la commune d'arrondissement. D'une part, elle a permis aujourd'hui une désarticulation des processus hydrologiques dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord et une réduction des superficies végétales susceptibles de la protéger contre les inondations.

D'autre part, les difficultés dans la prise en charge des infrastructures participent pour beaucoup à l'exposition des quartiers de la commune d'arrondissement aux aléas pluviométriques.

3-2 Un système d'assainissement des eaux pluviales fragile

L'un des problèmes majeurs auxquels sont confrontées les villes sénégalaises restent sans doute l'assainissement. L'évacuation des eaux demeure difficile en raison de plusieurs facteurs liés aussi bien au site des villes qu'à la gestion des eaux.

A la suite des inondations de 1975 qui ont causé des dégâts matériels très importants (Djagoun, 1991), il a été proposé l'idée de la réhabilitation et de l'extension du réseau de drainage des eaux pluviales de la ville de Thiès. Mais celui-ci était insuffisant pour drainer les importants flux d'eaux qui traversent la ville et dont une bonne partie se déverse dans la dépression constituée par la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

La ville de Thiès connaît un réseau d'évacuation ancien conçu en deux parties dont l'une constituée par un réseau périmétral protégeant la ville des eaux extérieures et l'autre pour le drainage des eaux pluviales à l'intérieur de la ville. (Zéroual, 2005).

Toutefois, ce système de drainage des eaux pluviales de la ville constitue aujourd'hui un facteur de vulnérabilité important et mérite d'être pris en compte dans la compréhension des inondations.

En effet, la ville de Thiès souffre d'une déficience de son système de drainage des eaux pluviales avec « 17% de la ville recouverte par le réseau de l'ONAS » (Thiès-Cergy, 2011). Ainsi l'évacuation des eaux de pluies, dont un seul réseau, en violet, est fonctionnel (Figure 25) pose de sérieux problèmes environnementaux.

Figure 25: Réseau d'évacuation des eaux pluviales de la ville de Thiès

Dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, on note la présence de trois canaux d'évacuation dont la localisation illustre le sens de l'écoulement des eaux. Il s'agit du canal périmétral situé au nord, celui situé à l'ouest de la mission catholique et le canal au sud du quartier de Nguinth.

Aujourd'hui, ces différents canaux connaissent de sérieux problèmes liés à l'ensablement, à la présence de déchets, à l'absence de maintenance et d'entretien. Il faut noter que la gestion de l'assainissement pluvial à Thiès relève du rôle de la Mairie de ville. Cette dernière est chargée de l'entretien et de la maintenance du réseau.

Les canaux à ciel ouvert observés dans la zone sont aussi caractérisés par ce même problème.

Nous avons constaté que les eaux de pluies issues du canal de Keur Mame El Hadji (Photo 8) vont vers la zone de remontée de la nappe pour ensuite en cas de surplus être réorientées vers une voie d'eau à ciel ouvert. Cette voie est bouchée par les déchets et la végétation en saison pluvieuse.

Photo 8:Canal de Keur Mame El Hadj et son extrémité à Nguinth (S.B. NGOM, 2013)

Cette situation obstrue les eaux de ruissellement et perturbe le système d'assainissement dans un contexte pluviométrique caractérisé par l'abondance des eaux de pluies. Un redimensionnement du réseau s'impose car la situation pluviométrique connaît des bouleversements.

L'autre problème de l'assainissement que nous avons constaté dans la zone d'étude est surtout lié à l'obstruction des canaux à ciel ouvert par les maisons. Dans le quartier de Nguinth, la voie d'évacuation des eaux est bloquée par les maisons qui témoignent de l'absence d'organisation des schémas d'urbanisme. Les eaux collectées au sud de la zone d'étude, peinent à sortir en raison des maisons situées sur la voie d'évacuation (Photo 9).

Photo 9: Maisons obstruant les issues de sortie des eaux (S.B.NGOM, 2013)

La commune d'arrondissement de Thiès-nord est bien représentée dans le système d'assainissement des eaux pluviales de la ville de Thiès. Nous avons noté beaucoup de canaux d'évacuation qui témoignent simplement que la zone est réellement un lieu de convergence des eaux pluviales.

Cependant, ces canaux souffrent aujourd'hui de mauvais entretien s'il y en a car nous avons remarqué que la plupart d'entre eux sont remplis de déchets alors que d'autres souffrent de l'ensablement. Cette situation complique l'évacuation des eaux et expose la commune d'arrondissement aux inondations.

Conclusion partielle

En somme, il faut dire que la croissance urbaine de la commune d'arrondissement de Thiès-nord est assez rapide au vu des mutations nombreuses que celle-ci apportent à cet espace urbain.

Cette croissance influence à plusieurs égards les conditions naturelles du site de la commune et rend difficile l'aménagement de la commune d'arrondissement.

La croissance démographique induit des demandes sociales et des besoins d'espace pour les populations. Elle favorise l'occupation anarchique de l'espace et l'installation des populations dans les zones inondables.

Les processus d'urbanisation causent la perturbation du cycle hydrologique en milieu urbain. L'urbanisation favorise la diminution voire même la suppression des zones d'expansion naturelle des eaux de pluies. Son manque de contrôle expose davantage la zone aux aléas pluviométriques.

A cela s'ajoute un système d'assainissement fragile en raison de l'absence réelle d'entretien des réseaux d'évacuation des eaux et une occupation des voies d'évacuation qui induit une obstruction aux issues de sortie des canaux d'évacuation.

L'urbanisation est un facteur essentiel à prendre en considération pour gérer et réduire le risque d'inondation en ce qu'elle constitue un indicateur essentiel de l'exposition de la commune d'arrondissement aux aléas météorologiques.

TROISIEME PARTIE : LA GESTION DU RISQUE D'INONDATION

Pendant longtemps, le risque d'inondation n'était abordé que sous l'angle d'un phénomène essentiellement hydrologique et sa gestion s'orientait presque exclusivement aux méthodes curatives. Autrement dit, il s'agissait d'une gestion de crise au travers de la mise en place de moyens techniques comme les digues et les barrages pour lutter contre le phénomène.

