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La nature, le fonctionnement et les implications sociales, économiques et politiques de la microfinance en RDC

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par Denis Mushiya
Université de Kinshasa - Licence 2006
  

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II.3.2 Les circuits financiers informels ou semi-formels

Les circuits financiers informels couvrent les opérations de toutes les entités licites mais non réglementées telles que les associations d'épargne et de crédit (à fond tournant ou non), comme les tontines ; ainsi que les prêteurs sur gages, les encaisseurs de fonds ( buakisa carte) et autres prestataires des services financiers. Leur caractéristique principale est d'être en dehors d'action juridique, fiscale, réglementaire et prudentielle des autorités monétaires et financières.

Une classification élémentaire utile consiste à distinguer d'un coté un système informel spontané (autonome) qui comprend les associations de type tontines, prêteurs sur gage et autres mécanismes similaires qui existent indécemment de tout contrôle public du secteur formel et de l'autre coté les mécanismes informels qui se créent pour combler des vides du système financier formel ou contourner les répressions financières auxquelles est soumis le secteur formel.

On ne dispose pas des statistiques globales sur le champ d'action et l'importance relative des circuits financiers informels et semi-formels dans la province-ville de Kinshasa, mais l'enquête par sondage a été effectuée et quelques données anecdotiques dont on dispose donnent à croire qu'ils occupent une place importante dans le secteur financier congolais.

Certes, les circuits financiers informels et semi-formels comportent des inconvénients intrinsèques à divers égards : économies d'échelles transformations des échéances ; transferts spatial de l'épargne ; prédominance des transactions en espèces, gamme des échéances des instruments et des opérations et enfin très faible rôle d'intermédiation. En fait, on ne peut remédier à ces problèmes qu'avec un système formel adéquat et efficace ce qui suppose en premier lieu des mécanismes également efficaces pour intégrer ces activités au secteur formel.

Les possibilités du système au plan de la collecte de l'épargne des particuliers et au plan de la décentralisation du crédit sont déterminées par son rôle et la façon même dont il fonctionne, le fait qu'il traite l'épargne des particuliers est manifeste, en ce sens que, d'une manière générale les sommes moyennes épargnées sont très modestes et les soldes moyens des comptes sont généralement inférieurs au minimum exigé par les banques commerciales. Les renseignements dont dispose confirment les aspects généraux suivant du système financier informel et sémi-formel en République Démocratique du Congo :

Le secteur informel est beaucoup plus étendu et varié que le secteur formel et exception faite du financement à long terme, il assure la plupart des services financiers fournis au secteur rural ;

Il existe des systèmes collectifs d'épargne et de crédit informels spontanés, bien établis et efficaces dans pratiquement toutes les villes de la RDC Ils sont fondés sur le volontarisme, l'autonomie, les faibles coûts des transactions et d'information, la commodité, la souplesse, la confiance et les garanties intangibles (souvent une promesse orale) ;

Le secteur informel assure essentiellement la mobilisation des dépôts et la garde des fonds, mais pour la distribution de crédit, il est basé sur les avantages que constituent l'information et les faibles coûts des transactions qui constituent aussi une forte incitation pour les petits épargnants malgré les taux d'intérêts élevés

prélevés sur les sommes empruntées. En fait les institutions qui offrent à la fois des services de crédit et de dépôt ont une performance qui sensiblement meilleurs que seules qui acceptent que les dépôts.

L'épargne mobilisée par les tontines, les associations d'épargne et de crédit, et le système de carte est préemptée généralement par l'Etat.

Le secteur financier sémi-formel reproduit le biais du système du système formel en faveur de ville, en ce qu'il draine l'épargne rurale pour alimenter la distribution de crédit en milieu urbain,

Paradoxalement, malgré les avantages évidents des circuits financiers informels et semi-formels à Kinshasa tout le monde les condamne, sauf pour ce qui est des « coopératives d'épargne et de crédit agréées ». Ce qui montre bien les difficultés de l'activités financière informelle en République Démocratique du Congo . L'attitude de pouvoir public devra changer radicalement avant que les politiques adéquates puissent être mises en place.

3.3 Les coûts et avantages du dualisme financier au Congo.

Avant tout, comprenons d'abord la catégorisation, les opérations et les services de microfinance tels que pratiqués en R.D.C. dans le tableau ci-après :

Tableau n°6 : comparaison des institutions de microfinance en R.D.C. et mobilisateurs informels.

 

Crédit

Epargne

Crédit-bail

Location coffre

Formation

 
 
 

Institution

Profession

 

Autres
opérations

 
 

Clients

Objectifs

Agrément

Caisse IMF

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Membres

Lutte contre la

pauvreté

BCC

Société MF

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Public

Lutte contre la

pauvreté

BCC

Entreprise MF

Oui

Non

Oui

Oui

Oui

Public

Lutte contre la

pauvreté

BCC

Carte Non Oui/NH Commerce Pharmacie Change... Public Imprécis Non

Tontine mut.(L) Non Oui/NH Commerce Culturelle Sociale... Membres Entraide Non

Tontine co.(M) Oui/NH Oui/NH Commerce Culturelle Sociale... Membres Entraide Non

Caisse mutuelle Oui/NH OUI/NH Sociale Culturelle Sociale.... Membres Entraide Non

Banque Lambert

Oui

Non

 
 
 

Public

Gain monétaire

Non

Source : C.MUYA et E. MUKUNDI, in mobilisation informelle de l'épargne dans la ville de Kinshasa, Séminaire IRES Avril 2006 Légende : L= likelemba ; M= muziki ; NH= profession non habituelle.

