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Comment l'infirmière peut-elle respecter et faire respecter la pudeur en tenant compte de la singularité socio-culturelle du patient, des lois qui légifèrent sa profession et des protocoles établis ?

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par Tlil Wael
 -  2010
  

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5 - LE RESPECT DE LA PUDEUR AU SEIN DE LA FAMILLE.

La sociologie et la psychologie offrent des outils pour analyser les rapports entre les différents acteurs sociaux impliqués dans les situations de soin. Ainsi les rapports entre les soignants et soignés, entre les soignés et leur famille.

Il me paraît important de rappeler l'évolution des comportements face à la pudeur familiale. En effet, nous avons connu un bouleversement socioculturel des comportements concernant la nudité en famille en l'espace d'une seule génération : il n'y a encore qu'une dizaine de décennies, il était exclu de se montrer dénudé en famille alors qu'aujourd'hui comme le dit Intel:

« ne pas pouvoir se montrer nu à ses propres enfants ou à son partenaire en dehors des rapports sexuels est un signe négatif, indicateur de manque d'authenticité et de proximité dans la relation, voire être limite « vieux jeu ». Les anciennes pudeurs semblent avoir soudainement disparu. »26

Du fait de son immobilité, Mme G. ne peut s'isoler. C'est donc à son époux de « s'éclipser » pour préserver la pudeur de son épouse.

Ce problème de la pudeur, dans la pratique médicale et les soins, est aussi ancien que l'art de guérir. Déjà, Hippocrate, père de la médecine occidentale, recommandait « de ne pas dénuder les malades sans nécessité, surtout en présence des proches.»27 Il conseillait d'autre part de le faire avec tact.

26 Le Nouvel Observateur, HS n°39, 1999, WINTER (J-P), « l'amour interdit », 98 pages.

27 BOLOGNE (J-C), « histoire de la pudeur », 1999, Ed. Perrin.

Certains gestes ne sont qu'à soi. Certains sont très personnels. Ainsi le partenaire faire preuve de discrétion en ne s'imposant pas. Ce que M. G a fait. Il a eu du tact, a présenti les signaux non verbaux et s'y est adapté.

Par ailleurs, comme nous avons vu plus haut, le couple peut reposer sur le désir physique du partenaire ou le besoin de plaire. Parfois, il est des impudeurs qui peuvent provoquer des dégoûts ponctuels pouvant se généraliser en dégoût de l'autre. Par exemple, l'expérience montre que des maris ayant assisté à l'accouchement de leur compagne se trouvent, à postériori, perturbés dans leur sexualité et leur désir pour leur femme. Le rôle du soignant est alors d'anticiper cette éventualité et proposer la présence du papa à la tête de sa femme : il pourra se sentir plus utile dans son sentiment d'impuissance à soulager sa femme.

Au regard de notre situation, il me paraît utile de définir dans un premier temps ce qu'est le couple, puis d'élargir le thème à la famille, puisque dans la pratique quotidienne, nous sommes confrontés à leur présence :

5-1 Le couple c'est « un homme et une femme unis par le mariage ou par des liens affectifs. »28

M et MME G semblent être un couple uni. M. G, retraité, ne quitte que très rarement son épouse. Il est très attentionné. Il lui rapporte des fleurs, des photos de ses petits enfants et des dessins qu'ils ont fait pour elle.

Pour Françoise Dolto « le corps passe par le désir de l'autre».29 Le couple est soumis à ce désir, et il y a accouplement dans l'intimité. De plus, « De tout temps, l'Homme a éprouvé le besoin de plaire ».30 L'anxiété de Mme G. provient de son atteinte corporelle. Elle est dépendante, elle vient de subir une intervention qui lui vaut une cicatrice et une immobilité fonctionnelle. Elle ne peut s'accomplir dans son désir de plaire. Aussi, elle n'apparaît pas mécontente de l'absence de son époux lors des soins.

Même si ses époux forment en apparence un couple uni, il est difficile de connaître les degrés de pudeurs respectifs. Le soignant doit être attentif aux manifestations verbales ou non verbales même lorsque celles-ci relèvent de la pudeur familiale.

28 Définition du Petit Larousse 2000.

29 Sciences humaines et soins infirmiers, Ed. Lamarre, 2000, 207 pages.

30 Sciences humaines et soins infirmiers, Ed. Lamarre, 2000, 207 pages.

5-2 La famille est :

« Un ensemble formé par père, mère, enfant, famille nucléaire ou conjugale réunissant dans un même foyer. Ensemble de personnes qui ont un lien de parenté par le sang ou par alliance présentant des caractères communs. Appartenance à un ensemble, avec une origine commune, une même racine ».31

En ce qui concerne la famille, elle est souvent très attentive aux souhaits du malade, elle va même au devant. Elle connaît ses habitudes, ses goûts, ce qui peut lui faire plaisir ou au contraire ce qui lui déplaît. Elle peut être aidante ou pas.