Toutefois, au regard de l'évolution du phénomène et de sa perception par les sociétés, notamment la responsabilité humaine dans les catastrophe naturelles, l'approche spatiale des inondations s'est orientée autour du concept de vulnérabilité.

Les dégâts et les dommages provoqués par les inondations ont provoqué des réactions à tous les niveaux de la société. Des pouvoirs publics aux populations, la gestion du risque devient impérieux eu égard aux conséquences de plus en plus dramatiques du phénomène.

Dans un premier lieu, nous allons analyser le cadre institutionnel des inondations à l'échelle nationale et locale et les stratégies d'adaptation des populations.

En second lieu, il s'agira de montrer les limites de cette gestion du risque à travers une analyse des contraintes institutionnelles et de la perception du phénomène par les populations.

Chapitre 1 : LA GESTION INSTITUTIONNELLE DU RISQUE D'INONDATION ET LES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION

Les dégâts et les dommages causés par les inondations ont suscité des réactions de la part des pouvoirs publics, qu'elles soient à l'échelle nationale, puisque les inondations constituent actuellement l'un des fléaux les plus graves au Sénégal24(*) ou bien à l'échelle locale car la commune d'arrondissement de Thiès-nord est de plus en plus en proie à ce phénomène.

Plusieurs stratégies et mesures ont accompagné la gestion du risque d'inondation au Sénégal allant de la réaction face à l'urgence à la définition de mesures structurelles pour lutter contre le phénomène.

Afin de cerner la gestion institutionnelle du risque d'inondation, nous allons essayé d'analyser celle-ci à l'échelle nationale au travers d'une étude chronologique de différentes stratégies développées dans le pays.

Ensuite il s'agira d'envisager une analyse de la gestion à l'échelle locale en essayant de voir comment la commune d'arrondissement tente de faire face au risque d'inondation.

Enfin nous essayerons d'appréhender les stratégies des populations pour s'adapter aux inondations.

1-1 La gestion institutionnelle du risque d'inondation à l'échelle nationale.

Le risque se gère et sa gestion constitue un refus de la fatalité car elle entre en droite ligne dans la compréhension de l'enjeu qu'il constitue. Cette dimension du risque est comprise, il faut le reconnaître, par les pouvoirs publics dont les réactions notées montrent nettement l'importance accordée au phénomène.

Au Sénégal, plusieurs stratégies ont été développées afin de lutter contre les inondations et leurs impacts. Dans une approche chronologique, nous allons déterminer les différentes stratégies développées par les autorités nationales.

- Le Plan National d'Organisation des Secours (Orsec) : Il a été adopté au Sénégal par le Décret n° 93-1288 du 17 novembre 1993. Ce plan sert à faciliter la mobilisation et l'engagement rapide des moyens exceptionnels. Il constitue le principal outil de gestion des crises et catastrophes au Sénégal.

Selon le Groupement National des Sapeurs Pompiers de Thiès (GNSP), organe chargé de la mise en oeuvre du plan ORSEC, ce dernier n'a jamais été déclenché dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord. Car pour eux, les inondations à Thiès n'auraient pas encore atteint une ampleur qui nécessiterait le plan. Toutefois, ils reconnaissent des difficultés qu'ils éprouvent lors des interventions, qui sont liées souvent à des problèmes d'accès de leurs engins surtout à Nguinth.

- La Stratégie Nationale de Protection sociale et de Gestion des Catastrophes (SNPS/GR) a été développée en 2005 et comprend la période 2006 à 2009. Ses objectifs visent la réduction de l'impact des chocs menaçant directement la vie des populations. Parmi ceux-ci, les inondations occupent une place importante en raison des impacts qu'elles ont sur la population. Elles sont prises en compte dans le quatrième axe des stratégies relatives à la gestion des catastrophes et risques majeurs.

-Le Plan National d'Adaptation aux changements climatiques (PANA) : élaboré en 2006, il constitue une contribution du Sénégal à l'effort mondial de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques. Il constitue le prolongement de ces efforts entamés avec la signature et la ratification de la CCNUCC et du Protocole de Kyoto en 2001.

- Le Programme National de Prévention et Réduction des Risques Majeurs et de Gestion des Catastrophes Naturelles mis en place en 2009 est piloté par la Direction de la Protection Civile (DPC). Il sert de cadre opérationnel pour les interventions dans le domaine de la gestion du risque.

-Le Plan National d'Aménagement du Territoire (PNAT) dont le rôle dans la gestion du risque se mesure à l'aune des scénarios d'aménagement et de développement durable. Il s'agit de contrôler la croissance démographique et de trouver un équilibre entre les diverses régions du pays.

-Le Programme de Gestion des Risques et des Catastrophes (GRC) : ce programme participe au renforcement des capacités institutionnelles nationales et locales des acteurs dans la gestion des risques.

- Le Programme d'Action Prioritaire de Prévention des Inondations (PAPI) mis en place en 2010 et dont le rôle est de trouver des solutions efficaces et durables aux inondations sur l'étendue du territoire national.

-Le Plan Décennal de lutte contre les inondations : Elaboré en 2012 suite aux désastres provoqués par les inondations, il vise dans le long terme à endiguer le phénomène des inondations au Sénégal.

D'autres stratégies existent et sont en cours actuellement au Sénégal. Nous avons choisi certaines que nous jugeons essentielles dans la gestion du risque d'inondation. Au travers de cet aperçu chronologique, il apparaît clairement que l'administration sénégalaise tente de lutter contre les inondations et ses impacts.

Le fait majeur qui reste à noter ici demeure la concentration et le cloisonnement de la majeure partie de ces stratégies et programmes dans la région de Dakar. Cette position peut-être comprise d'autant plus que cette région est la plus touchée par le phénomène mais il n'en demeure pas moins que les autres milieux urbains sénégalais comme notre zone d'étude sont en proie aux inondations et celles-ci prennent de plus en plus de l'ampleur.

