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L'enseignement/apprentissage en langues nationales: une alternative au renforcement des compétences intellectuelles pour un développement durable

( Télécharger le fichier original )
par Aristide Adébayo ADJIBODOU
Université d'Abomey-Calavi (BENIN) - DEA en Sociolinguistique 2006
  

Disponible en mode multipage

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Universite d'Abomey-Calavi

********

Faculte des Lettres, Arts et Sciences Humaines

*********

ECOLE DOCTORALE PLURIDISCIPLINAIRE
K ESPACES, CULTURES ET DEVELOPPEMENT D

***********

MEMOIRE POUR L'OPTENTION DU
DIPLOME D'ETUDES APPROFONDIES
(DEA)

Filière : LINGUISTIQUE

(Sciences du Langage et de la
Communication)

Specialite :
SOCIOLINGUISTIQUE

Présenté et soutenu par

Aristide Adebayo
ADJIBODOU

Sous la
direction de

Prof. Akanni
Mamoud IGUE,

Maitre de Conf~rences

Année académique 2004 - 2005

Theme :

L'ENSEIGNEMENT /

APPRENTISSAGE EN

LANGUES NATIONALES :

UNE ALTERNATIVE AU

RENFORCEMENT DES

COMPETENCES

INTELLECTUELLES POUR

UN DEVELOPPEMENT

DURABLE

JURY DE SOUTENANCE :

Président : Prof. Albert Bienvenu AKOHA

Rapporteur : Prof. Akanni Mamoud IGUE

Membre : Prof. Flavien GBETO

0000

Mention : Très bien, Note : 17/20

ECOLE DOCTORALE PLURIDISCIPLINAIRE g ESPACES, CULTURES ET DEVELOPPEMENT D (UAC)

***********

MEMOIRE POUR L'OPTENTION DU DIPLOME D'ETUDES APPROFONDIES
(DEA)

~ilike : LINGUISTIQUE

(Sciences du Langage et de la Communication)

Spécialité : SOCIOLINGUISTIQUE

Thème :

LIENSE1GNEMENT / APPRENT1SSAGE EN

LANGUES NAT1ONALES : UNE

ALTERNAT1VE AU RENFORCEMENT DES

COMPETENCES 1NTELLECTUELLES POUR

UN DEVELOPPEMENT DURABLE.

Presents et soutenu par Sous la direction de

Aristide Adébayo ADJIBODOU Prof. Akanni Mamoud IGUE,

Maitre de Conferences

JURY DE SOUTENANCE :

Président : Prof. Albert Bienvenu AKOHA

Rapporteur : Prof. Akanni Mamoud IGUE

Membre : Prof. Flavien GBETO

0000

Mention : Très bien, Note : 17/20

~ ~~~~~~ ~~èe ec/ €~~ ~~~~ee~~~~~~

~~~~~~ ~~~ ~~~~~~~ ~~~~ ~~~~~~ ~

DEDICACES

Je d~die ce travail:

- A la memoire de mon feu pere, Cosme Kegnide ADJIBODOU

- A mon adorable et tendre ~pouse Elvire Regina Akoko ADJIBODOU, née AJAVON

- et a notre bien-aime et adorable garcon Enoch Ayodele Ametepe

.Que tous les hommes et femmes qui se battent pour un veritable développement et pour la promotion des langues nationales y trouvent une contribution a la l3aboutissement de leur combat.

REMERCIEMENTS

Ce travail a pu etre realise grace a la franche collaboration de plusieurs personnes a quije temoigne ici toute ma gratitude.

Je voudrais remercierparticulierement :

- mon Directeur de Memoire, le Professeur IGUE Akanni Mamoud qui a accepte de conduire ce travail etpour tout son soutien.

- ma maman Genevieve ADJIBODOU et mes freres et saurs.

- le professeur TCHITCHI Yaovi Toussaint pour son assistance permanente.

J'exprime ma profonde gratitude a tout le corps enseignant de l'Ecole Doctorale Pluridisciplinaire de la FLASH, notamment aux Professeurx CAPO Hounpati et AKOHA Albert Bienvenu ; et a tous les itudiants en DEA de la promotion 2002-2003.

Je remercie egalement le professeur Georges G. GUEDOU pour sa disponibilite et pour avoir cru des les premiers moments de notre rencontre a mes capacites de recherche.

Je n'oublie pas les professeurs GBETO Flavien, BADA Midard Dominique et da CRUZ Maxime pour leur soutien et leurs conseils.

Enfin, a tous ceux qui d'une maniere ou d'une autre m'ont incite, conseille, soutenu ou ont contribui a la realisation de ce travail notamment Monsieur AHODEKON Cyriaque, je presente mes sinceres remerciements.

TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES VI

0. INTRODUCTION GENERALE. 1

0.1. PROBLEMATIQUE. 2

0.2. INTERET DU SUJET. 3

0.3. HYPOTHESE. 4

0.4. METHODOLOGIE DE RECHERCHE 4

CHAPITRE 1. LES LANGUES EN COHABITATION, LA POLITIQUE ET L'AMENAGEMENT LINGUISTIQUES AU BENIN. 5

1.1. LES LANGUES EN COHABITATION AU BENIN : STATUT, ROLE ET FONCTION. 5

1.1.1. Les différentes langues parlées au Bénin. 5

1.1.2. Statut, rôle et fonction des différentes langues parlées au Bénin. 7

1.1.3. Place des langues nationales dans la société. 9

1.2. LES DIFFERENTES ETAPES DE TENTATIVES DE VALORISATION DES LANGUES NATIONALES. 10

1.3. POLITIQUE, PLANIFICATION ET AMENAGEMENT LINGUISTIQUES AU BENIN. 13

1.3.1. Politique linguistique au Bénin. 13

1.3.2. Planification linguistique au Bénin. 14

1.3.3. Aménagement linguistique au Bénin. 17

1.4. ANALYSE DE LA GESTION DES LANGUES NATIONALES AU BENIN. 18

1.5. COMMENT OPERATIONNALISER LA POLITIQUE LINGUISTIQUE DU BENIN ? 20

1.5.1. Des moyens pour l'opérationnalisation de la politique linguistique au Bénin. 21

1.5.2. Des actions pour l'opérationnalisation de la politique linguistique au Bénin. 21

CHAPITRE 2. APERÇU GENERAL SUR LA NOTION D'ENSEIGNEMENT /

APPRENTISSAGE. 23

2.1. L'EDUCATION, AU COMMENCEMENT. 23

2.2. L'ENSEIGNEMENT ET L'APPRENTISSAGE. 24

2.2.1. L'enseignement. 24

2.2.2. L'apprentissage. 25

2.3. LA PEDAGOGIE. 26

2.3.1. Des pédagogies traditionnelles à la recherche d'une méthodologie. 26

2.3.2. Problématiques modernes de la pédagogie. 27

2.3.3. La pédagogie institutionnelle. 28

2.3.4. La Psychopédagogie. 28

2.4. L'EVALUATION. 29

2.4.1. L'évaluation sommative. 29

2.4.2. L'évaluation formative. 30

2.4.3. L'évaluation institutionnelle. 31

2.5. L'ENSEIGNANT, L'ELEVE ET L'EVALUATION. 31

2.5.1. L'enseignant et l'évaluation 31

2.5.2. L'élève et l'évaluation. 32

2.6. TENDANCES ACTUELLES ET DEVELOPPEMENT. 32

CHAPITRE 3. L'ENSEIGNEMENT / APPRENTISSAGE EN LANGUES NATIONALES. 34

3.1. LES LIMITES DE L'ECOLE CLASSIQUE ACTUELLE. 34

3.2. UNE PORTE DE SORTIE : L'ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE EN LANGUES NATIONALES. 37

3.3. QUELQUES EXPERIENCES EN MATIERE D'UTILISATION DES LANGUES NATIONALES A L'ECOLE. 37

3.3.1. Les langues nationales comme outils d'éducation au Bénin. 37

3.3.2. L'expérimentation du bambara au Mali. 41

3.3.3. L'expérimentation du sango en Centrafrique. 42

3.3.4. Coexistence des systèmes formel et non formel au Burkina Faso. 44

3.3.4.1. L'éducation bilingue au Burkina Faso. 44

3.3.4.2. Contenu des curricula. 45

3.3.4.3. Résultats obtenus par l'éducation bilingue. 45

3.3.4.4. Difficultés rencontrées. 47

3.3.5. Autres expériences. 47

3.4. POURQUOI OPTER POUR L'ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE EN LANGUES NATIONALES ? 48

3.4.1. Les erreurs commises lors des expériences faites 48

3.4.2. Les enseignements utiles à tirer des différentes expériences. 49

3.4.3. Autres aspects. 50

3.5. QUELLES OPTIONS POUR LES LANGUES NATIONALES A L'ECOLE ? 51

3.6. QUELLES LANGUES POUR L'ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE ? 52

3.7. QUELS BLOCAGES POUR L'ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE EN LANGUES NATIONALES ? 54

3.8. COMMENT PROCEDER POUR L'ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE EN LANGUES NATIONALES ? 56

3.8.1. La place du français dans l'enseignement/apprentissage en langues nationales. 56

3.8.2. Convaincre les acteurs. 57

3.8.3. Produire les outils didactiques en langues nationales et former les personnels

d'encadrement du système. 58

3.8.4. La traduction, comme moyen de promotion des langues nationales. 58

3.8.5. Un environnement lettré en langues nationales 59

3.9. EN A-T-ON LES MOYENS AUJOURD'HUI ? 60

CHAPITRE 4. PISTES POUR L'ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE EN LANGUES NATIONALES AU BENIN. 61

4.1. QUELQUES DONNEES SUR L'EDUCATION AU BENIN. 61

4.2. DONNEES POLITICO ADMINISTRATIVES. 62

4.3. LE PROGRAMME. 62

4.4. STRATEGIES. 63

4.5. AVANTAGES. 66

4.6. RESSOURCES HUMAINES. 66

4.7. MATERIELS DIDACTIQUES. 67

5. CONCLUSION. 68

BIBLIOGRAPHIE. 71

SYNTHESE DE LA RECHERCHE

L'ENSEIGNEMENT / APPRENTISSAGE EN LANGUES NATIONALES :
UNE ALTERNATIVE AU RENFORCEMENT DES COMPETENCES
INTELLECTUELLES POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE.

DEMARCHE

Une des caractéristiques fondamentales du plaidoyer est de partir de l'existant, accepté ou non, contesté ou non pour étayer ses propos et défendre un point de vue. La principale démarche méthodologique que nous avons adoptée est de partir des expériences antérieures afin d'exposer tous les avantages et inconvénients liés à notre approche et proposer une synthèse cohérente pour réussir l'expérience de l'enseignement/apprentissage en langues nationales.

Pour cela,

· nous avons procédé à une revue documentaire ;

· une revue de littérature et des recherches sur Internet ;

· nous avons eu des entretiens avec des personnes ressources, linguistes, sociologues, pédagogues, spécialistes en alphabétisation et en éducation des adultes.

HYPOTHESE

· D'abord, nous sommes partir du postulat selon lequel il est scientifiquement et techniquement plus avantageux de procéder à l'enseignement/apprentissage en langues nationales, c'est-à-dire qu'il est possible et plus facile d'enseigner et de transmettre le savoir aux enfants en se servant des langues nationales plutôt que de le faire avec une langue étrangère.

Sur un autre plan

· l'implication effective des populations dans la construction du processus démocratique en cours et leur participation aux différents changements sociaux et structurels dans notre pays passent par l'utilisation des langues nationales à tous les niveaux de la vie (sociale, politique et administrative) aux côtés du français, langue officielle du Bénin

DIFFERENCE ENTRE ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE ET INTRODUCTION DES LANGUES NATIONALES DANS LE SYSTEME E DUCATIF

· L'enseignement/apprentissage en langues nationales se sert des langues nationales comme vecteur et support de travail dans toutes les matières d'enseignement

· et l'introduction des langues nationales dans le système éducatif peut se limiter à utiliser les langues nationales comme matière d'enseignement.

PRECISIONS

· Dans le cas de notre travail, nous parlons bien de l'enseignement/apprentissage en langues nationales.

· Partant de ce qui a été fait jusqu'à présent en matière d'introduction des langues nationales dans le système éducatif, nous avons dans notre travail exposé les arguments qui peuvent aujourd'hui sous-tendre l'option de l'enseignement/apprentissage en langues nationales et proposer un programme concret et applicable pour y parvenir.

LES NIVEAUX ESSENTIELS D'INTERVENTION

L'enseignement / apprentissage en langues nationales comporte trois niveaux essentiels d'intervention que sont :

· le niveau politique, administratif et juridique (Volonté et Décision)

· le niveau scientifique et technique (Faisabilité ou Applicabilité)

· le niveau financier et logistique (Moyens et Ressources). LE PREMIER NIVEAU : POLITIQUE, JURIDIQUE ET ADMINISTRATIF C'est celui de la VOLONTE et de la DECISION

· Partout en Afrique, tout est mis en oeuvre pour la valorisation des langues nationales. Les textes sont bien explicites à cet égard (Lois fondamentales ou constitutions, Orientations de l'éducation, Chartes culturelles, Conférence Economique, Programmes de développement, Décrets, Arrêtés, Discours, etc.). Tout est mis en oeuvre sur les plans politiques, administratifs et juridiques pour l'amorce de l'utilisation des langues nationales comme moyen d'éducation et de formation.

· Seulement, il est important de le mentionner, ces mesures politiques, administratives et judiciaires prises en matière de langues nationales n'ont pas un caractère contraignant et n'obligent pas réellement au développement et à la promotion des langues nationales.

LE SECOND NIVEAU : SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

C'est celui de la FAISABILITE ou de l'APPLICABILITE.

· Toutes les expériences menées en matière d'utilisation des langues nationales dans le système éducatif ou d'enseignement/apprentissage en langues nationales appliquées de

façon cohérente et méthodologique ont donnée des résultats satisfaisants. Mieux, elles ont montré que les élèves sont pénalisés en utilisant les langues étrangères pendant les premières années de leurs études et que l'utilisation des langues nationales comme outil d'enseignement/apprentissage pendant cette période fait gagner du temps et renforce les capacités intellectuelles de l'enfant.

· Le seul exemple malheureux décrié par tous est celui de la Guinée où les autorités ont décidé que tout le primaire devrait être fait en langues nationales.

o Tout le primaire et la premiere annee du secondaire, se sont deroules en poular ~

o Le passage du poular au francais en deuxieme annee du secondaire s'est fait sans transition ;

o Les instituteurs formes pour enseigner en fran9ais se transforment en enseignants en langues nationales ~

o Naturellement, l'expérience a fondamentalement échoué. Ceci est du essentiellement a la precipitation, a l~improvisation et au manque de preparation technique consequente ;

· Les échecs enregistrés dans la mise oeuvre de l'utilisation des langues nationales pour l'éducation ne sont pas le fait de l'expérimentation elle-même, mais de la méthode et de la démarche utilisées pour la réaliser. Ils ne mettent donc pas en cause l'option pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales, au contraire, la renforcent.

ACQUIS

· Les expériences menées avec méthode, rigueur et planification conséquente ont montré d'énormes avantages qui contribuent sans conteste au renforcement des compétences intellectuelles pour un développement durable.

Eles permettent de tirer entre autres les lecons suivantes

· L'enfant a plus de facilité à mieux comprendre les problèmes quand il est enseigné dans une langue qu'il connaissait déjà ;

· Les enfants ayant fait deux ans de moins de français ont les mêmes performances que ceux qui en font deux de plus ;

L'utilisation d'une langue africaine dans les premieres annees du primaire ameliore les resultats et n'oblitere pas l'apprentissage ulterieur du francais.

· La déperdition scolaire est plus faible chez les enfants ayant commencé leurs premières années en langues nationales ;

· La réussite scolaire est nettement supérieure chez les enfants ayant commencé les études en langues nationales (63% à 83% de préscolarisés parmi les dix premiers des classes de CM2) ;

· La moyenne de redoublement est deux fois plus faible chez les préscolarisés (0,80 année) que chez les autres (1,50 année) et en conséquence l'âge moyen de sortie des CM2 se situe vers douze ans pour les uns et quatorze ans pour les autres ;

· La période de 3 à 6 ans est cruciale pour le devenir de l'enfant, à travers la socialisation, la structuration de la personnalité et la maîtrise définitive du langage ;

· Les études primaires en langues africaines n'ont jamais empêché un excellent apprentissage du français ou de l'anglais.

LE TROISIEME NIVEAU : FINANCIER ET LOGISTIQUE C'est celui des MOYENS et des RESSOURCES.

· En effet, la mise en oeuvre de tout programme d'éducation en amont est liée à la question sensible des moyens de tous genres (financiers, matériels, logistiques, ressources humaines, etc.) ;

· Et c'est en réalité à ce niveau que beaucoup d'initiatives sont étouffées ; sans compter les guerres silencieuses en la matière entre les partenaires au développement et les gouvernants. La dépendance économique et financière explique en grande partie l'indécision et les tergiversations dans la mise en oeuvre des options politiques, administratives et juridiques prises en la matière.

QUELS BLOCAGES ALORS POUR L'ENSEIGNEMENTIAPPRENTISSAGE EN LANGUES NATIONALES ?

· L'intendance ne suit pas ;

· Pas beaucoup de publications, pas assez de manuels ;

· Pas d'enseignants aptes à s'exprimer dans les langues locales ;

· La crainte profonde est aussi que le développement des langues nationales comme vecteurs d'enseignement sera nuisible à l'apprentissage du français ou des langues étrangères en général ;

· Le blocage se note aussi au niveau des Africains eux-mêmes, et c'est là où il faut le changement le plus souhaité (rivalités au niveau des langues à faire promouvoir, non perception de l'utilité de la démarche, refus d'enseigner les langues nationales à l'école aux enfants, etc.) ;

· Un autre argument facile consiste à parler d'absence de moyens d'édition et à l'entretenir peut-être à dessein ;

· Un des obstacles, non pas des moindres, est aussi le problème des intérêts pécuniaires. La guerre des intérêts techniques et stratégiques représente souvent dans l'application des décisions un blocage silencieux mais très "efficace" et très "puissant" aussi bien dans l'administration que dans les instances politiques de décisions ;

· Il suffira tout simplement donc d'oser et de passer à l'action pour que les blocages soient levés.

QUELQUES PISTES DE SOLUTIONS

(Comment prodder pour I'enseignement/apprentissage en langues nationales ?)

Quelques erreurs a eviter.

· La première grande erreur à éviter à tout prix est que l'enseignement/apprentissage en langues nationales se pose en termes de "oui ou non au français" ou "oui ou non aux langues nationales" ;

· Éviter le strict monolinguisme ;

· Une expérience d'enseignement/apprentissage en langues nationales doit prendre la peine au fur et à mesure de procéder à un accompagnement en langues étrangères (français ou anglais selon le cas) ;

· Une expérience d'enseignement/apprentissage en langues nationales doit prendre la peine au fur et à mesure de procéder à un accompagnement en langues étrangères (français ou anglais selon le cas) ;

Comment prodder ?

· Envisager une articulation langues nationales/langues étrangères ayant le statut de langues officielles. Il faut prévoir un pont, une passerelle pour éviter les brusques ruptures préjudiciables à l'enfant ;

· Produire les outils didactiques de qualité et en nombre suffisant ;

· Convaincre les acteurs ;

· Il faut de se donner les moyens pour produire les outils en langues nationales en les introduisant dans le contexte de l'enfant (son environnement socio-culturel) ;

· Former des personnels d'encadrement, des enseignants et des gestionnaires à cette nouvelle option ;

· Procéder à une expérimentation par zone avec des classes ou des écoles pilotes. Cibles

· les enfants et jeunes en âge d'être scolarisés mais n'ayant pas accès à l'école publique formelle ;

· les enfants déscolarisés de 9 à 12 ans des quartiers de villes ou des villages ou campagnes du Bénin ;

· les enfants non pris en charge ni par l'Etat, ni par la communauté, ni par les parents. Strategies

· Il s'agit de recueillir, deux mois après la rentrée scolaire officielle, les enfants dont on est sûr de la non inscription dans une école publique ou privée, et qui par conséquent sont voués à la non instruction formelle ; ceci, pour être sûr que ces enfants n'ont rien à perdre pour une telle expérimentation ;

· Prévoir au total, sur toute l'étendue du territoire national 24 écoles et 48 classes : deux (02) écoles par département (une école en milieu rural et une école en milieu urbain) ;

· En moyenne, deux langues locales seront choisies par département ;

· Dans chaque école d'un département, il prévoir deux (02) classes (une classe pour l'enseignement/apprentissage dans la première langue et une classe pour l'enseignement/apprentissage dans la seconde langue) ;

· Chaque classe sera composée au total de 15 élèves ;

· Les deux premières années de l'enseignement/apprentissage seront en langues nationales exclusivement. A partir de la troisième année, l'élève devra entrer en contact avec la langue étrangère qu'est le français afin de l'acquérir progressivement jusqu'en sixième année où il pourrait se présenter au Certificat d'Etudes Elémentaires (CEP) en composant dans les mêmes épreuves que les élèves du système classique.

Ressources humaines

· Le partenariat devra être un élément essentiel d'un pareil programme.

· En effet, pour une application sans faille du programme suivant les normes en vigueur, il est requis un partenariat avec le Ministère en charge des enseignements primaire et secondaire d'une part, du Ministère en charge de l'Alphabétisation et des langues nationales, et un partenariat avec les municipalités concernées par le programme.

· Enfin, il faudra un partenariat avec les populations cibles (apprenants et parents) à travers leur adhésion au programme.

· Le Programme devra être exécuté sous la coordination d'une structure légère de pilotage (qui devra être à l'abri des lenteurs administratives par son autonomie de gestion)

Materiels didactiques

· Il faudra accorder une attention très particulière à l'élaboration des matériels didactiques appropriés qui devront s'inspirer des programmes en vigueur dans le système formel et seront placés dans l'environnement socio-culturel de l'enfant.

· Les matériels didactiques doivent être élaborés en langues nationales et devront permettre aux enfants d'être à même de réagir correctement devant les mêmes épreuves que leurs camarades des cours formels.

0. Introduction générale.

La gestion des langues nationales, patrimoines linguistiques et moyens de communication des pays africains, demeure encore aujourd'hui un voeu pieu. Malgré les nombreuses intentions de prise de décisions politiques en la matière, on constate que la majorité des pays africains n'ont dans leur système éducatif formel et dans l'administration que l'utilisation exclusive de la langue des pays colonisateurs (français, anglais, espagnol, portugais, etc.).

Au Bénin, les institutions étatiques de pouvoir et de contre pouvoir comme le Gouvernement, l'Assemblée Nationale, la Cour Constitutionnelle, la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication, le Conseil Economique et Social, la Haute Cour de Justice etc., n'ont pour moyen de communication que le français de façon exclusive. Cela constitue une barrière pour la participation directe des non lettrés aux débats de développement et de construction engagés au niveau de ces institutions.

Pourtant, le vent du renouveau démocratique qui a balayé l'Afrique Noire a commencé par le Bénin et a atteint la majorité des pays africains. Une des conséquences de la pluralité politique devrait être l'implication effective à tous les niveaux de décision des différents acteurs de la vie publique, y compris les couches défavorisées. Le médium de communication utilisé étant le français, les masses analphabètes représentant plus de 80% de la population du Bénin se voient d'office exclues des débats réels hormis les quelques interventions que leur offrent les différentes émissions interactives des chaînes privées de radios installées aujourd'hui au Bénin.

On pourrait se demander si aucun besoin administratif ou social ne se fait ressentir en la matière.

Les intentions politiques exprimées depuis plusieurs décennies, les comportements en matière de communication linguistique dans l'administration, lors des différentes rencontres et pendant les périodes électorales démontrent avec pertinence le besoin accru et imminent de la formalisation de l'utilisation des langues nationales dans l'administration en général, dans le système éducatif en particulier. En effet, la plupart des leaders politiques à divers niveaux se fraient un chemin sur la hasardeuse piste de l'utilisation des langues nationales pour s'adresser publiquement aux populations afin de leur démontrer leur proximité et leur lien de sang ethnique et dans l'administration, et surtout pour mieux leur faire passer les messages qu'ils souhaitent vulgariser.

Les discours intellectuels aussi bien scientifiques que politiques depuis les périodes des indépendances, mettent de façon honnête ou rusée l'accent sur l'importance des langues nationales dans l'animation de la vie publique, administrative, politique et sociale des populations.

- Tous sont donc conscients de la situation linguistique du pays ;

- Tous reconnaissent que pour atteindre les masses, il ne peut exister meilleur moyen de communication que les langues nationales ;

- Tous sont convaincus que pour un débat honnête et franc, il faut utiliser les langues nationales comme moyen de communication.

Il est donc facile de croire a priori que la question de la gestion des langues nationales serait chose évidente puisque partagée de tous. Pourtant, on en est encore à l'étape des intentions.

Aujourd'hui plus que jamais, le Bénin comme tous les Etats africains en général, a besoin d'oser en matière de gestion des langues sous peine de voir exclure du processus en cours, plus de 80% des Béninois autant concernés que ceux qui ont le privilège d'être au parfum des événements et de les condamner ainsi à vivre en marge de la gestion de la chose publique.

En effet, pour une participation efficiente de toutes les couches de la société béninoise, la question des langues nationales ne saurait être indéfiniment occultée. C'est pourquoi, en suivant les pas de certaines recherches antérieures à la nôtre, nous en faisons une préoccupation pour éplucher les différents aspects en vue d'aboutir à des propositions concrètes, applicables à moyen et à long terme.

0.1. Problématique.

La question de la multiplicité des langues n'est pas l'apanage de l'Afrique en général ou du Bénin en particulier. Elle fait partie de l'histoire soit récente soit lointaine de tous les peuples du monde.

La configuration linguistique du Bénin n'est pas inquiétante. La cinquantaine de langues recensées sur le territoire pourrait faire croire à un babélisme national ; pourtant, il n'en est rien. D'autres pays aussi bien proches que lointains disposent d'énormes richesses linguistiques qui pourraient être considérées comme un handicap (Papouasie Nouvelle Guinée, 800 et 856 langues ; Indonésie, 428 et 670 ; Nigeria, 400 et 410, Cameroun, 258 et 270)1. D'autres en disposent moins (Angola, 29 ; Sénégal, 20 ; Mali, 12 et Niger, 10)2.

Le Bénin, comme bon nombre d'Etats africains (07 au moins)3 a été colonisé par la

1 Ouane, Adama, 1995, "Introduction : Regard de l'intérieur de la prison linguistique" in Vers une culture multilingue de l'éducation, s/d Ouane, Etudes de l'IUE, Hambourg, IUE, pp. 3 - 20.

2 Idem. Ibid., p. 6.

3 Cf. Matala-Tala, L., 2000, Unilinguisme ou multilinguisme en droit comparé : le cas des africains,
Communication lors d'un Colloque organisé par l'Association française des constitutionnalistes, Rennes, 7-8
décembre 2000. A paraître, cf. http// www.droitconstitutionnel.org/ColloqueRennes/Matala-Tala/Matala-

France et a hérité de leur langue comme moyen de communication et langue de l'administration.

Il est caractérisé par un plurilinguisme, conséquence logique de sa diversité ethnique et culturelle. Son héritage linguistique colonial lui a conféré l'utilisation du français comme langue officielle, langue de l'administration et langue de travail. Pourtant, plus de 80% de la population est analphabète (ne sachant ni lire, ni écrire le français), donc exclu des débats politiques et économiques si rien n'est fait pour améliorer la situation. Il est donc important de se pencher sur les éventuelles possibilités d'implications réelles de toutes les filles et tous les fils du pays à la gestion de la chose publique. Cela ne pourrait se faire sans le dialogue avec les populations, sans l'apport de leur réflexion intellectuelle ; cela ne pourrait se faire sans que ces populations ne soient informées de la façon dont leur cité est constituée, pensée, administrée et gérée ; cela n'est pas possible si les populations ne sont pas amenées à apporter leur contribution (de toutes sortes) à l'élaboration des briques pouvant permettre l'élévation de l'édifice commun qu'est la Nation.

Cette série d'affirmations nous convainc de ce que les rôles individuel et collectif des citoyens sont primordiaux dans la construction de la cité. Seulement aujourd'hui, au Bénin, après les intentions administratives, politiques et les besoins sociaux en matière de langue, le constat est que les langues nationales n'ont formellement pas encore leur place dans les systèmes administratifs et éducatifs de notre pays.

Pour une utilisation judicieuse des langues nationales dans le processus de démocratisation des structures, il faudra les introduire aussi bien dans l'administration (locale et centrale) que dans les institutions étatiques.

0.2. Intérêt du sujet.

Il est important de souligner la différence qu'il y a entre l'enseignement/apprentissage en langues nationales et l'introduction des langues nationales dans le système éducatif. Le premier se sert des langues nationales comme vecteur et support de travail dans toutes les matières tandis que le second utilise les langues nationales comme matière à enseigner.

Il peut paraître chauvin d'évoquer et de soutenir l'enseignement/apprentissage en langues béninoises. D'aucuns peuvent y voir une intention malsaine et une tendance utopique au nationalisme africain. Pourtant, cela ne revêt aucun caractère démagogique.

Le présent travail de recherche dépasse les simples considérations de l'alphabétisation

Tala.texte.htm1#I ., (10 août 2003).

en langues nationales ou de l'introduction des langues nationales dans les systèmes éducatifs et/ou administratifs mais pose les jalons pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales en se basant sur les programmes d'enseignement officiels en vigueur au Bénin.

Partant de ce qui a été fait jusqu'à présent en matière d'introduction des langues nationales dans le système éducatif, nous exposerons les arguments qui peuvent aujourd'hui sous-tendre l'option de l'enseignement/apprentissage en langues nationales et proposer un programme concret et applicable pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales.

Cela permettra donc de faire évoluer considérablement le débat sur l'utilisation des langues nationales dans le processus démocratique en cours et dans le développement de la Nation.

0.3. Hypothèse.

Il est possible et plus facile d'enseigner et de transmettre le savoir aux enfants en se servant des langues nationales plutôt que de le faire avec une langue étrangère.

L'implication effective des populations dans la construction du processus démocratique en cours et leur participation aux différents changements sociaux et structurels dans notre pays passent par l'utilisation des langues nationales à tous les niveaux de la vie (sociale, politique et administrative) aux côtés du français, langue officielle du Bénin.

0.4. Méthodologie de recherche.

Pour la réalisation du présent travail, nous nous sommes inspiré des travaux antérieurs relatifs aux différentes expérimentations de l'introduction des langues nationales dans l'enseignement, en procédant à une revue documentaire. Des recherches ont été faites aussi sur Internet.

Nous avons eu des entretiens avec des personnes ressources, linguistes, sociologues, spécialistes en alphabétisation et en éducation des adultes

Ces recherches et entretiens nous ont permis d'évaluer les forces et les faiblesses des différentes expériences et de proposer une approche cohérente d'enseignement/apprentissage en langues nationales relative à la situation du Bénin.

Chapitre 1. Les langues en cohabitation, la politique et l'aménagement linguistiques au Bénin.

1.1. Les langues en cohabitation au Bénin : statut, rôle et fonction. 1.1.1. Les différentes langues parlées au Bénin.

Comme la plupart des Etats de l'Afrique, le Bénin est un Etat multilingue à l'image des différents groupes socioculturels et ethniques qui le composent ; on y trouve plus d'une cinquantaine de langues dont plus du tiers dans le septentrion.

Malgré la multiplicité des langues, on note une homogénéité linguistique comme le montrent les travaux de recherche qui ont abouti à l'établissement de l'Atlas et études sociolinguistiques même si, certains développements parlent d'hétérogénéité linguistique.

Le passé colonial a laissé au Bénin la langue française comme langue de l'administration et de communication officielle. Au Bénin donc les langues nationales cohabitent avec le français.

Les langues du Bénin se répartissent en trois groupes linguistiques dont :

- les langues du groupe « kwa » comprenant la totalité des langues de la partie méridionale du pays ;

- les langues du groupe « gur » ou « voltaïque » comprenant la plupart des langues de la partie septentrionale du pays ;

- les langues du groupe « afro-asiatique » et autres langues.

L'hétérogénéité linguistique s'observe surtout au niveau des langues du groupe « gur » ou « voltaïque » et ceci à deux niveaux : la glossonymie (aucun élément ne permet un regroupement à l'intérieur de cette famille) et l'intercompréhension (une absence d'intelligibilité systématique est notée hormis quelques cas rares)

Les langues du groupe « kwa », où l'on observe plus d'homogénéité linguistique, se répartissent en deux sous-groupes à l'intérieur desquels on observe une unité à ce double niveau de la glossonymie et de l'intercompréhension. Il s'agit du sous-groupe « gbe » comprenant les langues qui au point de vue glossonymique désignent la langue par le lexème « gbè ». Le sous-groupe « éc1è » comprend les langues parlées dans l'aire culturelle yoruba.

L'Altas Socio-linguistique (CNL-Bénin 1983) fait état de cinquante deux (52) langues
appartenant à trois (03) groupes (ces 52 langues ont été recensées sur la base du

sentiment linguistique).

- Le groupe « kwa » ;

· Sous-groupe « ecté »

ecté-yoruba, ecté-nago, ecté-cabe, ecté-ica, ecté-ife, ecté-idaaca, ecté-ije~ (holi), mokolé

· Sous-groupe « gbè »

fongbè, àjagbè, àyizogbè, maxigbè, agunano, kogbè, wémegbè, tofingbè, gungbè, xwelagbè, xwlagbè, saxwegbè, toligbè, gengbè, cigbè, såtogbè

· Autres langues du groupe « kwa » foodo, cokosi, basa

- Le groupe « gur » ;

baatonum, ditammari, yom, biali, waama, lakpatom, nateni, gulmacema, m'belime, anii, kabye, kotokoli, moore, bulba, kufalu, looso, lamba, cenka, sola (metope)

- Le groupe « afro-asiatique » ;

boko (groupe Mande), dendi (groupe Songhaï - Zarma), fulfulcte (groupe OuestAltantique), hausa (groupe tchadique)

Des travaux postérieurs ont proposé des classifications différentes de celle-ci ; mais ceux-ci ne modifient pas fondamentalement les données que nous avons présentées et qui représentent une configuration générale de la situation linguistique du Bénin.

Aujourd'hui, il serait prétentieux d'avancer avec certitude des chiffres exacts par rapport au nombre de locuteurs de chaque langue compte tenu de plusieurs raisons dont :

- la mobilité de l'ensemble de la population du pays ;

- l'intelligibilité systématique au sein de certaines langues du groupe « kwa » notamment.

Selon le Troisième Recensement Général de la Population et de l'Habitation (RGPH 3)4, des groupes socio-linguistiques sont distingués et constituent des rassemblements de langues selon l'intercompréhension entre ces dernières. Ils se présentent comme suit :

Groupes
sociolinguistiques

%

Composantes

Groupe Fin

39,2

Fon, 17,6% ; Gun, 6,3% ; Ayizo, 4,3%, Maxi, 3,5% ; Weme, 2,5% ; Tori, 2,4% ; Kotafon, 1,4% ; Tofin, 1,3% ; Seto, 0,3%

Groupe Aja

15 ,2

Aja, 8, 7% ; Saxwe, 2,6% ; Xwla, 1,4% ; Mina, 1,2% ; ,

Xweda, 0,7% ; Waci, 0,5% ; Défi, 0,1%

Groupe Yoruba

12,3

Nago 6,8% ; Yoruba, 1,8 ; Idaasha, 1,5% ; Holidjè,

1,4% ; Ife, 0,4% ; Mokolé, 0,3% ; Cabe, 0,1%

Groupe Bariba

9,2

Baatonum, 8,3% ; Boo, 0,8% ; Boko, 0,1%

Groupe Peulh

6,9

Peulh fulfuldé, 5,5% ; Gando, 1,4%

Groupe Otamari

6,1

Berba, 1,4% ; Ditammari, 1,3% ; Waama, 1,0% ;

Natimba, 0,9% ; Otamari, 0,6% ; Gourmantché, 0,5%; Yendé, 0,2%; Betyobé, 0,1% ; Gagamba, 0,1%.

Groupe Yoa Lokpa

4,5

Yoa, 1,8% ; Lokpa, 1,2% ; Anni, 0,3% ; Koto-Koli, 0,2% ; Windji-Windji, 0,2% ; Kabye, 0,1% ; Soruba Biyobe, 0,1 ; Tanéka, 0,1%

Groupe Dendi

2,5

Dendi, 2,4% ; Djerma, 0,1%

Autres ethnies

1,4

Autres ethnies, 1,0% ; Haoussa, 0,3% ; Zerma, 0,1%

 

Population en % selon les groupes socio-linguistiques et leurs composantes en 2002. (Source, INSAE : RGPH 3).

1.1.2. Statut, rôle et fonction des différentes langues parlées au Bénin.

Les données présentées plus haut mettent en exergue la multiplicité des langues
nationales parlées au Bénin. Ces dernières ne jouent pas le même rôle entre elles et par

4 INSAE/MCPPD, 2003, Troisième Recensement Général de la Population et de l'Habitation (RGPH 3), Synthèse des Résultats, Cotonou, Bénin

rapport aux langues étrangères.

La Constitution du 11 décembre 1990 confère au français, le statut de langue officielle ; de fait il est la langue de l'école, la langue de l'administration et la langue de travail. Cela lui donne tout le prestige dont il jouit dans les relations officielles aussi bien au Bénin qu'ailleurs en Afrique, au point où certains linguistes n'hésitent pas à parler, à tort ou à raison de "français langue africaine"5.

Les langues nationales sont réservées à des activités limitées (comme le commerce dans une région déterminée) ; elles s'étendent aussi, selon le cas, à des secteurs beaucoup plus vastes de la vie sociale et culturelle dans une zone géographique étendue.

Parmi les langues nationales, on observe des langues qui disposent de travaux de description, et utilisées dans des activités d'alphabétisation. Les langues utilisées comme langues d'alphabétisation et d'éducation des adultes sont écrites. Elles sont plus ou moins parlées par un grand nombre de locuteurs et peuvent être considérées comme langues dominantes ; parmi celles-ci, certaines sont promues au rang de langues de post-alphabétisation (yoruba, fon, aja, dendi, baatonum, ditammari) d'autres non (gun, gen, yom, waama, etc.).

Malgré les innombrables travaux réalisés sur les langues nationales, elles ne sont pas encore standardisées. La question de la standardisation et de l'harmonisation des langues de la sous-région (Togo, Ghana, Burkina-Faso, Niger, Nigéria, Bénin) avait fait l'objet d'un atelier régional sous l'égide de l'UNESCO (1995) à Cotonou.

Malheureusement, aucune des langues nationales ne dispose d'une orthographe standard et uniforme. Pour écrire dans ces langues, on se sert le plus souvent de l'Alphabet des Langues Nationales (ALN) qui est un alphabet à base phonologique. De même, aucune de ces langues n'est reconnue comme langue de communication officielle. Les six (06) langues de post-alphabétisation, outre leur statut de langues nationales sont aussi, dans une certaine mesure, des langues d'enseignement.

Le français demeure le principal vecteur de communication officiel ; mais cette situation n'est pas particulière au Bénin : « en Afrique noire francophone, il est langue officielle ou une des langues officielles dans la plupart des pays, et reste la principale langue véhiculaire à l'échelle continentale, mais dans la réalité concrète des Etats il partage ce

rôle avec beaucoup d'autres langues africaines qui remplissent de plus en plus les fonctions de langues d'échanges (véhiculaires) dans la vie pratique »6.

5 DUMONT, Pierre, "Le français langue africaine", in Diagonales n° 21, p. 32

6 LATIN, Danièle, 1992, "Langues en présence. Multilinguisme et francophonie", in Diagonales n° 21, p. 30.

1.1.3. Place des langues nationales dans la société.

Les Béninois, comme la plupart des Africains d'ailleurs, avant d'aller à l'école, acquièrent et parlent les langues parlées par leurs parents, leurs langues maternelles.

Ces langues représentent souvent pour eux des langues de communication de base et leur servent d'identité pour les échanges.

Le premier réflexe de chaque enfant dans un environnement donné est de communiquer avec la langue nationale employée dans son entourage. A la maison donc, dans le quartier, avec les amis, dans les petits échanges commerciaux immédiats l'enfant se sert d'abord de la langue parlée dans le milieu pour accéder à ce qu'il souhaite avoir.

Cette situation fait qu'à un niveau plus évolué, les échanges se font plus dans les langues nationales qu'en français : dans les échanges commerciaux, au marché, au sein de la population, dans les lieux de rencontre etc. aussi bien en ville que dans les campagnes.

Il faut cependant mentionner qu'il se développe de plus en plus une catégorie d'enfants qui ne parlent que le français et comprennent à peine leurs langues nationales parce que leurs parents ne se servent que du français pour communiquer avec eux.

Les médias pour leur part se servent presque tous du français hormis quelques journaux qui éditent en langues nationales et des émissions spéciales dans la presse audio% visuelle. Signalons la présence de radios et télévisions privées qui s'évertuent pour gagner l'auditoire à insérer dans leurs programmes beaucoup d'émissions en langues nationales.

Dans l'administration et au sein des institutions étatiques, le français est plus écrit que parlé, surtout lorsque les locuteurs se reconnaissent parler la même langue nationale.

Une étude menée par la CONFEMEN (Conférence des Ministres de l'Education Nationale ayant en commun l'usage du français) de 1985 à 1991 a révélé que les langues nationales « constituent bien des langues privilégiées en dehors de la classe, du moins lorsqu'il s'agit de situations de communication orale »7 Les renseignements recueillis pour cette étude portent sur « la langue utilisée en fonction des lieux et des contextes, sur l'utilisation de l'oral et de l'écrit dans la vie courante, sur la fréquentation des médias (Radio, télévision), sur les situation de communications, etc. »8.

En somme les langues nationales dans la vie courante sont plus utilisées que les langues étrangères selon le cas.

7 PREVOST, P., 1993, "L'enquête de la CONFEMEN", in Diagonales, n° 25, p. 42.

8 Idem, ibid., p. 41.

1.2. Les différentes étapes de tentatives de valorisation des langues nationales.

Reconnaissant l'évidence de la place des langues nationales dans la société béninoise, l'Etat a, à maintes occasions à travers des textes officiels et actes administratifs, essayé de leur accorder leur place réelle.

En effet, des textes fondamentaux aux décrets et arrêtés en passant par les déclarations politiques, rien n'a été oublié pour accorder aux langues nationales, du moins sur papier, la place qui devrait être la leur dans le firmament linguistique du Bénin. On peut citer entre autres :

- le Discours-Programme du 30 novembre 1972 ;

- la Loi fondamentale de la République Populaire du Bénin ;

- le Programme National d'Edification de l'Ecole Nouvelle (1973) ;

- l'Arrêté n° 569/MENCJS/CAB du 5 juin 1974 portant création de la Commission Nationale de Linguistique ;

- l'Ordonnance n° 75%30 du 23 juin 1975 portant loi d'orientation de l'Ecole Nouvelle ;

- le Décret n° 75%272 du 24 octobre 1975 portant alphabet des langues nationales du Bénin ;

- la Constitution du 11 décembre 1990 ;

- la Politique culturelle et charte culturelle en République du Bénin fixée par la loi n° 91%006 du 25 février 1991 ;

- la Décision du Conseil des Ministres du 15 juillet 1992 mentionnée par le Relevé des Décisions Administratives N°27/SGG/REL en date du 16 juillet 1992.

- les Etats Généraux de l'Education tenus en octobre 1990 ;

- la Loi N° 2003%17 portant Orientation de l'Education Nationale en République du Bénin ;

- etc.

Chacun de ces textes juridiques pour ce qui le concerne a accordé aux langues et cultures béninoises des bases pour leur développement. Le résumé de certains se résume comme suit :

- Discours-Programme du 30 novembre 1972 : Un mois après l'avènement de la Révolution, le Discours-Programme stipule qu'« il est nécessaire de rompre avec le carcan d'étouffement de nos valeurs culturelles et revaloriser nos langues

nationales » ;

- Programme National d'Edification de l'Ecole Nouvelle de 1973 : affirme en application du Discours-Programme que « la langue étant le véhicule d'une culture, il faudra travailler à la réhabilitation, à la défense et à l'illustration de nos cultures en introduisant nos langues dans l'enseignement » ;

- Arrete n° 154/MJLAS/DAFA de novembre 1976 : fait passer les jardins d'enfants sous la tutelle du Ministère de l'Enseignement du Premier Degré pour aboutir finalement en 1980 à l'ouverture des premiers CESE (Centres d'Eveil et de Stimulation de l'Enfant) où l'Education préscolaire était entièrement en langues nationales.

- Constitution du 11 decembre 1990 : stipule en son article 11 que « toutes les communautés composant la Nation béninoise jouissent de la liberté d'utiliser leurs langues parlées et écrites et de développer leur propre culture tout en respectant celle des autres ». Elle prescrit à l'Etat de promouvoir le développement des langues nationales d'inter- communication.

- Selon la Lettre circulaire n° 0084/MEN/EMB/DGM/DEM du 24/04/1990, « Pour permettre une transition harmonieuse entre le préscolaire et l'école primaire, l'utilisation de la langue française se fera uniquement en deuxième année de CESE et ne prendra en compte que les activités d'expression orale et les activités de pré-mathématique »

- Politique culturelle et charte culturelle en Republique du Benin (1991) : stipule en ses articles dix sept (17) et dix neuf (19) ce qui suit :

« L'Etat béninois reconnaît l'impérieuse nécessité de développer les langues nationales, vecteurs de nos cultures et instruments privilégiés du développement culturel et social »

« L'alphabétisation et l'éducation des adultes au Bénin sont un facteur important de démocratisation et un moyen irremplaçable pour l'exercice complet du droit de chaque citoyen à l'éducation et au développement »

« L'Etat béninois s'engage à oeuvrer, par tous les moyens, à l'éradication de l'analphabétisme sous toutes ses formes »

« L'Etat béninois, tout en assurant une égale promotion à toutes les langues nationales, doit préparer et mettre en oeuvre les réformes nécessaires à l'introduction progressive et méthodique de langues dans l'enseignement »

« L'Etat béninois entreprendra des actions progressives et méthodiques de généralisation de l'alphabétisation : a) en lançant une vaste et profonde

campagne d'alphabétisation de tous les citoyens ; b) en prescrivant l'initiation des agents de développement qui oeuvrent en milieu rural à la transcription des langues nationales en usage dans leur aire d'intervention ; c) en élaborant des programmes cohérents de post- alphabétisation ».

- Releve des Decisions Administratives N°27/SGG/REL du 16 juillet 1992 : Cette Décision définit le rôle de certains ministères dans le processus d'utilisation des langues nationales.

Pour l'application effective de ces dispositions, il a été demandé :

· au Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité et l'Administration Territoriale d'introduire l'utilisation des langues retenues pour la post-alphabétisation dans l'administration des localités ;

· au Ministre de l'Education Nationale (a) d'assurer l'introduction progressive des six (06) langues aux examens du Certificat d'Etudes Primaires, du Brevet Elémentaire du Premier Cycle, du Baccalauréat et autres concours, (b) d'assurer le perfectionnement et la formation des cadres de l'alphabétisation à l'Ecole Nationale d'Administration et dans les Ecoles Normales Intégrées ;

· au Ministre du Travail, de l'Emploi et des Affaires Sociales et au Ministre de la Santé Publique de prévoir une épreuve dans les langues nationales aux concours et examens professionnels ;

· au Ministre de la Culture et des Communications, d'assurer avec le Ministre de l'Education Nationale, le Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité et l'Administration Territoriale, le Ministre de la Santé Publique, le Ministre du Travail, de l'Emploi et des Affaires Sociales et autres Ministres, l'introduction progressive des langues nationales dans les systèmes éducatifs ainsi que les examens et concours professionnels

- Loi N° 2003- 17 portant Orientation de l'Education Nationale en Republique du Benin : l'enseignement est dispensé principalement en français, en anglais et en langues nationales. Les langues nationales sont utilisées d'abord comme véhicule d'enseignement dans le système éducatif. En conséquence, l'Etat doit promouvoir les recherches en vue de l'élaboration des instruments pédagogiques pour l'enseignement dans les langues nationales aux niveaux maternel, primaire, secondaire et supérieur (Article 8).

- Les Actes de la Conference Economique Nationale ; volume 1, page 53 : doter d'un budget propre, le secteur de l'alphabétisation au même titre que l'éducation formelle ; - encourager la formation des formateurs et la post- alphabétisation.

- Par ailleurs, le Programme National de Developpement Communautaire (PN DC, 1998) recommande que le volet alphabétisation soit intégré dans tous programmes ou projets (nationaux ou sectoriels) de développement quel que soit le secteur9.

1.3. Politique, planification et aménagement linguistiques au Bénin.

Selon Chaudenson (1991)10 « la politique linguistique est l'ensemble des choix en matière de langue et de culture ». Elle est entendue comme choix politiques et administratifs et s'inscrit dans une dynamique. La politique linguistique une fois explicite a pour conséquences des mesures scientifiques et techniques d'accompagnement à travers la Planification linguistique et l'aménagement linguistique.

En la matière, qu'observe-t-on au Bénin ? 1.3.1. Politique linguistique au Bénin

Les objectifs définis par la politique linguistique béninoise sont multiples et diversifiés ; ils trouvent leur fondement dans les différentes prises de décision politiques et juridiques, de la période révolutionnaire à l'avènement du Renouveau Démocratique.

Les objectifs de la politique linguistique officielle béninoise se définissent comme suit :

- introduire les langues nationales dans l'administration au niveau local (préfectures, communes, arrondissements, villages, quartiers de ville) ;

- introduire les langues nationales dans l'éducation formelle : introduire les langues nationales comme matière et par la suite comme véhicules du savoir en cohabitation avec le français dans l'enseignement (écoles, collèges, centres de formation professionnelle, universités)

- promouvoir les recherches sur les langues nationales ;

- mettre des moyens à la disposition des institutions spécialisées pour faire des recherches sur les langues nationales en vue de leur développement.

La réhabilitation des langues nationales et leur introduction dans le système éducatif formel ont été les préoccupations majeures du Gouvernement Militaire Révolutionnaire. Cela a été souligné à travers, notamment le Discours Programme du 30 novembre 1972, le Programme National d'Edification de l'Ecole Nouvelle et l'Ordonnance n° 75%30 du 23

9 MPREPE: Programme National de Développement Communautaire (PNDC), juin 1998; Composante 1: Education et formation Communautaires; Sous- programme 2: Intensification de l'alphabétisation foctionnelle de masse, page 35.

10 Cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 57.

juin 1975 portant loi d'orientation de l'Ecole Nouvelle.

A l'avènement de la Démocratie pluraliste, le peuple et les autorités ont rappelé et réaffirmé les positions initiales à travers la Constitution du 11 décembre 1990, la Politique Culturelle et la Charte Culturelle en République du Bénin, la Loi N° 2003% 17 portant Orientation de l'Education Nationale en République du Bénin et la Décision du 15 juillet 199211.

Cette politique linguistique vise plusieurs secteurs :

- l'enseignement, de la maternelle au supérieur ;

- l'administration ;

- les services socio-professionnels ;

- tous les secteurs de l'alphabétisation et de l'éducation des adultes.

« Si la Révolution démocratique et populaire en a fait un combat à travers l'alphabétisation de masse, l'action la plus concrète de l'ère du Renouveau Démocratique concernant l'éducation et les langues nationales au Bénin c'est la réforme donnant lieu aux Nouveaux Programmes d'Etudes (NPE) dans l'enseignement primaire. Le "Module Langue et Culture" est l'innovation de ces programmes d'études ; la langue maternelle est utilisée au cours de plusieurs activités (...) A la fin de l'année scolaire 1997%1998, les trente premières écoles expérimentales ont présenté leurs premiers élèves candidats au Certificat d'Etudes Primaires (CEP) et ont été évalués en langues et culture au même titre que dans les autres disciplines »12.

L'instauration du "Module Langue et Culture" ne permet pas pour autant de croire que les pratiques linguistiques sont réelles et effectives ; les secteurs socio-professionnels sont toujours en balbutiement.

En effet, les principaux résultats issus de l'application de la politique linguistique ne sont que le reflet des taux d'alphabétisation existants. Les résultats restent mitigés. La politique linguistique du Bénin se limite aux déclarations d'intention.

1.3.2. Planification linguistique au Bénin.

Après les choix politiques, l'étape suivante pour la valorisation des langues nationales et
cultures est celle qui consiste à prendre les mesures techniques et administratives
convenables pour y parvenir ; Hazoumé (1994) le trouve comme « un préalable

11 cf. Relevé des Décisions Administratives N°27/SGG/REL du 16 juillet 1992

12 Tchitchi, T. Y., 2003, "Pratique et Gestion des langues nationales au Bénin", Communication in Atelier de mise en commun des expériences en matière de gestion des langues en Afrique de l'Ouest, Rapport général, par l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie, Bamako, 19-21 nov. 2003.

nécessaire à toute action d'envergure ».

Selon Chaudenson (1991)13, la planification est « l'ensemble des opérations qui visent la programmation et les modalités de la réalisation des objectifs définis par la politique en fonction des moyens disponibles et des procédures envisagées pour cette mise en oeuvre ».

Au Bénin, les actions principales se sont limitées à :

- la création de structures scientifiques et techniques chargées de la promotion des langues nationales ;

- des insertions timides et éparses de décisions administratives en faveur des langues nationales.

Paradoxalement, les textes juridiques ne sont pas très tranchés et ne permettent pas de leur accorder une place envieuse.

Le statut de langue officielle, langue de travail et langue de l'administration, accordé au français au détriment des langues nationales reste et demeure le tout premier handicap. Surtout parce que dans le même temps aucun statut clair et privilégié n'est accordé à aucune langue nationale pouvant lui permettre de s'imposer. Ainsi, quelles que soit les actions entreprises, l'absence de `contrainte' lié au statut, donc à la place et au rôle des langues nationales sera un handicap pour leur promotion.

Selon VIGNER (1992), « Les éléments de statut sont appréhendés à l'aide des catégories suivantes : officialité ; usage institutionnalisé (textes officiels, textes administratifs, justice, administration locale, religion) ; éducation ; moyens de communication de masse (presse écrite, radio, télévision, cinéma, édition) ; secteur économique (secondaire et tertiaire). Les éléments de corpus renvoyant aux usages effectifs de la langue distinguent les milieux et les langues selon : le mode d'appropriation (acquisition ou apprentissage) ; la production et l'exposition langagières ; la compétence linguistique ; les taux de véhicularisation et de vernacularisation »14

Le statut représente donc un ensemble d'attributs importants que l'on confère à une langue et qui lui offre sa place ou son role sur le plan communicationnel et donc dans la société.

Une loi qui obligerait par exemple les députés à parler une ou des langues nationales
dans l'hémicycle, les Maires ou les élus locaux à utiliser une ou des langues nationales

13 Cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 57.

14 VIGNER, Gérard, 1992, "Situations linguistiques en Afrique" in Diagonales n° 24, p. 8.

dans leur localité, ou les services publics à accorder une place à une ou quelques langues, etc. pourrait permettre d'amorcer une utilisation institutionnelle de ces langues comme déjà largement souhaitée et explicitée dans les choix.

Le premier acte de la planification est donc relatif au statut1 5.

Les pays avancés dans le domaine l'ont si bien compris qu'ils ont pris en la matière des mesures pratiques :16

- Le Canada Québec l'a amorcé depuis 1867 en optant pour le bilinguisme (anglais, français), puis en 1972 avec l'adoption d'une « loi sur la langue officielle », et en 1977 l'adoption de la charte de la langue française ;

- Dans l'ex-Union Soviétique la politique linguistique a abouti au choix de la langue russe comme langue officielle et a fait des langues considérées comme minoritaires des langues n'ayant aucune envergure internationale ;

Avec l'éclatement de l'Union d'autres tendances ont vu le jour : certains pays comme la Lithuanie et l'Estonie ont adopté des modifications constitutionnelles pour proclamer en 1988 leurs langues respectives, langues officielles. L'année suivante, des lois à caractère linguistique furent votées ; et d'autres républiques fédérées leur emboîtaient le pas ;

- L'Inde, pays où il est attesté mille six cent cinquante deux langues maternelles a pu choisir le hindi et l'anglais comme langues nationales officielles ;

- Avec ces multitudes de parlers, l'Indonésie a donné un statut officiel à l'indonésien, langue nationale et à l'anglais, une langue étrangère ;

- En Papouasie Nouvelle Guinée, environ huit cent cinquante langues sont dénombrées ; pourtant deux langues nationales et une langue étrangère ont été reconnues comme langues officielles ;

- Au Pérou soixante langues sont parlées ; mais seulement le quechua et l'aymara sont déclarés langues d'usage officiel et l'espagnol langue officielle de la République.

- Au Nigeria, avec l'option de l'Etat,17 « le Gouvernement doit veiller a ce que le

15 Selon Hazoumé (1994 : 60), « En allant encore dans le détail, le statut recouvrirait deux réalités : le "status" et le "corpus" ». L'auteur cite Chaudenson (1991) en ces termes : « Décider par décret de faire de tel idiome la langue officielle d'un Etat est un acte qui relève de l'aménagement de status, la pourvoir d'un code graphique ou l'enrichir au plan terminologique est une opération qui concerne le corpus »

16 cf. Mauraix, J. cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 61-70.

17 Adégbija (1992), cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 68-69

medium d'instruction dans l'enseignement primaire soit, tout d'abord, la langue maternelle ou la langue de la communaute immediate et, à un stade ultérieur, l'anglais »

Abdulaziz (1992)18 ajoute que « le Nigeria a decide que le hawsa, le yoruba et l'ibo étaient les langues dominantes qu'on devrait utiliser a l'Assemblee federale à l'avenir ».

- En République Centrafricaine, le sango est reconnu comme langue nationale officielle à côté du français.

Ce sont là quelques exemples de décisions relatives au premier acte de la planification linguistique qu'est la question du statut.

Cette étape de la planification n'est pas encore amorcée au Bénin. Il est indispensable que l'Etat béninois s'y engage sans réserve.

Il est vrai, avec la décision du Conseil des Ministres du 15 juillet 1992 mentionnée dans le Relevé des Décisions Administratives N°27/SGG/REL en date du 16 juillet 1992, le Bénin a fait un grand pas. Malheureusement, plus de treize années après cette décision, aucune mesure obligatoire et contraignante conséquente n'a suivie.

La raison est toute simple : c'est une décision administrative ; elle n'a pas force de lois, et les textes fondamentaux de la République, la Constitution du 11 décembre 1990 notamment, ne confèrent aucun statut juridique aux langues nationales. Cette étape s'avère très indispensable.

Dans cette démarche il est tout de même important d'éviter une monopolisation culturelle. « Il ne s'agira pas, en choisissant de valoriser une langue régionale, de procéder à une glottophagie scandaleuse ou d'exercer un impérialisme linguistique sur un quelconque groupe. Il s'agit purement et simplement d'une question stratégique qui n'exclut aucune langue maternelle. Une position contraire consisterait à nier les cultures des groupes sociaux existant dans le pays »19.

1.3.3. Aménagement linguistique au Bénin.

L'aménagement linguistique est « l'ensemble des opérations qui permettent la réalisation
concrète des objectifs définis par la politique et programmés par la planification »20 Il est

18 Abdulaziz (1992), cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 68-69

19 Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 83.

20 Chaudenson (1991) cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 87.

« compris comme la mise en place de stratégies concertées visant la normalisation et la modernisation des langues nationales et leur adaptation aux attentes et aux pratiques sociales contemporaines »21

Selon Hazoumé (1992), « l'aménagement est d'ordre essentiellement pratique et concret. Il est l'aboutissement de deux éléments importants qui balisent la question linguistique : la politique et la planification ».

L'aménagement aborde les problèmes de normalisation, d'harmonisation et d'enrichissement des langues en se basant entre autre sur les domaines que sont la lexicographie, la lexicologie, la terminologie, la grammaire, etc. Il y a donc lieu de formuler et de financer des programmes de recherche de grande envergure devant prendre en compte :

- la description des langues ;

- la mise au point des alphabets ;

- l'élaboration de lexiques spécialisés.

Au Bénin, ces genres de travaux existent déjà ; ils devront être poursuivis et enrichir étant donné que les langues sont dans une dynamique progressiste ; elles se développent, s'enrichissent, évoluent et peuvent même mourir.

1.4. Analyse de la gestion des langues nationales au Bénin.

La Constitution du 11 décembre a consacré le français langue officielle, langue de l'administration, langue d'intercommunication. Elle a simplement laissé la liberté aux communautés composant la Nation béninoise d'utiliser leurs langues parlées et écrites et de développer leur propre culture tout en respectant celle des autres. La seule recommandation explicite c'est que l'Etat devra promouvoir le développement des langues nationales d'inter- communication.

Contrairement à ce qu'on peut être tenté de croire, le français, comme l'anglais ou le portugais ailleurs, ne sont pas imposés aux Africains par les colons. Ces langues sont des héritages appropriés et entretenus par les dirigeants africains eux-mêmes.

« La "francophonie", pour sa partie africaine, apparaît [plus] comme la gestion africaine de l'héritage colonial plutôt que comme l'imposition par l'ancienne puissance coloniale de sa langue... »22

21 CILDA (1992), cité par Marc-Laurent HAZOUME, 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant, p. 87.

22 CALVET, L.-J., 1992, "Les langues nationales à l'école : un débat passionné, un serpent de mer", in Diagonales n° 21, p. 23.

« La période des indépendances loin de gêner la pénétration du français en Afrique l'a, paradoxalement, renforcée. Juridiquement, le français devenait langue officielle et, dans la plupart des pays francophones, langue d'enseignement »23

« Le fait que le français soit reconnu comme langue officielle d'un Etat ne signifie pas pour autant que sa population soit vraiment et pleinement francophones, (...), les statistiques sur la démographie des francophones souffrent nombre de démentis dès qu'on aborde l'étude à partir de critères socio et géolinguistiques »24

En Afrique, en général le taux de communication réel en français ou en anglais tend à se restreindre aux groupes de la population qui ont accès aux fonctions sociales supérieures assurées par la langue officielle (enseignement, administration, relations publiques et internationales).

Mais l'histoire a carrément fait du français, non seulement la langue officielle du Bénin mais la langue inter ethnique. En effet, il se comporte comme tel car reste et demeure l'unique moyen de communication utilisé par des hommes et des femmes de régions ethniques différentes lorsque, aucune langue véhiculaire ne les unit. D'aucuns soutiennent que de par sa fonction dans la société, le français est unificateur ; en réalité il n'est réservé qu'à une infirme partie de la population (moins de 20%), et pour ce faire, il crée une ségrégation non pas raciale heureusement mais sociale : une classe de privilégiés d'une part et une autre de défavorisés de l'autre.

La responsabilité des hommes politiques africains dans la situation actuelle est donc très grande. Il faudra sincèrement sortir des grands discours, des déclarations d'intention sur la défense, la promotion et l'utilisation des langues nationales et des cultures africaines. « Ici comme ailleurs la `magie du verbe' est de peu d'utilité, les grands discours ne servent qu'à masquer la volonté de ne rien changer, et il ne saurait y avoir de relations saines et harmonieuses entre le français et les langues africaines sans que chacune des parties prenantes ne se donne les moyens d'une approche scientifique du problème. Alors (...) on pourra loin de toute démagogie poser sainement et sereinement les problèmes »25

Au Bénin, comme nous l'avons montré plus haut, beaucoup de dispositions politiques,
administratives et juridiques ont été prises pour l'utilisation judicieuse des langues
nationales et leur promotion. Tout est en effet mis en place pour que les langues

23 ALBERIC, Gérard, & HAÏTSE, Véronique, 1992, "Le français et le plurilinguisme en Afrique" in Diagonales n° 24, p. 6.

24 LATIN, Danièle, 1992, "Langues en présence. Multilinguisme et francophonie", in Diagonales n° 21, p. 30.

25 CALVET, L.-J., 1992, "Les langues nationales à l'école : un débat passionné, un serpent de mer", in Diagonales n° 21, p. 23.

nationales soient utilisées :

- dans le système éducatif formel,

- dans l'administration,

- dans les institutions de l'Etat Bénin

- dans les échanges commerciaux

- etc.

Seulement ces mesures administratives prises en matière de langues nationales n'ont pas un caractère contraignant et n'obligent pas réellement au développement et la promotion des langues nationales.

En stipulant que « l'alphabétisation et l'éducation des adultes au Bénin sont un facteur important de démocratisation et un moyen irremplaçable pour l'exercice complet du droit de chaque citoyen à l'éducation et au développement »26, la Charte Culturelle n'a fait qu'un constat et une déclaration scientifique ; cela n'est pas assorti de mesures concrètes et pratiques.

Selon Henri Hessou, 1992, « pour jouir pleinement de ce droit, chaque Béninois ou chaque Béninoise doit maîtriser d'abord la lecture, l'écriture et le calcul élémentaire en sa langue maternelle et dans la langue de travail reconnue par la constitution béninoise du 11 décembre 1992 »27.

Des décisions importantes sont prises. Il reste à les opérationnaliser sur les plans juridiques, administratifs et techniques afin que le discours laisse la place à la concrétisation des pensées.

1.5. Comment opérationnaliser la politique linguistique du Bénin ?

Toutes les options choisies en matière de langue et de culture depuis l'avènement de la révolution jusqu'à nos jours dénotent de la volonté collective du peuple béninois et de ces gouvernants successifs de promouvoir les langues et cultures nationales.

La politique linguistique au Benin est tres explicite, du moins a travers les textes et les declarations politiques. Le principal probleme reste et demeure son operationnalisation.

En effet, pour rendre plus efficace toute politique linguistique, certains préalables

26 Loi n° 91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle en République du Bénin, art. 18.

27 Hessou, H. D., 1992, « L'alphabétisation et l'éducation des adultes à travers les textes béninois » in L'Alphabétiseur, Périodique d'information et de documentation sur l'alphabétisation et l'éducation des adultes, n° 002 Spécial, décembre 1992.

s'imposent : donner les moyens psychologiques, matériels, financiers et techniques pour son application ; prévoir et appliquer des sanctions.

1.5.1. Des moyens pour l'opérationnalisation de la politique linguistique au Bénin.

Il urge en effet, de prendre des mesures administratives favorables à l'acceptation psychologique de la promotion des langues nationales.

La première chose à faire est de faire voter une loi pour accorder un statut clair et confortable aux langues nationales ou à défaut à certaines langues d'inter communication régionale, des langues véhiculaires assez pratiquées qui servent très bien de langues inter ethniques dans la plupart des cas.

Cela devrait permettre de faire de l'enseignement/apprentissage des langues nationales une passerelle pour l'emploi et les responsabilités administratives et politiques ;

Rendre obligatoire l'usage des langues nationales dans le systeme educatif formel ;

- introduire progressivement comme matière et comme moyen
d'enseignement/apprentissage ;

- rendre l'usage des langues nationales obligatoires dans les institutions et structures de l'Etat.

Il urge pour y parvenir de résoudre le problème de terminologie et de matériels didactiques :

- élaborer des matériels adéquats dans les langues nationales ;

- concevoir des lexiques pour la masse analphabète ;

- concevoir des lexiques spécialisés ;

- concevoir des dictionnaires dans les langues nationales (bilingues et unilingues).

1.5.2. Des actions pour l'opérationnalisation de la politique linguistique au Bénin.

Des actions stratégiques doivent êtres menées pour opérationnaliser la politique
linguistique du Bénin ; elles pourront se présentant sous forme de stimulant ou de

sanction selon le cas. Au nombre de ces actions, nous pouvons avoir entre autres :

- valoriser le corps des alphabétiseurs et leur fonction par une réglementation adéquate leur accordant une place sociale digne de ce nom (supprimer le bénévolat, exiger un diplôme minimum pour intégrer le corps, classer les alphabétiseurs dans un corps de la fonction publique, etc.)

- affecter un coefficient élevé aux matières enseignées dans les langues nationales ;

- délivrer des diplômes ayant même valeur que ceux obtenus dans les langues

étrangères ;

- considérer comme atout supplémentaire les diplômes obtenus en langues nationales pour l'octroi de l'emploi à un demandeur ;

- organiser périodiquement les concours en langues nationales pour les recrutements ;

- exiger la maîtrise orale et écrite de l'une des langues nationales à tout postulant à un poste de responsabilité, administrative ou politique.

Ces quelques propositions et d'autres encore vont « contribuer à rétablir les langues
nationales dans leur rôle de développement et d'incitation à la créativité et à l'ingéniosité.
Impulser le développement réel réside inéluctablement dans la maîtrise parfaite des

langues nationales ». Les cas du Japon, de la Chine, de la Corée du Nord et des Quatre Dragons28 en sont une illustration tangible.

28 Les « Quatre dragons » d'Asie orientale regroupent la Corée du Sud, Singapour, Taïwan et Hong Kong, cette dernière région étant rattachée à la Chine depuis juillet 1997). Ces pays ont été surnommés les quatre dragons, ou les quatre tigres, en raison de leur formidable dynamisme économique, qui s'appuie sur d'importants capitaux, mais aussi sur un coût de main-d'oeuvre assez bas. cf. (c) Encyclopédie Encarta, 1993-2003 Microsoft Corporation.

Chapitre 2. Aperçu général sur la notion d'enseignement / apprentissage.

2.1. L'éducation, au commencement.

L'éducation est l'action ou la manière d'éduquer, d'être éduqué ; c'est l'ensemble des aptitudes intellectuelles et physiques et des acquisitions morales de quelqu'un. C'est la connaissance des bons usages d'une société savoir-vivre.

Eduquer, c'est former l'esprit de quelqu'un, développer ses aptitudes intellectuelles, physiques, lui faire acquérir des principes moraux.

La notion d'éducation remonte aux confins de l'histoire de l'humanité. Dans le monde antique, les premiers systèmes d'éducation connus se développèrent dans les civilisations indienne et égyptienne à partir du IVe millénaire av. J.-C. Ces sociétés, très hiérarchisées, réservaient l'éducation intellectuelle aux membres des castes élevées et confiaient l'enseignement aux autorités religieuses, "brahmanes" en Inde ou prêtres en Égypte. Les castes inférieures recevaient une éducation avant tout familiale et une instruction élémentaire.

En Chine, sous l'influence des philosophes Lao-tseu et Confucius29, un large accès à l'éducation fut favorisé. En Inde, sous l'impulsion du Bouddha, des "jingshi", ou professeurs, se rendirent de ville en ville pour psalmodier les chants sacrés, les sutras. Ces maîtres étaient accompagnés d'un "fujiangshi" ou répétiteur qu'ils avaient formé, et dont la tâche consistait à traduire et à expliquer dans le dialecte local les paroles des sutras chantés par le maître. Le bouddhisme inventa ainsi une forme d'enseignement accessible à tous.

À la Renaissance30, les humanistes travaillent à un renouveau de l'éducation et de l'instruction. Les études, plus systématiques, comportent désormais des niveaux, et les disciplines se diversifient.

L'éducation nouvelle, est un courant de la pédagogie né à la toute fin du XIXe siècle et

29 Souvent appelé le « premier éducateur », Confucius, que de nombreuses estampes représentent entouré par ses élèves, fut l'un des premiers penseurs à articuler la relation entre la réflexion individuelle et le savoir apporté par l'enseignant, faisant valoir qu'«apprendre sans réfléchir est peine perdue [et que] réfléchir sans apprendre est dangereux».

30 La Renaissance est la période de l'histoire européenne où s'est manifesté un intérêt renouvelé pour les arts et la culture de l'Antiquité. La Renaissance a débuté dans l'Italie du XIVe siècle et s'est étendue à l'Europe occidentale au XVIe siècle. Durant cette période, la société féodale morcelée du Moyen Âge, avec son économie agricole et sa vie intellectuelle et culturelle dominée par l'Église, s'est transformée en une société de plus en plus subordonnée à des institutions politiques centralisées, avec une économie urbaine et commerciale, et un patronage laïque de l'enseignement, des arts et de la musique.

prônant la participation active de l'enfant à sa propre formation.

L'innovation essentielle apportée par l'éducation nouvelle réside dans quelques principes simples : cherchant à rendre l'enfant actif, elle part de ses centres d'intérêt, s'efforce de susciter la coopération plutôt que la compétition, privilégie la découverte par rapport à l'exposé. En tenant compte des rythmes de développement de l'enfant, l'éducation nouvelle est davantage conçue comme une hygiène du mental plutôt que comme une accumulation de connaissances pour elles-mêmes.

La notion d'éducation a subit une dynamique évolutive qui, au fil des temps, a donné naissance à des notions connexes et très associées comme la didactique, la pédagogie, l'enseignement, l'apprentissage, l'évaluation etc.

2.2. L'enseignement et l'apprentissage.

L'enseignement et l'apprentissage sont deux notions qui, de par leur objet, se complètent. Pour faire ressortir les rapprochements, les différences et la complémentarité de ces deux notions jumelles, nous nous servirons de quelques définitions.

2.2.1. L'enseignement.

L'évolution de l'enseignement se fit en Grèce antique par l'introduction du "pédagogue". À l'origine, on nommait ainsi l'esclave chargé d'accompagner les enfants à l'école. Cet esclave fut chargé d'enseigner à l'enfant, notamment par la pratique des sports, à devenir un "kalos kagathos", un homme "beau et courageux". Les sophistes et, sous l'influence de Socrate, les philosophes, poursuivirent dans cette voie en développant les qualités de raisonnement et d'expression des adolescents, afin de parfaire leur formation de citoyen.

Après l'apprentissage élémentaire de la lecture et de l'écriture, l'élève devait acquérir les sciences des nombres, puis développer, par l'étude de la rhétorique, ses facultés d'expression et de persuasion. Les plus doués achevaient leur apprentissage par celui du raisonnement "dialectique", c'est-à-dire par l'étude de la philosophie. Chaque branche du savoir était étudiée séparément, et pouvait faire l'objet de recherches poussées. L'un des élèves de Platon, Isocrate31, fonda une école spécialisée dans la rhétorique, où l'on apprenait à organiser son discours -- de l'exorde à la péroraison --, à varier les genres -- humble, tempéré, sublime --, à maîtriser les figures de style et le rythme de la phrase.

31 Isocrate (436-338 av. J.-C.), orateur et professeur athénien dont les écrits sur la politique et l'éducation constituent un important document historique. Isocrate naquit dans une riche famille d'Athènes, fut l'élève et le disciple de Gorgias, de Socrate et de Platon. (c) 1993-2003 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Les Romains instaurèrent des écoles sur tout l'Empire. Ils fixèrent d'abord l'enseignement de la lecture et de l'écriture assuré par un primus magister, qui s'adressait aux enfants à partir de l'âge de sept ans ; puis un second stade d'enseignement, assuré par le grammaticus, qui portait sur la grammaire, les connaissances générales et s'adressait aux enfants à partir de onze ans ; enfin un troisième niveau, sous la direction du « rhéteur », dans lequel les adolescents les plus brillants pouvaient apprendre l'art oratoire et les éléments du droit.

Dans le monde médiéval, l'enseignement donnait lieu à une interprétation de la Torah, la Halakha, qu'il fallait suivre, et à des commentaires ou paraboles, la Aggadah, propices à de nouveaux développements. Ainsi défini, l'enseignement était à la fois ce qui intégrait l'individu à son peuple et ce qui lui traçait une perspective d'évolution dans laquelle se rejoignaient les exigences théoriques, morales et religieuses.

En somme, l'enseignement est l'action ou la manière d'enseigner, de transmettre des connaissances. C'est la profession de celui qui enseigne ; c'est une leçon donnée par les faits ou l'expérience. Enseigner, c'est faire acquérir la connaissance ou la pratique32

2.2.2. L'apprentissage.

Le mot apprentissage dérive du verbe apprendre qui signifie "acquérir ou faire acquérir la connaissance ou l'information"33 C'est l'action d'apprendre un métier manuel ; c'est la formation professionnelle des apprentis.

Selon l'Encyclopédie Encarta34,l'apprentissage est une « forme d'éducation alternée ayant pour but de donner à des jeunes de 16 à 25 ans une formation générale, théorique et pratique, en vue de l'obtention d'une qualification professionnelle sanctionnée par un diplôme ou un titre à finalité professionnelle ».

Très largement pratiqué au Moyen Âge dans le cadre du compagnonnage et des corporations, l'apprentissage reste le mode de formation privilégié de toutes les professions artisanales. Le taux préoccupant de chômage -- tout particulièrement chez les jeunes -- a redonné à l'apprentissage une actualité qu'il avait un temps perdu : certaines analyses indiquent, en effet, que l'inadéquation des formations assurées par l'école aux besoins des entreprises est l'une des causes principales de ce taux d'inactivité. Le recours à l'apprentissage apparaît, dans ce contexte, comme l'un des moyens de rapprocher l'école de l'entreprise, de mieux combiner formation théorique et pratique professionnelle et de favoriser ainsi l'insertion des jeunes dans la vie active. La

32 Le Petit LAROUSSE Illustré 2005, Dictionnaire, 100ème édition.

33 Le Petit LAROUSSE Illustré 2005, Dictionnaire, 100ème édition

34 (c) 1993-2003 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

politique de formation des jeunes, notamment en faveur de ceux qui ont peu de qualifications, a ainsi mis l'accent depuis le milieu des années 1980 sur le développement de la formation en alternance. Depuis les années 1990, les mesures se multiplient pour la mise en oeuvre du développement et de la rénovation de cette filière, dans laquelle l'Éducation nationale prend une part active.

L'apprentissage constitue, avec l'enseignement professionnel, l'une des deux voies de la formation professionnelle initiale, qui se distingue de la formation continue en ce qu'elle concerne des jeunes non encore engagés dans la vie active.

En somme, l'apprentissage est un processus d'acquisition, par un animal ou un être, de connaissances ou de comportements nouveaux, sous l'effet des interactions avec l'environnement.

2.3. La Pédagogie.

La Pédagogie est une théorie de l'enseignement, qui s'est imposée à partir du XIXe siècle comme science de l'éducation, ou didactique expérimentale, et s'interroge aujourd'hui sur les conditions de réception du savoir, sur le contenu et l'évaluation de celui-ci, sur le rôle de l'éducateur et de l'élève dans le processus éducatif et, plus globalement, sur les finalités de cet apprentissage, indissociable d'une norme sociale et culturelle.

La notion de pédagogie est indubitablement liée à celle de l'éducation, de l'enseignement, de l'apprentissage etc.

2.3.1. Des pédagogies traditionnelles à la recherche d'une méthodologie.

L'Antiquité concentrait la problématique de l'éducation sur la formation générale de l'Homme et du citoyen (la paidéia), privilégiée par rapport à la question de la transmission et du contenu des connaissances au sens étroit du terme. Dans ce contexte, on considérait la dialectique et la maïeutique, que Socrate mettait en pratique dans ses fameux dialogues, comme des techniques capables de faire progresser le raisonnement et la connaissance. Il en était de même pour Platon et pour Aristote, pour lesquels la pédagogie devait être mise au service de fins éthiques et politiques.

Succédant à cette vision, celle qui prévalut durant le Moyen Âge s'inscrivait dans le cadre de la scolastique, dont on retrouve les principes exposés notamment chez saint Augustin et saint Thomas d'Aquin ; la pédagogie était alors assimilée à un catéchisme. Les méthodes d'éducation, qui mettaient l'accent sur la communication entre maître et élève, se fondaient, au travers d'un enseignement essentiellement axé autour de la linguistique, sur la transmission de la foi. Caricaturée, notamment par Rabelais dans Gargantua (1534), cette méthode, qui privilégiait la mémorisation et l'imitation, resta en

vigueur dans les écoles jusqu'au XVIIe siècle.

Rompant avec ces conceptions dont l'aspect stérilisant et répétitif était largement dénoncé, Érasme fut le premier à mettre en valeur l'importance de l'affectivité et du jeu dans l'apprentissage de la connaissance. Poursuivant cette réflexion, Comenius présenta, pour la première fois, une méthodologie propre de l'éducation, reposant sur une identification de la pédagogie avec la didactique. À partir du projet d'une didactica magna « instruction universelle » obéissant à des principes religieux et humanistes, il se proposait de mettre en oeuvre un système d'éducation permettant de ménager, par son organisation en cycles, la progression morale et intellectuelle de l'élève.

C'est cependant à partir du Siècle des Lumières35 que la réflexion sur la pédagogie prit un véritable essor, notamment avec Jean-Jacques Rousseau. Posant comme principe fondateur la spécificité de l'enfant, non plus conçu comme un adulte en réduction mais comme un être manifestant des besoins et des satisfactions spécifiques, l'auteur de l'Émile ou De l'éducation fixa au pédagogue la mission d'observer les dispositions de l'enfant et de chercher à en favoriser le développement, suivant les enseignements du précepte «laissez croître ». Parallèlement, Rousseau insistait sur l'objectif fondamental de l'éducation, celui d'éduquer l'Homme en puissance.

2.3.2. Problématiques modernes de la pédagogie.

À mesure que les systèmes d'enseignement connaissaient une expansion sans précédent dans l'ensemble des pays développés, le statut de la pédagogie faisait l'objet de nouvelles réflexions et suscitait la naissance de courants parfois opposés.

Ainsi, Émile Durkheim soulignant que la pédagogie était un produit, celui d'un moment donné de l'histoire, lui assigna parallèlement pour mission de constituer un projet, susceptible de préparer l'enfant à la société dans laquelle il sera appelé à évoluer. Comprise dans une perspective relativiste, la pédagogie a, depuis la fin du XIXe siècle, été confrontée à ses objectifs, dans le cadre d'une interrogation qui ouvre la voie à la pluralité des conceptions pédagogiques et fait d'elle, bien souvent, un champ d'affrontements.

Contre l'aspect jugé trop normatif de l'éducation scolaire, un courant s'est mis en place,

35 Siècle des Lumières est un terme qui désigne le XVIIIe siècle en tant que période de l'histoire de la culture européenne, marquée par le rationalisme philosophique et l'exaltation des sciences, ainsi que par la critique de l'ordre social et de la hiérarchie religieuse, principaux éléments de l'idéologie politique qui fut au fondement de la Révolution française. L'expression était déjà fréquemment employée par les écrivains de l'époque, convaincus qu'ils venaient d'émerger de siècles d'obscurité et d'ignorance et d'entrer dans un nouvel âge illuminé par la raison, la science et le respect de l'humanité.

(c) 1993-2003 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

qui se caractérise par sa référence idéologique constante au spontanéisme. Partant de l'enfant, l'éducation nouvelle se présente comme une extension de la méthode scientifique au domaine de l'éducation.

2.3.3. La pédagogie institutionnelle.

La pédagogie institutionnelle est inventée par Oury, Fernand (1920%1998), pédagogue français. C'est le fruit d'un long travail de terrain, en même temps que le résultat d'une profonde réflexion ouverte sur d'autres domaines des sciences humaines telles que la psychanalyse ou la psychologie, et sur les travaux de Jacques Lacan et de Françoise Dolto notamment. Pour Fernand Oury, les outils matériels de l'enseignement, pas plus que les techniques pédagogiques (y compris celles inspirées de la pédagogie active) ne suffisent à créer les conditions d'un bon enseignement : il faut prendre en compte egalement les aspects lies au groupe et aux relations entre les individus.

Concretement, et a l'oppose du "laisser-faire" qui prevaut parfois ailleurs, la pedagogie institutionnelle propose de donner a tous la parole et le pouvoir, afin de permettre l'emergence du desir d'apprendre. Cette prise de parole passe en particulier par le Conseil, institution scolaire au sein de laquelle l'enfant peut s'exprimer, critiquer, proposer. Cette approche privilégie l'enfant comme acteur de ses apprentissages. À mesure que l'implication de l'enfant s'améliore, celui-ci se voit remettre un grade (extériorisé par une ceinture semblable à celle du judo) qui marque à la fois sa progression et ses responsabilités, puisque les plus gradés doivent aider les autres.

2.3.4. La Psychopédagogie.

La psychopédagogie est l'ensemble des méthodes utilisées par des spécialistes de l'éducation pour l'apprentissage et pour l'enseignement. Le champ de la psychopédagogie a des points communs avec d'autres disciplines de la psychologie, comme le développement de l'enfant et de l'adolescent ou la psychologie sociale.

Les psychologues américains proposent des théories partielles sur les phénomènes de l'apprentissage, de la motivation, du développement, de l'enseignement et de la pédagogie.

Dans leurs recherches ils ont émis plusieurs théories de l'apprentissage, de la motivation
(dans les situations de réussite ou d'échec scolaire. Cette théorie propose des tests
permettant de déterminer si les apprenants attribuent leur succès à la chance ou à leur

travail), de Développement36 etc. 2.4. L'évaluation.

L'évaluation scolaire est l'ensemble des techniques et des dispositifs qui permettent de fournir à l'élève, aux enseignants, aux parents et à l'institution scolaire des informations sur les connaissances et les compétences scolaires acquises par cet élève.

Depuis la fin des années 1980, cette forme d'évaluation se double d'un arsenal d'évaluations de masse visant notamment à s'informer sur le niveau global d'une classe d'âge, sur les résultats des établissements, sur l'évolution des connaissances des élèves, etc. De plus en plus diversifiées, ces évaluations jouent un rôle majeur dans les politiques éducatives et sont devenues des instruments de pilotage d'un système éducatif où le souci d'efficacité du dispositif d'enseignement prend progressivement le pas sur le jugement normatif.

On oppose souvent l'évaluation sommative à l'évaluation formative. 2.4.1. L'évaluation sommative.

L'expression « évaluation sommative » désigne la forme d'évaluation la plus courante. Elle comprend les interrogations orales et écrites, « les compositions », les tests, les examens périodiques dits « partiels » et les examens proprement dits. « Elle intervient après un ensemble de tâches d'apprentissage, après une formation, constituant un tout, correspondant, par exemple, à un chapitre de cours, à l'ensemble des cours d'un trimestre. Les examens périodiques, les interrogations d'ensemble sont des évaluations sommatives » (G. de Lansheere, rapporté par ENCARTA)

Par cette forme d'évaluation, on se propose, à un moment donné de l'apprentissage, d'établir un bilan, si possible fiable, des acquisitions effectives des élèves. L'élève, préparé à ce mode de contrôle, doit montrer ce qu'il a appris.

Considérée plus globalement, au niveau des résultats d'une classe, d'une école, d'un collège, l'évaluation sommative permet de mesurer l'efficacité globale d'un programme d'enseignement.

L'évaluation sommative est, dans sa forme la plus courante, la notation, un processus
normatif s'adressant à l'élève, mais aussi aux parents et à l'administration scolaire. La
note donnée au travail de l'élève par l'enseignant est immédiatement comparée à une

36 Le psychologue suisse Jean Piaget a élaboré une théorie selon laquelle l'intelligence de l'enfant se construit par étapes successives ; il établit que l'interaction des enfants avec leur environnement permet d'étayer solidement leurs outils intellectuels par une bonne adaptation aux rythmes du développement psychoaffectif. Cette approche a influencé l'ensemble de la pédagogie et de la psychologie

norme, la fameuse moyenne. La validité de ce jugement normatif se heurte à l'arbitraire qui caractérise inévitablement tout système de notation. En dépit des efforts entrepris pour limiter cet arbitraire, nombreux sont les facteurs qui continuent d'influencer plus ou moins consciemment le jugement de l'enseignant (identité sociale de l'élève, sexe, etc.). La note dépend en outre du « style » de l'enseignant et des critères, variables d'un enseignant à l'autre, sur lesquels il fonde son jugement.

2.4.2. L'évaluation formative.

L'évaluation formative, quant à elle, se propose « d'assurer la régulation des processus de formation, c'est-à-dire de fournir des informations détaillées sur les processus et / ou les résultats d'apprentissage de l'élève afin de permettre une adaptation des activités d'enseignement / d'apprentissage. » (L. Allal). Selon G. de Landsheere, il s'agit « de dresser un état d'avancement, de reconnaître où et en quoi un élève éprouve une difficulté et de l'aider à la surmonter. Cette évaluation ne se traduit pas en notes, et encore moins en scores. Il s'agit d'une information en retour (feedback) pour l'élève et pour le maître. »

L'évaluation formative, qui se joue entre l'enseignant et les élèves, est davantage un processus interne au dispositif d'enseignement et intégré à celui-ci. Elle se donne comme objectif premier d'améliorer le programme d'enseignement. L'enseignant, dans sa démarche d'évaluation, s'intéresse moins à la performance globale qu'au détail de celle-ci. Il considère dès lors les résultats exacts autant que les erreurs, qui renseignent sur les difficultés des apprentissages et / ou sur les défauts de l'enseignement. L'analyse réalisée par l'enseignant à partir des résultats des élèves lui fournit des indications sur les éléments de son enseignement perçus ou non, qui l'aideront à orienter ou réorienter la suite des cours : reprendre certains cours, expliquer à nouveau à certains élèves, donner des exercices supplémentaires, proposer des travaux de groupes hétérogènes, apporter des aides spécifiques, etc. La démarche d'évaluation formative est liée à un souci de pédagogie différenciée.

La différence entre évaluation sommative et évaluation formative tient plus au fond qu'à la forme. Les mêmes exercices, les mêmes supports d'évaluation peuvent être communs aux deux démarches. C'est l'objectif qui diffère. Dans le premier cas, on cherche à mesurer la performance des élèves presque indépendamment de la manière dont l'enseignement a été dispensé. Dans le second, on s'interroge sur l'efficacité du dispositif d'enseignement.

Mais il faut reconnaître que si la distinction entre évaluation sommative et évaluation formative est claire en théorie, les pratiques effectives d'évaluation participent plus ou moins de ces deux formes d'évaluations.

2.4.3. L'évaluation institutionnelle.

Une des préoccupations récentes de l'institution scolaire est d'évaluer « le rendement scolaire » à travers notamment la mesure des niveaux et des performances scolaires. Depuis 1989, le ministère de l'Éducation nationale a confié à un service spécialisé, aujourd'hui appelé Direction de la programmation et du développement (DPD), l'évaluation du niveau des élèves en mathématiques et en français, en début de CE2 et en début de 6e, ainsi qu'à l'entrée en classe de seconde. Ces évaluations à visée diagnostique concernent, à chaque début d'année scolaire, l'ensemble des élèves de ces classes. Les résultats sont utilisés à plusieurs niveaux.

Ils sont d'abord exploités au niveau de la classe. Chaque élève est évalué à l'aide de plusieurs critères ; en mathématiques : travaux numériques, travaux géométriques, mesure, résolution de problèmes ; en français : compréhension, production de texte, repérage dans le temps et l'espace. Avec la moyenne obtenue par la classe, le score le plus faible et le score le plus élevé, l'élève peut comparer ses résultats et se situer. Ces informations disponibles en début d'année sont utiles à l'enseignant, car elles lui permettent de connaître rapidement le niveau de ses élèves et de sa classe. Elles favorisent également la mise en place des réorientations nécessaires.

On peut également, grâce aux résultats de l'élève, obtenir des statistiques concernant l'école ou le collège.

À un niveau plus général, les statistiques au plan national permettent d'identifier les secteurs scolaires en difficulté. Une adaptation des ressources pédagogiques aux besoins identifiés est alors possible. Elles permettent également de suivre l'évolution des performances des élèves d'année en année. Grâce à ces statistiques, croisées avec d'autres données (retards scolaires, origines sociales), il est possible de décrire les contextes des réussites et des échecs scolaires.

2.5. L'enseignant, l'élève et l'évaluation. 2.5.1. L'enseignant et l'évaluation

Pendant qu'il prépare son cours, l'enseignant programme les moments où des évaluations seront faites pour analyser les effets de son enseignement. Ce sont des moments d'évaluation provoqués, prévus et négociés avec les élèves.

Tout en dispensant son cours, l'enseignant tente d'évaluer la portée de ses actes pédagogiques. À l'attention qu'il suscite, aux interrogations qu'il induit ou provoque, il perçoit et analyse les effets de son enseignement : l'acte même d'enseigner contient une forme d'évaluation que l'on peut qualifier d'« évaluation incidente ».

L'incidence des résultats des évaluations est plus ou moins importante selon les contextes et les conditions de l'évaluation : on n'accordera pas la même valeur au résultat d'une interrogation orale portant sur la leçon donnée la veille qu'à celui d'un contrôle intervenant après des révisions portant sur l'ensemble des cours d'un trimestre.

L'enseignant peut utiliser divers moyens pour effectuer ses contrôles. Aux exercices qu'il crée, il peut associer ceux proposés par les manuels scolaires ou les banques de données disponibles sur différents supports (CD-ROM, Internet, revues des mouvements pédagogiques, etc.). Entre plusieurs exercices, il choisira celui correspondant à ses objectifs.

Enfin, il faut noter que la correction des devoirs ou contrôles, est un autre moment fort de l'enseignement où se jouent un certain nombre d'ajustements explicites du contrat entre l'enseignant et sa classe. C'est dans cette phase d'enseignement que l'enseignant doit revenir sur le cours en précisant ses objectifs. L'analyse des résultats corrects et des démarches erronées lui permet d'affiner ses explications.

2.5.2. L'élève et l'évaluation.

Plus que des sanctions, les notes ou appréciations données doivent fonctionner comme des repères.

L'évaluation fait aussi partie du métier de l'élève. Il doit savoir qu'en classe, il doit être attentif, essayer de comprendre, participer à la vie du groupe, répondre aux questions ou formuler ses propres interrogations. De même, il doit savoir que son travail va être régulièrement évalué. L'évaluation ne doit pas le surprendre. Les indications fournies par l'enseignant pendant le cours le renseignent sur ce qu'il est important de retenir, de savoir faire. Il est généralement informé des conditions dans lesquelles il aura à faire la preuve de ce qu'il a appris.

Plus que des sanctions, les notes ou les appréciations données doivent fournir à l'élève des repères, des moyens de situer ses progrès ou ses difficultés.

Un élève autonome est un élève qui sait gérer ses apprentissages et, en particulier, qui sait s'auto-évaluer.

2.6. Tendances actuelles et développement.

Les chercheurs en psychopédagogie s'orientent actuellement vers l'étude du traitement de l'information ; ils analysent les techniques d'acquisition de l'information, son interprétation et son encodage, son classement et sa restitution. Des découvertes récentes sur les processus cognitifs ont amélioré la compréhension des mécanismes de la mémoire, de la créativité et de la résolution de problèmes. Par ailleurs, chaque

nouvelle théorie d'évaluation des capacités et des aptitudes conduit les psychopédagogues à développer de nouveaux tests.

Les psychologues de l'éducation s'occupent des processus d'éducation et d'apprentissage. Ainsi peuvent-ils, par exemple, concevoir de nouvelles méthodes d'enseignement de la lecture ou des mathématiques afin d'améliorer l'efficacité de l'enseignement dans les classes.

De nos jours, la psychologie est une discipline de plus en plus spécialisée et soumise à des influences issues de champs théoriques très divers. La psychologie de l'enfant a été considérablement influencée par les observations et les «expériences cliniques» de Jean Piaget. Les psychologues qui s'intéressent au langage et à la communication ont, quant à eux, été marqués par la révolution inaugurée par le linguiste américain Noam Chomsky dans la pensée linguistique. Les progrès réalisés dans le domaine du comportement animal et de la sociobiologie ont contribué à élargir sensiblement le champ et les techniques de recherche de la psychologie. Les travaux éthologiques de Konrad Lorenz et de Nikolaas Tinbergen, qui étudiaient les animaux dans leur habitat naturel et non en laboratoire, ont attiré l'attention sur l'unicité de l'espèce et de son développement comportemental.

L'évaluation fait partie intégrante du métier d'enseignant ; c'est un des actes pédagogiques majeurs. On ne peut, en effet, imaginer de projet d'enseignement sans projet d'apprentissage et, par là même, sans projet d'évaluation de cet apprentissage. Cet ensemble complexe amène les spécialistes en éducation à adopter le concept global d'enseignement/apprentissage/evaluation.

Chapitre 3. L'enseignement / apprentissage en langues nationales.

3.1. Les limites de l'école classique actuelle.

En Afrique en général, l'enseignement/apprentissage est assuré en langues étrangères, langues des puissances colonisatrices ; langues que l'écolier africain ne parle généralement pas dans son milieu familial et qu'il n'a, quelquefois, jamais entendues. La langue d'enseignement n'est donc pas la langue maternelle de l'enfant.

L'enfant africain, entrant à l'école est de ce fait immédiatement confronté au problème du code linguistique d'apprentissage et d'acquisition du savoir. Les premières gymnastiques intellectuelles difficiles et délicates sont la compréhension, l'expression et la lecture qui soutiennent les autres disciplines d'acquisition du savoir comme le calcul, les différentes sciences etc.

Selon NIANG (1993), « Si la lecture pose des problèmes partout mélangés et complexes, et particulièrement les premiers apprentissages, les réalités africaines ne manquent pas d'ajouter les leurs, spécifiques à l'école francophone »37 « Ce que l'on a coutume d'appeler les préalables, indispensables au départ pour de bons apprentissages scolaires, peuvent être négligés, ou sous-estimés »38, sans oublier que « les difficultés d'adaptation au système de socialisation scolaire ne sont pas toujours prises en compte »39.

Il faudra aussi tenir compte du fait qu'en Afrique, même avant l'école « l'enfant est presque toujours confronté à une situation linguistique complexe, jamais simple en tout cas. Il est toujours en situation de diglossie ou de multilinguisme. Et le seul cas de figure qui ne soit pas représenté dans sa vie quotidienne est celui du monolinguisme »40

N'occultons toutefois pas le fait que l'enfant peut bien surmonter ces difficultés liées à la barrière linguistique par la motivation et le désir d'apprendre émanant des aspirations de son entourage dont les perspectives de promotion sociale passent par l'école.

« Dans cet inconnu, un découpage du réel différent de celui de sa langue n'est pas non
plus, (...) la moindre difficulté. L'élève aura à se débattre, à se `débrouiller', entre
`système linguistique' et `système de pensée' dont les rapports de déterminations ne sont

37 Niang, Gilbert, 1993, "Lire en Afrique. Réalités Africaines", in Diagonales, n° 25, p. 22.

38 Idem, ibid.

39 Idem, ibid.

40 Calvet L.-J., 1987, La guerre des Langues, cité par Niang, G., 1993.

pas faciles à démontrer mais ne sont pas inexistants »41.

Dans toute cette entreprise éducative sans cesse modifiée et réadaptée, la situation psychologique de l'enfant africain est presque toujours occultée ou minimisée.

Certes, toute une floraison de méthodes `mixtes' d'apprentissage de la lecture, tenues pour `global', à caractère local, est apparue ces dernières années ; chaque pays élaborant la ou les siennes. Elles ont le mérite de traduire le milieu de vie dans sa plus stricte définition42

« En dehors des réalités du milieu qui, on l'a vu, ne sont pas sans problème, toute considération sur la lecture en particulier et l'éducation scolaire dans son ensemble ramène toujours à la question linguistique. L'effort de réflexion, de créativité, d'imagination, indispensable en toutes disciplines est en grande partie annihilé par la concentration tout entière mobilisée en vue de la simple compréhension de la langue étrangère, jamais totalement apprivoisée à l'école élémentaire. C'est un obstacle difficile à franchir sur le dur chemin du développement et qui court le risque d'entraver la bonne progression »43

Dans un article intitulé "La lecture du berger peul"44, Baudoin, 1993, en affirmant que « lire, c'est reconnaître des signes et leur donner un sens, c'est construire une signification », relate et démontre que « le berger peul qui n'est jamais à l'école sait lire »

Cette anecdote du « berger peul » est un exemple très patent et éloquent qui montre que
l'habileté à lire, l'acquisition de la compétence et le développement de la performance ne

sont pas le fait de la langue elle-même, sa capacité à véhiculer ou non le savoir et moins

encore le savoir scientifique ; cela dépend de l'habileté et de l'acceptation psychique et psychologique, de la disponibilité et de l'éducation.

De 1985 à 1991, la CONFEMEN (Conférence des Ministres de l'Education Nationale
ayant en commun l'usage du français) a mené une étude visant à mieux connaître les

besoins langagiers et les centres d'intérêt en français et en langues nationales des
élèves de l'école primaire en Afrique francophone, en vue de définir une pédagogie du
bilinguisme45. « L'idée de cette enquête est née au terme d'un séminaire tenu à Han-sur-

Lesse (Belgique) en 1985, posant un diagnostic severe sur l'enseignement du

frangais dans les ecoles primaires d'Afrique francophone et faisant apparaitre notamment l'inadequation des contenus, des methodes et des supports pedagogiques ».

41 Lévis-Strauss, C., 1962, La pensée sauvage, cité par Niang, G., 1993.

42 Niang, Gilbert, 1993, "Lire en Afrique. Réalités Africaines", in Diagonales, n° 25, p. 23.

43 Idem, ibid.

44 BAUDIN, André, 1993, "La lecture du berger peul" in

45 cf. Prévost, P., 1993, "L'enquête de la CONFEMEN", in Diagonales, n° 25, pp. 41-43.

Une étude réalisée en 1988 par la Banque Mondiale a dressé un bilan catastrophique des perspectives de l'enseignement africain46. Elle « passe en revue de nombreux facteurs explicites mais ignore superbement le facteur linguistique. Et pourtant... Et pourtant les langues sont au centre du problème : si l'urgence est aujourd'hui de transmettre aux populations africaines des savoir-faire adaptés à leurs situations, comment dès lors ne pas s'interroger sur le vecteur de cette transmission ? Comment ne pas se demander s'il n'y a pas soit mauvais usage des langues d'enseignement (anglais, français, portugais...) soit erreur dans le choix de ces langues ? »47

Calvet conclut en disant que dans le premier cas il faudrait reconstituer les formes de la scolarisation, les améliorer, dans le second cas la francophonie (ou l'anglophonie, la lusophonie) serait la mère de tous les maux africains.

Le fait même que ces genres de diagnostics sévères soient posés prouve le risque que court en permanence l'écolier africain, francophone, anglophone, lusophone, à d'abord nécessairement s'approprier le français, l'anglais ou le portugais en tant que langue d'apprentissage avant tout préalable.

Cela ne signifie toutefois pas qu'avec les langues nationales, la solution est d'office trouvée. Seulement, avec ces langues qui constituent la première langue de la plupart des enfants, le problème de médium est moins un risque d'arriération scolaire ou source d'abandon.

Qu'on ne s'y méprenne donc pas ; aucune enquête ne sera suffisante pour régler à elle seule dans son entièreté, tout problème lié aux contenus, aux méthodes, aux supports pédagogiques tant qu'il sera question de chercher absolument à `imposer' à l'enfant une dualité linguistique systématique dès les premiers contacts scolaires où l'enfant beigne dans l'environnement langues nationales (maison, quartiers, parents, amis etc.) et doit se surpasser pour s'imaginer vivre dans un milieu où le code linguistique lui est étranger.

Malgré les nombreuses questions qu'elle soulève (politiques, sociales, économiques, etc.) l'introduction des langues nationales dans les premiers apprentissages avec intervention progressive d'une langue à grande diffusion, en l'occurrence le français ou l'anglais selon les cas, est toujours d'actualité et plus pertinente.

46 Cf. Banque Mondiale, 1988, L'Education en Afrique sub-saharienne.

47 CALVET, L.-J., 1992, "Les langues nationales à l'école : un débat passionné, un serpent de mer", in Diagonales n° 21, p. 23.

3.2. Une porte de sortie : l'enseignement/apprentissage en langues nationales.

Chaque année, un nombre croissant d'élèves quitte l'école : atteints par la limite d'âge ou contraints par des nécessités économiques ou tout simplement exclus par le système lui-même pour insuffisance de rendement (le plus souvent lié au médium d'enseignement/apprentissage). Le `drame de l'échec scolaire' est fréquent en Afrique.

Or, dans la société contemporaine, plus on fait des études, plus on a des chances d'avoir un emploi qualifié, plus on sera intégré au monde `modernisé' où l'écrit est une nécessité quotidienne. Cette logique est celle de la reproduction des élites : il est bien évident qu'un enfant issu de milieux aisés sera automatiquement en contact avec l'écrit. Aujourd'hui, l'écriture est la condition interne des nouvelles organisations politiques et économiques. Ceux qui ne maîtrisent pas l'écrit en seront exclus. Cette importance de l'écriture48 est fortement ressentie par ceux qui n'ont pas pu l'intégrer dans leur quotidien et leur incapacité est vécue comme un manque.49

Pourtant, les débats sur ces sujets tendent le plus souvent à la démagogie « lorsque la situation intérieure d'un pays africain nécessite un zeste d'arguments anticoloniaux, et on les oublie [très vite] ensuite »50

Des expériences d'utilisation des langues nationales des pays africains comme médium d'enseignement ont donné des résultats satisfaisants et ont prouvé la nécessité d'opter pour ces genres d'options.

3.3. Quelques expériences en matière d'utilisation des langues nationales à l'école.

Il s'agit pour nous d'analyser quelques expériences d'introduction des langues nationales à l'école, dans leurs réussites comme dans leurs échecs.

3.3.1. Les langues nationales comme outils d'éducation au Bénin51.

Au Bénin, il n'y a pas eu de façon spécifique une expérimentation de
l'enseignement/apprentissage en langues nationales. Les expériences tentées par les

48 Pas nécessairement en français ou autre langue étrangère ; cela peut bien être en langues nationales pourvue que la pratique soit admise par la société et l'usage attesté.

49 ROLLAND, Dominique, 1993, "Les acquis des exclus" in Diagonales, n° 25, p. 25.

50 Cf. Niamg M. et Ploquin, F., 1992, "Les langues nationales à l'école : un débat passionné, un serpent de mer", in Diagonales n° 21, p. 22.

51 Cf. DNAEA/MCAT, 2001, Déclaration de Politique Nationale d'Alphabétisation et d'Education des Adultes au Bénin (DEPOLINA), Cotonou, le 07 mars 2001.

missions catholiques et protestantes dès la deuxième moitié du 19ème siècle ont été étouffées par la répression coloniale. Le colonisateur a imposé l'apprentissage du français au détriment des langues dites vernaculaires dans le cadre d'un système scolaire destiné à former un nombre restreint de commis et d'auxiliaires de l'administration coloniale.

La période post-coloniale a vu cette situation persister à travers un système scolaire qui a préservé le caractère élitiste de l'éducation, et une administration publique marquée par l'exclusion des langues nationales.

Dès 1966, dans le département du Borgou (actuels départements Borgou et Alibori), les premières tentatives d'alphabétisation en français initiées avec l'appui de la Coopération Suisse, ont connu un échec justifiant le passage à une alphabétisation en langue nationale baatonum au profit des producteurs de coton. Le succès de cette expérience a favorisé son application dans les langues fon et yoruba au profit des producteurs de palmier dans les régions du centre et du sud du pays au cours de la même période.

A la faveur des changements politiques intervenus en octobre 1972, la question de l'alphabétisation a retrouvé une place de choix, avec un `engagement plus résolu' de l'Etat. La Commission Nationale de Linguistique a demandé et obtenu l'introduction des langues nationales dans les programmes de formation des enseignants dans les Ecoles Normales.

En 1980, la création du Ministère de l'Alphabétisation et de la Culture Populaire a favorisé l'élaboration et la mise en vigueur d'un programme national de généralisation de l'alphabétisation avec l'appui de la Coopération Suisse et de l'Unesco.

La période de 1980 à 1989 a favorisé une remarquable émergence de la presse rurale avec l'avènement de nombreux journaux paraissant au niveau départemental et souspréfectoral en langues nationales (Kparo, Sedonyonmi, Ilemo, Avaligbè, etc.)

Les expériences accumulées en la matière et l'émergence de la Société civile dans le secteur ont permis une évolution qualitative de la perception de la problématique de l'alphabétisation et de l'éducation des adultes avec de nouvelles demandes en produits éducatifs de la part des citoyens, des communautés de base, des groupements coopératifs et mutualistes de même que des organisations paysannes.

Depuis 1990, avec l'avènement de la démocratie pluraliste fondée sur le respect des libertés individuelles, on note des répercussions au niveau des approches d'éducation de base.

Dans le domaine de l'alphabétisation, des réformes d'orientations stratégiques ont été
rendues possibles suite à la tenue des "Etats Généraux de la culture, de la jeunesse et
des sports" de mai 1990. Ces réformes ont marqué une rupture par rapport à la stratégie

« de l'alphabétisation de masse » pour une stratégie de recherche de réponses adaptées aux demandes et autres besoins éducatifs en alphabétisation couplée avec la formation, dans le cadre plus général de l'éducation des adultes. L'option est donc pour une alphabétisation fonctionnelle.

Des innovations méthodologiques nécessaires en matière de pédagogie et d'andragogie et la mise en place d'une recherche action afin d'établir des normes de qualité s'imposent.

Avec les Nouveaux Programmes d'Etudes en vigueur actuellement au Bénin, les langues nationales sont utilisées à l'école dans la "Compétence disciplinaire n° 3" : qui prend en compte le "Module langue et culture" et le Champ de formation Education sociale (histoire, moral, civisme, etc.)

Cette expérience est généralisée actuellement dans toutes les classes du primaire (du CI au CM2) comme le montre le tableau ci-après.

Nivea u

Module 3 /
Compétences 3

Connaissances et
techniques

Stratégie d'enseignement/ apprentissage/évaluation

Cours d'Initiation

(CI)

Langue et culture

L'essentiel des contenus

notionnels de ce module se rapporte au comptage en langue maternelle des nombres de 0 à 10 et des pièces de monnaie de 1f à 100f, aux messages contenus dans un conte ou dans une histoire dite ou vécue.

- Travail individuel,

- Travail de groupes, - Travail collectif

Cours préparatoire

(CP)

Langue et culture

L'essentiel des contenus

notionnels de ce module se rapporte au comptage en langue maternelle des nombres de 0 à 20 et des pièces de monnaie de 1f à 200f, aux messages contenus dans un fait ou dans un événement vécu ou entendu

- Travail individuel, - travail de groupes, - travail collectif.

Cours élémentaire

Compétence disciplinaire 3 :

- Comptage de 0 à 50 en langue maternelle

- Travail individuel, - travail de groupes,

Niveau

Module 3 /
Compétences 3

Connaissances et
techniques

Stratégie d'enseignement/ apprentissage/évaluation

1ere Année

(CE1)

Interpréter le patrimoine culturel de son milieu et de sa region

- Comptage d'argent de 1f à 500f en langue maternelle

- Narration d'histoires

vécues, de contes, de devinettes.

- travail collectif - Enquête

Cours élémentaire 2eme Année
(CE 2)

Compétence disciplinaire 3 : Interpréter le patrimoine culturel de son milieu et de sa region

- Comptage de 0 à 100 en langue maternelle.

- Comptage d'argent de 1f à 1000f en langue maternelle.

- Diction de contes, de

devinettes, de proverbes en langue maternelle.

- Travail individuel, - travail de groupes, - travail collectif.

- Enquête

Cours moyen 1ere

Année

(CM1)

Compétence disciplinaire 3 : Interpréter le patrimoine culturel de son milieu et de sa region

- Comptage de 0 à 500 en langue maternelle.

- Comptage d'argent de 1f à 100.000f en langue maternelle ;

- Diction de contes, de

devinettes, de proverbes en langue maternelle.

- Traduction de textes en langue maternelle.

- Travail individuel, - travail de groupes, - travail collectif

- Jeu de rôles

- Enquête

Cours

moyen 2eme Année

(CM2)

Compétence disciplinaire 3 : Interpréter le patrimoine culturel de son milieu et de sa region

- Comptage de 21 à 1000
en langue maternelle.

- Comptage d'argent de 1f à 100000f en langue maternelle.

- Diction de contes, de

devinettes, de proverbes en langue maternelle.

- Traduction de textes en langue maternelle.

- Travail individuel, - travail de groupes, - travail collectif.

- Jeu de rôles

- Enquête

 

Tableau : La pratique des langues maternelles dans les programmes scolaires a l'enseignement primaire au Bénin (Source : INFRE/CGNPE/MEPS).

Malheureusement, toutes ces activités ne se déroulent qu'à l'oral ; l'écrit n'intervient pas. Il n'y a donc pas de matériels didactiques appropriés en la matière ; juste des indications aux enseignants pour les orienter.

Les enfants sont regroupés par groupes linguistiques. Les maîtres sont formés en conséquence pour répondre aux exigences du déroulement de pareilles activités éducatives.

Ces modules ou champs sont obligatoires et entrent en ligne de compte dans le calcul des moyennes des élèves. Cela revêt donc un caractère obligatoire.

Au Bénin donc, les langues nationales n'ont pas été expérimentées directement dans les écoles, ni en tant que matière à enseigner/apprendre à proprement parler, ni en tant qu'outil d'enseignement/apprentissage.

3.3.2. L'expérimentation du bambara52 au Mali.53

Dans la région de Ségou, une expérience menée au Mali consistait à utiliser le bambara dans les deux premières années du primaire pour passer ensuite au français. Avec cette expérience, les enfants apprenaient à lire, à écrire et à compter dans une langue qu'ils connaissaient déjà, puis passaient au français, le bambara demeurant comme matière et non plus comme véhicule d'enseignement.

Une évaluation à grande échelle de cette expérience a été menée par Calvet, comparant le niveau d'élèves ayant suivi ce cycle à celui d'élèves n'ayant été enseignés qu'en français. Le résultat est assez intéressant.

Lorsqu'on demande par exemple (en français) à un élève de deuxième année de primaire (scolarisé uniquement en français) de résoudre un petit problème comme "Mamadou a quinze billes, il en donne huit a Seydou, combien lui en reste-t-il ?", il ne sait comment répondre. Par contre, si l'on écrit au tableau "1 5 -- 8 - ?", il trouve immédiatement la solution.

Enseignement 1 : La difficulte ne reside pas pour l'enfant dans la soustraction mais dans son nonce en une langue qu'il ne comprend pas.

A l'inverse, si l'on pose le même problème en bambara, l'enfant répond sans difficulté. Enseignement 2 : L'enfant a plus de facilite a mieux comprendre les problemes

52 Le bambara est une des langues nationales du Mali.

53 cf. CALVET, L.-J., 1992, "Les langues nationales à l'école : un débat passionné, un serpent de mer", in Diagonales n° 21, p. 23.

quand il est enseigne dans une langue qu'il connaissait dej1.

Conclusion 1 : L'utilisation pour la scolarisation des enfants d'une langue qu'ils connaissaient déjà semble ameliorer les resultats de cette scolarisation tandis qu'd l'inverse on multiplie les difficult~s en introduisant a la fois l'ecriture, le calcul et un code inconnu, la langue officielle.

Dans le cadre de l'évaluation de cette expérience, le niveau en français en fin de cycle primaire des élèves ayant suivi cette formation bilingue a été comparé à celui de ceux ayant étudié entièrement en français. De façon un peu inattendue, le niveau était le même dans les deux cas (certes très bas pour les deux, mais le même).

Enseignement 3 : Les enfants ayant fait deux ans de moins de frangais avaient les mWmes performances que ceux qui en avaient fait deux de plus.

Cela a été confirmé par les résultats à l'examen d'entrée dans le second cycle : les élèves issus du cycle expérimental ont plutôt des résultats supérieurs à ceux des élèves venus du cycle classique.

Conclusion 2 : L'utilisation d'une langue africaine dans les premieres annees du primaire ameliore les resultats et n'oblitere pas l'apprentissage ulterieur du frangais.

3.3.3. L'expérimentation du sango en Centrafrique.54

Pour l'expérience centrafricaine le sango, une des langues nationales du pays, a été utilisé comme langue d'enseignement préélémentaire.

Les enfants au nombre de 400 y sont accueillis de quatre à six ans, répartis en deux sections : 4 ans pour la section des moyens et 5 ans pour la section des grands. Les emplois du temps proposés sont ceux de l'école maternelle française dans la forme et dans l'esprit. Ils sont au nombre de 160 jardins d'enfants au total (22 à Bangui et de 148 en province) accueillant 12.000 élèves (3.000 à Bangui et 9.000 en province).

L'encadrement est assuré par 415 jardinières d'enfants et stagiaires communales qui sont regroupées régulièrement le samedi matin pour des animations pédagogiques faites par une inspectrice des écoles maternelles, une inspectrice des jardins d'enfants et deux conseillers pédagogiques.

A l'école maternelle comme dans les jardins d'enfants la seule langue pratiquée est le sango (langue nationale et officielle parlée et comprise sur tout le territoire centrafricain) avec une approche du français dans les activités du langage.

54 Cf. CHAULEUR, Jacqueline, & MAIGNAN, G., 1992, "La maternelle en sango" in Diagonales n° 21, p. 39.

Les trois heures d'activités de langage autour du mot ou de l'expression clef se font en langue nationale trois jours sur cinq dans la section des grands. Un effort est fait pour améliorer la prononciation et l'articulation mais les enfants à l'issue du cycle préscolaire sont incapables pour beaucoup d'ébaucher un dialogue.

Les effets benefiques de cette experience.

17% des enfants entrant au CI (classe d'initiation précédant le Cours Préparatoire) proviennent des jardins d'enfants et de l'unique école maternelle.

Des statistiques faites sur un échantillonnage représentatif de trois jardins d'enfants en centre ville et de trois de la périphérie donnent des résultats incontestables concernant l'évolution scolaire de ces enfants.

Enfants ayant suivi 2 années de pre
scolarité

 

CI

CM2

10 premiers
en CM2

Centre vile

50%

61%

83%

Périphérie

25%

43%

63%

Redoublement et age moyen au CM2

 

Redoublement
en années

Age moyen de
sortie de CM2

Pré scolarisés

0,80

12 ans

Sans pré scolarité

1,50

14 ans

Ces relevés, seulement indicatifs, dans la mesure où aucune enquête exhaustive n'a été faite, montrent que les acquisitions scolaires ne sont pas uniquement sensibles dans les premières années de la scolarité mais se perpétuent souvent jusqu'à la fin du Cycle fondamental I.

La ddperdition scolaire : très élevée en RCA est plus faible chez les enfants préscolarisés ;

La rdussite scolaire est nettement supérieure (63% à 83% de préscolarisés parmi les dix premiers des classes de CM2) ;

La moyenne de redoublement est deux fois plus faible chez les préscolarisés (0,80 année) que chez les autres (1,50 année) et en conséquence l'âge moyen de sortie des CM2 se situe vers douze ans pour les uns et quatorze ans pour les autres.

Les rdsultats scolaires des enfants prescolarises en langue nationale semblent plus lids au fait que ces derniers n'utilisent que la langue nationale pour leurs premieres acquisitions scolaires sans etre confront~s aux difficult~s d'apprentissage d'une langue seconde comme le sont les enfants entrant directement au Cl.

La période de 3 à 6 ans est cruciale pour le devenir de l'enfant, à travers la socialisation, la structuration de la personnalité et la maîtrise définitive du langage. C'est l'âge de prédilection pour toute prévention de l'échec scolaire et l'inadaptation sociale.

3.3.4. Coexistence des systèmes formel et non formel au Burkina Faso.55

Une des spécificités du système éducatif burkinabé est la coexistence de deux systèmes éducatifs parallèles et très différents : l'éducation formelle et celle dite non formelle. En effet, à côté de l'éducation formelle, se développe une action parallèle d'éducation mise en oeuvre par l'OEuvre Suisse d'Entraide Ouvrière (OSEO), un partenaire privilégié du Burkina Faso dans le secteur de l'alphabétisation et de l'éducation non formelle.

L'éducation formelle classique issue de l'école coloniale utilise exclusivement le français qui n'est parlée que par 10 à 15% de la population comme véhicule de l'enseignement. Le système est caractérisé par l'élitisme, de faibles rendements internes et externes et une faible pertinence sociale (fort taux de redoublement, d'abandon et d'exclusions ; sortants incapables de s'intégrer dans leur milieu de vie, etc.).

Quant à l'éducation dite non formelle, elle est donnée dans les langues nationales et se caractérise par la flexibilité et le caractère pratique immédiatement utilitaire. Cependant elle est défavorisée tout comme les langues nationales parce qu'elle ne donne pas directement accès aux emplois et au pouvoir.

3.3.4.1. L'éducation bilingue au Burkina Faso.

Elle est articulée autour d'un programme complet de formation/apprentissage étalé sur un continuum de trois cycles et qui vise l'acquisition par l'enfant des connaissances, des pratiques et des comportements lui permettant de s'insérer harmonieusement dans un monde en développement tout en prenant en compte son propre épanouissement et le développement de son milieu et de son pays.

Le nouveau système éducatif de base en expérimentation vise la mise en place d'un continuum éducatif pour les enfants de 3 à 16 ans et comprenant les trois niveaux ou cycle de base suivants :

- 1er niveau = Espace d'éveil éducatif (enfants de 3 à 6 ans);

- 2ème niveau = Ecole bilingue (Enfants de 7 - 11 ans et de 9 - 14 ans) ;

55 cf. Rapport de Mission sur le voyage d'échange d'expériences en Alphabétisation et Education non Formelle au Burkina Faso du 28 février au 10 mars 2005, par Basile DEGNONVI, Directeur Général de l'Institut National de l'Alphabétisation et de l'Education des Adultes et Mama YOLA KPARA, Directeur des Programmes, de la Planification et de la Recherche/INAEA.

- 3ème niveau = Collège d'enseignement secondaire multilingue spécifique

(sortants des écoles bilingues 12 - 16 ans)

3.3.4.2. Contenu des curricula.

Au niveau du contenu de l'école bilingue, le Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation (MEBA) avec l'appui de l'OSEO, a élaboré et validé un curriculum spécifique pour les écoles bilingues. Il a comme particularité de couvrir le contenu du programme des écoles classiques en cinq (5) ans au lieu de six (6) ans dans le système formel. Cela est rendu possible grâce à l'utilisation de la langue première de l'élève et l'introduction progressive du français. C'est ainsi qu'en première année la langue nationale occupe 90% du programme et le français 10%. La part de la langue nationale devient 80% en deuxième année, puis 50% en troisième année, 20% en quatrième année et enfin 10% en cinquième année. A ce jour, huit (8) langues nationales sont utilisées dans l'éducation bilingue : le mooré, le jula, le fulfuldé, le lyélé, le gulmancema, le dagara, le bisa et le nuni.

3.3.4.3. Résultats obtenus par l'éducation bilingue.

Les résultats obtenus par l'éducation bilingue depuis sa mise en oeuvre sont éloquents aux plans pédagogique, scolaire, social et économique.

4.3.4.3.1. Sur le plan scolaire.

Le tableau ci-dessous fait ressortir les résultats comparés des écoles bilingues à la moyenne nationale au CEP pour les sessions de juin 1998, 2002, 2003 et 2004:

Examen
de fin
d'année

Moyenne
nationale
au CEP

Taux
succes

Ecoles
bilingues

Ecarts

Observations

Juin 1998

42%

52,83%

+ 10 83 pour les , '

ecoles bilingues

Meilleurs résultats au niveau des écoles bilingues.

Juin 2002

61,81%

85,02%

+ 23,21 pour les
écoles bilingues

Meilleurs résultats au niveaudes écoles bilingues.

Juin 2003

70,01%

68,21%

+ 1 8% pour les ,

ecoles bilingues

Légères baisse des écoles

bilingues.

L'une des classes bilingues

Examen
de fin
d'année

Moyenne
nationale
au CEP

Taux
succes

Ecoles
bilingues

Ecarts

Observations

 
 
 
 

devant passer les examens est restée sans maitre pendant pres d'un mois ; le maître titulaire ayant quitté cette école privée suite à son succès au concours de

recrutement d'enseignants

organisé par l'Etat en
décembre 2002

Juin 2004

73,73%

94,59%

+ 20,86% pour les
écoles bilingues

Meilleurs résultats au niveaudes écoles bilingues.

4.3.4.3.2. Sur le plan social. On peut noter entre autres :

L'amélioration de la qualité des services et soins dispensés (en termes d'accès et de réussite) ; ce qui entraîne la baisse de la mortalité infantile due à l'existence des Espaces d'Eveil Educatif (3E).

Les enfants des écoles bilingues, dans beaucoup de zones, se partagent les meilleurs prix des concours culturels (chants, danse, théâtre, récital, musique...) au niveau des circonscriptions d'enseignement primaire et des concours régionaux.

Les activités pratiques et manuelles permettent aux enseignants de mieux faire assimiler et maîtriser aux élèves certains concepts.

4.3.4.3.3. Sur le plan economique et financier.

L'éducation bilingue permet de réduire les coûts grâce notamment à la participation des parents d'élèves, aux produits des activités productrices des élèves et à la réduction du cycle de formation d'une année.

Le coût moyen utilitaire d'un diplômé au CEP revient moins cher à l'école bilingue qu'à
l'école classique : 455 388 F CFA contre 3 879 396 F CFA, soit un écart de 3 424 008 F
CFA. En termes de PIB annuel par habitant, ces coûts représentent respectivement

283% et 2 409%.

3.3.4.4. Difficultés rencontrées.

Les difficultés rencontrées sont entre autres les suivantes :

- mentalités et attitudes d'une certaine frange de la population, particulièrement certains intellectuels (réticents, réservés, manifestant une hostilité voilée vis-à-vis des langues nationales etc.) ;

- rigidité des emplois de temps scolaire ;

- limite des moyens pour répondre à l'engouement pour l'école bilingue ; - surplus de travail pour les maîtres ;

- pauvreté des parents d'élèves etc.

Malgré ces difficultés, il est apparu que l'éducation bilingue expérimentée au Burkina Faso avec les langues nationales offre plus d'avantages que l'éducation classique.

3.3.5. Autres expériences.

Les langues nationales gagnent les bancs de l'école dans plusieurs autres pays de l'Afrique.

En Tanzanie, le swahili a servi de langue d'alphabétisation ; cela a permis de poursuivre l'éducation grâce à une formation initiale et continue assurée par des adultes bénévoles. Cette expérience a connu une réussite.

En Guinee par exemple, les autorités ont décidé que tout le primaire devrait être fait en langues nationales. Les instituteurs formés pour enseigner en français se transforment en enseignants en langues nationales. La précipitation conduit tout droit à l'échec. Voici une séquence du témoignage d'un "rescapé" de ce système publié dans Diagonales n° 24, p. 11.

« Guinéen, mes premières années scolaires, de l'école primaire à la première année du secondaire, se sont déroulées en poular, la langue maternelle. Sans transition, en deuxième année du secondaire, je suis passé au français, une langue inconnue que nous ne savions ni lire ni écrire. Mes camarades et moi apprenions nos cours comme des vers latins ou des versets du Coran. Les élèves ont commencé à déserter massivement l'école. Après le brevet, j'ai quitté mon pays pour la Côte d'Ivoire, sans le consentement de mes parents. J'ai dû me débrouiller pour payer mes frais de scolarité et me concentrer essentiellement sur le français au détriment des disciplines scientifiques dans lesquelles pourtant j'excellais. C'est ainsi que j'ai pu accéder à l'Université en 1987 et obtenir, quatre ans plus tard, une maîtrise en sciences juridiques.

Le système éducatif guinéen de l'époque était suicidaire. Combien de mes compatriotes, munis d'un bac guinéen, échouent dans les universités de Dakar ou d'Abidjan ou bien mettent douze ans à obtenir un diplôme correspondant à quatre années d'études. Dans bien des cas, ces échecs sont imputables d'abord à l'absence de bases linguistiques solides (...) »56.

Au Senegal, on choisit la télévision scolaire pour introduire le wolof dans les classes. Cette initiative, intéressante sur un plan didactique, échoue.

D'autres pays comme le ZaIre, le Nigeria etc. on fait cette expérience de l'utilisation des langues nationales à l'école. Cela a permis de conclure que les études primaires en langues africaines n'ont jamais empêché un excellent apprentissage du français ou de l'anglais.

3.4. Pourquoi opter pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales ?

Une réponse à cette interrogation nécessite une synthèse analytique des différentes expériences faites ça et là en Afrique en la matière.

3.4.1. Les erreurs commises lors des expériences faites.

Certaines expériences se sont déroulées sans résultats positifs parce que souvent menées dans de mauvaises conditions.

Le principal échec dont nous avons fait cas dans les expériences présentées est celui de la Guinée. Cet échec est dû essentiellement à la précipitation et au manque de préparation technique conséquente.

- Tout le primaire et la premiere annee du secondaire, se sont déroulés en poular ;

- Le passage du poular au frangais en deuxième année du secondaire s'est fait sans transition,

Il est en effet très hasardeux de dispenser toute la formation en langue nationale uniquement du primaire jusqu'à la première année du secondaire si l'on envisage le passage à une langue étrangère. Or, on s'imagine mal comment une formation peut être faite dans le but de fermer toute ouverture au monde extérieur.

On ne peut pas passer des langues nationales au français sans transition, sans les

56 Cf. DIALLO, Tafsir, 1992, dans "Les lecteurs écrivent. Les langues nationales à l'école. Témoignage d'un rescapé" in Diagonales n° 24, p. 11.

notions élémentaires de la lecture et de l'écriture en français. Le passage des langues nationales au français doit être progressif et commencer dès les premières années de la formation afin de bénéficier de la fraîcheur de l'intelligence de l'écolier. En effet, à un âge avancé, l'acquisition de langue se fait de plus en plus difficile pour la plupart des personnes.

Toutes ces improvisations expliquent aisément l'échec lamentable qu'a connu cette expérience et dont beaucoup ont gardé un souvenir amer.

Cet échec ne dépend pas de l'expérimentation elle-même, mais de la méthode et de la démarche pour la mise en oeuvre. Il ne met donc pas en cause l'option pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales.

3.4.2. Les enseignements utiles à tirer des différentes expériences.

Les enseignements utiles à tirer des différentes expériences constituent la synthèse des données obtenues sur le terrain. Elles permettent de tirer les conclusions suivantes :

- La difficulté ne réside pas pour l'enfant dans les opérations mathématiques (soustraction, addition, division ou multiplication) mais dans son énoncé en une langue qu'il ne comprend pas.

- L'enfant a plus de facilité à mieux comprendre les problèmes quand il est enseigné dans une langue qu'il connaissait déjà.

L'utilisation pour la scolarisation des enfants d'une langue qu'ils connaissaient dOjà semble amOliorer les rOsultats de cette scolarisation tandis qu'a l'inverse on multiplie les difficultOs en introduisant a la fois l'Ocriture, le calcul et un code inconnu, la langue officielle.

- Les études primaires en langues africaines n'ont jamais empêché un excellent apprentissage du français ou de l'anglais.

- Les enfants ayant fait deux ans de moins de français ont les mêmes performances que ceux qui en font deux de plus.

L'utilisation d'une langue africaine dans les premidres annOes du primaire amOliore les rOsultats et n'oblitOre pas l'apprentissage ultOrieur du frangais (ou de n'importe qu'ele langue Otrangdre).

- La déperdition scolaire est plus faible chez les enfants ayant commencé leurs premières années en langues nationales ;

- La réussite scolaire est nettement supérieure chez les enfants ayant commencé les études en langues nationales (63% à 83% de préscolarisés parmi les dix premiers des classes de CM2) ;

- La moyenne de redoublement est deux fois plus faible chez les préscolarisés (0,80 année) que chez les autres (1,50 année) et en conséquence l'âge moyen de sortie des CM2 se situe vers douze ans pour les uns et quatorze ans pour les autres.

Les resultats scolaires des enfants prescolarises en langue nationale semblent plus lies au fait que ces derniers n'utilisent que la langue nationale pour leurs premieres acquisitions scolaires sans etre confrontes aux difficultes d'apprentissage d'une langue seconde comme le sont les enfants entrant directement au CI.

- La période de 3 à 6 ans est cruciale pour le devenir de l'enfant, à travers la socialisation, la structuration de la personnalité et la maîtrise définitive du langage.

Avec ces principaux enseignements, « l'objection classique selon laquelle les langues nationales ne sont pas assez outillés pour l'usage scolaire est unanimement rejetée. Les problèmes d'aménagement linguistique résultent bien plutôt des situations politiques que des problèmes de codification langagière »57.

Pour éviter un saut dans l'inconnu linguistique après les débuts en langues nationales, il faudra une sorte d'articulation langues nationales/langues étrangères ayant le statut de langues officielles. Il faut prévoir un pont, une passerelle pour éviter les brusques ruptures préjudiciables à l'apprenant.

3.4.3. Autres aspects.

L'école africaine en général est en crise. Les systèmes éducatifs partout en Afrique ont des difficultés de tous ordres. En effet, bien que la plupart des Etats africains consacrent entre 20 et 40% de leur budget national à leur système éducatif, le taux de scolarisation ne dépasse pas 20% de la population dans de nombreux pays.

Il faudra libéraliser l'enseignement, l'éducation classique ; c'est une question de développement et en mettant de côté la politique pour considérer de façon plus pratique et plus objective l'éducation, la question de langue d'enseignement/apprentissage a trouvé sa réponse depuis lors. Il suffit de l'appliquer.

57 ALBERIC, Gérard, & HAÏTSE, Véronique, 1992, "Le français et le plurilinguisme en Afrique" in Diagonales n° 24, p. 6.

3.5. Quelles options pour les langues nationales à l'école ?

Une question importante mérite d'être posée : « de quels savoirs le français est-il le véhicule ? » et BAUDIN (1992) de répondre « jusqu'à maintenant, certainement pas des savoirs dont l'enfant des pays du Sahel a eu l'expérience dans son entourage avant d'entrer à l'école ; ni les savoirs du berger guidant et soignant ses animaux, ni les techniques artisanales du vannier et du teinturier, ni les compétences du guérisseur choisissant ses simples, ni les milles et une inventions des petits métiers de la ville. En arrivant en classe, l'écolier abandonne avec sa langue maternelle toute l'identité culturelle qu'elle a permis de mettre en place et de transmettre ; la langue française et la connaissance ne font alors qu'un seul bloc, tout le savoir passe par la parole du maître et tout ce qui n'est pas parole du maître n'est pas savoir »58.

En menant le débat sur l'utilisation des langues nationales dans le système éducatif formel, une des principales interrogations consisteraient à se demander s'il faut utiliser les langues africaines à l'école comme objet d'enseignementlapprentissage ou comme moyen d'enseignementlapprentissage ; ensuite, de chercher à savoir la ou les langues à choisir.

Introduire les langues nationales à l'école comme objet d'enseignement / apprentissage, consisterait par exemple à prévoir dans le programme des écoliers et élèves des heures de cours de langues nationales pour les découvrir, pour s'exprimer, pour savoir mieux lire, écrire, compter dans ces langues ; bref, pour mieux les parler. Utiliser les langues nationales comme objet, c'est leur réserver un crédit horaire comme aux autres enseignements ou matières : mathématiques, sciences physiques, sciences de la vie et de la terre, sciences sociales, etc. Un début d'application de cette option a commencé avec les Nouveaux Programmes d'Etudes au Bénin. En effet, dans le programme des écoliers, il est prévu un module langue et culture où les écoliers s'expriment en langues nationales.

On peut aussi faire l'option d'utiliser les langues nationales a l'ecole comme moyen d'enseignementlapprentissage. Dans ce cas, il ne s'agit pas de réserver un crédit horaire aux langues nationales mais de les utiliser pour tout faire ; pour enseigner la mathématique, les sciences physiques, les sciences de la vie et de la terre, les sciences sociales, et toutes les autres disciplines à enseigner à l'école. Ces langues servent dans le cas d'espèce de support linguistique de travail.

Dans l'esprit du présent travail, il est question d'utiliser les langues nationales comme

58 BAUDIN, André, 1992, "Le laboratoire des jeunes années. La langue de la construction des savoirs", in Diagonales n° 21, p. 36.

moyen d'enseignement / apprentissage / evaluation.

En effet, on voit très mal comment améliorer la situation linguistique en accordant des crédits horaires pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales ; ce serait du saupoudrage, rien de plus ; et de telles expériences n'ont de mérite que de permettre de citer leurs initiateurs en tant que promoteurs des langues nationales pour leurs audaces et leurs investissements.

Ce point de vue est partagé par Calvé, 1992 qui affirme en substance : «la situation de l'Afrique n'est pas bonne, la situation scolaire en particulier, et l'on voit mal comment régler le problème par une injection de crédits supplémentaires »59. Cette affirmation est soutenue par DIKI-KIDIRI qui a déclaré que « si l'on se contente d'envisager l'enseignement des langues nationales comme une aide fournie aux élèves dans les premières années de scolarité, on transforme ces langues en un tabouret fait pour accéder au français, autant dire qu'on nie leur existence propre »60

De plus, « les maîtres, les psychologues s'accordent pour affirmer que le développement de l'enfant s'effectue plus harmonieusement lorsqu'il n'y a pas de coupure brutale entre la langue maternelle et la langue d'enseignement »61

« Même si aujourd'hui, l'école s'inspire beaucoup plus qu'autrefois du contexte culturel de l'enfant il n'en demeure pas moins que le message oral et écrit en langue seconde implique, selon Joseph Roth, trois difficultés : la difficulte due au decodage du graphisme, celle de l'incomprehension du sens des mots qu'il doit dechiffrer et enfin celle due au medium lui-meme : la communication écrite étant vécue comme impersonnelle, distante, alors que la communication orale implique un interlocuteur physiquement présent qui précise et renforce le sens du message par son comportement »62

3.6. Quelles langues pour l'enseignement/apprentissage ?

Comme nous l'avons signalé, les situations sociolinguistiques africaines ne facilitent pas
les choses. A l'instar de la plupart des pays africains, le Bénin est un pays extrêmement

plurilingue, au point que les élèves d'une même classe n'ont que très rarement la même langue maternelle : dès lors, en quelle langue enseigner ?

La réponse n'est pas si simple à donner. Nous partons du préalable selon lequel : Devant Dieu et pour les linguistes, toutes les langues sont égales.

Faisons remarquer que partout au Bénin avec le yoruba, le gun, le fon, le aja, le gen, le

59 CALVET, L.-J., 1992, "Les langues nationales à l'école : un débat passionné, un serpent de mer", in Diagonales n° 21, p. 23.

60 Propos recueillis auprès de Marcel DIKI-KIDIRI, CILDA, République Centrafricaine intitulé "Bilingues, Réclamez !" in Diagonales n° 21, p. 26.

61 KESTELOOT, L., 1992, "Place, enfin, aux langues nationales" in Diagonales n° 21, p. 24.

62 NIANG, M., 1992, "L'apprentissage du français et identité", in Diagonales n° 21, p. 29.

baatonum, le dendi ou le ditammari selon la région, on peut se faire comprendre, comme c'est le cas ailleurs : « tout le monde ou presque parle le wolof au Sénégal, tout le monde ou presque parle le bambara au Mali, on se fait comprendre partout au Niger avec le haussa ou le zarma, partout au Congo avec le lingala ou le munukutuba, partout en Centrafrique avec le sango »63.

Cette situation n'empêche pas les blocages ; « si tout le monde parle telle ou telle langue véhiculaire, tout le monde n'accepte pas pour autant que cette langue joue un rôle prépondérant dans la gestion de l'Etat : surgissent alors des rivalités ethniques, des problèmes tribaux, qui rendent malaisées sinon impossibles les tentatives d'unification linguistique du pays. Place au français, donc, c'est-à-dire au statu quo... »64

Il est donc illusoire de croire que la guerre des langues oppose seulement les langues des pays colonisateurs aux langues des pays colonisés ; elle se joue entre toutes les langues et l'on voit apparaître en Afrique ce que Calvet a appelé des "diglossies enchâssées". Il y a certes rapports de domination entre le français d'un côté et les langues locales de l'autre, mais il y a aussi, entre ces dernières des rapports de domination selon les régions ou sur le plan national. Et certains sociolinguistes redoutent même à raison, le remplacement des langues minoritaires au détriment des langues qui connaissent une expansion rapide et exponentielle en terme de nombre de locuteurs.

Cela n'est pas spécifique à l'Afrique ; évoquons en passant les rapports assez conflictuels entre le catalan, le basque, le galicien et l'espagnol en Europe ou celle concernant une éventuelle langue que pourrait choisir pour sa gestion l'Union Européenne ; le statu quo observé à ce niveau n'est certes pas innocent.

Seulement, il faut oser, dépassionner les débats de nationalisme et procéder à des options ; selon Calvet, « à poser les problèmes de cette façon, les choses ne changeront jamais »65.

Une façon scientifique de résoudre le problème consiste à évaluer les expériences déjà appliquées en vue d'en tirer les leçons convenables pour mieux faire.

Hazoumé (1994 : 83) après avoir exposé maints développements à propos de la politique linguistique du Bénin propose le schéma suivant en matière de choix de langues66 :

63 CALVET, L.-J., 1992, "Les langues nationales à l'école : un débat passionné, un serpent de mer", in Diagonales n° 21, p. 22.

64 Idem. Ibid.

65 Idem, ibid.

66 HAZOUME, M-L., 1994 in Politique linguistique et développement (Cas du Bénin), Cotonou, Les Editions du Flamboyant.

1. Region meridionale

- Département de l'Ouémé67 : les langues gun et yoruba ;

- Département de l'Atlantique : la langue fon

- Département du Zou : les langues fon et yoruba68

- Département du Mono : les langues gen et aja

2. Region septentrionale

- Département du Borgou : les langues baatonum et dendi ;

- Département de l'Atacora : les langues yom, dendi, ditammari et waama

Ce qui pourrait donner les choix définitifs suivants : gun, fon, yoruba, gen, aja, yom, baatonum, dendi, ditammari, waama.

Ces choix ne sont que des propositions basées sur des développements scientifiques ; le débat n'est pas tranché.

3.7. Quels blocages pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales ?

« Où se situent donc exactement les blocages ? », s'étonne KESTELOOT (1992). Quand les décisions sont prises qu'est-ce qui empêche leur exécution ? La réponse est aisée, s'empresse t-il de répondre : « L'intendance ne suit pas. Pas de publications, pas de manuels, pas d'enseignants aptes à s'exprimer dans la langue locale »69

La crainte profonde pourrait aussi être que le développement des langues nationales comme vecteurs d'enseignement sera nuisible à l'apprentissage du français. Dans ce que KESTELOOT appelle "la guerre des langues", il affirme « Ni les expériences au Zaïre ou au Nigeria (où l'on constate que toutes les études primaires en langues africaines n'ont jamais empêché un excellent apprentissage du français ou de l'anglais, ni les études et tests psychologiques (qui ont abondamment prouvé que la personnalité et l'intellect se développaient mieux, en divisant la difficulté d'appendre à la fois la lecture, l'écriture et une langue étrangère), ni la baisse régulière du niveau de connaissance du français dans les écoles, puis les lycées, puis les universités africaines,

67 Les départements ici tiennent compte des anciens découpages.

68 La proposition du yoruba à enseigner dans la région méridionale (départements du Zou et des Collines) rejoint à juste titre la proposition faite par le Professeur IGUE dans son article intitulé « Plaidoyer pour l'utilisation du yoruba standard dans les écoles au Bénin », qui démontre qu'il est plus économique pour les Yoruba du Bénin d'utiliser comme médium d'enseignement le yoruba standard lorsque l'introduction des langues nationales sera effectif.

69 KESTELOOT, L., 1992, "Place, enfin, aux langues nationales" in Diagonales n° 21, p. 24.

rien de tout cela n'a pu ébranler l'intime et sincère conviction de ceux qui croient défendre le français en supprimant les langues africaines de l'horizon scolaire. Car il s'agit d'un refus, implicite bien sûr, jamais exprimé, mais néanmoins radical »70

Le blocage se note aussi au niveau des Africains eux-mêmes, et c'est là où il faut le changement le plus souhaité. En effet, certains cadres africains doutent profondément que les langues nationales « soient utiles pour la "carrière" dans une administration où la langue officielle est le français »71. Ce qui est désespérant, « c'est de voir que des parents africains privent leurs enfants de la langue maternelle, sous prétexte que, grâce à l'apprentissage du seul français, ils iront plus vite dans leurs études et deviendront des gens bien »72. Les parents attendent plutôt que les enfants apprennent à lire et à écrire le français. Ils savent que dans les milieux dits "nobles" ou "modernes", le français est un "passeport" psychologique et social. Car, « si le français n'est pas la langue maternelle de l'enfant africain, il est toujours de manière partielle ou exclusive sa langue d'enseignement et de ce fait, il est vécu comme un facteur de promotion sociale »73.

L'agitation du « drapeau noir du tribalisme toujours menaçant »74 constitue une justification facile à la crainte permanente d'éventuels conflits immédiats ou futurs qui adviendraient du choix d'une ou de quelques langues dans des Etats qui en comptent des dizaines. Seulement, ajoute KESTELOOT, « nul ne songe à regarder du côté de la suisse (trois langues nationales enseignées), de la Belgique (deux langues) et même de l'Alsace où le français rivalise avec l'allemand, sans que cela ne menace l'unité de l'Etat suisse, belge ou français »75.

Un autre argument facile consiste à parler d'absence de moyens d'édition et à l'entretenir peut-être à dessein. On affirme que tout manque dans ce domaine : dictionnaires, grammaires, manuels, livres de lecture oubliant qu'il suffit d'accorder une priorité sincère à la réalisation des options faites pour permettre aux disponibilités techniques et intellectuelles déjà existantes de se déployer. C'est la meilleure façon de rejoindre la position des intellectuels des années 1965%1970 « qui avaient ajourné cette revendication linguistique en fonction de l'absence - provisoire - des outils d'enseignement et des maîtres formés dans ce projet »76 ; depuis lors, cette absence "provisoire" est demeurée "permanente" en raison de l'indécision notoire des

70 Idem., Ibid., p. 24

71 Idem., Ibid., p. 24

72 cf. BEBEY, Francis, 1992, "Exprimer la vie par les mots, la musique et la voix", entretien réalisé par JALLON Philippe in Diagonales n° 24, p. 4.

73 ALBERIC, Gérard, & HAÏTSE, Véronique, 1992, "Le français et le plurilinguisme en Afrique" in Diagonales n° 24, p. 6.

74 KESTELOOT, L., 1992, "Place, enfin, aux langues nationales" in Diagonales n° 21, p. 25

75 Idem., Ibid.., p. 25

76 Idem., Ibid., p. 25

responsables à divers niveaux et le demeurera tant que la politique de l'autruche sera celle appliquée aux langues nationales dans les différents pays africains.

Il suffira tout simplement donc d'oser et de passer à l'action pour que les blocages soient levés.

3.8. Comment procéder pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales ?

Dans le monde scientifique, l'option de l'enseignement/apprentissage en langues nationales ne se démontre plus ; cela s'impose comme une évidente nécessité. Il est donc abordé ici les modalités et les dispositions à prendre pour son application, du moins, du point de vue technique, l'aspect politique ne relevant pas de notre ressort.

Par ailleurs, il est absolument impérieux de répondre à une question fondamentale ; celle qui trotte dans toutes les têtes j'imagine, qu'on soit Africain, Européen ou d'ailleurs : « Qu'adviendra-t-il des langues européennes (le français, l'anglais, l'espagnol, etc.) et de la francophonie (de l'anglophonie ou de la lusophonie) avec l'enseignement / apprentissage en langues nationales ? »

3.8.1. La place du français dans l'enseignement/apprentissage en langues nationales.

La question de l'enseignement/apprentissage en langues nationales ne se pose pas en termes de "oui ou non au français ou autres langues étrangères" ou de "oui ou non aux langues nationales".

Il n'est pas question de défendre une langue au détriment d'une autre. La question essentielle ou le problème auquel il faudra trouver une solution idoine et à long terme, c'est plutôt « quelle(s) langue(s) pour le développement de l'Afrique » ?

L'urgence selon Calvet, ce n'est pas de défendre, en Afrique, la langue française ou telle ou telle langue africaine, mais d'aider les pays à sortir de leur sous développement.

En procédant à l'évaluation de l'expérience malienne, Calvet a démontré que les enfants ayant fait deux ans de moins de français avaient les mêmes performances linguistiques que ceux qui en avaient fait deux de plus. Cela démontre de toute évidence qu'avec l'enseignement/apprentissage en langues nationales, le français ni aucune autre langue étrangère en Afrique n'est menacée, au contraire.

Il ne s'agit pas d'entreprendre l'enseignement/apprentissage en langues nationales dans une option de strict monolinguisme. De toute façon une telle option est totalement inenvisageable et vouée d'avance au rejet populaire et donc à l'échec avant l'expérimentation. De plus, ce serait une façon d'opérer une option d'autarcie utopique et

absolument irréalisable, vu le contexte de mondialisation et de globalisation qui s'impose aujourd'hui en tout et à tous. En effet, sur le plan économique et celui du développement, il faut découvrir le monde d'en face ou d'à côté pour une évolution digne de ce nom sans oublier le besoin de communication et de brassage culturel qui ne saurait se faire dans un monolinguisme chimère.

M. Djillali Liabès, Ministre algérien des Universités, affirme en parlant du contexte de son pays : « à côté de l'utilisation de la langue arabe, il est nécessaire de maîtriser les langues étrangères. Pour moi, le problème ne se pose pas comme un problème d'identité mais comme problème d'outil de communication »77

Une expérience d'enseignement/apprentissage en langues nationales de façon exclusive serait fatale, très fatale si on ne prend la peine au fur et à mesure de procéder à un accompagnement en langues étrangères (français ou anglais selon le cas). Et cela ne devrait pas être difficile. « Un enfant de toute façon apprend très vite plusieurs langues à la fois. On peut donc lui apprendre le français en même temps qu'il apprend sa langue maternelle, dès l'école primaire »78

3.8.2. Convaincre les acteurs.

Pour bien amorcer et réussir l'expérience de l'enseignement/apprentissage en langues nationales, il faudra préparer et sensibiliser les différents acteurs du systèmes éducatifs pour éviter les résistances qui pourraient naître des incompréhensions et non maîtrise du sujet.

- Les premières cibles sont les élites, les intellectuels, les cadres et divers responsables du système qui constituent le premier blocage à une telle expérimentation.

- Il faudra ensuite dialoguer, échanger avec les parents d'élèves, les sensibiliser et les convaincre à accepter psychologiquement la mise en oeuvre de l'expérimentation.

- Les apprenants (écoliers, élèves et étudiants) doivent être aussi sensibilisés et adhérer à la cause.

L'un des obstacles, non pas des moindres, est aussi le problème des intérêts
pécuniaires. La guerre des intérêts techniques et stratégiques représente souvent dans
l'application des décisions un blocage silencieux mais très "efficace" et très "puissant"

77 Cf. Diagonales n° 21, p. 10.

78 cf. BEBEY, Francis, 1992, "Exprimer la vie par les mots, la musique et la voix", entretien réalisé par JALLON Philippe in Diagonales n° 24, p. 4.

aussi bien dans l'administration que dans les instances politiques de décisions.

Aucun de ces obstacles n'est insurmontable. Il suffit d'en prendre conscience, de savoir prendre les decisions convenables pour leur resolution et de se donner les moyens appropries.

3.8.3. Produire les outils didactiques en langues nationales et former les personnels d'encadrement du système.

Une des considérations essentielles pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales est la question des outils didactiques. Elle n'est pas difficile à résoudre. Des outils didactiques ont été produits dans plusieurs pays de l'Afrique et ont servi de supports aux différentes expérimentations. Il faut donc se donner les moyens pour produire les outils en langues nationales en les introduisant dans le contexte de l'enfant (son environnement socio-culturel).

Il faudra former les acteurs du système éducatif (personnels d'encadrement, enseignants et gestionnaires) à cette nouvelle option.

Il suffira de commencer par une expérimentation progressive, appliquée et disciplinée. Au fur et à mesure que la maîtrise sera notée, on pourra envisager passer à la généralisation.

3.8.4. La traduction, comme moyen de promotion des langues nationales.

Un des moyens de soutien à l'enseignement/apprentissage en langues nationales et à la promotion de ces langues est la traduction.

Les documents de référence et autres principaux documents de travail devront faire l'objet de traduction dans les langues nationales afin de permettre leur appropriation et leur utilisation par les apprenants et autres praticiens. Cela permettra le développement rapide d'un environnement lettré.

Un autre aspect important, dans le profil de sortie de l'élève, il devrait y avoir l'aptitude en traduction français/langues nationales, langues nationales/français.

« Traduire ce qui est écrit sur un certificat de naissance, le livret de santé bébé, une boîte de comprimés, sur un emballage, sur le carnet de notes de l'enfant à l'école, etc. telle est la première compétence à exiger d'un jeune homme qui sort de l'école primaire - celle qui rend service d'une façon tangible. C'est un exercice qui n'est jamais fait à l'école traditionnelle »79.

79 BAUDIN, André, 1992, "Le laboratoire des jeunes années. La langue de la construction des savoirs", in

Pour Baudin, 1992, « écouter des renseignements ou des doléances formulées en [langues nationales] et les rédiger, au fur et à mesure, en français est un travail linguistique qui mériterait toute l'attention des enseignants. (...) La traduction est la clé de voûte d'une nouvelle formation qui considérerait le milieu comme un réservoir de connaissances qui méritent d'être connues, diffusées, appréciées. Traduire, c'est échanger dans les deux sens »80

3.8.5. Un environnement lettré en langues nationales.

La promotion d'un environnement lettré en langues nationales représente un moyen important pour le développement des langues nationales.

L'environnement lettré suppose par exemple que dans les marchés, les services administratifs, les différentes institutions, les rues et différents artères, il y ait possibilité de lecture dans les langues nationales ; que les produits commerciaux, les actes et papiers administratifs, les messages d'information et de communication soient transmis en langues nationales. C'est en fait, toute action ou toute initiative pouvant favoriser le contact permanent des populations avec les langues afin de permettre leur développement ; c'est l'ensemble des actions concrètes pouvant permettre la lecture systématique en langues nationales.

Dans le contexte béninois, la décentralisation amorcée devrait être un soutien actif pour la promotion des langues nationales. On devrait par exemple écrire en langues nationales sur des documents élémentaires (notice d'utilisation de produits, facturiers, actes de naissances, cartes nationales d'identités ou autres papiers administratifs etc.) ou sur des plaques d'indication (écriteau, panneaux, plaques de renseignements etc.). Cela pourrait progressivement permettre l'apprentissage et la compréhension des langues nationales.

Pourquoi ne pas reconnaître [et admettre] que, dans un pays africain, un fonctionnaire doit nécessairement avoir reçu une formation bilingue. Dans ses rapports avec l'administration, il emploie le français ; dans ses contacts avec le public, il s'exprime en langue nationale. Il devrait donc être dit clairement que beaucoup de métiers en Afrique exigent de leurs agents qu'ils soient bilingues. Il faudra sensibiliser à cette évidence aussi bien les enseignants que les parents d'élèves. Alors seulement les élèves qui commenceront l'apprentissage de leur langue nationale sauront que cette étude comporte des débouchés et les aborderont comme une discipline à part entière81.

Diagonales n° 21, p. 38.

80 Idem, Ibid., p. 38

81 DIKI-KIDIRI, Marcel, 1992, "Bilingues, réclamez !", propos recueillis dans Diagonales n° 21, p. 26.

3.9. En a-t-on les moyens aujourd'hui ?

Serait-ce si difficile aujourd'hui, techniquement et scientifiquement d'enseigner les langues nationales véhiculaires à l'école au Bénin ou ailleurs en Afrique ?

Cela ne date pas d'aujourd'hui ; même si l'option était faite il y a plusieurs décennies ce ne sont pas les moyens techniques, intellectuels ou même matériels ou financiers qui pourraient faire blocage à une nécessité de développement. La question est de savoir définir ses priorités.

Au plan continental, les documents pédagogiques existent dans les principales langues véhiculaires : yoruba, peul, bambara, wolof, haussa, ewe, malinke, more, etc. Toutes possèdent des manuels d'alphabétisation, des grammaires, des lexiques etc.

Au plan national, beaucoup de langues véhiculaires possèdent des documents pédagogiques, des manuels d'alphabétisation, des guides etc. ; des langues comme le yoruba, le fon, le gun, le aja, le baatonum, le ditammari, le dendi ne manquent pas de documents élémentaires d'enseignement/apprentissage qu'il faudra enrichir.

Une politique rigoureuse et orientée pour soutenir les instituts pédagogiques, les centres de linguistique appliquée et les structures chargées de la promotion de l'alphabétisation pourrait très rapidement permettre de compléter les ouvrages déjà existants en vue de renforcer le parc bibliothécaire et pédagogique des ouvrages et documents en langues nationales.

Il serait redondant de chercher à démontrer l'existence de compétences intellectuelles et techniques parce qu'à notre sens ce serait une pure injure à l'élite africaine et béninoise que de vouloir polémiquer sur la disponibilité de cadres capables de conduire des programmes en matière d'enseignement/apprentissage/évaluation en langues nationales. Et personne, nous osons le croire, ne nous contredirait.

Les moyens existent donc. Il suffit d'oser appliquer ce sur quoi tout le monde s'entend. Il faut oser entreprendre, oser commencer.

Chapitre 4. Pistes pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales au Bénin.

Au terme de notre travail, il est judicieux de proposer eu égard à toutes les expériences passées en revue, des pistes concrètes pour le démarrage effectif de l'enseignement/apprentissage en langues nationales.

Ces propositions se situent globalement dans le contexte de la décentralisation au Bénin.

4.1. Quelques données sur l'éducation au Bénin82. Etats généraux de l'Education : 1991

Plan d'action pour une Ecole de Qualité Fondamentale,

nouveaux programmes d'etude pour le primaire

(basee sur la pedagogie active) : 1999/2000

Enfants et jeunes de moins de 18 ans (en millions) : 3,1

Taux de scolarisation dans le primaire : 23,7%

Taux de scolarisation dans le secondaire : 23,2%

Taux de scolarisation dans le supérieur : 1,3%

Nombre d'élèves pour un enseignant : 49

Taux d'abandon dans le primaire : plus de 70%

Langue officielle : français

Autres langues de communications utilisées : anglais

Langues nationales : 52

Langues de post-alphabétisation : 6 (yoruba, fon, aja,

baatonum, dendi, ditamari)

Autres informations :

- 7 personnes sur 10, âgées de 15 ans et plus sont analphabètes

- 6 personnes de 15 ans et plus sur 10 n'ont jamais été à l'école

- 50,8% des personnes âgées de 15 à 24 ans et 62,7% de celles âgées de 15 ans et plus n'ont aucun niveau

- seulement 1 personne sur 2 âgée de 6 à 14 ans sont en cours de scolarisation Taux bruts et taux nets de scolarisation au primaire des enfants de 6-14 ans en 2002.

82 cf. INSAE/MCPPD, 2003, Troisième Recensement Général de la Population et de l'Habitation (RGPH 3), Synthèse des Résultats, Cotonou, Bénin.

- Taux brut : 57,8% (dont 64,1 pour les hommes et 51,1 pour les femmes) - Taux net : 51,3 (dont 56,9 pour les hommes et 45,3 pour les femmes) 4.2. Données politico administratives.

Avec l'avènement de la décentralisation, l'administration territoriale sera assurée selon une structure de gestion locale à la base. Ainsi donc, on aura :

des départements

:

12

des communes

:

77

des villages ou quartiers de villes

: PM

 

-
-

-

Chaque département est caractérisé par une dominance d'une culture ou d'une langue. Les populations dans leur besoin de communication, se retrouvent autour d'une ou de deux langues de communication dans chaque département, dans chaque commune ou dans chaque chef-lieu.

4.3. Le programme.

Il s'agira de concevoir un projet visant à scolariser les enfants non pris en charge socialement par la société, l'Etat ou les parents en vue d'une instruction en langues nationales sur toute l'étendue du territoire béninois.

Il se proposera d'expérimenter des initiatives d'éducation alternative offrant aux enfants et jeunes en âge d'être scolarisés mais non inscrits dans les écoles publiques formelles, des programmes éducatifs de `rattrapage', de `transition' ou d'`insertion', basé sur les programmes officiels en vigueur au Bénin et pouvant permettre aux apprenants d'avoir le même niveau intellectuel que ceux des cours officiels.

Il s'agira de prendre les enfants déscolarisés, de les regrouper par département et par commune, et de les former dans les langues nationales en tenant compte des programmes en vigueur dans les établissements primaires publics et privés sur toute l'étendue du territoire national.

Les langues nationales à retenir sont en priorité les six langues de post-alphabétisation auxquelles on pourrait ajouter au besoin certaines langues reconnues comme langue de communication pratiquée en dominance dans une localité donnée.

Il pourrait s'inspirer par exemple des nouvelles méthodes d'approche par compétence actuellement en expérimentation dans le système éducatif formel béninois.

Ce sera un paquet d'expériences alternatives d'éducation dont le principal objectif est la
recherche d'une école flexible et adaptée aux cultures locales des apprenants. Il
s'emploiera surtout à partir du postulat que l'école doit être perçue comme un instrument

possible de décentralisation et de libération de la créativité.

Ce programme constitue une expérimentation concrète de l'éducation en langues nationales depuis la maternelle jusqu'à l'intégration dans le système éducatif formel.

Il sera question, à partir des cours élémentaires de réaliser la symbiose entre l'éducation formelle officielle et le présent programme en accompagnant la formation en langues nationales par l'enseignement/apprentissage en français suivant le modèle en vigueur actuellement dans le système éducatif formel au Bénin.

Pour réussir cette symbiose éducation en langues nationales et intégration dans le système éducatif formel, il faudra commencer depuis la classe de 3ème année (Cours élémentaire première année), à coupler les langues nationales avec le français.

Un tel programme, doit mettre à la disposition des acteurs impliqués dans sa réalisation, tous les moyens adéquats pour favoriser sa réussite et à la disposition des enfants (apprenants) tous les moyens pour les mettre dans les meilleures conditions psychologiques possibles, les stimuler et surtout, convaincre les parents du bien fondé d'une pareille éducation. Il faudra donc une sensibilisation intense.

4.4. Stratégies.

Il s'agit de recueillir, deux mois après la rentrée scolaire officielle, les enfants dont on est sûr de la non inscription dans une école publique ou privée et qui par conséquent sont voués à la non instruction formelle ; ceci, pour être sûr que ces enfants n'ont rien à perdre pour une telle expérimentation.

Les cibles sont donc :

- les enfants et jeunes en âge d'être scolarisés mais n'ayant pas accès à l'école publique formelle ;

- les enfants déscolarisés de 6 à 12 ans des quartiers de villes ou des villages ou campagnes du Bénin ;

- les enfants non pris en charge ni par l'Etat, ni par la communauté, ni par les parents.

En tenant compte de l'actuel contexte de décentralisation, le programme sera appliqué dans les communes et villages des douze (12) départements du Bénin.

On aura au total, sur toute l'étendue du territoire national 24 écoles et 48 classes :

- Deux (02) écoles par département (une école en milieu rural et une école en milieu urbain)

- En moyenne, deux langues locales seront choisies par département

- Dans chaque école d'un département, il y aura 2 classes (une classe pour l'enseignement/apprentissage dans la première langue et une classe pour l'enseignement/apprentissage dans la seconde langue)

- Chaque classe sera composée au total de 15 élèves.

Les deux premières années de l'enseignement/apprentissage seront en langues nationales exclusivement. A partir de la troisième année, l'élève devra entrer en contact avec la langue étrangère qu'est le français afin de l'acquérir progressivement jusqu'en sixième année où il pourrait se présenter au Certificat d'Etudes Elémentaires (CEP) en composant dans les mêmes épreuves que les élèves du système classique.

Recapitulation des choix a titre indicatif83 (Pour la première année d'expérimentation).

Départements

Langues /
département

Communes

ZoneslEcoles

Classes

Effectifs

ATACORA

&
DONGA

yom, dendi,
ditammari,
waama, anii

Natitingou

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

ATLANTIQUE
&
LITTORAL

fongbè

Abomey-Calavi

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

BORGOU
&
ALIBORI

baatonum,
dendi, fulfulde

Parakou

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

MONO
&

ajagbè,

Lokossa

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

83 Le choix des communes est à titre indicatif. Des études de recherche de sites pourraient permettre de les modifier

Départements

Langues /
département

Communes

ZoneslEcoles

Classes

Effectifs

COUFFO

gengbè

Houeyogbe

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

OUEME
&
PLATEAU

gungbè,
ecleyoruba

Adjarra

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

ZOU
&
COLLINES

fongbè, edeyoruba (nago et variétés)

Abomey

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 1 (zone urbaine)

Classe A

15

 

15

 

Ecole 2 (zone rurale)

Classe A

15

 

15

12
Départements

X84 langues

24 communes

24 écoles

48 classes

720 él~yes

 

Au total donc nous pourrions avoir :

- 12 départements

- 24 communes

- 24 écoles

- 48 classes

- 720 élèves, et

- x langues (x compris entre 6 et 12 au plus)

84 Le nombre de langues à retenir dans les douze départements sera fonction des options et des moyens. Il ne peut donc être fixé ; toutefois, il ne devra pas être une longue liste de langues. x devra être compris entre 6 et 12 langues au maximum.

4.5. Avantages.

Un tel programme aura le mérite :

- d'expérimenter de façon concrète, l'enseignement/apprentissage en langues nationales ;

- de réduire le taux des non scolarisés et non alphabétisés au Bénin.

- de préparer le chemin pour la mise en pratique de l'enseignement en langues nationales dans tout le système éducatif national ;

- de former à une citoyenneté responsable et à une auto-prise en charge efficiente de la population

- de donner une chance aux enfants déscolarisés.

- de démystifier et de démythifier l'école par l'enseignement/apprentissage en langues nationales ;

4.6. Ressources humaines.

Le partenariat devra être un élément essentiel d'un pareil programme.

- En effet, pour une application sans faille du programme suivant les normes en vigueur, il est requis un partenariat avec le Ministère en charge des enseignements primaire et secondaire d'une part, du Ministère en charge de l'Alphabétisation et des langues nationales, et un partenariat avec les municipalités concernées par le programme.

- Enfin, il faudra un partenariat avec les populations cibles (apprenants et parents) à travers leur adhésion au programme.

- Le Programme devra être exécuté sous la coordination d'une structure légère de pilotage (qui devra être à l'abri des lenteurs administratives par son autonomie de gestion avec obligation de compte rendu au Ministère de tutelle).

Des enseignants seront spécialement formés pour l'application du programme.

Compte tenu de la densité et de l'importance d'un tel programme, pour sa réalisation fera appel à toutes les personnes ressources susceptibles de contribuer d'une manière ou d'une autre à sa mise en application depuis le début jusqu'aux activités sur le terrain. Seront mis à contribution les linguistes, les didacticiens, les sociologues, les pédagogues et sociologues et les spécialistes dans les divers domaines d'enseignement.

Pour les enseignements sur le terrain, priorité sera accordée aux spécialistes en la
matière et autres personnes investies dans l'éducation (enseignement / apprentissage)

en langues nationales.

4.7. Matériels didactiques.

Il faudra accorder une attention très particulière à l'élaboration des matériels didactiques appropriés qui devront s'inspirer des programmes en vigueur dans le système formel et seront placés dans l'environnement socio-culturel de l'enfant.

Les matériels didactiques doivent être élaborés en langues nationales et devront permettre aux enfants d'être à même de réagir correctement devant les mêmes épreuves que leurs camarades des cours formels.

Cette démarche globale permettra de prouver une fois encore la possibilité d'éduquer les enfants à partir des langues nationales et de former une génération d'enfants moins calqués sur le modèle occidental, mais qui a le regard d'abord sur sa patrie.

En effet, une politique linguistique cohérente suppose que, puisque les élèves ont à parler leur langue, ils l'apprennent : que, s'ils savent la lire, ils puissent trouver des livres dans cette langue ; que, par le biais d'un apprentissage de la traduction, ils découvrent la sensibilité propre de deux idiomes qu'ils pratiquent et entrent ainsi dans une intimité réelle avec leurs deux langues85

85 DIKI-KIDIRI, Marcel, 1992, "Bilingues, réclamez !", propos recueillis dans Diagonales n° 21, p. 26.

5. Conclusion.

Le Droit à l'éducation est un droit inaliénable reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme86 à tout être humain, sans distinction de sexe, de race ou de religion et relayé par des textes et traités internationaux comme la Charte africaine des droits de l'homme et des Peuples adoptée en 1981 par l'Organisation de l'unité africaine, la Convention des droits de l'enfant, adoptée à New York par l'Assemblée générale des Nations unies en 1989, etc.

Au terme de notre travail, il est apparu que tous les êtres et habitants des nations ne bénéficient pas de ce droit tel qu'il est souhaité et largement exprimé.

Au Bénin, le taux d'analphabétisme avoisine les 67,4% ; 7 personnes sur 10 âgées de 15 ans et plus sont analphabètes ; 6 personnes de 15 ans et plus sur 10 n'ont jamais été à l'école. Pour les enfants de 6 à 14 ans en 2002, le taux brut de scolarisation est de 57,8% et le taux net est de 51,1%. Avec seulement une personne sur deux âgées de six à quatorze ans en cours de scolarisation, le Bénin est loin de l'universalité de la scolarisation87.

Le développement durable se fondant « sur la mise en oeuvre d'une utilisation et d'une gestion rationnelles des ressources (naturelles, humaines et économiques), visant à satisfaire de manière appropriée les besoins fondamentaux de l'humanité », pour y parvenir, il faudra l'implication active et rationnelle de toutes les ressources disponibles ; ressources humaines au premier chef ; d'où la nécessité de l'instruction maximale ou de l'ignorance zéro à faire prévaloir.

Tout Etat a le devoir de prendre toutes les dispositions afin que tous les enfants sans exception et les adultes soient éduqués et alphabétisés. Il faudra pour cela tout d'abord éviter les déperditions scolaires, les exclusions classiques et les échecs liés à l'institution scolaire elle-même. Or, les investigations menées ont fait ressortir, au nombre des handicaps à l'atteinte de ces objectifs, que la langue d'enseignement (langue étrangère) représente dans beaucoup de cas un obstacle à l'évolution de l'enfant et contribue à la hausse du taux d'échec observé en milieu scolaire.

De plus, toutes les démonstrations ont abouti à la conclusion que les études primaires en langues nationales (langues premières des écoliers africains en général) représentent un avantage certain au point de vue scientifique et technique.

86 Texte adopté le 10 décembre 1948 par l'Assemblée générale des Nations unies.

87 Ce taux représente " le rapport des personnes qui savent lire, écrire et comprendre une langue quelconque, étrangère ou nationale, à la population en âge d'être alphabétisée (15 ans et plus) " (INSAE 2003, RGPH 3).

Pourtant, malgré l'avalanche des déclarations et actes politiques pour reconnaître la valeur et l'utilité des langues nationales dans le développement, la situation est restée inchangée.

« Dans un pays où la grande majorité est analphabète, l'alphabétisation est un élément du droit à l'éducation et un indicateur de bonne démocratie. Elle favorise de fait l'émergence d'un véritable Etat de droit qu'on peut définir comme un Etat où les droits humains sont garantis et promus »88

Les langues nationales pour supports d'enseignement/apprentissage dans le contexte des programmes par compétence sont plus bénéfiques. En effet, en se servant d'une langue maternelle pour l'enseignement/apprentissage, « il y a continuité entre les savoirs du milieu et les savoirs scolaires : le maître aide l'apprenant à mieux dire le monde, avec plus de précision et d'originalité, mais il ne détient pas tous les savoirs »89 cela permet plus de laisser la « place à l'esprit critique, au doute, à la formulation d'hypothèses, à l'erreur » et le développement méthodique et ordonné de l'esprit scientifique, comme le prône si bien les nouveaux programmes d'études en vigueur actuellement au Bénin. En un mot, l'enseignement/apprentissage en langues nationales développe une théorie école-milieu/milieu-école90

Avec cette méthode à expérimenter, enseigner/apprendre ne sera plus « assimiler des contenus sous forme de mots, [mais plutôt] organiser des informations (ou des demandes d'information) sous forme d'opérations »91, ou autres activités pédagogiques à la disposition de l'enfant.

Le développement à la base aujourd'hui nécessite la formation des populations à leur auto-prise en charge et leur permettant d'assurer leur participation efficiente à l'animation de la vie publique, sociale, économique et politique et à leur participation aux prises de décisions de façon responsable dans la cité.

Dans un pays où plus de 80% de la population est analphabète, l'enseignement / apprentissage en langues nationales, fait de façon rationnelle et structurée, accompagnée d'une formation à la citoyenneté responsable se trouve une alternative avantageuse capable de soutenir l'école traditionnelle dans ce nouveau contexte de vaste réforme du système éducatif et de développement durable.

88 AHANHAZO GLELE, M., 1999, « L'Etat de droit et droits de la personne humaine sont intimement liés... Ils entretiennent des liens dialectiques », in L'Etat de droit, les droits de la personne humaine et les libertés publiques dans la Constitution du 11 décembre 1990 », Actes du Colloque sur l'évaluation critique de la mise en oeuvre des droits de la personne humaine et de la pratique de la démocratie au Bénin, Cotonou, 17-18 septembre

89 BAUDIN, André, 1992, Le laboratoire des jeunes années. La langue de la construction des savoirs", in Diagonales n° 21, p. 38.

90 Idem, ibid.

91 Idem, ibid.

L'enseignement/apprentissage en langues nationales n'est pas un discours pour la valorisation des langues et cultures africaines ; c'est un outil scientifique d'éducation de fond, un moyen sûr et efficace de développement efficient et durable ; c'est de cela que les pays africains ont d'abord besoin pour mieux décoller sur tous les plans.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld