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Le face à  face dans totalité et infini d'Emmanuel Levinas: Essai de lecture du rapport entre le retraitant et Dieu dans les Exercices spirituels de saint Ignace

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par Jean-Luc Malango Kitungano
Faculté de philosophie saint Pierre Canisius - baccalauréat philosophie programme spécial 1 2006
  

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FACULTÉ DE PHILOSOPHIE

SAINT PIERRE CANISIUS

KIMWENZA

Séminaire II : Totalité et Infini d'Emmanuel Levinas

Le face-à-face dans Totalité et Infini d'Emmanuel Levinas:

essai de lecture du rapport entre le retraitant et Dieu dans les Exercices Spirituels de saint Ignace.

Directeur: Etudiant :

P. Edoth MUKASA, sj Jean-Luc MALANGO KITUNGANO sj

Année académique : 2004-2005

INTRODUCTION

La pensée de Levinas1(*) peut être interprétée selon deux directions : le penseur de la philosophie ou le penseur du judaïsme. Mais les deux directions sont interdépendantes. L'approche de l'éthique du visage dans la perspective de Totalité et Infini2(*) semble se poursuivre dans De Dieu qui vient à l'idée3(*) comme pensée sur Dieu.

Comme pensée philosophique, Totalité et Infini nous présente le sujet voué à autrui dont le visage lui fait face dans une relation asymétrique. Autrui n'apparaît pas en lui-même, mais il prend sens précisément par son visage qui intime un ordre au Même: "Tu ne tueras pas". Totalité et Infini met en question l'ontologie et toute la pensée philosophique contemporaine qui en découle. La notion de l'autre, en effet, est saisie dans l'ontologie comme obstacle à la liberté ou à l'intelligibilité ou encore à la perfection. Il faut penser l'autre comme extériorité; l'éthique qui tient compte de la primauté de l'autre est - par conséquent - science première.

De Dieu qui vient à l'idée est une recherche sur la possibilité d'entendre le mot Dieu, le Dieu de la Bible, comme un mot qui a un sens indépendamment du problème de son existence ou de sa non-existence. Le discours philosophique doit pouvoir embrasser Dieu - dont parle la Bible - si toutefois ce Dieu a un sens. Le Dieu de la Bible signifie de façon invraisemblable4(*) dans l'altérité, voilà une pensée du judaïsme qui se déploie dans De Dieu qui vient à l'idée de manière philosophique.

Les Exercices Spirituels nous servent ici de prétexte, mieux, de terrain concret pour analyser le face-à-face entre l'homme et Dieu. La question de l'existence ou de la non-existence de Dieu ne se pose pas dans les Exercices Spirituels de saint Ignace. Une certitude habite les Exercices Spirituels de saint Ignace, une certitude que rejoint Levinas : Il n'y a pas d'expérience de Dieu sans communication intersubjective qui ouvre sur l'infini. Dans les Exercices Spirituels de saint Ignace, comme dans l'éthique du visage de Levinas, l'homme ne contemple pas un Dieu désincarné, mais plutôt l'homme dans l'histoire concrète. S'il y a un rapprochement possible entre Totalité et infini et les Exercices spirituels de saint Ignace en ce qui concerne le face-à-face, il y a lieu, cependant, de souligner aussi leurs divergences, dont celle, majeure, portant sur l'homme Jésus. Jésus est dans le christianisme homme et fils de Dieu5(*).

Dans le présent travail, nous allons, dans un premier temps, analyser le face-à-face entre le Même et Autrui, en deux chapitres, à partir de la lecture de Totalité et Infini comme ouvrage principal et De Dieu qui vient à l'idée comme ouvrage complémentaire. Nous ferons, dans un second moment, au chapitre trois, un essai de rapprochement entre la conception levinassienne du face-à-face et celle qui articule le rapport entre le retraitant et Dieu dans les Exercices Spirituels de saint Ignace.

* 1 Né le 12 janvier 1906 à Kovno (Lituanie), décédé à Paris le 25 décembre 1995. Entre ces deux dates, une vie consacrée à l'enseignement et à la réflexion, dont il a lui-même situé les étapes signifiantes : dès six ans, la Bible hébraïque, c'est-à-dire lue en hébreu, les grands auteurs russes, Pouchkine, Lermontov, Tolstoï, Dostoïevski, qu'il aimera citer par coeur jusqu'à ses dernières années, et la révolution russe de 1917 vécue à Kharkov.

Levinas arrive en France en 1923 pour y faire ses études de philosophie à Strasbourg auprès de Charles Blondel, Maurice Halbwachs, Pradines, Carteron, puis Guéroult ; il rencontre Maurice Blanchot. Il passe l'année universitaire 1928-1929 à Fribourg-en-Brisgau où il suit l'enseignement de Husserl et de Heidegger. Retour à Strasbourg où il soutient sa thèse de doctorat du 3e cycle sur Théorie de l'intuition dans la phénoménologie de Husserl. Naturalisé Français en 1930, mobilisé en 1939, il passera toute la guerre en Allemagne, dans un camp de prisonniers de guerre français. Alors que sa femme et sa fille sont accueillies et protégées par les soeurs de Saint-Vincent-de-Paul d'Orléans, la quasi-totalité de sa famille, restée en Lituanie, est massacrée par les nazis. Directeur de l'Ecole normale israélite orientale à Auteuil, formant des maîtres pour les écoles de l'Alliance israélite universelle du Bassin méditerranéen, il étudie l'exégèse et le Talmud avec un maître prestigieux, M. Chouchani. Après la soutenance de sa thèse de doctorat ès-Lettres en 1961, il est nommé professeur à l'Université de Poitiers, puis à Nanterre en 1967 et à la Sorbonne en 1973 jusqu'en 1976. Il enseignera encore pendant plus de vingt ans la pensée juive à l'Université de Fribourg. Il est fait docteur honoris causa des Universités de Leyde, Loyola à Chicago, Louvain, Fribourg et Bar-Ilan en Israël.

* 2 Emmanuel Levinas, Totalité et Infini, essai sur l'extériorité, La Haye/ Boston/Londres, Martinus Nijhoff publishers, 1980, 298 p. Dans la suite du travail, nous abrégerons le titre par T.I.

* 3 Emmanuel Levinas, De Dieu qui vient à l'idée, Paris, Librairie philosophique J.Vrin, 1982, 270 p. Dans la suite du travail, nous abrégerons le titre par DQVI.

* 4 DQVI., Ibidem. pp. 94-95

* 5 L'ordre éthique, pour Levinas, n'est pas une modalité de la transcendance, mais l'accession même à la transcendance. Le mal ne saurait être effacé par un rite. Il y a ici une critique implicite du christianisme, du moins dans certains de ses aspects. La responsabilité personnelle de l'homme à l'égard de l'homme est telle que Dieu ne peut l'annuler ni l'assumer à sa place. Divergence majeure car dans les Exercices Spirituels de saint Ignace l'homme est mis en demeure de se laisser conduire par la grâce, en même temps qu'il offre par sa disponibilité les conditions favorables à l'accueil de Jésus contemplé dans son cheminement humain à travers sa naissance, sa passion, sa mort, sa résurrection et qui est capable de pardonner. Pour Levinas, la faute commise à l'égard de Dieu relève du pardon divin; la faute qui offense l'homme ne relève pas de Dieu. Ainsi se révèle, la valeur et la pleine autonomie de l'offensé humain, comme affirmation radicale de la responsabilité qu'encourt celui qui touche à l'homme. Le mal n'est pas un principe mystique que l'on peut effacer par un rite, il est une offense que l'homme fait à l'homme. Personne, et pas même Dieu, ne peut se substituer à la victime. Le monde où le pardon est tout-puissant devient inhumain.

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