Selon l'article 4-9 de l'instruction n°01 de la BCC et de l'instruction n° 02 relative à la microfinance ; les IMF sont reparties en trois premières catégories du tableau ci-haut et expliquées dans la page qui suit :

1° Caisses de microfinance : (Capital initial : 15.000 USD), elle collectent l'épargne de leurs membres pour l'affecter à des opérations de microcrédit à leur profit.

2° Sociétés de microfinance : (Capital initial : 50.000 USD),elle collecte l'épargne du public et lui octroie du microcrédit.

3° Entreprises de microfinance : (Capital initial : 100.000 USD),

Elles accordent de microcrédit au tiers. Elles ne peuvent collecter l'épargne que si elles y sont autorisées, à titres accessoires par la BCC.

De cette comparaison du tableau n°6, deux thèses s'opposent sur la question de savoir s'il faut mettre en oeuvre une stratégie de réduction du dualisme financier au Congo au bénéfice du circuit moderne :

Celle qui considère que le secteur informel rend des services appropriés dans les zones éloignées et à des segments de la population ou à des activités économiques qui ne peuvent pas avoir accès aux circuits bancaires ;

Celle qui soutient- que le dualisme financier comporte des surcoûts considérables et des pertes en terme d'efficacité et d'organisation qui sont supportés par une partie de la population.

Les arguments de part et d'autres peuvent être repris autour de quatre préoccupations suivantes :

Sur la mobilisation de l'épargne : les coûts de gestion et de l'intermédiation dans le secteur informel sont faibles, il offre en outre des facilités qui incitent les épargnent à accumuler des petites sommes qui autrement auraient été dépensées à des fins de consommation ou thésaurisées. En fin, les systèmes informels échappent au problème de crédit non remboursés qui mine le secteur officiel, en raisons des liens essentiellement sociaux et personnels qui caractérisent les transactions financières dans ce secteur.

Sur l'affectation des ressources : Il y a souvent un lien direct et visible entre l'acte d'épargne et d'investissement dans le secteur informel. Cette proximité garantit la sécurité et la confiance dans les allocations des ressources. Mais la réduction du dualisme entraînerait une diffusion sectorielle et géographique de l'épargne en direction des secteur, les plus moteurs, et donc elle serait favorable à toute l'économie.

d'un groupe cible ou d'un secteur donné notamment dans le monde rural sont inexistants.

Mais, lorsqu'un niveau considérable des liquidités mobilisables échappe au secteur bancaire comme c'est le cas en R.D.C où 86% de la masse monétaire circule hors le circuit bancaire, les ressources potentielles du secteur formel se trouvent réduites, les agrégats sont mal connus et la définition de la politique monétaire et financière se révèle difficile.

Sur l'équité sociale : la segmentation des marchés introduit une sorte de spécialisation de fait en vertu de laquelle chaque secteur répond le mieux aux besoins de son segment selon ses avantages comparatifs propres.

Mais le secteur informel pratique des taux usuraires du fait d'inégalités d'accès aux ressources et de « l'effet d'influence » (lié en pratique aux pressions sociales traditionnelles), qui met les prêteurs dans une position privilégiée pour profiter d'une demande fortement inélastique entraînant les emprunteurs dans un cycle infernal de désépargne et de l'endettement perpétuels.

Nous ouvrons dans cette étude le débat. Si l'on considère que les coûts impliqués par la persistance du dualisme financier en R.D.C. l'emporte sur les avantages qui peuvent en être tirés, il faut mener une stratégie de la réduction du dualisme. Mais une telle évaluation est inévitablement difficile. Des formules d'articulation sont néanmoins ouvertes quand par exemple comme nous le verrons, le crédit aux microentrepreneurs joue un rôle des « grossistes » dans le financement des opérateurs des microcrédits.

L'intégration de deux secteurs24 ne peut toutefois être que progressive, « par un processus de croisement de deux secteurs, plutôt que par la pure substitution de l'un à l'autre, du moins dans les premiers stades (CT et MT). Il faut agir dans deux directions :

Institutionnaliser le secteur informel ;

Déformaliser en partie le système bancaire congolais.

Il faut admettre la coexistence pendant toute la période de transition de deux systèmes avec des normes différentes et chercher à organiser leur complémentarité.

24 GERMIDIS D. et MEGHIR E.. ,Système financier et développement :quels rôles pour les secteurs financiers formels et informels ? étude du Centre de développement de l'OCDE, Mars 1991, cité par PIERRE JAC. Et MARC RAFFINOT in la nouvelle politique économique pour l'Afrique, Ed. EDICEF/AUPELF, P.201-02

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams