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La carte nationale d'identité dans l'Adamaoua: 1960-2013

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par Gabana Jean Francis
Université de Ngaoundéré - Master Recherches en histoire 2013
  

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: données administratives de la Région de l'Adamaoua en 2010. 3

Tableau 2: répartition de la population de la Région de l'Adamaoua 2005-2010. 84

Tableau 3: répartition des postes d'identification de 1960 à 1995. 87

Tableau 4 : répartition des postes d'identification dans l'Adamaoua en 2013. 92

Tableau 5: répartition des équipes mobiles d'identification dans l'Adamaoua en 2011. 93

Tableau 6: récapitulatif de demandes de cartes nationales d'identité du poste d'identification de Ngaoundéré de 1976 à 1987. 127

Tableau 7: l'évolution des inscriptions sur les listes électorales région de l'Adamaoua de 2007 au 10 juin 2011. 140

Figure 1: Carte de localisation de la zone d'étude.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

I-PRÉSENTATION DU SUJET DE RECHERCHE.

Pendant la colonisation en Afrique, les puissances colonisatrices avaient mis sur pied un système juridique, créant une structure de citoyenneté dont le but était la discrimination raciale. D'un côté se trouvaient les colons européens qui étaient des citoyens à part entière avec les mêmes droits que les membres de leurs familles vivant en métropole. De l'autre côté, il y avait les autochtones africains appelés « indigènes» qui étaient des « sujets »1(*). Ce système juridique en vigueur pendant la colonisation était une forme d'identification des populations dans des colonies.

L'histoire post-coloniale de l'Afrique montre combien il a été difficile de mettre en place une politique calquée sur le modèle occidental pour des populations qui avaient déjà une organisation politique endogène. Les nouveaux États se sont donc construits dans une logique de continuité et d'amplification du modèle colonial. Les populations africaines se trouvent ainsi face aux systèmes politiques et surtout juridiques hérités de la colonisation en particulier le système de l'identification. Pourtant, l'institution de la carte d'identité en Afrique s'inscrit dans une dynamique de construction des États dans ce continent qui a été successivement victime de la traite négrière, du partage arbitraire et de la colonisation.

Si bon nombre d'auteurs ont abordé la question de l'identité, de la nationalité et de la citoyenneté en Afrique et plus particulièrement au Cameroun, l'étude sur la carte nationale d'identité du Cameroun reste encore un domaine en friche. C'est justement pour étudier le contexte d'apparition, les enjeux et les obstacles à l'identification officielle que nous avons choisi le sujet sur : « La carte nationale d'identité dans l'Adamaoua (Cameroun) : 1960-2013 ».

II-RAISONS DU CHOIX DU SUJET.

Plusieurs raisons ont guidé le choix de ce sujet. Premièrement, ces raisons sont personnelles. En effet, lorsque nous travaillions au poste d'identification (PI) du commissariat de sécurité publique de la ville de Meiganga en 2010, nous avions remarqué la réticence de certaines personnes à se faire identifier. Toutefois, nous nous sommes rendu compte que dans le département du Mbéré où l'on retrouve plusieurs groupes ethniques, les Peul sont les plus nombreux à se faire identifier. À cela s'ajoute le problème de démarchage dans le processus d'établissement des cartes nationales d'identité (CNI). En fait, certains citoyens, pour se faire identifier, font recours à une personne qui assure l'intermédiation avec l'administration. Ce sont des courtiers localement appelés « Démarcheurs ». Ainsi, il est important de noter que l'intermédiation dans le processus d'établissement de la carte nationale d'identité dans l'Adamaoua crée une distance entre l'administration et les demandeurs de la carte d'identité et pose un problème concernant la fiabilité des informations sur l'individu à identifier. Notre préoccupation est de comprendre les raisons d'une telle intermédiation.

Le choix de ce sujet a aussi une motivation scientifique. Nous avons constaté que malgré les multiples études sur les questions d'identité, de nationalité et de citoyenneté, il n'y a pas jusqu'ici une analyse historienne sur la carte d'identité nationale du Cameroun en général et plus spécifiquement dans l'Adamaoua. En étudiant son contexte d'apparition, son importance et les différents obstacles qui plombent l'identification, ce travail trouve sa place particulièrement dans l'histoire de l'administration au Cameroun. Il établit précisément le lien de causalité entre les pratiques de l'administration coloniale et l'administration postcoloniale. Cette étude contribuera ainsi à enrichir l'historiographie camerounaise.

III-CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE.

Dans le cadre de notre étude, l'objet est de lever un pan de voile sur la question de la carte nationale d'identité dans l'Adamaoua. Ainsi, comme le reconnaît J.L, Amselle., « il est nécessaire dans tout travail épistémologique de partir de notions empiriques pour déconstruire et reconstruire un autre espace plus apte à rendre compte d'une réalité donnée»2(*). Il est donc judicieux voire impératif de définir et de circonscrire le concept de carte nationale d'identité et les notions connexes telles que : identité et identification.

L'étude sur la question d'identité regorge assez de documents ou de directives pour guider les personnes intéressées à examiner ce domaine. Du latin Carta, la carte désigne le document imprimé officiel constatant l'identité de quelqu'un, son appartenance à un groupement, son inscription sur une liste.3(*) Analysant cette définition du dictionnaire Larousse, la carte, dans ce contexte, désigne en fait le certificat d'identité d'un individu confirmant son appartenance à un groupe humain ou à un État. L'identité, étymologiquement issue du latin Identitas qui dans son sens premier signifie ce qui fait qu'une chose, est exactement de même nature qu'une autre, est le caractère permanent et fondamental de quelqu'un ou d'un groupe4(*).

En droit, l'identité est l'ensemble de faits et de droits, tels la date, le lieu de naissance, le nom, le prénom, qui permettent d'affirmer qu'un individu est telle personne sans confusion possible avec une autre.5(*) La notion d'identité est au croisement de la psychologie et de la sociologie mais intéresse aussi la géographie. La psychologie conçoit l'identité comme une sorte de sentiment d'harmonie : l'identité de l'individu est le « sentiment subjectif et tonique d'une unité personnelle et d'une continuité temporelle ».6(*)

La notion d'identité, en sociologie, renferme toute la problématique du rapport entre le collectif et l'individuel, le déterminisme social et la singularité individuelle. Il n'est pas possible à ce jour, de parler de cette notion sans évoquer les grands courants de la sociologie qui ont des approches différentes. L'identité personnelle « subjective », englobe des notions comme la conscience de soi et la représentation de soi. Codol7(*), estime qu'il ne s'agit en fait que d'une « appréhension cognitive de soi ». Elle englobe trois caractères qui vont ensemble : « constance, unité, reconnaissance du même ». Il ne s'agit cependant pas d'une constance mécanique et d'une analogie réifiée, ni de l'adhésion stricte à un contenu invariant et figé mais d'une « constance dialectique » et dynamique impliquant le changement dans la continuité, dans une dynamique d'aménagement permanent des divergences et des oppositions.

Plus « objective », l'identité sociale englobe tout ce qui permet d'identifier le sujet de l'extérieur et qui se réfère aux statuts que le sujet partage avec les autres membres de ses différents groupes d'appartenance (sexe, âge, métier etc.). L'identité sociale comprend les attributs catégoriels et statutaires qui se réfèrent à des catégories sociales où se rangent les individus (groupes, sous-groupes : jeune, étudiant, femme, cadre...). C'est souvent une identité « prescrite » ou assignée, dans la mesure ou l'individu n'en fixe pas, ou pas totalement, les caractéristiques.8(*) Cette identité sociale situe l'individu à l'articulation entre le sociologique et le psychologique. Ainsi, souligne Henri Tajfel :

Le rôle joué par la catégorisation sociale comprend les processus psychologiques qui tendent à ordonner l'environnement en termes de catégories : groupes de personnes, d'objets, d'évènements [...] en tant qu'ils sont équivalents les uns aux autres pour l'action, les intentions ou les attitudes d'un individu 9(*)

Le concept d'identité sociale développé par Henri Tajfel10(*) en 1981, met en exergue les processus psychologiques impliqués dans le changement social. Il intègre dans sa théorie trois processus fondamentaux : la catégorisation sociale ; l'auto-évaluation à travers l'identité sociale ; la comparaison sociale intergroupe. Ceux-ci permettent d'expliquer différentes formes de comportements groupaux. Cette théorie est devenue l'approche dominante des relations intergroupes et est utilisée comme cadre de référence pour comprendre et expliquer les concepts tels que la nationalité, la citoyenneté ou la solidarité sociale. En effet, les comportements des individus, même en situation interpersonnelle, sont toujours en partie influencés par leur appartenance à l'un ou l'autre groupe. De même, l'influence des caractéristiques individuelles n'est jamais annihilée, même dans le cadre des relations intergroupes. Néanmoins, situer les comportements sociaux sur un continuum11(*) interpersonnel-intergroupe permet de considérer les caractéristiques personnelles et groupales comme deux facteurs susceptibles d'influencer une interaction entre individus, de telle sorte qu'elle se rapprochera plus ou moins de l'un des deux pôles. Cette approche nous permet, dans ce travail, d'analyser le comportement des citoyens de l'Adamaoua par rapport à la question de l'identification et de l'identité.

La théorie de « l'égo » et « l'invention de soi » développée par Kaufmann, stipule que :

Si on est entré dans « l'âge des identités » et dans la nécessité de s'inventer soi-même, ce n'est pas que les structures sociales soient devenues moins opérantes ou moins déterminantes que par le passé sous l'effet d'une émancipation magique du sujet, c'est plutôt que ces structures sociales sont devenues plus contradictoires. Face à ces contradictions, le reflet ne pouvait que se transformer en réflexion: la construction identitaire résulte ainsi d'un travail incessant de « réflexivité ». « Ego doit désormais fabriquer (avec la matière sociale disponible) la grille éthique et cognitive conditionnant son action. La construction sociale de la réalité passe par les filtres identitaires individuels »12(*).

Pour Kaufmann, l'identité biographique ne se réduit pas à l'identité narrative et que les individus, du fait qu'ils ont conscience de leurs ruptures biographiques, s'attachent moins à raconter et se raconter « des belles histoires de vie complètes et limpides » en déniant toute contradiction qu'à tisser un lien entre chacune d'entre elles. Ainsi, si Kaufmann retient de l'interactionnisme symbolique le fait que l'identité ne doit pas être envisagée comme une substance mais comme un processus, il refuse de réduire la trajectoire sociale à la trajectoire biographique (ou encore à la carrière) et de négliger le poids déterminant des cadres sociaux de la socialisation13(*)

En géographie, la notion d'identité est majoritairement mobilisée pour étudier la relation concrète ou symbolique des individus ou des groupes sociaux à l'espace. La principale particularité disciplinaire de la géographie réside dans sa capacité à appréhender le concept d'identité dans sa dimension spatiale. Certains géographes se sont ainsi penchés sur l'aspect multi-scalaire de l'identité, en s'intéressant aux multiples relations existant entre les différentes échelles identitaires, au niveau de l'individu, de la collectivité ou encore de l'espace mondial. Dans cette perspective, Arjun Appadurai s'est par exemple intéressé aux phénomènes d'hybridation ethnique et culturelle dans les conditions techno-politiques de la mondialisation14(*).

La géographie a fait un usage multiple de la notion d'identité, dont on peut distinguer quatre acceptions principales : l'identité numérique, l'identité sociale, l'identité personnelle et l'identité collective. Les géographes s'étant intéressés ainsi à la notion d'identité, se sont saisis du concept de différentes manières. La notion est tantôt abordée dans une perspective essentialiste, tantôt constructiviste. Il ne s'agit pas ici de choisir parmi ces acceptions mais de tenir compte de l'ensemble de celles-ci.

Dans son acception numérique, l'identité répond à une perspective essentialiste. Elle est vue comme un invariant universel : les êtres et les choses existent en soi et leur identité ne varie pas à travers le temps15(*). Sur le plan historique, on peut rapprocher cette acception aux recherches effectuées sur la singularité des entités géographiques (lieux, pays et régions) et aux conditions de leur persistance dans le temps. Si cette manière de concevoir l'identité en géographie est largement délaissée aujourd'hui, elle a été au centre de la théorie du déterminisme naturaliste, une des théories les plus anciennes et les plus répandues de la discipline. Cette approche suggère que des entités sociales découlent des entités géographiques, qui les inscrivent toutes deux dans la durée.16(*)

On parle d'identité sociale en géographie dès qu'un individu ou un groupe se voit attribuer une caractéristique identitaire par d'autres. Cette forme d'identification répond à une logique classificatoire dans la mesure où elle permet à un individu ou un groupe d'ordonner l'autre sur la base de critères dominants. Si cette catégorisation peut être d'ordre professionnel, sexuel, ou encore générationnel, les géographes se sont surtout intéressés à celles qui renvoient à des logiques de localisation (les quartiers ouvriers, le continent noir).17(*)

On pense l'identité comme un processus personnel quand on la conçoit comme le produit d'un exercice de « conscientisation » de soi : « ce que je pense, que je suis ». L'acception personnelle de l'identité suggère que bien qu'elle soit résolument collective, elle n'en reste pas moins un choix individuel, ce qui laisse à l'individu un rôle essentiel d'acteur18(*). Si cette acception n'a été que très peu mobilisée dans le champ de la géographie, certains chercheurs s'en sont inspirés dans des analyses sur le rôle des expériences des trajectoires individuelles et des lieux et dans la construction de cette identité personnelle. Ainsi, un lieu serait identifiable grâce au rapport qu'il a avec le passé des individus, de la société et de l'espace19(*).

Dans l'optique constructiviste, l'identité collective se définit comme « le sentiment et la volonté partagés par plusieurs individus d'appartenir à un même groupe ». Ainsi, le groupe ne pourrait exister que si les individus le reconnaissent comme tel20(*). L'identification collective se définit par l'élévation au rang de symboles identitaires d'attributs comme la langue par exemple, qui deviennent des composantes essentielles de l'identité d'un groupe. En désignant, en combinant et en écartant tour à tour certains attributs, le groupe est en permanente reconstruction. Dans ce processus infini de sélection, ce sont les cas où des référents géographiques ou des objets matériels fonctionnent comme des marqueurs identitaires qui ont particulièrement intéressé les géographes. On parlera dans ce cas d'identité territoriale.

