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L'impact de l'auto emploi sur le chômage et la pauvreté au Cameroun

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par Aloys Mahwa
Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise 2007
  

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II. Les contraintes financières

Les contraintes peuvent aussi être financières. En effet, les conditions des institutions financières ainsi que le montant important du capital minimum pour commencer légalement une activité sont des contraintes fortes. L'effort personnel du créateur lui-même dépend de sa propension à épargner. Or, des études43(*) montrent que le capital économisé par les salaires dépasse rarement quelques dizaines de milliers de francs. Il ressort que les fonds propres apparaissent comme une source de financement largement insuffisante.

Les contraintes financières constituent ainsi un frein à l'entreprenariat. La facilité d'accès au crédit autorise le financement des activités. Si des gens ne choisissent pas d'investir massivement, c'est en partie à cause des conditionnalités des banques qui ne sont pas à leur portée, mais aussi de l'environnement macroéconomique qui entoure les règles de crédit. Dans un environnement essentiellement informel et où la densité des banques est insuffisante, le faible taux de bancarisation constitue aussi un frein à l'accès au crédit sans omettre la culture même du crédit. Dans la CEMAC la relation entre les institutions financières et les PME à besoin de financement révèle une situation paradoxale : d'une part, il existe un secteur privé qui a un besoin de financement pour se développer et d'autre part le taux d'épargne est relativement élevé, ce qui se traduit par un secteur bancaire anormalement surliquide.

Au niveau national, après quinze années de restructuration, le système bancaire et financier est aujourd'hui constitué d'une trentaine de banques et établissements financiers auxquels on peut ajouter près de 900 établissements de micro finance (COBAC, 2003). Il présente plusieurs caractéristiques, dont la plus surprenante est sa surliquidité. En effet, la surliquidité bancaire désigne une situation de déséquilibre profond et permanent entre les ressources et les emplois d'une banque. Plus spécifiquement, elle traduit une situation où la trésorerie bancaire est en permanence largement excédentaire, en raison des facteurs autonomes (conjoncturels) et institutionnels. Cela peut provenir de l'utilisation de l'instrument de la politique monétaire qui impose aux banques commerciales la constitution des réserves obligatoires non rémunérées, ou bien des variations positives des opérations extérieures. Le tableau suivant donne pour cinq pays de la CEMAC le ratio de liquidité qui dispose que les disponibilités des établissements de crédit doivent être au moins égales à leurs exigibilités à moins d'un mois. Ainsi, toute banque dont le ratio de liquidité se situe au-dessus de 100%, peut être considérée comme étant en situation de surliquidité. Il apparaît ainsi que sur la période considérée, à l'exception du Cameroun en 1993 (46,0%) et de la RCA en 2002 (96,45%), tous les pays connaissent une situation de surliquidité.

Tableau n°5 : Ratio de liquidité des banques de la CEMAC en fin 2003 en moyenne par pays (en %)

Pays

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Tchad

 

196,3

221,1

239,8

242,4

303,4

250,4

280,7

280,7

204,8

203,9

Guinée E.

 

249,7

265,6

283,4

229,9

186,1

212,8

143,8

272,9

262,5

284,1

Gabon

117,2

167,7

154,7

200,5

135,9

134,3

135,6

140,5

128,9

133,5

183,1

RCA

175,2

239,9

204,0

207,3

211,0

195,6

175,6

181,1

139,6

96,45

100,9

Camer.

46,0

116,4

110,9

107,9

141,5

122,0

136,7

152,7

178,8

206,2

204,0

Source : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale, 2000. Voir aussi, CEA, Les économies de l'Afrique Centrale 2006, P, 176.

Le paradoxe est que cette surliquidité s'accompagne d'une situation de rationnement du crédit dans le financement des projets notamment en direction des PME. Le rationnement du crédit désignant la situation d'une banque qui refuse de prêter aux conditions de quantité et de taux demandés. Dans la CEMAC, ce phénomène s'est traduit par une tendance régulière à la baisse des crédits bancaires qui sont de 78% du total du bilan de l'ensemble des banques en 1993, à 58,90% en 2003. Alors qu'au cours de la même période, le solde de trésorerie des banques connaissait une forte augmentation passant de -6,18% à 21,83%, et celui des opérations avec la clientèle est lui passé de -8,70% à 22,12%.

Selon le dernier rapport44(*) de la Commission Economique pour l'Afrique, deux justifications fondamentales peuvent être avancées pour expliquer les sources de cette surliquidité. Premièrement, elle serait le résultat du rapatriement des capitaux spéculatifs qui avaient été placés hors de la zone BEAC pour se protéger contre la dévaluation, ainsi que des recettes d'exportation qui n'étaient plus domiciliées dans les banques locales. A titre d'exemple, cette fuite des capitaux avait atteint son sommet au premier semestre de l'année 1993, avec près 270 milliards de francs CFA, soit près de 15% de la masse monétaire totale de la zone. Deuxièmement, elle serait le fait de l'incertitude qui pèse sur l'environnement des affaires, qui n'est pas susceptible de réduire la perte de la banque en cas de défaillance de l'emprunteur. C'est ce qui explique que la plupart des projets ne soient pas éligibles au financement bancaire alors qu'ils présentent un potentiel économique important. Selon les offreurs de crédit, les difficultés de financement du secteur privé sont globalement liées soit au risque de réalisation de l'état défavorable de la nature (choc qui peut perturber le fonctionnement du secteur) ou bien celui du défaut de remboursement de l'emprunteur. Ces deux risques traduisent souvent l'une des formes suivantes (CEA, 2007): l'asymétrie de l'information qui apparaît dans la difficulté de déterminer le risque des projets proposés à partir des données comptables, l'insuffisance de sûretés réelles pour garantir les prêts et réduire la probabilité de défaut de l'emprunteur liée au risque d'aléa moral, des dysfonctionnements des procédures de recouvrement et la faiblesse des fonds propres qui ne sont pas en mesure de participer financièrement même à un faible niveau au financement de leurs propres projets.

* 43 Voir, Pierre Alain YOUMBI, « Le déterminant de l'épargne au Cameroun », Mémoire soutenu à Université de Douala, 2002.

* 44 Commission Economique pour l'Afrique, Bureau Afrique Centrale, Les économies de l'Afrique centrale 2006, Paris, Maisonneuve & Larose, 2006, P.177.

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