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Hypothèse des déficits jumeaux. évaluation empirique appliquée au Cameroun.


par Jean NDI ZAMBO
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée - Diplôme d'Ingénieur Statisticien économiste 2020
  

Disponible en mode multipage

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Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)

République du Cameroun (Paix-Travail-Patrie)

MINISTÈRE DES FINANCES DIVISION DE LA PRÉVISION

CELLULE DES SYNTHÈSES
MACROÉCONOMIQUES

Institut Sous-régional de Statistique

et d'Économie Appliquée
(ISSEA)

Organisation Internationale
BP : 294 Yaoundé
Tél : (237) 222 220 134 Fax: (237) 222 229 521
E-mail : isseacemac@yahoo.fr

Mémoire professionnel en vue de l'obtention du diplôme d'Ingénieur Statisticien Économiste

Hypothèse des déficits jumeaux:

évaluation empirique appliquée au

Cameroun

Présenté par :

NDI ZAMBO Jean

Élève Ingénieur Statisticien Économiste - 3ièmeAnnée

Encadreur académique Jeannot NGBANZA

Chef du département Enquêtes et Publications

(ISSEA)

Année académique 2019-2020

Encadreur professionnel
Serges MENDOUGA

Ingénieur Statisticien Économiste Chargé d'études assistant

(MINFI/DP)

Dédicace

À

ma mère Nlo Marie Colette

ii

Remerciements

La production du présent mémoire professionnel a été rendue possible grâce au soutien de tout le personnel de la Division de la prévision du Ministère des Finances, organe au sein duquel j'ai effectué mon stage, et de tout le corps professoral de l'ISSEA. Á cet effet, je tiens à remercier Monsieur Ngakounda Gabriel : Directeur de la Division de la Prévision. Je remercie également Monsieur Mendouga Serges : chargé d'études assistant à la cellules des synthèses macroéconomiques pour son encadrement en dépit de ses multiples occupations. Je tiens aussi à exprimer ma profonde gratitude à l'endroit de :

· Dr. Francial Giscard Baudin LIBENGUE DOBELE-KPOKA, Directeur Général de l'Institut sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) de Yaoundé;

· monsieur Marcel OPOUMBA, Directeur des études à l'ISSEA;

· monsieur Dieudonné KINKIELELE, coordonnateur de la filière ISE à l'ISSEA;

· monsieur Thierry Manga, chargé d'études assistant pour son accueil et les premières orientations sur le thème du présent mémoire de recherche;

· monsieur Yves Beyina, chargé d'études assistant à la cellule des synthèses macroéconomiques pour son aide sur la fixation du présent thème de recherche;

· Tout le reste du personnel de la Division de la Prévision;

· mon co-stagiaire Martial BONYOE, pour son assistance;

· MOUNDOU MEGNA Moubarak, pour ses conseils en tant qu'aîné académique.

· Je remercie également ATANGANA BODO Norbert, BENGONO Cathérine, EYINGA Hermane et NGANDJUI Lafontaine pour avoir consencré de leur temps, en dépit de leurs multiples occupations pour la relecture avant l'impression du présent travail.

· Je remercie également tous mes camarades de classe pour leurs différents conseils durant la rédaction du présent mémoire.

sommaire

Dédicace i

Liste des figures vi

Résumé ix

Abstract x

Introduction générale 1

I Cadre conceptuel, cadre théorique et empirique 6

1 Cadre Conceptuel de l'étude 7

2 Fondements théoriques, mise en évidence des travaux empiriques et choix

méthodologique 17

II Analyse du lien empirique entre le déficit budgétaire et le déficit courant 34

3 Aperçu global d'un point de vue descriptif du phénomène des déficits ju-

meaux 35

4 Analyse du lien économétrique entre le solde budgétaire global et le solde

du compte courant 49

Limites et recommandations 64

Conclusion générale 65

Bibliographie 67

A Tests de stationnarité xiii

B Test cointégration de Johansen xix

C Estimation du modèle xx

D Test de causalité de Granger xxi

E Encadré sur les critères de convergence en zone CEMAC xxii

iv

Liste des abréviations

BC : Balance Commerciale

CAN : Coupe d'Afrique des Nations

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CNC : Commission National de Concurrence

DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l'emploi

ECAM4 : 4-ième Enquête Camerounaise auprès des Ménages

IAS : Ingénieur d'Application de la Statistique

INS : Institut National de la Statistique

ISE : Ingénieur Statisticien Économiste

ISSEA : Institut Sous-régional de Statistique et d'Économie Appliquée

FMI: Fond Monétaire International

FOB : Free On Board

MCE : Modèle à Correction d'Erreur

MCO : Moindres Carrés Ordinaires

MINFI : Ministère des Finances

OCDE : Organisation pour la Coopération et le Développement Économique

OMC : Organisation Mondiale de la Santé

PIB : Produit Intérieur Brut

PRII : Pays à revenu Intermédiaire, tranche Inférieure

PRIS : Pays à Revenu Intermédiaire, Tranche Supérieure

PLANUT : Plan d'Urgence Triennal

PNB : Produit National Brut

PPTE : Pays Pauvre Très Endetté

RDC : République Démocratique du Congo

RN : Revenu National

NDI ZAMBO Jean *** Mémoire ISE Page v

SBG : Solde Budgétaire Global

SNH : ociété Nationale de Raffinage

RDM : Reste Du Monde

TCA : Taxe sur le Chiffre d'Affaire

TSS : Technicien Supérieur de la Statistique

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Économique et Monétaire de l'Afrique de l'Ouest

USA: United States of America

ZEP : Zone d'Education Prioritaire

ZFI : Zone Franche Industrielle

vi

Table des figures

3.1

Dynamique des recettes publiques (en milliards de FCFA)

36

3.2

Dynamique des dépenses publiques

37

3.3

Dynamique de l'exécution budgétaire (en milliards FCFA)

38

3.4

Dynamique du solde budgétaire global (en %PIB)

39

3.5

Dynamique de la balance commerciale

43

4.1

Évolution graphique des variables

52

4.2

Nuages de points des variables

53

4.3

Position des racines du polynôme caractéristique du VECM sur le disque unité .

56

4.4

Réponses impulsionnelles des variables

61

4.5

63

 

vii

Liste des tableaux

2.1

Recensement de quelques études empiriques

24

2.2

Différentes formes du modèle VECM

27

3.1

Commerce extérieur du Cameroun entre 2016 et 2017 (en milliards)

46

4.1

Desciption et effets attendus des variables

50

4.2

Caractéristiques descriptives des séries

51

4.3

Stationnarité des séries

53

4.4

Nombre optimal de retards

54

4.5

Test de cointégration de Johansen

55

4.6

Test de normalité des résidus

56

4.7

Test de non-autocorrélation des résidus

57

4.8

Test d'hétéroscédasticité des résidus

57

4.9

Relation de long terme et force de rappel

58

viii

Avant-propos

L'Institut Sous-régional de Statistique et d'Économie Appliquée (ISSEA) a trois missions statutaires que sont : la formation initiale des cadres statisticiens et économistes; le recyclage et le perfectionnement et la recherche appliquée. Concernant la formation initiale de cadres statisticiens de niveau moyen et supérieur, l'institut propose trois filières pour l'année académique 2019-2020 : la filière Techniciens Supérieurs de la Statistique (TSS) qui dure 2 ans accessible avec le Baccalauréat d'enseignement secondaire; la filière Ingénieurs d'Application de la Statistique (IAS) dure 4 ans accessible avec le Baccalauréat d'enseignement secondaire et la filière Ingénieurs Statisticiens Économiste (ISE) dure 3 ans accessible avec le diplôme de licence en mathématiques ou en sciences économiques.

Dans le cadre de la formation des Ingénieurs Statisticiens Économistes (ISE) à l'ISSEA de Yaoundé, les élèves sont appelés à effectuer un stage de trois (3) mois à la fin de leur deuxième année à l'institut. Ce stage a pour but essentiel non seulement de compléter les enseignements théoriques reçus par les élèves ISE par une formation professionnelle en les confrontant à des études grandeur nature, mais il permet aussi d'apprécier les qualités de rédaction et de communication des élèves. C'est donc dans ce contexte que le présent document a été rédigé suite à un stage effectué à la Division de la Prévision du Ministère des Finances du Cameroun sur le thème : «Déficit budgétaire, Déficit courant : une évaluation empirique appliquée au Cameroun».

L'objectif principal de cette étude est de tester l'hypothèse de déficits jumeaux pour le cas du Cameroun sur la période 1989-2018 :« il existe une relation de cause à effet entre le déficit public et celui du compte courant». De façon générale, puisqu'il s'agit de la prévision, cela pourra orienter les décisions politiques des gouvernants sur la gestion du phénomène de double déficit budgétaire et courant au Cameroun. Le présent travail comporterait certes des insuffisances, mais nous sommes bien disposés à prendre en compte toutes les remarques et suggestions visant à l'améliorer.

ix

Résumé

Au cours des 30 dernières années, l'économie camerounaise a enregistré simultanément et sur de longues périodes des déficits budgétaires et courants chroniques. L'objectif du présent travail est de tester la validité de l'hypothèse des déficits jumeaux pour le cas du Cameroun à la lumière de la littérature sur la théorie des déficits jumeaux. Á cet égard, la méthode de cointégration dans le cadre d'une modélisation vectorielle à correction d'erreur (VECM) a été utilisée suivie du test de causalité de Granger. Les résultats montrent que l'hypothèse des déficits jumeaux est valide à long terme pour le cas du Cameroun et qu'il existe une relation causale allant du déficit budgétaire vers celui du compte courant.

Mots clés : Déficit budgétaire, Déficit Courant, Déficits Jumeaux.

Abstract

Over the past 30 years, the economy of Cameroon has recorded chronic budget deficits and log-term losses over long periods of time. The objective of the present work is to see if there is a cause-and-effect relationship between the two deficits based on the litterature on the theory of twin deficits. In this end, the method of cointegration in the case of error correcting vector modeling (VECM) was used followed by the Granger causality test. The results show that the hypothesis of twin deficits is valid in the long term in the case of Cameroon and that there is a causal relationship going from the budget deficit to that of the current deficit.

x

Keywords : Budget Deficit, Current Deficit, Twin Deficits.

1

Introduction générale

Contexte et justification

Depuis plusieurs années déjà, les différents déséquilibres macroéconomiques (concernant notamment le déficit et l'excédent de la balance courante, le déficit budgétaire et bien d'autres) sont au centre des domaines de recherche de nombreux économistes ainsi que certaines grandes institutions telles que le Fond Monétaire International (Blanchard et Milesi-Ferreti, 2009; Taylor, 2013) et la Banque Centrale Européenne (Bracke et al.,2008). La conférence «Analyse des déséquilibres extérieurs» organisée par le Fond Monétaire International en Février 2012 a réuni plusieurs économistes qui ont souligné la menace potentielle des déséquilibres globaux considérée comme étant préoccupante.

Depuis le début de la crise financière de 2008, beaucoup d'économies à l'échelle mondiale sont caractérisées par l'enregistrement simultané des déficits budgétaire et courant. Cette situation ne concerne pas que les Pays en voie développement (PVD). On peut citer le cas des états unis où les déficits budgétaire et courant en 2018 se sont élèvés respectivement à 3,9% et 2,4% du PIB (rapports annuels 2018 de United States Department of Treasury et United States Department of Commerce). Le Cameroun quant à lui n'a pas échappé à ce fléau de rang mondial. Depuis plus d'une décennie déjà, l'économie camerounaise a toujours enrégistré un double déficit budgétaire et courant. En 2018, avec à la crise sécuritaire dans la sous-région, le déficit budgétaire s'est élevé à -2,8% du PIB tandis que celui du compte courant s'est situé à -6,20% du PIB (rapport annuel de l'exécution budgétaire de l'État de 2018 et rapport annuel 2018 de la BEAC sur la situation des comptes courants des pays membres).

C'est ainsi que, dans sa vision d'émergence à l'horizon 2035, l'une des préoccupations importantes du gouvernement camerounais est la réduction considérable du déficit budgétaire et l'atteinte de l'équilibre de la balance commerciale chroniquement déficitaire. L'un des objectifs majeurs de la vision est précisément de réduire la vulnérabilité du pays aux chocs intérieurs et extérieurs (selon le DSCE). Les politiques spécifiques mises en oeuvre à cet effet obéisent naturellement au constat de préserver la stabilité du cadre macroéconomique. Il s'agira en particulier de préserver la vulnérabilité des finances publiques et de l'endettement extérieur. Selon le DSCE, l'expérience en Afrique montre que les pays connaissant un large déficit budgétaire

NDI ZAMBO Jean *** Mémoire ISE

Page 2

Hypothèse des déficits jumeaux: évaluation empirique appliquée au Cameroun

sont en bute à des chocs intérieurs à répétition (comme par exemple une pluviométrie irrégulière ou des conflits armés) et également à des chocs extérieurs (par exemple la volatilité des marchés internationaux de produits agricoles). Le gouvernement camerounais s'est alors lancé dans un vaste chantier de projets structurants devant lui permettre d'accroitre considérablement son niveau de production et d'industrialisation, afin de rétablir l'équilibre de sa balance commerciale restée déficitaire depuis fort longtemps. La vision d'émergence qui guide depuis un peu plus d'une décennie l'action gouvernementale l'oblige donc à effectuer des dépenses qui sont supérieures à ses recettes, créant ainsi un déficit budgétaire à la fin de chaque exercice comptable. Pour financer son déficit, le gouvernement camerounais fait recours aux emprunts. Cependant, le fait que ces emprunts financent non seulement le déficit budgétaire mais aussi l'amortissement de la dette, le remboursement des crédits TVA et autres a des incidences directes sur le niveau de production et par ricochet sur celui des exportations, affectant ainsi la balance commerciale du pays. Selon les calculs de la Banque mondiale (cahier économique du Cameroun 2018), pour l'ensemble de la période 1965-2018, le Cameroun enregistre une moyenne annuelle de -1,57 de sa balance commerciale. Sur la base des données disponibles sur 54 ans, la Banque mondiale estime qu'en 2025 la valeur devrait osciller autour de -6,22%.

La réduction de déficit budgétaire et du déficit courant apparaissent dès lors comme une urgence du gouvernement camerounais. En 2017, le gouvernement du Cameroun a conclu avec le FMI un programme triennal économique et financier dont les objectifs sont entre autres : de rééquilibrer les finances publiques, se prémunir contre des situations de vulnérabilité budgétaire telles que l'augmentation de la dette publique, bref assurer la stabilité macroéconomique, facteur essentiel à une croissance soutenue. Plusieurs préalables dont la gestion plus prudente des finances publiques par une rationalisation des choix d'investissement public et des appuis budgétaires dans le cadre du programme économique et financier du FMI, ayant permis de réduire le solde global à -2,6% du PIB en 2018 contre -3,1% du PIB en 2017 continuent d'être poursuivis par le gouvernement. On note également des actions comme l'Opération de Comptage Physique du Personnel de l'État (OCPPE) lancée par le Ministère des Finances en 2018 qui a permis la détection de plus de 10 000 fonctionnaires fictifs. Cette opération vise à assainir le fichier solde de l'État et réduire la masse salariale; on dénote également la lutte acharnée du gouvernement contre l'invasion fiscale. Pour les responsables du Ministère des Finances, il convient donc de définir ce concept de déficit comme «soutenable». Ces derniers soulignent qu'il importe d'accroitre les recettes non pétrolières, tout en augmentant l'efficacité des dépenses. L'expansion prévue de la couverture des impôts et des exonérations fiscales, par la loi des finances de 2019, sont essentiels pour élargir l'assiette fiscale et créer un espace budgétaire supplémentaire pour les

NDI ZAMBO Jean *** Mémoire ISE

Fage 3

Hypothèse des déficits jumeaux: évaluation empirique appliquée au Cameroun

dépenses prioritaires. Les administrateurs soulignent aussi d'améliorer l'efficacité des dépenses sociales et des dépenses d'investissement, pour continuer de réduire la pauvreté, les inégalités et les disparités liées au genre tel que prévu par le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) servant d'agenda sur la période 2010-2020 pour l'émergence du Cameroun à l'horizon 2035.

Problématique et question de la recherche

Au cours de la dernière décennie, le Cameroun n'a pas pu rétablir ni l'équilibre de sa balance budgétaire ni celui de son compte courant. En 2018, la balance commerciale du Cameroun s'établit à -6,20% du FIB et le solde budgétaire quant à lui se situe à -2,8% du FIB. Malgré les réformes du dispositif de surveillance multilatérale en zone CEMAC et les efforts du gouvernement qui mène des politiques visant à relever le niveau de la production dans le but d'accroitre les exportations, l'on constate la persistance du double déficit budgétaire et courant d'année en année. L'intérêt de la présente étude réside dans le fait qu'elle va participer à l'identification des déterminants du déficit courant au Cameroun, notamment les déterminants exogènes liés à l'action discrétionnaire de l'État. Selon le rapport de la surveillance multilatérale en zone CEMAC, les efforts du Cameroun en termes d'assainissement des finances publiques depuis les réformes de 2016 ne sont pas négligeables. Cependant, ce qui n'est pas souvent analysé dans la littérature c'est le lien entre les indicateurs, notamment le lien entre les efforts réalisés en termes de réduction du déficit budgétaire et l'amélioration du compte courant. Á cet effet, la présente étude permet de combler ce vide en explorant la relation de causalité entre le solde budgétaire et le solde du compte courant au Cameroun.

Dès lors, l'on s'interroge sur la nature du lien existant entre le solde budgététaire et celui de la balance courante au Cameroun.

Dans le présent travail, nous souhaitons donc aborder la question de la mesure selon laquelle le déficit budgétaire pourrait entraîner celui de la balance courante au Cameroun. L'interrogation correspondante à cet effet est la suivante :

l'accroissement de la dépense budgétaire comme instrument de politique économique est-il antagoniste avec la réduction de la balance courante? En d'autres termes, un creusement du déficit budgétaire pour assurer la croissance du PIB est-il cause de la dégradation du déficit de la balance courante?

NDI ZAMBO Jean *** Mémoire ISE

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Hypothèse des déficits jumeaux: évaluation empirique appliquée au Cameroun

Objectifs de l'étude

L'objectif général de ce travail est de tester, pour le cas du Cameroun, l'hypothèse de déficits jumeaux : «il existe une relation positive entre le déficit budgétaire et le déficit de la balance courante».

Afin de parvenir à l'objectif final sus-évoqué, il est judicieux de se fixer des objectifs intermédiaires à savoir :

1. identifier les facteurs susceptibles d'expliquer la coexistence du double déficit budgétaire et courant au Cameroun;

2. déterminer l'effet d'un choc du déficit budgétaire sur la balance courante au Cameroun;

3. tester le sens de causalité entre les déficits budgétaire et courant et dégager la nature du lien (dans les cas où celui-ci existe) entre les deux soldes considérés;

4. déduire (dans le cas de la confirmation de l'hypothèse des déficits jumeaux) les effets de ceux-ci sur l'économie camerounaise.

Hypothèses de recherche

Dans le but d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, il est judicieux d'adopter quelques hypothèses tirées des résultats de quelques études empiriques portant sur les déficits jumeaux. D'une part, inspiré des résultats de MAHAMADOU DIARRA (2015) sur le thème: «L'hypothèse de déficits jumeaux: une évaluation empirique appliquée au pays de l'UEMOA», nous adoptons l'hypothèse suivante :

H1 : Une amélioration du déficit budgétaire pourrait induire celle du solde du compte courant au Cameroun, mais dans une proportion moindre.

D'autre part, les travaux de Véronica Sulikova (2015) sur la dynamique des déficits jumeaux dans le contexte des déséquilibres macroéconomiques mettant en lien l'investissement public, le solde budgétaire et le solde du compte courant, nous conduisent à la formulation de l'hypothèse suivante :

H2 : Un accroissement des dépenses d'investissement public pourrait améliorer le solde du compte courant tout en détériorant le solde budgétaire au Cameroun.

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Hypothèse des déficits jumeaux: évaluation empirique appliquée au Cameroun

Méthodologie

Pour atteindre les objectifs fixés, il sera question de :

· procéder à l'identification des variables qui permettent de tester l'hypothèse des déficits jumeaux au Cameroun en se basant sur la revue théorique et empirique des déficits jumeaux et faire une analyse descriptive de ces variables afin de retenir celles qui, d'un point de vue descriptif, de prime à bord, semblent expliquer la persistance simultanée des déficits budgétaire et courant au Cameroun.

· estimaer des équations de comportement à l'aide d'une spécification de type VECM.

Á noter que les données utilisées sont tirées du tableau des comptes nationaux de l'INS et du Tableau des Opérations Financières de l'État (TOFE), produit par le MINFI.

Organisation du travail

De façon structurelle, le présent travail de recherche qui vise à tester l'hypothèse des déficits jumeaux pour le cas du Cameroun comporte deux parties. La première partie s'intitule : cadre conceptuel, cadre théorique et empirique. Cette partie comporte deux chapitres : le premier chapitre intitulé : cadre conceptuel de l'étude, présente les définitions des différents concepts qui permettent de mieux appréhender le phénomène des déficits jumeaux et propose un cadre analytique des déficits jumeaux par l'approche des comptes nationaux. Le second chapitre présente le cadre théorique et empirique de l'étude. Ce chapitre aborde les différentes approches théoriques qui permettent de tester l'hypothèse des déficits jumeaux ainsi que quelques travaux empiriques ayant addresé la question.

La seconde partie beaucoup plus pratique est consacrée à l'analyse du lien empirique entre le solde budgétaire et le solde courant au Cameroun. Cette partie comporte également deux chapitres. Le premier chapitre de cette seconde partie fait un aperçu global d'un point de vue descriptif, du phénomène des déficits jumeaux pour le cas du Cameroun. Ce chapitre analyse non seulement les indicateurs économiques en lien avec les déficits budgétaire et courant, mais présente en outre les principales mesures d'optimisation des dépenses publiques au Cameroun, ainsi que les mesures agissant sur les exportations, les importations, la production et le commerce.

Notons que ces deux parties ci-haut mentionnées seront encadrées par une introduction générale et une conclusion générale assortie de quelques recommandations à l'endroit des futurs chercheurs ainsi qu'à l'endroit du politique.

6

Première partie

Cadre conceptuel, cadre théorique et

empirique

7

CHAPITRE 1

Cadre Conceptuel de l'étude

Le présent chapitre est subdivisé en deux parties. La première partie donne les définitions de certains concepts utiles pour la bonne compréhension de nos travaux et la seconde partie présente une approche par les comptes nationaux de la preuve de l'existence simultanée d'un déficit budgétaire et d'un déficit courant. Cette seconde partie consiste à partir des identités de la comptabilité nationale pour prouver la possibilité d'existence d'une relation positive entre le déficit budgétaire et le déficit courant dans une même économie.

NDI ZAMBO Jean *** Mémoire ISE

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Hypothèse des déficits jumeaux: évaluation empirique appliquée au Cameroun

1.1 Définition des concepts

Dans cette section nous définissons les concepts de déficit budgétaire, déficit courant et déficits jumeaux ainsi que tous les autres concepts qui entrent dans le calcul des soldes budgétaire et courant.

1.1.1 Compte de l'État : déficit budgétaire, excédent budgétaire

1.1.1.1 Les recettes de l'État

Les recettes puliques comprennent tous les encaissements non remboursables, avec ou sans contrepartie, à l'exception des encaissements non-remboursables et sans contrepartie correspondant à des versements non obligatoires provenant des autres administrations publiques intérieures ou étrangères et d'institutions internationales. Les recettes sont réparties entre recettes courantes et recettes en capital, ces dernières ne comprenant que le produit des ventes de biens de capital et de transfert en capital qui proviennent de sources autres que les administrations publiques. Les recettes courantes englobent donc toutes les recettes fiscales et les ventes non fiscales courantes. Les recettes non courantes comprennent les encaissements avec contrepartie : revenu de la propriété, droits et redevances, ventes des branches non marchandes et ventes d'accessoires, ainsi que les excédents d'exploitation des unités de production marchande des administrations publiques et certains décaissements sans contrepartie tels que les amendes, les confiscations et les donations privées de caractère courant (SCN 2008).

1.1.1.2 Les dons

Les dons sont les encaissements sans contrepartie et non remboursables, correspondant à des versements non obligatoires au profit des administrations publiques et provenant d'autres administrations publiques ou institutions internationales (SCN 2008). Dans le présent travail, le terme «don» s'applique uniquement aux décaissements et encaissements entre administrations publiques ou institutions internationales. Les versements sans contrepartie, non remboursables et non obligatoires qui proviennent d'autres sources ne sont pas classés dans les dons mais plutôt dans les recettes.

1.1.1.3 Les dépenses des l'État

Les dépenses comprennent tous les paiements non remboursables des APU, qu'il s'agisse des opérations avec ou sans contrepartie et qu'il s'agisse des dépenses courantes ou en capital.

NDI ZAMBO Jean *** Mémoire ISE

Page 9

Hypothèse des déficits jumeaux: évaluation empirique appliquée au Cameroun

Les versements de dons ou transferts à d'autres APU ne constituent pas une autres catégorie distincte mais sont compris dans les dépenses (SCN 2008).

1.1.1.4 Les prêts moins les recouvrements

Les prêts moins les recouvrements comprennent les opérations des APU relatives aux créances sur les tiers qu'elles acquièrent pour mettre en oeuvre la politique générale, et non pour gérer leurs liquidités ou pour obtenir un revenu. Cette catégorie recouvre la dette de tiers aussi bien que les participations, et les décaissements, aussi bien que les encaissements. On y enregistre donc les prêts des APU à des fins de politique générale, diminués de leurs recouvrements ultérieurs, et les participations qu'elles prennent aux mêmes fins, diminuées de toute vente ultérieure de participation (SCN 2008).

1.1.1.5 Le déficit ou l'excédent

En comptabilité nationale, la notion de déficit budgétaire s'utilise lorsque le budget de l'État est en déficit : les recettes de l'État (hors emprunt) sont inférieures à ses dépenses (hors remboursement d'emprunt) d'où le solde budgétaire négatif. Dans le cas contraire, on parlera d'excédent budgétaire.

De même, les administrations publiques perçues comme l'ensemble composé de l'État, de l'administration territoriale et des administrations de sécurité sociale, connaissent un déficit public lorsque les dépenses publiques pour une année donnée sont supérieures aux recettes publiques; le solde de finances publiques est alors négatif.

Le déficit budgétaire peut se traduire par de nouveaux emprunts contractés par l'État au cours de l'année, en plus de ceux destinés à amortir les emprunts antérieurs arrivés à échéance.

La formule retenue dans le manuel de statistiques de finances publiques est la suivantes :

Déficit ou Excédent = Dépenses au titre de biens et services et transferts + prêts moins recouvrements - Recettes - Dons.

1.1.2 Compte courant : déficit courant, excédent courant

Dans cette partie, nous allons voir comment se définit la balance courante. Ainsi, nous allons débuter par un rappel sur l'équilibre comptable.

NDT ZAMBO Jean *** Mémoire TSE

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Hypothèse des déficits jumeaux: évaluation empirique appliquée au Cameroun

1.1.2.1 Équilibre comptable en économie fermée

En économie fermée, la production finale domestique est égale aux achats finals de biens et services par les ménages, les entreprises et l'État :

Y = C + I + G (1.1)

En retranchant C et T des deux membres et en ajoutant -T +T dans le membre de gauche, nous obtenons une nouvelle équation comptable selon laquelle l'épargne est égale à l'investissement :

(Y-C-T)+(T-G)=I,==S=I (1.2)

Cela signifie que la production des entreprises qui est égale au revenu distribué (Y S = C + I + Spriv + T) leur revient sous la forme d'une demande (Y D = C + I + G).

En revanche, en économie ouverte, l'épargne ne sera pas nécessairement égale à l'investisse-ment national puisqu'un excès d'investissement sur l'épargne peut être financé par un emprunt au reste du monde et tout surplus d'épargne par rapport à l'investissement pourra être investi à l'étranger.

1.1.2.2 Équilibre comptable en économie ouverte

En économie ouverte, une grande partie de la production finale domestique est toujours achetée par les ménages, les entreprises et l'État, la partie restante est vendue au reste du monde (RDM) :

Y = CD + ID + GD + EX - IM (1.3)

On retranche les importations TM de la somme des emplois finals C + I + G + EX, car la production finale domestique a pour contrepartie une demande s'adressant uniquement à cette production. Puisque les ménages consomment les biens importés d'un montant CF, les entreprises et l'État achètent des biens produits par le RDM pour le montant IF + GF, on doit retrancher le montant des importations de façon à obtenir la seule demande s'adressant à la production finale domestique. La relation comptable pourrait être réécrite de la façon suivante:

Y = CD + ID + GD + EX (1.4)

CD + ID + GD représente la composante de la demande agrégée formulée par les seuls résidents s'adressant au PTB.

NDI ZAMBO Jean *** Mémoire ISE

Page 11

Hypothèse des déficits jumeaux: évaluation empirique appliquée au Cameroun

En résumé, en économie ouverte :

1. la production finale domestique est toujours égale à la demande finale s'adressant aux biens et services domestiques, une part de la production étant vendue aux non-résidents (c'est-à-dire exportée);

2. les revenus Y peuvent être supérieurs ou inférieurs à la dépense finale des ménages, des firmes et du gouvernement C + I + G selon que les exportations, EX, sont supérieures ou inférieures aux importations, IM.

1.1.2.3 Flux internationaux de capitaux et la balance commerciale

Pour déterminer l'équilibre du marché des capitaux à partir de l'équilibre comptable sur le marché des biens et services, nous retranchons et ajoutons l'impôt dans le membre de gauche. Nous obtenons une nouvelle relation comptable qui peut être interprétée de deux façons :

Y = C + I + G + TB

(Y-T-C)+(T-G)-I=TB,
Spriv + Spubl - I = TB

En économie ouverte, la part des revenus peut être dépensée en biens et services produits par le reste du monde et une part de la production peut être vendue au reste du monde. Lorsque le pays domestique ne peut pas emprunter sur le marché des capitaux, il doit équilibrer sans cesse la balance commerciale.

=0

z }| {

Spriv + Spubl - I =

=0

z}|{

TB,S = I

Si la balance commerciale est en déficit, TB < 0, cela signifie que les importations excèdent les exportations, ce qui est le reflet d'une consommation élevée par rapport à la production et au revenu puisque :

TB = Y - (C + I + G) < 0

Le corollaire est que l'épargne est faible et va être insuffisant pour financer les dépenses d'investissement : l'économie pourra alors emprunter à l'étranger. Si S - I < 0 : on dit que le pays connaît une entrée nette de capitaux.

Si l'État décide de réduire les impôts, T, l'hypothèse des déficits jumeaux suppose que l'épargne privée n'est pas modifiée car la baisse des impôts est entièrement dépensée sous la forme d'achats

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supplémentaires de biens et services. En revanche, dans l'équivalence ricardienne, la baisse de l'épargne publique est parfaitement compensée par une hausse de l'épargne privée, la consommation n'étant pas modifiée.

En résumé, l'excès d'investissement sur l'épargne est financé par un flux de capitaux provenant du RDM et cette entrée de capitaux a pour contrepartie un déficit commercial. La relation des flux de capitaux et du solde commercial est décrite par les équations suivantes :

I - S = entrée de capitaux =déficit commerciale

S - I = sortie nette de capitaux=excédent commercial

De manière intuitive, S - I > 0 correspond à un excédent commercial EX - IM > 0. Quand les dépenses sont faibles relativement à la production, le pays exporte une fraction plus importante de la production et importe une fraction plus faible. Comme la consommation est faible par rapport au revenu, l'excès d'épargne sur l'investissement domestique est investi à l'étranger. Dans ce cas, le pays est prêteur net. si le pays emprunte à l'étranger pour financer l'investissement domestique, il est emprunteur net.

1.1.2.4 Le produit intérieur brut (PIB)

Le PIB représente la richesse créée par une économie au cours d'une période donnée. Il est égal (1) à la valeur totale des biens et services vendus aux utilisateurs finals (c'est-à-dire la production finale), (2) à la sommes des valeurs ajoutées des entreprises, et (3) la somme des revenus distribués dans l'économie. Mais ces revenus ne coïncident pas effectivement avec les revenus effectivement obtenus par les résidents puisque le PIB mesure le revenu total gagné sur le territoire d'un pays : il comprend le revenu gagné sur le territoire par les non-résidents et n'intègre pas les revenus des résidents d'un pays obtenus à l' étranger. si l'on cherche à obtenir une mesure du revenu des résidents d'un pays en prenant en compte les revenus versés par le RDM aux résidents et déduisant les revenus versés par le pays domestique aux non-résidents, on obtient le PNB :

PNB = PIB + RNF = PIB + RNI + RNL

RNF est le revenu net des facteurs, composé de somme de RNI et RNL qui représentent les revenus nets des investissements (revenus obtenus par les résidents moins les revenus obtenus par le non-résidents) et les revenus nets de travail. Le produit national brut représente le revenu

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effectivement reçu par les résidents qui se limite plus aux revenus sur le territoire considéré. Il comprend donc le revenu reçu à l'étranger par les résidents de ce pays mais n'intègre pas les revenus que les non-résidents obtiennent sur le territoire (qui ont été déduits du PIB).

En ajoutant les transferts courants nets (TCN) qui correspondent à des transferts d'argent sans contrepartie d'actifs (comme le versement de retraite à des non-résidents qui ont travaillé sur le territoire ou l'aide aux pays étrangers : retraites versés aux non-résidents, rapatriement d'argent 'remitances', aides au PVD, transferts aux organisations internationales), on obtient le revenu national (noté RN) :

RN = PNB + TCN

1.1.2.5 Balance courante et identité comptable

Quelle est la différence entre la balance courante et la balance commerciale? L'écart entre ces deux grandeurs est du même ordre que l'écart entre le PIB et le revenu national (RN). On note RNF le revenu net des facteurs ce qui permet de réécrire l'équilibre sur le marché des biens et services de la façon suivante :

Y + RNF _ T = C + I + (RNF + EX _ IM) (1.5)

Le membre de gauche de (1.5) représente le revenu national des résidents après impôts. En utilisant le fait que l'épargne privée est égale à la part du revenu disponible qui n'est pas consommée, c'est-à-dire, SP = Y + RNF _ C _ T, on obtient une identité comptable qui nous permet de définir la balance courante :

CA = RNF + EX _ IM = (SP + SG _ I) = S _ I = /B (1.6)

Cette relation confirme que la balance courante est très proche de la balance commerciale. En supposant que la position extérieure nette est nulle (en mettant de côté les TCN et les revenus nets du travail), lorsque les importations du pays sont supérieures aux exportations, le pays enrégistre un déficit courant. Lorsque le pays enregistre un excédent courant, le pays accumule les actifs étrangers ou réduit sa dette extérieure nette. Par conséquent, la balance courante peut être définie comme la variation de la position extérieure nette, notée L B. Si un pays consomme plus que ce qu'il produit, il doit emprunter la différence au RDM. Lorsque les actifs étrangers détenus par le pays domestique sont plus faibles que les actifs financiers détenus par le RDM, alors le pays est débiteur net : sa position extérieure nette est négative.

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1.1.3 Déficits jumeaux

En économie, les déficits jumeaux ou double déficit désignent la situation d'un pays enregistrant en même temps un déficit public et un déficit de sa balance courante (Abell, 1990).C'est-à-dire une situation dans laquelle les dépenses des administrations publiques excèdent leurs revenus, et où les importations de biens et services sont supérieures aux exportations. L'expression de déficits jumeaux est utilisée pour caractériser l'économie des États-Unis au début des années 1980, et au cours des années 2000. La monnaie des États-Unis, le dollar américain, qui joue le rôle de monnaie de référence à l'échelle mondiale malgré la disparition des Accords de Bretton Woods, permet probablement le maintien d'une telle situation sur le court et moyen termes.

1.2 Cadre analytique des déficits jumeaux : approche par les comptes nationaux

Les déficits jumeaux sont issus de deux équations comptables, celles de la demande inté-

rieure et des revenus, qui sont des identités donc toujours vrais d'un point de vue comptable.

Soit les équations de l'équilibre emplois-ressources de la comptabilité nationale :

- Ressources : Y + M

Les ressources sont l'ensemble des biens et des services disponibles dans l'économie nationale

et dans le reste du monde.

- Emplois: C + I + G + X

Les emplois désignent la manière dont les ressources sont utilisées (employées) par les agents

résidents et non-résidents (ménages qui consomment, entreprises qui investissent, les adminis-

trations publiques (APU) qui investissent et consomment). Toutes les ressources sont employées.

Dès lors,

Y + M = C + I + G + X est toujours vérifiée d'un point de vue comptable.

- Demande intérieure/interne/C + I + G

- Demande extérieure/externe : X

- Demande globale: C + I + G + X

- Offre intérieure/interne : Y

- Offre extérieure/externe : M

- Offre globale : Y + M

Y est le PIB (offre des entreprises résidentes), M désigne les importations (demande des ménages

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résidents en biens et services des produits par le reste du monde), C représente la consommation (ou consommation finale des ménages= demande des ménages résidents en biens et services produits par les entreprises résidentes et du reste du monde), I les investissements (ou formation brute de capital fixe=les investissements des entreprises résidentes), G les dépenses publiques (la consommation des APU+ investissement des APU) et X les exportations (demande des ménages du reste du monde de biens et services produits par les entreprises résidentes).

Et l'équation comptable des revenus : Y = C + S + T.

S désigne l'épargne privée, T le montant des prélèvements obligatoires (impôts + cotisations sociales) et C la consommation telle que définie précédemment.

Démonstration :

Reformulons l'équation de l'équilibre emplois-ressources :

Y + M = C + I + G + X

(1.7)

Nous obtenons donc :

 

C + S + T = C + I + G + X - M

ce qui équivaut à :

(1.8)

Y-T-C-I-(G+T)=X-M

(1.9)

On note l'épargne nationale:

 

S = Y - C - G

ce qui équivaut à :

(1.10)

S + T = I + G + (X - M)

(1.11)

Équivaut à :

 

(S - I) + (T - G) = (X - M)

(1.12)

· S - I représente le solde de financement des agents privés. Si S > I, les capacités de financement du secteur privé du pays excèdent ses besoins de financement.

· T - G est le solde budgétaire de l'État. Quand l'État a un déficit budgétaire nous avons

T < G

· X - M est le solde de la balance commerciale que nous notons par X - M = BC Soit :

(S-I)+(T-G)=BC (1.13)

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En différentiant par rapport à G on constate que :

d(BC)/dG < 0. (1.14)

On conclut qu'une augmentation des dépenses publiques dégrade la balance commerciale d'où le terme « déficits jumeaux ».

Conclusion

Le présent chapitre a porté sur le cadre conceptuel de l'étude. Il a permis de comprendre la signification des différents concepts qui seront utilisés dans le cadre de ce travail. Ce chapitre a également permis, grâce à des équations d'équilibre de la comptabilité nationale, de donner un intérêt à cette étude, en faisant une preuve mathématique de la coexistence du déficit budgétaire et courant au sein d'une même économie.

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CHAPITRE 2

Fondements théoriques, mise en évidence des travaux empiriques et choix méthodologique

Le présent chapitre est subdvisé en deux sections. La première setion présente le cadre théorique et empirique de l'étude. Dans le cadre théorique, quatre approches sont présentées : la théorie behaviouriste et l'approche keynésienne ainsi que la vision néoclassique et l'hypothèse d'équivalence ricardienne. La seconde section quant à elle présente les motivations du choix méthodologique ainsi que la méthodologie retenue en ehxaustivité.

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2.1 Cadre théorique et empirique

Cette section présente un cadre théorique suivant différentes approches ainsi qu'un cadre empirique regroupant quelques études ayant tester l'hypothèse des déficits jumeaux.

2.1.1 Cadre théorique

2.1.1.1 Théorie behavioriste et approche keynésienne

La relation entre déficit budgétaire et le déficit courant ne fait pas l'unanimité des économistes. Dans la littérature qui affirme l'hypothèse des déficits jumeaux, la nouvelle école de Cambridge représentée par Godley et Cripps (1974) adopte l'une des premières approches théoriques : la théorie «behavioriste». Les partisans de cette école soutiennent l'idée selon laquelle tout déficit budgétaire conduit à une détérioration du compte courant. La théorie behaviouriste admet donc l'existence d'une relation unilatérale allant du déficit budgétaire vers le déficit du compte courant.

En outre, dans le cadre de la libéralisation des marchés financiers, la plupart des gouvernements se sont appropriés les fondamentaux de Keynes, à savoir pratiquer le déficit public pour générer de la croissance.

Á ce sujet, Keynes substitue à la classique approche de la monnaie une nouvelle approche par le revenu : ainsi, si les entrepreneurs viennent à faire des anticipations plus optimistes liées à l'accroissement de la confiance, ils accroissent alors leurs investissements nets (total des dépenses des entreprises moins les coûts d'usage, c'est-à-dire le vieillissement du capital dû au progrès technique qui augmente d'autant avec la concurrence), augmentant alors le niveau d'emploi mis en oeuvre pour ce faire, accroissant de fait ainsi le revenu (somme des couts de production et du profit non distribué exprimée en monnaie) et la consommation des ménages.

En amont de leur démarche, les entrepreneurs financent l'accroissement de leurs investissements, non pas par de l'épargne thésaurisé, donc inexploitée, mais par une demande supplémentaire engendrant la création de la monnaie aux banques.

Or, l'État, par les règles et conventions qu'il met en oeuvre, est le seul entrepreneur qui puisse réellement réduire l'incertitude de leurs anticipations, notamment par une action sur le taux d'intérêt. D'où la pensée de Keynes qui souhaite voir l'État prendre une responsabilité de plus en plus grande dans l'investissement. Selon Keynes, si le budget de l'État est en équilibre, et s'il a toujours été en équilibre dans le passé, l'offre de monnaie, par définition, serait nulle et aucune

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demande de réserves liquides ne pourrait être satisfaite. Si par contre le marché de la monnaie doit être en équilibre, pour que l'on puisse réaliser une égalité entre l'offre et la demande de monnaie, il faut que le gouvernement soit prêt à créer ou annuler le déficit budgétaire, non pas selon les exigences de la dépense publique, mais selon les variations qui se vérifient dans la demande de monnaie.

Par ailleurs, dans l'optique keynésienne, le déficit budgétaire a une incidence significative sur le compte courant. Les études de Fleming (1962), Mundell(1963), Kearney et Mond-jemi(1990) et Haug(1996) montrent qu'à travers les canaux de taux d'intérêt et de change, le déficit budgétaire cause le déficit extérieur courant. En considérant une petite économie ouverte, dans le modèle IS-LM-BP, un accroissement du déficit public pourrait induire une pression à la hausse sur les taux d'intérêt. Cela pourrait causer l'entrée des capitaux étrangers. Cette entrée de capitaux entraine une appréciation de la monnaie nationale à travers la demande élevée des actifs domestiques induisant une détérioration du compte courant, à travers le découragement des exportations et l'encouragement des importations. Ainsi, selon la théorie keynésienne, le sens de causalité entre le déficit budgétaire et celui du compte courant va du premier vers le second.

Bipsham (1975), dans l'idée des prolongements de l'hypothèse behaviouriste et l'approche keynésienne traditionnelle, arrive à la conclusion selon laquelle c'est le déficit extérieur qui cause le déficit budgétaire. Cet auteur soutient cette dernière conclusion par le fait que : lorsque les exportations augmentent suite à une expansion de la demande mondiale, le solde du compte courant s'améliore. La production et l'emploi domestique s'accroissent, ce qui est de nature à améliorer les recettes fiscales et par conséquent le solde budgétaire. Ainsi, une amélioration du solde extérieur va donc induire une amélioration du solde budgétaire.

On peut donc cependant retenir que les deux approches admettent l'existence des déficits jumeaux même si le sens de la relation ne fait pas l'unanimité.

2.1.1.2 Vision néoclassique et hypothèse d'équivalence ricardienne

La nouvelle théorie classique récuse la relation causale entre les déficits budgétaire et courant. En effet, selon l'hypothèse d'équivalence ricardienne formulée par Barro(1974) et fondée sur l'idée que lorsque l'État génère un déficit par une baisse des impôts (ou une hausse des dépenses publiques), les ménages anticipent une hausse des impôts futurs. La valeur actualisée des impôts futurs anticipés sera exactement égale à la baisse des impôts courants. En conséquence, la richesse des ménages ne change pas et la baisse des impôts n'a pas d'effet sur l'activité.

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D'après cette hypothèse, il n'y a aucune relation entre les deux variables. En d'autres termes, le déficit extérieur n'est pas la conséquence du déficit des finances publiques. Selon cette vision, les changements dans les dépenses publiques et/ou dans les recettes publiques n'ont pas d'effets réels sur le taux d'intérêt, l'investissement ou le solde du compte courant; dans la mesure où le creusement du déficit budgétaire (diminution de l'épargne publique) est compensé par la constitution d'épargne privée supplémentaire équivalente. Cependant, cette hypothèse peut s'appliquer dans le cas particulier de pays en développement où les marchés de l'assurance et du crédit sont imparfaits. Par ailleurs, les contraintes de liquidité (à l'exemple du rationnement des crédits bancaires) limitent la possibilité pour les agents de lisser leur consommation dans le temps qui dépend davantage du revenu courant que du revenu permanent (TANIMOUNE et all, 2005).

2.1.2 Cadre empirique

Comme on a pu le constater, la théorie économique reste ambigüe dans l'explication du lien causal entre le déficit des finances publiques et celui du compte courant. Ces différentes approches théoriques souvent opposées constituent le point d'ancrage de l'importante littérature empirique qui continue d'être développée jusqu'à nos jours. En effet, de nombreuses études testent l'hypothèse des déficits jumeaux en recourant à différentes méthodes. Elles aboutissent à des résultats parfois divergents.

De façon générale, les résultats empiriques sur le lien de causalité entre le déficit budgétaire et le déficit extérieur sont mitigés Mouhamadou(2015). Au regard des études trouvées, quatre groupes de travaux se dégagent dans la littérature empirique :

· le premier type de travaux est celui qui corrobore l'hypothèse keynésienne (Hypothèse1). Ces travaux aboutissent au résultat selon lequel le lien de causalité entre le déficit budgétaire et le déficit courant va du premier vers le second (Vamvoukas, 1999; Endegnanew et all, 2012; Trachanas E. et al, 2013; Hutchuison et al., 1984; Bacham, 1992; Piersanti, 2000; Leachman et al., 2002);

· le deuxième groupe concerne les travaux qui mettent en exergue un lien causal allant du déficit extérieur vers celui des finances publiques (Hypotèse2) (Alkswani, 2000; Marashdeh H. et al. 2006; Marinheiro, 2007; Ardiyanto, 2010);

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· le troisième groupe de travaux établit un lien bidirectionnel entre les deux variables (Hypothèse 3) (Islam, 1998; Lau et al., 2004; Mukhtar et al., 2013);

· Le dernier groupe d'étude valide l'hypothèse d'équivalence ricardienne (Hypothèse4) (Ha-liciglu et al., 2013; Sobrino, 2013; Algieri B., 2013).

Les premiers travaux empiriques qui valident l'hypothèse de déficit jumeaux portent sur les Etats-Unis. Hutchison et Pigott (1984) présentent un modèle macroéconomique théorique qui met en relation le déficit budgétaire, le taux d'intérêt, le taux de change et le compte courant pour une économie ouverte en régime de change flexible. Leur modèle suggère que le déficit budgétaire tend à accroitre le taux d'intérêt domestique, ce qui pousse à la hausse le taux de change réel, conduisant en dernier ressort à la dégradation du compte courant. En appliquant ce modèle au cas américain, ils montrent que la politique de déficit budgétaire est la cause principale du déficit extérieur. De même, Bundt et Soloch (1988), en utilisant un modèle standard de portefeuille à deux pays, montrent que l'accroissement de la dette publique américaine est à l'origine de l'appréciation du dollar américain relativement au mark allemand et au dollar canadien sur la période 1973-1987. Selon Bundt et Soloch, cela met en exergue le lien entre déficit budgétaire et le déficit commercial dont le canal de transmission est le taux de change. En outre, les travaux d'Abell (1990) et de Rosenweig et Tallman (1993) montrent qu'il y a un lien fort entre le déficit commercial et le déficit budgétaire américains.

Cependant, Feldstein (1992) montre qu'il n'y a pas de lien entre le déficit budgétaire et le déficit commercial américain au cours des années 1980. Il affirme que le gap d'épargne qui conduit au déficit extérieur n'est pas dû à l'accroissement du déficit budgétaire mais plutôt à une forte baisse de l'épargne privée. Le déficit budgétaire tend à accroitre les taux d'intérêt réels et à évincer l'investissement privé et les exportations nettes. Cette idée a été, selon l'auteur, la principale explication du grand déficit du compte courant américain dans les années 1980. Selon l'auteur, l'effet adverse le plus important de ce faible taux d'épargne n'est pas sur le compte courant mais sur la croissance économique de long terme.

Dans le cadre des pays de l'OCDE, Piersanti (2000) s'appuie sur un modèle d'équilibre général qui intègre les anticipations sur les déficits budgétaires pour appréhender la relation entre les déficits budgétaire et extérieur. Ses résultats empiriques soutiennent fortement l'hypothèse

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des déficits jumeaux dans la plupart de ces pays sur la période 1970-1997. De ce fait, l'hypothèse des déficits jumeaux est valide quand les anticipations sur les déficits budgétaires sont prises en compte. Ce résultat semble contredire l'hypothèse d'équivalence ricardienne qui prétend que les anticipations des déficits budgétaires annihilent les effets de la politique budgétaire.

Dans les pays en développement, quelques études testent l'hypothèse des déficits jumeaux. Par exemple, Islam(1998) examine la relation causale entre les deux variables au Brésil sur la période 1973-1991. En utilisant les tests de causalité de Granger, il met en exergue une relation causale bidirectionnelle entre les deux déficits. De même, Khalid et Guan (1999) utilisent la technique de cointégration proposée par Johansen et Juselius (1990) pour examiner cette relation causale entre les deux soldes. Leur étude s'applique à cinq pays développés (USA, RU, France, Canada et Australie) et cinq pays en développement (Inde, Indonésie, Pakistan, Egypte et Mexique). Elle couvre la période allant de 1950 à 1994 pour le premier groupe et de 1955 à 1993 pour le second. Les résultats mettent en évidence une forte corrélation statistiquement significative entre les deux déficits à long terme dans les deux groupes de pays. De plus, ils montrent que la corrélation est plus forte dans les pays en développement que dans les pays développés. Quant au sens de causalité, les deux auteurs obtiennent des résultats ambigus. Par exemple, pour l'Inde, la relation est bidirectionnelle tandis que pour l'Indonésie et le Pakistan, la relation causale va du déficit extérieur vers le déficit budgétaire. Ils expliquent cette relation inverse par le fait que le déficit extérieur est financé par des emprunts extérieurs. Cela contribue à alourdir la dette de sorte que le poids élevé de la dette extérieure engendre un service de la dette important, toute chose qui creuse le déficit budgétaire. Aussi, Lau et Baharumshah (2004) examinent-ils la relation entre les deux soldes dans le cas de la Malaisie en utilisant le test de Wald modifié développé par Toda et Yamamoto (1995). Leur résultat empirique atteste l'existence de lien de causalité bidirectionnel entre le déficit budgétaire et le déficit du compte courant.

Pour le cas spécifique des pays de l'Afrique au Sud du Sahara (ASS), des travaux récents adressent la question. On peut citer par exemple l'étude d'Omoniyi et al. (2012) qui porte sur le Nigéria. Ces auteurs utilisent le test de causalité de Granger pour mettre en exergue un lien bidirectionnel entre les deux soldes. Il s'agit également de l'étude de Kwame (2013) dont les résultats valident l'hypothèse keynésienne des déficits jumeaux au Ghana.

L'étude de Mouhamadou DIARRA(2015) portant sur sept pays de l'UEMOA à savoir le Mali, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Bénin, le Burkina, le Niger et le Togo. Ses résultats sur le test

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de causalité au sens de Granger montrent qu'il y a une causalité de long terme allant du déficit budgétaire vers le déficit du compte courant au Sénégal et au Togo, pour le Burkina et la Côte d'Ivoire, c'est plutôt le déficit courant qui cause le déficit budgétaire, au Bénin et au Mali les deux variables se causent mutuellement. Pour ce qui est du dernier pays, à Savoir le Niger, aucune des deux variables ne cause l'autre.

Par ailleurs, la crise des dettes souveraines que les économies industrialisées connaissent depuis 2008 suscite un regain d'intérêt pour le thème. Dans cette perspective, un ensemble d'études effectuées au sein du FMI, sur données de panel, confirment en général l'hypothèse des déficits jumeaux. De ces travaux, on peut citer Endegnanew et al (2012) qui, à travers un panel de 155 pays dont 42 petits pays, montrent qu'une amélioration du déficit budgétaire de 1 point de pourcentage se traduit par une amélioration du solde du compte courant de 0.4%. Il s'agit également des travaux empiriques d'Abbas et al. (2010) qui prouvent que l'amélioration du compte courant est 0.2 à 0.3% du PIB suite à une amélioration du solde budgétaire de 1%.

Cependant, lorsque Algieri (2013) réévalue la relation de long terme entre les deux variables dans les pays de l'UE les plus durement frappés par la crise de la dette (Espagne, Grèce, Irlande, Italie, et Portugal), ses résultats supportent l'hypothèse ricardienne. Cela l'amène à conclure que les programmes de consolidation budgétaires en cours dans ces pays n'auront pas d'impact significatif dans ces pays.

2.2 Choix méthodologique

Cette question présente la méthodologie retenue dans le cadre de ce travail, ainsi que les procédures de tous les tests économétriques primitives à l'exécution de cette méthodologie.

2.2.1 Recensement de quelques études selon la méthodologie utilisée

La présente section fait un récapitulatif de certaines études empiriques selon la méthodologie utilisée et le sens de causalité entre les déficits budgétaire et courant dans quelques pays.

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Tableau 2.1: Recensement de quelques études empiriques

Pays

Auteur et année

Variables

Modèle

Causalité

UEMOA

M.

DIARRA(2015)

Solde Budgétaire

(SB), Solde Courant

(SC)

ARDL

SB vers SC au Sénégal et au Togo, SC vers SB au Burkina et en Côte d'Ivoire, causalité bidirectionnelle au Mali et au Bénin, absence de causalité au Niger

RDC

J.L Bombonayo (2015)

Solde Budgétaire

(SB), Solde Courant

(SC), Taux de crois-

sance économique
(CE)

MLM

Absence de causalité

Trois pays

Bqltes :
Estonie, Lituanie, Lettonie

V.Sulinikova (2015)

Solde Budgétaire

(SB), Solde Courant

(SC), Investissement

public

VECM

SB vers SC en Litua-nie et en Estonie, abs-cence de causalité en Lettonie

Maroc

Z.Belkadem(2018)

Solde Budgétaire

(SB), Solde Courant

(SC)

VAR

SB cause SC

R. Congo

A.Ngakosso

(2016)

Solde Budgétaire

(SB), Solde Courant

(SC)

ARDL

Absence de causalité

Nigéria

Omoniyi(2012)

Solde Budgétaire

(SB), Solde Courant

(SC), Taux de change réel (TCr), Taux de croissance économique (CE)

VECM

Causalité bidirection-nelle entre BC et SB

 

Source : l'auteur, constitué après consultation de certaines études empiriques

Après avoir parcouru la théorie servant de base pour l'analyse de l'hypothèse des déficits jumeaux ainsi que bon nombre d'études empiriques portant sur les déficits jumeaux dans divers pays, nous faisons la remarque que la plupart des méthodes employées pour l'analyse des déficits jumeaux sont celles faisant appel à des valeurs retardées des variables (VAR, VECM, ARDL). Au regard des données dont nous disposons dans le cadre de cette étude, et en s'inspirant des travaux de Veronika Sulinikova (2015), il convient dans notre cas d'estimer un modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM). Cet auteur utilise ce modèle pour exhiber une relation de long terme entre le solde du compte courant et le solde budgétaire tout en validant l'hypothèse des déficits jumeaux en Lituanie et en Estonie. Grâce au test de causalité au sens de Granger, il

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parvient à la conclusion selon laquelle le solde budgétaire «cause» au sens de Granger le solde du compte courant dans ces deux pays.

2.2.2 Généralités sur le modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM)

Pour estimer un modèle vectoriel à correction d'erreur, la méthode impose que les chroniques soient intégrées au même ordre et qu'il existe une relation de cointégration entre les variables considérées. Pour vérifier l'ordre d'intégration des chroniques, nous faisons recours aux tests de stationnarité des séries de Dikey-Fuller Augmenté (ADF) et d'Andrew et Zivot (AZ). Ce choix est justifié par le fait que ces tests sont faciles d'application et couramment utilisés. Bien connus dans la littérature, ces tests testent la présence ou non de racines unitaires dans une série. En fait, le test ADF est efficace en cas d'autocorrélation des erreurs et le test AZ est utilisé pour une série qui accuse une rupture de structure ou changement de régime identifié de façon endogène.

La vérification de l'existence d'une relation de cointégration se fera à l'aide du test de cointégration de Johansen.

2.2.2.1 Le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF)

Il consiste à vérifier l'hypothèse nulle de non stationnarité H0 : p =1 contre l'hypothèse alternative H1 : p > 1. Ce test est basé sur l'estimation des moindres carrés des trois modèles suivants:

/xt =(p -1)xt_1 + Pk j=2èj/t_j_1+åt : processus sans trend et sans constante

/xt =(p -1)xt_1 + Pk j=2èj/t_j_1+á + åt : processus sans trend et avec constante

/xt =(p -1)xt_1 + Pk j=2èj/t_j_1+á +/3t + t : processus avec trend et avec constante.

2.2.2.2 Le test d'Andrew et Zivot (AZ)

Zivot et Andrews (1992) ont développé un test de racine unitaire avec une rupture structurelle introduite de manière « endogène », c'est-à-dire que le point de changement (inconnu) est estimé plutôt que fixé.

Ils considèrent l'hypothèse nulle de racine unitaire sans rupture structurelle exogène, et l'hypothèse alternative d'un processus stationnaire en tendance avec un changement dans la tendance à un moment inconnu du temps TB (1 < TB < T).

Hypothèse des déficits jumeaux: évaluation empirique appliquée au Cameroun

Zivot et Andrews (1992) régressent l'équation de régression suivante :

Xt = I-L + 8DUt(A)+i3t + áXt_1 + Pk j=1cjÄXt-j + åt.

DUt(A) =1 si t > TA, 0 sinon et A= TB/T est la localisation du point de rupture. Puisque la rupture structurelle est endogène, on utilise la statistique de Dickey-Fuller minimum pour tester la présence d'une racine unitaire, et on rejette l'hypothèse nulle d'une racine unitaire si :

Inf

À tá(A)<KInf,á

Où KInf,á représente la valeur critique de Inf

ë tá(A).

2.2.2.3 Test de cointégration de Johansen

Pour tester l'existence d'une relation de long terme entre des variables, l'on fait recours à des procédures statistiques, notamment celle d'Engle et Granger (1987) et celle de Johansen (1988, 1991). Étant donné que le test de Engle et Granger ne se limite qu'au cas bivarié, nous n'allons pas l'appliquer dans notre cas précis où nous testons la cointégration de plus de deux variables (le test s'appliquera à quatre variables). La cointégration entre les variables retenues sera donc testée à l'aide du test de Johansen.

Johansen (1988) teste la cointégration à l'aide des estimateurs du maximum de vraisemblance. Il s'agit d'un test de rang de cointégration, utilisé lorsqu'il y a plusieurs vecteurs cointégrants ou dans le cas d'une régression multiple (plus de 2 variables), qui exige que les séries soient intégrées de même ordre. Dans ce test, l'on procède par élimination ou exclusion d'hypothèses alternatives pour deux fins: (i) identifier le nombre de relations de cointégration optimal indispensable pour l'estimation d'un vecteur à correction d'erreurs (modèle VECM ou VEC), et (ii) identifier la forme du modèle VECM/VEC en optant pour des équations avec ou sans tendance déterministe, soit des équations avec ou sans tendance linéaire, soit avec ou sans tendance quadratique. Les différentes formes ou spécifications de modèle VECM en fonction de types de processus sont reprises dans le tableau ci-dessous :

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Tableau 2.2: Différentes formes du modèle VECM

 

Forme ou type de spécification VECM

Processus

I

II

III

IV

V

Tous les processus sont DS sans dérive

*

*

 
 
 

Aumoins un processus est un DS avec dérive

 
 

*

 
 

Aumoins un processus est TS

 
 
 

*

 

Aumoins un processus a une tendance quadratique

 
 
 
 

*

 

Source : Bourbounais R., 2015, p 313

Les hypothèses du test sont :

H0 : Pas de relation de cointégration ou rang de cointégration r = 0 -+ LR < CV H1 : Cointégration ou rang de cointégration r ~ 1 -+ LR > CV

Avec :

· LR : likelihood Ratio (le Ratio de vraisemblance, statistique calculée de Johansen);

· CV : Critical value (1%, 5% et 10%)

2.2.3 Présentation du modèle vectoriel à correction d'erreurs

Lorsque les séries temporelles sont générées par des processus non stationnaires et coin-tégrés, il convient d'estimer leurs relations de long termes aux travers d'un modèle à correction d'erreurs (MCE)

Ce modèle a été introduit dans la littérature par DAVID HENDRY(1986).

2.2.3.1 Spécificaion du MCE et son estimation : cas bivarié

On considère deux chroniques {x1,..., xn} et {y1,..., yn} toutes intégrées à l'ordre 1.

La relation de long terme s'écrit: yt= á+13xt+et avec {et, t = 1..., m} un bruit blanc (espérance

nulle et variance constante).

Les erreurs estimées bet forment également un bruit blanc .

Les résidus estimés bet peuvent s'interpréter comme l'écart entre les valeurs réelles de yt et celles

observées dans l'échantillon.

Cet écart est donc utilisé pour lier le comportement de court terme (représenté par les séries en

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différence première) et leur comportement de long terme au travers d'un modèle à correction d'erreurs.

La dynamique de long terme s'écrit :

yt = a + b1yt-1 + b2xt + b3xt-1 + et.

A long terme yt = yt-1 et xt = xt-1

yt = a + b1yt + b2xt + b3xt + et. -<,-(1-b1)yt = a + b2xt + b3xt + et. En isolant yt, on obtient :

ab2+b3 et

yt= 1-b1 + 1-b1 xt + 1-b1

En posant á=1-b1a , â=b2+b3

1-b1 et ut = et

1-b1 , la dynamique de long terme s'écrit :

yt = á + âxt + ut

Le modèle à correction d'erreur MCE s'obtient à partir du comportement de court terme : en isolant yt, on obtient :

yt-yt-1=a+b1yt-1 - yt-1 + b2xt - b2xt-1 + +b2xt-1 + b3xt-1 + et

Dyt = b2Axt - (1 - b1)[yt-1-âxt-1 - a

1-b1]+ut

En posant : ã=b2, ë=1 - b1, â=b2+b3

1-b1 on a :

Ayt=a+ãLxt+ëût-1+et

Où {et, t = 1...., n} BB(0,ó) et .ût est le résidu de l'estimation entre yt-1 et xt-1 et ë mesure la force de rappel à l'équilibre.

Remarque : la spécification du MCE est justifiée si le paramètre ë est significativement négatif.

L'estimation des paramètres de ce modèle nécessite simplement la technique des moindres carrés ordinaires (MCO) car les composantes du modèle ne font intervenir que des termes stationnaires. La méthodologie en deux étapes proposée par ENGLE et GRAGER est :

Étape 0 : Vérification de l'ordre d'intégration des chroniques : verifier que xt I(d) et que
yt I(d)

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1. Si les deux séries ne sont pas intégrées de même ordre, la procédure s'arrête;

2. Si les deux séries sont intégrées de même ordre on passe à l'étape suivante.

Étape 1 :(Existence de la relation de cointégration) Estimation par MCO de yt = á + âxt + ut

1. Si .Ût-'~ I(0) alors la procédure s'arrête

2. Sinon les séries sont cointégrées à l'ordre 1 et on adopte un MCE.

Étape 2 :(Estimation d'un MCE)

Estimer par MCO, 1yt = a + b/xt + ë.Ût_1 + et et s'assurer que ë est significativement négatif.

2.2.3.2 Spécification du MCE et de son estimation : cas multivarié

Lorsqu'un test de cointégration révèle que k séries temporelles de termes génériques x1t, ..., xkt sont cointégrées, celà signifie qu'il peut y avoir jusqu'à k-1 relations de cointégration. Il faut distincguer deux cas : le cas d'un unique vecteur de cointégration (c'est le seul cas que nous allons présenter dans cette partie) et le cas où il peut y avoir plusieurs vecteurs de cointégration.

* Cas d'un veteur unique de cointégration

Dans la situation où le vecteur de cointégration est unique, la spécification du MCE présentée au paragraphe précédent se généralise de la manière suivante :

Äx1t = u + ã2Lx2t + ... + ãk/xkt + ëbçt_1 + Et {Et, t = 1, ..., n} --*BB(0,ó) etbçt_1 le résidu de la regression cointégrante :

bçt_1=x1t_1 - bá0 - x2t_1 - ...-bákxkt_1

et ë mesure la force de rappel vers l'équilibre de long terme (ë < 0). La méthodologie en deux étapes proposée par Engle et Granger est : Étape 0 :(Ordre d'intégration des chroniques)

1. S'il existe deux séries qui ne sont pas intégrées du même ordre alors la procédure s'arrête;

2. Si toutes les séries sont intégrées de même ordre, c'est-à-dire x1t --* I(d), ..., xkt --* I(d), alors on passe à l'étape suivante.

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Étape 1 :(Existence de la relation de cointégration)

On estime par MCO le modèle: x1t=á0 + á2x2t + ... + ákxkt + çt.

Si le résidu du modèle estimé bçt n'est pas stationnaire, la procédure s'arrête; Si le résidu bçt est stationnaire on passe à l'étape suivante.

Étape 2 :(Estimation du modèle MCE) Par les MCO, estimer le modèle :

Äx1t = u + ã2Lx2t + ... + ãk/xkt + ëbçt-1 + Et

et s'assurer que b ë est significativement négatif.

Remarque : la procédure en deux étapes de Engle et Granger présentes plusieurs faiblesses qu'il convient de relever :

1° Elle ne s'applique que dans le cas où le vecteur de cointégration est unique;

2° Le biais sur les paramètres du modèle est considérable lorsqu'elle est appliquée à des séries temporelles de petite tailles;

3° Si elle est appliquée aux k - 1 vecteurs cointégrants issus de k chroniques cointégrées, la distribution limite des paramètres des vecteurs cointégrants rend l'inférence statistique sur ces parmètres impossible.

2.2.4 Test de causalité au sens de Granger

En économétrie, la causalité entre deux chroniques est généralement étudiée en termes d'amélioration de la prévision selon la caractérisation de Granger, ou en termes d'analyse impulsionnelle, selon les principes de Sims. Au sens de Granger, une série « cause » une autre série si la connaissance du passé de la première améliore la prévision de la seconde. Selon Sims, une série peut être reconnue comme causale pour une autre série, si les innovations de la première contribuent à la variance d'erreur de prévision de la seconde. Entre ces deux principaux modes de caractérisation statistique de la causalité, l'approche de Granger est certainement celle qui a eu le plus d'échos chez les économètres; elle sera donc retenue dans le cadre de cette étude.

Le fondement de la définition de Granger est la relation dynamique entre les variables. Comme indiqué, elle est énoncée en termes d'amélioration de la prédictabilité d'une variable. Chez Granger, la succession temporelle est centrale et on ne peut discuter de la causalité sans prendre en considération le temps (Sekkat, 1989). On peut formaliser la

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causalité au sens de Granger comme suit : si l'on note par xt et yt deux séries stationnaires ; en effectuant la régression linéaire de yt sur les valeurs passées ys, s < t, et sur les valeurs passées xt, s < t ; si l'on obtient des coefficients significatifs, alors la connaissance de leurs valeurs peut améliorer la prévision de yt : on dit que xt cause yt unidirection-nellement. Il y a causalité instantanée, lorsque la valeur courante xt apparaît comme une variable explicative supplémentaire dans la régression précédente.

Ce qui précède s'écrit de façon formelle (Gourieroux et Monfort, 1990 ; Lardic et Mignon 2002) : - xt cause unidirectionnellement yt à la date t si :

E[yt|yt-1, xt-1] =6 E[yt|yt-1]

- xt cause instantanément yt à la date t si :

E[yt|yt-1, xt] =6 E[yt|yt-1, xt-1]

- xt ne cause pas yt à la date t si :

V (E)E[yt|yt-1, xt-1] = V(e) E[yt|yt-1]

V (å) désigne la matrice de variance covariance de l'erreur de prévision.

Á partir de la définition ci-dessus, on définit les mesures de causalité suivantes :

- Mesure de causalité unidirectionnelle de xt vers yt :

Cx_yy=log detV (å)E[yt|yt-1] detV (å)E[yt|yt-1,xt-1]

- Mesure de causalité de instantanée xt vers yt :

Cx_yy=log detV (å)E[yt|yt-1]

detV (å)E[yt|yt-1,xt]

Une version du test de Granger issue directement de la représentation autorégressive précédente, propose d'estimer par la méthode des moindres carrés les deux équations suivantes :

K

xt=á + EiK=1 ~ixt-i + Ei=1Çiyt-i + Et (a)

K K

yt=b+ E i=1Xiyt-i + Ei=1 Yixt-i + Ut (b)

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Un test d'hypothèses jointes permet de conclure sur le sens de la causalité. Ainsi xt cause yt au sens de Granger (équation (b)) si l'hypothèse nulle définie ci-dessous peut être rejetée au profit de l'hypothèse alternative :

H0 : ã1 = ã2 = ... = ãk = 0

H1 : Aumoins un des ãi =6 0.

Ce sont donc des tests de Fisher classiques. Par ailleurs, si l'on est amené à rejeter les deux hypothèses nulles, on a une causalité bidirectionnelle, on parle de boucle rétroactive (feedback effect).

Considérons maintenant deux autres spécifications : la première reprend l'équation (b); la deuxième est construite à partir de (b) en supposant que x ne « cause » pas y . Soit :

yt=á + i2K i=1 æixt-i + i2K i=1öiyt-i + åt yt=á+ i2K i=1÷iyt-i + ít (b')

Á partir de ces deux équations, Geweke (1983) a proposé des tests de causalité de Granger basés sur le principe de Wald, du ratio de vraisemblance et du multiplicateur de Lagrange, en supposant que : xt et yt sont stationnaires, les erreurs sont normalement distribuées et une paramétrisation optimale du nombre de retards. Ces statistiques sont

les suivantes : T GW = T s2*-s2

s2

TGR = log( s2

s2* )

TGL = T s2*-s2

s2*

Où : est le nombre d'observations; s2 l'estimation du maximum de vraisemblance de V (åt) et s2* celle de V (ít).TGW, TGR et TGL sont respectivement les statistiques du test de Wald, du ratio de vraisemblance et du multiplicateur de Lagrange, qui dans l'hypothèse de causalité de xt vers yt tendent vers zéro; chaque distribution suivant une loi chi deux à k degrés de liberté.

Jusqu'à présent, nous sommes limités à l'analyse causale dans des systèmes stationnaires. Or, depuis plus d'une vingtaine d'années, de nombreux articles révèlent que la majorité des séries macroéconomiques sont non stationnaires, en particulier l'article de Nelson et Plosser (1982). Ceci suppose qu'avant d'appliquer une quelconque méthode d'estimation, une analyse approfondie des propriétés des séries est indispensable. Pour contourner cette difficulté, Engle et Granger (1991) ont montré que si les variables sont intégrées, le test classique de Granger, basé sur le VAR, n'est plus approprié. Ils recommandent pour ce faire d'utiliser le modèle à correction d'erreur. En outre, le test de causalité basé sur le

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modèle vectoriel à correction d'erreur présente l'avantage de fournir une relation causale même si aucun coefficient estimé des variables d'intérêt décalées n'est significatif.

34

Deuxième partie

Analyse du lien empirique entre le

déficit budgétaire et le déficit

courant

35

CHAPITRE 3

Aperçu global d'un point de vue descriptif du phénomène des déficits jumeaux

Le présent chapitre est consacré d'une part à l'analyse descriptive des indicateurs macroéconomiques permettant d'appréhender le phénomène des déficits jumeaux au Cameroun, d'autre part, ce chapitre présente les principales mesures d'optimisation des dépenses publiques ainsi que les mesures agissant sur les exportations, les importations, la production et le commerce.

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3.1 Examen des indicateurs économiques

Cette section s'intéresse à l'analyse descriptive des indicateurs macroéconomiques permettant de mieux analyser le phénomène des déficits jumeaux. Nous présentons également les efforts du gouvernement en terme de mesures d'optimisation des dépenses publiques ainsi que la situation des exportations, des importations et de la politique commerciale au Cameroun.

3.1.1 Dynamique des recettes publiques au Cameroun

Au cours de la dernière décennie, les recettes de l'État ont considérablement augmenté passant de 2182,2 milliards de FCFA en 2008 à 3284,8 milliards de FCFA en 2018, soit une augmentation globale de 30%, avec une moyenne annuelle de 3%. Toutefois, l'on remarque que la contribution des recettes pétrolières aux recettes totales de l'État diminue au fil du temps (passant de 37% en 2008 à 15% en 2018), preuve de la poursuite du processus de diversification de l'économie camerounaise. Cette accélération des recettes publiques, bien qu'importante au cours des 10 dernières années, n'a pas pu assurer l'équilibre de la balance budgétaire du pays en raison d'un accroissement plus important des dépenses publiques au cours de la période considérée. Le graphique 3.1 permet visualiser l'évolution des recettes de l'État sur la période 2008-2018.

Graphique 3.1: Dynamique des recettes publiques (en milliards de FCFA)

Source : MINFI, calculs de l'auteur sur Excel

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3.1.2 Évolution, composition et efficacité des dépenses publiques

Les dépenses publiques du pays se sont considérablement accrues entre 2008 et 2017, passant de 13,94 à 25% du PIB. Cette hausse a notamment financé le programme Vision 2035, le DSCE 1 et le PLANUT 2, soit une augmentation des dépenses en capital de 5,89% à 13,37% du PIB entre 2008 et 2017 (Graphique 3.2). Malgré cette hausse, les dépenses publiques du Cameroun restaient encore inférieures en 2015 (19% du PIB) à la moyenne des pays d'Afrique subsaharienne (ASS), des pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure (PRIS) et des pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure (PRII), soit respectivement 28%, 25% et 31,5% (Source : revue des dépenses publiques au Cameroun, publiée par la Banque Mondiale, 2018).

Graphique 3.2: Dynamique des dépenses publiques

Source : MINFI, calculs de l'auteur sur Excel

1. DSCE=Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi. C'est un document qui sert de cadre de référence à l'action gouvernementale sur la période 2010-2020

2. PLANUT=Plan d'Urgence Triennal. C'est un programme mis sur pied par le gouvernement pour l'accélération de la croissance économique.

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3.1.3 Exécution du budget

Si les taux officiels d'exécution budgétaires sont élevés, ils masquent cependant des faiblesses dans la comptabilité budgétaire. Au Cameroun, les taux d'exécution budgétaire se sont globalement améliorés entre 2008 et 2017 (confère Graphique 3.3), ce qui signifie que l'enveloppe globale des dépenses publiques a été généralement contenue dans les limites des plafonds budgétaires approuvés. Cependant, les dépenses publiques en biens et services ont largement dépassé le budget alloué en 2017 (Source : Revue des dépenses publiques sur le Cameroun, publié par la Banque Mondiale, 2018). L'évaluation des dépenses publiques et de la responsabilité financière, réalisée en 2017, note qu'un niveau élevé de dépenses publiques doit encore être régularisé et que certaines pratiques dans l'exécution budgétaire (des avances en espèces, des déblocages de fonds, des avances et des paiements directs par la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), par exemple) entravaient jusque très récemment3 la fiabilité des données sur la répartition des dépenses. En conséquence, les documents comptables et financiers officiels ne reflètent pas complètement la réalité de la répartition des dépenses effectuées.

Graphique 3.3: Dynamique de l'exécution budgétaire (en milliards FCFA)

Source de données : MINFI, calculs de l'auteur

3. Ces procédures sont dorénavant limitées dans le cadre du programme économique et financier soutenu par le FMI.

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3.1.4 Dynamique du solde budgétaire global

Sur la période allant de 2008 à 2018, le Cameroun compte une seule année d'excédent budgétaire (année 2008). Le solde budgétaire est resté négatif depuis 2009 malgré le léger accroissement observé en 2015. En effet, la baisse observée au niveau des recettes pétrolières en 2015 a été compensée par la hausse des recettes non pétrolières qui ont subi une augmentation de 7,87% par rapport à 2014.

L'année 2016 est celle pour laquelle le solde s'est le plus creusé sur la période considérée, en passant de -1,4% en 2015 pour atteindre -6,2% du PIB en 2016. Le rapport du Fond Monétaire International (FMI) sur la seconde revue au titre de la facilité élargie de crédit, souligne qu'en 2016, la politique budgétaire a porté essentiellement sur l'améliora-tion des recouvrements et l'accroissemnt des dépenses d'investissement dans le cadre du plan trienal d'urgence.

En ce qui concerne les ressources, les recettes totales ont baissé de 11,2% par rapport à 2015 pour s'établir à FCFA 2732,9 milliards de FCFA, notamment à cause du fléchissement de 41,8% des recettes pétrolières, insuffisamment compensées par la faible augmentation de 2,3% des recettes hors pétroles.

S'agissant des charges, les dépenses budgétaires totales ont augmenté de 10,8% pour se situer à FCFA 3785,2 milliards. Les dépenses courantes ont progressé de 1,9% particulièrement sous l'effet des régularisations des situations administratives des fonctionnaires. Par contre, afin de maintenir l'effort de construction des infrastructures pour couvrir la CAN féminine et le plan d'urgence trienal, les dépenses publiques d'investissement ont augmenté de 29,9% par rapport à 2015.

Graphique 3.4: Dynamique du solde budgétaire global (en %PIB)

Source : MINFI, calculs de l'auteur sur Excel

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3.1.5 Principales mesures d'optimisation des dépenses publiques

Le Cameroun aspire à rejoindre, d'ici 2035, le groupe des nations industrialisées à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, avec de faibles taux de pauvreté, une croissance économique soutenue et une démocratie consolidée. Élaboré par le gouvernement dans ce but, le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi table sur un taux annuel de croissance du PIB de 5,5% et la création de milliers d'emplois formels chaque année. Fort d'une économie relativement plus diversifiée que ses voisins de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, plus dépendants du pétrole, le Cameroun semblait, du moins jusqu'au milieu de cette décennie, en bonne position pour concrétiser ses objectifs. Mais une conjoncture extérieure moins favorable et des contraintes internes menacent les ambitions de développement du pays, où le taux de pauvreté reste élevé, à 37,5% en 2014 (Source résultats de ECAM44 publié par l'INS5 en 2018).

Avec les effets durables du choc pétrolier de 2014 et la détérioration de la situation intérieure, l'économie camerounaise a marqué le pas. Les flambées de violence dans les régions du Nord et de l'Extrême-Nord, conjuguées à un mouvement séparatiste dans les régions anglophones, ont porté un coup d'arrêt à l'activité. En réaction, les dépenses de sécurité ont monté en flèche, aggravant le déficit budgétaire qui est ressorti à 6,1% du PIB en 2016, le taux de croissance atteignant en 2017 son niveau plancher depuis sept ans, à 3,5%. L'insuffisance et l'inefficacité des dépenses en faveur de la santé maternelle et infantile ainsi que le coût trop élevé des manuels scolaires ont également rejailli sur les performances en matière de santé et d'éducation. En parallèle, une hausse sensible des emprunts en vue de financer de lourds projets d'infrastructures ont fait grimper la dette publique à 35,7% du PIB en 2017, contre 15,9% en 2006.

Le pays dispose néanmoins d'atouts pour renverser la situation : la récente revue des dépenses publiques réalisée par la Banque mondiale et intitulée : Aligner les dépenses publiques aux objectifs de la Vision 2035 identifie cinq leviers pour y parvenir :

(1) Rectifier l'assise macroéconomique.

Les pouvoirs publics doivent afficher leur volonté de respecter une discipline macroéconomique et budgétaire. Cela passe par la rationalisation des dépenses publiques, la recherche de nouvelles sources de revenu et la maîtrise de la dette publique. L'une

4. ECAM4=Quatrième Enquête Camerounaise auprès des Ménages

5. INS=Institut National de la Statistique

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des conclusions du rapport est sans appel : seuls un redéploiement des dépenses publiques et des réformes structurelles parviendront à améliorer l'efficacité des dépenses publiques sans menacer la stabilité budgétaire. La réduction de la part des dépenses de l'administration générale et financière dans le total des dépenses --en particulier les frais de représentation, de missions, de cérémonies, de carburant, de voyages et de services externes -- pourrait entraîner de substantielles économies budgétaires. Les économies réalisées sur ces frais, de même que les gains liés à la réduction des dépenses fiscales et la diminution des transferts et des subventions, permettraient de dégager une véritable marge de manoeuvre en faveur des secteurs sociaux (et autres secteurs prioritaires).

(2) Réduire la dette et mieux gérer les investissements publics.

Pour maîtriser son endettement, le gouvernement doit optimiser la gestion des entreprises d'État et des investissements publics. Il doit pouvoir identifier et adopter les mesures à prendre pour éviter l'accumulation de pertes financières chaque année. Louable, la volonté du pays de réduire son déficit d'infrastructures ne doit pas empêcher d'approfondir et d'accélérer les efforts consentis pour rendre les investissements publics plus efficaces. Le ministère des Finances et le ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire doivent hiérarchiser les projets existants et renforcer le cycle des projets d'investissement public. Pour ce faire, le gouvernement doit fixer des critères précis pour déterminer le degré de maturité des projets et procéder à des évaluations à chaque étape. Au lieu de recourir à de coûteux emprunts commerciaux qui aggravent le risque de surendettement, il doit privilégier les financements concessionnels et les partenariats public-privé.

(3) Améliorer l'efficacité dans le secteur de l'éducation.

L'efficacité accrue des dépenses passe par une allocation directe des fonds aux établissements scolaires, via un mécanisme de financement tenant compte de leurs besoins spécifiques et intégrant des incitations à la performance. Le transfert direct des fonds devrait renforcer sensiblement la responsabilité des établissements et augmenter le montant des dépenses par élève. Par ailleurs, l'introduction de mécanismes de financement basé sur la performance à l'échelle des écoles devrait accentuer les incitations à obtenir de meilleurs résultats. La révision des politiques de recrutement, de rémunération et d'affectation des enseignants pourrait favoriser une répartition plus équitable des ressources éducatives. Alors que plus de 80% du

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budget de l'éducation sont consacrés à la rémunération des enseignants, le nombre d'enseignants dans les zones qui en ont le plus besoin, les ZEP (zones d'éducation prioritaire), est en recul constant.

(4) Augmenter et optimiser les dépenses de santé.

L'État doit allouer davantage de ressources à la santé et mieux les gérer. Un rééquilibrage de la distribution des ressources entre l'administration centrale et les lieux de prestation des services à l'échelon local contribuerait à améliorer l'efficacité et l'équité des dépenses de santé, sachant que les établissements de soins primaires au niveau des districts tendent à offrir les interventions les plus rentables tout en desservant les ménages les plus pauvres et les plus vulnérables. Dans le cadre de l'extension du programme de financement basé sur la performance, le gouvernement devrait introduire un système de budgétisation équitable reposant sur une formule de calcul transparente dans le but d'affecter des moyens aux régions qui en ont le plus besoin. Plusieurs pays ont adopté des formules de ce type, où l'allocation des ressources est fonction des spécificités de chaque centre de soins et des besoins de la population desservie.

(5) Renforcer le système de protection sociale et les filets sociaux. Le gouvernement a également beaucoup à faire pour améliorer le dispositif de protection sociale du pays. Il doit pour cela modifier sensiblement la composition des dépenses en faveur de l'aide sociale, d'un meilleur ciblage et d'une couverture complète des risques. Plus de 90%: la revue des dépenses publiques du Cameroun réalisé par la Banque Mondiale des dépenses sociales actuelles subventionnent le régime de pensions de la

fonction publique et les subventions aux carburants deux types de dépenses qui
ne couvrent ni les pauvres, ni les principaux risques encourus tout au long de la vie.

3.1.6 Situation des exportations, des importations et de la Politique commerciale au Cameroun

3.1.6.1 Évolution (% du PIB) de la balance commerciale et politique commerciale

Au cours de la dernière décennie, l'évolution de la balance commerciale du Cameroun a gardé une tendance baissière. Entre 2008 et 2018, cette balance s'est davantage détériorée, passant d'un déficit commercial de -3,8%PIB en 2008 à un déficit de -6,2%PIB en 2018. Selon l'INS, malgré les efforts consentis du gouvernement en faveur de la ré-

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duction du déficit commercial, celle-ci semble se détériorer davantage. L'on enregistre le plus grand écart entre 2017 et 2018 du déficit de la balance commerciale. Cette réduction résulte essentiellement de l'excédent enregistré sur les échanges de pétrole brut, dû à la baisse des exportations de ce produit, en raison de l'arrêt observé à la SONARA6 au premier trimestre d 2017, détaille l'institut.

La balance commerciale hors pétrole brut du pays, elle, enregistre une hausse de 13,0% par rapport à 2016 et est déficitaire de 1 705,5 milliards de FCFA en 2017. Cette hausse du déficit hors pétrole, tel que mentionné dans le rapport de l'INS sur le commerce extérieur du Cameroun en 2017, est liée à la baisse des exportations hors pétrole de 10,0%, suivie d'une hausse des importations de de 2,5%. Le taux de couverture hors pétrole se détériore d'environ 6 points pour se situer à 40,0% en 2017.

Graphique 3.5: Dynamique de la balance commerciale

Source : MINFI, calculs de l'auteur sur Excel

Pour comprendre les causes du déficit de la balance commerciale présentée ci-haut, il est important de regarder la situation des des exportations ainsi que celle des importations au Cameroun et ainsi identifier les principaux produits importés et exportés.

6. Société Nationale de Raffinage

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3.1.6.2 Situation des exportations et des importations

Selon le rapport de la Direction Générale du trésor français sur la situation des échanges commerciaux du Cameroun, rapport publié en 2018, les échanges commerciaux camerounais se sont contractés en 2017. En effet, en 2017, les exportations du Cameroun baissent de 11,9% en volume et de 4% en valeur pour atteindre 1 881,9 Mds FCFA . Il s'agissait de la troisième année consécutive de baisse malgré la reprise des cours de certaines matières premières (pétrole, coton, aluminium).

(i) Sitution des principaux produits à l'exportation

Les exportations d'huiles brutes de pétrole (qui représentaient 39,6% en 2017 des exportations totales) ont enregistré une baisse de 19,8% en volume mais une hausse de 7% en valeur grâce à la légère remontée des cours observée sur les marchés internationaux. Celles des carburants et lubrifiants se sont inscrits en baisse de 38,8% en volume et de 10,3% en valeur en raison des capacités limitées de production de la SONARA. Celle-ci a signé en 2017 un accord de financement de 44,6 Mds FCFA avec la Banque islamique de développement pour augmenter sa production.

Les ventes des principaux produits d'exportation ont connu des évolutions contrastées. Le cacao brut (12,4% des exportations totales), a connu en 2017 une baisse de ses exportations en volume de 16% et de 41,1% en valeur. Cette contre performance s'explique par la baisse des cours du cacao et par une attitude prudente des producteurs qui ont constitué des stocks, anticipant une remontée future des cours (INS : rapport sur le commerce extérieur de 2017). Les exportations de pâte de cacao, ayant représenté 2,2% des exportations totales, se sont affichées en revanche en forte hausse (+52,2% en volume et +16,2% en valeur).

Les bois sciés (8,1% du total), avec des exportations en baisse de 3,4% en volume et 10,6% en valeur, occupaient le troisième rang des produits les plus exportés par le Cameroun. Le bois brut (6% du total) a réalisé une bonne performance, avec des exportations en hausse de 26,1% en volume et de 26,2% en valeur.

Le coton brut (5,1% du total), malgré les difficultés financière de la Sodécoton, a enregistré une légère progression de ses ventes en volume (0,5%) et une progression plus importante en valeur (9%) grâce à la reprise des cours mondiaux.

L'aluminium brut (4,1% du total) poursuivait ses bonnes performances à l'exportation,

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avec des ventes en hausse de 18,8% en volume et de 15,6% en valeur.

(ii) Sitution des principaux produits à l'importation

Les importations s'établissent à 2 971,4 Mds FCFA, en diminution de 4,8% en volume et de 3,8% en valeur, contre -5,9% en volume et -13,6% en valeur en 2016. La diminution moins importante des importations en valeur en 2017 est notamment liée la reconstitution progressive des réserves de change en devises à la banque centrale. Á fin décembre 2017, les réserves de change représentaient 5,6 mois d'importation, contre 4,1 mois à fin décembre 2016. Elle suit toutefois le ralentissement économique observée depuis 2016.

La qualité de la production pétrolière camerounaise ne permettant pas son raffinage dans les infrastructures locales, le Cameroun procède en parallèle à des importations de pétrole, essentiellement en provenance du Nigeria, pour le raffiner et le commercialiser sur le marché local. En 2017, les importations d'huiles et de pétrole brut ont reculé de 65,8% en volume et de 59,1% en valeur, toujours en lien avec les difficultés de la SONARA. Afin de compenser le déficit de production locale, les importations de carburants et lubrifiants ont quasiment doublé sur un an (+97,2% en volume et +95,8% en valeur).

Les importations hors pétrole progressent en volume et en valeur pour s'établir à 2 843 Mds FCFA en 2017, , en hausse de 9,3% en volume et de 2,5% en valeur par rapport à 2016. Elles sont principalement constituées de céréales (riz, farines et froments) (10,1% du total), de véhicules automobiles et tracteurs (6,8%), de machines et appareils électriques (6,8%), de produits pharmaceutiques (4,4%), de poissons et crustacés (3,9%), de clinkers (2,7%).

On note l'augmentation des importations de riz (+18,8% en volume et 27,9% en valeur) en dépit du rétablissement des droits de douane qui avaient été suspendus en 2008 suite aux manifestations contre la vie chère.

On relève également la baisse des achats de machines et appareils électriques (-3,6% en volume et -35,9% en valeur) qui ont certes bénéficié du démantèlement des barrières tarifaires camerounaises dans le cadre de l'APE avec l'Union européenne, principal fournisseur de ces produits, mais subissent la baisse d'activité liée à la fin des principaux projets structurants. Enfin les importations de véhicules automobiles et tracteurs baissent

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de 14,8% en volume et 5,5% en valeur.

Tableau 3.1: Commerce extérieur du Cameroun entre 2016 et 2017 (en milliards)

 

2016

2017

Variation (en %)

Exportations

1 959

189

-4,0

Pétrole brut

696

745

7

Exportations hors pétrole

1 264

1 138

-10,0

Importations

30 787

2 971

-3,8

Pétrole brut

314

129

-59,1

Importations hors pétrole

2 773

2 843

3

Balance commerciale

-1 127,7

-1 127,7

-3,4

Balance commerciale hors pétrole

-1 509,2

-1 705,5

13

Source de données : INS, calculs de l'auteur

3.2 Principales mesures régissant le commerce au Ca-

meroun

Selon le plan de modernisation de l'économie camerounaise dans les perspectives de l'entrée en vigueur de l'accord de partenariat économique, les mesures de politique envisagées visent à consolider l'excédent de la balance commerciale. Trois axes sont explorés, à savoir :

(1i) comprimer les importations; (2i) Accroitre les exportations; (3i) accroître la production.

3.2.1 Mesures agissant sur les importations

De par son appartenance à la CEMAC, le Cameroun applique le TEC7 sur les importations en provenance des pays hors CEMAC. Ce qui a contribué à réduire significativement son niveau de taxation des produits importés. Les consolidations tarifaires sont réalisées par le Cameroun à des taux plafond de 80% sur les produits agricoles et de 50% sur trois biens non-agricoles, soit au total seulement 14,0% de toutes les lignes tarifaires. Les autres droits et taxes sont consolidés à 80%, 150% ou 230% selon la catégorie

7. TEC=Tarif Extérieur Commun, loi adoptée par acte 16/96-UDEAC-556-CD-57 du premier Juillet 1996 portant adoption du tarif extérieur commun, complété par l'acte additionnel n03/00-CEMAC-046-CM 05 du 14 Décembre 2000 et l'ensemble des textes modificatifs subséquents.

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de produits.

Pour les importations en provenance de l'Asie, le Cameroun a recours à des valeurs minimales, ce que les autorités justifient par les difficultés du Cameroun à mettre en oeuvre l'Accord de l'OMC sur l'évaluation en douane.

Le Cameroun applique le Code des douanes de la CEMAC à l'importation, à l'exportation, et à la réexportation des des produits.

3.2.2 Mesures agissant sur les exportations au Cameroun

Le Cameroun applique des droits de sortie de 2 % de la valeur FOB8 des marchandises exportées, à l'exception du bois en grumes soumis à un taux supérieur. Ainsi, les produits du sol (tels que l'hévéa, le cacao, le café, la banane ou le coton) et du sous sol ne sont soumis au paiement d'aucun droit de sortie tandis que des prohibitions s'appliquent aux exportations de grumes de certaines essences pour des considérations économiques. Les exportations sont en principe soumises à la TVA9 au taux zéro. Cependant, pour faire face aux exportations fictives, les ventes hors TCA 10/TVA réalisées par les unités de production à des intermédiaires chargés d'effectuer les opérations d'exportation sont proscrites.

En matière de subvention, des avantages fiscaux liés aux exportations sont accordées sous le régime des zones franches industrielles (ZFI).

3.2.3 Mesures sur la production et le commerce du Cameroun

La loi sur la concurrence s'applique aux entreprises tant publiques que privées et aussi lorsque les effets des pratiques anticoncurrentielles d'entreprises situées à l'extérieur se font sentir sur le territoire camerounais, sous réserve des accords et traités liant le Cameroun aux pays d'accueil des entreprises en question. La loi interdit toutes pratiques qui auraient pour effet d'empêcher, de fausser ou de restreindre de manière sensible l'exercice de la concurrence au niveau du marché intérieur.

La CNC11, rattachée au Ministère en charge du commerce, est chargée des questions de concurrence et de superviser la mise en oeuvre de la législation en la matière. Un certain nombre de produits et services continuent à être soumis à l'homologation des prix. Dans

8. FOB=Free on Board. Une marchandise est achetée ou vendue "FOB" quand celle-ci est achetée sans les frais de transport et autres frais et taxes y afférents et sans les assurances.

9. TVA=Taxe sur la valeur ajoutée

10. TCA=Taxe sur le Chiffre d'affaires

11. CNC=Commission Nationale de Concurrence

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deux cas (le poisson congelé et la farine de froment), l'homologation ne s'applique qu'aux produits importés.

En 2001, le Cameroun a créé l'Agence de régulation des marchés publics (ARMP) et introduit une nouvelle réglementation en la matière. Les marchés publics sont attribués sur appel d'offres. Toutefois, ils peuvent exceptionnellement être attribués selon la procédure de gré-à-gré (c'est-à-dire sans appel d'offres), après l'autorisation spéciale du Premier ministre, et pour des questions de compétence, d'urgence, ou de propriété intellectuelle.

Conclusion

Le présent chapitre a porté sur une analyse globale, d'un point de vue descriptif des indicateurs macroéconmiques permetttant d'appréhender les causes et les effets d'un double déficit budgétaire et courant au Cameoun. Le constat gérnéral est qu'aucours des 10 dernièress années, les resources de l'État ont fortement augmenté (50% entre 2008 et 2018). Toutefois, cette augmentation, bien qu'importante des recettes de l'État, n'a pas pu restaurer l'équilibre de la balance budgétaire du fait d'une augmentation plus importante, soit 94,28% entre 2008 et 2018 des dépenses publiques. Sur la même période, la balance commerciale s'est davantage dégradée, passant d'un excédent de +2,2% du PIB en 2008 à un déficit de -3,3% du PIB en 2018. Face à cette situation de lutte contre le double déficit budgétaire et courant, les efforts du gouvernement n'ont pas été négligeables en ce sens que plusieurs mesures portant d'une part sur l'assainissement des finances publiques avec l'adoption des critères de convergence dans le cadre de la surveilllance multilattérale en zone CEMAC ainsi que le contrat signé avec le FMI en 2017 plaçant le Cameroun sous prommame économique et financier. D'autre part, plusieurs mesures agissant sur les exportations, les importations, la production et le commerce ont été adoptées, ceci dans le but de rétablir l'équilibre de la balance courante qui, pour le cas du Cameroun se réduit à l'équilibre de sa balance commerciale.

49

CHAPITRE 4

Analyse du lien économétrique entre le solde budgétaire global et le solde du compte courant

Le présent chapitre est consacré à l'analyse du lien économétrique entre le solde budgétaire et le solde courant au Cameroun. Comme mentionné au chapitre 2, cette analyse passe les techniques d'économétrie des séries temporelles basées sur l'estimation d'un modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM) suivi du test de la causalité au sens de Granger et se termine par l'analyse des chocs sur le compte courant au Cameroun, notamment l'analyse des réponses impulsionnelles et la décomposition de la variance de l'erreur de prévision sur le solde du compte courant.

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4.1 Présentation des données et des variables retenues

Les données utilisées sont annuelles et sont tirées du tableau des comptes nationaux de l'INS et du Tableau des Opérations Financières de l'État (TOFE) du MINFI. Ces données annuelles couvrent la période allant de 1989 à 2018. Au regard des différentes études ayant testé la validité de l'hypothèse des déficits jumeaux, il ressort que le choix des variables dépend du fait que l'économie considérée fonctionne ou non en régime de change flottant ou fixe.

(i) Pour les économies à régime de change fixe, les variables permettant de testter l'hypothèse des déficits jumeaux sont : le solde du compte courant, le solde budgétaire global, l'investissement public et le produit intérieur brut. (ii) Pour les économies à régime de change flottant, il faut en plus des quatre variables précédentes ajouter le taux de change et le taux d'intérêt.

Cela étant, il convient donc pour notre cas de retenir les quatre premières variables pour le test de l'hypothèse des déficits jumeaux au Cameroun, étant donné que ce pays fonctionne en régime de change fixe. La variable BC représentant la balance commerciale est utilisée comme variable endogène car nous estimons qu'elle est peu contrôlable par rapport à la variable SBG représentant le solde budgétaire global qui apparaît parmi les variables explicatives du modèle et permet de capter les effets des fluctuations des dépenses publiques sur le compte courant. L'investissement public permet de capter l'effet d'un accroissement des dépenses publiques d'investissement sur le compte courant. Et en fin, le Produit intérieur brut quant à lui est utilisé pour comme variable de contrôle et permet de la mise en évidence d'une relation de cointégration entre les variables.

Le tableau 4.1 renseigne sur les variables utilisées :

Tableau 4.1: Desciption et effets attendus des variables

Variable

Description

Effet attendu su BC

BC

Balance courante

 

SBG

Solde budgétaire global

+

logPIB

logarithme népérien du PIB

+

FBCF

Formation brute de capital fixe

+

Source : l'auteur, tiré de la littérature

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4.2 Caractéristiques descriptives des séries et représentation graphique des variables

Cette section présente la description des séries dans le but d'en savoir un peu plus sur les caractéristiques de tendance centrale. Un regard particulier est fait au niveau des écarts-types afin d'avoir une idée précise sur la volatilité des séries laquelle permettra d'être fixé sur le type de test sur l'existence ou non des racines unitaires dans les séries. La représentation graphique permettra de mieux visualiser l'évolution des séries.

Tableau 4.2: Caractéristiques descriptives des séries

 

BC

SBG

logPIB

FBCF

Mean

-1.567000

-0.352975

23.5813

3.738344

Median

-1.645000

-0.65532

23.52275

3.675923

maximun

5.600000

4.795133

24.37398

9.069615

Minimum

-6.200000

-6.164952

22.98690

1.054832

Std.Dev

3.216207

2.594517

0.484268

2.013633

Skewness

0.369923

0.035607

0.231721

0.761471

Kurtosis

2.014647

2.598109

1.422931

3.304823

 
 
 
 
 

Jarque-Bera

1.897866

0.208234

3.377405

3.015338

Probability

0.387154

0.901120

0.184759

0.221426

 
 
 
 
 

Sum

-47.01000

-10.58925

707.6439

112.1503

Sum sq.Dev

299.9756

195.2140

6.800943

117.5868

 
 
 
 
 

Observations

30

30

30

30

Source de données : MINFI/INS, calculs de l'auteur sur Eviews

Comme l'illustre le tableau 4.2, le solde budgétaire global et la balance commerciale sont plus volatiles que les autres variables (de contrôle) avec un sérieux creux en 2016 pour la variable SBG (imputable à la baisse des recettes pétrolières de 2016) et le logPIB l'est moins au regard de l'écart-type (std. Dev). Le test de stationnarité d'Andrews Zivot sera donc préféré à celui de Dickey-Fuller pour ces deux variables. Aussi, l'on note que les variables sous-étude sont normalement distribuées (Prob. Jarque-Bera > 5%). Dans ce cas, une modélisation hétéroscédastique serait privilégiée en présence d'effets ARCH.

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4.2.1 Évolution graphique des variables et nuages de points

La lecture du graphique 4.1 témoigne de la non stabilité globale des variables sous étude dans le temps. Cependant on peut remarquer que cette volatilité n'est pas très accentuée et ce quelque soit la variable considérée. Il y'a donc de bonnes raisons de faire une présomption de la stationnarité en différence première des variables d'études (les tests de racine unitaire nous en diront davantage). Toutefois, les variables FBCF et logPIB semblent présenter une évolution beaucoup plus stable. Quant aux deux autres à savoir : BC et SBG, elles ont des évolutions en dents de scie; et sur la période 2000 à 2015, ces dernières semblent évoluer dans le même sens (présomption d'une corrélation significative entre ces deux variables).

Graphique 4.1: Évolution graphique des variables

Source : calculs de l'auteur

Pour ce qui est du sens du lien entre le déficit budgétaire sur la balance commerciale au Cameroun, le graphique (??) montre qu'il est positif. Ce constat, informel jusqu'ici, va dans le sens des résultats des études empiriques qui corroborent avec l'hypothèse keynésienne. 1

1. Selon cette hypothèse, le déficit budgétaire cause celui du compte courant

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Graphique 4.2: Nuages de points des variables

Source : calculs de l'auteur sur Excel

4.3 Résultats empiriques

Les résultats présentés dans cette partie, notamment l'étude de la stationnarité des series, le test de cointegration, le test de causalité de Granger et les estimations ont été obtenus à l'aide du logiciel eviews 9.

4.3.1 Stationnarité des séries

Les résultats du test de stationnarité à niveau et en différence première sont donnés comme suit2 (les statistiques calculées sont de student) :

Tableau 4.3: Stationnarité des séries

 

Niveau

Différence Première

Constat

Variables

ADF

AZ

Date de rupture

ADF

 

BC

-3,67 (0.699)

-4,44(0.699)

2000

-3,603(0.03)

I(1)

logPIB

-3,62(0.058)

-

-

-3,58(0.002)

I(1)

SBG

-3,57(0.52)

-4,85(0.937)

2010

-3,580(0.0000)

I(1)

FBCF

3,57(0.460)

-

-

-3,58(0.0028)

I(1)

Source : calculs de l'auteur sur eviews

2. les résultats détaillés des différents tests de non-stationnarité sont consignés à l'Annexe A

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L'on note que toutes les séries retenues sont intégrées d'ordre 1 (stationnaire après la première différence). Les séries sont ainsi intégrées au même ordre, ce qui rend opportun le test de cointégration de Johansen.

4.3.2 Détermination du nombre optimal de retards

Avant d'estimer le modèle réduit, il convient de determiner au préalable le nombre de retards p du modèle VAR(p) sous-jacent. Le tableau 4.4 donne les retards optimaux suivant différent critères d'information.

Tableau 4.4: Nombre optimal de retards

Lag

LogL

LR

FPE

AIC

SC

HQ

1

-97.51804

NA

0.073571

8.732157

9.506370

8.955102

2

-81.42535

22.28218

0.078546

8.725027

10.27345

9.170918

3

-49.76724

34.093335

0.029330

7.306142

9.843197

8.189393

4

-30.97985

14.45184

0.039633

7.520557

10.40300

8.197924

Source : calculs de l'auteur sur eviews

Au regard du critère d'Akaike (AIC), le nombre optimal de retards est égal à 3. Il convient donc de lancer le test de cointégration de Johansen avec 3 retards sachant que le modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM) sous-jacent sera estimé avec 3-1, soit 2 retards.

4.3.3 Test de cointégration de Johansen

Il ressort du test de Johansen (Tableau :4.5) que : il existe une unique relation de cointé-gration suivant le critère d'Akaike (AIC). En effet, les statistiques calculées de la trace et la valeur propre maximale (valant respectivement 22,40277 et 15,70241) sont inférieures aux valeurs critiques (seuil de 5%), (valant respectivement 29,68 et 20,97) pour le rang de cointégration égale à 1, ce qui traduit l'existence d'un vecteur unique cointégrant. Ainsi, nous pouvons estimer un modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM).

NB : Cette spécification sera justifiée si la force de rappel dans l'output de l'estimation du VECM est significativement négative.

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Tableau 4.5: Test de cointégration de Johansen

Hypothesized

 

Trace

5 Percent

1 Percent

N0 of CE(s)

Eigenvalue

Statistic

Critical Value

Critical Value

None**

0.744553

60.61548

47.21

54.46

At most 1

0429248

22.40277

29.68

35.65

Atmost 2

0.201687

6.700380

15.41

20.04

Atmost 3

0.013946

0.383226

3.76

6.65

Hypothesized

 

Max-Eigen

5 Percent

1 Percent

N0 of CE(s)

Eigenvalue

Statistic

Critical Value

Critical Value

None**

0.744553

38.21271

27.07

32.24

Atmost 1

0.429248

15.70241

20.97

25.52

Amost 2

0.201687

6.307134

14.07

1883

Atmost 3

0.013048

0.303226

3.78

6.65

Source : calculs de l'auteur sur eviews

4.3.4 Test post-estimation et interprétation des résultats du modèle

4.3.4.1 Test post-estimation : validation du modèle

· Position des racines du polynôme caractéristique du VECM sur le disque unité

Après estimation, le graphique (4.3) donne la position sur le disque unité des racines du polynôme caractéristique du modèle VECM. Celles-ci étant toutes à l'intérieur du disque unité, nous déduisons que le modèle est stable, et en vertu du théorème de représentation de Wold, il peut être mis sous la forme vectorielle moyenne mobile infinie, laquelle permet justement la dérivation des statistiques pour l'analyse des réponses impulsionnelles et de la décomposition des variances totales des erreurs de prévisions.

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Graphique 4.3: Position des racines du polynôme caractéristique du VECM sur le disque unité

Source : calculs de l'auteur sur eviews

· Test de normalité des résidus du modèle estimé

Afin de voir si les résidus du modèle estimé sont gaussiens, le test de Jarque-Bera a été appliqué sur ces derniers. Le résultat de ce test révèle (confère Tableau 4.6) que les résidus du modèle suivent une loi normale (p-value > 5%).

Tableau 4.6: Test de normalité des résidus

Component

Jarque- Bera

df

Prob

1

12.90767

2

0.2151

2

7.200757

2

0.5486

3

5.804589

2

0.2460

4

5.240313

2

0.4727

Joint

31.15333

8

0.3946

 

Source : calculs de l'auteur sur eviews

· Test d'autocorrélation des résidus

Pour cette étape, le test d'autocorrélation LM est appliqué dans le but de tester le caractère de non-autocorrélation des résisus du modèle estimé. L'hypothèse nulle de ce test stipule qu'il y a absence d'autocorrélation contre l'hypothèse alternative

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de présence d'autocorrélation.

Les résultats de ce test renseignés dans le tableau 4.7 indiquent une absence d'auto-corrélation, puisque la probabilité associée est supérieure au niveau du risque retenu (5%)..

Tableau 4.7: Test de non-autocorrélation des résidus

Lags

LM-Stat

Prob

1

13.16077

0.6610

2

12.59417

0.7022

3

15.93977

0.4572

4

10.92592

0.8140

5

11.54005

0.7750

6

20.81474

0.1857

7

20.54399

0.1967

8

20.51527

0.8022

9

11.11635

0.8022

10

16.82818

0.3970

 

Source : calculs de l'auteur sur eviews

· Test d'hétéroscédasticité des résidus

L'hypothèse d'homoscédasticité impose que la variance du terme d'erreur soit constante pour chaque observation. L'hétéroscédasticité qualifie les données qui n'ont pas une variance constante. Les résultats 4.8 de ce test sont consignés dans le tableau 4.8.

Tableau 4.8: Test d'hétéroscédasticité des résidus

Chi-sq

Df

Prob

171.5441

180

0.8346

 

Source : calculs de l'auteur sur eviews

Le test indique que la probabilité associée à la statistique de test (0,8346) est supérieure à 0,05. L'hypothèse d'homoscédasticité es résidus est donc vérifiée au seil de 5% et on peut donc conclure que les résidus du modèle estimé sont bruit blanc. Les résultats des tests précédents sur l'analyse des résidus confirment la validation du modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM).

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4.3.4.2 Présentation et interprétation des résultats du VECM

Tableau 4.9: Relation de long terme et force de rappel

CointegratingEq

CointEq1

BC(-1)

1.00000

logPIB

-7.055195(1.03799)[-7.56773]

SGB(-1)

-0.727039(0.16384)[-3.96257]

FBCF(-1)

2.786387(0.33420)

C

117.5166

Error Correction

D(BC)

CointEq1

-0.127608(0.06005)[-2.12497]

 

Source : calculs de l'auteur sur eviews

La force de rappel du moèle estimé vaut À = -0,127 et la statistique de student T associée est telle que T |=2,12 > 1,96 (quantile d'ordre 1 - á/2 de la loi normale centrée réduite, avec á = 5%). Cela atteste de l'adéquation du vecteur à correction d'erreur. Ainsi, si à une période donnée, la relation d'équilibre de long terme entre les deux soldes est perturbée, il y'a un mécanisme correctif qui induit le retour à cet équilibre à la période suivante.

Il ressort de l'estimation du VECM (Annexe C) que l'accroissement du déficit budgétaire n'a pas d'effet significatif à court terme sur le solde du compte courant (les coefficients dans la dynamique de court terme sont non significatifs au seuil de 5%). Á cet égard, l'hypothèse keynésienne d'un lien positif entre le solde budgétaire et le solde du compte courant est invalidée à court terme dans l'économie camerounaise.

Au total, les résultats suggèrent qu'à court terme, on ne peut établir de lien significatif de cause à effet entre entre le solde budgétaire global et le solde du compte courant au Cameroun. Cela implique qu'à court terme, l'hypothèse keynésienne des déficits jumeaux est rejetée au profit de celle qui évoque l'absence de lien entre les deux soldes.

Quant aux coefficients de long terme, ceux-ci sont tous significatifs et la dynamique de long terme est représentée par l'équation (4.1).

BCt = + 17.75186 + 0,727039SBGt +7,855195lobPIBt + 2,786387FBCF t_1 (4.1)

La dynamique de long terme traduite par l'équation (4.1) précédente permet d'observer que le signe du coefficient associé à la variable SBG est positif (+0,7270039), c'est à

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Fage 59

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dire qu'il y'a une relation positive entre les deux variables d'intérêt (BC et SBG). Ce résultat amène à la conclusion selon laquelle l'hypothèse des déficits jumeaux est confirmée à long terme pour le cas du Cameroun. Autrement dit, la hausse du déficit budgétaire s'accompagne par celle du déficit de la balance courante, et inversement. Ce résultat est similaire à celui des travaux de Kwame(2013) dont les résultats valident l'hypothèse keynésienne des déficits jumeaux au Ghana.

En outre, la dynamique de long terme traduite par l'équation (4.1) indique que le signe de la constante est positif (+17,75186) : nous pouvons l'interpréter comme le facteur qui englobe l'épargne domestique. 3

En se basant toujours sur l'équation (4.1) les constatats suivants sont faits sur la réponse à long terme de la balance courante aux changements de la balance budgétaire. Ainsi, si le rapport déficit budgétaire sur le FIB augmente de 1%, le rapport du déficit de la balance courante sur le FIB augmentera de 0,72% à long terme (l'hypothèse H1 de départ est ainsi confirmée car l'on assistera à une augmentation mois proportionnelle du déficit courant consécutive à celle du déficit budgétaire).

Le coefficient associé à la variable SBG de l'équilibre de long terme traduite par l'équation (4.1) étant significatif, positif et inférieur à 1 (il vaut 0,7270) pourrait traduire le fait qu'un accroissement du déficit budgétaire est partiellement couvert par une baisse des importations ainsi que par un accroissement de la production des biens et des services domestiques.

Il faut également souligner que le modèle estimé indique une relation positive et significative entre la balance courante et les investissements d'une part, et le produit intérieur brut d'autre part. Cette relation positive entre le solde du compte courant et les investissements publics permet d'en déduire qu'un accroissement de l'investissement public améliore à long terme le solde de la balance commerciale (Hypothèse H2 partiellement confirmée).

Au total, on peut dire qu'à long terme, il y'a un lien positif unidirectionnel allant du déficit budgétaire à celui de la balance des transactions courantes. Ce résultat est conforme à la vision keynésienne de l'hypothèse des déficits jumeaux. En effet une augmentation du déficit budgétaire conduit à une augmentation de la demande intérieure ou absorption. L'accroissement de la demande intérieure induit la hausse des importations et partant la détérioration du compte courant. Toutefois, étant donné que l'économie camerounaise est

3. Rappelons que la balance courante est définie par : BC = (Sp - Ip) + (T-G); donc BC = (Sp - Ip) + BB, où Sp = l'épargne privée, Ip = les investissements privés, T les impôts , G = les dépenses publiques, BB= la balance budgétaire.

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exportatrice de produits de base, c'est probablement le canal de la demande qui lie les deux déficits dans ce pays.

4.3.4.3 Résultat du test de causalité de Granger

L'hypothèse nulle selon laquelle le solde budgétaire ne domine pas le solde du compte courant est rejetée (confère les résultats du test de causalité de Granger dans l'Annexe D). En fait, la p-value = 0,0404 <0,05). Selon Granger, le solde budgétaire influence le solde du compte courant jusqu'à atteindre un niveau de signification de 5%. Cependant, il est à noter que la causalité inverse est statistiquement rejetée.

Cette constatation est similaire à celle de Diarra (2015) concernant les cas du Sénégal et du Togo.

Ce résultat semble contraire à la vision néoricardienne du déficit budgétaire qui stipule que les changements dans les dépenses publiques et/ou dans les recettes publiques n'ont pas d'effets réels sur le compte courant. Cela implique que les efforts d'assainissement des finances publiques enregistrés dans le cadre de la convergence multilatérale des pays de la zone CEMAC et dans le cadre du programme économique et financier conclu avec le FMI en 2017 auront un impact significatif sur les déficits courants structurels qu'enregistre le Cameroun.

Outre le lien de causalité unidirectionnel allant de SBG vers BC, le test met également en é vidence une causalité bidirectionnelle de FBCF vers logPIB, une causalité unidirectionnelle allant de BC vers FBCF selon la schématisation suivante :

Source : auteur sur eviews

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4.3.4.4 Analyse des chocs

L'une des principales application du modèle VECM est d'analyser les effets d'une variable sur les autres grâce à la simulation des chocs aléatoires sur les valeurs présentes et passées des variables du modèle. Cela consiste à étudier la réaction du modèle au choc d'innovation (analyse des réponses impulsionnelles) et la contribution des chocs à la variance des erreurs de prévision (décomposition de la variance des erreurs).

4.3.4.5 Fonctions de réponses impulsionnelles

Pour l'application d'un modèle VECM, il est nécessaire d'analyser les fonctions de réponses impulsionnelles. Celles-ci résument l'information concernant l'évolution d'une variable suite à une impulsion, un choc sur une autre variable à la la date t=0, toutes choses égales par ailleurs.

Un choc sur le solde budgétaire est sans effet sur le compte courant durant la première année. En effet, si l'État décide de creuser brusquement son déficit budgétaire à une année donnée dans le but de relever la balance courante, le solde du compte courant de la même année n'est pas significativement affecté, mais une telle politique portera ses fruits à partir de la deuxième année. Cette amelioration va se poursuivre légèrement et progressivement durant les cinq années consécutives à l'année du choc. Après la cinquième année, ces effets commencent à s'atenuer de sorte qu'au bout de dix ans, ceux-ci deviennent nuls.

Graphique 4.4: Réponses impulsionnelles des variables

Source : calculs de l'auteur sur Eviews

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4.3.4.6 Décomposition de la variance de l'erreur de prévision sur BC

La décomposition de la variance de l'erreur de prévision a pour objectif de calculer pour chacune des innovations (ou chocs), sa contribution à la variance de l'erreur de prévision sur la variable endogène. L'interprétation des résultats est importante, elle est donnée comme suit :

Les résultats sur la décomposition de la variance de l'erreur de prévision sur le compte courant, (Graphique 4.5) permet de constater que les sources de variation du solde du compte courant proviennent uniquement de ses valeurs passées au cours de la première année de telle sorte que, si l'on voudrait modifier la structure de ce solde à court terme, les décisions doivent être prises en tenant beaucoup plus compte des valeurs passées de ce solde plutôt que les autres variaables économiques. Ainsi, les politiques visant à réduire les importations et accroître les exportations seront préférables à court terme devant celles qui ont tendance à accroître les dépenses publiques. Ce résultat rejoint celui obtenu plus haut sur les effets négligeables à court terme des autres variables sur ce solde.

Á partir de la deuxième année, les sources de variations de la balance courante proviennent à 90% de ses valeurs passées et de 10% du passé des autres variables, soit 8% du passé du solde budgétaire, preuve que les effets de long terme du solde budgétaire sur celui du compte courant commencent à se ressentir. En effet, les politiques budgétaires émises à une année donnée affecteront significativement le solde du compte courant qu'aucours de l'année suivante. Ces effets vont très vite augmenter de sorte qu'au bout de cinq ans, les variations du compte courant sont expliquées à auteur de 25% par le solde budgétaire. En d'autres termes, les politiques budgétaires visant à ameliorer le solde du compte courant doivent être au plus de moyen terme (moins de cinq ans). Au delà de la 5ième année, les effets de ces politiques recommencent à s'atténuer pour atteindre 6,8% à la fin de la 10ième année.

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Graphique 4.5

Source : calculs de l'auteur sur Eviews

Conclusion

Parvenu au terme du présent chapitre qui était consacré à l'analyse économétrique de l'hypothèse des déficits jumeaux au Cameroun, il ressort que les variations sur le solde budgétaire global sont sans effet, à court terme, sur la balance des transactions courantes au Cameroun. Á long terme, le solde budgétaire a un effet significatif sur le solde du compte compte courant de sorte qu'une augmentation du solde budgétaire de 1% induit une augmentation du solde du compte courant de 0,72%. L'étude met en évidence une causalité unidirectionnelle partant du solde budgétaire vers le solde courant; une causalité unidirectionnelle du solde du compte courant vers l'investissement public et une causalité bidirectionnelle entre l'investissement public et le PIB.

64

65

Limites et recommandations

Limites

Nous n'avons pas la prétention à travers cette recherche d'avoir présenté des résultats sans faille et exhaustifs sur tous les éléments pouvant permettre de bien appréhender le phénomène des déficits jumeaux au Cameroun. Aussi tout au long de ce travail, nous avons rencontré divers obstacles qui sont identifiés dans cette partie :

· L'indisponibilité de longues séries de données nous a poussées à jumeler des séries de données provenant de diverses sources (MINFI, INS, BEAC, rapports) dans le but d'avoir des série tenant au moins sur 30 ans. Cette provenance à différentes sources pouvant mettre en jeu la fiabilité des données pourrait à cet effet introduire un biais dans les analyses.

· La non utilisation des données de panel. En effet, on a pu constater que les études qui captaient des effets de court terme du phénomène des déficits jumeaux étaient celles qui utilisaient les techniques économétriques des données de panel.

Recommandations

Recommandation à l'endroit des futurs chercheurs

Aux futurs chercheurs qui tenteront d'analyser l'hypothèse des déficits jumeaux au Cameroun, nous leur recommandons de recourir aux techniques d'économétrie en données de panel. Ils pourraient par exemple faire un panel sur les pays de la CEMAC, de la CEEAC, ou même de l'Afrique toute entière.

Recommandation à l'endroit du politique

Au politique, nous recommandons de consacrer plus les efforts dans la luttes contre le déficit budgétaire plutôt que dans celui de compte courant, car la présente étude montre qu'en réduisant le premier, le second se réduit systématiquement.

Conclusion générale

En somme, l'objectif du présent travail était la vérification de l'hypothèse des déficits jumeaux pour le cas du Cameroun. Pour répondre à la problématique posée qui consistait à rechercher la nature du lien et le sens de causalité entre le déficit budgétaire et le déficit du compte des transactions courantes du Cameroun, nous nous sommes fixés quatre objectifs spécifiques à savoir : (i) identifier les facteurs susceptibles d'expliquer la coexistence du double déficit budgétaire et courant au Cameroun; (ii) Déterminer l'effet d'un choc du déficit budgétaire sur la balance courante au Cameroun; (iii) tester le sens de causalité entre les déficits budgétaire et courant et dégager la nature du lien entre les deux soldes; (iv) déduire (dans le cas de la confirmation de l'hypothèse des déficits jumeaux) les effets de ceux-ci sur l'économie camerounaise. Pour atteindre ces objectifs, nous nous sommes fixés deux hypothèses tirées des résultats empiriques de deux auteurs. Il s'agit ici de l'étude de Mahamadou DIARRA (2015) qui a testé l'hypothèse des déficits jumeaux dans les pays de l'UEMOA et la thèse de doctorat de Véronica Sulikova (2015) qui étudie la dynamique des déficits jumeaux dans le contexte des déséquilibres macroéconomiques dans trois pays baltes. Il ressort donc du présent travail ce qui suit :

- la première hypothèse libellée : une augmentation du solde budgétaire global induit celle du solde du compte courant au Cameroun, mais dans une proportion moindre a été confirmée;

- de même, la seconde hypothèse libellée : un accroissement des dépenses d'investissement public améliore le solde du compte courant tout en détériorant celui du compte de l'État a également été confirmée.

Pour ce qui est de l'atteinte des quatre objectifs spécifiques fixés, il ressort que ceux-ci ont été atteints. En effet :

1° le présent travail, se servant des outils du modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM) met en évidence une relation entre le solde du compte courant, le solde budgétaire, la formation brute de capital fixe du secteur public ainsi que la croissance économique; la relation obtenue expliquant à 81% la variabilité du solde du compte courant;

2° l'analyse des chocs a permis de voir qu'à court terme, la variabilité du solde budgétaire

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global est sans effet sur la balance courante. Ces effets commencent à se faire ressentir à partir de la deuxième période où la variabilité de la balance courante est expliquée à hauteur de 8% par la variabilité du solde budgétaire. Ces effets vont progresser jusqu'à atteindre 25% à la fin de la cinquième période, et à partir de la sixième période, ces effets se dissipent de telle sorte qu'à la fin de la dixième période, ils ne représentent plus que 6%;

3o le troisième objectif visant à tester la causalité entre les deux soldes a été atteint.

En effet, les résultats obtenus mettent en évidence un lien causal unidirectionnel allant du solde budgétaire vers celui du compte courant;

4o quant aux quatrième objectif, celui-ci a été atteint. Le présent travail a montré qu'à court terme, le solde budgétaire global n'a pas d'effets sur celui du compte courant. Á long terme, ces effets sont tels qu'une augmentation du déficit budgétaire de 1% entraîne l'augmentation du solde des transactions courantes de 0,72%. Aussi, en présence des déficits jumeaux, l'accroissement du solde budgétaire est partiellement couvert par l'accroisse-ment des importations des biens et des services.

En définitive, sur la période 1989-2018, l'économie camerounaise vérifie l'hypothèse keynésienne des déficits jumeaux mettant en évidence un lien positif entre le solde budgétaire et celui du compte courant. Ce résultat permet de conclure que les efforts d'assainissement des finances publiques enregistrés dans le cadre de la convergence multilatérale des pays de la zone CEMAC et dans le cadre du programme économique et financier conclu avec le FMI en 2017 vont contribuer de manière significative à l'amélioration du solde du compte courant au Cameroun.

67

Bibliographie

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page xii

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[.] Vamvoukas.G, 1999 : «Phénomène des déficits jumeaux: Cas de la Grèce»

ANNEXE A

Tests de stationnarité

A.1 Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF)

A.1.1 Stationnarité à niveau

A.1.1.1 Balance commerciale

A.1.1.2 Formation brute de capital fixe

xiii

A.1.1.3 logarithme népérien du PIB

A.1.1.4 Solde budgétaire global

page xiv

A.1.2 Stationnarité en différence première A.1.2.1 Balance commerciale

A.1.2.2 Formation brute de capital fixe

page xv

A.1.2.3 Logarithme népérien du PIB

page xvi

A.1.2.4 Solde budgétaire global

A.2 Test d'Andrew et Zivot (AZ) : stationnarité à niveau

A.2.0.1 Balance commerciale

page xvii

A.2.0.2 Solde budgétaire global

page xviii

xix

ANNEXE B

Test cointégration de Johansen

xx

ANNEXE C

Estimation du modèle

xxi

ANNEXE D

Test de causalité de Granger

ANNEXE E

Encadré sur les critères de convergence en zone

CEMAC

Anciens critères de 1994 2002

-le taux de couverture extérieure de la monnaie supérieur ou égal à 20%.

-Le solde budgétaire primaire positif ou nul.

-La non accumulation des arriérés intérieurs et extérieurs.

-Une croissance de la masse salariale de la fonction publique inférieure ou égale à celle des recettes publiaues.

Anciens critères de 2002 en 2017

-Un solde bulgétaire de base (hors dons) rapporté au PIB nominal positif ou nul.

-Un taux d'inflation annuel moyen inférieur ou égal à 3%.

-La non accumulation d'arriérés intérieurs et extérieurs sur la gestion de la période courante.

Nouveaux critères depuis 2017

L'ancien critère relatif au solde budgétaire présentait d'importantes faiblesses, tant sur le plan de la conception que de la mise en oeuvre. Pour pallier ces faiblesses, les autorités ont adopté un nouveau critère de solde budgétaire, qui présente de grands avantages de conception. Ce critère, qui est entré en vigueur avec le budget 2017, fixe un plancher de -1,5 comme le solde budgétaire global moins : 20 recettes pétrolières et leur moyenne par rapport au PIB des trois années précédentes.

xxii

xxiii

Table des matières

Dédicace i

Liste des figures vi

Résumé ix

Abstract x

Introduction générale 1

I Cadre conceptuel, cadre théorique et empirique 6

1 Cadre Conceptuel de l'étude 7

1.1 Définition des concepts 8

1.1.1 Compte de l'État : déficit budgétaire, excédent budgétaire 8

1.1.1.1 Les recettes de l'État 8

1.1.1.2 Les dons 8

1.1.1.3 Les dépenses des l'État 8

1.1.1.4 Les prêts moins les recouvrements 9

1.1.1.5 Le déficit ou l'excédent 9

1.1.2 Compte courant : déficit courant, excédent courant 9

1.1.2.1 Équilibre comptable en économie fermée 10

1.1.2.2 Équilibre comptable en économie ouverte 10

1.1.2.3 Flux internationaux de capitaux et la balance commerciale 11

1.1.2.4 Le produit intérieur brut (PIB) 12

1.1.2.5 Balance courante et identité comptable 13

1.1.3 Déficits jumeaux 14

1.2 Cadre analytique des déficits jumeaux: approche par les comptes nationaux 14

page xxiv

2

Fondements théoriques, mise en évidence des travaux empiriques et

 
 

choix méthodologique

17

 

2.1 Cadre théorique et empirique

18

 

2.1.1

Cadre théorique

18

 
 

2.1.1.1 Théorie behavioriste et approche keynésienne

18

 
 

2.1.1.2 Vision néoclassique et hypothèse d'équivalence ricardienne

19

 

2.1.2

Cadre empirique

20

 

2.2 Choix méthodologique

23

 

2.2.1

Recensement de quelques études selon la méthodologie utilisée

23

 

2.2.2

Généralités sur le modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM) . . .

25

 
 

2.2.2.1 Le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF)

25

 
 

2.2.2.2 Le test d'Andrew et Zivot (AZ)

25

 
 

2.2.2.3 Test de cointégration de Johansen

26

 

2.2.3

Présentation du modèle vectoriel à correction d'erreurs

27

 
 

2.2.3.1 Spécificaion du MCE et son estimation : cas bivarié . . . .

27

 
 

2.2.3.2 Spécification du MCE et de son estimation : cas multivarié

29

 

2.2.4

Test de causalité au sens de Granger

30

II

Analyse du lien empirique entre le déficit budgétaire et le déficit courant 34

3 Aperçu global d'un point de vue descriptif du phénomène des déficits

jumeaux 35

3.1 Examen des indicateurs économiques 36

3.1.1 Dynamique des recettes publiques au Cameroun 36

3.1.2 Évolution, composition et efficacité des dépenses publiques 37

3.1.3 Exécution du budget 38

3.1.4 Dynamique du solde budgétaire global 39

3.1.5 Principales mesures d'optimisation des dépenses publiques 40

page xxv

3.1.6 Situation des exportations, des importations et de la Politique com-

merciale au Cameroun 42

3.1.6.1 Évolution (% du PIB) de la balance commerciale et poli-

tique commerciale 42

3.1.6.2 Situation des exportations et des importations 44

3.2 Principales mesures régissant le commerce au Cameroun 46

3.2.1 Mesures agissant sur les importations 46

3.2.2 Mesures agissant sur les exportations au Cameroun 47

3.2.3 Mesures sur la production et le commerce du Cameroun 47

4 Analyse du lien économétrique entre le solde budgétaire global et le

solde du compte courant 49

4.1 Présentation des données et des variables retenues 50

4.2 Caractéristiques descriptives des séries et représentation graphique des va-

riables 51

4.2.1 Évolution graphique des variables et nuages de points 52

4.3 Résultats empiriques 53

4.3.1 Stationnarité des séries 53

4.3.2 Détermination du nombre optimal de retards 54

4.3.3 Test de cointégration de Johansen 54

4.3.4 Test post-estimation et interprétation des résultats du modèle 55

4.3.4.1 Test post-estimation : validation du modèle 55

4.3.4.2 Présentation et interprétation des résultats du VECM . 58

4.3.4.3 Résultat du test de causalité de Granger 60

4.3.4.4 Analyse des chocs 61

4.3.4.5 Fonctions de réponses impulsionnelles 61

4.3.4.6 Décomposition de la variance de l'erreur de prévision sur

BC 62

page xxvi

Limites et recommandations 64

Conclusion générale 65

Bibliographie 67

A Tests de stationnarité xiii

A.1 Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) xiii

A.1.1 Stationnarité à niveau xiii

A.1.1.1 Balance commerciale xiii

A.1.1.2 Formation brute de capital fixe xiii

A.1.1.3 logarithme népérien du PIB xiv

A.1.1.4 Solde budgétaire global xiv

A.1.2 Stationnarité en différence première xv

A.1.2.1 Balance commerciale xv

A.1.2.2 Formation brute de capital fixe xv

A.1.2.3 Logarithme népérien du PIB xvi

A.1.2.4 Solde budgétaire global xvii

A.2 Test d'Andrew et Zivot (AZ) : stationnarité à niveau xvii

A.2.0.1 Balance commerciale xvii

A.2.0.2 Solde budgétaire global xviii

B Test cointégration de Johansen xix

C Estimation du modèle xx

D Test de causalité de Granger xxi

E Encadré sur les critères de convergence en zone CEMAC xxii






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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry