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Milieu familial et reussite scolaire

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par Jimmy CALIXTE
Université d'Etat D'Haiti/Faculte des Sciences Humaines - Psychologie 2007
  

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CHAPITRE VI : DISCUSSION DES RÉSULTATS

A la lumière des résultats obtenus sur le terrain au niveau du rapport entre la réussite scolaire et le niveau d'interaction (plus spécifiquement le niveau d'interaction faible et élevé). Nous pouvons avancer que notre proposition de départ a été infirmée. Lorsque nous regardons le rapport entre les deux variables, nous constatons que le niveau d'interaction n'est pas proportionnel à la réussite scolaire des apprenants (des adolescents). Autrement dit, les données retrouvées sur le terrain sont différentes à ce que nous attendions. Nous avons pensé comme Ryan et Adams (1995) que la réussite scolaire des apprenants allait s'améliorer à mesure que nous avançons vers des interactions constructives élevées.

Du point de vue spécifique, les dix (10) cas étudiés nous ont permis de voir que la réussite scolaire ne concorde pas dans tous les cas avec le niveau d'interaction. Nous avons pu voir de façon générale, en dépit du fait que la perception des deux acteurs (parents et adolescents) se concorde, la moyenne générale correspond très rarement aux deux perceptions.

Du point de vue général, la tendance est la même. Au niveau de la population des adolescents qui auto rapportent un niveau d'interaction faible le pourcentage de moyenne générale modérée (75%) est le plus élevé, c'est le même constat au niveau de la population des adolescents qui auto rapportent un niveau d'interaction modéré (61.53%) de même qu'au niveau des interactions élevées (62.50%). Les résultats retrouvés au niveau du rapport entre les interactions élevées et la réussite scolaire présente une réalité similaire. Nous disons similaire, dans la mesure que ces résultats traduisent une réalité contraire à ce que nous attendions. Le taux de moyenne générale faible croît (comme nous l'avons vu tantôt) à mesure que nous avançons vers des interactions élevées ; par contre le taux de moyenne générale élevé décroît à mesure que nous avançons vers des interactions élevées. Le taux de moyenne générale élevée passe de 12.50% au niveau des interactions faibles à 10.25 % au niveau des interactions modérées pour atteindre 6.25 % au niveau des interactions élevées. Selon la réalité retrouvée dans l'enquête, plus les adolescents estiment que leurs parents sont engagés, impliqués dans leur formation moins ils sont performants à l'école.

Au niveau des interactions modérées nous pouvons constater une diminution du taux de réussite moyenne lorsque nous faisons une comparaison avec les autres niveaux d'interaction. En effet, nous voyons que le taux de réussite moyenne passe de 75 % au niveau des interactions faibles à 62.50% au niveau des interactions moyennes pour atteindre un taux de 61.53 % au niveau des interactions élevées. Autrement dit, de façon globale (tous les niveaux d'interaction confondus) nous nous attendions à ce que le pourcentage de réussite moyenne soit le plus élevé au niveau des interactions modérées, de même pour le rapport entre les autres niveaux d'interaction (Faible et élevé) et les autres niveaux de réussite (Faible et élevé). Tel n'a pas été le cas.

Face à cette réalité, la question qui se pose est la suivante : qu'est ce qui pourrait expliquer cette différence entre les résultats retrouvés dans les recherches et les résultats retrouvés sur le terrain ? Qu'est ce qui pourrait expliquer cette non proportionnalité ou cette non concordance entre les niveaux d'interaction et la réussite scolaire des apprenants ? Quels sont les facteurs ou les éléments de contexte qui peuvent jouer sur les deux variables de l'étude pour engendrer la non confirmation de notre attente théorique ?

Face à ces interrogations nous avons pensé ouvrir la voie à de nouvelles pistes d'explication qui peuvent expliquer la non confirmation de notre attente de départ. Ou encore trouver d'autres éléments liés au contexte social, scolaire  et environnemental des adolescents qui pourraient influencer la relation entre les deux variables de l'étude (interaction parent/adolescent axé sur l'école et réussite scolaire).

Dans cette optique, nous avons exploré, à partir de la littérature les pistes, qui peuvent donner des explications pertinentes et solides à ce phénomène. Nous avons retenu certaines pistes qui paraissent avoir du sens dans la réalité haïtienne.

Notre première piste d'explication se rapporte aux caractéristiques individuelles des adolescents. Dans cette rubrique nous avons noté : les habilités intellectuelles et individuelles des adolescents, les caractéristiques personnelles de ces derniers (leur intérêt ainsi que leur goût pour l'étude. La place  que ces derniers  accordent à l'école dans leur projet de vie, la motivation qu'ils ont pour apprendre, l'aspiration scolaire de ces derniers, leur niveau d'autonomie face aux tâches scolaires). Nous avons ensuite les facteurs scolaires. Nous verrons les différents éléments qui se trouvent dans le milieu scolaire haïtien qui peuvent favoriser la réussite scolaire des adolescents (nous parlons de réussite scolaire en cours de route, ou réussite scolaire basée sur le rendement).

6.1-Les pistes d'explication

6.1.1- Les facteurs individuels

· Aspiration scolaire des adolescents

 

Dans une étude sur la problématique de l'abandon scolaire des filles au Mali, Diallo (2001) constate qu'en dépit des contraintes environnementales (socioculturelles, économiques) certaines filles parviennent à compléter au moins le cycle de l'enseignement fondamentalDiallo attribue cette réussite à l'aspiration scolaire de ces filles qui, comme il l'a avancé, est motivée par le fait qu'elles veulent être «  autre chose » que ce que la société leur offre. Ce sont, selon le propre concept de Diallo, des filles « résistantes ou persistantes ».  Dans une logique similaire à celle de la réalité soulevée par Diallo, Bouchard et St Amant, bien avant elle (1996), soutiennent  que c'est cette résistance qui amène les élèves des milieux populaires à réussir l'école. En effet, selon ces derniers, les apprenants des milieux populaires vont mettre en place des stratégies pour pouvoir sortir du plan social que la société leur offre. Le désir de sortir de la situation sociale, dans laquelle ces élèves vivent, a amené ces derniers à développer des stratégies pour résister aux conditions défavorables (économiques et  culturelles) de leur milieu.

Cette réflexion parait être assez intéressante dans la recherche de pistes d'explication concernant la réussite scolaire des adolescents qui vivent dans un contexte hostile à l'apprentissage comme celui des milieux populaires ou défavorisés d'Haïti. En effet, l'adolescent haïtien qui vit dans un milieu défavorisé développe un ensemble de stratégies pour pouvoir réussir à l'école. Ces stratégies sont dues au fait qu'il doit réussir à l'école pour pouvoir comme l'élève malien sortir de la situation sociale dans laquelle il se trouve. C'est dans cette optique que nous pouvons avancer que la réussite scolaire peut trouver des éléments d'explication dans le fait que l'élève aspire à aller le plus loin possible dans ses études.  Dans le contexte des milieux populaires, le niveau d'aspiration scolaire de l'individu va le rendre plus résilient par rapport aux difficultés qu'il va rencontrer dans son environnement. Par résilience, nous entendons ici comme LePage (1997) la capacité que l'élève a pour affronter les barrières afin de réussir à l'école.  Il s'agit dans le cas précis de notre étude l'ensemble des stratégies mises en place par l'adolescent (le travail en groupe, le prêt de livres, le copiage d'un livre dans un cahier pour pouvoir étudier) pour surmonter les conditions environnementales défavorables, qui peuvent handicaper sa réussite. Ces conditions peuvent exister tant au niveau de la famille, lorsque les parents n'ont pas la capacité culturelle ( niveau d'étude ) ou économique (faible revenu) pour aider l'élève, qu'au niveau de l'école, quand est manifesté de la part des enseignants  un manque d'intérêt et d'attention vis-à-vis du contenu qu'ils enseignent.

L'aspiration scolaire parait donc être une variable assez importante dans la recherche d'éléments qui peuvent influencer les deux variables de notre étude. Puisqu'en fait elle représente un élément assez central qui permettra à l'individu d'être motivé par rapport aux tâches académiques.  Un parent peut très bien encadrer son enfant, interagir de façon très constructive avec lui, pour ce qui a trait à sa formation, mais si ce dernier, surtout dans les milieux défavorisés, n'a pas une aspiration scolaire élevée, un rêve, un projet qui nécessite la réussite à l'école, cette démarche des parents aura très peu d'effet. L'aspiration scolaire de l'apprenant est donc un élément qui va augmenter la motivation de ce dernier pour réussir à l'école.

· La motivation scolaire

Le terme de motivation scolaire fait généralement référence au comportement positif d'un individu dans l'exécution d'une tâche. L'intérêt manifesté pour un travail, la qualité et la quantité de la production d'un élève est autant de facteurs qui peuvent permettre d'attribuer à un élève l'épithète « motivé ».

Pour des cognitivistes comme Tardif (1992), la motivation traduit dans le contexte scolaire : l'engagement, la  persévérance  et la participation de l'élève dans une tâche. Elle est donc, toujours selon la perspective cognitiviste, un processus de décision où l'individu choisit d'agir en vue de contrôler son environnement tout en s'engageant (Diallo, 2001).

La motivation  selon la source qui l'anime (interne ou externe/environnemental) peut être intrinsèque ou extrinsèque. Dans le contexte scolaire nous pouvons voir deux sources. L'une qui est liée aux facteurs individuels (aspiration scolaire des adolescents par exemple, le goût pour les études). Dans ce cas, nous parlerons de motivation intrinsèque. L'autre source est liée à l'environnement de vie de l'apprenant. Dans cette rubrique, nous pouvons souligner les facteurs familiaux tels : l'aspiration scolaire des parents et les renforcements positifs  (encouragement) que les parents donnent à l'adolescent. Les discussions parents/adolescents orientées sur l'importance de l'école dans le projet de vie des enfants, sont autant d'éléments environnementaux qui peuvent motiver l'apprenant (pour) à réussir.

La motivation scolaire représente elle aussi une piste assez intéressante qui peut expliquer la réussite scolaire de l'apprenant. Dans notre étude, cette variable parait assez pertinente lorsque nous nous basons sur les entrevues avec les parents. En effet, dans notre étude nous voyons que les parents ont mis beaucoup d'accent sur les discussions centrées sur le projet d'avenir des adolescents et aussi sur les contributions affectives qu'ils apportent à ces derniers. De ce fait, nous pouvons avancer que la motivation des adolescents pour apprendre (nous sommes dans le contexte d'apprentissage scolaire) peut avoir une influence sur l'aspiration scolaire de l'apprenant, mais en plus, elle peut favoriser la mise en place de stratégies  par ce dernier (adolescent/apprenant) pour réussir. Réussite qui présuppose une possibilité future de réussir dans la vie. Dans le cas de ces adolescents, c'est devenir « autre chose » ou d'éviter  de vivre la même situation sociale que leur parent ou encore de changer la vie de leur famille.

Le niveau d'aspiration scolaire de l'élève et sa motivation pour changer sa vie et celle de son entourage sont deux éléments de contexte individuel qui peuvent expliquer la réussite scolaire des enfants qui vivent en milieu défavorisé. Ces deux éléments peuvent prendre forme à l'intérieur d'une  réflexion faite par Girard (2001). Réflexion qui explique le désir de scolarisation des enfants/adolescents des milieux populaires par leurs parents et pourquoi pas la source de motivation et d'aspiration de ces apprenants. L'auteur en essayant d'expliquer pourquoi il y a tant d'enfants de milieux populaires qui vont à l'école, déclare  que ce phénomène est lié à :

«  Une volonté de ne pas être marginalisé dans une société largement gouvernée, en  ses institutions par son savoir » (Girard 2001, pg.72)

En dépit des limites réelles de cette réflexion de Girard, elle souligne cependant assez clairement l'élément central qui peut expliquer la motivation scolaire de l'adolescent haïtien qui vit en milieu populaire. Elle mentionne tout aussi bien la situation sociale que craint ce dernier (l'évitement de la marginalisation sociale). Face à ce constat réel, nous pouvons avancer que le désir d'avoir une vie meilleure parait à notre sens être un élément fondamental qui motive les adolescents à réussir.

· Le niveau d'autonomie

Un autre élément qui peut expliquer la réussite scolaire de l'adolescent qui vit en milieu défavorisé, est la capacité d'autonomie de l'apprenant vis-à-vis des tâches scolaires. Généralement, dans la littérature, lorsqu'on parle d'autonomie en relation avec le contexte scolaire, les auteurs (Deslandes, Potvin et Leclerc & 1999) considèrent : l'orientation vers le travail et le niveau d'indépendance.

L'orientation vers le travail se rapporte aux compétences que possède l'apprenant en lien avec le travail scolaire. Il s'agit de l'ensemble des stratégies qui peuvent permettre à l'individu d'avoir une attitude très assidue vis-à-vis des tâches académiques, telles que sa persévérance dans les tâches et sa résistance aux distractions. L'indépendance de son côté se rapporte à l'absence de dépendance excessive sur les autres, le sentiment de contrôle et d'initiative.

L'ensemble de ces éléments joue un rôle important dans la réussite scolaire de l'adolescent. La capacité de persévérance dans les tâches scolaires et la capacité de prendre des initiatives personnelles représentent deux moyens qui peuvent permettre à l'apprenant de faire face aux contraintes environnementales qui peuvent l'empêcher de réussir. Le niveau d'autonomie de l'individu vis-à-vis des tâches scolaires est très important puisqu'il permet à l'individu de se prendre en charge, de développer des stratégies et de prendre des initiatives qu'il estime être bon pour construire sa réussite.

Dans le contexte des milieux populaires, cette capacité est à notre sens très importante parce qu'elle permet à l'apprenant de réfléchir personnellement pour trouver des moyens adaptés pour contrecarrer les différents obstacles qui peuvent jouer sur sa réussite ou occasionner son échec.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand