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Subventions cotonnières des pays développés et distorsions sur le marche mondial : une approche par le modèle vectoriel a correction d'erreur

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par ALAVO O Modeste et AVOUTOU Mathieu
Université d'Abomey-Calavi - Maitrise en Sciences Economiques 2006
  

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B. Limites et suggestions

1. Limites et perspectives

La présente étude, sans remettre en cause essentiellement ses résultats comporte des limites en certains points.

- Notre variable de subventions n'est certainement qu'une Proxy des soutiens accordés aux producteurs cotonniers américains et européens. Il conviendrait de chercher d'autres variables pertinentes comme les différentes formes d'aide accordées par ces pays à leurs producteurs. Les garanties de crédit à l'exportation pourraient également être prises en compte.

- Notre étude n'a pas pris en compte les subventions chinoises. Pourtant la Chine est le deuxième pays qui subventionne le plus le coton après les Etats-Unis. Ceci est dû au fait que les données relatives aux subventions chinoises sont peu connues ; à telle enseigne que la politique de subvention de la Chine est difficilement appréciable.

- En outre, il existe plusieurs sources de données concernant les variables clés du marché cotonnier. On peut citer entre autres : les sources de données de la FAO, du CCIC, de USDA (ministère américain de l'Agriculture-US Departement of Agriculture-) et le COMTRADE (Base de données des Nations Unies relative au commerce des produits de base). Les études ultérieures pourraient s'employer à comparer les résultats provenant de ces différentes sources. Pour notre part, le choix de la base de données de l'USDA s'explique par la conformité et l'existence de données sur une longue période.

- Notre étude n'a par ailleurs, pas évaluée la performance du modèle en terme de prévision, à travers notamment les statistiques comme la moyenne carré des erreurs ou la moyenne des erreurs absolues.19(*)

- Enfin, le modèle VAR étant un modèle qui requiert beaucoup de données afin d'améliorer la précision des estimateurs ; l'ajout d'une information supplémentaire est toujours la bien venue. C'est pour cette raison que les travaux prochains devront s'intéresser à l'économétrie bayésienne. Cette méthode d'estimation consiste en l'absence de séries longues à aller chercher de l'information « en dehors » des données. Cela passe en partie par la formulation d'hypothèses a priori sur les paramètres d'intérêt (ici les coefficients du modèle VAR), puis de les combiner avec les informations contenues dans les données pour trouver l'estimateur a posteriori bayésien.

2. Suggestions

Notre étude n'a pas complètement pu montrer l'effet pervers des subventions en terme de distorsion sur le marché mondial. Serait-ce une raison valable pour remettre systématiquement en cause les revendications des producteurs de coton de l'AOC ? Certainement non. En effet, ces pays peuvent se tromper de cible mais pas de combat. C'est ce que énonçait une étude de la Banque Mondiale en ces termes : « les pays en développement sont davantage victimes de barrières tarifaires et d'un accès aux marchés insuffisant que des subventions aux producteurs » (Banque Mondiale, 2004). Aussi, force est de notifier que les producteurs africains disposent d'un avantage comparatif certain dans la production du coton- ce qui justifie leur spécialisation-. Il est donc légitime et rationnel de revendiquer une libéralisation immédiate. La libéralisation souhaitée est déterminante pour le succès des reformes internes envisagées et en phase d'exécution.

En ce qui concerne les reformes internes, il s'agira pour les pays de l'AOC et le Bénin en particulier d'accélérer le processus de libéralisation et de privatisation de leurs structures. Cependant, il faut garder en vue l'idée selon laquelle le marché doit être privatisé mais réglementé (Eric Hazard, 2004). La réforme en question doit s'effectuer sur des bases saines. Elle doit permettre : d'approvisionner les producteurs de coton en intrants de bonne qualité et à coûts raisonnables dans les délais adéquats ; de résoudre le problème de retard dans le paiement des producteurs ; d'instaurer un professionnalisme dans la filière.

Par ailleurs, une autre solution endogène serait de valoriser notre coton par le biais de la transformation locale. En effet, l'UEMOA s'est fixée comme objectif de valoriser 25% de la production d'ici 2010. Ce souci vise bien évidemment à atténuer les effets de la volatilité des cours internationaux du coton brute en le valorisant. De facto, il devrait aussi permettre aux pays AOC de se positionner sur un segment de la filière où la valeur ajoutée (VA) est la plus importante. Le souci de créer de la valeur ajoutée n'est pas nouveau. Des pays comme le Pakistan et la Chine, principaux producteurs et exportateurs dans le passé ont aujourd'hui connu un tel développement dans le secteur textile qu'ils sont devenus importateurs nets. De l'Angleterre du XIXième siecle (dont la révolution industrielle a débuté dans le secteur du coton), à l'Ile Maurice dans les années 1970, le secteur textile a, dans un grand nombre d'expériences et de développement, été le secteur clé de l'industrialisation (et comme on le voit dans le cas de l'Ile Maurice indépendamment d'une production locale de coton brut).

L'UEMOA, quant à elle a connu un succès mitigé : « au cours de la période 1981/82, le Bénin et le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire et le Mali transformaient 22% de leur production locale ; 20 ans plus tard, ils n'en transformaient que 5% »20(*). Au nom des raisons qui expliquent l'échec de cette stratégie, on peut citer :

- Le manque de capitaux suffisant pour investir dans le segment de la transformation industrielle ;

- Les infrastructures (mauvais états des routes et des aéroports, coûts de fournitures en électricité très élevés...) pour accueillir une technologie de pointe sont le plus souvent inadaptées ;

- Le capital humain ne semble pas toujours disponible ;

- Certains pré requis tels que la bonne gouvernance, l'intégrité restent absents.

Pour corriger ces blocages, des marges de manoeuvre existent. La volonté politique des Etats (AOC) et du BENIN en particulier reste le principal levier pour l'action. Par ailleurs, il serait à la fois dommage et aberrant de ne pas profiter des politiques de développement et d'infrastructures (Accords de Partenariat Economique avec l'UE, NEPAD, Stratégie de Réduction de la Pauvreté...) pour relever le défis de la transformation locale de la fibre, en investissant dans un secteur industriel moderne. Parallèlement, le secteur traditionnel pourra lui aussi être soutenu afin d'occuper une « niche » à haute valeur ajoutée, celle du tissu coton manuel.

Pour finir, la nécessité d'une diversification des économies africaines s'impose. Elle est souhaitable dans le sens où la trop grande dépendance du PIB d'un pays à l'égard d'une seule matière première dont le cours est très volatile est un frein à la croissance. Turnovsky et al (1998) montrent que différents types de volatilité affectent la croissance d'un pays parmi lesquels, la volatilité des termes de l'échange et de la production. La concentration de l'activité économique dans un secteur comme le coton accroît ces deux types de volatilité. La solution serait alors pour les pays africains de réduire leur « dépendance » vis-à-vis du coton en développant d'autres filières, par exemple (la filière manioc,arachide, du riz...). Ce raisonnement pose néanmoins un problème fondamental. Une diversification de l'Economie ne signifie pas une substitution d'une filière à une autre et encore moins la condamnation d'une filière qui (fonctionne en Afrique sub-sahérienne et a pu joué un rôle dans la diminution de la pauvreté) - le coton - à une hypothétique filière dont l'issue n'est pas encore certaine.

* 19 « mean absolute errors » et « mean squared errors »

* 20 Louis Goreux, « les producteurs de coton des pays CFA face aux subventions américaines et européennes » juillet 2003

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