A ces mesures nationales, s'ajoutent des efforts locaux dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord malgré la faiblesse des moyens de cette collectivité locale.

1-2 La gestion du risque d'inondation dans la Commune d'arrondissement de Thiès-nord

La gestion du risque est aussi adoptée à l'échelle locale. Dans notre zone d'étude, les autorités tentent avec leurs moyens, l'appui des structures non étatiques et la coopération décentralisée, de faire face au phénomène. Les approches utilisées dans la gestion du risque vont de celles dites structurelles à celles dites non structurelles.

Pour faire face au risque d'inondation qui prend de plus en plus d'ampleur dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, des mesures visant à anticiper et à réduire les risques d'inondation sont mises en oeuvre par la mairie, les ONG et la coopération décentralisée.

Depuis 2007, plusieurs interventions sont notées dans la commune d'arrondissement et répondent à ce que l'on a appelé la perception du risque d'inondation au seul phénomène hydrologique. Au niveau local, beaucoup de réalisations et d'actions tournent autour de la gestion du risque, qu'il en soit perçu comme tel ou pas.

Dans le cadre de l'opérationnalisation de la décentralisation de la politique environnementale au Sénégal, il a été conseillé à chaque région d'élaborer un plan d'action environnementale qui vise entre autres, un maintien de l'équilibre écologique et une amélioration du cadre de vie des populations (PAER, 2007). A travers ces objectifs, il faut noter le souci de prévention et d'anticipation qui anime les acteurs régionaux dans les problèmes liés à l'environnement. Parmi les grands points du PAER, figure la lutte contre la dégradation du plateau de Thiès dont le rôle dans les inondations à Thiès-nord est prépondérant.

La mairie a inscrit dans le volet environnemental de son Programme d'Investissement Prioritaire la construction et la réfection de caniveaux et de bassins de rétention25(*).

Photo 10: Canal de Keur Mame El Hadji (S.B. NGOM, 2013)

Pour la gestion des eaux pluviales, le drainage des eaux a été envisagé à travers un curage des caniveaux, un raccordement des points bas au réseau et l'entretien des déversoirs. Ainsi un canal a été construit pour collecter les eaux de Keur Mame El Hadji et du centre-ville (Photo 10).

Par ailleurs, un projet de construction de 7000 logements sociaux est en cours avec l'appui de l'EAE et de l'UNACOOP. Ce projet entre dans le cadre de l'amélioration des conditions de vie des populations vivant dans les secteurs de l'eau et de l'assainissement.

A ces mesures institutionnelles, s'ajoutent un apport important des ONG et de la coopération décentralisée afin de lutter contre la dégradation de l'environnement particulièrement dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

Ces différents acteurs participent à la gestion du risque au travers d'étude et de réalisations d'ouvrages. Ces initiatives visent à maîtriser les flux d'eau qui se déversent, à chaque saison des pluies, dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord. Il s'agit entre autres :

- La coopération décentralisée Thiès-Cergy : Cette coopération entre la ville de Thiès et la ville de Cergy (France) résulte de la signature d'une convention en 2006. A travers cette coopération, plusieurs études ont été menées notamment dans le cadre de la gestion de l'eau à l'échelle locale. Un Système d'Information Géographique a été mis en place et comprend des informations essentielles sur le site de la commune d'arrondissement. Elles sont destinées aux décideurs locaux afin d'améliorer les conditions de l'aménagement dans la zone nord de Thiès constitué par la commune d'arrondissement de Thiès-nord.

- Le Groupe de Recherche et d'Appui aux Initiatives Mutualistes (GRAIM) est une organisation qui intervient dans le Plateau de Thiès. Son rôle dans la gestion du risque se mesure à la prévention qu'il suscite surtout liée à la dégradation de ce « château d'eau » de plusieurs régions du Sénégal. La gestion des ressources naturelles et de l'environnement et la régularisation de l'urbanisation constituent les facteurs clés dans les recherches qu'il accompagne.

- L'ADT-GERT26(*) est une association qui s'active beaucoup aux efforts de réduction de l'exposition de la zone d'étude aux inondations. Elle s'active principalement à travers leurs participations dans la lutte contre la dégradation des terres et l'érosion afin de préserver les écosystèmes du plateau et de son environnement.

A l'échelle nationale comme à l'échelle locale, des initiatives ont été prises visant à réduire le risque d'inondation dans les villes sénégalaises. Qu'elles soient sous l'égide de l'Etat ou des collectivités locales, il n'en demeure pas moins que des efforts sont notés depuis le début des inondations.

A ces efforts institutionnels, s'ajoutent les initiatives des populations de la localité notamment à travers des moyens techniques pour s'adapter aux inondations.

1-3 Les stratégies locales d'adaptation des populations

Les sociétés se sont, en tout temps, adaptées aux conditions météorologiques et climatiques (GIEC, op cit). Mais au regard de la situation actuelle caractérisée par des mutations climatiques plus importantes, il demeure important que les efforts d'adaptation soient orientés vers la réduction de la vulnérabilité.

Dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, les populations adoptent des méthodes rudimentaires pour faire face aux inondations. Ces méthodes tournent autour de stratégies temporaires et ne sont pas efficaces au vu de la situation observée sur le terrain.

Photo 11: Sacs de sables qui servent d'accès à cette maison (S.B. NGOM, 2013)

Ces sacs de sables (Photo 11) sont placés devant les entrées des maisons où en saison des pluies, l'accès devient impossible en raison de la présence permanente de l'eau dans la maison. Selon le propriétaire de la maison, cette situation est triste et il la vit depuis le début des inondations à Thiès-nord. Ces méthodes rudimentaires et inefficaces sont retrouvées dans beaucoup de maisons inondées dans la zone.

Pour d'autres, des stratégies de contournement des eaux sont développées (Photo 12), ce qui contribue à la déviation des voies naturelles d'écoulement des eaux. Cette situation est à l'origine de débordement des eaux jusque dans des secteurs épargnés par les inondations.


Photo 12: Barrages en pierres pour dévier le ruissellement des eaux (S.B.NGOM, 2013)

Cette situation corrobore l'idée qui veut que l'adaptation soit liée au développement socio-économique27(*). Le niveau de développement de la commune d'arrondissement ne permet pas aux populations d'adopter des stratégies efficaces pour lutter contre les inondations. Au contraire, ces stratégies ne font qu'augmenter leur exposition aux aléas pluviométriques.

C'est le cas des remblaiements observés presque dans toutes les maisons inondées que nous avons visitées (Photo 13). Cette méthode très prisée par les populations a montré ses limites car à chaque saison pluvieuse, les populations disent qu'elles constatent une intensification du phénomène. Le remblaiement ne fait qu'augmenter l'imperméabilité des sols et le coût est insupportable pour ces ménages pauvres.

Photo 13 : Cours de maisons remblayées à Nguinth (S.B.NGOM, 2013)

D'autres par contre, optent pour la migration en raison de l'état de délabrement des maisons. Nous avons noté la présence de quelques maisons abandonnées à cause des inondations (Photo 14). Au regard de leur état de délabrement, elles ne sont plus en mesure d'héberger un ménage.

Photo 14: Maisons abandonnées dans la zone d'étude (S.B. NGOM, 2013)

La migration est considérée comme une stratégie d'adaptation mais elle n'est pas trop importante dans la zone d'étude. Les populations préfèrent rester sur place et se confronter aux eaux car n'ayant pas les moyens de se trouver un autre abri pour y vivre.

Ces stratégies d'adaptation sont les mêmes que celles développées dans beaucoup de sites inondés du pays. Elles répondent à un besoin d'urgence mais ne suffisent pas pour endiguer les souffrances auxquelles sont confrontées les populations. Ces dernières ont besoin de soutien de la part des autorités pour faire face aux inondations mais plusieurs obstacles se dessinent pour arriver à ce soutien des institutions.

Par ailleurs, au regard des résultats observés dans les objectifs institutionnels et locaux, nous considérons qu'il existe beaucoup de contraintes qui réduisent les efforts et aggravent même le phénomène.

Ces contraintes contribuent à la vulnérabilité de la commune d'arrondissement aux inondations.

Chapitre 2: LES CONTRAINTES DANS LA GESTION DU RISQUE D'INONDATION A THIES-NORD : UNE CONTRIBUTION A LA VULNERABILITE

S'il est vrai que la gestion du risque est acceptée et reconnue comme nécessaire aussi bien chez les pouvoirs publics que chez les populations, il demeure certain que sa compréhension reste un enjeu important soulevé par le changement climatique.

La vulnérabilité des milieux urbains face aux inondations ne se résume pas seulement aux caractéristiques physiques et socio-économiques des villes, elle peut être également liée aux structures de gestion du risque d'inondation.

2-1 Les contraintes d'ordre institutionnel

Les principales contraintes institutionnelles à la gestion du risque d'inondation dans la zone d'étude épousent celles rencontrées dans beaucoup de milieux urbains affectés par les inondations au Sénégal. Ces contraintes peuvent se résumer comme suit :

L'absence d'effectivité et de coordination entre les institutions engagées dans la gestion de l'environnement rend difficile les interventions. C'est le cas lors des inondations en 2011 à Thiès-nord.

En effet, le pouvoir central de l'époque et la municipalité de Thiès n'étaient pas du même bord politique. Cela s'est traduit, à la place d'action concrète à mener pour secourir les sinistrés, par des tiraillements entre la mairie de la ville et le gouvernement au détriment des populations qui subissent les eaux28(*).

Au niveau local, la commune d'arrondissement de Thiès-nord manque de moyens suffisants pour faire face aux inondations alors qu'elle constitue de loin la zone la plus frappée par les inondations dans toute la ville de Thiès. Selon certaines autorités de la commune avec qui nous avons discuté, le principal problème réside dans « l'absence criarde de moyens » de la commune d'arrondissement à prendre en charge les urgences lors des inondations.

Leurs actions se résument à la fourniture de dons tels les denrées alimentaires, des moustiquaires etc. Des dons que les populations que nous avons interrogées, considèrent comme de l'aide alimentaire et un analgésique à leur souffrance mais ne constituent pas une solution durable aux inondations. De même, il a été développé l'idée de reloger les personnes inondées dont 182 ménages ont été répertoriés29(*), dans un site situé au niveau de la ZAC de Nguinth.

Toutefois, nous considérons que cette initiative bien qu'étant un soulagement pour les sinistrés, ne constitue pas une solution durable d'autant plus que l'expérience du plan Jaxxay à Dakar en 2007 avait montré ses limites.

Par ailleurs, nous avons constaté que dans la ville de Thiès, l'assainissement est géré par deux structures différentes, ce qui peut créer des dysfonctionnements dans les stratégies et les actions de drainage. Le système d'assainissement des eaux pluviales est géré par la mairie de la ville et celui des eaux usées par l'ONAS. Une situation qui n'est pas sans conséquence sur la prise en charge des eaux et sur les initiatives à apporter dans la question de l'assainissement particulièrement dans notre zone d'étude.

2-2 Les limites des stratégies locales d'adaptation

Les stratégies d'adaptation que nous avons observées dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord consistent pour la plupart au carrelage des maisons, au remblaiement, à la mise en place de marche pieds et des barrages en pierres dans les rues.

Toutefois, ces stratégies demeurent fragiles car certaines zones sont frappées d'une « endémicité » du phénomène en raison des conditions hydrogéologiques comme à Nguinth et du problème d'assainissement des eaux pluviales.

En effet, en raison de la remontée de la nappe dans ce quartier, les stratégies adoptées par les populations semblent vaines à cause du ressuyage de la nappe. Dans la plupart des maisons inondées que nous avons sillonnées, le constat reste le même.

Par exemple, les remblaiements contribuent dans une certaine mesure à « enterrer » les maisons qui se retrouvent au fil des années à un niveau plus bas que la rue. Cela empêche l'évacuation par gravitation des eaux pluviales de la maison et favorise le remplissage de cette dernière par le même phénomène.

Dans les autres quartiers, le défaut d'assainissement rend inutile toute stratégie développée. Cela est lié au coût presque inaccessible de l'assainissement pour des ménages relativement pauvres. Le coût de raccordement est très cher pour les ménages obligeant ceux-ci à se rabattre sur les bouches d'égout pour libérer les excès d'eau.

Dans le quartier de Médina Fall, le plus peuplé de la zone d'étude et de la ville de Thiès, nous avons noté une déficience d'assainissement pour un quartier assez peuplé. Les populations, n'ayant pas d'autres stratégies, préfèrent se confronter avec les eaux.

Les capacités d'adaptation sont liées au niveau de développement or la commune d'arrondissement est dépourvue de moyens pour suivre la tendance actuelle des précipitations. Les inondations commencent à devenir une récurrence dans la zone et les stratégies observées sont loin d'endiguer le phénomène.

Pour une meilleure gestion du risque d'inondation, il demeure nécessaire d'adopter des stratégies efficaces et efficientes et une prévention assez robuste.

2-3 La perception du risque par les populations

La connaissance du risque d'inondation a une certaine influence sur la manière de s'adapter pour les populations.

De manière générale, les inondations comme le changement climatique sont perçus par les populations comme un phénomène naturel. D'aucuns pensent que le contexte de retour des pluies est à l'origine des inondations.

Cette situation montre bien l'insuffisance de l'information environnementale pour les populations. Cette carence peut être liée entre autres à la faiblesse des dispositifs nationaux pour faire face aux besoins d'information, au cloisonnement des stratégies et programmes de gestion de l'information et l'insuffisance des mécanismes de partage et d'échange d'expériences.30(*)

Dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, nous avons constaté cette réalité particulièrement dans les zones inondables.

L'évaluation de l'information environnementale que nous avons adoptée consiste à interroger les ménages sur la perception qu'ils ont du changement climatique et particulièrement sur les inondations.

Tableau 5: Connaissance des populations du changement climatique

quartiers

Nguinth

Medina Fall

Thialy

K. M. El Hadj

Total

Fréquence %

Oui

11

3

2

1

17

32,1

Non

16

10

6

4

36

67,9

Taille échantillon

27

13

8

5

53

100

Source : S.B. NGOM, 2013)

(NB : Ces ménages concernent les sinistrés des inondations et non l'ensemble de la population totale)

Pour ces ménages, le changement climatique est presque inconnu. Sur l'ensemble des ménages enquêtés, la majeure partie n'a aucune connaissance sur le phénomène (Tableau 5). Seuls 32,1% ont une certaine perception et celle-ci reste très approximative. Ces connaissances faibles résultent, comme nous l'avons dit antérieurement, de l'accès à l'information environnementale pour les populations.

Cette insuffisance de l'information environnementale joue beaucoup sur les stratégies d'adaptation et sur le niveau d'anticipation dans un contexte pluviométrique assez instable. Les populations urbaines devraient, en raison des moyens inhérents à la ville contrairement à la campagne, disposer d'un arsenal de moyens pour accéder à l'information environnementale.

L'absence d'information sur le changement climatique contribue à bien des égards à renforcer la vulnérabilité aux inondations car pouvant influencer sur les stratégies d'adaptation.

La gestion du risque d'inondation est devenue un enjeu important dans un contexte de changement climatique particulièrement dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord. Si des stratégies d'adaptation y sont notées, leur efficacité reste souvent à voir d'où la nécessité de développer des stratégies cohérentes qui répondent aux besoins locaux et qui intègrent tous les aspects entrant en jeu dans la construction du risque.

Conclusion partielle

Ce qu'il faut retenir en définitive dans l'analyse de la gestion du risque d'inondation à Thiès-nord, c'est d'une part, une certaine volonté politique des autorités qu'elle soit locale ou nationale à lutter contre les inondations et d'autre part, des populations en difficulté d'adaptation liée à plusieurs facteurs que nous avons montrés ci-dessus.

Les différentes politiques et programmes des autorités procèdent d'une certaine reconnaissance du phénomène et d'une certaine volonté d'y faire face. Mais ces actions sont souvent en déphasage avec le contexte local et obéissent pour la plupart à une gestion de crise et non du risque.

Les populations quant à elle ne peuvent pas lutter contre ce phénomène nonobstant les efforts qu'elles déploient au travers de stratégies rudimentaires. Elles sont confrontées à un faible accès à l'information ce qui réduit leur perception du risque et contribue à leur vulnérabilité.

Néanmoins, la commune d'arrondissement peut anticiper le phénomène avant que celui-ci ne prenne une tournure de catastrophe en développant certaines stratégies et en utilisant ses potentialités naturelles et stratégiques dans un contexte d'urbanisation de toute une région matérialisée par l'aéroport international Blaise Diagne de Diass et l'autoroute à péage.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de cet essai, il conviendrait de retenir que la commune d'arrondissement de Thiès-nord est réellement concernée par les inondations. Même si l'ampleur que prend le phénomène ne peut être assimilée à une situation catastrophiste, il demeure évident que la tendance qu'il suit augure des lendemains très incertains si rien n'est fait.

La pluviométrie dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord est caractérisée par une variabilité importante d'une année à une autre ou d'une décennie à une autre. Ces dernières années sont caractérisées par des cumuls pluviométriques excédentaires et qui sont concomitantes à la longue baisse pluviométrique entamée depuis les années 1970.

Cette tendance du climat trouve une disposition physique de la commune d'arrondissement caractérisée par une situation topographique peu sensible à l'évolution et une dégradation poussée des éléments susceptibles de la protéger contre les perturbations environnementales.

Le site constitue une zone de réceptacle des eaux du Plateau de Thiès en raison de sa topographie. La destruction du couvert végétal dont l'urbanisation de Thiès a beaucoup participé, n'a fait qu'exposer davantage la zone au ruissellement.

A ces déterminants naturels, s'ajoute une croissance urbaine qui ne fait qu'aggraver l'exposition de la commune d'arrondissement de Thiès-nord aux inondations. Cette croissance urbaine difficile à réguler est aujourd'hui au coeur des préoccupations en raison des dysfonctionnements que celle-ci apporte à l'évolution de la zone.

La croissance démographique induit de plus en plus des besoins d'espaces poussant les populations à occuper des zones impropres à l'habitat. L'urbanisation mal contrôlée perturbe les processus hydrologiques dans un contexte d'assainissement faible de la zone et de la ville toute entière où 17% seulement sont couverts par le réseau.

Ces divers éléments définissent la vulnérabilité face aux inondations de la commune d'arrondissement de Thiès-nord. Autrement dit, ils constituent des indicateurs essentiels d'exposition de la zone à ce qu'on a défini comme l'aléa constitué par le contexte pluviométrique.

Les inondations affectent Thiès-nord et le phénomène commence à vraiment s'installer particulièrement dans les quartiers de Nguinth et Médina Fall et récemment de Diakhao.

Face au risque, des éléments de gestion ont été apportés par les autorités administratives et locales. Ils vont des stratégies institutionnelles aux outils locaux d'adaptation développés par les populations.

Toutefois au regard de la situation actuelle, ces stratégies n'apportent pas de solution mais restent importantes à pérenniser et à renforcer car elles participent à l'anticipation et à la prévention du risque d'inondation.

Ainsi la vulnérabilité de la commune d'arrondissement intégrerait deux éléments à savoir l'exposition et la sensibilité de la dynamique urbaine aux aléas et des stratégies d'adaptations à un contexte climatique souvent imprévisible.

Au travers de l'analyse de la vulnérabilité faite dans ce travail de recherche, il apparaît important de proposer des efforts qui peuvent participer à la lutte contre les inondations et à sa prévention. Dans ce cadre, nous considérons que ces propositions ci-dessous peuvent servir aux décideurs locaux dans l'atteinte d'une urbanisation durable telle qu'elle a été préconisée à travers l'Agenda 21 de la Conférence de Rio de Janeiro en 1992.

Le principe de précaution : Il est vrai que les inondations observées dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord n'ont pas la même ampleur que celles constatées dans les autres zones comme la capitale Dakar. Mais au vu de l'évolution du phénomène, il devient une nécessité de définir et d'adopter des mesures visant à prévenir le risque ou à le réduire.

Le principe de prévention : Pour lutter contre un phénomène, il faut au préalable reconnaître son existence. Cela fait souvent défaut à Thiès en raison des intentions politiques qui accompagnent les positions des uns et des autres. Dans la gestion d'une collectivité, la présence de tout risque même minime ne doit pas être écartée31(*).

Le développement d'une agriculture urbaine : Le site de la commune d'arrondissement de Thiès-nord est favorable à l'agriculture maraîchère en raison de la présence de sols hydromorphes. Cette idée commence à prendre effet avec le projet sur la Station d'Epuration (STEP) de Keur Saib Ndoye au nord de la commune d'arrondissement développée avec la coopération décentralisée entre la ville de Thiès et la ville de Cergy (France). Cette zone aussi peut regorger de parcs forestiers au lieu de la floraison du bâti qui ne fait qu'exacerber le phénomène des inondations.

Réguler l'extension de la ville en mettant en place des politiques urbaines correctes et redéfinir les schémas d'aménagement de la ville de Thiès. Cela commence par une réduction de la spéculation foncière et de l'absorption des communautés rurales voisines.

Adopter une gouvernance participative qui inclue les populations dans la gestion de leur localité, écouter les sages des quartiers en raison de leur compréhension de l'évolution de leur zone, mettre en place des Systèmes d'Informations Géographiques Participatives (SIG-P) pour l'aide à la décision.

Renforcer les études physiques sur la commune d'arrondissement de Thiès-nord afin de comprendre l'évolution du site. Comme le cas de Nguinth où l'absence d'étude géophysique sur la nappe rend difficile les velléités d'aménagement.

S'adapter au changement climatique : Les politiques publiques et les stratégies de développement doivent s'inscrire dans le contexte du changement climatique. Cela passe par une amélioration de la communication sur le changement climatique, la sensibilisation à grande échelle de la population, un renforcement des capacités d'adaptation des populations et une approche intégrée dans l'analyse de l'environnement.

Ces différentes recommandations participent à bien des égards au renforcement des capacités de la commune d'arrondissement à lutter contre les inondations. Elles visent aussi un aménagement efficient et durable de la localité dans un contexte de perturbation climatique.

La commune d'arrondissement de Thiès-nord n'a pas certes atteint le niveau de risque maximal si on la compare à la banlieue dakaroise, mais la tendance pluviométrique actuelle qui s'ajoute à une vulnérabilité très présente, l'augure à des situations dramatiques si rien n'est fait. Comme le dit si bien un proverbe indien, « Pour une fourmi, la rosée est une inondation ».

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LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Modèle numérique de terrain de la ville de Thiès 24

Figure 2: Situation pédologique de la ville de Thiès 26

Figure 3 : Localisation de la commune d'arrondissement de Thiès-nord 29

Figure 4: Circulation moyenne en surface en Afrique de l'Ouest 32

Figure 5 : Migration de l'Equateur météorologique en Afrique de l'Ouest 36

Figure 6 : Déplacement d'une ligne de grain en Afrique de l'Ouest 39

Figure 7: Directions dominantes des vents à Thiès 41

Figure 8 : Variations mensuelles de la vitesse moyenne des vents à Thiès 42

Figure 9 : variations mensuelles de l'insolation à Thiès de 1977 à 2012 43

Figure 10 : Variations mensuelles des températures à Thiès de 1977 à 2012 44

Figure 11 : Variations mensuelles de l'humidité relative de 1977 à 2012 45

Figure 12 : Régime pluviométrique de Thiès 46

Figure 13 : Estimation et projection de la population de la commune d'arrondissement de Thiès-nord 47

Figure 14 : Répartition de la population par quartiers de la commune d'arrondissement de Thiès-nord 48

Figure 15 : Répartition des quartiers de la commune d'arrondissement de Thiès-nord 50

Figure 16 : Ecarts normalisés des précipitations à Thiès de 1951 à 2012 57

Figure 17 : Ecarts des moyennes décennales de la pluviométrie par rapport à la normale 1961-1990 59

Figure 18 : Evolution des pluies d'août de 2000 à 2011 à Thiès 60

Figure 19 : Fréquences des pluies journalières du mois d'août selon les classes de 2000 à 2011 62

Figure 20 : Schéma du plateau de Thiès et du cycle hydrique 65

Figure 21 : Coupe végétale de la ville de Thiès 69

Figure 22 : Evolution et projection de la population de la ville de Thiès 72

Figure 24 : Zones inondables dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord 75

Figure 25 : Réseau d'évacuation des eaux pluviales de la ville de Thiès 82

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Echantillonnage pour les enquêtes par quartier 20

Tableau 2 : Fréquence des années selon les classes de SPI 56

Tableau 3 : Classes de précipitations journalières 61

Tableau 5 : Connaissance des populations sur le changement climatique 100

LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : Voies ferrées situées à l'est de la commune d'arrondissement de Thiès-nord 66

Photo 2 : Rues inondées dans le quartier de Nguinth 67

Photo 3 : Maisons inondées en permanence à Thiès-nord 73

Photo 4 : Zone de remontée de la nappe à Nguinth et sa couverture végétale 76

Photo 5 : Les 2 voies principales de Nguinth en direction de la VCN 78

Photo 6 : Devanture de maisons inondées en face des 2 voies principales 79

Photo 7 : Rue inondée dans le quartier de Médina Fall 80

Photo 8 : Canal de Keur Mame El Hadj et son extrémité à Nguinth 83

Photo 9 : Maisons obstruant les issus des eaux à Nguinth 84

Photo 10: Canal fermé de Keur Mame EL Hadj 91

Photo 11 : Sacs de sables qui servent d'accès à cette maison 93

Photo 12 : Barrages en pierres déviant le ruissellement des eaux 94

Photo 13 : Cours de maison remblayée à Nguinth 95

Photo 14 : Maisons abandonnées dans la zone d'étude 95

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Répartition de la superficie par types d'habitats

Annexe 2 : Classification de l'humidité et de la sécheresse en fonction du SPI

Annexe 3 : Guide d'entretien

Annexe 1: Répartition de la superficie par types d'habitats

Groupe de quartiers

 

superficie en hectares

 

habitat équipés

 

habitats sous-équipés

 

habitats irréguliers

Takhikao

15

0

162

Médina Fall

102

200

0

Nguinth

34

71

12

Diakhao

513

86

37

Thialy

24

82

14

TOTAL

688

439

225

Source : Etude PDU Thiès, 2005

Classes du SPI

Degré d'humidité ou de sécheresse

SPI2

 

Humidité extrême

 

1SPI2

 

Humidité forte

 

0SPI1

 

Humidité modérée

 

?1SPI0

 

Sécheresse modérée

 

?2SPI?1

 

Sécheresse forte

 

SPI?2

 

Sécheresse extrême

 

Annexe 2 : Classification de l'humidité et de la sécheresse en fonction du SPI

Source :Sarr, 2008, adapté de Bergaoui et Alouini in www.john-libbey-eurotext.fr

Annexe 3

Guide d'entretien

L'occupation de la zone nord de la ville de Thiès est-elle ancienne ?

............................................................................................................................................................................................................

Y-a-t-il des structures chargées du suivi des chantiers de Thiès ?

........................................................................................................................................................................................................................

Y'a-t'il une Ordonnance d'Etude d'Impact Environnemental qui a été effectuée lors de la construction de la VCN ?

...............................................................................................................

Quels sont les projets de la mairie pour la commune d'arrondissement de Thiès-nord?

.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Les populations sont-elles incluses dans la gouvernance de la localité et des projets ?

...............................................................................................................

Si oui, quels sont les niveaux d'implication ?

..................................................................................................................................................................................................................

Y'a -t-il réellement une assistance des populations en cas d'inondation

........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Y'a-t-il un suivi réel du système d'assainissement ?

.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Comment sont définies les interventions en cas d'inondation

..............................................................................................................................................................................................................................

............................................................................................................

TABLE DES MATIERES

AVANT PROPOS 1

LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS 3

LISTE DES FIGURES 5

LISTE DES TABLEAUX 7

LISTE DES PHOTOS 8

LISTE DES ANNEXES 9

SOMMAIRE 10

INTRODUCTION GENERALE 11

I/PROBLEMATIQUE 13

1.1/ Contexte 13

1.2/ Justification 15

1.3/ Objectifs et hypothèses de l'étude 16

1.3.1/ Objectif général 16

1.3.2/ Objectifs spécifiques 16

1.3.3 Hypothèses 16

1-4/ Le cadre conceptuel 17

II/ METHODOLOGIE 19

2-1/ La revue documentaire 19

2-2/ La collecte des données 19

2-3/ L'analyse des données 21

PREMIERE PARTIE: PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 22

Introduction 23

Chapitre 1 : SITE ET SITUATION DE THIES-NORD 24

1-1 Le relief et la morphologie 24

1-2 La pédologie 25

1-3 Le réseau hydrographique 27

1-4 La situation : un atout pour la commune d'arrondissement de Thiès-nord 28

Chapitre 2 : LE CLIMAT 30

2-1/ La circulation atmosphérique tropicale 30

2-1-1/ La circulation en surface 30

2-1-1-1/ L'alizé 31

2-1-1-2/ La mousson 33

2-1-2/ La circulation en altitude 34

2-2/ Les discontinuités du domaine tropical 34

2-2-1/ L'axe des Hautes Pressions Tropicales 34

2-2-2/ La discontinuité d'alizé 34

2-2-3/ L'Inversion d'alizé 35

2-2-4/ L'équateur météorologique 35

2-3/ Les perturbations du domaine tropical 37

2-3-1/ Les incursions polaires 37

2-3-2/ Les lignes de grain 37

2-4/ LES CARACTERES MOYENS DU CLIMAT A THIES 40

2-4-1/ Le régime des vents 40

2-4-2/ L'insolation 42

2-4-3/ Le régime des températures 43

2-4-4/ L'humidité relative 44

2-4-5/ Le régime pluviométrique 45

Chapitre 3 : LA POPULATION ET LA MORPHOLOGIE URBAINE DE THIES-NORD 47

3-1 La population 47

3-2 Morphologie urbaine 49

3-2-1/ La structure des quartiers 49

3-2-2 La structure de l'habitat 51

Conclusion partielle 52

DEUXIEME PARTIE : LA VULNERABILITE FACE AUX INONDATIONS 53

Introduction 54

Chapitre 1 : L'ALEA OU LE CONTEXTE CLIMATIQUE 55

1-1 La variabilité pluviométrique 55

1-2 Les évènements pluvieux 60

Chapitre 2 : LA VULNERABILITE BIOPHYSIQUE 64

2-1- Une zone de réceptacle des eaux de ruissellement 64

2-2 Dégradation du couvert végétal en amont 67

Chapitre 3 : LA VULNERABILITE URBAINE AUX INONDATIONS 71

3-1 La vulnérabilité urbaine spécifique 71

3-1-1 La croissance démographique sur un site vulnérable 72

3-1-2 L'urbanisation incontrôlée : facteur technique d'aggravation des inondations 77

3-2 Un système d'assainissement des eaux pluviales fragile 81

Conclusion partielle 85

TROISIEME PARTIE : LA GESTION DU RISQUE D'INONDATION 86

Introduction 87

Chapitre 1 : LA GESTION INSTITUTIONNELLE DU RISQUE D'INONDATION ET LES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION 88

1-1 La gestion institutionnelle du risque d'inondation à l'échelle nationale. 88

1-2 La gestion du risque d'inondation dans la Commune d'arrondissement de Thiès-nord 90

1-3 Les stratégies locales d'adaptation des populations 93

Chapitre 2: LES CONTRAINTES DANS LA GESTION DU RISQUE D'INONDATION A THIES-NORD : UNE CONTRIBUTION A LA VULNERABILITE 97

2-1 Les contraintes d'ordre institutionnel 97

2-2 Les limites des stratégies locales d'adaptation 98

2-3 La perception du risque par les populations 99

Conclusion partielle 102

CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 103

1- Eléments de conclusion 104

2- Recommandations et perspectives de résistance 105

BIBLIOGRAPHIE 107

ANNEXES 111

TABLE DES MATIERES 116

* 1 Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) créé en 1988 par l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). Il est basé à Genève (Suisse)

* 2 ACMAD, 2012 : Flood report over west Africa, September 2012

* 3 Seneweb.com, 2012. Liens : http://www.seneweb.com/news/Societe/lutte-contre-les-inondations-abdoul-mbaye-satisfait-du-niveau-d-execution-des-chantiers-de-touba_n_101120.html, page consultée le 30 /O7/2013

* 4 Plan d'Action Environnemental Régional 2007-2009, Conseil Régional de Thiès

* 5 GIEC, op cit

* 6 Lettre pigb-pmrc- France, Changement global, Septembre 1998, n* 8

* 7 Journal Officiel de la République du Sénégal, n* 6446 du 31 Décembre 2008

* 8 Pélissier , id

* 9 Fall et Gaye, op cit

* 10 Thiès-Cergy : Le défi de la gestion de l'eau à travers l'aménagement du territoire des quartiers nord de Thiès, Coopération Thiès-Cergy, 66p

* 11 Ndong J.B., 2003 : Caractérisation de la saison des pluies dans le centre- ouest du Sénégal, Publications de l'Association Internationale de Climatologie, Vol. 15, 2003, pp.326-332

* 12 Le Borgne, id

* 13 Le Borgne, op cit

* 14 Sagna P, op cit

* 15 M. Leroux, id

* 16 Cours de Climatologie, Licence de Géographie, 2013

* 17 Propos du délégué de quartier de Médina Fall

* 18 Cours de Climatologie tropicale, Licence 3 Géographie, 2011

* 19 M. Balme, T. Lebel, A. Amani, 2006: Années sèches et années humides au Sahel : quo vadimus ?, Journal des sciences hydrologiques, 51 (2) avril 2006, pp 254-271

* 20 GRAIM, Plateau de Thiès : les enjeux de sa restauration, lien : http://www.graim.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=94&Itemid=94

* 21 Source : délégué de quartier de Médina Fall,

* 22 http://pressafriq.skyrock.com/241020697-TOUT-SUR-L-AFFAIRE-DES-CHANTIERS-DE-THIES-LES-CHANTIERS-DE-TOUTES-LES.html

* 23 Thiès-Cergy, op cit

* 24 République du Sénégal, Banque Mondiale, Système des Nations Unies, Commission Européenne : Rapport d'évaluation des besoins post catastrophe, Rapport final, Juin 2010

Lien : reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/ressources/Rapport_complet_78.pdf

* 25 ADM, PRECOL, 2007 : Actualisation de l'audit urbain, organisationnel et financier et préparation du contrat de la ville de Thiès, Rapport audit urbain provisoire

* 26 Association pour le Développement des Technologies et la Gestion des Ressources du Terroir

* 27 GIEC, op cit

* 28 Seneweb.com, 11 août 2011

Lien : http://www.seneweb.com/news/Politique/idrissa-seck-sur-la-recurrence-des-inondations-a-thies-lsquo-c-rsquo-est-un-des-degats-collateraux-du-complot-d-rsquo-etat-contre-ma-personne-rsquo_n_49522.html

* 29 Source : Commune d'arrondissement de Thiès-nord

* 30 Green Info, Revue trimestrielle d'informations environnementales, Juin 2012, N° 4, 12 pages

* 31 CEDEAO : Annexe au projet d'acte additionnel de politique environnementale de la CEDEAO






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand