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Médias et pouvoir politique en rdc. (de la deuxième république à  la transition)

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par Michel Kifinda-Ngoy
Université de Kinshasa, RDC -  Licence en sciences de l'information et de la communication 2009
  

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2. les tortures sans trace des journalistes par les politiques.

Dans le rapport de l'ONG « journaliste en danger » les différentes tracasseries subies par les journalistes congolais sont classifiées en plusieurs rubriques. Il existe une forme de torture dont les journalistes sont victimes tous les jours et à laquelle on ne se fait pas attention. Ce sont ces fameuses pressions administratives, économiques ou judiciaires.

Je préfère, stipule jean René Mputu169(*), parler du musellement de la presse par employeur interposé (MPEI) ; cette technique utilise une méthode insidieuse : la torture sans trace (TST) les exemples ne manquent pas. Illustrons ce propos par l'exemple vécu personnellement par Jean René Mputu qui, lors des accords de Sun City, diffusait dans son émission « Avant la parole » les interviews accordées aux chefs rebelles (JP Bemba, A. Ruberwa, A. Zahidi Ngoma...) ce dernier avait subi une forte pression de son patron jusqu'au point de voire son émission supprimée et même de perdre son emploi par la suite.

Certes, actuellement, il est possible à un gouvernement de neutraliser et de maltraiter tous les journalistes qui le gênent, tant se faisant passer pour un pouvoir qui ne tue ni n'envoie pas en prison. Le « musellement de la presse par employeurs interposés » reste dangereux. Une tache d'autant plus complexe que la méthode de « la torture sans trace » permet difficilement de voir la main qui se cache derrière l'employeur. C'est ainsi que dans ses rapports ave les médias, le pouvoir politique congolais sait comment continuer avec la pratique de subordination de la presse sans se faire remarquer mais en aliénant l'employeur. Si les associations protectrices de la liberté de presse arrivent à sécuriser les employeurs contre les pressions « invisibles », les journalistes pourront disposer de plus de liberté dans l'exercice de leur profession. La démocratie s'en portera mieux.170(*)

3. Les guerres des médias pendant les élections de 2006.

La question de la transparence médiatique est importante, centrale et déterminante pour toute société à prétention démocratique. Elle est même permanente dans les sociétés dites capitale pour celles des sociétés qui aspirent à intégrer dans leur fonctionnement régulier ce mode de gestion de la cité que l'on appelle communément : démocratie.

En RDC cette question de transparence médiatique s'est accompagné des multiples dérapages ; en effet, à la veille des élections de 2006, des nombreux facteurs d'inquiétude planaient sur la réelle capacité des médias à couvrir de manière équitable le processus électoral (voir sur le rôle potentiel néfaste et sur les capacités de l'institution transitoire de régulation à favoriser le professionnalisme dans les médias. Les médias, suite au problème financier, s'installent dans une dépendance vis-à-vis des soutiens politiques, car comme le remarque un journaliste en 1996, « ce sont les hommes politique seulement qui ont les moyens d'entretenir la presse. Si on est neutre on ne trouve pas l'argent et on meurt ».Certains ont montré que cette inféodation politique pouvait les mener à tronquer l'information, à relayer des discours de haine et les changer en instruments de division.

Durant la période électorale, on pouvait partager les médias essentiellement en trois catégories dont des médias ouvertement pro Kabila : appartenant en général aux membres du PPRD, les médias de la presse rouge proche de l'opposition UDPS et les médias pro Bemba. Parmi les principaux phénomènes relevés, nous pouvons retenir avec Marie Soleil Frère171(*) des véritables « guerres médiatiques » qui se sont jouées dans plusieurs villes ; des élections qui attisent les appétits financiers ; des normes et un consensus professionnels relégués à l'arrière plan et l'entrée en politique des nombreux professionnels des médias.

En ce qui concerne les guerres médiatiques, à Kinshasa, la guerre a opposé les médias partisans de Joseph Kabila (Digital Congo et RTNC) aux médias de Jean-Pierre Bemba (CCTV, CKTV et RALIK). C'est surtout après les évènements du 20,21 et 22 août que les différentes chaînes se sont radicalisées. Dans l'Equateur, une véritable « guerre » a opposé Radio Liberté de Bemba à une radio proche de Nzanga Mobutu, qui, candidat à l'élection présidentielle, s'est ensuite rallié à l'AMP de Joseph Kabila. A Lodja, dans le Kasaï, les radios de Joseph Olengakoy, Lambert Mende et Jean-Charles Okoto se sont livré également une guerre des ondes sans merci.

Signalons, avant de clore ce point que les villes provinces qui ont beaucoup souffert de la guerre, comme à Kisangani ou à Bukavu, les médias se sont comportés de manière beaucoup plus responsable. Cette illustration de la guerre des médias n'est qu'un exemple parmi tant d'autres qui montrent en suffisance combien il y a eu dérapage médiatique et la nécessité qu'il y avait de réguler les médias en RDC.

* 169 Mputu B. J. R., « Dures réalités pour une chaîne privée dans le paysage audiovisuel congolais » in Regard sur la presse congolaise du Congo belge à celui de Kabila sans oublier le Zaïre de Mobutu, Kabeya (Dir.), Paris, L'Harmattan, 2003, p. 74-84.

* 170 Idem.

* 171 Frère M. S., Diagnostic sur la régulation des médias en RDC, Paris, Institut Panos 2007, p. 5, 7, 8 et 9.

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