Concept issu de la géographie française, l'identité territoriale est la modalité de l'identité collective la plus étudiée en géographie. Les géographes ont d'ailleurs eu tendance à systématiquement mettre en évidence le rôle que l'espace pouvait jouer dans les processus identitaires. On peut parler d'identité territoriale si on s'intéresse au rapport qui existe entre une entité géographique et les groupements humains ou les identités collectives qui travaillent ces différents groupes. Marie-Christine Fourny définit l'identité territoriale comme la « modalité à partir de laquelle une société fonde la conscience de sa singularité en la référant à un espace qu'elle institue sien »21(*). En tant que manifestation identitaire collective, l'identité territoriale prend dès lors forme grâce à un rassemblement d'une quantité suffisante de gens par l'identification des croyances personnelles à une croyance commune. L'identité territoriale apparaît comme une forme d'identité collective dont les attributs relèvent d'une territorialité.

Le processus de construction de l'identité nationale au sein des États africains débute après la création de ces États. Partout sur le continent africain, à compter de cette période, des normes de pouvoir sont imposées aux populations qui désormais cohabitent sur des territoires pratiquement créées22(*). L'État moderne se greffe ainsi sur une pseudo-entité politique et territoriale. C'est donc cette territorialisation qui donne un sens à l'identité nationale23(*). Cependant, la construction de l'identité nationale au Cameroun n'est pas jusqu'à nos jours un acquis, vu les regains d'intérêt des populations camerounaises à s'identifier davantage à leurs ethnies qu'à la nation camerounaise.24(*) Cet intérêt, selon certains auteurs comme J.F. Bayart25(*), P. Gaillard26(*), J.P.Fogui27(*) ou encore P.F. Ngayap28(*) participe du fait que, le Cameroun, bien qu'il ait réussi dans la construction de l'État, a échoué dans celle de la nation. Ainsi, au Cameroun, le débat sur l'identité a donné naissance au concept de multiculturalisme. C'est en fait la reconnaissance de la diversité culturelle du Cameroun, qu'en 1985 le colloque sur l'identité culturelle camerounaise fut organisé29(*).Ce concept apparaît dans le contexte camerounais de manière globalisante et plus vaste en terme spatial que celui de l'identité ethnique ou régionale.

Nous entendons par identité dans le cadre de ce travail, le fait, pour une personne, d'être un individu donné et de pouvoir être légalement reconnue pour tel sans nulle confusion grâce aux éléments (état civil, anthropométrie) qui l'individualisent. Cette définition est similaire au bertillonnage (système d'identification des criminels, mis en application à partir de 1882, et fondé principalement sur l'anthropométrie)30(*) qui, en effet, a permis le développement du système d'identification. C'est dans ce sens que l'on peut parler de : établir, consulter, vérifier l'identité de quelqu'un à travers les papiers d'identité.

La politique s'est, elle aussi, emparée du sujet et de nombreux débats ont lieu sur la notion d'identité et notamment sur le concept de l'identité nationale. À partir des années 1920, en France, la notion d'identité a pris une autre dimension avec l'apparition de la carte d'identité. Sous le régime de Vichy, la carte d'identité va devenir la preuve de l'appartenance à une nation et sa délivrance est particulièrement surveillée31(*). Enfin, c'est en 1955 que la carte nationale d'identité est instaurée, elle est la première preuve de l'identité dite formelle de l'individu par la loi. Aujourd'hui la notion de « papiers » a pris une place centrale en politique et des groupes se sont formés à partir de cette notion : les « sans-papiers » par exemple. La loi française a été adaptée et elle punit les individus qui « n'appartiennent pas » à la nation, c'est-à-dire qui n'ont pas de papiers d'identité. Elle punit également le fait de cacher son identité dans les lieux publics avec la récente loi interdisant le port de la burqa32(*). La notion d'identité en politique est centrale, et nous verrons à travers ce travail l'importance du rôle des pouvoirs publics dans la question identitaire.

Dans le cadre de ce travail, la carte nationale d'identité est un document officiel qui permet à une personne physique de prouver son identité. C'est une pièce de la vie civile délivrée par l'État camerounais permettant d'identifier la personne qui en est détentrice. Elle permet à son titulaire de certifier de son identité. L'identité personnelle et l'identité comme instrument politique peuvent être rapprochées. En effet, l'identité de papier est souvent confondue avec l'identité personnelle puisque les papiers d'identité sont devenus incontournables dans notre société. La carte nationale d'identité est un objet que la majorité des Camerounais possèdent et elle est aujourd'hui incontournable dans notre vie de tous les jours. Elle sert de document de base pour la confection des listes électorales, des opérations bancaires et de conscription. Elle est également synonyme du droit à la nationalité, à la citoyenneté, au vote etc.

C'est à la fin des années 1990 que la carte d'identité va être informatisée puis sécurisée à l'aide de différentes techniques telles que : le filigrane, les dégradés de couleur, un graphisme confectionné par ordinateur, etc. En un peu plus de dix ans, le gouvernement est parvenu à se doter d'un dispositif d'identification des Camerounais de plus en plus important. Progressivement unifiée, la carte nationale d'identité est aujourd'hui un moyen efficace pour vérifier l'identité des individus. De ce qui précède, il est important de noter que, les pratiques en vigueur varient d'un pays à l'autre et ont évolué selon le contexte historique propre à chaque pays.

La première forme d'identification remonte, selon Stya Swarrio et Livingston33(*) à l'Égypte ancienne. Cette forme de document d'identité était en effet l'état-civil qui apparaît aux environs des années 1250 avant Jésus-Christ. C'était un document mis sur pied sous le règne du pharaon Ramsès II à des fins de fiscalité et de recrutement des jeunes pour le service militaire.

L'identification des personnes durant l'Antiquité et le Moyen Âge en Europe est régie principalement par la « reconnaissance interpersonnelle ». Progressivement, les pouvoirs centraux instaurent un état-civil, voulant connaître leurs ressources humaines pour des questions de fiscalité, de police et pour lever des troupes militaires. Ce système d'identification, basé sur l'état-civil, est notamment tenu par l'Église au niveau du registre paroissial34(*).

Au XVIIIe siècle, alors que la justice royale se substitue à la justice divine, se développent les papiers d'identité : sauf-conduit, extrait baptistaire, laissant place progressivement au passeport qui sert au contrôle par la maréchaussée des « classes dangereuses » (vagabonds et mendiants, registres de déserteurs, carnets sanitaires lors de grandes pestes, étrangers et ouvriers), parallèlement à l'essor du bertillonnage et de la dactyloscopie35(*).

La carte nationale d'identité existe dans tous les pays de l'Union européenne sauf au Danemark et au Royaume Uni, où il existe un registre de la population, et en Irlande. À l'exception de l'Italie, de l'Autriche et de la Lituanie, les pays qui ont institué la carte d'identité ont rendu sa détention obligatoire. Au Portugal, une seule carte d'authentification (personnelle et unique) tient lieu de carte nationale d'identité, de carte de sécurité sociale, de carte de santé, de carte de contribuable et de carte d'électeur.

Les premières traces de papiers permettant de prouver l'identité en France apparaissent au XVe siècle. Ce sont des «passeports» ou «sauf-conduits» qui permettent souvent aux marchands et aux voyageurs de prouver leur identité durant leurs déplacements. Ils sont établis en général sur des feuilles volantes délivrés par des juges, des curés ou des secrétaires d'État. Ce n'est qu'en 1539 que l'édit de Villers-Cotterrêts renforcé en 1579 par l'ordonnance de Blois rend obligatoire la tenue de registres baptismaux, de mariages et de sépulcres et servent à prouver l'identité d'un individu. Mais le système d'identification reposait encore essentiellement sur la reconnaissance orale par des tiers, notables en général, de la commune où réside l'individu.36(*)

C'est en 1921 que le préfet du département de la Seine, Robert Leullier, instaure la première carte d'identité française pour remplacer la pratique qui exigeait la présence de deux témoins pour toutes démarches. Marquant une étape décisive dans la rationalisation et l'uniformisation des pratiques étatiques d'encartement des citoyens, le succès de cette carte fut mitigé : des problèmes d'ordre matériel ralentissent sa mise en place, la presse de gauche condamne la prise de l'empreinte digitale qui assimile le citoyen au délinquant37(*). Bien que le préfet Leullier projette de la rendre obligatoire, elle ne reste que facultative.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, avec la loi du 27 octobre 1940, le gouvernement de Vichy reprend l'idée, la développe et, à la suite des mesures antijuives, la rend obligatoire et l'étend en 1943 à toute la France38(*). Après la grande guerre, la carte d'identité disparaît partiellement et avec le décret n°55-1397 du 22 octobre 1955, elle devient facultative sur tout le territoire français incluant alors l'Algérie. En décembre 1995, la carte dite « sécurisée », prévue par un décret du 19 mars 1987, est généralisée et devient gratuite le 1er septembre 1998.

En Afrique, il est hasardeux et même démesuré de soutenir qu'il existe un document d'identité avant la colonisation. Néanmoins, il existait un système d'identification des personnes soit par caste, ethnie, par le lieu de provenance (région, royaume etc.) et par généalogie. Le système d'identification a donc été introduit à partir du XIXème siècle notamment sous l'impulsion européenne. L'administration coloniale française, pour contrôler les déplacements, prélever l'impôt de capitation sur les « indigènes », prendre des mesures judicieuses contre des épidémies, des maladies et procéder au recensement de la population, développa le système d'identification, notamment l'état-civil en multipliant les centres d'état-civil au Cameroun. L'état-civil était une sorte de document d'identité permettant d'identifier les indigènes. Après les indépendances, plusieurs pays africains se sont arrimés au système d'identification dit « moderne » en instituant la carte identité. Une manière d'imiter les États modernes de l'occident qui, en concevant l'idée de l'identification de leurs populations, ont tenu compte du contexte social, politique et économique de leurs pays respectifs. Ainsi, la carte d'identité telle qu'elle est aujourd'hui dans les différents États africains, reste un plagiat de celle des Occidentaux. L'Afrique, continent où l'on retrouve une diversité de cultures, se trouve face à une identification étrangère « moderne ». En fait, le problème que nous voulons aborder ici est celui du système d'identification européen dans une Afrique régie par des ensembles traditionnels. En clair, nous voulons traiter de la question de l'acceptation de la carte d'identité nationale dans l'Adamaoua ; car elle se situe dans un contexte beaucoup plus spécifique où elle semble ne pas avoir vocation. Par ailleurs, l'existence de la carte d'identité dans la majorité des pays africains a été concrétisée par des productions législatives en la matière réglementant son organisation, ses caractéristiques, son fonctionnement etc.

IV-CADRE GÉOGRAPHIQUE ET HUMAIN.

Le cadre géographique et humain, retenu pour cette étude est la Région de l'Adamaoua. Le choix de cet espace géographique n'est pas fait de façon fortuite car, l'Adamaoua est l'une des Régions du Cameroun, la troisième par sa taille. Elle compte cinq départements depuis 1983 et est frontalière du Nigeria à l'ouest et de la République Centrafricaine à l'est. C'est aussi l'une des Régions où l'on retrouve, jusqu'ici, des citoyens réticents à l'égard de la question d'identification. Par ailleurs, c'est également une Région qui accuse un retard en matière d'infrastructures administratives. L'évolution de la structure administrative a favorisé le développement de la politique d'identification. Ceci s'est traduit dans les faits par la création des postes d'identification dans les unités administratives et la mise sur pied des équipes mobiles d'identification dans l'Adamaoua.

En outre, dans la Région de l'Adamaoua, se côtoient divers groupes ethniques. Ainsi, on y rencontre les Gbaya, les Mbum, les Vouté, les Dii, les Nkonja, les Ndoro, les Suga, les Mambila, les Tikar, les Kali, les Kutin et les Peul. À ces groupes dit autochtones, s'ajoutent les Bamiléké, les Bamoun, les Béti, les Nso'o, les Sawa et les Mbamois venus du Sud Cameroun. On note aussi la présence des Toupouri, Fali, Mafa, Moufou, Kapsiki, Massa, Mousgoum, Moundang et Kotoko.

V-CADRE CHRONOLOGIQUE.

L'historien Joseph Ki-Zerbo39(*) affirmait : « L'historien qui veut remonter le passé sans repère chronologique ressemble au voyageur qui parcourt dans une voiture sans compteur, une piste sans borne kilométrique ». Ce travail s'inscrit dans la fourchette chronologique allant de 1960 à 2013.

1960 est la borne chronologique amont de notre thème. Elle correspond à l'indépendance du Cameroun sous administration française. En effet, en 1959 le Cameroun français par un nouveau statut d'autonomie interne n'était plus représenté dans les assemblées françaises et avait tous les pouvoirs de législation, d'administration et de juridiction. La même année et par ce même statut, la nationalité camerounaise fut reconnue sur le plan international. Ainsi, lorsque le Cameroun sous administration française accéda à l'indépendance le 1er janvier 1960, l'accord de tutelle approuvé par l'assemblé générale des nations unies le 13 décembre 1946 cessa d'être en vigueur41(*). C'est dans cette situation que le Cameroun sous administration française indépendant en 1960 et reconnu comme territoire souverain, institua la toute première carte d'identité baptisée sous le nom de « carte identité officielle ».

2013 qui est la borne chronologique aval, est l'année de la double élection (municipale et législative) au Cameroun. En fait, dans l'optique d'établir les listes électorales biométriques et de permettre ainsi à tous les Camerounais ayant atteint l'âge de voter de prendre part au vote, le Président de la République a rendu la délivrance de la carte nationale d'identité gratuite.

VI-INTÉRÊT DU SUJET.

L'identification dans les sociétés et les communautés contemporaines de par le monde est d'une importance notoire. Elle constitue l'expression de la culture qui est traduite sous diverses formes selon l'espace, la communauté, le contexte etc. Pour ce qui est de l'Afrique et singulièrement du Cameroun, la culture de l'oralité prédomine dans les sociétés qui le composent, l'avènement de l'identification de type occidental sous l'impulsion du colonisateur a permis globalement d'uniformiser les référentiels identitaires des personnes ; donc dans un premier temps à dresser l'état-civil et dans un second temps à établir la carte d'identité d'une personne. La carte d'identité traduit ipso facto l'identité de son détenteur. Dans cette perspective, la carte d'identité occupe une place importante dans la société. Comme l'a si bien fait Pierre Piazza42(*) en France, l'on pourrait écrire l'histoire du Cameroun à partir de la carte d`identité. L'intérêt de mener une étude sur la carte d'identité nationale est évident parce qu'il n'existe nulle part une synthèse scientifique produite sur la question de la carte d'identité dans l'Adamaoua. Le travail produit représente alors une nouvelle piste de recherche dont l'importance sur le plan historiographique est notable. Notre souci est de mettre à la disposition de la communauté scientifique, un document relatif à la structure, à l'organisation et au fonctionnement de la carte d'identité nationale du Cameroun. Les productions scientifiques sur la carte nationale d'identité du Cameroun demeurent parcellaires à cause de manque de sources.

Au plan fonctionnel, la carte nationale d'identité constitue l'un des moyens les plus efficaces de contrôle de l'État. Elle aide non seulement à identifier les disparités géographiques, sociales et ethniques, mais surtout à lutter contre l'insécurité. En effet, la carte nationale d'identité permet de contrôler la mobilité humaine à l'intérieur du territoire national, de contrôler les entrées, les sorties et de sécuriser la nationalité. Elle est un outil qui permet de limiter l'immigration clandestine.

Ce travail étudie la carte nationale d'identité qui, à notre avis a des implications sociales, économiques, culturelles et politiques évidentes sur l'histoire du Cameroun. Le gouvernement camerounais y trouvera certainement des éléments de réponse positifs à son souci de canaliser les énergies de tous aux efforts du développement national. Des actions concrètes pourraient être développées par le gouvernement camerounais pour améliorer davantage les conditions d'établissement des cartes nationales d'identité. Il met à la disposition de la délégation générale de la sureté nationale (DGSN), de l'institution chargée de l'organisation de élections au Cameroun (ELECAM)43(*), des organismes nationaux et internationaux un ensemble de connaissances théoriques susceptibles de motiver une restructuration de leurs programmes et de leurs méthodes d'intervention ainsi qu'une réorientation de leur action sur le terrain. Ainsi, la délégation générale à la sureté nationale chargée de l'identification au Cameroun trouvera son compte dans ce travail, dans le cadre de la sensibilisation de la population qui jusqu'ici est encore ignorante et réticente à l'identification. La carte nationale d'identité est un outil important dans une démocratie bien implantée. Les listes électorales sont établies à partir de celle-ci. La crédibilité, la transparence, la prévention des fraudes électorales et la possibilité pour tous les citoyens de participer à la vie politique passent nécessairement par l'obtention de cette pièce officielle.

VII-REVUE DE LA LITTÉRATURE.

Plusieurs chercheurs ont consacré des travaux à la question de l'identification et ont également traité de la pièce d'identité dans différents pays. Nous avons eu recours à certains de leurs écrits pour nous imprégner de ce qui a été déjà fait par rapport à ce travail. Certes, ces auteurs n'ont pas spécifiquement orienté leurs études sur la carte nationale d'identité au Cameroun, mais la documentation disponible est d'un intérêt certain.

Les auteurs se sont intéressés à la naissance de la pièce d'identité. Chiara Lucrezio44(*) Monticelli analyse de fond en comble la naissance de l'identification en France. Ainsi, Chiara précise le contexte de l'avènement de l'identification en France tout en démontrant l'influence du XVIIIe siècle comme tournant historique pour l'identification en France notamment avec des techniques et des instruments d'identification individuelle encore inédits. Toutefois, l'auteur fait une sociologie des identificateurs, étudie les pratiques d'identification et analyse les comportements sociaux face au système d'identification en place.

Pierre Piazza45(*), à partir de l'exploitation de très nombreuses archives publiques souvent inédites, cerne, dans une perspective historique accordant une large place au régime de Vichy, les enjeux politiques et identitaires qui ont accompagné la mise en oeuvre en France d'une nouvelle procédure d'encartement généralisé des citoyens au travers de la diffusion de la carte nationale d'identité. Retraçant le long processus d'institutionnalisation de ce document, il décrit avec précision le rôle déterminant joué par certains acteurs dans la rationalisation des techniques et des dispositifs d'identification mobilisés par les pouvoirs publics. L'accent est encore mis sur les réactions, les débats et les multiples formes de résistances qu'ont suscitées les différentes entreprises étatiques d'encartement des nationaux.

Nicolas Mariot et Claire Zalc46(*) s'intéressent également à l'identification telle qu'elle fut mise en oeuvre par le régime nazi et ses collaborateurs, mais en prenant pour « objet » les résidents juifs de la ville de Lens, sous-préfecture du Pas-de-Calais, durant la Seconde Guerre Mondiale. Au cours d'une enquête, les deux chercheurs montrent que la déclaration constituait une étape nécessaire à l'identification des Juifs comme tels par les autorités, mais que beaucoup parmi les personnes concernées s'y sont finalement soumis. Comme si elles avaient intégré le fait de ne pas se dire juif ne pouvait en rien les prémunir contre la stigmatisation et les déportations.

L'essor des papiers d'identité est donc indissociable de celui de la mobilité. C'est ce que la contribution de Vincent Denis47(*) vient confirmer. Celui-ci revient en effet sur l'importance que revêt la « nébuleuse » de leurs papiers pour les pauvres au XVIIIème siècle. Vincent Denis rappelle en effet l'importance de la répression policière vis-à-vis du vagabondage et de la mendicité. Les papiers remplissent en effet, selon leur nature, deux fonctions principales : marquer l'appartenance à une communauté et l'autorisation de circuler.

Dans un article particulièrement édifiant, Ilsen About48(*) retrace pour sa part l'essor de la gestion policière de l'immigration en France, qui s'est essentiellement déroulée durant l'entre-deux-guerres. C'est en effet à partir de 1917 que les étrangers installés dans l'Hexagone sont tenus de détenir une carte d'identité, une décision du ministre de l'intérieur qui entraîna corrélativement la généralisation d'une pratique devenue aujourd'hui générale : les contrôles d'identité. Ilsen About retrace ainsi les multiples modifications de la réglementation en la matière : dans la durée et les conditions de délivrance, notamment le montant de la taxe à acquitter pour sa délivrance ; du document, les différentes couleurs que pouvaient revêtir le document, matérialisation de la hiérarchie qui s'établissait - déjà- aux yeux des autorités selon l'origine géographique et le secteur d'activité du porteur.

Marie-Annick Mattiolli49(*), abordant la question de l'identification en Grande-Bretagne, analyse le projet d'une introduction de la carte d'identité en Grande-Bretagne énoncé dans le manifeste du New Labour en 2005. En fait, Mattiolli commence par rappeler l'origine, en évoquant notamment les deux premières cartes d'identité qui ont vu le jour pendant les périodes de guerre, entre 1915 et 1919 pour la première et entre 1939 et 1952 pour la suivante, et, plus récemment, les diverses évocations de cartes d'identité depuis les années 1980. Ensuite elle décrit les principales caractéristiques de cette carte, qui permettent selon l'auteur de mettre en relief les objectifs que cherche à atteindre le gouvernement travailliste avec notamment, la réintroduction de papiers d'identité sur le territoire britannique.

Dans son ouvrage, Gérard Noiriel50(*) pose logiquement le cadre général, expliquant tout d'abord que l'identification représente un nouveau paradigme en sciences sociales, succédant à celui de l'identité, tel qu'il a pu être développé notamment par l'analyse structuraliste. Après avoir rappelé l'apport décisif de la philosophie en la matière, Gérard Noiriel explique en quoi le passage de la communication orale à celle écrite comme fondement de la culture, ainsi que l'allongement des chaînes d'interdépendance mis en évidence respectivement par l'anthropologue et le socio-historien, ont constitué les facteurs décisifs pour expliquer le développement du souci étatique d'identifier les individus circulant sur son territoire.

Ces ouvrages nous sont utiles car, d'emblée, les auteurs dressent un état ponctuel, aussi complet et précis, servant ainsi une grille de lecture pour comprendre l'identification dans son évolution et ses caractères en Europe.

Outre ces ouvrages généraux et européens, d'autres présentent pour ce travail l'intérêt de se pencher sur la question de l'identification en Afrique et surtout au Cameroun. Le juriste camerounais s'est penché sur la question de l'identification notamment l'état-civil. Siméon Ombiono51(*) fait un essai de présentation des dispositions légales ayant trait à l'homme. Comme le remarque si bien l'auteur lui-même, il ne s'agit pas d'un recueil exhaustif car, ce sont des lois héritées de la colonisation française et anglaise qui ne collent pas avec le contexte et les réalités locales camerounaises. Dans son article sur les noms et prénoms en Afrique, Siméon Ombiono52(*) relève, dans une perspective juridique que, sur le continent, le nom a de fonctions multiples. Il permet d'individualiser la personne, de le classer dans une famille à laquelle elle se rattache et de le situer dans l'histoire.

Emboitant le pas au droit, la sociologie et l'anthropologie à travers les auteurs tels que Clémentine Faik-Nzuji53(*)abordent la question des noms et prénoms contenus sur les fiches d'identification. Elle examine les différentes circonstances d'attribution des noms et leurs significations dans la société.

Henri Tajfel54(*) s'intéresse à l'identité sociale. Il s'interroge sur le contexte amenant les individus à adopter des comportements intergroupes. Selon Tajfel, le contexte social et l'identification au groupe sont à la base des comportements et conflits intergroupes. Il pense que la catégorisation sociale est aussi un outil de définition de soi. Elle définit la place de l'individu dans la société. Dans cette optique, les groupes sociaux offrent à leurs membres une identification d'eux-mêmes au niveau social. C'est en ce sens qu'il définit l'identité sociale comme les aspects de l'image de lui-même d'un individu qui proviennent des catégories sociales auxquelles il perçoit qu'il appartient. 

Turner55(*)et al. s'interrogent sur les circonstances dans lesquelles un individu est capable de se comporter comme membre d'un groupe. Dans cet ouvrage, chaque individu se classe dans un groupe dans lequel se trouvent des références qui lui semblent identiques, similaires ou interchangeables. Ceci permet à l'individu d'organiser son expérience de l'environnement social en classifiant soi et autrui dans des catégories distinctes et exclusives.

Dans son ouvrage, Jean Claude Kaufmann56(*) retient le fait que l'identité ne doit pas être envisagée comme une substance mais comme un processus. Selon lui, l'identité sociale ne devrait pas être réduite à l'identité biographique. Kaufmann prend pleinement conscience des effets négatifs que peuvent engendrer la quête, la revendication d'une identité : repli sur soi ou  explosions confuses et violentes.

En linguistique, on retrouve une grande partie d'études faites sur les noms et prénoms qui sont les premiers substantifs pour identifier une personne physique. Les premiers travaux sur les noms de famille sont dus au philologue et écrivain français Albert Dauzat57(*). Il en dégagea les grands principes de cette science dès 1925.

Retel-Laurentin et Horvath58(*) s'interrogent sur les motifs de choix de nom en Afrique noire et les classent selon les champs des activités qu'ils évoquent. Cette contribution a le mérite de se pencher sur une étude comparatiste des sociétés africaines notamment les Nzakara de la République Centrafricaine.

Sur le plan historique, les écrits sur l'identification ne manquent pas. L'article de Hamadou Adama59(*) analyse la transformation graduelle des patronymes négro-africains portés par les Peul en noms et prénoms musulmans avant d'aboutir à la situation caractérisée par une arabisation quasi-systématique des prénoms des nouveau-nés dans le septentrion camerounais. L'historien Haman Tukur Sa'ad60(*) étudie la signification et les caractéristiques des noms peules dans l'Adamawa.

Plus fourni apparaît le document du ministère camerounais de l'information et de la culture61(*) sur l'identité camerounaise. Ici, la question de l'identité trouve son prolongement pratique dans le concept du multiculturalisme qui se donne pour objectif la reconnaissance des diversités ethniques, culturelles, religieuses, linguistiques, etc. Elle se trouve dans le nouveau texte constitutionnel par l'affirmation du bilinguisme égalitaire d'une part, et par la protection et la promotion des valeurs traditionnelles et langues nationales d'autre part.

Cette documentation variée est d'un intérêt non négligeable. Ces ouvrages évoquent d'une manière ou d'une autre la question de l'identification. Cependant aucun n'étudie spécialement la carte nationale d'identité dans l'Adamaoua. Ainsi, si nous avons jeté notre dévolu sur ce thème, c'est en raison de ce vide que la littérature camerounaise accuse dans ce domaine. Néanmoins, ces ouvrages recensés ne rendant pas véritablement compte des épisodes saillants et de l'évolution de l'identification au Cameroun, nous ont permis tout au moins d'orienter ce travail.

VIII-PROBLEMATIQUE.

L'institution de la carte nationale d'identité au Cameroun après l'indépendance, s'inscrit dans une logique de construction de l'État. Cette pièce d'identité qui semble entrer par effraction dans une société hétérogène régie par les normes et les valeurs traditionnelles a été, dès son avènement, confrontée aux difficultés d'ordre social, politique et administratif dans l'Adamaoua. Difficultés auxquelles les autorités politiques et administratives n'ont pas jusqu'ici trouvé de solutions adéquates. En outre, les années 1960, 1970 et 1980 sont caractérisées par une indolence des populations de l'Adamaoua à l'égard de la carte nationale d'identité. Contrairement, les années 1990 et 2000 sont marquées par une précipitation des citoyens dans les postes d'identification. De ce paradoxe, est née la question de l'acceptation de la carte nationale d'identité dans l'Adamaoua. Quelles sont les raisons qui expliquent la réticence des citoyens vis-à-vis de la carte nationale d'identité pendant les trois premières décennies de son institution et la quête d'une identité officielle à partir des années 1990 dans l'Adamaoua ? Toutefois il sera question de restituer quelques séquences de l'histoire du Cameroun à travers la carte nationale d'identité. Un accent sera également mis sur les éventuelles réactions de la population et les écueils liés à l'établissement de la carte nationale d'identité dans l'Adamaoua.

IX-OBJECTIFS DE LA RECHERCHE.

Le choix d'un sujet comme le nôtre répond à des visées multiples et variées. Il se propose de contribuer au débat sur l'identification officielle au Cameroun avec pour perspective d'aborder une réflexion et des questions pouvant surgir, face à la frustration éprouvée devant les sources inexistantes ou très déficientes au Cameroun. Notre ambition, dans une perspective pratique, consiste à tenter de comprendre le présent à partir du passé relativement récent du Cameroun. Plus spécifiquement, il sera question de :

- Faire ressortir les repères historiques des pièces d'identité au Cameroun tout en étudiant le contexte d'avènement de la carte nationale d'identité et les différentes modifications qu'a connu ce document.

- Étudier l'identification dans l'Adamaoua et analyser les différentes réactions de la population.

-Faire un bilan de l'identification et relever les écueils de la politique d'identification dans l'Adamaoua.

X-METHODOLOGIE.

Thuillier et Tulard relevaient62(*) : « Pas d'histoire sans source... ». Nous n'avons pas failli à cette tradition. Le sujet que nous étudions s'appuie amplement sur des sources écrites et les sources orales.

En ce qui concerne les sources écrites, nous avons exploité les documents qui ont un rapport plus ou moins étroit avec le sujet en question. Les sources écrites sont essentiellement des ouvrages, des thèses, des documents d'archives, des mémoires, des lois et décrets, des articles, des rapports et certains journaux.

À cet effet, la recherche des documents écrits a été réalisée dans les bibliothèques de l'université de Ngaoundéré notamment à la bibliothèque centrale, à la bibliothèque de la FALSH et au programme Ngaoundéré-Anthropos. Dans la ville de Ngaoundéré, nous avons consulté les ouvrages à la bibliothèque de SawtuLinjila.

S'agissant des documents d'archives, la collecte des données archivistiques s'est faite aux Archives Nationales de Yaoundé, dans les postes d'identification les plus anciennement créés de la Région de l'Adamaoua, dans les sous-préfectures et dans les commissariats.

L'enquête orale a été menée dans la région d'étude auprès des autorités administratives, militaires, traditionnelles, des personnels des postes d'identification et des populations. Cette catégorisation des informateurs a facilité la collecte des données car, auprès de chaque informateur, nous savions exactement sur quoi conduire l'entretien. La collecte des informations était réalisée à partir des entretiens et des interviews portant sur des questions spécifiques. Cette démarche a un avantage dans la mesure où, elle permet d'entrer en profondeur des problèmes posés afin de saisir la substance du document à étudier. Un autre avantage lié à l'entretien est celui de juger les signes physionomiques de l'interlocuteur. Durant les entretiens, le mutisme des informateurs sur certaines questions soit dit gênantes, permettait de tirer certaines conclusions dans l'attente de leur vérification. Les démarches d'entretien et d'interview étaient adaptées aux stratégies de collecte des informations sur la question de la carte nationale d'identité, les formes de résistances de certaines personnes et les difficultés liées à l'établissement et à l'obtention de cette pièce dans la région de l'Adamaoua.

Une autre contrainte liée à l'adoption de la démarche par échantillonnage est le temps insuffisant accordé à la recherche de terrain. L'on n'a cessé de le dire, le temps du Master est extrêmement court. La péréquation entre le temps de recherche de terrain et l'espace à parcourir est disproportionnée car, la région de l'Adamaoua s'étend sur 63701km2 et compte 16 postes d'identification. Il a été donc nécessaire de procéder par échantillonnage pour réaliser ce travail. Néanmoins, les données orales collectées auprès des informateurs ont été essentielles pour la rédaction de ce mémoire de Master.

Du point de vue de l'analyse des données, nous avons mis en exergue l'approche diachronique et synchronique. L'approche synchronique a consisté à organiser les informations ou les données collectées sur le terrain en centre d'intérêt. Ce qui a facilité dans une certaine mesure la compréhension, l'explication et l'interprétation des faits. Un autre mérite de cette démarche synchronique est qu'elle permet de simplifier les variables pour retenir comme vérité historique, le noyau dur des informations recueillies. Conscient également du fait que, la question de l'identification est un champ culturel, la démarche synchronique a permis de comparer les informations autour d'un centre d'intérêt pour ne retenir que les informations concordantes.

L'approche diachronique a permis de situer chaque fait dans son contexte historique afin de dégager la dynamique de l'établissement des cartes nationales d'identité dans la région de l'Adamaoua. Cette analyse évolutive de l'identification a permis de placer les faits recensés dans leur contexte. De plus, nous avons également associé à la démarche susmentionnée, une approche pluridisciplinaire et interdisciplinaire. Les travaux de la sociologie, d'anthropologie, de la science politique, de la géographie et du droit ont été consultés et associés à ce travail.

Au chapitre des difficultés rencontrées dans la réalisation de ce travail, nous avons été confronté aux problèmes de la langue car, nous ne maîtrisons pas le fufuldé qui est la langue principale de communication dans la Région de l'Adamaoua. Pour pallier cette difficulté, nous avons souvent sollicité l'aide d'un interprète. Dans les centres de documentation de la région, il y a un manque criard d'ouvrages spécifiques portant sur l'identification officielle au Cameroun. Quelques travaux académiques, trouvés à Ngaoundéré-Anthropos, portent essentiellement sur l'état-civil. Pour surmonter cette difficulté, les données écrites ont été renforcées par les enquêtes orales réalisées auprès des acteurs de l'identification et auprès des autorités administratives de la région de l'Adamaoua.

L'identification des Camerounais est assurée par la police camerounaise. Dans l'acception commune, la police est un corps muet qui ne se livre pas facilement au jeu de question/réponse qui anime tout chercheur en sciences sociales. Il a été particulièrement difficile de recueillir les informations auprès de la police car, pour qu'un agent parle, il faut au préalable, une autorisation de sa hiérarchie. Tout au départ, on envisageait passer par voie formelle, c'est-à-dire passer par voie hiérarchique notamment les commissaires de police, les chefs de poste d'identification afin qu'ils puissent mettre à notre disposition, les éléments susceptibles de nous renseigner sur les questions essentielles pour la réalisation de ce travail.

Face à cette difficulté, nous avons réorienté notre stratégie de collecte des données en interrogeant ces personnels en dehors de leurs services et de façon individuelle. C'est ainsi qu'on a pu interroger, les agents operateurs de photographie et les chefs des postes d'identification. Une autre difficulté, pas de moindre est celle du manque des moyens de transport dans certains localités de la Région de l'Adamaoua. Ce qui rend particulièrement difficile les déplacements pour la recherche. Le mauvais état des routes reliant certaines villes de la Région et le nombre insuffisant des véhicules font en sorte que, le chercheur ne peut maîtriser son calendrier de recherche car il est soumis aux caprices des automobilistes. C'est ainsi que, nous avons mis deux jours sur le tronçon Tibati/Banyo. Le piteux état des véhicules, combiné au mauvais état des routes rendent la recherche tortueuse.

Ce travail réalisé à partir des enquêtes orales et la collecte des sources écrites, souffre du manque des données iconographiques et des synthèses de production des postes d'identification. Cependant, malgré le mauvais état dans lequel se trouvaient certaines archives, nous nous sommes quand même imprégné de leurs contenus.

Toutefois, les données collectées à partir des sources écrites et orales ont été suffisantes pour la réalisation de ce travail. Pour mieux appréhender les données collectées sur le terrain, nous les avons organisés autour de trois chapitres :

Le premier chapitre porte sur l'institutionnalisation de la carte nationale d'identité au Cameroun. Il analyse le contexte d'avènement de la carte d'identité au Cameroun tout en soulignant les différentes modifications qu'a connues ce document d'identité. L'analyse met en relief les procédures et les acteurs d'identification

Le deuxième chapitre porte sur l'identification dans la Région de l'Adamaoua. Il analyse les pratiques d'identification dans l'Adamaoua. Ces pratiques sont conjoncturelles et dépendent de l'évolution de la structure administrative de l'Adamaoua. Ils dépendent également de la politique d'identification au Cameroun.

Le chapitre trois en définitive aborde le bilan de l'identification dans l'Adamaoua. Il analyse l'impact de l'identification dans l'Adamaoua et soulève les questions liées à la politique d'identification.

* 1M.Mamdani, 1996, Citizen and Subject: Contemporary Africa and the Legacy of Late Colonialism, Princeton: Princeton University Press, p.30.

* 2J.L. Amselle, 1976, Les migrations en Afrique, Paris, Maspero.p.17.

* 3 Dictionnaire Universel Larousse, 1997, p.256.

* 4 Petit Larousse, 1998, p.619.

* 5 Ibid., p.779. 

* 6E. Lois-Littré, 1877, Dictionnaire de langue française, Paris, Hachette, p .205.

* 7J.Codol, 2001, « Une approche cognitive du sentiment d'identité », In Information sur les sciences sociales, p.20.

* 8Ibid., p.21.

* 9 H. Tajfel, 1981, Humans groups and social categories : Studies in social psychology, Cambridge, UK :Cambridge University Press, p.72.

* 10Ibid., p.74.

* 11 En philosophie un continuum est un objet ou un phénomène dont on ne peut considérer une partie que par abstraction.

* 12 J.C. Kaufmann, 2004, L'invention de soi. Une théorie de l'identité, Paris, Armand Colin/SEJER, p. 88.

* 13 Ibid., p. 89.

* 14A. Appadurai, 2002, « Après le colonialisme »,inCOMMposite, http://www.commposite.org/index.php/revue/article/view/58/57. Consulté le 22 mars 2014.

* 15J. W. Lapierre, 1984, « L'identité collective, objet paradoxal : d'où nous vient-il? », Recherches sociologiques, nos 15, p.195.

* 16B. Debarbieux, 2005, Prendre position : réflexions sur les ressources et les limites de la notion d'identité en géographie, Paris, CTHS, p. 341.

* 17Ibid., p.343.

* 18 G. Lambony, 2001, De l'usage de la notion d'identité en géographie. Réflexions à partir d'exemples sud-africains, Paris, Harmattan, p. 479.

* 19Ibid., p.483.

* 20G. Bertrand, 2000, Identités et cultures dans les mondes alpins et italien (XVIIIe-XXe siècle), Paris, l'Harmattan, Pp. 209-226.

* 21 M. Fourny, 2005, « Identités et dynamiques territoriales. Coopération, différenciation, temporalités », Thèse d'habilitation à diriger des recherches, Université Joseph-Fournier de Grenoble, p. 122.

* 22 R. Pourtier, 1987, « Encadrement territorial et production de la nation », in E. Terray (éd), L'État contemporain en Afrique, Paris, l'Harmattan, p. 352.

* 23 Ibid.

* 24 I. Mouiche, 1996, « Mutations sociopolitiques et replis identitaires en Afrique : le cas du Cameroun », Revue africaine de Science Politique, Vol.1, n°2, Décembre 1996.

* 25 J. F. Bayart, 1985, L'État au Cameroun, 2e éd., Paris, Presses de la fondation Nationale des Sciences Politiques.

* 26P.Gaillard, 1994, Ahmadou Ahidjo. Patriote et despote, bâtisseur de l'État camerounais, Paris, Jeune Afrique livre.

* 27 J.P. Fogui, 1990, L'intégration politique au Cameroun. Une analyse centre-périphérie, Paris, LGDJ.

* 28P.F.Ngayap, 1983, Cameroun qui gouverne ? De Ahidjo à Biya, l'héritage et enjeu, Paris, l'Harmattan.

* 29Lire à cet effet Ministère de l'information et de la culture, 1985, l'identité culturelle camerounaise, Yaoundé, Direction des affaires culturelles.

* 30Dictionnaire universel Larousse, éd. 1997, p. 74.

* 31 P. Piazza, 2004, « Septembre 1921 : la première « carte d'identité de Français » et ses enjeux, Genèse, n° 54, p. 75.

* 32 Une sorte de voile recouvrant tout le visage.

* 33Lire à cet effet, S. Swarrio et D. Livingston, 1960, Introduction aux statistiques de santé, Londres, Ltd Edimburg. Cité par R.Harouna, 2009, « L'état-civil au Cameroun de la période coloniale allemande au début du XXIème siècle », mémoire de DEA, Université de Ngaoundéré, p.8.

* 34 J.P. Gutton, 2010, Établir l'identité : l'identification des Français du Moyen Âge à nos jours, Lyon, Presses universitaires de Lyon, ý p.212.

* 35 Ibid.

* 36Ibid., p.214.

* 37Piazza, 2004, p.54.

* 38 Ibid.

* 39J.Ki-Zerbo, 1978, Histoire de l'Afrique noire d'Hier à Demain, Paris, éd. Hatier. p.16.

40E.Mveng, 1963, Histoire du Cameroun, Paris, Présence Africaine, p.124

* 41 Ibid.

* 42 Piazza, 2004. p.55.

* 43Elections Cameroon.

* 44 C. L. Monticelli, 2008, « Naissance de l'identification », La Vie des idées, ISSN : 2105-3030,http://www.laviedesidees.fr/Naissance-de-l-identification.html. Consulté le 14 avril 2014.

* 45 P. Piazza, 2004, « Septembre 1921 : la première « carte d'identité de Français » et ses enjeux », Genèses, n° 54.

* 46 N. Mariot et C. Zalc, 2010, Face à la persécution. 991 Juifs dans la guerre, Paris, Fondation pour la mémoire de la Shoah.

* 47 V. Dénis, 2008, Une histoire de l'identité 1715-1815, Paris, Champ Vallon.

* 48 I. About, 2010, Histoire de l'identification des personnes, Paris, La Découverte, coll. « Repères Histoire ».

* 49M. A. Mattioli, 2008, « L'introduction de la carte d'identité en Grande-Bretagne par le New Labour », Observatoire de la société britannique, URL : http://osb.revues.org/661 ; DOI : 10.4000/osb.66, consulté le 14 avril 2014.

* 50G. Noiriel, 1993, « L'identification des citoyens. Naissance de l'état-civil républicain », Genèse n° 13, pp. 3-28.

* 51S.Ombiono, s.d. Textes et lois relatifs à l'état des personnes, Yaoundé, Multi Media, collection documents Juridiques.

* 52 S ; Ombiono, 1982, « Les noms et les prénoms »,in encyclopédie juridique de l'Afrique, Vol. 6, Droit des personnes et des familles, Abidjan, NEA, pp. 45-54.

* 53 C. Faik-Nzuji, 1993, La puissance du sacré. L'homme, la nation et l'art en Afrique noire, Paris, Maisonneuve &Larose.

* 54H.Tajfel, 1981, Humans groups and social categories: Studies in social psychology, Cambridge, UK : Cambridge University press.

* 55 Turner et al, 1987, Rediscovering the social group: a self-categorization theory, Oxford : Blackwell.

* 56 J.C. Kaufmann, 2006, « L'invention de soi. Une théorie de l'identité », revue interrogation ?, n°3, pp.32-71.

* 57 A. Dauzat, 1925, Traité d'anthroponymie français-Les noms de famille en France, revu par son élève Marie Thérèse Morlet, réédité en 1977 par Guénégaud.

* 58 R. Laurentin et Horvath, 1972, Les noms de naissance (indicateurs de la situation familiale et sociale en Afrique noire), Paris, SELAF 30.

* 59Hamadou. Adama, 1997, « Les nouveaux prénoms des peuls du Nord-Cameroun : historique et essai d'interprétation », Ngaoundéré-Athropos, Révue de Sciences sociales, vol.2, pp. 19-40.

* 60H.T. Sa'ad, 1987, « Reflection on fufuldetopoymy. A study of fulbe towns in old Adamawa » in Annals of Bornu, vol.4, University of Maiduguri, pp. 7- 24.

* 61 Ministère de l'information et de la culture, 1985, L'identité culturelle camerounaise, Yaoundé, Direction des affaires culturelles. Ce document est publié suite à un colloque organisé à Yaoundé sur l'identité camerounaise en 1985, sous le haut patronage du Ministère de l'information et de la culture.

* 62G.Thuillier et J. Tulard, 1986, La méthode en histoire, Paris, PUF, p. 78.

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