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Exploitations agricoles familiales et projets d'agrocarburants de proximité au Sénégal: cas du projet Jatropha dans le département de Foundiougne

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par Amadiane DIALLO
Université catholique de Louvain - Master 2 en politique économique et sociale finalité développement/ politique et gestion de projets 2011
  

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CHAPITRE 5 : OBJECTIFS ET STRATEGIES DES ACTEURS AUTOUR DU PROJET JATROPHA

1-Analyse des objectifs et des stratégies paysannes par type d'exploitation agricole familiale

1.1- Objectifs et plans de campagne

Comme expliqué supra, tous les chiffres donnés ci-après représentent des moyennes sur les cinq dernières campagnes agricoles avant l'enquête.

Pour rappel, dans le chapitre précédent, il a été établi que tous les chefs d'exploitations agricoles familiales enquêtés ont pour première priorité la subsistance de la famille.

Le tableau ci-après résume les éléments des deuxièmes et troisièmes objectifs prioritaires qui confirment l'uniformité des agendas des exploitations quel que soit le groupe d'appartenance dans la typologie dégagée.

Tableau 6 : Synthèse des 2èmes et 3èmes objectifs prioritaires par type d'exploitation

N° Priorités

Groupe

Nature objectifs prioritaires des Exploitation Agricoles Familiales (EAF)

2ème

A

achat matériel agricole (3 EAF) et construction (1 EAF)

2ème

B

achat matériel agricole (5 EAF) et mariage (2 EAF)

2ème

C

achat matériel agricole (5 EAF); mariage (1 EAF) et construction (1 EAF)

2ème

D

achat matériel agricole (4 EAF) ; construction (1 EAF) et autre (1 EAF)

3ème

A

construction (4 EAF)

3ème

B

construction (7 EAF) et achat matériel agricole (1 EAF)

3ème

C

construction (6 EAF) et achat matériel agricole (1EAF)

3ème

D

construction (5 EAF) et mariage (1 EAF)

Pour réaliser ces objectifs dans le court ou le moyen terme, les exploitations agricoles familiales essaient tant bien que mal de mettre en oeuvre des plans de campagne d'une manière empirique. Ainsi, je me suis intéressé à ces plans de campagne pour essayer de comprendre leurs liens avec les objectifs prioritaires donnés par les chefs d'exploitations.

Les schémas ci-après montrent la répartition des cultures selon les plans de campagne par type d'exploitations (moyenne sur 5 années).

NB : SupAra=superficie moyenne arachide ; SupMil=superficie moyenne mil ; SupSorgho =superficie moyenne sorgho ; SupMaïs=superficie moyenne maïs ; SupRiz =superficie moyenne riz ; SupJachère =superficie moyenne jachère.

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

Figure 9 : Répartition des cultures selon les plans de campagne par type d'exploitations

Source : mes enquêtes, 2010

Les exploitations de type D possédant plus de terres, font plus d'arachide que les autres. Il en découle que plus le foncier disponible des exploitations est élevé, plus la part des superficies d'arachide est importante dans l'assolement.

Malgré les objectifs prioritaires poursuivis qui sont plus ou moins identiques pour tous les groupes, les exploitations de type C et D semblent plus s'orienter vers les cultures de rente que celles des types A et B qui privilégient plutôt les céréales.

Concernant le Jatropha, toutes les réalisations et les prévisions de plantations des 25 exploitations enquêtées portent essentiellement sur la mise en place de haies vives autour des parcelles de culture. Pour en connaitre davantage sur les raisons du choix de ce mode de plantation parmi ceux qui étaient préconisés par le programme, la question indirecte suivante a été posée aux chefs d'exploitation: « quelles sont vos motivations et intérêts pour la culture du Jatropha ? »

Les réponses les plus explicites sont reprises ci-après :

? « Au cours des séances de sensibilisation du projet, ce qui a plus motivé mon adhésion, c'est l'information selon laquelle la plante peut faire 50 ans ! Là je me suis dit que c'est une chance pour la délimitation de mes parcelles que je vais léguer à mes enfants ! Et en même temps, on ne sait jamais, des revenus supplémentaires sont possibles ! »

? « Même si on ne va pas gagner beaucoup d'argent, c'est une plante qui va nous permettre de mieux maîtriser notre patrimoine foncier dans le long terme et de lutter contre la divagation des animaux dans le court terme »

? « En tout cas, nous ne perdrons rien en clôturant nos propres parcelles ! Au contraire cela évitera à terme d'éventuelles bisbilles entre agriculteurs et éleveurs mais aussi

entre agriculteurs eux-mêmes... C'est une plante connu déjà comme étant épargnépar le bétail...». Ici, le chef d'exploitation fait référence aux divagations des animaux

occasionnant parfois des dégâts obligeant, selon la loi en vigueur, l'éleveur incriminé à indemniser le propriétaire de la parcelle. Entre agriculteurs eux-mêmes, il s'agit généralement des petites brouilles sur la délimitation de leurs parcelles contiguës.

Ces réponses semblent confirmer l'idée selon laquelle l'arbre est avant tout un élément important de marquage foncier en milieu rural avant d'être une source de revenus. Ainsi, j'ai supposé que toute parcelle abritant une plantation de Jatropha ou susceptible d'en abriter permet un marquage foncier pour l'agriculteur qui l'exploite. En d'autres termes, clôturer ou

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

planter une parcelle d'1ha signifie faire un marquage foncier sur 1 ha. J'ai alors exprimé les superficies clôturées ou plantées en pourcentage de marquage sur le foncier disponible.

Le tableau ci-dessous donne les pourcentages de marquage foncier par type d'exploitation pour les plantations de mangues et d'anacardiers existantes, les haies vives de Jatropha déjà installées et les plantations de haies vives Jatropha à faire dans le moyen terme (d'ici la campagne 2011-2012). Le pourcentage des Superficie Cultivées Annuellement (SCA) sur le foncier total est aussi indiqué. Il s'agit des cultures annelles autres que les plantations de manguiers et d'anacardiers. Il faut préciser que le total des pourcentages SCA, plantations de manguiers et d'anacardiers et des jachères supérieur à 100% s'explique par le fait que certaines exploitations font des emblavures dans les plantations d'anacardiers.

Tableau 7 : Pourcentage de marquage foncier par type d'exploitation

Source : mes enquêtes, 2010

NB : EAF= Exploitation Agricole Familiale ; MoyG= Moyenne Générale ; % Plant° Ana/Mang= Pourcentage plantation anacardiers et/ou manguiers ; % Jachère annuel= pourcentage jachère annuel ; % Marqg Jatph djà fait= pourcentage marquage Jatropha déjà fait ; % Marqg Jatph à faire= pourcentage marquage Jatropha à faire ;

% Tmarqg Jatropha= pourcentage total marquage Jatropha dans le moyen terme ; % Tmarqg foncier= i % Plat° % Jachèr % Mqg % Marqg % Tm % T
pourcentage total marquage foncier (Jatropha + plantation Anacardiers et Manguiers)

SCA

g p j p p

Dans le moyen terme, les exploitations de type A et B qui sont moins dotées en terres de

8% 0 28 86%

culture, envisagent déjà de faire un marquage foncier Jatropha sur respectivement 59% et

50% de leur foncier disponible. Ce qui leur permettra d'atteindre 86% et 64% en prenant en 3

compte le marquage foncier déjà réalisé grâce aux plantations de mangues et d'anacardiers. Il 47 1

faut aussi préciser que les parcelles de case ne sont pas généralement clôturées car bénéficiant

96 67% 31% 3% 14% 20% 34% 66%

du marquage de la concession elle-même. Elles ne sont pas incluses dans les pourcentages de marquage foncier. A la question « pourquoi vous ne clôturez pas vos parcelles de case par le Jatropha ? » certains paysans « prétextent » vouloir éviter de planter le Jatropha à proximité des habitations car il est susceptible, du fait de ses larges feuilles, d'attirer des serpents en quête d'ombrage. Les observations directes sur le terrain ont permis de voir que le Jatropha

est planté de préférence dans les parcelles de culture de brousse plus ou moins éloignée des concessions et différentes de celles abritant les anacardiers et manguiers.

Il y a une différence statistiquement significative entre les moyennes par groupe des pourcentages de marquage avec les plantations de Jatropha déjà réalisées. Mais, pour les haies vives Jatropha prévues dans le moyen terme, il y a une égalité des moyennes entre les groupes. Ce qui fait que la différence entre les pourcentages du marquage total en Jatropha n'est pas significative. Et globalement, il n'y a pas de différence entre les moyennes pour le pourcentage de marquage foncier.

En somme, il apparait que les exploitations, quelle que soit la typologie, cherchent à faire un marquage foncier pour sécuriser leurs terres dans le long terme. Ainsi, les plantations de Jatropha en bordures des parcelles viennent renforcer cette stratégie de marquage foncier déjà enclenchée avec les manguiers et les anacardiers.

Les exploitations semblent adopter la logique du « coup double » en adoptant le mode de plantation « haie vive ». Elles adhèrent au projet sans un bouleversement de leurs assolements habituels et consolident en même temps leur marquage foncier.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein