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Exploitations agricoles familiales et projets d'agrocarburants de proximité au Sénégal: cas du projet Jatropha dans le département de Foundiougne

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par Amadiane DIALLO
Université catholique de Louvain - Master 2 en politique économique et sociale finalité développement/ politique et gestion de projets 2011
  

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3.3.2- Situation socio-économique

3.3.2.1- Activités économiques

A l'image des autres zones rurales du Sénégal, l'agriculture est la principale activité à Nioro Alassane Tall. En effet, 80% de la population active s'adonne à l'agriculture pluviale sur plus de 90% de la superficie totale de la communauté rurale. (PLD, 2002). L'activité agricole est fortement tributaire aux aléas climatiques.

Le mil, l'aliment de base des populations, est la principale spéculation dans la communauté rurale. Il est cultivé par la quasi-totalité des ménages et occupe plus de 50% des terres de culture. Toutefois, les rendements et par ricochets la production continuent de baisser du fait des dégradations des sols et des faibles capacités d'investissement des ménages.

L'arachide, première culture de rente dans cette partie du bassin arachidier, demeure très prépondérante aussi bien dans les emblavures que dans les ressources financières des ménages en ce sens qu'elle détermine méme le statut socioéconomique des familles. Les ménages les

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plus nantis sont ceux qui récoltent plus d'arachide compte tenu des charges financières que sa conduite nécessite. En plus d'être source de revenus, son importance dans l'alimentation humaine et du bétail par le biais de son sous-produit lui donne un statut particulier dans les plans de campagne des exploitations agricoles familiales.

D'autres spéculations comme le sorgho, le maïs, le niébé (petit haricot), le coton, le sésame et la pastèque sont pratiquées comme cultures d'appoint pour soit renforcer le stock vivrier, soit augmenter le niveau de revenu des exploitations agricoles familiales qui les conduisent. La percée de l'anacardier comme « culture » de rente est à mettre dans ce registre.

Le maraîchage et la riziculture, malgré un potentiel réduit à 8% du terroir et peu accessible, sont pratiqués dans la localité et participent à la diversification des cultures.

L'agriculture avec un poids financier dans l'économie locale estimée à plus de trois milliards FCFA en 2001 (PLD, 2002) reste plombée par :

? la baisse de la fertilité des sols

? la vétusté du matériel agricole

? la mauvaise qualité des semences utilisées

? l'insuffisance et la cherté de semences certifiées

? la divagation des animaux

? la déprédation des cultures

? la faible maîtrise des eaux de surface

? la mauvaise organisation des filières maraîchères et arboricoles
? la difficulté de conservation, stockage de certaines productions

L'agro-pastoralisme est une longue tradition dans la localité du fait de l'intégration agriculture-élevage. L'élevage pratiqué par la majorité demeure encore de type traditionnel avec un caractère extensif. Cette forme d'élevage, grace au faible coüt d'entretien des animaux dont 50% sont des petits ruminants, constitue un moyen sûr d'épargne et participe de façon très efficace à la réduction de la vulnérabilité des ménages. Toutefois, 9% d'entre eux sont des éleveurs professionnels. Ils essaient d'améliorer leur race avec l'insémination artificielle et de pratiquer la stabulation laitière et d'embouche.

Le cheptel est aussi un facteur de production agricole car il est utilisé dans la culture attelée et assure l'évacuation des productions via des charrettes (véhicules hippomobiles).

La localité ne disposant que de quelques zones boisées, l'exploitation forestière se limite au ramassage du bois de chauffe, du bois d'oeuvre et à la cueillette de fruits sauvages. Mais cette activité est menacée par l'ampleur de la carbonisation clandestine, la coupe abusive, les feux de brousse qui sévissent généralement en saison sèche.

Face au contexte économique difficile, la majorité des habitants ne se limite pas aux seules activités agricoles pour assurer les besoins familiaux. En plus de ces activités phares, 5% des ménages s'activent dans le commerce, 3% exercent dans l'artisanat et 3% sont dans d'autres corps de métiers.

3.3.2.2- Infrastructures socio-économiques

De par sa position centrale par rapport à l'arrondissement et de sa proximité avec la Gambie, la communauté rurale de Nioro Allasane Tall constitue un pôle d'échanges important. En effet, le marché hebdomadaire (« louma ») créé en 1983 dans le village de Touba Mouride est le point de convergence, tous les dimanches, de l'ensemble des communautés rurales et communes voisines. Ce grand centre enregistre un volume considérable d'échanges et de transactions. Il est très fréquenté par les commerçants « banabana » des grandes villes du pays telles que Dakar, Thiès, Kaolack. C'est une occasion pour les producteurs d'écouler leurs stocks de produits agricoles en réserve et quelques têtes de bétail. Les marchés hebdomadaires de Sokone, de Toubacouta et Passy situés hors de la communauté rurale leur servent aussi de débouchés.

Pour soutenir toutes ces activités, le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) est la seule institution de microfinance présente dans la communauté rurale. Ce réseau de caisses d'épargne et de crédit intervient dans la communauté rurale depuis 1998. Le crédit est généralement destiné aux activités d'agriculture, d'élevage, d'artisanat et de commerce. Les groupements féminins sont leurs plus fidèles clients. Cependant, les populations tout en reconnaissant l'importance de ses interventions, déplorent ses conditions difficiles d'éligibilité notamment la garantie et le taux d'intérêt élevé.

Pour l'éducation et la formation, la communauté rurale compte 27 écoles primaires françaises et un Collège d'Enseignement Moyen (CEM) de huit (08) cours en 2009. Les écoles arabes sont au nombre de 37 tandis que 77 « daaras» ou internats d'enseignement religieux ont été dénombrés en 2009 dans les 61 villages de la communauté rurale. Malgré tous ces centres d'apprentissage, la déperdition scolaire est courante.

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Les infrastructures sanitaires de la communauté rurale se résument à deux (02) postes de santé et à douze (12) cases de santé avec un taux de couverture de 14.461 habitants pour un Infirmier Chef de Poste (ICP) alors que les normes cibles de l'OMS sont de un ICP pour 5 000 habitants. En outre, Il est diagnostiqué que près de la moitié de la population vit à plus de 5 kilomètres du poste de santé le plus proche.

Les infrastructures hydrauliques sont composées de 2 forages avec bornes fontaines raccordées aux réseaux d'adduction d'eau permettant l'accès à l'eau potable des populations de 25 villages en tout. Ils sont complétés par 172 puits disséminés dans tous les villages. Mais la non fonctionnalité de 45% de ces puits ne fait qu'accentuer le déficit dans l'approvisionnement en eau potable de la communauté rurale.

Dans le cadre du programme d'électrification rurale, seuls 82 ménages sont connectés au réseau conventionnel tandis que les panneaux solaires permettent l'alimentation de 61% des ménages que compte la collectivité locale. L'introduction de l'énergie électrique a suscité de nouveaux besoins que la capacité d'un module solaire par maison ne peut pas satisfaire.

Toutefois, les combustibles ligneux restent la principale source d'énergie des habitants. Dans le but de les brûler efficacement, des foyers améliorés ont été introduits dans la communauté rurale. C'est ainsi que 571 ménages disposent de foyers améliorés.

En voies de communication, Nioro Allassane Tall est desservie sur trente (30) kilomètres par la piste latéritique qui la relie aux communautés rurales voisine de Keur Saloum Diané et Toubacouta débouchant sur la nationale n°5 qui mène vers Fatick et Gambie. Les villages de l'intérieur sont reliés entre eux par un réseau de pistes de fortune qui deviennent de plus en plus étroites à cause de l'extension anarchique des champs de culture situés de part et d'autre.

Concernant les échanges et communications entre villes, les technologies de l'information et de la communication prennent le relais des circuits traditionnels notamment le rôle de vecteur d'information que jouaient les griots. La téléphonie mobile, en pleine expansion, facilite la communication entre les habitants de la communauté rurale qui comptent plus de 5000 abonnés. Ainsi, chaque ménage compte en moyenne un membre qui possède un téléphone portable. La radio constitue toutefois la principale source d'information des populations, chaque ménage dispose d'un poste de radio pour capter les fréquences des radios publiques, privées et communautaires. La télévision est aussi un outil de communication permettant à un bon nombre d'habitants d'avoir accès aux informations nationales et

internationales. Il y a même une minorité qui possède des antennes paraboliques leur permettant de capter plus de télévisions nationales et étrangères.

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