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Etudes de pérennisation du microcrédit "grenier commun villageois" à  Ambatondrazaka, dans la région d'Alaotra - Madagascar

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par Jocelyn Rivoniaina RAVELOSON
Université d'Antananarivo école supérieure des sciences agronomiques - Ingénieur agronome 2004
  

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3. Les marchés financiers ruraux dominés par les prêteurs informels

3.1. De problèmes de trésorerie en soudure, conduisant au crédit usuraire "vary maintso"

Avant d'aborder le crédit formel, une brève étude des mécanismes de l'usure, encore très pratiqués dans les régions d'Ambatondrazaka, est indispensable.

Les pratiques usuraires présentent les caractéristiques suivantes :

- Le crédit reste individuel ;

- Les usuriers ne sont pas une catégorie particulière de la population ; tous ceux qui ont un peu

d'argent, surtout durant la période de soudure, sont des usuriers potentiels : commerçant, fonctionnaires (notamment les instituteurs des écoles publiques), paysans aisés ;

- Le prêteur et l'emprunteur se sont connus depuis plusieurs années ;

- Les formes sont de deux types : prêt d'argent ou prêt en nature (paddy ou riz blanc) remboursé

en paddy, et prêt d'argent remboursé en argent même ;

- Le système est souple : déblocage immédiat de la somme demandée, négociation sur

l'échéance du remboursement et pas de dossier à préparer à part un simple contrat par écrit ;

- Le coût de l'opération est extrêmement élevé pour l'emprunteur, du fait de l'intérêt payé pouvant atteindre 100% du capital. L'endettement usuraire peut précipiter des familles dans la famine en les dépouillant de leurs terres.

Le crédit informel touche presque la moitié des paysans de la Vallée Marianina et ceux de PC-15. Parmi eux, 32,7% emprunte pour la nourriture en soudure ; et 25% pour la réalisation des travaux agricoles.

Il existe trois types de prêts selon leur objet :

a) Une exception, les prêts familiaux gratuits

Le montant des prêts familiaux dépasse rarement 50 000 fmg. Ces sommes ne sont pas destinées à des investissements productifs. Ce sont des prêts de secours en cas de maladie, de décès ou d'évènements imprévus. Il n'y a pas de garantie matérielle exigée ni de contrat écrit, et la durée du prêt est assez courte, au maximum quelques mois.

Mais le recours à la famille n'est pas toujours possible, celle-ci étant parfois aussi démunie que l'emprunteur dans le besoin.

b) Les prêts "sociaux"

Les familles qui n'ont plus de riz au moment de la soudure, ni de l'argent pour en acheter, sont obligées d'emprunter de quoi survivre. Le coût exorbitant des médicaments ainsi que les obligations sociales contraignent aussi les ménages à emprunter dans le circuit usuraire. La figure suivante montre les pourcentages des paysans devant acheter ou emprunter du riz après tarissement de leur stock.

Figure 5 : Pourcentage des paysans
qui achètent du riz blanc en soudure (En%)

DEC

FEV

NOV

30,0

MARS

AVR

OCT

SEPT

0,0

MAI

AOUT

JUIN

JAN

50,0

40,0

20,0

10,0

JUIL

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans - Août 2003.

Dans la Vallée Marianina, 25 kg de riz blanc emprunté au collecteur au mois de mars est remboursé 60 kg de paddy à la récolte en juin, soit 180% en 4 mois.

L'emprunteur peut aussi vendre des quantités de paddy sur pied à un usurier et à un prix très inférieur à celui du marché au moment de la récolte (600 fmg le kilo) ; c'est le fameux "vary maintso" à Ambatondrazaka.

c) Les prêts de campagne

Beaucoup de paysans sont contraints d'emprunter pour acquérir des semences, pour payer les repiqueuses ou appeler des salariés quand la main d'oeuvre familiale ne suffit pas. La majorité des classes 3 n'arrivent pas à garder de semences ou à renouveler celles-ci pour la prochaine campagne de culture. 85 kg de paddy prêté au collecteur en période de semis doit être ainsi remboursé 160 kg à la récolte, soit 188,2% en 7 mois.

Certains prêteurs exigent comme garantie la mise en gage de rizières ou de baiboho. La gage de rizière est, pour les usuriers, la méthode d'accumulation de la terre la moins coûteuse : si l'emprunteur ne peut rembourser sa dette à une date convenue, le prêteur saisit la gage.

Le graphe suivant met en relief la relation des paysans de la zone d'étude, avec les prêteurs formels et informels, et les institutions financières.

Figure 6 : Relation des paysans avec les institutions financières

6,9%

4,3%

35,3%

17,2%

12,1%

10,3%

0,9%

12,9%

BOA

OTIV

Opérateurs riziers (FCP) Programme ARTA Collecteurs usuriers Particuliers usuriers Famille

Non concernés

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans - Août 2003.

D'après cette figure, 25% des paysans sont dépendants presque annuellement des usuriers, collecteurs ou particuliers, parmi les quels le deux-tiers appartient à la classe 3. Plus de la moitié de la population ne sont pas, par contre, concernées par le prêt à intérêt ; soit, ils vont recourir auprès de leur famille soit, ils n'empruntent jamais pour diverses raisons.

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