« La famille est le témoin le plus récent. Elle est le lieu de sa vie affective. Les liens familiaux sont irremplaçables. »32

Elle est effectivement très importante pour le bien être du patient. Elle est le lien entre le patient hospitalisé et l'extérieur, la société. Cependant, l'entourage ne peut pas tout apporter à son parent hospitalisé. Les soins techniques relèvent des soignants. Il est peut être plus facile de montrer son corps à des professionnels qu'à son entourage proche.

« Quand un malade entre dans le service, il nous faut aussi prendre en charge sa famille avec lui. »33 En effet, celle-ci peut-être émotionnellement affectée de l'hospitalisation de son proche. Il faut pouvoir les guider, les réconforter, les accompagner dans le cheminement d'une pathologie.

« Malheureusement, le manque de temps est souvent évoqué par les équipes : il est la cause de regrettables malentendus. »34

L'infirmière doit cependant prendre des « gants », savoir employer les mots, le ton, pour ne pas offusquer un proche en s'adressant à lui. Cela nécessite un savoir-être, un savoir-faire.

5-3 Les différentes réactions des familles : Les familles sont-elles toujours aidantes ?

31Définition du Petit Larousse 2000.

32 Formation du soignant, accompagnement au quotidien, Ed. Masson, page 70.

33 Infirmière, Adonis (C), Ed. Grosset, 1979, 218 pages.

34 Infirmière, Adonis (C), Ed. Grosset, 1979, 218 pages.

Les familles éprouvent parfois des difficultés dans leur relation. Il arrive aussi qu'elles se montrent agressives, peu coopératives, elles protestent contre les pratiques de soin.

Le personnel soignant doit être conscient de ces éventuelles réactions psycho-affectives. Ne le serions-nous pas nous même lors de l'hospitalisation d'un proche ? d'un enfant ?

Dans la situation de M. G, il n'a pas été question d'hostilité puisqu'il a acquiessé de suite et s'est levé. Cela relève de la communication non verbale.

« Il y a effectivement des familles anxieuses, hostiles, trop discrètes, envahissantes, celles qui ne veulent pas comprendre ou qui n'entendent pas un diagnostic, celles qui n'admettent pas l'échec, celles qui s'étonnent... et il y a aussi les familles admirables ».35

Le soignant doit pouvoir gérer par anticipation : le savoir-faire, la diplomatie et prendre un certain recul ou pouvoir déléguer un entretien s'il sent que la relation va être tendue : c'est le travail en équipe.

Rappelons aussi que la représentation de la famille est très variée d'un pays à un autre et dans une même société. Elle varie d'un groupe culturel à un autre, d'une classe sociale, d'un niveau d'étude. L'infirmière doit tenir compte de la vie privée de la personne comme le stipule l'article 9 du code civil et la convention européenne les droits de l'homme.36La personne hospitalisée peut recevoir dans sa chambre les visites de son choix, mais l'infirmière est tenue de respecter et faire respecter l'intimité.

Ce travail de fin d'étude m'a permis d'approfondir la dimension du respect de la pudeur en milieu hospitalier.

Je me suis interrogée sur mon « savoir-être » en tant qu'infirmière, face au patient, dans le cadre d'un soin. La question que je me suis posée était la suivante : « quelle approche dois-je avoir avec le malade pour respecter sa pudeur, tout en conservant l'efficacité des soins que je dois lui prodiguer ? »

Tout d'abord, je dirais que sans l'apprentissage des techniques de soins, cette approche n'a aucune consistance. Il est bien évident que la connaissance des gestes professionnels permet d'introduire une réflexion sur la

35 Infirmière, Adonis (C), Ed. Grosset, 1979, 218 pages.

36 Annexe I, droit à la vie privée et à la confidentialité.

sensibilité de la personne soignée. Les différents stages que j'ai effectués m'ont progressivement conduite à m'interroger sur la personnalisation des soins. Si les techniques restent les mêmes, l'intérêt que nous portons aux fins d'aider le patient à garder sa dignité et lui accorder une attention toujours renouvelée, doivent faire appel à des qualités d'écoute et de discrétion dans le soucis de préserver son intimité.

Au cours de mes recherches, l'étude de la sociologie m'a permis de mieux connaître les autres et moi-même afin de respecter les différentes formes ou manifestations pudiques. Il est évident que le soignant doit se garder d'une implication personnelle trop importante car il doit conserver le recul nécessaire à la sérénité professionnelle et individuelle.

La pratique du « respect » est d'une grande complexité, si une approche du problème est envisageable, il n'existe aucune règle ou « recette » applicable. Trop de paramètres sont présents entre la personnalité du patient, celle du soignant et la présence de la famille. Il appartient à chacun d'entre nous d'agir et de réagir au cas par cas en faisant preuve de vigilance.

Les soins au corps et le respect de la pudeur en milieu hospitalier impliquent donc de maintenir le proche à la fois dans la proximité et dans l'éloignement. C'est un savoir qui se construit dans des communications personnelles avec les patients et au fil du temps avec l'expérience.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote