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L'Union européenne et Chypre: autopsie d'un succès inachevé

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par Meriem JAMMALI
Université Paris IV Sorbonne - Master Enjeux, conflits, systèmes internatinaux à l'époque moderne et contemporaine 2006
  

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TROISIEME PARTIE : LA POLITIQUE EUROPENNE VIS-A-VIS DE CHYPRE

Chapitre 1.La Communauté européenne et la crise chypriote

I. Les efforts d'internationalisation de la cause chypriote et la CEE

1. Le Conseil de l'Europe et la question chypriote dans les années 50

L'implication des pays européens dans le dossier chypriote est antérieure à l'invasion turque. Pendant les années 50, Grecs et Chypriotes grecs cherchaient le soutien de la société internationale et de la Communauté européenne afin de chasser les britanniques. Le Conseil de l'Europe130(*) étant appelé, à son tour, à s'occuper de l'affaire de Chypre, il l'a fait principalement par deux de ses organes : l'Assemblée consultative avec sa commission des Affaires générales et la Commission des droits de l'homme avec sa sous commission. Ces organes ont deux approches différentes. L'une constitue un corps politique et le débat ne peut pas refléter le caractère légitime de la cause chypriote. Le deuxième est à vocation judiciaire et n'ayant que quelques prérogatives telle que le règlement à l'amiable.

En effet, la question chypriote se présente pour la première fois devant l'Assemblée consultative de l'Europe le 26 mai 1954. Elle se discute dans le cadre de la politique générale du conseil de l'Europe et sur la politique européenne commune à adopter lors des futures conférences Est-Ouest131(*). La thèse hellénique (pour un retrait des britanniques) est défendue par L. Makas, G. Kassimatis qui ont exprimé la nécessité d'une solution rapide de la question de Chypre avec l'aide du Conseil de l'Europe. Parallèlement, les Turcs maintiennent la thèse que l'affaire de Chypre ne devait pas être discutée devant l'assemblée consultative pour ne pas risquer la séparation au lieu de trouver une solution. Malgré le bon déroulement des rencontres, les discussions étaient sans issue car les Britanniques n'avaient pas l'intention de se désister de leurs droits de souveraineté sur l'île en menaçant la Grèce (en cas d'internationalisation du problème) de faire revenir la Turquie sur la scène chypriote. A ce stade, il importe de rappeler ce moment là, la politique générale est de protéger les intérêts des membres de l'Assemblée et de se concentrer sur les questions internes qui étaient à l'origine des différents membres du Conseil132(*). Les sessions ordinaires se sont succédées sans pour autant trouver une solution133(*). Lors de la 8ème session ordinaire de l'Assemblée, le député travailliste britannique avance la thèse de l'impossible cohabitation entre Grecs et Turcs et la nécessité d'expulser les Grecs en Grèce et les remplacer par des Turcs emportés de Turquie. En somme, travaillistes, libéraux et conservateurs se réunissent autour du besoin vital de conserver Chypre, base importante pour le Royaume-Uni.

Le Conseil européen parvient lors de la 2ème moitié de sa 8ème session (16 au 21 avril 1955) à la conclusion suivante : le différend relatif à l'île constitue un grave danger pour l'unité de ses membres notamment dans la région méditerranéenne. Par conséquent, il invite toutes les parties intéressées à déployer leurs efforts pour se consulter pour parvenir rapidement à une solution. Il se met également à leur disposition pour contribuer à un accord134(*).

Si on analyse pourtant cette décision, on est amené à conclure qu'il ne s'agit pas d'une prise de position sur le fond du litige mais de la simple constatation que le problème existe. Le conseil modère ses propos sans apporter une position ferme en vue de trouver une solution. Cette prise de position peut s'expliquer par deux faits majeurs. D'abord, pendant et après la deuxième Guerre mondiale, l'Europe saignait trop pour s'intéresser ou mener une politique active sur la naissance d'un nouveau phénomène135(*). Submergée par ses conflits locaux et régionaux, l'Europe était incapable de s'impliquer d'avantage à l'extérieur. En effet, des luttes prêtes à naître dans la décolonisation, de plus le changement des forces dû aux luttes socio-économiques des peuples, ensuite, les pays européens, également puissances coloniales ne pouvaient que fermer les yeux et soutenir la politique britannique. Les années 60 ont marqué la montée en puissance de la Chine. Le Maghreb qui, était sous tutelle française vivait en pleine effervescence politique et sociale136(*). Le communisme gagne de plus en plus de terrain. Malgré la renaissance de l'économie européenne sous les auspices des Etats-Unis, les pays européens souffraient de la Guerre froide, cause directe de la faiblesse chronique de l'Europe. Incapable de se défendre, elle compte sur le soutien américain et se laisse manipuler par ce dernier137(*). Dans ce contexte, les Européens essayaient de trouver une issue pour sortir de cette impasse. D'ailleurs, les Américains ont forcé l'Angleterre à trouver une solution au problème chypriote et lui accorder son indépendance en 1960.

* 130 Le Conseil de l'Europe voit le jour le 5 mai 1949 à Londres avec la signature d'un accord entre les cinq pays membre (La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Luxembourg et les Pays-Bas) du pacte de Bruxelles signé le 4 mars 1947auxquels se sont joints le Danemark, l'Irlande, l'Italie, la Norvège et la Suède.

* 131 Conseil de l'Europe, Assemblée consultative, compte rendu de la sixième session ordinaire, 26 mai 1954.

* 132LARAT (F), loc .cit., p. 28.

* 133 21 octobre 1955 s'est tenue la 7ème session ordinaire de l'Assemblée consultative. Le 18 avril 1956, après la déportation de Makarios, l'affaire chypriote était à l'ordre du jour de l'Assemblée consultative. Lors de la 8ème session ordinaire du 16 au 21 avril 1956, une séance spéciale est consacrée à Chypre mais dominée par les Britanniques.

* 134 Conseil de l'Europe, Assemblée Consultative, Documents-Tome IV, doc. 577, p.5, Note I.

* 135 KISSINGER (H), loc. cit., p.171.

* 136 D'après LARAT (F), loc. cit., [sic] p. 61-62 : « Avec la décolonisation, l'Europe se recentre sur sa zone géographique d'origine. Nonobstant, le fait qu'à cause de la Guerre froide et de la polarisation du continent, les Etats-Unis et l'URSS sont très présents sur le plan politique, militaire et économique, l'Europe tourne le dos au grand large après plusieurs siècles de domination d'une grande partie du monde. Débarrassés du fardeau des guerres coloniales, les pays membres de la CEE peuvent désormais se concentrer entièrement sur leur propre développement, etc. »,

* 137 ANALIS (D), op. cit., p.11.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand